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 From now on - Hayden

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Message(#)From now on - Hayden EmptyMar 8 Sep 2020 - 1:00


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@Hayden Siede & Samuel Siede
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« S’il te plait Samuel, le temps que mon avion atterrisse, ce ne serait plus une heure raisonnable pour que je rende visite à Hayden tu le sais ? »

La voix de William résonnait dans l’oreillette de Samuel tandis que le jeune ingénieur restait concentré sur l’écran où défilait son dernier algorithme. Il se contentait d’acquiescer d’un soupir. Du moins il soupirait et son frère aîné prit ça pour un accord tacite.

« Je te revaudrais cela Sam, je reviendrais avec des bonnes nouvelles… La bise à notre petite sœur. »
« Non mais Will… WILLIAM... » L’ingénieur tapotait l’oreillette dans l’espoir d’entendre de nouveau la voix de son aîné, en vain. Il n’avait pu contredire ce dernier, réfuter son argumentaire et chercher une excuse préfabriquée pour échapper à ce qui s’apparentait à un supplice. Quitter son bureau quelques heures, laisser ses employés seuls, s’éloigner de ses recherches. Samuel soupira, retirant son kit Bluetooth qu’il déposa sur son bureau, tandis qu’il observait sa montre connectée, pour enclencher le GPS sur l’adresse du Southern Cross Theater, endroit où selon son frère, Samuel pourrait trouver Hayden sans chercher bien loin. Il attrapa son bomber, l’enfila en commençant à descendre les escaliers, laissant les dernières consignes au passage à ses équipes entre deux baies vitrées, une porte entrouverte et un café pris en salle de pause. Il était comme cela Samuel : il pensait boulot à longueur de journée. Du matin jusqu’au soir. Même en dormant, il restait persuadé que c’était le moment le plus propice pour réfléchir et trouver la dernière invention.

Même lors du trajet qu’il venait de passer entre sa société et le théâtre où sa sœur avait trouvé un emploi. Il avait toujours suivi de loin la carrière de sa cadette, avec plus ou moins de fierté. Il s’était déjà, à l’occasion d’un colloque, rendu à Londres pour la voir jouer. C’était indéniable sur le fait qu’elle ait réussi, comme chacun des membres de la famille Siede. Pourtant il ne comprenait pas comment une célébrité comme sa sœur s’était retrouvée à donner des cours dans la Northlight Company. C’était du moins ce qu’il comprenait en entrant dans le théâtre et en voyant le nom de sa sœur placardé sur les affiches des cours du mois. Il s’approcha doucement de l’affiche quand des éclats de voix le tirèrent de ses pensées. William avait donc raison. Il n’avait pas besoin de pousser les doubles portes battantes pour savoir que sa sœur était derrière ces dernières, sa voix mélodieuse s’élevant au travers les rangées de siège.

Samuel poussa doucement la porte, la retenant sur le retour pour n’attirer l’attention de personne, et encore moins celle d’Hayden. Elle ne devrait pas en avoir encore pour longtemps, les gens devaient probablement s’essouffler à force de trop parler. Du moins, lui c’était son cas quand il devait se rendre à un colloque. Il s’installa confortablement dans un fauteuil, son regard se perdant sur les élèves qui semblaient boire chacune des paroles de leur professeur d’honneur comme indiqué sur le programme. Et même s’il ne pipait mot à cette notion d’interprétation, d’âme et de cœur, Samuel fit une moue perplexe et tira son portable de la poche intérieure de son blouson, vérifiant ses mails et ses programmes à distance. C’était son mot d’ordre : ne jamais décrocher. Les seuls moments où il leva les yeux de son appareil furent lorsque les dizaines de personnes se mirent à rire à la chaîne, puis à pleurer et enfin à hurler pour le plus grand étonnement de l’ingénieur, et au moment où Hayden libéra ces artistes en herbe et fut couverte de remerciements sans fin. C’était l’occasion que choisissait Samuel pour se lever à son tour et faire le chemin en sens inverse de ces étudiants et s’approcher de sa sœur, d’un pas totalement indifférent. Il en oubliait presque que ce moment signait leurs retrouvailles après deux ans d’absence.

« Bonjour Hayden. » dit-il en s’approchant d’elle, venant embrasser sa joue par pur réflexe que par réel envie. Tout ce qu’il faisait était machinal comme si les codes le voulaient bien plus que son cœur. « T’as pas pris trop de rides… » lui fit-il remarquer de façon maladroite. C’était cela Samuel : une maladresse légendaire qui s’exprimait dans les moments les plus inopportuns. « T’as le bonjour de William… Il était à l'aéroport, son avion atterri trop tard donc il m'a demandé de le remplacer... » répéta-t-il pour être sûr de ne pas oublier les éléments qu’il était venu le lui apporter, comme un pigeon voyageur. Il avait du mal à soutenir son regard, et préféra observer les alentours, les mains sur les hanches, la tête levée en direction du plafond, des lustres, des planches, des lumières. Il découvrait l’envers, et il restait quand même étonné, même si son cerveau était déjà en train de réfléchir aux possibles améliorations qu’il pourrait très bien faire pour faciliter la vie des personnes utilisant les lieux. « Au fait… Ils vont bien tes élèves ? » demanda Samuel, son pouce tendu par-dessus son épaule en direction de la scène qui se trouvait derrière lui. « Non parce qu’ils hurlent, ils pleurent et ils rient et le tout en moins de cinq secondes… C’est signe de bipolarité tu sais ? » lui demanda-t-il amplement sérieux. Il était d’une rationalité inébranlable et les années passant, cela ne s’était pas arrangé. « Plus sérieusement, tu as décidé de travailler pendant tes vacances ? Tu ne travailles pas assez à Broadway pour venir bosser ici au lieu de venir voir Papa et Maman ? » demanda-t-il sans cacher la pointe de reproche qu’il pouvait lui faire.

Car une chose était essentielle chez les Siede : c’était la famille. Et savoir qu’Hayden était dans le coin mais absente des rassemblements peinait les parents de ces derniers. Et c’était à Samuel qu’on avait demandé de le lui remonter. Et ce n’était pas l’homme de la situation, c’est le moins que l’on pouvait dire.




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Message(#)From now on - Hayden EmptySam 26 Sep 2020 - 3:05

