Je n’avais pas d’enfants et pourtant, me voilà devant la sortie d’une école. Cela m’est déjà arrivé, notamment pour rendre service à Adam lorsqu’il ne pouvait pas récupérer Aaron et Noah. Mais aujourd’hui, il était présent et j’avais décidé de l’accompagner. Mon but premier n’était pas d’être là pour les jumeaux mais de le rencontrer lui… Jax. Celui qui occupe mes pensées depuis plusieurs jours voire semaines, date de notre première rencontre. En effet, des amis et des collègues m’avaient fait remarquer la ressemblance flagrante entre nous deux. Et depuis qu’ils m’avaient mis cette idée en tête, je ne pouvais m’empêcher de me poser des milliers de questions. Cela pouvait être juste le hasard, il ne pouvait s’agir que d’un simple sosie au masculin. Pourtant, au fond de moi, je sentais qu’il y avait autre chose. Lors de notre deuxième rencontre, j’avais essayé de creuser davantage mais il était resté sur la réserve et je n’en avais pas appris davantage sur son passé. Il avait juste commis une erreur qu’il avait vite rattrapée. Une erreur qui me mit la puce à l’oreille. Je ne savais pas au départ ce qu’il avait voulu dire, mais maintenant, et grâce à Adam, j’avais compris…
« Tata Mia !!! » Aaron se précipite à ma rencontre, je me baisse alors pour réceptionner le petit garçon qui me fonce dessus. Je lui fais un calin et un énorme bisou avant de voir son frère débarquait à son tour comme une furie, manquant tous les deux de me faire tomber « Tata tu restes avec nous pour le goûter ? ». Je caressais la tête de Noah qui avait commencé à m’appeler de la sorte depuis peu « Je vous rejoins après, pour l’instant je dois aller parler à quelqu’un ». Je me relève alors, apercevant celui que j’étais venu voir « Aller les garçons, on va dans le parc juste là pour prendre notre goûter et attendre Tata Mia ». Mon meilleur ami venait alors vers moi pour me déposer un baiser sur le front « Ca va aller et je ne suis pas loin si tu as besoin » me fit-il en me frictionnant le dos. Je le gratifiais d’un sourire pour le remercier d’être toujours là pour moi « Les garçons, vous me gardez une part de gâteau sinon quand je reviens, c’est vous que je vais manger ». Les jumeaux se mirent à rire et partir en courant, suivi par Adam qui tentait tant bien que mal de les rattraper.
Je prenais alors mon courage à deux mains et allait aborder Jax qui se trouvait dos à moi « Salut Jax » fis-je d’un air peu assuré. Je ne savais pas comment il allait réagir, est-ce que lui aussi se trouvait dans le même état d’esprit que moi ? Il se retournait alors, je lui souriais avant de poursuivre « J'ignorais que Virgil allait à la même école qu'Aaron et Noah. Adam m’a dit que vous vous connaissiez ». La conversation restait pour le moment platonique, je ne voulais pas brusquer les choses craignant de me retrouver face à un mur « Bonjour Virgil ». Le petit garçon avait été présent lorsque j’avais interviewé son père la première fois. Je ne sais pas s’il souvenait de moi mais il paraissait moins timide en tout cas.
Je ne m’attendais pas à une telle réaction de sa part. Jax ne daigna même pas me saluer, c’est à peine s’il posa le regard sur moi. « Et moi je ne savais pas que tu les connaissais ». Cela semblait être une mauvaise surprise, comme s’il se serait passé que ce fut le cas. Et oui, manque de bol pour lui, Adam était mon meilleur ami. Mais peut être que s’il l’avait su avant, ils se seraient moins livrés à lui lorsqu’ils s’étaient tout deux rencontrés au parc « Désolé de te l’apprendre ». Mon ton était devenu un peu plus morose et mon sourire avait disparu « Bonjour ». Je souriais un bref instant pour Virgil « Au moins le petit garçon est poli par rapport à son père ». Ce fut plus fort que moi. Le comportement de Jax à mon égard m’agaçait. C’était sûrement un trop plein aussi suite aux deux fois précédentes où il était resté secret et méfiant à mon égard. J’avais l’impression qu’il me voyait comme un monstre qu’il fallait à tout prix évité « Tu nous excuses on est très pressés », la preuve ! Ça m’exaspérait, je ne pouvais pas continuer à faire comme si rien n’était, à prendre des pincettes avec lui « Mais papa, t’as dit qu’on irait un peu au parc » « Non, chéri, je t’ai dit demain ». Je levais les yeux au ciel alors, voyant très bien que Jax ne faisait que mentir, même à son propre fils. Il tentait de s’enfuir mais cette fois je me mettais à travers de son chemin « Pourquoi tu cherches sans arrêt à fuir face à moi Jax ? Tu me fuis comme si j’avais la peste ! » Je disais cela sur un ton un peu agressif je le reconnaissais. Je n’avais cependant pas envie de régler mes comptes avec lui devant l’école et encore moins devant Virgil qui avait ouvert de grands yeux lorsque je m’étais exprimé « Adam est dans le parc avec Aaron et Noah et peut très bien te garder Virgil. Il pourra jouer avec les garçons comme ça, comme tu lui a promis. J’aimerai te parler Jax, je pense que toi et moi nous avons des choses à nous dire ». Je faisais référence au passé qu’il tentait tant bien que mal de dissimuler et ce mot qu’il avait tenté de ne pas prononcer lors de notre dernière rencontre : orphelinat. Cette ressemblance physique et visiblement le fait qu’il était orphelin ne me laissait pas indifférente. Au fond de moi, quelque chose me disait que je ne devais pas lâcher l’affaire avec lui et creuser davantage « Et je pense qu’autant l’un que l’autre nous nous posons les même questions… » Peut être me trompais-je sur toute la ligne, je n’en savais rien, mais je préférais y aller plus brusquement cette fois-ci. La manière douce n’avait pas marché, il avait de toute évidence quelque chose contre moi, alors à quoi bon faire semblant ?
