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Message(#)become the warm jets | eve EmptyDim 6 Sep 2020 - 5:52

Become the warm jets@Eve Zimmer
Le retour de Grenade est brutal, le retour de Grenade brûle tout et surtout la patience de Saül. Son boulot, il l'a déjà laissé au bureau. Rien ne passe la porte de la Serre sinon sa mauvaise humeur, qu'il traîne à la cheville comme un vieux boulet rouillé. C'est Ariane qui en fait les frais, assurément, mais Ariane doit malheureusement avoir l'habitude de ses ronchonnements de plus en plus nombreux. Elle doit commencer à sentir ses absences, aussi, peut-être, lui qui rentre parfois tard dans la nuit. Il rentre, au moins, Saül. C'est déjà ça.

Il n'est pas bien tard lorsque l'homme d'affaires rentre du bureau. Il ne s'attend pas à trouver Ariane, qui doit rentrer plus tard encore. Elle doit avoir des choses à régler avec son éditrice, pour son bouquin qui sortira bientôt. Saül est fier d'elle, a lu chaque morceau qu'elle lui a laissé le loisir de lire avec beaucoup d'attention, a entouré sur les pages ses passages préférés comme un enfant de sept ans. Quand il rentre plus tôt qu'elle, c'est pour cuisiner. Le mur qui mène au salon est toujours béant dans la Serre, Saül a simplement ramassé les débris de leurs bêtises d'adultes sous cocaïne. Il n'est pas bien tard lorsqu'on toque à la porte, petit bruit qu'il entend par dessus le bruit de l'eau qui boue. Chiffon sur l'épaule, l'italien file jusqu'à la porte d'entrée, prêt à accueillir de son meilleur juron quiconque vient l'interrompre en départ de cuisine - surtout si c'est Ariane. Les petits coups reprennent, Saül se demande s'il n'a pas affaire à une plaisanterie : dans le judas, il ne croise le regard de personne. Sur son téléphone, aucun message d'Ariane. Alors, en soupirant, Saül ouvre la porte, tombe sur un petit humain haut comme trois pommes, visiblement pas à sa place dans ce grand couloir sombre. « Qu'est-ce qu'il y a, mon garçon ? » L'enfant ne répond pas.

Alors, Saül se met à sa hauteur. C'est un genoux à terre, devant la porte d'entrée, que l'italien s'adresse au petit bonhomme. Son côté paternel a déjà pris le relais d'une manière un peu automatique - et rouillée, aussi - lorsque, avec douceur, Saül reprend son interrogatoire. « Il y a quelque chose que tu veux me dire, mon garçon ? Est-ce que tu as un prénom ? » Pas de réponse non plus et on a probablement appris au garçonnet à ne pas parler aux étrangers ou putain de bordel de merde c'est quoi la manie des parents à apprendre ça à leurs gamins, voilà comment on se retrouve con, après, sans pouvoir tirer quoi que ce soit des gosses, excellent vraiment excellent. Qu'est-ce qu'elle aurait fait, Ariane ?

Mais c'est là qu'il comprend, Saül, qu'il a déjà vu ce gamin quelque part et que ce visage ne lui est pas étranger. C'était peut-être en coup de vent, ou peut-être dans le hall d'entrée, ou peut-être un jour où il fallait rencontrer ses nouveaux voisins. Quand le gamin jette des regards du côté de la porte d'en face, Saül comprend que le petit habite là. « Pourquoi t'a-t-elle laissé dehors, ta mère ? » Elle prend peut-être la punition "vas réfléchir ailleurs" un peu trop au sérieux. Saül ne la connaît pas, ne lui a jamais parlé. Toujours est-il qu'elle a un gamin dehors et qu'il a l'air d'y être depuis un petit moment, s'il est venu frapper à la porte de l'italien, chose qui n'était jamais arrivée avant. Alors, torchon toujours sur l'épaule, Saül se redresse, file couper le gaz et ressort de l'appartement, clefs en mains. Le gamin n'a pas bougé.