La matinée avait été éreintante mais, plongée dans l’exercice le plus pur de sa passion, Hayden se sentait revivre. Elle n’avait jamais vraiment pensé avoir une quelconque fibre pédagogique et, à bien y réfléchir, il était tout à fait possible que la plupart de ses élèves lui passent son manque d’expérience professoral en l’honneur de son statut de comédienne confirmée. Pour autant, il semblait à la jeune femme qu’au fur et à mesure des semaines écoulées, son groupe parvenait réellement à progresser dans la direction qu’elle leur avait donné, et Hayden se sentait aussi fière d’eux que de leurs progrès. Sa raison lui soufflait qu’elle ne s’était pas trompée, lorsqu’elle avait vu en Clément un potentiel fort, des années plus tôt. Brisbane renfermait bel et bien de véritables talents bruts, et elle était heureuse de pouvoir y contribuer à sa façon. Elle profita du dernier cours précédant le week-end pour féliciter l’ensemble de ses élèves de leurs améliorations notables, suffisamment concentrée pour ne pas remarquer le visage de son grand frère parmi le public qui s’étalait face à elle. Et pour cause : s’il y avait bien un endroit dans lequel la comédienne ne s’attendait définitivement pas à rencontrer Samuel, c’était bien un théâtre. Alors quand son regard accrocha la silhouette nonchalante du jeune homme qui s’avançait vers elle en même temps que les étudiants s’éloignaient, Hayden ne réagit pas immédiatement, surprise d’une telle visite après deux ans d’absence l'un dans la vie de l’autre. Comme elle aurait pu le deviner, cependant, son grand frère, lui, ne s’embarrassa pas d’un constat aussi amer, préférant se comporter comme s’ils avaient partagé un repas familial la veille au soir. La comédienne lui rendit son baiser sur la joue distraitement, toujours sur la défensive. « Bonjour, Samuel. Je suis heureuse de te voir, après tout ce temps. » Car même si la démarche n’émanait pas directement d’elle, cela ne voulait nullement dire qu’elle n’était pas capable de l’apprécier. « Te remplacer pour ? » Hayden fixa son frère avec une moue dubitative, ne comprenant pas très bien où ce dernier souhaitait en venir. Ou plutôt, si. Ce n’était pas la première fois que William faisait appel à son cadet lorsqu’il s’agissait de lui délivrer des messages en demi-teinte, et la comédienne doutait que Samuel ne soit là de son plein gré pour une simple visite de courtoisie.

La remarque concernant la santé de ses élèves la fit rouler des yeux, mais elle décida de prendre sur elle. Il sembla à Hayden qu’il s’agissait avant tout d’une tentative d’humour très maladroite, et la comédienne se sentait beaucoup trop fatiguée pour lutter contre la vision très personnelle que Samuel possédait des choses. « C’était un cours sur l’expression des sentiments. Ils devaient retranscrire des émotions sans se servir de la parole et je dois dire qu’ils ont très bien réussi l’exercice. » Au contraire de son grand frère qui, lui, semblait se complaire dans sa maîtrise quasi-parfaite de l’inexistence de la communication non-verbale. « Et je ne suis pas en vacances, on en a déjà parlé. » La comédienne s’était exprimée d’une voix calme, comme à chaque fois qu’elle s’adressait à son grand frère. Elle avait pris l’habitude d’échanger avec lui comme elle échangerait avec un enfant, ne se froissant jamais de devoir lui répéter des choses simples à longueur de temps quand elle était tout à fait certaine d’avoir déjà répondu à ses sempiternelles mêmes questions. Bien que leur relation familiale soit construite sur des fondations aussi fragiles qu’instables, Hayden connaissait Samuel par cœur et pouvait se vanter d’être en mesure d’anticiper la plupart de ses réactions sans se tromper. Et s’ils étaient le jour et la nuit à bien des égards, la comédienne nourrissait une affection fraternelle qui l’avait toujours poussé à adapter son discours en fonction du comportement de son grand frère, parfois même sans en prendre conscience. C’était de cette manière que fonctionnait l’ensemble des Siede : chacun était au courant de la façon d’agir des autres, et tous s’assurait d’interagir en prenant compte des caractéristiques des uns et des autres. Cela ne signifiait pas pour autant qu’Hayden comprenait toujours ce qui pouvait passer par la tête de Samuel, ni même qu’elle approuvait ses propos et ses actes. Avec le temps, elle avait appris qu’il ne servait pourtant à rien de lutter contre son frère : impulsif, il agissait de sa propre initiative sans jamais se soucier de l’image qu’il pouvait renvoyer aux yeux de son entourage, et Hayden avait toujours été fière de cet aspect de sa personnalité. « J’ai été très occupée depuis mon retour à Brisbane, Sam. Entre mon appartement à récupérer et les cours que je donne ici, j’avoue que je n’ai pas vraiment eu une minute à moi pour souffler. » Au fond, rien de tout ça n’était un mensonge, ni même une omission. Les derniers mois avaient été plutôt mouvementés pour Hayden, plongée dans un marasme entre confrontations, tentatives de réconciliations et projets professionnels simplement évoqués. Pourtant, la jeune femme s’était bien gardée d’évoquer le sujet de Keith et de Jamie avec Samuel, réaliste concernant la réaction que de tels aveux pouvaient engendrer. Elle savait son grand frère fervent défenseur du premier et persuadé qu’une relation amoureuse existait entre eux, et n’ignorait pas plus la rancœur qu’il semblait porter à l’encontre du deuxième qui, pourtant, n’avait jamais porté d’affront envers la fratrie Siede, si ce n’était d’avoir brisé le cœur d’Hayden sans vraiment en être responsable à cent pourcent, bien évidemment. La comédienne ne se sentait pas prête à entendre les questionnements déplacés de Samuel, ni même les reproches qui suivraient sans aucun doute. Tout était encore beaucoup trop frais, beaucoup trop douloureux. Beaucoup trop fragilisant. « J’ai raté un anniversaire, c’est ça ? » Le ton se voulait léger, comme un trait d’humour qu’Hayden tentait d’imposer pour égayer l’atmosphère qui se faisait déjà pénible. Puisqu’il était certain que le jeune homme n’allait pas manquer d’exprimer à voix haute les critiques qu’il avait à lui adresser concernant sa gestion du temps accordé à sa famille, Hayden était prête à tout pour repousser l’échéance avec quelques moments de légèreté qui, elle le savait, ne ferait malheureusement pas diversion bien longtemps.
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Message(#)From now on - Hayden EmptySam 26 Sep 2020 - 10:22


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Samuel aurait pu détester son frère ainé de l’avoir envoyé perdre son temps dans ces rangées de fauteuils molletonnés qui n’avaient rien de technologiques dans leur manière de fonctionner. Il aurait pu si cela avait fait partie de la façon de se comporter envers les membres de sa famille. Car quoi qu’il puisse laisser paraître, Samuel éprouvait un véritable amour envers chacun des membres de sa famille. A sa manière certes, maladroit mais sincère. Et même s’il ne les comprenait que rarement, qu’il avait abandonné l’idée même d’avoir une conversation autre que sur ses relations amoureuses avec Mia, de ses convictions politiques avec Blake, il n’en était pas moins fier d’être un grand frère. Du moins c’est ce que la vie le lui avait donné comme étiquette et Dieu seul sait à quel point Samuel n’en avait que faire de ces étiquettes. Pourtant, même si le jeune ingénieur aurait plus de facilité à déboguer un algorithme qu’à comprendre celui qu’exécutait son cœur, il était certain que ce dernier s’était gonflé en s’approchant de sa petite sœur. Pour quelles raisons, ça, il l’ignorait. Encore une grande énigme qui devra probablement attendre un long moment avant d’être résolue. Des années très probablement.