Jax s’adressa à son fils certainement pour qu’il ne soit pas là à entendre ce qu’il avait à me dire. A ce moment-là, je me disais qu’il était peut-être plus apte à me parler, bien qu’il avait été froid lorsque je l’ai abordé « Virgil, mon chéri, tu vas dans la voiture ? Il y a ton livre qui est arrivé par la poste, tu peux l’ouvrir si tu veux ». Je regardais le petit garçon s’éloignait de nous, tout excitée à l’idée d’aller ouvrir son paquet. J’attendais le temps que Jax retourne le regard vers moi pour reprendre notre conversation « Je ne te fuis pas, c’est juste que je n’ai pas envie de te parler ». J’arquais un sourcil à ses dires « Parce qu’il y a une différence ? Et je peux savoir la raison de cette non envie de me parler désormais ? J’ai fait ou dit quelque chose de mal ? ». Mon ton était sec car je n’appréciais pas que Jax me sorte des paroles pareilles, sur un ton réprobateur, comme si j’étais fautive de quelque chose. Il n’assumait juste pas une chose que je connaissais désormais sur lui. Je trouvais son comportement incompréhensible mais cela collait bien à son personnage finalement. Depuis notre première rencontre, il s’était comporté de la sorte avec moi. Mystérieux, secret, pas nécessairement fun. A me demander désormais s’il n’en savait pas plus sur cette ressemblance soi-disant frappante entre nous. Si à son tour, il ne servait pas de moi. « Je vois vraiment pas de quelles questions tu parles ». Là, mon sang ne fit qu’un tour, et la Mia plus ou moins calme qui était devant lui quelques secondes plus tôt se transforma en une Mia limite hystérique « Tu te fiches de moi ? Ne fais pas mine de rien, tu sais très bien de quoi je parle ! Tout comme j’ai compris ton lapsus durant le tournage. Je sais que tu ne m’as pas tout dit sur ton compte, je sais que tu as vécu en orphelinat ! ». La bombe était sortie et j’étais persuadée que Jax ne resterait pas impassible face à ça. « Tu as fini ton article qui était très bien d’ailleurs mais maintenant on a plus rien à se dire ». Finalement, lui qui parlait de confiance lors de notre dernière rencontrer, de sa méfiance face aux journalistes, j’aurai peut-être dû me méfier à mon tour de lui et de sa malhonnêteté « Je regrette de l’avoir fait ! » Je le voyais faire un pas en direction de sa voiture « Et bien sûr, fuis ! Tu n’es qu’un lâche ! ». Mes mots étaient forts mais je bouillonnais de l’intérieur, ne supportant plus son comportement si distant avec moi depuis le début.
