L’appel d’Helena était arrivé comme une surprise. Tu n’avais eu que quelques nouvelles de ton amie par message depuis votre soirée entre filles dans ton salon. C’était des moments simples mais qui faisaient du bien, surtout dans cette période trouble que tu traversais. Et depuis que tu avais vu Helena, la situation s’était plus empirée qu’améliorée malheureusement … Tu commençais à te demander si tu allais finir par arrêter de glisser sur cette pente où tu ne voyais aucun obstacle auquel t’accrocher. Rester positive était de plus en plus difficile mais tu n’avais pas le droit de te laisser aller. Devoir t’occuper de Morgane, passer le plus clair de ton temps avec elle te permettait de te rappeler de tes priorités et c’était le sourire éclatant de ta fille et son admiration sans borne qui te donnait le courage de ne rien lâcher. Alors quand Helena te proposa de se joindre à elle pour une soirée rockabily, tu n’imaginas pas dire non. Tu acceptais avant d’appeler ta soeur pour voir si elle pouvait venir garder sa nièce quelques heures. Cela faisait un moment que tu n’avais pas eu à faire appel à tes soeurs pour du babysitting et Nola se montra ravie de venir passer la soirée chez toi avec Morgane. Pour l’occasion, tu avais sorti une tenue digne du film Grease, te transformant presque en Olivia Newton-John. Le pantalon en cuir et le petit haut furent de sortir, tu n’avais cependant aucune envie de te friser les cheveux, tu te contentais donc de les attacher pour ne pas les avoir dans les yeux. Après t’être maquillée, tu allais passer un peu de temps avec ta fille et ta soeur le temps que le Uber arrive. Quand il fut devant la porte, tu embrassais les deux jeunes femmes avant de les quitter. Tu ne savais pas où Helena avait trouvé cette soirée mais tu espérais que cela ne serait pas trop ringard. Enfin, du moment qu’il y avait de l’alcool et une piste de danse, cela devrait suffire pour te distraire quelques heures.

Quand tu arrivais sur place, tu remarquais que les organisateurs n’avaient pas fait les choses à moitié. C’était comme rentrer dans une capsule spatio-temporelle qui vous transportait dans les années 50. Tu étais très impressionnée du résultat, c’était bluffant. Détournant ton regard de la décoration, tu cherchais Helena des yeux vers le bar où elle t’avait dit qu’elle t’attendrait. Et c’est bien là que tu la trouvais, trépignant d’impatience sur sa chaise en regardant la piste de danse. C’est amusée que tu allais la rejoindre en lui disant : « Tu aurais pu commencer à danser tu sais ? » Tu avais envie de la taquiner un peu pour commencer la soirée. Prenant place à ses côtés, tu commandais un cocktail au barman quand il passa devant vous avant de retourner ton attention vers Helena. « Alors comment tu vas ? Si tu m’avais dit qu’un jour je mettrais les pieds dans ce genre de soirée, je l’aurais pas cru ! » Ne pus-tu t’empêcher de dire à ton amie amusée. Ce n’était pas vraiment ton genre mais qu’importe, tu avais simplement besoin de te changer les idées.