Autant que celles qui avaient séparé le grand frère de sa petite sœur. Et même si le temps semblait s’amenuir bien trop rapidement pour le jeune ingénieur qui rêverait que les journées durent plus de vingt-quatre heures, il ne se perdait pas dans un moment de réflexion à la recherche du dernier souvenir qu’il avait pu partager avec Hayden, souvenir qu’il aurait probablement oublié. Il acquiesçait presque naturellement, ses mains venant se glisser dans ses poches avant de s’installer dans l’un des fauteuils présents sur la première rangée. « J’étais très occupé. Nous avons pas mal de commandes. D’ailleurs, j’ai expliqué à William que j’avais beaucoup de boulot…» tentait de se justifier l’ingénieur même s’il n’était pas responsable de ces années de silence. Il y avait fortement participé, n’étant pas de ceux qui relançaient régulièrement pour prendre des nouvelles ou organiser une quelconque entrevue, mais il ne le voyait pas de cet œil-ci. Il avait des idées à faire naître, chaque jour de l’année, et son esprit n’était en paix que lorsqu’un projet prenait forme. Et au milieu de cet emploi du temps surchargé, il devait trouver de la place pour les réunions de familles, les colloques auxquels William l’envoyait et une vie sentimentale. Il avait même décidé de mettre la dernière de côté depuis quelques temps maintenant. Le regard perdu en direction de la scène, il ne répondit pas directement à la question de sa petite sœur qu’il avait à peine entendu. Ce n’est que lorsqu’elle évoqua le cours qu’elle venait de donner que Samuel se rendit compte qu’il lui devait une réponse. « C’est lui qui aurait dû venir te voir, mais son avion atterrissait trop tard. Tu connais William. Du coup, je suis venu transmettre le message. » Un temps trop tard, ok. Mais l’intention était là. Le jeune ingénieur étira une moue peu convaincue quant à la réussite des poulains d’Hayden, lui qui n’y comprenait rien. Il avait besoin de visuel, de preuves par A + B que les choses étaient réussies donc qu’elles fonctionnaient. Et rentrer dans un débat était une chose ennuyeuse pour l’ingénieur, chose qu’il fuyait dès qu’il le pouvait. Comme Hayden semblait fuir les membres de sa famille au passage. « Comme tu nous accordes autant de temps en vacances ou non, la différence n’est pas visible » dit-il du tac-o-tac en regardant sa sœur en esquissant un demi-sourire. « Donc tu entraines ces personnes à devenir… comédiens ? » demanda Samuel pour être sûr d’avoir réellement compris les motivations de sa sœur. « Qu’est-ce que cela peut t’apporter de plus que la carrière que tu t’es construite ? Surtout ici alors que l’Europe t’ouvrait ses bras. » demanda Samuel, ne comprenant pas comment l’on pouvait mettre une carrière comme celle de sa sœur – et dont il était fier sans jamais le lui avoir dit – entre parenthèse pour venir enseigner dans cet endroit.

Samuel se releva, ne semblant pas très à l’aise au milieu de cette pièce, et pour qui chaque seconde passée étaient comptées. S’il y avait bien une chose qu’il n’avait jamais réussi à comprendre c’était la volonté accrue de sa sœur à vouloir à tout prix éviter les réunions de familles qui faisaient la force de la leur. Chaque membre de la fratrie, malgré leur emploi du temps chargé, faisait l’effort de se réunir pour leurs parents. Alors Samuel, qui estimait que si lui-même faisait l’effort de sortir le temps d’une journée de ses ordinateurs sa sœur pouvait bien être de la partie, leva un index dans la direction de celle-ci, un sourcil froncé. « Très occupée ? Trop pour venir dire bonjour à nos parents ? Hayden, si seulement ce n’était que depuis ton retour. » dit-il sans se montrer en colère ni même déçu. C’étaient des faits, et Samuel adorait être factuel car personne n’osait réellement contredire des faits qu’il considérait être l’argument ultime. Sauf les personnes de mauvaise foi, et aucun membre de la famille Siede n’avait ce défaut. « Tu as eu le temps pour te rendre au QAGOMA il y a quelques mois non ? » demanda-t-il pour être certain que l’information n’était pas erronée. Pourtant il ne voyait pas cela comme un reproche, ni par son ton, ni par sa question. « Hayden. Je suis heureux que tu réussisses ta reconversion, que tes vacances n’en soient pas et que ton séjour ici dure peut-être plus longtemps que prévu… Mais Maman aimerait avoir des nouvelles autrement que par écran interposé. Voilà le message que William voulait que je te desserve. Du moins c’est comme cela que je l’ai compris. » admettait Samuel en écartant les bras dans un soupir. Même lui ne savait plus quel anniversaire avait eu lieu ces derniers mois. Il leva son poignet à hauteur de son regard, venant pianoter sur sa montre à la recherche de l’information, n’ayant pas compris la touche d’humour. « Alors le dernier anniversaire remonte à déjà trois mois. Le tien a lieu le 22 décembre donc nous avons encore un peu de temps. Mais non, je ne crois pas que nous ne nous réunissons que pour des anniversaires. » dit-il enfin en reverrouillant sa montre, croisant ses bras contre son torse. « Et j’ose espérer que même si tu n’es pas présente physiquement, tu n’oublies aucun anniversaire… Ce n’est pas compliqué de nos jours avec nos technologies d’avoir un rappel pour y penser. » fit-il remarquer en secouant la tête. « Je dirais à William que le message a été transmis. Il devrait pouvoir s’en contenter. » conclut Samuel en regardant l’heure avant de se frotter la nuque. « On se retrouve dans dix jours pour un repas… Tu seras là. » dit-il sans lui laisser le choix de la réponse. Il était comme cela parfois Samuel, voulant jouer le grand frère et faisant preuve d’une autorité qu’il s’était auto-décrété et qu’il utilisait de temps à autres. Un costume trop large pour ses épaules malgré tout.  « Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour eux. » dit-il en s’apprêtant à partir même si l’idée d’inviter sa petite sœur à prendre un café venait de lui effleurer l’esprit. Mais n’étaient-ils pas au-dessus de ce type de fonctionnement ? Il ne lui dirait pas. Pas parce qu’il n’en avait pas envie non. Parce qu’il ne savait pas encore faire.


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Message(#)From now on - Hayden EmptyMer 7 Oct 2020 - 1:16

Hayden avait beau ignorer depuis combien de temps la discussion venait de débuter, elle était pourtant certaine d’une chose à ce stade : Samuel l’agaçait déjà fortement, du haut de ses beaux discours au bas de ses leçons de morales à peine dissimulées. Dans l’ensemble de la fratrie Siede, l’ingénieur était sans aucun doute celui qui lui avait toujours tenu le plus rigueur de son manque flagrant d’efforts lorsqu’il s’agissait de prendre soin des liens qui l’unissait à sa famille, même si la comédienne se doutait que la patte de leur frère aîné n’était sans doute jamais très loin. Pendant longtemps pourtant, Hayden avait espéré obtenir auprès de Samuel un soutien qu’elle ne se voyait chercher nulle part ailleurs, bien qu’il lui était hors de question de se l’avouer aujourd’hui. Après tout, il semblait à la jeune femme que leurs points communs n’étaient que renforcés par leurs nombreuses divergences. Sous bien des aspects, lui aussi se complaisait à suivre un chemin parallèle à celui des Siede, même s’il s’illustrait, ironiquement, comme beaucoup plus doué pour suivre le mouvement qu’Hayden elle-même. Cette dernière l’avait longtemps idéalisé, envieuse de son parcours d’électron libre à qui pourtant leurs parents ne lui reprochaient rien, car sa facilité à trouver sa place et à savoir comment agir avec le reste de ses frères et sœurs était une qualité dont la comédienne n’avait malheureusement pas hérité. Avec le temps, cette admiration tue s’était muée en une incompréhension qui avait dressé une barrière invisible entre eux, sans qu’Hayden ne se sente capable de trouver les mots suffisants pour pouvoir la franchir. Et puis l’habitude s’était installée et, à force, la jeune femme ne parvenait même plus à imaginer une issue différente à chacune des discussions qu’elle pouvait avoir avec Samuel. Il finirait par se lasser, elle finirait par se braquer, et ils laisseraient des mois, des années s’écouler avant que William n’intervienne de nouveau, dans une vaine tentative de les rapprocher. Et si Hayden espérait toujours que les choses finiraient par changer, elle se sentait toujours aussi démunie lorsqu’elle se retrouvait face au mur déstabilisant que représentait Samuel Siede.