« Ecoute, j’ai absolument rien contre toi ». Euh ? Sérieusement ? J’arquais à nouveau un sourcil avant de lever les yeux au ciel car clairement, c’était un mensonge. S’il n’avait absolument rien contre moi, il ne réagirait pas de la sorte. Je préférais ne même pas répondre car il me tapait sur les nerfs et que je risquais de dire qu’il n’aimerait pas entendre. Pourtant, le fait qu’il reconnaisse qu’il avait vécu en orphelinat et prétextant qu’il ne m’avait rien dit car il ne voulait pas que j’en parle dans mon article me mit encore plus en colère « Oui j’ai vécu en orphelinat et alors ? y’a quoi de mal ? C’était le genre de chose dont je ne voulais pas que tu parles dans ton article donc j’ai préféré ne rien dire ». Je m’approchais alors de lui instinctivement, pointant mon index vers lui, d’un air accusateur « Tu savais très bien que si tu ne voulais pas que j’écrive des choses dans mon article tu n’avais qu’à me le dire. J’ai respecté le fait que tu ne veuilles pas que je parle de Virgil. Tu as très bien que j’ai tenu parole ! Alors ne me trouves pas cette excuse bidon ! ». Je baissais mon doigt, lui tournant le dos quelques secondes avant de finalement revenir à la charge « Non pour moi tu m’as volontairement menti parce que tu sais des choses ! ». J’avais peut-être tout faux, peut être que lui aussi ne savait rien au final. Mais il était certain que nous avions eu les mêmes réflexions lui et moi. Et plus je le regardais, plus je me rendais à l’évidence qu’il y avait bien plus qu’une simple ressemblance anodine entre nous. Non, je le ressentais au fond de moi, ce n’était pas possible qu’il n’y ai rien d’autre… Et cette histoire d’orphelinat me fit craindre le pire. Le fait de voir Jax tournait les talons et tentait de s’enfuir me fit vriller à nouveau, l’accusant de lâche « Tu sais, je suis pas le genre de mec à avoir un égo surdimensionné et c’est pas parce que tu me dis que je suis un lâche, que je vais rester là et te parler ». Je ne voulais pas rester sans réponse et le laisser partir à novueau. Non j’avais besoin de réponses. Alors bien qu’il repartait en direction de sa voiture, j’ajoutais alors « Alors peut être que ça te fera rester si je te dis que j’ai eu droit aux mêmes réflexions que toi concernant notre ressemblance » En fait, je n’en savais rien si ça avait été le cas de son côté, mais je tentais le tout pour le tout « Et le fait de savoir que tu as été placé dans un orphelinat me fait encore plus me poser des questions sur toi, sur moi… sur nous… ». Mon ton s’était apaisé sur ces derniers mots car toutes ces questions torturaient mon esprit depuis plusieurs jours, au point où je ne fermais plus l’œil. Pourtant, je voulais qu’il me regarde en face et assume à son tour, me disant qu’il avait des doutes aussi…
« Cela n’avait rien à faire dans l’interview et si Virgil n’avait pas été présent, je doute que je t’aurais parlé de l’enfant ». Finalement, cela pouvait se comprendre qu’il veuille garder son histoire personnelle, après tout, nous nous étions rencontrés dans le but de parler de sa carrière pro. Mais son côté bien trop secret m’agaçait. Surtout maintenant en ayant en tête tous ses doutes qui planaient au-dessus de nos têtes. En sachant que lui aussi les partageaient mais qu’il ne voulait pas le reconnaitre. Cela me faisait penser qu’il en savait plus que ce qu’il fallait. J’en devenais peut-être même parano en me demandant si au final il avait pas déjà les réponses depuis le début, depuis notre première rencontre, ayant accepté mon interview pour me rencontrer « Je sais rien et j’ai rien envie de savoir d’accord. Ma vie me convient très bien comme cela et j’ai besoin de personne d’autre pour me combler ». Il l’avouait à demi-mot mais il avouait avoir les mêmes doutes que les miens. Il n’avait besoin de personne d’autre pour le combler dans sa vie. Cette première remarque me mit un premier poignard dans le dos, cela sous entendait tellement de choses… Contrairement à moi qui avait tout pleins d’émotions qui se bousculaient dans mon cœur et mon esprit, lui était d’un calme olympique, bien que ses paroles étaient fermes « Ca me fera pas rester non plus parce que je ne me pose pas les même questions et j’ai surtout pas envie de connaitre les réponses ». Il n’y avait plus de doutes, nous avions le même ressenti, cette ressemblance entre nous n’était pas anodine. Pourtant, il préférait rester dans le déni plutôt que d’en savoir plus. Chose que j’étais incapable de faire , c’était dans ma nature mais aussi parce que cela me concernait de trop près. Je ne pouvais pas faire comme si rien n’était. Mais il ne voulait rien dire « Si tu veux des réponses, je pense qu’il y a d’autres personnes à qui tu peux les poser. Je te serais d’aucune utilité ». Et là ce fut le coup de grâce… faire référence à mes parents, il l’ignorait, mais c’était la pire chose qu’il pouvait me dire « Comment… » Je ne pus finir ma phrase, la colère, la tristesse, l’angoisse, je ressentais tout ça en même temps. Je n’arrivais même plus à lui répondre, ces dernières phrases prononcées m’avaient achevées sur place. Il décida de partir et cette fois je ne le retins pas « Sur ce, je dois y aller Virgil m’attend ». Je restais plantée là quelques instants, peut être une bonne minute voire plus. Adam vint me rejoindre, ayant sûrement assisté à la scène de loin et s’était rendu compte que j’étais complétement décontenancée. Il avait compris que je n’avais obtenu aucune réponse et que mes doutes étaient encore plus profonds et nombreux. Il m’attrapa par les épaules pour m’inciter à le suivre jusqu’à la voiture, où les garçons étaient déjà installés.