@Helena Horowitz

Quand tu retrouvais Helena, tu retrouvais une forme d’insouciance que tu avais le sentiment d’avoir perdue en devenant maman. C’était étrange comme la vie faisait les choses … Tu savais que ton amie avait envie de fonder une famille, de trouver quelqu’un avec qui réaliser ce rêve. Toi, cela t’était tombé dessus bien plus tôt que prévu. Même si l’idée de fonder une famille et d’avoir des enfants était une idée qui te plaisait, il fallait être réaliste, tu ne pensais pas la mettre à exécution tout de suite. Ta rencontre avec Abel, votre mariage puis ensuite Morgane avaient été des surprises. Des surprises qui t’avaient permises de grandir plus rapidement que tu ne l’aurais fait si tout cela n’était pas arrivé. « Jess ! Je suis ravie de te voir. Et j’attendais ma cavalière pour me lancer sur la piste de danse, bien évidemment ! » Tu laissais échapper un rire à ces paroles. C’était toujours plus amusant de se lancer sur la piste de danse à deux mais si Helena s’était lancée seule, elle n’aurait pas manqué d’attirer les regards. Ton amie n’avait jamais eu de mal à attirer des hommes beaux et charismatiques, elle avait juste du mal à attirer ceux qui voulaient se poser. « Juste un verre et je suis prête à prendre du service. » Lui dis-tu. Danser, tu avais toujours aimé ça. Les musiques de la soirée allaient être d’une époque sur laquelle tu dansais peu habituellement mais tu savais t’adapter à ce niveau-là, ce n’était pas gênant. Tu pris place aux côtés d’Helena, au bar et tu lui demandais comment elle allait : « Comme la dernière fois. Rien de neuf, que du vieux, le calme plat dans tous les domaines. Ma vie est d’un ennui mortel en ce moment. Heureusement que tu acceptes de me distraire quelques heures ! Et toi, comment vas-tu ? Quoi de neuf depuis la dernière fois ? » Imaginer la vie de ton amie d’un ennui mortel était difficile parce qu’elle semblait toujours se retrouver dans un tas de situations rocambolesques. Mais tu comprenais ce qu’elle voulait dire et si elle n’avait pas recroisé Auden, c’était déjà bien. Haussant les épaules, tu lui dis : « Ça pourrait aller mieux mais ça pourrait aller moins bien. Rien de bien réjouissant au boulot pour l’instant, j’ai quelques touches actuellement qui, je l’espère, seront prometteuses mais je passe le plus clair de mon temps avec ma fille ou avec des enfants malades. » Ton temps de bénévolat à l’association avait doublé ces derniers temps ce qui n’était pas pour déplaire aux directeurs … « Je me suis embrouillée avec mes parents aussi. » Dis-tu en soupirant alors que le barman t’amenait ta commande. Tu n’en dis pas plus pour l’instant, préférant faire une remarque sur la soirée. « Quel genre de soirée ? Celle où on s’amuse ? Celle où on danse ? Rhalala, Jessian Reed, que ferais-tu sans moi ? Je t’imagine sur ton canapé à regarder Disney + tous les soirs, même après le coucher de Morgane. Avoue ! » Tu exploses de rire à ces paroles. Il t’arrive de regarder Disney+ une fois que Morgane est au lit mais ce n’est pas aussi souvent qu’Helena semble le penser. Tu préfères regarder des séries plus adultes quand ta fille est au lit, tu regardes bien assez de Disney en sa compagnie. « Je n’avouerai rien du tout, surtout que tu es mal placée pour me juger. » Lui dis-tu pour la taquiner. « Mais je suis contente que tu m’aies proposé de sortir, j’en avais besoin. » En travaillant moins, tu rencontrais moins de nouvelles personnes et il n’était pas simple de rencontrer de nouvelles personnes. Ce n’était pas comme avant en tout cas. « Très belle tenue, tu es magnifique ! » Fis-tu ensuite remarquer à ton amie.