Samuel l’agaçait donc, mais comme toujours, Hayden déployait bien volontiers des trésors de patience, si cela pouvait signifier que William ne lui tombe pas dessus dans quelques jours lorsqu’il apprendrait que la comédienne n’avait pas été des plus réceptives à la démarche de son petit frère. « Je ne disais pas ça pour que tu te justifies, Sam. Je suis honnêtement heureuse de te voir. » La comédienne haussa les épaules, consciente qu’il ne servait à rien d’insister plus longtemps. De ce qu’elle pouvait constater, Samuel n’avait même pas l’air de s’être rendu compte qu’il s’agissait de retrouvailles après un temps d’absence qui se comptait en années dorénavant. « Je me doutais bien que tu n’étais pas ici de ton plein gré. » Le constat venait de sonner comme un reproche, mais Hayden espérait que son frère n’en saisirait pas la nuance. Heureusement pour elle, et comme souvent lorsqu’elle avait affaire avec Samuel et son cheminement de pensées aussi rapide que chahutant, le jeune homme était déjà passé à autre chose. Il était désormais question des cours qu’elle prodiguait à la Northlight qui, semblaient-ils, demeuraient un vrai mystère aux yeux de son frère. Laissant échapper un léger soupir, la comédienne tenta tant bien que mal de formuler les paroles qui réussiraient à donner sens à ses choix de vie dans l’esprit de Samuel. « Pour la plupart, ils ont déjà tous de solides bases en comédie. Je fais simplement en sorte de les aider à s’améliorer, comme grand-père faisait avec moi. Tu te souviens ? » Hayden secoua la tête, comme pour chasser les beaux souvenirs qui perduraient à se faire douloureux des années plus tard. « En aucun cas cela ne remplace ma carrière en Europe : vois plutôt ça comme un complément provisoire tant que je reste à Brisbane. Même si, je te l’accorde, tu n’avais pas toutes les cartes en main pour le deviner toi-même. » Bien sûr, que son métier de comédienne demeurait l’une des choses les plus importantes à ses yeux. Et, sur ce point, elle était à peu près certaine que Samuel pouvait la comprendre mieux que quiconque, lui qui ne jurait que par les sciences et la technologie.

Le véritable cœur du problème – et, par conséquent, la véritable raison de la venue de l’ingénieur – ne se fit pas prier plus longtemps avant d’être exposé sur la table. Hayden conserva un silence de retrait durant la quasi-totalité du monologue de Samuel, estimant le connaître suffisamment pour savoir qu’elle n’arriverait de toute manière pas à imposer une réponse qui serait entendue tant que son frère n’aurait pas vidé son sac. Si elle trouva la tirade profondément injuste sur certains points, la comédienne fut contrainte de ravaler sa fierté en constatant que, pour d’autres, elle ne possédait pas réellement d’excuses viables. Bien qu’elle ne démordrait pas d’avoir indubitablement manqué de temps face à la cacophonie et à l’enchevêtrement de situations toutes plus compliquées les unes que les autres que son retour avait engendré, il ne faisait nul doute qu’Hayden aurait fait preuve d’une mauvaise foi qui ne lui ressemblait pas si elle avait laissé sous-entendre qu’elle n’avait pas fait exprès d’éviter au mieux le domicile familial. Mais comment la comédienne était-elle supposée expliquer à un garçon aussi concret que Samuel des concepts qui relevaient presque entièrement de ressentis complexes et d’un sentiment de non-appartenance ? « C’était un peu compliqué pour moi, ces derniers temps. J’ai eu quelques problèmes à régler qui n’ont pas laissé de place pour grand chose d’autre. » La jeune femme détourna le regard, peu surprise de constater que la famille était bien le seul domaine qui continuait l’exploit de réussir à la gêner. « Mais si tu me dis que je manque à maman, alors je ferais un effort. » Ce n’était pas comme si Samuel lui laissait le choix, de toute manière. Mais ça, hors de question de l’assurer à voix haute.

Hayden aurait pu prédire le moment où son frère prendrait la poudre d’escampette les yeux fermés. Le message qui lui avait été transmis venait d’être délivré plus ou moins adroitement, et la comédienne se doutait que Samuel était assez submergé de travail pour considérer cette entrevue comme une réelle perte de temps professionnel. La jeune femme elle-même fut tentée de prendre congé de son aîné, espérant ainsi éviter de nouvelles leçons de morale qu’elle se sentait trop fatiguée pour supporter de nouveau. Mais un détail de l’exposé de l’ingénieur avait éveillé sa curiosité, et Hayden sentait qu’elle ne parviendrait pas à lutter contre l’envie d’en savoir plus bien longtemps. « Sam, j’ai une question. Ce gala que tu viens d’évoquer, tu es le seul à en avoir entendu parler ? » Le fiasco avait été total, et la jeune femme en assumait tout autant l’issue qu’elle ne se considérait comme nullement responsable de la façon dont les choses avaient pu déraper, simplement de son manque de gestion après coup. Pour autant, elle ne souhaitait pas que de tels esclandres puissent se frayer un chemin jusqu’à un membre de sa famille sans qu’Hayden n’ait l’occasion de s’en expliquer. La fierté familiale était importante, pour les Siede. Et si la communication n’était plus toujours chose aisée avec le temps, la comédienne redoutait toujours autant de pouvoir les décevoir.
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Message(#)From now on - Hayden EmptyJeu 8 Oct 2020 - 19:46


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Il aurait pu avoir une montre en main et chronométré à la seconde près le temps qu’il venait de passer à déblatérer un message tel un robot. Mais à quoi bon ? Car malgré tout, Samuel était de ceux qu’on envoyait transmettre les bonnes comme les mauvaises nouvelles. Il ne comprenait pas pourquoi et ne posait pas plus de questions quand cela venait de William lui-même et surtout quand la réceptrice n’était autre que sa petite sœur. Elle était la seule avec qui Samuel pouvait prendre un air réprimant et sur laquelle il tentait d’avoir une autorité fraternelle aussi maladroite soit-elle. Il était bien incapable de dire la date de leur dernière conversation téléphonique, de la dernière fois que leurs regards se sont croisés avant aujourd’hui ni bien même le dernier mot qu’il lui avait dit jusqu’à lors. Tous ces détails fatiguaient Samuel bien plus qu’autre chose. Malgré tout, il recommençait l’exercice à chaque fois qu’il estimait cela nécessaire, comme si cela pourrait être un entraînement pour entretenir le lien qui l’unissait à Hayden. Comme si cela pourrait lui permettre un jour d’être ce fameux grand frère qu’il s’était imaginé être pour elle. En attendant, William lui rappelait quand il manquait à ses devoirs, lui l’ainé d’une fratrie haute en couleur. Samuel aurait pu prendre des leçons sur la façon d’agir de son frère. Mais quand bien même il en aurait eu envie, William ne l’aidait guère tellement il était silencieux la plupart du temps. Une aura innée que Samuel n’avait pas, lui qui transpirait l’indifférence la plus totale dans chacun de ses faits et gestes. Pourtant ce n’était pas faute d’estimer chacun des membres de sa famille, de les aimer pudiquement et d’éprouver de la fierté qu’il gardait pour lui. A quoi bon le leur dire ? Il le savait forcément. Et cela faisait gagner du temps à Samuel.  Du temps qu’il pouvait perdre en se rendant à la rencontre d’Hayden par exemple pour lui rappeler les devoirs familiaux. Un cercle vicieux, une boucle d’un programme qu’il ne maîtrisait pas et pour lequel l’algorithme semblait boguer à chaque répétition. Probablement le seul algorithme qui restait un mystère pour l’ingénieur qu’il était.

