Pendant ces trois années, coupée de tout, Ava ne peut pas dire qu'elle n'a pas eu de mains tendues pour la sortir de cette misère. Il y a eu Noa dont c'était le métier et qui la conseillait du mieux qu'elle le pouvait. Elle souhaitait réellement les aider tous les deux mais l'ex d'Ava ne voulait rien entendre. Alors elle la voyait en dehors mais sans pour autant mettre en application ce qu'elle lui soufflait. Pas que l'envie n'était pas présente mais elle était encore bien trop aveugle que pour se rendre compte qu'il était une cause perdue et à ce moment-là, elle ne voulait pas être sauvée sans lui. Connerie. Une autre personne lui a tendu la main, Wren, un ami de son ex. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Quand il s'est pointé dans le studio qu'ils occupaient, elle avait d'abord cru à un mec se droguant ou tournant dans les mêmes affaires louches que son ex mais il s'est avéré qu'il avait tout arrêté et qu'au contraire de celui-ci, il ne consommait pas. Elle ne se souvient plus du nombre de fois où dans le dos de cet homme qu'elle aimait, il est venu la voir pour lui dire de partir, qu'il n'était pas bon pour elle. Ho, elle le savait Ava mais encore une fois, elle n'écoutait pas voulant croire qu'il allait changé, qu'il allait guérir. Malgré ses refus, il est resté dans le coin à veiller un peu sur elle. Elle ne s'est pas rendue compte de suite de ce qu'il faisait. Ce n'est que quand tout a éclaté qu'elle a vu ça et l'a remercié. Cela fait quelques années maintenant que tout ça est derrière elle et elle espère que cela sera pour de bon.
Elle grogne entre ses dents la brune. Dans tous les quartiers de la ville, c'est dans celui-là qu'elle doit se rendre. Celui où sont basés la plupart des revendeurs et autre dépendants. D'ailleurs, elle se demande bien comment elle va faire pour vendre une maison pareille. Déjà son état laisse à désirer mais les voisins aussi. Un soupir sort d'entre ses lèvres alors qu'elle sort de cette demeure. Elle a pris des photos et des notes pour la mettre sur le site de l'agence même si elle sent que cette vente sera perdue d'avance. Alors qu'elle retourne à sa voiture, son regard se porte sur une silhouette dans la ruelle se trouvant à côté. Certaine de la connaître, elle fait quelques pas en avant et qu'elle n'est pas sa surprise de voir que c'est Wren. Qu'est ce qu'il peut bien faire dans le coin ?! D'après ce qu'elle a toujours su, il n'est pas dans ce genre de conneries depuis longtemps. Il ne l'était déjà plus quand elle l'a connu.Bizarrement, elle sent que quelque chose cloche et elle fait encore quelques pas dans sa direction. «  Wren ? » S'ose-t-elle à prononcer. Il n'y a aucun doute que c'est bel et bien lui mais disons que c'est sa façon à elle de s'annoncer. «  Est ce que ça va ? » Demande-t-elle au fur et à mesure qu'elle s'approche. Le visage du jeune homme est enfin dans son champ de vision et sans méchanceté aucune, il a une tête à faire peur. Ce visage, elle le connaît mais Ava ne souhaite pas prendre des conclusions hâtives. «  Tu veux que j'appelle quelqu'un ? » En disant cela, elle pensait bien entendu à une ambulance. Après tout, elle se fait peut-être des idées et il a juste fait malaise. Du moins, c'est ce qu'elle espère en secret. Il a été présent pour elle, à son tour de l'être. Une chose est certaine, elle ne quittera pas cette ruelle avant de savoir qu'il va bien. Et mine de rien, elle est têtue la demoiselle quand elle s'y mets donc Wren va devoir la supporter.

Il n'y avait aucune place dans son existence pour la rechute, du moins Wren n'aurait jamais pu l'envisager. Lorsqu'il avait quitté le monde de la drogue, il entrait à peine dans l'âge adulte, se complaisant à croire qu'il pourrait devenir un grand homme en devenant un pompier pour la caserne de Brisbane. Avait-il réellement accompli ce qu'il désirait à cette époque? Rien n'était moins certain maintenant que le suédois faisait face à sa propre mortalité. Il avait failli quelque part, malgré le temps passé à se croire supérieur à toutes les considérations humaines, il s'avérait que on avenir s'arrêtait là, face à cette terrible réalité, il n'était plus un pompier. Pire encore, il n'était plus grand chose du tout maintenant que les flammes avaient avalé le peu d'humanité qu'il avait réussi à conserver tout au long de ces années: Wren avait essayé pourtant, réellement essayé, oui, d'être meilleur que son père, de ne pas sombrer trop vite et trop fort dans des vices dont on ne ressortait pas vivant, pas même indemne à vrai dire. L'allumette avait craqué, l'incendie n'avait fait que croître et cette envie lui débordait les mains depuis: Doherty ne voyait plus que cela, le brasier, le chaos et il ne pouvait plus du tout en sortir. Ne lui restait qu'une issue de secours, celle qu'il avait pris le temps de haïr en une décennie, sa chère camarade la drogue. La première dose avait été anodine et Wren avait réellement cru qu'il pourrait se contenter de celle-ci, d'un unique rail avant de retrouver la beauté de son ancienne vie. Néanmoins, la poudre blanche s'était mué en un appel plu vivace et ô combien plus dangereux également parce que l'aiguille avait hurlé son nom et il l'avait écouté. Depuis, rien n'était plus sensé, rien n'était plus autre chose que les ruelles froides et puantes des coins les plus sombres de sa ville natale. Ce soir là ne faisait pas exception puisque Doherty s'était assoupi à même le sol après avoir gagné une seringue salvatrice, le jour même ayant marqué sa démission officielle du corps des pompiers. Le désespoir avait été marquant, la satisfaction pleine dès lors que la drogue fut ressentie jusqu'au creux de son âme, plus rien n'était à sauver désormais, absolument plus rien. Pourtant, dans ce brouillard nerveux, Wren entendit une voix de son passé, relevant un regard perdu vers la silhouette qui lui adressait quelques mots. Ava. Était-ce bien elle ou un mirage? Le grand brun ne pouvait même pas le dire dans son état actuel. "A la perfection... Dis, t'es réelle?" Il devait être sûr, juste au cas où parce que Wren savait qu'il avait la capacité de partir dans de mauvais rêves parfois. "Qui donc? Pas ton ex, hein?" Hors de question qu'on le voie faire la serpillière dans la coin le plu douteux de la ville, Doherty avait une réputation à tenir... Ou du moins, un reste de réputation, un mirage donc. "Pourquoi tu reviens par là?" Ava n'était plus de ce monde-là, du moins il l'espérait après tant de lutte pour l'en sortir mais, à qui le tour désormais?