@Helena Horowitz

Tu avais bien conscience qu’Helena t’avait invitée à cette soirée pour s’amuser et pas pour parler de sujets déprimants. Mais en même temps, tu n’avais pas eu le courage de lui mentir quand elle t’avait posé la question. Tu aurais pu lui dire que tout allait bien, boire ton verre et la suivre sur la piste de danse comme si de rien n’était. Cependant, tu avais besoin de parler de ce que tu traversais et Helena était une de tes plus proches amies. « Mais ça te plaît toujours, le bénévolat ? Et comment ça, tu t’es embrouillée avec tes parents ? A propos de quoi ? » Tu pouvais voir qu’elle était inquiète pour toi et totalement perdue. En même temps, tu ne parlais pas souvent de ta famille avec Helena et tu ne savais rien de la sienne à part qu’elle avait un frère et une soeur. Aujourd’hui, cela allait changer. Passant une main dans tes cheveux, tu soupirais avant de lui dire : « Mes parents ont appris que j’étais bisexuelle, autant te dire qu’ils ne l’ont pas bien pris. » La confusion ne disparut pas du visage d’Helena, il fallait que tu lui donnes plus de contexte pour qu’elle comprenne le problème. « Mes parents sont très conservateurs. Pour eux, il est impossible de ne pas être hétérosexuel. Ils ont envoyé ma soeur dans des camps de "redressement" quand elle était plus jeune. Ils ont déjà dû avaler le fait que j’ai divorcé, là c’était la goutte qui a fait déborder le vase. » Mais dans cette histoire, c’était toi qui devais gérer les questions incessantes de Morgane sur le pourquoi elle ne voyait plus ses grands parents. Tu avais perdu deux soutiens de poids dans ta vie et tu ne savais pas quand ils seraient prêts à faire un pas vers toi. Car il était hors de question que ce soit toi qui le fasses. « Et le bénévolat me plait toujours. Ce n’est pas facile tous les jours d’être confrontée à la maladie mais je suis contente d’avoir l’association pour me changer les idées un peu. » Cela remplissait tes journées quand tu n’avais pas de rendez-vous à l’agence et que Morgane était à l’école. Cela t’évitait d’avoir trop de temps où tu désespérais de relancer ta carrière un jour … « Et comment va ma petite princesse ? Et comment ça va avec son père ? » Un sourire se dessina sur tes lèvres alors que ton amie te parlait de ta fille. Morgane arrivait à charmer toutes les personnes qu’elle rencontrait, il ne te tardait pas de devoir gérer sa crise d’adolescence. « Morgane va très bien ! Abel et moi on a mis en place un nouveau système de garde. Il l’a un week-end sur deux désormais. Je sais que c’est temporaire, bientôt il voudra plus mais je lui suis reconnaissante de ne pas en avoir trop demandé tout de suite, je n’aurais pas pu lui donner plus pour l’instant. » Pas quand ta vie s’effondrait autour de toi et que Morgane était la seule chose qui te faisait encore te lever le matin. Tu allais reprendre pied, tu le sentais mais ce n’était pas encore le cas. « Et toi ? Qu’as-tu à me raconter ? » Lui demandas-tu en prenant une nouvelle gorgée de ton verre. Tu sentais petit à petit l’alcool se diffuser dans ton corps même si tu n’en étais qu’au premier verre pour l’instant. « Alors, tu viens danser maintenant ? » Tu laissais échapper un petit rire et tu terminais ton verre cul sec avant de te lever. « Bien sûr que je viens danser ! Il suffisait de le demander ! » Tu attrapes la main de ton amie et l’entraines sur la piste de danse. Il ne te faut que quelques secondes pour te mettre à danser, te laissant porter par la musique …


