Elle ne devrait pas être là. Elle aurait dû retourner à l'intérieur du Sixteen Antlers bien avant, elle n'aurait pas dû accepter sa clope qu'elle est sortie fumer avec lui à l'entrée du restaurant, elle n'aurait pas dû plonger ses yeux dans les siens, elle n'aurait pas dû lui répondre quand il s'est faufilé à ses côtés au bar, la remarquant dans la foule inopinée. C'était qu'une seule et unique fois, qu'elle s'était promis y'a une semaine à peine de ça, alors qu'elle enfilait son jeans, alors qu'elle s'était éclipsée de son appartement sur la pointe des pieds sans même un regard par-dessus l'épaule pour s'assurer qu'il n'était pas réveillé. Elle ne faisait pas dans les seconds rendez-vous, elle ne faisait pas dans les débuts d'histoires, elle ne faisait pas les numéros échangés, Chloe.

Pourtant le hasard les avait remis sur le chemin l'un de l'autre ce soir, pourtant elle tirait à nouveau sur la cigarette qu'il lui avait partagée, glissée entre ses lèvres carmin. Pourtant elle avait laissé s'échapper un rire aussi naturel que forcé lorsqu'il avait passé un commentaire sur une référence qu'ils avaient en commun mais qu'elle avait déjà oubliée.

Il tente de la retenir lorsqu'elle s'invente un prétexte pour entrer à nouveau dans le restaurant, il tente de lui prendre la main qu'elle lui dérobe d'un sourire désolée. Elle s'excuse Chloe, elle est polie ou presque s'il n'a pas conscience qu'elle lui ment effrontément, qu'elle n'est pas venue bien seule mais qu'elle était bel et bien venue avec quelqu'un. Jet. Elle ne veut juste pas le blesser dans son orgueil d'en choisir un autre que lui en retournant trouver son voisin, son amant, son (insérez ici toutes les étiquettes et aucune d'entre elles) au bar, tout comme elle ne veut simplement pas qu'il s'incruste plus longtemps non plus.

Mais il la suit et ça l'énerve. Assez pour allonger la nuque, suffisamment pour chercher avec un désespoir qu'elle masque parfaitement le visage connu d'Etish même s'ils sont arrivés ensemble et savaient très bien que ça n'avait pas la garantie d'être une confirmation pour qu'ils partent à deux non plus. Tout pour se débarrasser de la silhouette de son ancienne conquête qui la suit comme son ombre.

Ses prunelles se posent sur le musicien une seconde une seule, lui qui arrive à sa rescousse sans même s'en rendre compte, quand elle dévie à la table où il est posté, quand elle ignore qui que ce soit d'autre évolue autour de lui pour passer avec un naturel désarmant son bras sous le sien, pour l'attirer à elle en chuchotant un « 5 minutes et ensuite tu seras libre de retourner à tes plans. Désolée du dérangement. » complice, suppliant. Chloe qui croise maintenant le coup d'oeil de son incruste du moment, il fronce les sourcils, il attend elle sait pas quoi, lorsqu'elle entame un pas vers le bar à l'opposé de lui, Etish auquel elle s'accroche en se jurant qu'elle lui rendra ce service au centuple dès qu'il aura besoin.


@jeremiah etish

Je ne sais pas pourquoi on a fini là avec Chloe. Je ne sais même pas pourquoi la seule nuit s’est transformée en un seul jour qui s’est transformé en plusieurs jours chez elle ou chez moi ça veut rien dire de toute façon. Rien ne veut rien dire et rien est cohérent dans tout ça. On est venu à deux, rien n’est dit qu’on repartira d’ici à deux. Elle est partie d’ailleurs la brune, elle était au bar et je ne la vois plus. Je me demande où elle est partie, mais je sais que si je veux là voir je n’aurais qu’à toquer chez ma voisine pour voir si elle est rentrée et qui elle aurait pu ramener avec elle.

J’allais m’asseoir à la table, j’allais prendre de quoi manger avant de vérifier qu’elle ne me rejoindrait pas pour ce soir et qu’on se retrouverait plus tard. Même si on ne le choisit pas on finit toujours par se retrouver quelque part. Être voisin ça aide un peu il faut dire.