Revenir dans ce quartier, Ava ne l'avait plus fait et pour des raisons tout à fait logique. C'est ici que son ex dealer et tout ce qui s'en suit. Elle n'y a pas réellement de bon souvenirs. Non, c'était tout le contraire. Seulement le boulot a fait qu'elle devait s'y rendre. Une personne veut mettre en vente sa maison et croit sérieusement qu'elle sera achetée. Enfin si, sûrement par un dealer un gang ayant besoin d'un repère et sûrement pas quelqu'un de bien ou alors il devra être vraiment au bord du gouffre pour vouloir habiter par ici. Alors qu'elle referme la porte et compte se rendre à sa voiture, une silhouette qu'elle connaît se trouve dans cette ruelle. Pas très sûre d'elle, elle approche à pas lent et quand elle découvre Wren, elle avance d'un coup plus lui demandant si ça va bien que la question plutôt rhétorique vu qu'il est affalé sur le sol. Elle ne l'a jamais vu de la sorte et ça lui fait un drôle d'effet. Comme un retour en arrière. Comme toutes les fois où son ex était dans cet état et qu'elle devait l'aider à rentrer dans leur studio pourri non loin de là d'ailleurs. Alors qu'il lui répond aller à la perfection et lui demande si elle est réelle, un long soupir sort d'entre ses lèvres. Ses yeux dérivent sur la seringue usagée non loin de lui, de suite elle jette un coup de pied dedans et la fait rouler plus loin. « Qu'est ce que t'as foutu Wren ? » Souffle-t-elle d'une voix triste. Il était là quand elle avait besoin d'aide, c'était maintenant à son tour de lui venir en aide et ça qu'il le veuille ou non. Elle hausse un sourcil quand il parle de son ex. « Personne, je ne vais appeler personne » Dit-elle sachant très bien que de faire venir une ambulance serait peine perdue. Il est conscient et donc ne se laissera pas faire. Ayant connu son ex dans des phases comme celle-là, elle essaye d'être la plus conciliante possible. S'abaissant à son niveau et pose sa main sur son bras et le tourne doucement pour voir s'il est bien piqué et malheureusement la marque est présente. Elle secoue la tête. » Pas toi Wren « Une main se plaque sur son visage et elle se frotte les tempes. Lui qui était clean de toute cette merde. Elle comprend pas comment il a pu en arriver là mais le moment n'est pas de le comprendre, c'est plutôt d'arriver à le faire bouger de là. Ce ne sera pas une mince affaire mais elle ne partira pas en le laissant là. «  Je suis venue pour le boulot.» Malgré son état, il fallait qu'il s'assure qu'elle n'était pas ici pour des mauvaises raisons alors qu'il devrait penser à lui. «  Tu veux bien venir avec moi jusqu'à ma voiture ? » Demande-t-elle essayant de jouer sur le quartier et le passé. «  Je ne suis pas très à l'aise » En espérant qu'il sache tenir debout déjà. Ce n'est pas très réglo car au fond, elle n'a pas peur. Mais si ça peut faire en sorte qu'il la suive et qu'elle puisse le conduire au moins chez elle, alors oui, elle jouera le jeu.

