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 Men on a wire - Jamie Keynes

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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyJeu 10 Sep 2020 - 22:47


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Comment en était-il arrivé à attendre avec son attaché case, le nœud de sa cravate lui donnant l’impression d’étouffer et son sang bouillir au fond de ses tempes ? Ah oui. Un appel d’offre avait dit William. « Un super projet dans notre propre ville, ce serait dommage de le laisser à la concurrence » avait-il même rajouté pour le plus grand désespoir de Samuel. Ce n’était pas ce genre de produits qu’il préférait confectionner généralement. Imaginer une application ne lui avait pas pris beaucoup de temps en effet, même si cela lui semblait être du temps perdu à ses yeux quand il ne pouvait développer, inventer et mettre à mal les limites de la technologie. Mais les chiffres. Voilà l’inconnue avec laquelle il devait danser selon le rythme imposé par son frère. Et Samuel prônait le travail vite fait bien fait quand cela ne l’arrangeait pas. Et sans la moindre surprise, le voilà donc à attendre devant la salle de réunion l’arrivée de la directrice. Voilà le peu d’informations que son frère lui avait donné, faisant amplement confiance à son benjamin pour réussir à obtenir le contrat. Les secondes s’égrainèrent, un œil sur sa montre, l’autre sur la porte vitrée et il ne se fit pas prier lorsqu’on lui proposa d’entrer dans la salle de réunion, lui permettant d’installer son matériel. Un portable pour diffuser ses diaporamas, et un prototype à faire essayer. Simple et efficace. Il n’était pas de ceux qui aimaient les longs discours. Le baratin lui donnait surtout l’impression de vouloir noyer le poisson ou l’inefficacité des produits proposés. Mais ce n’était pas son cas à lui. Il se contentait de faire le nécessaire. Ni plus, ni moins. Un sourire commercial, un regard avenant, des propos vulgarisés pour permettre l’accessibilité de la chose. Un produit pouvant être pris en main immédiatement et d’ergonomie généralisée qui permettait de s’adapter au niveau technologique de tout un chacun. Une interface simplifiée et fluide. Les mots sortaient sans grandes difficultés de la bouche de Samuel et la réunion passa d’une traite sans qu’il ne s’en rende réellement compte. C’était comme cela quand il parlait d’informatique. La joie d’être passionné. Il aurait voulu pouvoir lire dans le regard de la jeune femme qui se trouvait face à lui si la présentation l’avait satisfaite. Mais il n’eut le droit qu’à la simple phrase bureaucrate de personne ne désirant pas se mouiller : « Nous reviendrons vers vous pour vous apporter la réponse. » L’impatient qu’il était ne la supportait pas. Pourtant il avait appris à sourire, remballer ses affaires sans montrer le moindre signe d’insatisfaction et s’apprêtait à quitter le bureau sans un mot. « Vous me permettez d’aller me servir un café, j’ai vu que vous aviez des machines dans le hall. Et à mon retour, peut-être aurez-vous pris le temps de réfléchir... » demanda le jeune homme avant de remercier la directrice d’un signe de tête, quittant les lieux pour prendre la direction de ce fameux coin détente.

Parce qu’il en avait besoin de ce café. De ce remontant lui qui n’avait pas fait un quart de sa journée initiale et qui avait l’impression d’avoir tout donner dans ces convenances sociales. Lui qui aurait préféré vivre en ermite et n’avoir en guise de compagnie que des écrans et des prototypes en tout genre. Lui qui était en train d’appuyer avec force sur les boutons de la machine dans le but ultime de réduire cette dose de sucre pré-enregistrée. « On devrait pouvoir commander depuis son mobile et choisir la machine bon sang… Créditer l’application, de la monnaie virtuelle… » murmura-t-il tandis qu’il se sentait observé par l’homme qui venait d’entrer au même moment. Le regard de Samuel se posa sur ce dernier avec cette impression de déjà vu qui venait se nicher au cœur de son estomac. Après tout l’avait-il déjà croisé dans les couloirs avant son entretien ? Il le salua d’un signe de tête, attendant devant la barre d’avancée de la machine qui semblait défier le temps et la logique de fabrication de café. Pourtant il aurait voulu rester obnubilé sur le café… En vain, son regard venant se poser de nouveau sur l’homme qui se tenait maintenant à côté de lui. « On se connait non ? » demanda Samuel sans préambule. « J’ai l’impression de vous avoir vu quelques part… Enfin… » Il réfléchissait tout en dévisageant le visage de l’homme en question avant d’entrouvrir la bouche satisfait de ne pas devoir chercher plus longtemps. « Keynes ! Jamie c’est ça ? » demanda Samuel en lui tendant la main pour le saluer. « Samuel Siede… » dit-il en serrant fermement la main de l’homme comme si cela pouvait l'aider à le resituer, avant de le lâcher pour attraper son café enfin terminé. « Je ne savais pas qu’une société vous aurez repris. Parait-il que l’image renvoyée soit une chose importante… » dit-il le plus naturellement possible d’un ton totalement détaché, en venant touiller son café sans sucre par pur réflexe. « Vous avez donc réussi à convaincre Hayden de rentrer alors qu’elle n’était pas venue depuis des années… » lâcha-t-il dans le but de faire la discussion. Mais au moment où il prononçait ces mots, une question lui traversa l’esprit : pourquoi essayait-il de se tenir aux codes d’une société qu’il ne comprenait point ? Pourquoi tant tenir à faire la conversation alors qu’il ne savait comment s’y prendre ? Et à en croire le regard que lui portait son interlocuteur, Samuel ne s’était pas amélioré dans la chose. Heureusement que ses applications étaient meilleures que lui…