« Il a frappé à ma porte. Vous l'avez laissé dehors ? » Elle n'est pas bien grande, la voisine. Saül a pris le gamin par la main et les voilà maintenant tous les deux devant la porte d'à côté. Comment c'est, son prénom, déjà ? « J'habite à côté. C'est votre fils, n'est-ce pas ? Attends, mon garçon. » Saül n'a pas lâché sa main, soudain en proie à un affreux un doute. N'est-ce pas un peu louche, de laisser traîner son enfant dehors dans un couloir ?
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Message(#)become the warm jets | eve EmptyDim 20 Sep 2020 - 13:31

Le retour du weekend ne s’est pas passé sous les meilleurs hospices. Il semblait planer sur cette histoire comme un nuage noir et ce n’était pas ce que je voulais. Bien au contraire. Mais le fait étant qu’il avait oublié. Et comment une femme pourrait passer au-dessus de ça ? Faire semblant est devenu ma spécialité. Faire des sourires factices, d’apparence pour me rappeler que dans le fond, je n’étais pas bien grand-chose. J’avais l’esprit préoccupé depuis mon retour du parc national. Fort heureusement, ayant repris cinq kilos, j’ai pu reprendre une activité à mi-temps, devant continuer mes réunions en parallèle ainsi que ma thérapie. Je n’avais certes plus le temps de me nourrir convenablement mais j’essayai. Mise en place d’une alarme sur mon téléphone aux heures convenues pour tenter de palier à cette maladie qui gangrénait mon esprit. Ainsi à 07h en même temps que les enfants, à midi au travail et le soir. Trois repas pas forcément équilibrés mais qui feraient l’affaire. Aujourd’hui serait encore une journée chargée puisque j’ai dû emmener Jacob chez le médecin, aller faire les courses, passer voir où en était la construction de cette grange qui finalement ne me semblait plus être une si bonne idée.
Je songeai à la revendre et à rester dans mon appartement. Je m’étais sans aucun doute emballée dans cette histoire de déménagement mais j’avais encore de longs mois pour me décider. Qui sait peut-être ma relation serait-elle sauve ? Mais j’étais lasse de faire tous les efforts et il était certain que cela ne viendrait plus de moi. De plus, ma sortie avec Kieran m’enchantait réellement et je n’avais plus le temps de penser à Ezechiel ainsi que son oubli malencontreux.

Je venais de rentrer chez moi, les yeux perdus dans le vague sur le palier sans réellement me rendre compte que mon fils avait une fois de plus filé. Habituellement, il allait toquer chez Anna pour qu’elle lui donne des gâteaux. Et à la grange, il allait chez Ezechiel. Mon fils m’en voulait de l’avoir encore emmené chez le pédiatre et je devais encore me faire pardonner. Habituellement, j’avais toujours quelqu’un avec moi pour m’aider à faire les courses mais cette fois-ci, j’avais réitéré la chose. Je m’étais une fois de plus isolée du monde extérieur ayant le cœur brisé et souhaitant le réparer seule. Certains me diront qu’il ne s’agit que d’un oubli mais quand on est habitué à ne point exister aux yeux des autres, n’est-il pas normal d’attendre que notre petit-ami nous mette en avant ? Certaines de mes amies ont convenu que sa conduite était impardonnable alors que d’autres sont restées mitigées. Mais quoiqu’il en soit, il avait merdé et c’était à lui de réparer les torts.

Mes songes prenaient toute l’ampleur de mon cerveau et j’avais certes l’esprit ailleurs en fermant la porte. C’est pour ça que lorsqu’on toqua quelques secondes plus tard, je fus surprise. Naturellement j’ouvris la porte pour tomber face à un inconnu. Qui tenait mon fils. Sur le coup, je me sentis blanchir, toute couleur quittant mon corps avant d’écarquiller mes yeux bleus. Je pense que si je n’avais pas été sous le coup de la surprise j’aurai pu détailler mon voisin. Un visage assez rond, harmonieux, des yeux gris acier, des lèvres assez fines et des cheveux blonds bien coiffés. Clairement mon esprit m’aurait dit que nous ne jouions pas dans la même cour lui et moi et se serait interrogé sur la présence d’un homme de cette classe dans mon immeuble.

« Il a frappé à ma porte. Vous l'avez laissé dehors ? » L’écart de taille entre nous deux était immense. J’ouvris la bouche pour tenter de parler mais encore une fois, discuter avec des inconnus sans bégayer relevait d’un véritable. « Je… je… » Comme d’habitude, la voix de mon orthophoniste s’imposait dans mon esprit alors que j’avisais Jacob qui semblait toujours en colère. « J'habite à côté. C'est votre fils, n'est-ce pas ? Attends, mon garçon. » Je hochai la tête à l’affirmative. « Oui. Mon… mon… d… d… dernier. Jacob. » A l’entente de son prénom, la petite tête blonde tourna la tête vers moi. « Anna, pas là. » Non, tu t’es juste trompé de porte. Je m’effaçai pour le laisser entrer. « Si… enfin…, j’eus un haussement d’épaules, si vous voulez entrer. » Après tout, c’était normal de remercier cet inconnu qui m’avait ramené mon tout petit. « Il… il s’échappe. Je… je… je passe mon temps à lui courir après. » Je ne suis pas une mauvaise mère. Certes un peu dépassée mais je n’étais pas une mauvaise mère. Et je sentais une certaine humiliation à ce que cet étranger en vienne à le penser. « Nan, EvE gentille. Mais voulait voir Anna. Elle donne gâteaux à Jacob. » Je fis un petit sourire timide à l’inconnu, rentrant ma tête dans mes épaules, comme si je désirai disparaître.
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Message(#)become the warm jets | eve EmptyLun 9 Nov 2020 - 2:04