Maze était partie quelques jours auparavant et depuis lors, l'existence de Wren était retournée vers la pénombre. Il n'aurait pas su expliquer ce qui l'avait ramené au bord de ce précipice qu'il s'était pourtant juré de ne plus approcher mais c'était arrivé. Le grand homme qu'il était n'avait pas su se protéger comme il le fallait, renonçant à sa liberté en même temps que son coeur dérivait vers la jolie brune qui avait su capter son regard. Désormais, tout cela était à conjuguer au passé parce que, bien entendu, la jeune femme ne voulait rien savoir sur cette omission qu'il avait fait. Non, Wren n'avait pas narré son passé dès les premiers instants de leur relation, pour se protéger autant que la protéger, elle, puisque son rapport à sa famille avait toujours été complexe. Le problème dans tout cela, c'était que Maze avait fini par tout apprendre par elle-même, son père qui avait brûlé la maison et sa mère par la même occasion, son passif avec la drogue, elle savait tout. Forcément, elle l'avait quitté, probablement pas à cause de ses souvenirs là précisément mais parce qu'il avait préféré ne rien dire, un grand classique chez le suédois. Les conséquences étaient désastreuses, lui étalé au sol à ne plus savoir où aller, sûrement vers la fin de ce calvaire. C'était certainement ce qu'il s'était dit à la première dose et après, le nordique n'avait plus eu besoin du moindre argument pour être convaincu. Il avait sombré, purement et simplement, comme si c'était la première fois qu'il s'acoquinait avec la drogue, comme s'il ne savait pas ce qui advenait quand on plongeait dedans la tête la première. Wren ne le savait que trop bien mais il ne s'en était pas empêché, ne restant de lui que cette carcasse vide au sol, pas même certain de capter la réelle présence d'Ava juste devant lui. Son passé avait le don de resurgir au moment le moins opportun apparemment et il aurait dû avoir honte de son état, oui, si seulement il était capable de réfléchir. "Y a personne à appeler de toute façon. Moi? Rien de plus que d'habitude, je suis comme ça." A jouer avec le feu dans tous les sens du terme, même si son monde menaçait clairement de s'écrouler ces derniers temps. Le pauvre Doherty n'avait pas l'ombre d'une explication alors il haussa les épaules, s'attendant à ce qu'Ava se détourne et continue son chemin, c'aurait sûrement été mieux ainsi d'ailleurs. "Qui d'autre?" Il souriait et l'effet était à glacer le sang, comme si le pauvre suédois ne ressentait plus rien et quelque part, c'était le cas, il s'était laissé perdre au milieu du labyrinthe de ce qu'était l'univers. En reviendrait-il? "Quel boulot?" Il essaya de se tenir aux briques de la ruelle derrière lui, vacillant sévèrement dans l'entreprise mais Wren put se remettre sur ses deux jambes, sa vision franchement peu alerte. "Tu veux m'emmener où?" Il n'avait pas les idées claires, rien ne semblait vouloir rentrer dans l'ordre alors qu'il se tenait les tempes dans l'espoir que sa vision se stabilise, un souhait trop ambitieux probablement. "Il est pas là, tu sais, ton ex... Il a changé de quartier. J'ai demandé en venant chercher ma première dose." Si c'était pour cette raison qu'elle n'était pas très à l'aise, Doherty pouvait tout de même la rassurer. Non, il ne s'imaginait pas que son état pouvait être responsable de la détresse d'autrui, égoïste suprême qu'il était, le géant suédois.

La drogue, un monde qu'Ava ne connaît que trop bien et pas pour avoir consommer pourtant. Non pour être tomber dans les bras d'un homme dont l'amour pour la poudre blanche était beaucoup trop grand. Si grand qu'il a eu envie de goûter aux autres joies accompagnant celle-ci. Alors oui, voir Wren dans cet état fait remonter en elle des souvenirs qu'elle voudrait totalement effacés mais qu'elle ne peut pas car ils sont ancrés en elle. S'approchant du jeune homme, elle comprend vite l'état dans lequel il se trouve. Elle pourrait prendre ses jambes à son cou et le laissait là mais quelle sorte d'amie serait-elle ? Surtout qu'il a été présent pendant cette période où elle ne savait plus comment faire et il a autant été présent après. Alors ce n'est même pas envisageable pour elle de le laisser sombrer dans cette déchéance. Son regard est posé sur lui alors qu'elle se demande comment il a pu en arriver là. Un soupir sort d'entre ses lèvres à sa réponse mais pouvait-elle réellement attendre mieux de sa part alors qu'il est occupé de plane, qu'il se trouve dans un autre monde. Le réel n'a plus sa place actuellement. Ava va devoir ruser si elle veut obtenir de lui qu'il la suive. «  Non c'est pas toi Wren et tu le sais très bien » Souffle-t-elle alors que son pied fait valser l'aiguille plus loin. Elle roule des yeux et ne prend pas la peine de répondre surtout en voyant ce sourire qui est si ... Elle n'a même pas de mots pour décrire l'expression de son ami à ce moment-là. «  Je vends des maisons » Dit-elle en haussant les épaules vu que ce n'était pas réellement le moment de parler de banalités. Quand elle lui fait part de sa soit disant peur d'être dans ce quartier, il finit par se lever comme il le peut. Le voyant chavirer, elle attrape son bras et tient à l'aider à se tenir debout. Il faut qu'il reste sur cette lancée de bien vouloir bouger. Ses lèvres se pincent à sa question redoutant la réaction à sa réponse. Il ne faut pas qu'elle balance une réponse qui viendrait tout perturber. «  Chez ... moi » Elle ne voyait pas d'autres endroits où l'emmener et où il serait d'accord d'aller. Une fois là, elle pourrait voir exactement comment est son état. Pas qu'elle soit infirmière ou ait un quelconque diplôme mais une expérience certaine bien malgré elle. Elle cale quand il parle de son ex. Pourquoi est ce qu'il a demandé s'il était dans le coin ? Ca n'a pas de sens. «  Je me fous de lui peu importe où il soit, là c'est toi qui m'importe.» Avoue-t-elle tout en avançant doucement en espérant qu'il continuera à la suivre mais du moins elle ne lâche pas son bras s'y accrochant si fort comme si c'était elle qui avait besoin de lui et non le contraire. Ruser et encore ruser. «  Tu veux bien m'accompagner alors ? J'aurais pas envie de croiser un ami de mon ex non plus » Parler de tout sauf de son état et de ce qu'il a pris. Du moins jusqu'au moment où elle sera arrivée à le faire aller jusque chez elle. Et puis elle disait pas spécialement que des conneries, sait-on jamais que son ex justement doive de l'argent à un mec du coin et que cela se retourne contre elle bien que ça l'étonnerait vu que ses parents ont du faire tout ce qu'il fallait avant de l'envoyer à l'autre bout du pays, là où est sa place maintenant et sûrement plus à Brisbane.  