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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyMer 16 Sep 2020 - 11:03

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Depuis l’ouverture officielle au public de la Fondation, Jamie s’était retrouvé une raison de sortir de chez lui et cela n’était pas pour lui déplaire. La rigueur naturelle de son train de vie s’était évaporée depuis quasiment un an au profit de journées sans début, sans fin, sans but ; il n’avait pourtant eu aucun mal à se plonger de nouveau dans le bain des rituels du matin, du réveil de bonne heure à l’arrivée dans son bureau, dans les locaux, à huit heures pétantes. Il avait de quoi faire, s’occuper l’esprit et se sentir utile, tout ce qui lui avait manqué durant des mois et qui avait tant entamé sa confiance en lui. Lui qui avait toujours trouvé du réconfort dans le travail renouait avec cette habitude bien ancrée qui lui permettait de reprendre un peu du poil de la bête. Il avait fait ses adieux au milieu des médias, tiré un trait sur l’idée de reprendre du service comme journaliste un jour, et cela ne lui manquait pas tant ; les enjeux de l’association suffisaient amplement à combler le vide de son ancienne carrière et chaque journée passée à s’occuper de celle-ci se révélait plus satisfaisante et épanouissante que la précédente. Enfin, l’anglais se sentait à nouveau à sa place quelque part. C’était tout ce dont il avait besoin pour garder la tête hors de l’eau, se sentir à nouveau lui-même, rien qu’un peu.

Lorsque June lui avait mentionné sa volonté de faire développer une application pour la fondation, Jamie n’avait rien voulu savoir et l’avait laissé piloter le projet. Adepte du papier-crayon qu’il était, le brun ne voyait là qu’une perte de temps et d’argent. Son amie ne l’avait pas convaincu de l’utilité de la chose mais il se reposait sur son bon jugement. Lui se chargeait de stratégies, de grands axes, d’objectifs et d’être l’idéaliste d’eux deux ; June, elle, était son pendant exécutif, la première ligne, la pragmatique, et en cela il ne pouvait décrédibiliser ses propres ambitions. Elle avait donc eu le feu vert et immédiatement planifié des entrevues dans ce sens. L’anglais se trouvait en chemin pour le bureau de celle-ci, venant de terminer l’une de ces réunions, afin de prendre le pouls du projet, lorsque la silhouette familière de Samuel lui apparut à la machine à café de l’étage. Plus de quinze ans de journalisme lui avaient permis d’exercer sa mémoire des noms et des visages ; il avait appris que c’était un élément primordial du métier et l’avait toujours appliqué. Il était donc rare qu’il ne remette pas un nom sur un faciès. Cela n’était pas le cas du distrait Samuel qui ne parvint à remettre l’ancien amant de sa propre soeur qu’au bout de longs efforts de concentration, avant de se présenter lui-même. "Je sais." se contenta de commenter Jamie avec un rictus amusé. Il avait hésité à prendre le temps de l’aborder en premier lieu ; l’idée de la fuite en catimini s’était avérée particulièrement séduisante afin de ne pas risquer une nouvelle altercation à la manière de celle dont il avait fait la douloureuse expérience avec Keith. Le brun avait bien conscience que l’entourage d’Hayden ne comptait pas parmi son fan club et il n’avait pas d’intérêt à tendre le bâton pour se faire battre. Au final, ce fut au profit de cet argument qu’il s’était approché du frère de celle-ci ; s’il avait été vu en train de l’éviter, la chose aurait aussi vite été rapporté à la comédienne. S’il devait perdre dans un cas comme dans l’autre, autant opter pour la courtoisie.