@Helena Horowitz

Ton orientation sexuelle n’avait jamais été un secret pour ton entourage. Les seuls à qui tu avais cherché à le cacher c’était tes parents et ta soeur aînée. Si tu avais fait ce choix, c’était pour de très bonnes raisons et leur réaction aujourd’hui te donnaient raison. Tu avais su depuis le début que cette information ne serait pas bien accueillie. Voilà pourquoi tu t’étais dit dans un premier temps que tu ne leur dirais que si tu tombais amoureuse d’une femme car si c’était un homme qui faisait chavirer ton coeur, ils n’avaient pas besoin de le savoir n’est-ce pas ? Mais au fil des années, ce mensonge t’avait pesé. Tu savais aussi que tu avais joué avec le feu, que des photos pouvaient un jour sortir dans la presse sans que tu ne le saches et tu préférais que tes parents l’apprennent par toi. La manière dont ils l’avaient appris n’était pas celle que tu avais imaginé mais bon, au moins c’était fait. « Ho mon Dieu ! Un camp de redressement ?! Mais c’est horrible ! Ils ne sont pas conservateurs, ils sont totalement … » Cela ne te surprenait pas qu’Helena soit choquée. Tu trouvais même cela assez logique car c’était la réaction de toutes les personnes qui apprenaient cela. Quand on te voyait, toi et tes habitudes, c’était sans doute étrange de se dire que tes parents étaient des gens qui envoyaient leurs enfants en camp de redressement. « Je suis désolée de l’apprendre. C’est une réaction stupide. On ne commande pas nos envies ou notre cœur. Et ce qui est important, c’est la personne qu’on choisit, pas son sexe. Tu crois que ça va s’arranger ? Tu comptes faire quelque chose ? » Oui, ça c’était ce que pensaient des personnes tolérantes comme Helena. Mais tu étais bien placée pour savoir qu’il y avait un certain nombre de gens qui ne voyaient pas les choses ainsi. Chacun avait le droit d’avoir son opinion, tu aurais juste aimé que tes parents fassent partis des gens ouverts d’esprit. « Je ne compte rien faire du tout. C’est à eux d’accepter la situation, pas à moi de m’excuser, je n’ai rien fait de mal. J’aimerais dire que cela va s’arranger mais j’en doute de plus en plus. Cela fait déjà quelques mois que cela dure. » Des mois durant lesquels tu n’avais eu aucune nouvelle de tes parents. Cela t’avait fait plus mal que tu ne voulais l’admettre et Nola t’avait rit au nez quand tu le lui avais confié donc désormais tu n’en parlais plus. « Comment réagit ta fille ? Elle doit poser des questions, non ? » Tu hoches la tête. Morgane est une petite fille intelligente, elle a bien compris que quelque chose avait changé dans ta relation avec ses grands-parents. Elle a beaucoup posé de questions dans les premiers temps et désormais un peu moins. Tu as réussi à esquiver jusqu’ici mais tu sais que ce n’est qu’une question de temps avant que tu n’aies à expliquer à ta petite fille que ses grands parents sont de vieux intolérants. « Elle a posé beaucoup de questions et j’ai réussi à éviter le sujet pour l’instant mais je sais que cela ne sera pas suffisant. Je comprends que cela soit déroutant pour elle. Je lui expliquerai du mieux que je peux. » Dis-tu en haussant les épaules. C’était toujours ce que tu faisais avec Morgane, tu mieux que tu pouvais. « Je suis là, tu sais. Toujours. Tu veux que … j’aille leur parler ? Ou … Autre chose, ce que tu veux. » Un léger rire amusé s’échappa de tes lèvres alors que tu imaginais Helena en train de parler à tes parents. Tu étais touchée de la proposition de ton amie mais ce serait une très, très mauvaise idée que de la laisser aller leur parler pour le coup. « C’est gentil Helena mais leur parler ne servira à rien. Je risque d’avoir besoin d’une babysitter de temps en temps par contre. » Lui dis-tu avec un petit sourire sur les lèvres. Tu espérais toujours décrocher de nouveaux contrats et quand ce sera le cas, il faudra que tu puisses compter sur tes amis et ton entourage pour te dépanner. Ce fut ensuite à ton tour de prendre des nouvelles d’Helena : « La routine au boulot. Toujours pas de prince charmant en vue. Bref, rien de neuf sous le soleil. Et rien de mauvais non plus, alors je ne vais pas me plaindre ! » L’essentiel c’était qu’elle aille bien et qu’il n’y ait pas de mauvaise nouvelle. Cela arrive à tout le monde de ne pas avoir de grandes nouvelles à annoncer. « Tu n’as pas revu Auden n’est-ce pas ? » Te surpris-tu à lui demander, toujours inquiète que cet homme se refasse une place peu adéquate dans la vie d’Helena. Vous preniez la direction de la piste de danse pour aller vous déhancher quand Helena te demanda : « Dis-moi, c’est qui cette fille ? Je la connais ? » Tu t’arrêtes brusquement en fronçant les sourcils. Une fille ? De quoi est-ce que … Tu t’arrêtes dans tes pensées alors que tu comprends qu’Helena veut te parler d’Heather. Tu espères qu’elle n’est pas en train de se faire des idées. « Je ne pense pas … Peut-être de vue, c’est une actrice américaine. Je la connais depuis des années, on s’était rencontrés à Los Angeles. C’est une très bonne amie et rien d’autre, ne va pas te faire des idées. » Lui dis-tu en haussant les épaules. Avec Heather, les choses étaient très claires entre vous à ce sujet et c’était bien mieux ainsi.