Elle ne le connaissait pas autant qu'elle devait l'imaginer mais Wren, lui, savait parfaitement ce dont il était capable. Le plus souvent du pire, rarement du meilleur. Depuis quelques jours, il se laissait dépérir à petit feu, toujours perdu entre l'envie de s'en sortir et celle pour le moins égoïste d'en finir. Au final, il passait d'un état à l'autre, jamais totalement vivant mais pas totalement abattu non plus. La drogue faisait souvent cet effet-là: on avait la sensation d'être invincible quand d'autres êtres humains passaient à côté pour constater qu'il n'y avait plus rien d'autre qu'une intelligence révolue. Quelque part, Doherty condamnait le peu de neurones qu'il avait encore, se propulsant dix bonnes années en arrière, à la quête de quelque chose qu'il n'avait déjà pas trouvé à cette époque. Personne ne viendrait le sauver cette fois-là, pas s'il se bloquait dans cet état d'esprit, convaincu qu'il faisait le bon choix en se laissant glisser vers une autre stratosphère. Cela dit, Ava était venue le réveiller et le porter de nouveau debout, même si Wren était chancelant et qu'il n'était définitivement pas prêt de voir la porte de sortie que la jeune femme devait envisager pour lui. De son côté, le suédois ne considérait plus rien du tout, si ce n'était le douloureux silence d'un départ difficilement assumé parce qu'il avait mis tous ses espoirs sur les épaules d'une relation naissante, idiot qui n'apprenait jamais de ses erreurs, il aurait dû le savoir que rien ne se terminait jamais de la bonne manière avec son patrimoine génétique défaillant. C'était trop tard néanmoins, Maze n'était plus là et il se retrouvait à tenir tant bien que mal sur ses deux jambes car Sanders montrait une détermination sans faille pour le porter loin de cette ruelle mal famée. "Non. Je sais pas. Des maisons? Pas ici, non?" Personne n'aurait envie de vendre quoique ce fut dans ce quartier et Wren se demandait pourquoi elle venait s'y perdre après tout le passif qu'elle avait avec cet endroit mais le nordique ne pouvait pas tout saisir, par dans son état en tout cas. Alors, il se contenta de suivre le mouvement: si elle désirait l'emmener jusqu'à chez elle, il n'allait pas batailler en annonçant qu'il allait parfaitement bien et qu'il n'avait pas besoin de son aide. De toute évidence, elle ne le croirait pas et à raison, par ailleurs. "Si tu veux... A condition que tu m'empêches pas une autre dose à l'avenir. Ca, ça me plairait pas, Ava, parce que j'en ai besoin. C'est fini pour moi, tu vois." Il avait totalement abandonné la lutte et la jeune femme le comprendrait certainement rien qu'avec cette introduction: il avait suffi d'une fille. D'une histoire d'amour. D'une omission de trop. Et Wren était à terre, apparemment décidé à ne plus remonter la pente. Plus jamais.

Voir Wren dans cette situation, elle ne l'aurait jamais imaginé pour la simple et bonne raison que quand il l'a connu, il l'avait décroché de tout ça. Il avait même refiler ses clients à Maxence. Certes, il traînait encore dans le coin mais elle ne l'a jamais vu consommer quoique ce soit. Comme quoi la rechute attend tout le monde, comme si elle guettait les repentis du coin de l'oeil en attendant le bon moment pour s'immiscer dans leur vie. Ava se doute qu'il doit y avoir des raisons pour qu'il en soit venu à ce stade. Seulement, il n'est pas légitime pour elle de lui demander. De un car elle ne l'a pas vu depuis un moment et qu'elle ne peut donc pas se considérer comme une réelle proche à l'heure actuelle et de deux car dans tous les cas, il ne répondrait pas à sa question. Bien entendu que cela lui brûle les lèvres mais elle se retient la demoiselle. Il vaut mieux qu'elle mette son énergie à le faire bouger de là, de ce lieu qui aura sa peau. Déjà, il est debout et même si elle n'en dit rien, elle trouve dans ce geste une légère victoire. Mais gagner la guerre, ce sera tout autre chose. Elle ne l'a pas gagnée avec Maxence alors elle se doute bien qu'elle ne la gagnera pas avec Wren. Cependant, elle se jure en son fort intérieur de faire de son mieux, déjà pour l'instant présent. Elle ne peut s'empêcher tout de même de lui dire que ce n'est pas lui de faire ça, de se laisser choir comme une marionnette qui n'a plus le contrôle de son destin. Non, c'est la drogue qui le contrôle et pas l'inverse. Elle hausse les épaules par rapport à son boulot et se pince les lèvres étant consciente que personne n'aura envie d'acheter dans le coin mais elle ne faisait que suivre les instructions. « Un dealer ou quelqu'un de vraiment pauvre pourrait être intéressé, je sais pas » Mais un dealer semble l'acheteur le plus potentiel pour faire ses trafics en toute impunité. Mais ça, ce n'est pas son problème après tout. Ne souhaitant pas faire l'apologie du quartier, elle lui tient le bras se dirigeant vers sa voiture garée non loin, heureusement, lui indiquant qu'elle veut juste l'emmener chez elle et non dans un centre ou un quelconque hôpital. Ses dents grincent en l'entendant parler d'autres doses comme si un flot de souvenirs remontaient à la surface. Elle doit aller dans son sens donc elle prend sur elle la demoiselle. «  Je t'empêche de rien mais ... Dis pas ça stp «  Qu'il puisse penser que rien ne le retient à la vie est inconcevable pour Ava. Il y a toujours des portes de sortie, une lueur au bout du tunnel mais faut-il encore avoir les yeux rivés dessus car s'il tourne le visage vers le noir, c'est sûr qu'il ne sera pas prêt de la voir. Arrivé sa voiture, elle ouvre la porte passager et le laisse entrer pendant qu'elle fait le tour vers le côté conducteur. Assise sur le siège, elle attend qu'il soit bien installé et mine de rien, elle enclenche la sécurité enfant au cas où l'envie lui prendrait de se sauver à la dernière minute. Suite à cela, elle démarre tranquillement la voiture en direction de Redcliffe, où elle habite actuellement et où Wren n'a peut-être jamais mis les pieds. Pas qu'elle ne veut pas mais ne vivant pas seule, elle ne peut pas tout se permettre non plus et d'autres raisons font qu'Ava n'invite que très rarement des personnes.