Samuel se contenta d’hausser les épaules, ne sachant jamais comment réagir face à ce genre de remarque qui mettait en avant des sentiments. La prendre dans ses bras et l’étreindre ? Il ne l’avait probablement jamais fait, aussi lointains étaient ses souvenirs. La remercier et le lui retourner ? Cela non plus ne faisait pas parti de son mode d’emploi. Il n’avait rien demandé, et si elle était honnête dans ses propos, elle ne devait probablement pas attendre des remerciements. La seule chose qui semblait soulager le jeune homme dans ces quelques propos était le principe même qu’elle lui épargnait des justifications qui auraient été de toute évidence foireuses. Et à force de vivre cette boucle incessante dans laquelle sa relation avec Hayden s’était glissée, il savait que d’ici peu les mots deviendraient moindres et les deux repartiraient chacun de leur côté, renfermés sur eux-mêmes. Samuel tenta d’écouter son explication sur sa présence ici de la façon la plus attentive qu’il pouvait : les bras croisés, son menton appuyé sur sa main, un index posé sur ses lèvres. Il tentait de comprendre, réellement. Mais quelque chose le chagrinait dans tout cela. « A la différence Hayden, c’est que toi tu as du talent, et tu as ça dans le sang. Eux, non. » lui dit-il en écartant les bras comme si cela était une évidence qu’elle avait oublié dans l’équation. « Tu ne ferais pas cela parce que grand-père te manque ? » demanda Samuel maladroitement. Pour lui qui avait vécu ce deuil de façon totalement détachée, plus par contrainte malgré tout sur ses différents colloques, cette gestion administrative que William avait voulu partager entre les frères Siede pour apaiser la peine de leurs sœurs. Samuel n’avait jamais évoqué cela avec Hayden si ce n’est pour être celui qui lui avait annoncé la perte de leur grand-père. « Tu as vraiment besoin d’un complément ? » demanda-t-il inquiet d’entendre cela. « Je pensais que ta carrière avait décollé… » rajouta-t-il ne voyant là qu’un complément pécunier pour l'obliger à exercer ici.

Mais trêve de bavardage, le message venait de passer il en était persuadé. Il avait été transmis dans son intégralité et de la façon dont l’avait demandé William pour être sûr de ne pas commettre d’impair. Pourtant Samuel aurait eu des choses à rajouter mais pas le temps nécessaire.  « Des problèmes ? » répéta Samuel de façon accentuée, presque inquiet. « Grand-chose d’autre ? » Son ton appuya sur le dernier mot de cette répétition. « Hayden, on parle de nos parents. Je ne te demande pas d’aller frapper à chacune de nos portes. Il n’y en a qu’une et unique. N’oublie pas que sans eux, tu ne serais pas là. » lui fit-il remarquer en suivant son regard pour être sûr qu’elle croiserait le sien qui était impassible. « Ce n’est pas un effort Hayden. C’est une certitude. Je ne suis pas venu ici pour rien d’accord ? » rajouta-t-il avant de glisser ses mains dans ses poches, s’apprêtant à faire volte-face. C’était sans compter la dernière question que venait de poser Hayden qui le fît s’arrêter. Il n’avait fait qu’évoquer l’endroit sans pour autant parler du moindre gala. Mais à en croire que cela importait beaucoup sa sœur. Et Samuel décida de lui répondre, même si ce n’était plus compris sur sa feuille de route. « Alors… Blake m’a prévenu dès qu’un article est sorti… Par chance, j’ai pu m’arranger pour la presse informatique, le net… Concernant la presse papier, j’en suis navré… Je ne pourrais te dire. Mais aucun article en ligne ne relate ou ne montre ta présence dans ces lieux… » conclut-il en haussant les épaules. C’était un souhait avant tout de Blake, encourageait par William que Samuel avait exaucé sans prévenir la principale concernée. « D’ailleurs, Keith a essayé de me joindre à plusieurs reprises, vous ne vous aimez plus à cause de Jamie et cette soirée-là ? Tu sais les disputes dans un couple, il y en a souvent non ? Vous allez arranger cela ?» demanda-t-il soudainement en tentant de rassembler les éléments qu’il avait en sa possession sur ce fameux gala, sans réellement savoir quel homme était concerné par cet amour en question. Une grande interrogation qu’il ne maîtriserait probablement jamais. « Je ne lui ai pas répondu si tu veux savoir. Je ne suis pas ton porte-parole. » la rassure-t-il directement. « Mais pour revenir à ta question, Papa et Maman ne sont pas au courant. Tu n’es pas obligée de les éviter à ce sujet-là par conséquent... Et ne m'oblige pas à t'emmener de force les voir, par pitié. » dit-il enfin dans un soupir. « Tu as fait fort quand même selon Blake… » ironisa Samuel dans un léger rire. « Pourtant, je suis persuadé que tu avais tes propres raisons… Mais tu vois, tu aurais pu t’épargner cela si ce soir-là tu avais préféré respecter tes engagements familiaux que médiatique ! » conclut-il en guise de piqure de rappel. Pourtant, il n’avait pas hésité à faire le nécessaire, aussi illégal soit-il de pirater toutes ces données, pour elle. C’était cela être un grand frère.