Je ne la vois pas arriver mais je sens son bras glisser sous le mien. “J’allais manger sans t…..” Ma phrase reste en suspend quand elle me coupe. Je tourne mon regard pour plonger mes yeux dans les siens avant de chercher l’objet du problème. Et je le vois qui fronce les sourcils un peu plus loin. “Oh tu fais des ravages à ce que je vois.” Ca ne m’étonne pas vraiment, je sais qu’elle a pas mal d’aventures, comme moi. On est bien trop semblable sur certains points. Elle m’entraîne vers le bar et je la suis sans opposer de résistance. Ma main glisse sur sa taille, je crois que je comprends en quoi consiste le plan. Elle se pose face au bar pour commander et je glisse dans son dos en posant mon menton sur son épaule et en enlaçant mes bras autour de sa taille. “Tu crois que ça va suffir si je fais ça ?” Je sais qu’elle veut qu’il parte et qu’il la laisse tranquille, alors autant y aller à fond et être tranquille pour la soirée. “Je peux toujours faire ça…” Et mes lèvres glissent jusqu’à ses oreilles et dans son cou alors que je laisse naître un sourire carnassier au creux de sa nuque.

Elle s'impose et elle déteste ça, préférant d'ordinaire repérer d'un coup d'oeil un seul les sorties de secours au cas où elle en aurait besoin. Pourtant il joue aussi bien qu'elle Jet, et parfois même mieux, elle prend ses marques et lui avec. Elle ose les mots, laisse parcourir ses doigts sur le bras du brun comme s'ils se chargeaient de conquérir chaque parcelle au fil des minutes qu'elle égraine sur les tissus qu'elle croise.

“Oh tu fais des ravages à ce que je vois.” il voit bien, et elle, elle ne voit que lui le plus volontairement du monde. Braquant ses prunelles dans celles du musicien le temps que l'autre comprenne le message et qu'il le comprenne vite et bien. Au bar ils iront maintenant, le temps que Cohen commande du vin et qu'elle se la joue conquérante avec la carte qui jamais ne passe sous les yeux d'Etish. “Tu crois que ça va suffir si je fais ça ?” de toute façon, lui il est occupé à s'éparpiller sur son épiderme à elle ses lèvres, à tracer des lignes imaginaires de baisers qui la chatouillent autant qu'ils la brûlent. Elle déteste les marques d'affection prolongée en public, préfère et de loin attirer l'attention d'un sourire charmeur, d'un coup d'oeil brillant qu'en se laissant aller à des effluves qu'elle garde pour pour l'intimité. “Je peux toujours faire ça…” « Jet... » qu'elle souffle. C'était bel et bien une remontrance dans sa tête à elle, mais sur ses lèvres on sent bien plus la supplication qu'autre chose.

Elle pouffe de rire Chloe une fois la commande passée, quand elle se détourne du bar et fait volteface de façon à passer ses bras de parts et d'autres des épaules du brun. Son menton vient se loger au creux de l'une de ses épaules, elle parcourt la pièce bondée de ses prunelles aiguisées en cherchant son nemesis du soir qui n'en a que le nom. Même son ombre s'est envolée ce qui n'est qu'un merveilleux signe que leur petit jeu inopiné a marché. « J'ai choisi un espagnol. Goûte avant de juger. » qu'elle finira pour chuchoter à son oreille, dégageant ses mains de l'étreinte improvisée pour approcher les coupes et lui servir la sienne. Il va râler, il ne sait faire que ça lorsque ses lèvres testent un vin qui n'est pas de chez lui. Elle sait qu'il est français, probablement le seul détail de sa vie qu'il lui a lâché à son sujet. Et c'est parfait ; le moins, le mieux.

Je joue autant qu’elle. Tout n’est que mensonge et tromperie quand on se retrouve tous les deux. Je ne compte plus le nombre de mensonges que j’ai inventé pour elle, je ne saurais même pas les rendre tous crédibles tellement il y en a mais je m’en fiche. Elle s’en fiche aussi. On a pas besoin de la vérité parce que ça rendrait tout ça bien trop sérieux. Je ne veux pas de sérieux, et je profite auprès de la brune parce qu’elle m’a déjà fait comprendre que ce n’est pas ce qu’elle veut non plus. C’est pour ça, grâce ou à cause de cette promesse tacite qu’on passe des journées ensemble à profiter des moments qu’on s’accorde comme si c’était les derniers.