Il n'y avait pas grand chose à sauver chez Wren, sûrement parce qu'il avait laissé passer sa chance, lui, le grand idiot qui pensait toujours tout contrôler mais qui se retrouvait en prise avec les éléments. Wren n'était pas mieux que les autres, il ne pouvait en aucun cas persévérer dans cette voie d'homme exceptionnel car cela faisait bien des années que la roue avait tourné, qu'il était habité par le vice, incapable de faire autre chose que d'entraîner son entourage dans le même cercle vicieux que lui. Le suédois avait essayé pourtant d'épargner autrui, prenant le temps de faire taire les pires moments de son histoire pour qu'on ne le prenne pas pour un fou... Pour quel résultat? Rien de très probant assurément, sinon en serait-il ici à l'heure actuelle? C'était assurément ce qui faisait le plus mal dans cette affaire parce que Doherty avait posé toutes ses chances sur cette relation amoureuse naissante aux côtés de Maze mais il s'avérait qu'il s'était bercé d'illusions, une fois encore. Quand comprendrait-il qu'il n'était juste pas fait pour ce genre d'aventures? Wren restait un éternel solitaire, un homme qui bataillait avec ses démons et qui ne pouvait en aucun cas les partager avec une personne extérieure à ce qu'il avait dû traverser. Non, aucun individu ne pourrait saisir ce qui l'étreignait depuis l'enfance, ce qui le poussait toujours vers les choix les plu douloureux au monde parce qu'il ne pensait mériter rien d'autre qu'une bonne dose de médiocrité. Celle-là, il l'avait épousée depuis des jours maintenant, se perdant dans les limbes de sa bonne vieille partenaire qu'était la drogue, une joie incommensurable qui s'en était allée et que Wren était persuadé de ne jamais revoir. C'en était fini, c'était le bout du tunnel. Du moins, s'il ne s'était pas relevé pour suivre Ava jusqu'à sa voiture, la laissant devenir maîtresse des événements. Lui, il n'était plus qu'un pion, perdu dans ses pensées les plus morbides puisqu'il n'avait absolument plus rien à donner. "Tu préfères que je mente? Je peux le faire aussi." Il était même devenu un expert en la matière ces dernières années, en témoignait tous ces gens qu'il avait déçus au cours du voyage. Sa solitude venait de là, le géant assis au fond de son siège à observer les paysages défiler sans les comprendre. Il allait chez Ava, mais savait-il au moins ce qui pouvait lui apporter de mauvais? Bien trop, comme son ex avant lui. L'éternelle histoire qui les liait. "Tu peux me déposer chez moi, si tu préfères. Ce sera même mieux pour toi, vraiment. T'as pas besoin de retourner là dedans." Il pensait l'en avoir sauvé il fut un temps mais Wren n'avait pas brillé par son intelligence en sombrant au fond de cette ruelle. Pile là où Sanders était passée. Une affaire de destin peut être, il avait mauvais goût celui-là.

En regardant Wren, la demoiselle ne peut s'empêcher de penser à Maxence et à toutes les fois où elle l'a retrouvé dans cet état. Mine de rien, même si elle est passée à autre chose et qu'elle fait sa vie, il ne sortira jamais totalement de sa tête. Ce qui est positif est qu'elle sait plus ou moins comment réagir face à une telle situation mais le point négatif est qu'elle peut craquer à tout moment bien qu'elle tente de ne rien laisser paraître devant Wren. Non, elle ne doit pas son but ultime étant de le sortir de cette ruelle. Après lui avoir parlé un peu, elle arrive à ce qu'il se lève et voit bien qu'il tient à peine sur ses jambes. C'est à ce moment qu'elle remercie mentalement le fait que sa voiture ne soit pas garée loin. Un soupir sort d'entre ses lèvres et elle secoue négativement la tête. «  Mentir ne servira à rien et tu le sais » De toute façon, quels mensonges pourrait-il lui inventer vu qu'elle voit bien sa situation, son état. Mais elle n'accepte pas le fait qu'il soit résigné à rester dans cet état. Pas lui qui s'en est déjà sorti. Et qu'il ne dise pas le contraire vu qu'à l'époque où elle l'a connu, il était sorti de tout ça mais peut-être pas assez en réalité. Ne plus dealer est une chose mais traîner encore avec ces personnes n'était pas la bonne idée. Arrivé dans la voiture, elle se pose au volant et verrouille les portes mine de rien. Alors qu'elle met le moteur en marche, son visage se tourne vers lui et elle hausse un sourcil. «  Hum non, je préfère rester près de toi mais si tu veux que cela soit chez toi, c'est pareil. » Chez elle ou chez lui, peu importe mais elle n'allait certainement pas le laisser en plan dans cet état. Certes, elle aurait du mal à l'empêcher de reprendre une dose mais au moins, elle serait présente pour vérifier qu'il respire encore. Dans tous les cas, elle allait faire son possible pour lui comme il l'avait fait pour elle. La voiture démarre, elle ne roule pas vite et lui jette quelques regards. Pour le moment, elle a pris la direction de Redcliffe donc chez elle mais change de route pour aller vers chez Wren se disant que cela vaut mieux par rapport à Elias. Il ne serait pas heureux de voir Wren dans cet état chez lui, non du tout même. Déjà qu'il n'aime pas qu'on ramène des mecs en général alors un qui a pris une sale dose, elle ne veut pas imaginer. «  Tu vis toujours au même endroit ? » Demande-t-elle tout en faisant attention à la route et à lui par la même occasion. «  Tu veux qu'on s'arrête pour prendre quelque chose à manger ? » Cela faisait du bien à Maxence de manger à l'époque donc elle se dit que c'est peut-être pareil pour lui. Du moins elle l'espère.