« Je… je… » Je, je. Saül déteste les gens qui bégayent. Il a envie de les secouer. Fort. « Oui. Mon… mon… d… d… dernier. Jacob. » Son dernier, en plus, donc. L'italien hausse un sourcil, hoche lentement la tête. Jamais Cosimo n'avait été laissé sans surveillance plus de dix secondes étant si jeune. Bon, certes, Saül n'était pas souvent celui qui surveillait ses faits et gestes lorsque Elise était dans les parages. Quand bien même, il avait su se montrer très attentif. Il n'ose pas imaginer comment il se comportera avec l'enfant à naître, l'enfant que porte Ariane, la déjà huitième merveille de ce monde. Avec l'auteure, Saül se montre déjà étouffant. En ce moment, c'est plus compliqué. Peut-être l'occasion pour la française de respirer un peu mieux. Un monde sans Saül lui conviendra peut-être un peu mieux, lui qui se dépêche de se noyer sous le travail à faire dès qu'un ennui pointe le bout de son nez. Le gamin se dépêche de rentrer dans l'appartement, Saül le suit des yeux un instant avant de reporter son regard sur la jeune femme qui se tient devant lui. Jeune, effectivement. Saül n'a eu que de brèves interactions avec elle au détour d'un couloir. Brèves, comme un vague "bonjour" lancé pour éviter de se faire des ennemis dans cet immeuble glauque que Saül sait rempli de sociopathes.

« Si… enfin… si vous voulez entrer. » Non, il ne veut pas entrer. Il le fera par politesse, seulement, et pour éviter de tuer le temps en pensant trop au retour de Ariane - et à son départ pour le bureau. « Il… il s’échappe. Je… je… je passe mon temps à lui courir après. » « Il s'échappe ? Attachez le. Je faisais ça avec mon fils. » qu'il lance, le ton très sérieux, avant de mettre un pied dans l'appartement. Bien obligé de reconnaître que cette femme n'a pas le même humour que lui, l'italien se dépêche pourtant de démentir la véracité de ses propres propos. « C'est une plaisanterie, bien sûr. Ou pas. Je ne sais pas vraiment ce qui fait que mon fils a des notes aussi excellentes, peut-être est-ce le fait d'être enfermé à la cave un soir sur deux. J'en avais assez qu'il s'échappe. » Il ne la terrorisera peut-être pas elle, mais c'est le petit qu'il souhaite faire frissonner, plus si habitué que ça à inculquer le respect des règles aux enfants. Cosimo n'avait pas besoin qu'on lui fasse peur. Cosimo était un petit garçon que l'on admirait déjà au berceau, pas du genre à aller frapper aux portes des inconnus. Si l'on demandait à Saül, bien sûr qu'il répondrait que son petit - grand - garçon est le plus parfait de tous, même s'il ne l'a vu grandir que de loin. L'erreur ne se répètera pas avec la merveille que porte Ariane, Saül se l'est juré.

Pourtant, il commence déjà à briser sa promesse. « Nan, EvE gentille. Mais voulait voir Anna. Elle donne gâteaux à Jacob. » « Tu aimes la fraise ? Je fais d'excellentes tartes aux fraises. » Saül s'agenouille à la hauteur du petit garçon. « Je t'en donnerai si tu arrêtes de t'échapper. Tu fais peur à ta maman. » Ou peut-être qu'elle s'en fiche. Mais à observer le regard qu'elle affiche, elle a l'air terriblement gênée par la situation. Ou peut-être est-ce l'homme d'affaires, qui lui procure des sueurs froides. Il faut croire que la seconde version plaît d'autant plus à Saül, qui lui décoche un sourire ravi, qui n'atteint pourtant pas ses yeux. « Puisque vous le proposez si gentiment, je prendrais bien un café. Serré. Sans sucre. Merci. » Eve, Saül. Saül, Eve.
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Message(#)become the warm jets | eve EmptyMer 18 Nov 2020 - 18:09