Elle veut rendre un type jaloux et je suis parfait pour ça. Je l’enlace, la regarde amoureusement dès que je sens le regard de l’inconnu sur nous. On fait de très bon acteurs quand on le veut. Je pouffe de rire dans son cou quand elle prononce mon prénom. Son ton me supplie de continuer mon parcours pour finir de l’autre côté de sa mâchoire alors qu’elle se retourne vers moi avec deux verres à la main. Elle surveille la salle et mes mains s’égarent au creux de ses reins, je suis vraiment parfait dans ce rôle là. “Il est parti ?” Ses réactions bien plus détendues me disent que oui alors je me détache pour me concentrer sur les verres qu’elle me tend. Du vin. “J’espère que t’as choisi le…” Je ne finis même pas ma phrase qu’elle me coupe et il suffit de quelques mots pour me faire grogner. Elle veut me mettre de mauvaise humeur en essayant de me convaincre de boire un truc pareil ? “Tu sais que je vais le trouver affreux.” Je trempe mes lèvres et je grimace. Il est pas si pire mais je dois tenir mon rôle de bon français et je dois râler sur le vin qui n’est pas de chez moi. “Affreux, je l’avais dit.” Et pourtant je trempe mes lèvres à nouveau dans le verre. “Tu repars ?” Parce qu’elle l’a déjà fait une fois et qu’elle pourrait très bien le faire encore sans que je la retienne. Elle fait ce qu’elle veut de sa soirée Chloe, et c’est pareil pour moi. A elle de me dire si elle a dans l’optique de croiser encore deux ou trois cons avant de revenir dans mes draps pour la nuit.

“Il est parti ?”
« Apparemment. »

Et il se détache d'elle, elle fera une moue d'une fraction de seconde rien que pour la blague, rien que pour pouffer de rire à la suite. Une fossette bien en place au creux de sa joue et des étoiles plein les yeux d'avoir pu si fourbement se départir d'une ancienne conquête dont elle a autant oublié le profil que le visage, que le prénom désormais.

Les coupes sont servies, Chloe annonce la couleur de son choix. “J’espère que t’as choisi le…” au soupir aussi exagéré qu'enfantin de Jet, la voilà la brune qui roule des yeux, espiègle, avant de porter la coupe à ses lèvres en n'attendant pas que son homologue fasse de même. “Tu sais que je vais le trouver affreux.” qu'il râle, qu'il se plaigne, qu'il agisse comme un parfait petit français typique avec ses choix bornés maintenant qu'elle savoure sa coupe et vise déjà lui subtiliser la sienne s'il poursuit son petit jeu d'effronté aussi adorable que piquant d'ingratitude. “Affreux, je l’avais dit.” « Tu gâches tout, profite un peu. » à son index à elle qu'elle pose sur ses lèvres à lui pour le faire taire, s'ajoute sa paume libre qui vient se lover sous sa main pour l'entraîner dans sa deuxième gorgée, et la troisième ensuite. Ce n'est que là que Cohen fait un cheers poli et en bonne et dûe forme, cognant son verre à elle sur le sien à lui.

“Tu repars ?” elle ne vient que d'arriver et déjà il veut qu'elle le quitte? Oh, c'est qu'elle serait presque déçue qu'il la chasse, si elle n'était pas occupée à sourire de plus belle, gamine joueuse au possible qui se complaît dans leur lien qui est tout et rien à la fois. « Je sais pas. Je devrais? » elle use du même ton que lui, pèse sur chacun des mots en battant des paupières, arquant la nuque de côté pour ajouter au tableau une insolence de bac à sable qu'elle maîtrise de plus en plus au contact du musicien. « À moins que t'aies besoin de mes services toi aussi. » sa paume libre a depuis longtemps quitté le pied de la coupe de Jet, maintenant qu'elle dévie autour de sa nuque pour y laisser ses doigts composer des mélodies dont elle seule connaît le rythme. Se moquant de sa situation de crise dont il l'a sortie indemne, Cohen lui propose de rendre qui que ce soit à son bras jalouse ou jaloux ce soir. Juste un peu, juste pour voir. « Je préférais le noir. » le murmure vient quand de l'index et du pouce elle quitte son cou pour pincer avec bien plus de douceur que d'agressivité les plis du col de son t-shirt - gris - du soir. Il ne trouvait pas le noir, avant qu'ils partent. Normal, il est bien planqué dans ses placards à elle, la voleuse.