Il avait poussé le vice une nouvelle fois, lui qui s’était pourtant promis il y avait quelques années de ne plus jamais retomber dans les filets de la drogue dure. Wren était apparemment beaucoup plus fébrile qu’il ne l’avait imaginé, sûrement parce qu’il ne faisait attention à rien depuis plusieurs semaines. Les abandons s’étaient enchaînés, les déceptions également et le grand bonhomme qu’il était avait fini par chuter, comme n’importe qui l’aurait sûrement fait à sa place. Ne lui restait plus qu’à subir le fléau de l’héroïne une nouvelle fois et se retrouver à devoir argumenter devant la naïveté retrouvée d’Ava. Elle avait fini par quitter Maxence, même si le temps avait été long pour aboutir à un tel résultat mais Wren l’avait vu souffrir atrocement à côté de son ancien ami et pourtant, voilà qu’il prenait sa place à cet instant précis. Il était l’avocat du diable, celui qui la ferait probablement culpabiliser d’être venue le tirer de son petit enfer personnel parce que c’était ce que chaque junkie de ce monde essayait. Le chantage n’était qu’un aspect de plus d’un mode de vie impossible à assumer sur la durée et Doherty n’était pas celui qui pourrait briser la malédiction qui pesait sur ses épaules depuis bon nombre d’années. Au moins, le nordique l’avait réalisé, oui, qu’il ne valait pas beaucoup mieux que son père, lui qui avait essayé par tous les moyens de tous les mener en enfer avec quelques flammes mal avisées. Wren y avait survécu mais quels dégâts avait-il subi en échange. Ils étaient colossaux, probablement pires que tout ce qu’il avait pu réaliser pour justifier ce mal être constant qu’il avait en lui. La vérité était dure mais ô combien si sincère: Sanders avait affaire à un homme brisé par la vie mais il se remettait sur ses pieds et paraissait si docile en la suivant jusqu’à la voiture, luttant d’ores et déjà contre le sommeil qui venait fatalement après la phase d’ataraxie que pouvait provoquer l’héroïne. ”Toujours. L’appart’ triste à mourir n’a pas encore brûlé, c’est pas l’envie qui me manque pourtant…” Etait-ce un aveu supplémentaire de sa faiblesse, de ce mal qui le rongeait depuis une large décennie? Ava ne saisirait sûrement pas l’étendue du message qu’il venait de porter mais le suédois le préférait ainsi, alors qu’il sentait ses muscles se contracter, la fin du rêve venant peu à peu et la douleur serait si vivace, il en avait déjà conscience. ”J’ai pas très faim. J’ai soif par contre, tu voudrais pas boire un verre plutôt?” La technique de la fuite, un classique du Doherty quand il était question d’entraîner son monde dans les pires vices, tout cela pour justifier le démon qu’il pensait porter au fond de lui. S’enfoncer toujours un peu plus et surtout, ne pas le regretter le moins du monde.

On pourrait croire qu'Ava comprend pourquoi une personne en vient à se droguer, à chercher du réconfort dans ces substances chimiques rendant l'homme accro et en demandant toujours plus. Mais il n'en est rien. Elle n'a jamais compris pourquoi Maxence avait sombrer à l'époque alors qu'il avait tout pour se créer un bel avenir. Wren n'est pas lui et n'a pas la même histoire. A vrai dire, elle ne connaît pas réellement son récit, à part quelques bribes mais ce n'est pas pour autant qu'elle comprend pourquoi il est retourné à ses vieux démons, ceux qu'il avait réussi à combattre, ceux contre qui il l'avait mise en garde. Le voir dans cet état est quelque chose qu'elle n'aurait pas pensé voir un jour et pourtant la réalité était là et la frappait en pleine face. Une infime partie d'elle aurait envie de prendre la fuite car elle sait où tout cela peut mener. Bien que cela soit encore totalement différent. La voiture roule doucement essayant de savoir vers où aller pour finir par décider que le logement de Wren ferait l'affaire. Elle hoche la tête quand il dit habiter toujours eu même endroit bien qu'elle hausse un sourcil vu ce qu'il en dit. Ho, elle est loin de comprendre ce qu'il veut dire pensant simplement que cela doit être la drogue qui parle et que cela le fait dériver. «  Et bien, on va y aller avant que tu la brûles alors » S'ose-t-elle à dire marchant sur des braises avec lui. Toute phrase peut être mal prise d'un coup, elle ne le sait que trop bien. Et ce n'est pas facile de peser ses mots car une phrase anodine peut ne pas plaire dans des moments comme celui-ci. Pensant vouloir bien faire, elle propose de passer prendre à manger, chose qui avait fonctionné dans le passé mais qui ne semble pas faire effet sur Wren qui préfère boire. Ho non, elle n'ira pas dans ce sens sachant que les mélanges sont pire que tout. « Hum je ne nous vois pas trop aller dans un café dans ton état. Tu n'aurais pas envie d'être repéré il me semble ? » Elle croise les doigts pour qu'il suive cette logique et oublie cette idée. Bien qu'elle sent qu'à défaut de poser les pieds dans un café, il lui demandera de s'arrêter à la première supérette venue et là, elle n'a pas échappatoire la demoiselle et c'est bien là le problème. Du coup, la seule chose qu'elle peut faire est de tenter de passer par les rues où il n'y a pas de commerçants, ce qui est quasi impossible dans Brisbane à moins d'être dans les quartiers résidentiels de la haute sphère et encore même là, ils ont de quoi faire pour dépanner quand les grandes chaînes sont fermées ou trop loin selon le temps que les personnes ont. « Je te ferais un bon café une fois chez toi » Dit-elle en se pinçant la lèvre se doutant que ce n'est pas ce qu'il lui fait envie la de suite.