C’était oublier que cela ne faisait pas partie des dons naturels de Samuel. Jamie avait déjà eu l’occasion de constater l’absence d’empathie du trentenaire par le passé et cela avait rapidement monté un mur entre eux ; leurs mondes s’opposaient d’une manière, semblait-il, inconciliable. Bizarrement, outre la surprise face au commentaire de l’australien, le Keynes ne se vexa pas. Il lâcha même un rire nerveux en encaissant le coup. "Eh bien, ce n'est pas vraiment une société, c'est une association à but non lucratif. Et c'est la mienne, au passage. Oliver Keynes… Jamie Keynes… Voyez le rapport ?" Visiblement, Samuel avait fait ses devoirs à moitié. Manque de professionnalisme ou simplement d’intérêt, Jamie ne se prononçait pas. Le frère Siede et ses allures d’automate étaient un bien trop grand mystère à ses yeux pour qu’il s’y risque. Bien entendu, le sujet de sa soeur arriva instantanément sur le tapis, et là encore, l’anglais ne s’étonnait qu’à moitié du commentaire auquel il avait droit. Il avait déjà entendu et répondu à tout ceci des dizaines de fois, et si l’exercice l’usait, il ne pouvait perdre son sang froid face à Samuel. "Je n'ai pas convaincu Hayden de quoi que ce soit, répondit-il calmement. D'abord parce que convaincre Hayden de faire quelque chose est, comme vous le savez, vraiment pas aisé." La comédienne savait se montrer inflexible et déterminée. Elle fonçait pour ses propres convictions et ne saurait se laisser influencer par celles des autres. Jamie n’avait rien à apprendre à Samuel à propos de sa propre soeur, mais il ne pouvait s’empêcher de souligner que même lui ne se sentait pas à la hauteur lorsqu’il était question de faire changer d’avis la comédienne sur quoi que ce soit. "Et secondement, je n'étais pas au courant de son retour avant qu'elle apparaisse sur le pas de ma porte." Elle avait eu la politesse de le prévenir par texto avant, ceci-dit, cependant elle se trouvait d’ors et déjà sur le sol australien à ce moment-là. "Mais vous n'êtes pas le premier à vous faire ce genre d'idées." Oh non. Dès que le retour d’Hayden fut remarqué, les rumeurs allèrent bon train au sujet de ce voyage. Le gala du musée n’était pas passé inaperçu. Jamie ne se voilait pas la face. "Qu'est-ce que vous êtes venu faire à la Fondation ?" il demanda à son tour à Samuel, curieux. S’il n’avait pas su faire le parallèle entre celle-ci et Jamie, alors il n’était certainement pas venu pour lui faire la leçon et lui demander de se tenir à l’écart de sa soeur. Le but de sa visite était donc désintéressé de ces événements et laissait le Keynes perplexe.


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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyJeu 17 Sep 2020 - 21:24