Le mec est parti alors on arrête de jouer la comédie du vieux couple fou l’un de l’autre. On se détache facilement avec Chloe. On se détach aussi facilement qu’on s’attache et je trouve ça étrange mais je ne préfère pas y réfléchir. Je tiens mon verre de vin à la main, mon verre qui n’est pas encore devenu le sien et ça c’est étonnant. Je profite d’un vin qui n’est pas aussi horrible que ce que j’aurais pu prédire mais mon visage exprime tout autre chose. Ma mine dégoûtée restera en place tant que je l’aurais en face de moi, il ne faudrait pas qu’elle croit qu’elle commence à connaître mes goûts ou pire, qu’elle puisse avoir raison. Alors je joue le jeu jusqu’au bout et secoue la tête quand elle fait presque mine de m’engueuler. “Tu gâches tout avec ton vin.” Son vin que j’ai presque fini, et son verre est presque fini à elle aussi après que je l’ai volé pour en boire une nouvelle gorgée. “Dans ton verre aussi il est terrible.” Et je pouffe de rire comme le gamin que je suis pour ce soir.

Je ne sais pas où elle va ni ce qu’elle veut faire, je ne sais pas ce que je fais non plus. J’ai le don de vivre minute par minute et je sais que c’est la même chose pour Chloe. “Ca dépend, t’as mieux de prévu que de rester à boire du vin pour ta soirée ?” Mon sourcil se hausse et mon verre se lève vers le sien. Je pince les lèvres, réfléchis à sa question mais elle parle rapidement de mon tee-shirt. J’aime pas le gris non plus, mais mes tee-shirts noirs ont le don de disparaître quand je passe par chez elle. Je hausse un sourcil et laisse ma main aller et venir au bas de son dos. “Un jour je trouverai l’endroit où tu planques TOUS mes tee-shirts noirs.” Parce que maintenant, même si j’en perds un, je dirai qu’elle l’a sûrement volé.

“Je peux t’appeler n’importe quand, à n’importe quelle heure pour que tu me rendes ce service ?” J’en ai des tas des filles à rendre jalouse, celle qui me collent parce que j’ai joué au mec parfait et qu’elles sont assez connes pour le croire. Elles sont naïves les filles, et elles veulent toute la même chose. Sauf Chloe, elle, elle est différente sur ce point, et c’est certainement pour ça que je n’ai pas besoin de jouer tout le temps un rôle. Ou justement pour ça qu’avec elle je peux jouer tous les rôles que je veux quand j’en ai envie. J’attrape sa main qu’elle a posé sur ma nuque et l’entraîne vers une table vide pour la poser sur mes genoux. “Ok, là c’est juste un test, ça compte pas.” Je glisse mes lèvres contre sa tempe avant de lui murmurer à l’oreille. “Tu vois cette fille là-bas ?” Je lance un regard et elle le suivra si elle en a envie. “Elle m’a envoyé un verre, et depuis, elle cherche à m’aborder. Tu penses que t’es assez forte pour la dissuader de m’approcher même si tu t’éloignes ?” Je ne doute pas vraiment de ses capacités à mentir, mais est ce qu’elle peut être assez convaincante pour que cette pauvre fille puisse penser qu’elle ne peut même pas tenter sa chance avec moi ?

Tout va bien, tout la fait rire ; l'inverse est toute aussi vraie lorsque Jet lui dérobe sa coupe à elle. Elle soupire exagérément et roule des yeux tout autant - le voilà qui n'en a, sans grand étonnement, rien à faire. “Dans ton verre aussi il est terrible.” « Rends-le moi, alors. » ce qu'il fait, sans s'opposer, lui laissant à peine une seule gorgée tout au fond. Goujat.