Il n'avait probablement pas la patience des bons jours, une conséquence directe de sa consommation inopinée d'opioïdes. Une erreur fatale, bien sûr, mais pouvait-il la reprendre? Vu son état, c'était peu probable. Wren n'avait plus qu'à s'enfoncer dans les limbes de la catastrophe qu'il avait engendrée, toujours le plus idiot de ce monde à se croire invincible quand il était probablement un homme trop sensible pour en sortir vivant. Bien évidemment, le grand suédois n'irait pas crier sur tous les toits qu'il avait des émotions, toujours happé par la vitesse à laquelle la vie l'entraînait, d'un événement à un autre, sans jamais lui laisser le moindre répit. C'était là la cause de son désarroi du moment justement: les ruptures qui ne cessaient jamais, la confiance qu'il accordait à d'autres âmes mais l'effet boomerang était toujours inévitable. Cette fois, on ne l'y reprendrait plus: Wren resterait bien de son côté, se jouant des autres plutôt que l'inverse, rituel qu'il avait mis en place alors qu'il n'était encore qu'à l'école. Effectivement, le nordique avait toujours eu l'habitude d'être le bourreau, celui qui lançait les mauvaises idées, celui qui entraînait des coeurs perdus dans des schémas qui pouvaient les tuer à tout moment. Mine de rien, Doherty était un dealer notoire, qui avait fait une pause de quelques années certes, mais pouvait-on sortir totalement et irrémédiablement de ce type de milieu? Il y avait de quoi en douter quand on voyait la carcasse s'assoupir presque contre la portière de la voiture d'Ava. Ecoutait-il les paroles de la jeune femme? Sûrement d'une seule oreille mais la fatigue succédait toujours à la rage et justement, Wren avait trop donné ce soir-là. Ou trop pris, plutôt. "Repéré par qui exactement? J'ai peur de personne." Il avait clairement l'air de ne porter aucun intérêt à la police ou la justice de manière générale. Le seul fait qui le dérangerait là dedans, c'était la présence de son paternel derrière les barreaux, pourvu qu'on les sépare. Le suédois n'en était pas là cependant, il se trouvait aux côtés d'Ava et la jeune femme comptait apparemment le rendre plus sobre avant l'aurore. Wren n'était pas si décidé mais il allait essayer d'obtempérer, pour la forme. "Mais un café, ça rend pas heureux, si?" Bien sûr que non. En un sens, s'arrêter devant son immeuble, fouiller dans ses poches dans l'espoir vain de trouver ses clés, c'était vraisemblablement ce qu'il y avait de plus triste dans l'histoire. "Tu t'amuses plus, Ava?" Il lui demandait, au cas où car Wren savait ce qu'elle avait traversé avec Maxence... Savait-on jamais qu'en parler le calmerait.

Savoir quoi dire. Trouver les bons mots dans ce genre de situation, ce n'est vraiment pas simple. Et même si avec Maxence, elle savait quoi faire ou quoi dire. Ici, ce n'est pas lui ... Et puis même, à force cela a mal fini donc elle reste prudente la demoiselle. Tout en conduisant vers le domicile du Doherty, elle essaye de faire la conversation bien qu'elle ne comprend pas tout. C'est là qu'elle se rend compte qu'elle n'a pas fait assez attention à Wren et son passé. Bon à l'époque, elle était préoccupée mais depuis elle aurait du et elle s'en veut Ava. Mine de rien, il a été une des personnes présentes et même si elle semblait ne pas l'écouter, elle retenait tout. Il lui a juste fallu un déclic pour partir. S'arrêter dans un café avec lui ne lui plaît pas trop. Elle n'aurait pas honte mais l'idée d'avoir des ennuis ou qu'un client mécontent appelle les flics n'est pas ce qu'elle a envie. Car il finirait en cellule de dégrisement de toute évidence et puis elle ne sait pas ce qu'il a sur lui et qui pourrait encore plus porter à confusion. «  Toi peut-être mais moi si «  Souffle-t-elle tout en haussant les épaules. Et cela était vrai dans un sens. Il ne manquerait plus qu'une connaissance ou pire, ami d'Elias soit dans le coin pour que cela soit rapporté à ce dernier et elle entend déjà la crise arriver. «  Hum s'il est bien fait, il peut faire du bien si «  Dit-elle tout en réfléchissant. « C'est souvent ce qu'on boit quand on a froid ou encore qu'on a envie de tenir debout ou encore quand on veut juste une bonne boisson «  Bon les exemples qu'elle donne sont loin d'être enivrants mais elle ne trouve rien à dire de plus pour vendre son misérable café. La route arrive bientôt à sa fin et elle se gare devant le domicile de Wren quand il lui pose une question qui la fait hausser un sourcil. «  Si tu parles de la drogue Wren, cela ne m'a jamais amusée ... Cela a tout détruit dans ma vie. » Un soupir sort d'entre ses lèvres. » Si cela n'avait pas été dans notre vie, on serait peut-être encore ensemble et heureux à l'heure actuelle. Alors non, je ne me suis jamais amusée » Avoue-t-elle d'une voix plus triste. «  Et toi tu t'amuses là sincèrement ? Oui tu oublies tes problèmes mais tu sais au fond de toi que le retour à la réalité fait à chaque fois plus mal que la précédente et ainsi de suite. Je suis personne pour te dire quoi faire mais tu devrais pas «  Ose-t-elle alors dire espérant ne pas s'attirer ses foudres.