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Un café. Voilà simplement ce que Samuel était venu chercher en descendant dans cette salle de pause. Il n’avait jamais imaginé tomber sur celui qui – fût un temps – était le petit ami de sa petite sœur. Si tant est que le rôle de grand frère aurait dû lui faire détester l’homme qui se trouvait en face de lui, Samuel n’avait pas pris la peine d’entrer dans cette optique ci. D’une part parce qu’il ne s’embarrassait jamais de sentiments de la sorte, préférant mettre en avant l’ignorance. Dans un second point c’est qu’il ne comprenait pas l’homme en question. Alors comment ne pas apprécier quelque chose que l’on ne connaissait pas ? En pensant à la connaissance, William savait-il que cette entreprise appartenait à Jamie Keynes en personne ? L’ingénieur tâcherait de lui poser la question, aussi inutile soit-elle pour son frère aîné. Mais de ce Samuel comprit en serrant la main de Jamie, c’est que l’évidence était réelle mais ne lui avait pas sauté aux yeux. « Je crois saisir oui, vous avez un frère qui vous impose de faire vos travaux d’intérêts généraux au sein d’un endroit qui ne vous apporte pas d’argent. Sacrée punition» conclut l’ingénieur de façon purement cartésienne. Il avait vraiment l’impression que l’homme le prenait pour un abruti et pourtant cela lui passa totalement par-dessus. Il n’avait pas le temps de le contredire. Il porta son café à ses lèvres, prenant une légère gorgée avant de prendre note des informations que lui donnait son ex-beau-frère. « La comprendre est tout autant compliqué » avoua Samuel en haussant les épaules, comme s’il était en train d’évoquer un regret certains face à son incompréhension totale de sa propre sœur. Non pas qu’il n’y mettait pas du sien mais sa sœur ne lui rendait pas forcément la tâche facile. « J’eus espoir que quelqu’un aurait su la canaliser un jour ou l’autre… Mais bon, le côté têtu chez les Siede… » L’ingénieur laissa sa phrase en suspens buvant une nouvelle gorgée avant de manquer de s’étouffer en apprenant que même lui fût pris au dépourvu par ce retour imprévu. « Au moins, elle aura trouvé votre adresse ! Je crois que nos parents l’attendent encore… Mais du coup… Vous ? » Samuel se stoppa un court instant pensif, mouvant son index en direction de Jamie et faisant des allers-retours dans le vide, comme s’il voulait le lier à la présence imaginaire d’Hayden avec eux.Et en absence de question réellement posée, il partit du principe que le silence et les non-dits étaient équivalents à l'acceptation de cette information. « C’était une surprise comme les couples qui vivent des relations en longue distance non ? » demanda Samuel qui faisait tous les efforts pour mieux comprendre la situation. Car si d’autres se posaient la question, c’est que Samuel était sur la bonne piste, de toute évidence. « C’est une sacrée surprise, mais c’est qu’elle s’inquiétait pour vous, elle n’est pas du genre à vouloir surfer sur la vague du buzz pour se faire de la publicité. Puis elle n’en a pas besoin, elle est bien trop brillante pour avoir besoin de se mettre en avant de toute façon. » rajouta Samuel d’un naturel déconcertant. « D’ailleurs, je me demande ce qu’elle peut vous trouver mise à part des ennuis. » rajouta-t-il sans vouloir forcément le blesser. Le filtre n’avait pas été fourni dès son plus jeune âge, ce n’était pas en grandissant qu’il viendrait s’y greffer. Samuel roula des yeux en repensant l’objet de sa présence en ces lieux. Car il était ici pour travailler, même si cette rencontre inattendue l’avait sorti de son objectif premier. « J’ai vu de la lumière, du café, j’ai décidé d’entrer dans l’espoir d’y trouver un ordinateur quelconque… » tenta dans un sarcasme tranchant Samuel. « En réalité mon frère m’a envoyé faire une présentation pour l’un de vos appels d’offres… » rectifia rapidement l’ingénieur. « Mais ça, vous devriez le savoir si cette association vous appartient non ? » demanda soudainement Siede. « Et donc votre euh… collègue ou directrice adjointe, enfin la charmante personne qui m’a reçu doit réfléchir, donc je lui ai laissé quelques minutes… Déjà qu’elle me semblait avoir du mal à comprendre ce que je lui ai proposé… » dit-il en roulant des yeux. « Et vous donc ? » demanda Samuel par habitude et par courtoisie sans se rendre compte que cette question était totalement inutile. « Mais attendez… » s'exclama Samuel un court instant comme si une idée avait traversé l’esprit de l’ingénieur. « Vous allez pouvoir confirmer à votre adjointe qu’elle peut signer avec la société Siede Techonologies, n’est-ce pas ? » demanda Samuel en lui adressant un rictus. « Sauf si vous n’êtes pas le propre décisionnaire dans votre association » réagit enfin l’ingénieur, son regard posé dans celui de Jamie. C’était étonnant de discuter avec lui car quand il y réfléchissait bien, ils venaient de prononcer chacun bien plus de mots qu’au cumulé global des fois où ils s’étaient déjà croisés. C’est bien parce que Samuel était obligé de faire la conversation et que sa position ne lui laissait pas le choix, sinon son frère finirait par vite saturer de sa mauvaise-foi. Puis c’était peut-être aussi un moyen de se rapprocher de sa sœur…

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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyMer 30 Sep 2020 - 20:41