“Ca dépend, t’as mieux de prévu que de rester à boire du vin pour ta soirée ?” la distance qu'il met entre eux deux suffit à ce qu'elle s'avance un peu plus, s'assurant que sa silhouette à elle trouve toujours divers points d'ancrage avec la sienne à lui. Dans une minute, dans une seconde, elle sera lassée et se trouvera un autre alcool et surtout un autre visage à admirer. Mais pour l'heure elle laisse ses prunelles d'océan se braquer sur celles aux mêmes teintes du musicien qui ne semble pas avoir autant de plans hors de l'ordinaire qu'elle. Il l'attendait pour manger à la base, il devait bel et bien s'ennuyer pour être aussi sage et docile à la table qu'il avait choisie pour eux quand elle, elle préférait et de loin voler entre les corps et à travers le bar. “Un jour je trouverai l’endroit où tu planques TOUS mes tee-shirts noirs.” « Essaie encore, essaie plus fort. » qu'elle pouffe contre sa peau, ses lèvres avec, gâchant par le fait même la règle tacite qui n'en finit plus d'être oubliée depuis qu'ils se sont retrouvés à même la pièce bondée.

Elle propose de lui être redevable, il saute sur l'opportunité à deux pieds. Prévisible. “Je peux t’appeler n’importe quand, à n’importe quelle heure pour que tu me rendes ce service ?” son rire perce à peine à travers la musique que crachent maintenant les hauts-parleurs. Ils ont invité un DJ à mettre de l'ambiance ce soir et elle déteste - la musique est trop synthétique, rien n'est organique. Jamais Jet n'a joué du moindre instrument devant elle et jamais elle ne le lui demandera non plus. Pourtant, Chloe reste intriguée un temps, se demandant si c'est ce genre de musique qu'il aime, qu'il joue, ou s'il est plus puriste dans son choix de mélodies. Elle saura jamais, sûrement. Y'a pire comme drames.

Puis les voilà qui s'éloignent pour mieux se rapprocher. Elle se pose sur ses cuisses pendant que lui pose ses mains de parts et d'autres de sa peau. “Ok, là c’est juste un test, ça compte pas.” ah tiens, il tente de négocier. Cute. “Tu vois cette fille là-bas ?” bien sûr qu'elle l'a vue. Bien sûr qu'elle a remarqué les regards de biais qu'elle envoyait vers eux, encore plus lorsque Cohen s'affaire à nicher son nez contre la nuque d'Etish, et aussi net que clairement quand elle se redresse pour détourner la tête vers elle et ancrer ses prunelles à celles qu'elle lui dérobe pour fixer un autre point perdu dans la salle. C'est qu'il a choisi une petite joueuse, le brun. “Elle m’a envoyé un verre, et depuis, elle cherche à m’aborder. Tu penses que t’es assez forte pour la dissuader de m’approcher même si tu t’éloignes ?”

Oh, facile, si facile. « T'es sûr? » tellement, qu'elle se moque déjà Chloe, s'amuse comme une petite folle. « Elle est vraiment jolie, elle dégage un truc particulier. » pas du tout, elle n'en a rien à faire même. Ses lèvres s'égarent et s'éparpillent, reprennent leurs marques qu'elles n'avoueront jamais avoir contre sa mâchoire carrée, sa pomme d'Adam, ses lèvres à lui évidemment. « Tu devrais au moins lui parler avant de la rejeter. » c'est l'hôpital qui se moque de la charité, quand elle l'embrasse une dernière et ultime fois, bien plus langoureusement que ce à quoi il est habitué lorsqu'ils sont postés dans ce genre d'endroits.