@Helena Horowitz

La situation avec tes parents était compliquée, c’était le moins que l’on puisse dire. D’un côté, tu avais envie de retrouver ce lien que vous aviez depuis que tu étais rentrée à Brisbane mais de l’autre, tu n’avais pas envie de le retrouver à n’importe quel prix. Voilà pourquoi tu refusais de faire un pas vers eux, tu estimais que ce n’était pas à toi de le faire mais à eux. Parce que toi, tu n’avais pas changé entre le moment où ils savaient et le moment où ils ne savaient pas. C’est juste leur regard et leurs idées à la con qui s’étaient mises sur votre passage. Et tu refusais de mêler Morgane à tout ça, tu n’avais aucune envie de la laisser à tes parents pour qu’ils essaient de lui inculquer des valeurs qui n’étaient pas les tiennes et qu’ils essaient de la monter contre toi. Non, tu voulais t’assurer qu’ils acceptaient ta sexualité à défaut de la comprendre. « Je suis désolée Jess, ce n’était pas ce que je suggérais, pas du tout ! Evidemment que tu n’as rien fait de mal ! Et évidemment que tu n’as pas à t’excuser. Mais je voulais savoir si tu allais attendre jusqu’à ce qu’ils acceptent et reviennent, au risque que … ça n’arrive pas, ou si tu allais tenter de les recontacter, peut-être par l’intermédiaire de ta fille ou de tes sœurs. Je ne te dis pas d’utiliser ta fille, loin de là, mais tes parents l’adorent. Je suis certaine qu’ils voudraient la revoir. Ca pourrait être un point de départ pour … recommencer à vous fréquenter. » Ce qu’Helena suggérait, tu y avais déjà pensé bien entendu. Ce n’était pas le fait d’utiliser ta fille qui te rebutait, au contraire même. Mais cela ne changeait rien au problème de fond. Tes parents refusaient d’accepter que tu puisses aimer les femmes, refusaient de t’accepter et tu n’étais pas certaine d’avoir envie de les fréquenter dans ces conditions-là. Parce que même en utilisant ta fille, cela voudrait dire que tu faisais un pas vers eux et tu ne voulais pas leur faire croire que tu leur pardonnais ou qu’ils avaient raison. Il en était hors de question. « Je suis certaine qu’ils ont dû dire et faire des choses horribles, qui t’ont terriblement blessées, et que passer outre serait difficile. Mais ce sont tes parents. Il ne faudrait pas que tu le regrettes un jour. Mais si tu préfères que j’aille crever les pneus de leur voiture et jeter des œufs sur leur maison, je peux le faire aussi ! » Un petit sourire amusé se dessina sur tes lèvres aux paroles de ton amie. Elle n’allait pas avoir besoin d’en arriver là … Elle avait raison cependant, peut-être qu’un jour tu le regretteras surtout que tes parents ne semblaient pas décidés à bouger mais tu avais ta fierté et tu avais tes principes. Et tu avais surtout ta petite soeur qui avait dû subir des choses atroces dans son adolescence à cause de vos parents. Alors non, tu ne comptais pas faire un pas vers eux. « Je préfère prendre le risque de le regretter mais garder ma dignité et mon intégrité. Faire un pas vers eux ce serait comme reconnaître qu’ils peuvent avoir raison, comme accepter qu’ils ne puissent jamais accepter. Je ne leur demande pas de comprendre mais juste d’accepter en vérité. » Est-ce que la situation allait s’améliorer ? Tu n’en savais rien. Peut-être, peut-être pas … Tu étais certaine toutefois que si tes parents bougeaient, ce sera uniquement pour Morgane. Donc elle était véritablement votre dernier espoir. Ou aussi parce qu’ils auront déjà perdu deux de leurs filles, sur trois ce n’est pas vraiment une réussite. Et tu savais que si tu tombais amoureux avec un homme, cela arrangerait beaucoup tes parents qui pourraient continuer à vivre dans le déni. Tu mentionnais ensuite à Helena que vu que tes parents n’allaient plus pouvoir garder Morgane aussi souvent, il te faudra certainement une babysitter : « Avec grand plaisir ! Tu sais que tu peux compter sur moi ! » Tu ne te faisais pas de soucis, tu savais que tu pouvais compter sur Helena. Mais assez parlé de toi, tu pris des nouvelles de ton amie qui semblait bien se porter. Et tu ne pus t’empêcher de la questionnaire sur Auden. Helena était la championne des mauvaises décisions dans sa vie amoureuse donc tu espérais qu’elle n’avait pas cherché à revoir Auden. « Non. Et j’espère ne jamais le revoir. Je ne sais toujours pas ce que je dois faire de lui, de notre histoire. J’ai passé quatre années merveilleuses, ou du moins intenses, et il a tout foutu par terre, un jour. Ces quatre ans ont maintenant un goût amer, comme s’il m’avait volé une partie de ma vie … » Tu comprenais ce qu’elle ressentait parce que des fois, c’était ce que tu ressentais quand tu pensais à Abel et ce que vous aviez vécu. De votre relation était sortie Morgane alors tu ne lui en voulais jamais longtemps mais ce n’est pas toujours facile à vivre que d’accepter d’avoir donné quelques années de sa vie à un homme qui n’est pas l’heureux élu. « Tu ne dois rien faire de lui. Tu dois juste accepter qu’il n’a pas su apprécier le cadeau que tu lui as fait pendant les quatre années que tu as passé avec lui. Laisse-le dans le passé, laisse-le avec sa nouvelle famille et concentre-toi sur toi. » C’était la meilleure chose qu’Helena pouvait faire en toute honnêteté. Et comme vous étiez quand même venues ici pour danser, vous finîtes par vous lever et vous diriger vers la piste de danse où vous passiez le reste de la soirée.


@Helena Horowitz