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Dieu seul savait comment le Siede avait été en mesure de faire la moindre présentation probante sans avoir pris la peine d’approfondir ses connaissances sur la fondation au préalable. C’était un prérequis de n’importe quel entretien avec le dirigeant d’un organisme, pour ne pas dire une pure démonstration de bon sens. Et pourtant l’esprit logique de Samuel n’avait pas pris en compte cette donnée et toute son importance au delà de la simple courtoisie et de la convention sociale ; quel genre d’application avait-il à proposer pour une association dont il n’avait visiblement pas la moindre idée de la genèse, de la philosophie ? Jamie plissa les yeux, les sourcils froncés, en entendant l’ingénieur se livrer à des conclusions purement fantasques à propos de son lien avec le Oliver qui donnait son nom à l’organisation. Il avait toujours vu Samuel comme un ordinateur sur pieds, mais il commençait à croire que celui-ci avait besoin d’un sérieux débug. “Non. Mais s’il était vivant, nul doute que c’est ce qu’il ferait.” répondit l’anglais le plus simplement et détaché du monde. Il ne faisait pas dans la sensiblerie auprès de n’importe qui et se montrait purement factuel dans l’exposé de cette donnée, dans l’espoir que son interlocuteur saisisse non seulement son manque de tact, sa maladresse, mais aussi l’importance de faire ses devoirs, de se renseigner. Il ne semblait pas plus au courant du motif du retour de sa propre soeur, et Jamie comprit que les liens entre les Siede avaient souffert du départ de celle-ci autant qu’il en avait été lui-même blessé. N’ayant pas de contact avec eux, il devait bien admettre avoir eu l’égoïsme de ne jamais s’être demandé comment le reste de la fratrie vivait cet exil. Hayden n’avait donc toujours pas revu ses parents depuis qu’elle avait déposé ses valises en ville et une partie de l’anglais se blâmait pour cela. Le retour de la comédienne n’avait pas été de tout repos émotionnellement. “Disons… juste une surprise.” corrigea Jamie face à Samuel qui persistait à romancer tout ceci. Il leva sa main baguée et indiqua son alliance à l’ingénieur qui n’avait sûrement pas eu vent de ce changement ces dernières années. “Je suis marié maintenant.” précisa-t-il avant qu’il ne court vers une de ses conclusions fantasques. Il était vrai que leur dernière rencontre remontait probablement à plus de trois ans et que son mariage avec Joanne était une chose récente -et déjà en péril. Samuel fit l’éloge de sa soeur, et Jamie acquiesça. “Vous avez bien raison.” fit-t-il avant de prendre le soufflet de plein fouet d’une nouvelle pique de son interlocuteur. “...et sur ce point aussi.” Les ennuis, le brun y était presque habitué et son entourage en souffrait constamment. Il était évident que Samuel ne souhaitait pas pareil chemin pour Hayden, et Jamie espérait que l’information de son mariage suffirait à l’empêcher de creuser la chose un peu plus. Après tout, il était certainement la dernière personne au monde avec qui il souhaitait partager quoi que ce soit à ce propos -quid de Samuel d’en comprendre les moindres enjeux sentimentaux.

Ils se recentrèrent sur l’objet de la venue du Siede. “L’application, oui.” Jamie était au courant et le soulignait succinctement. Cependant, à sa furtive grimace, il était également clair qu’il n’était pas le fan numéro de ce projet. Samuel venait de rencontrer June, bras exécutif de la direction de la fondation, et s’attendait à une réponse dans la plus littérale des manières de prendre “dans les plus brefs délais”. Nul doute que la jeune femme avait encore d’autres représentants de sociétés à rencontrer avant de se faire un avis, mais l’ingénieur n’avait pas l’air de le réaliser. Sa manière de prendre son amie de haut piqua Jamie qui croisa les bras avec fermeté. “June est largement assez intelligente pour comprendre une application, et si elle n’a pas saisi une partie de votre charabia, alors c’est que vous n’aurez pas bien traduit votre travail.” La plupart des personnes comme Samuel avaient bien du mal avec la notion de vulgarisation, et comme beaucoup de techniciens que Jamie avait pu rencontrer, il estimait que les autres étaient les idiots pour ne pas saisir les spécificités de son travail et non lui d’être incapable de les expliquer. Il y avait fort à parier que Samuel, par exemple, n’y connaissait strictement rien en mécanique automobile, et se vexerait pareillement d’être traité d’ignorant si le mécano lui faisait un bilan incompréhensible de l’engin sous le capot. Si Jamie n’était pas naturellement enclin à forcer le choix d’un prestataire parmi son portefeuille de connaissances, le ton de Samuel l’y encourageait encore moins. “C’est est le projet de June, elle est décisionnaire à ce sujet. Moi, honnêtement, je me fiche de ce genre de gadgets.” De plus, bypasser l’autorité de son amie sur un sujet qu’elle avait engagé de son propre chef serait parfaitement despotique, et quoi qu’on en dise, Jamie n’était pas de ceux-là. “Et puis, vous pistonner serait une piètre manière d’obtenir la reconnaissance de votre travail, non ?” ajouta-t-il. Non sans sarcasme, l’anglais se jouait de l'orgueil de Samuel -et il doutait que celui-ci soit en mesure de saisir le second degré de lecture formant la moquerie de cette question.