Oh, mais il avait dit qu'elle devait s'éloigner, c'est ça? Le verre qu'elle lui a offert qu'elle vole, dérobant la dernière gorgée qui en restait, avant de quitter ses cuisses et de tirer sa révérence sans un genre de plus, sans une avance supplémentaire. Du bout du pouce, elle essuie même les restes de rouge qu'elle a suavement étalés sur sa peau à lui. « Il est tout à toi. » qu'elle soufflera, à la hauteur de la pseudo conquête du soir. Celle-là même qui renvoie un regard noir à Jet et un qui l'est encore plus à Chloe, avant de rebrousser chemin et de se perdre dans la foule. Cohen fait de même la seconde d'après.

Le verre que je lui rends est quasiment vide. Il lui reste une gorgée, et déjà je me trouve généreux. J’aurais pu ne rien lui laisser, boire les 2 verres en entier mais je ne l’ai pas fait. Elle reste accrochée à moi et je ne me détache pas. Je sais qu’elle ne sera pas comme ça pour toute la soirée, et j’aurais l’occasion de m’accrocher à d’autres corps avant la retrouver elle, peut-être, avant de rejoindre mon appartement à côté du sien. Mes tee-shirts noirs qui traînent bien trop souvent sur elle quand je suis persuadée qu’elle a trouvé la meilleure cachette pour les empiler et que moi je fais exprès de les laisser traîner pour qu’elle les récupère. Je n’ai pas vraiment envie de les retrouver ailleurs que sur ses épaules à elle, elle est belle quand elle porte mes tee-shirts. On n’est pas censé être tous les deux là, comme ça, alors qu’il n’y a personne à rendre jaloux. Mais c’est le jeu, c’est quelque minutes entre une personne et une autre, c’est sans importance. “Peut-être, peut-être pas.” Parce qu’au fond, si j’avais voulu trouver les tee-shirts je les aurais retrouvé depuis un moment.

C’est à moi de l’utiliser cette fois, on s’utilise mutuellement et le lien est basé uniquement sur ça. Elle rend jaloux ses prétendants, je rends jalouses les miennes, tout n’est que jeu, et c’est la chose la plus simple et amusante qu’on pouvait faire. Je lui montre une jeune femme, une gamine même, juste pour voir si Chloe est capable d’aller aussi loin que moi ou si on a trouvé des limites. Il n’y en a aucune des limites, pas de règles, et c’est la meilleure des idées jusqu’à la chute libre. Elle est loin la chute, et elle n’arrivera que si on perd notre temps à s’attacher, et on est pas assez con pour se prendre à ce jeu là. Pas nous, pas aussi facilement.

Elle reste assise sur mes genoux et je sens ce regard pesant et lourd sur ma nuque quand moi je n’ai d’yeux que pour la brune aux yeux bleus qui ne se lasse pas encore de cette proximité. Elle aurait pu partir et j’aurais pu aussi, mais la partie dure encore un peu, plus très longtemps si j’en crois la mine énervée qu’affiche l’inconnue qui m’a offert un verre. “Le seul truc particulier qu’elle a c’est une super fausse carte d’identité.” Parce qu’elle n’aurait jamais dû rentrer dans un tel bar. Je ne parle pas, je ne lui réponds pas quand je comprends qu’en fait son but réel c’est de descendre la jeune femme un peu plus avec chaque réplique. Ses lèvres se collent une nouvelle fois aux miennes et il dure bien plus longtemps que les précédents.

Elle est douée Cohen, puisque la jeune femme disparaît dans la foule, aussi vite qu’elle le fait elle aussi. Et je reste là, à secouer la tête parce qu’elle m’a dérobé le verre de vin espagnol qu’elle m’a offert. Vin que je trouve encore plus affreux quand elle est partie avec le verre et que je ne la vois plus. Je me lève, le repas sera pour une autre fois, à la recherche d’une nouvelle âme à séduire au bar avant d’appeler la brune à la rescousse.

***

Les minutes passent et j’enchaîne les verres que j’offre puis qu’on m’offre avant que mon regard ne se pose de nouveau sur le visage amusé de Chloe qui se tient d’un côté du bar. Un verre de vin, français cette fois, que je lui envoie avant de sortir de mon téléphone. “Celui là est bien meilleur.” Et je me fiche du mec qui tente tant bien que mal d’attirer son attention.