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Message(#)From now on - Hayden EmptyMar 10 Nov 2020 - 21:52

La remarque de Samuel à propos de son talent la toucha en plein cœur, autant qu’elle en demeura silencieuse sous l’effet de la surprise. Ce n’était pas commun, pour l’un des aînés Siede, d’exprimer un quelconque compliment à voix haute, et encore moins lorsqu’il se trouvait être adressé à Hayden. Cette dernière le connaissait d’ailleurs suffisamment pour deviner qu’il s’était exprimé sans arrière-pensée aucune, sans réfléchir à l’impact de ses paroles, sans se dire une seconde qu’il pouvait s’agir à la fois d’un geste de sympathie à l’égard de sa sœur et d’une inexactitude totale en ce qui concernait le talent des élèves de la comédienne. La plupart brillaient par leurs interprétations, et Hayden était certaine de l’avenir assuré qui en attendait un bon nombre. Mais l’expliquer à Samuel, qui s’était visiblement auto-persuadé que le métier qu’elle exerçait à Brisbane était inutile, semblait vain. Son flux de pensées circulait dans tous les cas beaucoup trop vite pour lui donner l’occasion de répliquer quoique ce soit, et la remarque suivante atteignit sa cible bien plus directement cette fois-ci. Bien entendu, la disparition de son grand-père n’avait pas atteint qu’Hayden, mais elle était pourtant celle qui avait pris le plus de temps à faire son deuil. Personne ne s’en était étonné, et pour cause : la comédienne avait passé plus de temps avec son grand-père que n’importe qui au sein de la fratrie Siede, et elle n’avait jamais cessé de répéter à qui voulait l’entendre qu’elle lui devait tout. La douleur avait été tenace, la tristesse tout autant : venant d'une autre personne, Hayden aurait donc pris une telle référence comme un véritable affront mais, une nouvelle fois, elle ne parvenait pas à en vouloir à Samuel qui n’avait jamais réellement perçu la souffrance de sa sœur à ce sujet. « Bien sûr, qu’il me manque. Il ne se passe pas une seule journée sans que je pense à lui, à ce qu’il me dirait s’il était encore là, à ce qu’il pourrait bien penser de ma carrière. J’aimerais savoir s’il serait fier de mes choix. » Hayden s’était confessée pudiquement, sans vraiment le vouloir, sans espérer une quelconque réaction de la part de Samuel. Quelques années plus tôt, sa voix aurait certainement tremblé en évoquant le sujet ; depuis, elle avait appris à anesthésier la plupart de ses sentiments, surtout lorsqu’elle ne percevait plus l’intérêt d’en discuter avec la personne qui se trouvait en face d’elle. « Mais tout ça n’a rien à voir avec lui, et encore moins avec l'argent. Je fais ça par envie, Sam, simplement car j’ai besoin de voir autre chose. » D’entrapercevoir de nouveaux horizons, de ne plus seulement se contenter de faire ce que l’on attendait d’elle. Savoir qu’elle était capable de bien plus, de toujours plus, de toujours mieux. Hayden ne se sentait réellement vivante qu’en se surpassant chaque jour, elle le savait. La comédienne n’ignorait pas non plus que si le discours de Samuel l’agaçait autant, c’était sans doute qu’au fond, il n’avait pas tout à fait tort. Elle avait beau avoir développé une crainte à l’idée de se réunir en famille qui lui paraissait fondée, Hayden ne pouvait pas réfuter que l’argumentaire de son frère l’était tout autant. Il lui faudrait sans doute affronter ses craintes irraisonnées un jour ou l’autre, et elle visualisait cette occasion comme une opportunité qui inscrirait un point final à sa fuite. « Tu peux compter sur ma présence, c’est promis. » Et s’il y avait bien une chose dont l’ingénieur ne pouvait douter à propos de la comédienne, c’était sa propension à ne jamais avancer de promesses si elle ne se sentait pas capable de les honorer.

La suite du discours de Samuel lui arracha un sourire sincère. Tout autant bourré de maladresse que son grand frère pouvait être, il semblait à Hayden que ce qu’il venait d’avouer avoir effectué pour elle était une véritable preuve d’affection fraternel. Oh, bien sûr, elle ne doutait pas qu’il se soit simplement exécuté à la demande de Blake et que, de son propre point de vue, toute cette manœuvre n’ait été qu’un défi supplémentaire dans un domaine qui représentait toute sa vie. Là encore, la comédienne songea à quel point leur relation était devenue un gâchis, au fil des années. Ce genre d’acte ne parvenait qu’à lui prouver chaque jour un peu plus que Samuel était capable de prendre soin d’elle comme elle était capable de l’en remercier, mais que chacun était devenu bien trop pudique pour le reconnaître ou même s’engager sur cette voie. « Tu as vraiment piraté tous les sites qui parlent du gala ? C’est illégal, non ? » Sa remarque était à la fois rhétorique et naïve, et Hayden savait que son frère ne manquerait pas l’occasion de lever les yeux au ciel en lui expliquant qu’évidemment, il avait été contraint de contourner la loi, mais qu’il ne s’agissait pas de quelque chose qui lui faisait peur. Tout comme il devait sans doute souligner intérieurement à quel point il s’agissait d’une insulte à son talent, qu’elle puisse sous-entendre qu’il n’ait pas été capable de faire ce qu’il venait de décrire. « Pour la dernière fois, Samuel, je ne suis pas en couple avec Keith. Mais merci d’avoir couvert mes arrières. Je suis désolée s’il t’a importuné. » La comédienne avait délibérément choisi de ne pas s’étendre sur le sujet pour éviter de tirer la sonnette d’alarme sur la gravité relative du chemin qu’avait pris son amitié avec l’ancien lieutenant. Pour autant, son visage s’était assombrit. Hayden n’arrivait pas à croire que Keith ait pu pousser le vice au point de contacter un membre de sa famille pour obtenir des informations à son sujet, bien qu’il lui soit facile d’avouer qu’elle ne lui avait sans doute pas laissé beaucoup d’autres possibilités de l’atteindre. Heureusement, il s’agissait de Samuel et de son incapacité à se soucier de ce genre d’interrogations. « En tout cas, je suis sûre qu’il n’y a que toi que mon comportement de ce soir-là a impressionné. Oh, et Mia, je suppose ; enfin, seulement si je n’avais pas gâché autant de whisky dans la manœuvre. » Hayden esquissa un léger sourire en songeant à la réaction que Blake avait dû avoir en apprenant par la presse les événements du gala. Elle l’imaginait sans trop de difficultés paniquer, puis appeler William, puis paniquer de nouveau, puis faire jouer tous ses contacts pour s’assurer que la réputation d’Hayden ne soit pas plus entachée encore. Décidément, être une Siede digne de ce nom n’était pas à la portée de tous.
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Message(#)From now on - Hayden EmptyJeu 12 Nov 2020 - 21:43