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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyVen 16 Oct 2020 - 12:09


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Le temps semblait terriblement long pour l’ingénieur quand ce dernier se retrouvait obligé de tenir une conversation comme si de rien n’était. Prendre des nouvelles alors que lui-même ne semblait plus se souvenir à quel moment de la vie de son interlocuteur leurs chemins s’étaient croisés. Il tentait de faire bonne figure avec le peu de cartes qu’il avait en main. Il n’avait pas d’as à abattre alors que pour lui la partie semblait truquée. Il ne désirait en réalité qu’une seule chose : quitter le bâtiment et retourner au milieu de ses écrans, le seul endroit où il était réellement à l’aise. Son cœur était tiraillé lui. Entre le fait que l’homme présent face à lui semblait représenter une porte ouverte pour se rapprocher de sa sœur et le dédain qu’il ressentait vis-à-vis de ses réactions. L’analyse comportementale ne faisait pas partie de la palette de connaissances de Samuel et ce dernier se fichait éperdument d’avoir une réaction adéquate ou non. Il en oubliait presque que Jamie venait de lui parler d’un défunt. Non, l’ingénieur se contenta de sourire en haussant les épaules. « Auriez-vous donc une conscience ? Vous n’êtes pas si cruel que ce que les journaux laisseraient penser. » admettait-il donc se rendant compte bien trop tard que ces mots avaient été prononcés à voix hautes. Tout comme les reproches qu’il pouvait faire à sa petite sœur. Mais en était-elle la seule responsable ? Il se tairait bien de rajouter que le temps libre de cette dernière avait semble-t-il était accordé à l’homme face à lui. Pourtant la vision de cette alliance ne semblait pas convaincre Samuel qui se contenta de rire d’une façon sarcastique, préférant plonger le nez dans son café. Il avait son avis sur le mariage, l’engagement et le poids d’un anneau sur une vie entière. « C’est un anneau de chasteté peut-être ? » demanda-t-il en pointant le doigt en direction de la main de Jamie. « Vous faites bien ce que vous voulez Jamie, que ce soit avec ma sœur, votre femme ou tout les trois… La façon de penser d’Hayden à ce sujet est bien plus compliquée que n’importe quel algorithme à mes yeux, et sujet de bien trop de discordances. » admettait-il encore une fois, son regard se posant sur sa montre comme si le temps lui semblait beaucoup trop long, lui arrachant un soupir, las. L’ingénieur releva les yeux vers son interlocuteur qui admettait être l’aimant à ennui que Samuel venait de décrire. « Et cela ne vous dérange pas de la laisser s’empêtrer dans ces histoires ? Sauver les causes perdues est une passion première pour Hayden, ce n’est cependant pas une raison pour la laisser faire… » rajouta Samuel presque désespéré, préférant clore le sujet d’un geste de main à l’attention de Keynes. Il n’était pas nécessaire de rajouter une couche qui aurait été de trop pour l’ingénieur, commençant à fortement s’impatienter.

Heureusement qu’évoquer l’objet de sa venue calma son impatience et modéra son envie de claquer la porte sans obtenir la réponse. C’était surtout d’avoir eu à imaginer la remontrance que William lui aurait accordé qui avait calmé Samuel. Puis l’idée que Jamie puisse être un catalyseur à ce temps d’attente parvint jusqu’aux pensées du Siede. Qui tenta une approche quelque peu hasardeuse. « Pas bien traduit mon travail ? » répéta Samuel qui se semblait piquer en son cœur même. « Je crois, Monsieur Keynes, que pour parler de mon travail, il aurait été souhaitable de votre part d’être présent dans cette pièce non ? » dit Samuel, pour lequel son regard s’était assombri pour l’une des rares fois. Il se fichait que Jamie tente de protéger sa collègue, Samuel approchant d’un pas vers ce dernier pour poursuivre. « Vous vous fichez de ce gadget ? Vous êtes donc prêt à associer n’importe quel nom à cette application liée à votre propre nom ? Je trouve cela dommageable mais je comprends que vous n’avez plus rien à sauver de votre image. » admettait Samuel en se reculant pour retourner à sa boisson. « Je ne parle pas d’un piston. Je parle de votre réussite là. Vous avez la possibilité de changer les choses pour cette association, faire quelque chose de bien au moins une fois dans votre vie. » rajouta-t-il d’un ton froid, n’acceptant toujours pas les doutes émis sur la qualité de son travail. « En même temps, je doute que vous ne réussissiez à utiliser cette application, vous et votre ancienne époque. » surenchérit Samuel presque désespéré. « Je ne vous haïssais pas jusqu’à lors. Du moins je n’ai jamais été fan des choix faits par ma sœur, mais vous ne sembliez pas être aussi arrogant jusqu’à maintenant. » se livra Samuel pour l’une des rares fois. « Heureusement donc que vous n’êtes pas marié à Hayden. » rajouta-t-il soulagé de cette conclusion. « Et que fais un homme comme vous dans cette association mise à part donner votre nom et ne prendre aucune décision ? » demanda l’ingénieur comme si cette donnée serait retenue suite à cette conversation. Il gagnait simplement du temps pour finir son café et pouvoir remonter récupérer son accord. Du moins c’était ce qu’il espérait.