Elle ne se bat pas Chloe, jamais. Elle n'en a pas la patience, elle n'en a pas l'envie. Elle connaît ses forces et les utilise à bon escient, mais si on lui demande de défendre sa place au même titre qu'on la compare à quelqu'un d'autre, elle retire l'épine du jeu dans la seconde. Ce n'est même pas la peur de perdre qui que ce soit qui la motive à s'envoler dès l'instant où on lui impose un adversaire. C'est l'impression de ne pas avoir été suffisante pour celui ou celle qui lui demande de se battre qui gâche tout. Qu'on veuille aller voir ailleurs est une chose, qu'on ne soit pas certain de vouloir la choisir elle en est une autre. Alors par défaut, elle se lasse, et passe aussi vite au suivant.

Jet lui non plus n'est pas de ceux qui souhaitent devoir faire valoir leur place. Quand elle le quitte pour lui laisser le champ libre, elle sait avec pertinence qu'il réapparaîtra dans la soirée, que le choix est déjà fait depuis longtemps. Son choix d'ailleurs, pour l'heure, il consiste en un vin français qu'il fait apparaître son son nez lorsqu'elle en est à un sourire faux de plus. Cohen s'impatiente à faire autre chose que de regarder son interlocuteur qui à défaut d'être particulièrement beau, est on ne peut plus vide. “Celui là est bien meilleur.” qui s'illumine sur l'écran de son portable, une gorgée du nouveau - et délicieux - rouge reçu en cadeau plus tard. « C'est presque comme si tu parlais de toi. » elle se moque, lui renvoyant sa réponse à elle dans la seconde, l'impolie ingénue. Un véritable rire sincère glisse sur ses lèvres carmin, mêmes lèvres qu'elle est allée colorer de nouveau après leur échange beaucou ptrop démonstratif selon elle, une poignée de minutes plus tôt.

« Il m'ennuie. Toi non. On part? » franche, concise, efficace. Qu'il parle le type devant elle, qu'il lui raconte les divers aléas du marché boursier. Qu'il croit la faire rêver en énumérant tout ce qu'il est en mesure de s'acheter, tout ce que l'adrénaline des finances lui file comme endorphines. Elle n'écoute déjà plus, ses prunelles cherchant celles d'Etish sans s'en cacher pour une fois.

En arrivant ici, je ne savais pas si on allait partir ensemble. On ne se fait pas de promesses avec Chloe. Elle a sa vie, j’ai la mienne, et en ce moment on passe un peu de temps à combiner nos deux vies pendant des journées entières. Mais ce soir, on ne sait pas, on verra bien. Elle trouvera peut-être plus intéressant, et moi aussi. Elle m’embrasse langoureusement avant de partir de son côté pour continuer sa soirée. Elle s’amuse, et c’est tant mieux pour elle. Mais, étonnement, on ne reste jamais bien loin de l’autre. Comme si on savait pertinemment qu’on allait pas trouver quelqu’un de plus intéressant dans cet endroit ce soir, comme si le départ de ce lieu à deux était inévitable malgré les personnes qu’on allait croiser ou non.

Je suis seul pendant quelques minutes et je m’approche du bar pour me commander un verre de vin, et en envoyer un à Chloe qui n’est pas si loin. Elle s’ennuie, je peux le voir d’ici. Ce type ne l’intéresse pas et ça ne m’étonne même pas. J’envoie un verre et un message, attends à peine deux secondes que ses yeux croisent les miens et qu’elle dérive sur son téléphone pour me répondre. On part ensemble pour elle, et moi je réfléchis pendant une minutes. Je n’ai trouvé personne d’autre ce soir, et je sais que Chloe est une valeur sûre, je passerai une bonne soirée plongé entre ses draps encore une fois. Mais demain, ce sera différent. C’était juste une nuit normalement, pas des dizaines.

Je ne lui réponds pas, je ne fais qu’avancer pour la rejoindre. J’attrape son coude pour la tirer en arrière, elle n’expliquera rien à personne, on est parti bien trop vite. Mon bras vient se poser autour de ses épaules alors qu’on s’avance vers nos deux appartements. Vers le sien pour cette nuit encore. “Alors comme ça je t’ennuie pas ?” Mon sourcil se hausse avant que je ne pouffe de rire.