Il n'était pas le plus aisé à atteindre, encore moins lorsqu'il se mettait dans ce genre d'états: les capacités d'autodestruction du Doherty étaient inégalables et il préférait se couper totalement du monde plutôt que d'assumer les discours de son entourage. Pourtant, il n'était plus aussi seul que par le passé: certains individus venaient le cueillir quand il se trouvait dans un état de désespoir profond et on tentait par tous les moyens de le remettre sur ses pieds, lui faire comprendre que tout n'était pas perdu et que la drogue ne l'aiderait jamais en rien. Wren avait voulu les croire tant de fois, ces gens là, mais arrivait fatalement un moment ou un événement qui remettait le cours de son existence en perspective. Il n'était pas une bonne personne et surtout, il ne méritait aucunement qu'on ait de bonnes intentions vis-à-vis de lui car il avait blessé plus qu'il n'avait guéri, il avait pris plus qu'il n'avait donné et il avait montré le pire plutôt que le meilleur. C'était une caractéristique majeure des Doherty, des personnes qui auraient pu être belles mais leur sournoiserie finissait par l'emporter sur tout ce qui aurait pu être plus acceptable. Wren en était une égérie parmi d'autres, même s'il avait essayé d'agir autrement, d'être une âme noble... Jusqu'à son dernier craquage, sa descente aux enfers ne faisait que débuter et Ava allait probablement en être un dommage collatéral de plus sur la longue liste qui s'étirait depuis l'adolescence du nordique. Elle tâchait de rester là, à ses côtés, lui narrant de mille manières à quel point il avait besoin de café ou d'affection, n'importe quoi qui ne serait pas de la drogue. Elle avait des arguments, forcément, en vue de ce qu'elle avait traversé avec Maxence mais Wren était-il en mesure d'écouter ce genre de paroles? "Je choisirai toujours le whisky pour tout ça." Pas le café, pas les boissons non alcoolisés car il ne voyait pas le challenge là-dedans, ou le côté ravageur que le tout pouvait avoir. Il changerait d'avis quelques temps plus tard, c'était inévitable mais sa phase étant mauvaise, il valait mieux le laisser geindre tout seul. "Pas forcément de la drogue, il y a plein d'autres façons de s'amuser, va. Et je crois que t'as toujours connu Maxence déchiré donc ce serait utopique de penser que vous auriez pu être heureux sans ça." Peut être qu'à force, le tout s'écrivait dans le patrimoine génétique, Wren n'en avait pas la moindre idée mais il dût se résoudre à l'idée qu'il ne gagnerait pas la bataille puisqu'ils arrivaient devant chez lui. Se traîner jusqu'à l'extérieur lui demanda un effort colossal mais il tint le cap. "Plus que jamais, t'imagines même pas! T'as vraiment aucune raison de t'inquiéter, tout est sous contrôle de mon côté." Au moins, il n'avait pas paumé ses clés et ils purent entrer dans l'immeuble, c'était au moins un fait qu'il maîtrisait. Pour le reste, cela se discutait.

Tant bien que mal, Ava tente de vanter les mérites du café alors qu'elle-même n'en boit pas tous les jours car elle est encore une grande enfant et que le matin, elle aime son lait chocolaté. Alors elle essaye mais bien entendu, Wren n'est pas en accord avec elle et parle de whisky ce qui la fait grimacer. Elle ne dira pas qu'elle n'a plus bu une goutte d'alcool car cela serait mentir mais c'est rare. De toute façon, elle supporte pas tout ça et est trop vite pompette et c'est donc une bonne raison pour ne pas boire à outrance et faire n'importe quoi. Bien que ça a le don de lui ôter toute sa timidité ou presque. «  Mouais «  Elle hausse les épaules voyant bien qu'elle n'aura pas gain de cause la dessus et en réalité, elle s'en fout vu qu'ils ne font qu'en parler et qu'elle n'a pas cédé à s'arrêter dans un café. Si cela avait été le cas, ils n'en auraient plus décollé et c'est pas le but. Quand il lui demande si elle ne s'amuse plus, elle grince des dents repensant à Maxence et sa vision de l'amusement mais Wren émets le fait qu'il n'y a pas que la drogue. « Et tu t'amuses comment alors quand tu ne prends pas ta dose, je t'écoute ? " Dit-elle bien curieuse de ce qu'il va lui sortir. Peut-être l'alcool ou des draps féminins, elle n'en sait rien mais elle doute qu'il vienne à parler de choses dites normales comme voir ses amis, un bon repas ou encore un bon film. Des choses banales certes mais qui apporte de la joie quand c'est fait avec les bonnes personnes. Arrivé devant chez lui, elle se gare et le voit se traîner pour sortir de la voiture. Elle fait vite voulant l'aider mais quand elle arrive il est enfin dehors prenant ses clés alors qu'il répond à la question d'Ava. Celle-ci soupire en secouant la tête. « Sous contrôle ? C'est pour ça que je t'ai retrouvé dans cette ruelle presque inerte ? » Elle mâche plus ses mots la demoiselle vu que maintenant ils sont dans l'immeuble et que tout ce qu'il pourrait faire, c'est de ne pas l'inviter à entrer. Et si c'est le cas, elle n'en fera pas de drame. Au moins, elle aura réussi à l'amener en sécurité mais pour combien de temps, c'est une autre question. De toute façon, elle saura pas faire plus la demoiselle. Son but était de le ramener chez lui et c'est chose faite. Arrivée devant sa porte, elle le regarde." Bon je vais te laisser mais ... " Et elle sort une carte du boulot avec son numéro dessus." N'hésite pas, je répondrais peu importe la raison" Et elle est sincère la demoiselle. Malgré tout, elle pose un baiser sur sa joue et se recule pour le regarder." Prends soin de toi ... N'oublie pas que des gens t'aiment" Dit-elle en disparaissant dans le couloir pour aller rejoindre sa voiture.