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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyVen 30 Oct 2020 - 19:21

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Who would have thought about the cause and effect? Yesterday's love is not tomorrow's regrets

Oui, Jamie était loin de se résumer à ce que les journaux pouvaient rapporter et déformer dans de grands titres prémachés dont la masse se régalait, mais l’anglais laissait aux autres le soin de découvrir la part dissimulée par le grand bruit des médias. Depuis son dernier scandale en date, il n’avait pas pris la parole, pas tenté de s’expliquer et encore moins de se justifier. Il n’avait pas même fait part de ses remords textuellement, estimant que sa disparition de la sphère publique suffisait à satisfaire ceux qui exigeaient une punition à son encontre. Si l’avis de Samuel à son sujet de lui faisait ni chaud, ni froid, le brun esquissa malgré tout un sourire lorsqu’il admit la possibilité qu’il y avait plus chez le Keynes que le monstre dépeint par la mise en lumière de ses erreurs. L’on avait jamais compté l’adultère parmi celles-ci, mais il semblait impossible de faire écarter cette conclusion de l’esprit de ceux qui effleuraient seulement la surface de la situation de couple, jadis et actuellement. Jamie avait décidé qu’il ne réagirait plus à ce genre de commentaire, ayant compris que cela n’était qu’une perte d’énergie. Le public était bien trop avare de scandales pour croire à son entière fidélité à Joanne, surtout de sa part. Oui, il attirait les ennuis comme les papillons vers une flamme, et il était probable que l’on se brûlait à l’approcher de trop près. Cela n’avait pas dissuadé Hayden de revenir à Brisbane pour lui, ce que Samuel finit bel et bien par lui reprocher, bien que cela prit infiniment plus de temps que Jamie ne l’aurait prédit au début de cette conversation. “Comme je vous l’ai dit, je n’ai pas la prétention d’être en mesure de l’empêcher de faire quoi que sa tête lui dise de faire.” répondit-il simplement. Dicter à la comédienne ce qu’elle devait faire ou non était un piège dans lequel il ne comptait pas tomber. Cela n’était ni son rôle, ni sa place, et il ne put s’empêcher de noter que son propre frère, bien plus en mesure de la raisonner, était le premier à se défausser de la tâche.