From now on
@Hayden Siede & Samuel Siede
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Il était parfois arrivé à Samuel, dans des périodes de doutes et de remise en question, de se demander les raisons réelles de ce décalage qu’il ressentait vis-à-vis de sa petite sœur. Peut-être l’avait-il fait trop peu de fois, peut-être de façon maladroite. Les questions avaient été laissées de côté, ses projets reprenant le dessus bien trop vite. Quand il s’agissait de noyer le poisson, Samuel était le meilleur, il n’y avait pas de doute. Les jours s’étaient transformés en mois, les mois en années et les années, il ne les comptait plus. Qu’est-ce que cela pouvait changer à vrai dire ? Rien. Après tout, son opinion importait peu, son temps était argent comptant et sa réussite primordiale. Et ça, Hayden pouvait le comprendre, il n’en avait aucun doute, elle qui avait surfé très tôt sur cette même vague, comme tout Siede qui se respectait. S’il y avait un point où ils se ressemblaient, c’était bien celui-ci. Et les non-dits qui semblaient être sous-jacents à chaque pas qu’ils faisaient l’un vers l’autre. Le silence que lui offrait sa sœur ne sembla pas choqué l’homme avare de compliment qu’il était. Après tout, il ne venait que de relater des faits avérés, qu’elle avait probablement entendu plus d’une fois. Alors, une fois de plus ou une fois de moins. Samuel préférait passer à un autre point, comme un étudiant effectuant sa « to-do list » à quelques jours de ses examens, pour être sûr de n’avoir rien oublié. Et évoquer leur défunt grand-père sembla affecter Hayden tandis que l’ingénieur restait lui, de marbre. Ne fallait-il pas laisser partir les êtres chers ? C’était le cours de la vie, voilà comment réfléchissait un homme si fataliste comme Samuel. Pourtant, les remarques de sa petite sœur semblaient l’étonner, non pas par leurs profondeurs, mais pas leur existence. N’avait-elle pas tourné la page après ces années ? Il fallait bien croire que non. Samuel croisa ses bras, le visage impassible, comme bien souvent quand il s’agissait une fois de plus d’effectuer un constat sur leur vie familiale. Comme à chaque fois qu’il s’agissait de parler d’autres choses que d’un sujet qui le passionnait à vrai dire. « Grand Père t'aurait probablement dit à toi qu'il était fier de ta réussite oui. De tes choix peut être moins. Mais depuis quand as-tu besoin de te l'entendre dire ? Tu as toujours été sûre de toi Hayden. » lui fit remarquer l’ingénieur, une pointe d’étonnement dans la voix. Mais il n’était pas sûr d’entendre la réponse de sa sœur. Car elle garderait toujours cette image pour lui : celle de la femme forte qui a prôné très tôt son indépendance et avec réussite. Une femme qu’on n’avait pas besoin de rassurer. Peut-être à tort. N’était-ce pas là son rôle de grand frère ? William ne le faisait-il pas suffisamment pour que Samuel ait réellement besoin de le faire ? Une fois encore, il préférait déléguer ces gestions relationnelles. A tort probablement, rien qu’à voir la tournure de la conversation qui semblait si officielle qu’ils semblaient être totalement indifférents. « Voir autre chose ? » répéta l’ingénieur pour qui le principe même était inaccessible de toute réflexion. C’était un concept qu’il ne maîtrisait pas, lui qui se plaisait parfaitement dans sa vie professionnelle qui lui était toute tracée depuis son plus jeune âge. Comme Hayden finalement. Aussi similaires qu’ils n’étaient différents. Et malgré les zones d’ombres qui hantaient la compréhension de Samuel, il était sûr d’une seule chose : le poids qu’accordait Hayden à ses paroles. Et il sentit un élan de sérénité l’envahir, comme si en plus d’avoir accompli une mission, il en ressortait avec la certitude de l’avoir réussi : Il avait sa parole, et elle valait de l’or.

Samuel aurait pu partir sur cette victoire, lui qui n’en connaissait que trop peu quand il s’agissait d’aborder sa petite sœur. Il aurait pu tourner les talons et lui dire que la suite de la conversation connaîtrait son épilogue au prochain repas de famille, au détour d’un énième tour de table concernant la vie personnelle de chaque membre. Ces fameux moments où Samuel appréhendait son tour de parole et où il aurait préféré que son portable ne sonne pour le tirer de ce guet-apens. Pourtant il était resté là, dans l’encadrement de la porte de sortie comme si inconsciemment il souhaitait prolonger le moment. Comme s’il voulait prouver à sa sœur, qu’outre la mission confiée par les soins de leur ainé, il appréciait de la voir. Comme si à demi-mot, ou plutôt sans, il voulait montrer à sa sœur qu’il aimerait tenir son rôle aussi bien que tout grand-frère qui se respecte. Mais il n’était pas William. Il n’était pas naturellement né pour cela. Pourtant, il venait d’admettre que dans l’ombre, il veillait toujours. Il haussa même les épaules, un léger sourire aux lèvres, comme s’il était surpris qu’Hayden ne relève l’illégalité de la chose. « Tous oui. Tu sais, ce n’est pas compliqué, c’est juste un algorithme que j’ai créé en mettant ton nom dedans et en le croisant avec la date de parution et le lieu de cette soirée. Je n’avais plus qu’à le lancer et les pages disparaissaient les unes après les autres. Il lui arrive encore de relever certaines anomalies et je solutionne ça rapidement. » expliqua Samuel comme si la réelle question de sa sœur avait pour but de comprendre le processus mis en place bien plus que de s’assurer des raisons de cet acte. Samuel décida de faire un nouveau pas pour s’avancer vers sa sœur un léger soupir lui échappant. « Ce n’est pas plus légal de polémiquer sur une personne… Imagine que cela ait pu nuire à ta carrière ? Car on le sait tous, l’opinion publique pour quelqu’un comme toi peut changer le reste de ta carrière… » admettait Samuel. « Puis si je peux aider, la loi m’importe peu. Il y a peu de chances que quelqu’un réussisse à remonter jusqu’à moi, j’ai couvert mes arrières… » rajouta Samuel comme pour tenter de la rassurer. Il savait pertinemment comment masquer ses traces informatiques et cela lui donnait un coup de voir que sa sœur en doutait. Mais bon, Samuel passa bien vite à autre chose, tout comme Hayden quand il s’agissait de lui répondre concernant sa relation avec le lieutenant de police. Du moins, ex de ce qu’avait compris Samuel dans le long monologue de ce dernier. Mais ce qui étonna l’ingénieur était plutôt la remarque de sa sœur. L’inexistence de ce couple semblait absurde pour l’ingénieur. « Mais… Pourtant tu y es allée avec lui non ? » demanda Samuel en posant son index sur ses lèvres pour réfléchir un court instant. « Et tu as fini par lui jeter du whisky… tu n’y étais pas avec Jamie, donc… » poursuivit-il d’un ton faible, étant en réalité en train de réfléchir à voix haute, se stoppant dans sa réflexion qui le menait nulle part pour rassurer Hayden. « Ha non, il ne m’a pas importuné, il semblait… euh… Je ne sais pas, mais pas très bien… Peut-être qu’il voulait te faire parvenir sa note de pressing. Mais dans tous les cas, je lui ai dis de voir avec toi… Peut-être que tu devrais prendre un agent, il te servirait pour ce genre de coup de fil… Désolé, j’ai déjà un emploi du temps assez chargé pour t’offrir ce genre de service. En revanche, je peux te créer un serveur vocal si tu veux, ça te fera du tri dans les différents appels… » lui proposa Samuel, comme si cela pouvait être une solution en soi. Il riait légèrement en pensant à Mia, et secoua la tête en direction de sa sœur. « Elle espérait vraiment que ce soit un whisky premier prix… Bon et je t’épargne les commentaires sur les chemises mouillées… que je n’ai d’ailleurs pas compris… Maman elle, c’est un autre sujet mais elle n'a… » se stoppa Samuel en levant son poignet en direction de son regard, pianotant rapidement sur sa montre, soufflant longuement avant de redescendre sa manche, posant son regard sur sa sœur. « Désolé… Le boulot… » admettait l’ingénieur dans un sourire gêné. « Tu n’as pas d’autres cours ? » demanda-t-il en montrant la scène vide, comme s’il était inquiet d’être trop chronophage. « Je viens de recevoir un message de William, je dois aller accueillir un potentiel client à l’aéroport dans une heure comme je suis dans le coin… je me demandais si… » s’arrêta Samuel, cherchant ses mots, se rendant compte qu’il marchait dans une zone qui lui était presque inconnue. « Si cela t’intéressait qu’on continu cette conversation ailleurs… » rajouta-t-il en posant enfin son regard dans celui de sa sœur. « Je ne veux pas que tu te sentes comme un bouche-trou en revanche. C’est que… J’ai vu qu’il y avait un petit café pas loin… » lui dit-il en pointant le doigt vers la sortie comme si ce dit-café était visible depuis l’endroit où ils étaient. « Et… Sauf si j’ai le droit au même traitement de faveur que nos parents. Par contre, je tiens à ma tenue... » conclut-il dans un soupir, comme s’il venait de tout donner pour simplement inviter Hayden à le suivre.