Je ne connaissais pas mes voisins. Et sans mentir, je n’avais pas envie de les connaître. N’étant pas d’un naturel sociable, j’ai toujours préféré rester à la maison plutôt que de me lier avec des personnes qui n’auraient aucun incident sur ma vie. Seulement, quand mon voisin vint me rapporter Jacob -qui s’était encore enfui- je sentis la honte prendre possession de moi. En effet, je me mis à bégayer comme une débile avant de rougir comme une tomate. Non pas parce que l’homme était séduisant… Bon, il l’est. Mais parce que je passais encore pour une mère peu respectable alors que je donnerai ma vie pour mes enfants. La situation de maigreur dans laquelle je me trouvais le démontrait assez. Donc, je tentai de donner des explications maladroites au monsieur en face de moi dont je n’avais pas retenu le nom. Mais me l’avait-il seulement donné ? Je n’en avais pas souvenir et après tout, je ne me hasarderai pas à lui demander. S’il ne voulait pas décliner son identité, il était dans son droit. Je le surnommerai donc le voisin aux yeux bleus. Parce qu’il avait les yeux d’une clarté similaire à celle de l’océan Pacifique. A la différence que l’océan, lui ne vous regarde pas avec un tel jugement. Je pouvais voir à sa mâchoire contractée et au ton employé que je le gênais. Comme d’habitude.

« Il s'échappe ? Attachez le. Je faisais ça avec mon fils. » Je me mis à cligner des yeux avant d’ouvrir la bouche mais il me prit de vitesse. « C'est une plaisanterie, bien sûr. Ou pas. Je ne sais pas vraiment ce qui fait que mon fils a des notes aussi excellentes, peut-être est-ce le fait d'être enfermé à la cave un soir sur deux. J'en avais assez qu'il s'échappe. » Je vis Jacob venir se cacher derrière moi, signe que l’homme lui faisait peur. Et je devais avouer qu’à moi aussi. Je lui souris donc comme je pourrais le faire dans de pareilles circonstances. « Il existe des harnais pour les enfants. Je l’ai vu quand j’étais à Disneyland. Enfin en France. Comme les enfants s’échappent, les mamans les attachent. Mais mon fils n’est pas un chien. » Et pour réponse l’un de mes molosses se leva pour venir se poster près de moi. Ma main passa dans le pelage doux de Debussy qui scrutait l’inconnu avec méfiance. « Votre fils vous fabrique des Nike ? » Je me sentis rougir à cette demande, cette blague insignifiante. Alors ma tête rentra dans mes épaules. « Pardon, c’est… c’est une blague stupide. On enferme les enfants pour faire des Nike. C’est stupide. » Un peu comme moi à cet instant précis. Mon cœur se mit à battre à tout rompre alors que j’aurai pu danser d’un pied à l’autre tant j’étais peu à l’aise.

Je laissais donc l’inconnu parler à Jacob. « Tu aimes la fraise ? Je fais d'excellentes tartes aux fraises. » Mon fils se mit à battre des mains, heureux de manger des gâteaux avant sourire franchement à l’homme en face de lui. Pour ma part, je me sentais comme une potiche incapable de faire quoique ce soit. « Je t'en donnerai si tu arrêtes de t'échapper. Tu fais peur à ta maman. » J.J hocha la tête alors que je m’effaçai pour le laisser entrer. Chopin se leva, second rottweiler pour regarder le nouveau venu avant de pousser un grognement. « Chopin, il suffit ! Pardon, j’ai trois chiens : Debussy qui est derrière moi, Chopin et Mozart qui doit dormir dans la chambre de Jacob. » Je ne tenais plus sur place, trop honteuse de la situation. Joues en feu alors que l’inconnu me fit un sourire. Redoutable le sourire si les yeux n’étaient pas demeurés aussi froids. Je me liquéfierai presque de peur. « Puisque vous le proposez si gentiment, je prendrais bien un café. Serré. Sans sucre. Merci. » Je hochai la tête avant de me diriger vers la cafetière. « En même temps comment prendre le café autrement ? » Je servis deux tasses avant d’aller lui donner pour rester debout comme souvent. Il suffisait d’un coup d’œil pour savoir que je n’arrêtais jamais. Ma maigreur était un signe avant-coureur. « Je m’appelle Eve au passage. » Après tout, le café rapproche les gens non ? Même si quelque chose me dirait que cet homme ne rentrerait jamais dans mon cercle amical.
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