Mais cela ne fut que le début des paradoxes et incohérences du jeune homme, laissant le Keynes de plus en plus pantois face à l’illogisme d’un esprit supposé érudit. Bras croisés, il ne comptait pas laisser Samuel insulter aussi ordinairement l’intelligence de sa meilleure amie, celle en qui il a placé toute sa confiance pour diriger la Fondation. Immédiatement, l'ingénieur fut piqué dans son orgueil et le montra. Contrarié par la remise en question de sa présentation, par l’utilité même de l’application dont il avait fait l’exposé, et par le refus de Jamie de forcer le choix de son entreprise malgré toute la mauvaise impression qu’il venait de donner, Samuel se montrait sous son vrai visage -qu’il ne semblait pas avoir vu dans un miroir depuis longtemps puisque ce fut à l’anglais qu’il envoya le qualificatif lui correspondant bien mieux ; “Arrogant ?” souffla-t-il dans un petit rire. Oh, Jamie se garda bien d’expliciter ses pensées à ce sujet ; il était presque divertissement de voir le Siede de vexer, taper du pied et insulter le monde entier comme un enfant en crise dans un supermarché que de gâcher sa salive à lui expliquer pourquoi son égo mal placé venait de lui coûter le contrat pour lequel il était venu initialement. “J’ai mis sur pieds cet endroit, Samuel.” il répondit avec un soupir amusé teinté de sarcasme. Jamie avait fait sortir cette Fondation de terre à partir de rien, et la seule raison pour laquelle l’ingénieur était actuellement en train de siroter un café à cet endroit précis était parce que celui qu’il accusait d’inutilité avait choisi l’emplacement de la machine. Cependant, il n’était pas question de lui déployer le panorama de ses obligations de président de l’association, car cela nécessitait une volonté d’accorder plus de temps et d’énergie à Samuel qu’il n’en avait réellement envie à cet instant. “Mais j’imagine que ça ne compte pas dans votre liste de bonnes actions, ni dans les tâches valables ?” Ouvrir une association visant à sauver des centaines de jeunes, accompagner autant de familles, proposer un refuge aux cas les plus complexes ; non, vraiment, Jamie n’avait toujours rien fait de bien dans sa vie, du moins pas assez dans l’estime du petit ingénieur devant lui. Il soupira. Il en avait assez entendu et son quota de conversation de courtoisie était épuisé. “Je ne vous retiens pas, Samuel, conclut-il, je suppose qu’un être aussi brillant que vous saura trouver son chemin jusqu’à la sortie. Et comptez sur moi pour glisser un mot à votre sujet à June.” Il n’était pas question de travailler avec le Siede, ni de près, ni de loin, et Jamie allait s’en assurer.


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Message(#)Men on a wire - Jamie Keynes EmptyMar 3 Nov 2020 - 8:21

Samuel était concentré sur son café, sur ce temps qu’il était en train de perdre et surtout, en train de préparer son sermon à l’attention de William qui – il le savait – ne serait jamais dit. Mais il était persuadé que son frère ainé lui, avait fait le rapprochement entre la potentielle implication de Jamie dans cette Fondation et le nom qu’elle portait. Contrairement à l’ingénieur. Alors pourquoi avoir abordé le sujet de sa sœur avec Keynes ? Même Samuel l’ignorait à présent étant donné qu’il n’eut aucune réponse qui lui permettrait aujourd’hui de faire un point réel sur les raisons rationnelles de la venue d’Hayden dans cette ville. Le Siede se contenta d’hocher la tête, de manière condescendante de surcroît sans qu’il ne le veuille réellement. Après tout, il était mélangé entre deux émotions qu’il ne gérait pas : la déception et l’impatience. Déçu de ne pas avoir vu sa sœur alors que cela faisait des mois qu’elle était là, il le savait. Impatient de quitter enfin ces murs où il se sentait oppressé. Il était arrivé au bout de ses capacités et les mots qu’il venait de sortir furent de trop. Il était resté face à Jamie, sans ciller alors que ce dernier lui expliquer qu’il était à l’origine de la création de cet endroit. Cependant, le tout arracha un léger rire à Samuel, qui secouait la tête, une main tendue en direction de Jamie. « Je ne me suis jamais vanté d’avoir monté ma propre société non plus Jamie. Vous voyez où se trouve l’arrogance ? » rajouta-t-il avant de secouer la tête. « Je préfère inventer des applications, de nouvelles technologies. Si un jour votre vie était sauve grâce à l’une de mes inventions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui je vous l’accorde mais un projet d’avenir, je ne viendrais pas vous rappelez votre liste de bonnes actions pour savoir si j’ai coché certaines cases…  Cela voudrait dire vous revoir, et je ne suis pas sûr que l’un de nous deux n’en aient réellement envie» dit simplement Samuel en écartant les bras, se reculant dorénavant. « Je ne reste pas non plus Jamie. » conclut-il dans un soupir. « Je ne doute pas qu’un homme aussi rancunier que vous sur quelques paroles saura dire le reste… Je ne vous dis donc pas à bientôt ? Dire que je commençais à vous apprécier à l’époque où vous étiez avec Hayden… » lâcha subitement Samuel en levant une main au ciel. « L’avantage, c’est que je n’aurais pas besoin de parler de notre collaboration à ma sœur… » riait Siede en quittant la pièce en accordant un dernier regard à Jamie. Car il doutait de la réelle intention de Jamie à soumettre son nom. Bien au contraire.
Traversant le couloir, il composa le numéro de William pour lui indiquer qu’il était sur le trajet retour. Et la seule chose qu’il trouva à lui expliquer et à lui raconter, fût son entrevue avec l’ex petit-ami de leur sœur. Car Samuel était resté bloqué sur l’une des informations : si Jamie était marié, avec qui Hayden passait-elle tout son temps pour ne pas venir les voir ?
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