C’était peut-être là le signe le plus flagrant de l’incapacité du jeune homme à nouer un contact réel avec cette dernière.
C’est qu’il en perdait le peu de mots qu’il avait.


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Message(#)From now on - Hayden EmptyMar 1 Déc 2020 - 23:19

L’affirmation de Samuel lui arracha un rire sans joie, comme si Hayden s’attendait à l’entendre prononcer ces mots tout en le redoutant quelque peu. La comédienne était une femme forte, il aurait été mentir que d’affirmer le contraire : elle était tantôt indépendante, souvent intrépide, et elle avançait tête baissée en se souciant rarement de ce que l’on pouvait penser de ses choix et de leurs conséquences. Elle avait toujours vécu de la sorte, et n’avait rien trouvé à y redire pendant longtemps. Aujourd’hui pourtant, c’était presque déplaisant, de voir que son propre grand frère la considérait suffisamment composée de pierre pour ne rien redouter, et ne rien ressentir. C’était une sorte de rançon de la gloire qu’Hayden acceptait sans rechigner, consciente qu’il était trop tard pour changer les choses, à l’aise avec l’idée qu’elle avait cherché à dégager un tel aura, et qu’offrir ce sentiment de maîtrise totale lui facilitait les choses à chaque fois qu’elle ressentait le besoin de s’affirmer aux yeux des autres. Mais parfois, comme depuis son retour à Brisbane qui avait entraîné plus de complications que d’ententes, la comédienne songeait à quel point les choses auraient pu tourner différemment, si elle ne s’était pas comportée exactement comme ce que l’on avait attendu d’elle. Si, pour une fois, elle n’avait pas dégagé la sensation de ne pas vraiment s’intéresser à ceux qui pouvaient lui graviter autour, comme une égoïste condamnée à reproduire inlassablement les mêmes erreurs. Convaincre l’opinion publique d’une telle image était une chose ; prendre conscience que son frère aîné lui-même s’était laissé berner était autrement plus douloureux et en disait long sur la rupture de leur lien familial. « Depuis quand es-tu devenu un spécialiste des sentiments de grand-père ? » Le ton était résolument moqueur, mais nullement accusateur. Tout le monde savait qu’Hayden avait été la seule à passer suffisamment de temps avec l’ancien artiste de music-hall pour pouvoir se vanter de le connaître au point d’en prédire les opinions. Pour autant, elle était la première à ne pas vouloir s’y risquer. « On a tous nos moments de doute, tu sais. Il n’y a que tes logiciels qui sont totalement prévisibles. » Et, par extension, sans doute Samuel lui-même. A bien y réfléchir, il semblait à la comédienne qu’il lui était aisé de deviner chacun de ses ressentis, tout en ne parvenant jamais véritablement à le comprendre, ni même à le cerner entièrement. Doux paradoxe.

L’explication de son piratage en était un exemple flagrant. Aux yeux d’Hayden, il s’agissait d’un effort disproportionné, comparé au peu d’intérêt dont elle pouvait faire preuve à l’égard de ce que le fiasco du gala avait pu lui accoler comme image. Les conséquences avaient été tellement plus importantes, pour sa vie personnelle. Tellement plus destructrices, aussi. A quoi bon se soucier de ce que de parfaits inconnus pouvaient penser, quand l’opinion des personnes qui comptaient le plus pour elle avait basculé en une seule soirée ? Samuel était loin d’être stupide, et la comédienne savait qu’il n’ignorait pas ces détails à son sujet. Il était impossible qu’il soit passé à côté de son manque d’effroi face aux scandales, et pourtant ; il s’était tout de même démené pour que sa réputation sorte indemne de toute cette histoire. Pour n’importe qui d’autre que le jeune ingénieur, cela aurait signifié une affection fraternelle profonde, un sentiment de protection porté par l’envie de jouer le rôle du parfait grand frère. Hayden, elle, n’était pas dupe : tout ceci n’était qu’un jeu pour Samuel, un moyen supplémentaire de se prouver qu’il était capable de ces prouesses technologiques sans que jamais personne ne lui demande de les réaliser, pour commencer. La comédienne avait appris à faire avec. « Ce qui est un exploit pour les autres ne l’a été toujours que très rarement pour toi. » Elle haussa machinalement les épaules, consciente que ses prochaines paroles passeraient certainement inaperçues. « Mais merci, Sam. Sincèrement. » Un tel geste était peut-être insignifiant, pour l’ingénieur ; Hayden n’en était pas moins reconnaissante pour autant.

Le sujet Keith ne semblait pas s’être épuisé, et la comédienne sentit de nouveau la colère l’envahir peu à peu tandis que son grand frère lui exposait des faits qui, elle le savait, n’avaient pu être apportés à sa connaissance que par le principal concerné. Elle continuait de n’apprécier nullement que l’ancien lieutenant se soit permis de contacter Samuel derrière son dos, et encore moins pour lui livrer une version faussée des événements dans le seul but de le faire passer pour la victime de l’histoire. Les torts étaient partagés, il était inutile de le nier : pour autant, il était troublant de constater à quel point Keith ne se sentait nullement capable de se remettre en question. « Ne t’inquiète pas, je vais mettre les choses au clair, et faire en sorte qu’il ne soit plus contraint de te questionner. » Une telle chose signifiait certainement une mise au point qu’Hayden n’avait aucune envie de subir en premier lieu, mais qu’elle savait inéluctable. Aussi inéluctable que le retour à la réalité pour les deux Siede, coupés dans leur élan par l’appel du travail qui avait toujours résonné en priorité chez Samuel. Hayden avait d’ores et déjà hoché la tête d’un air entendu, prête à laisser l’ingénieur prendre congé, consciente que le temps qu’il venait de lui accorder était un luxe à ses yeux, et qu’elle n’avait sans doute eu droit à ce traitement de faveur simplement car son frère avait été mandaté par William. La surprise fut donc totale quand il proposa à Hayden de poursuivre leur conversation autour d’un café, et pour cause ; la comédienne ne parvenait pas à se souvenir de la dernière fois qu’ils avaient eu l’occasion d’échanger en tête à tête. « D’autres cours ? » L’inattendu lui avait fait répéter les termes de Samuel un peu bêtement. « Non, c’était le dernier de la journée. Je dois juste récupérer mes affaires, et je te suis. » Un léger sourire étira ses lèvres tandis qu’Hayden joignait le geste à la parole. « Si on parle du même café, je n’en ai entendu que du bien. » Et peu importait, finalement. L’ingénieur venait de faire un pas vers elle, et la comédienne trouvait finalement cela si simple, de laisser la vie suivre son cours et de ne plus se braquer systématiquement. Il y aurait certainement beaucoup d’hésitations, et tout autant de silences : malgré cela, il semblait à Hayden que cette fois-ci, rien ne serait aussi amère que d’habitude.
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