C'était l'adrénaline d'un moment, une légère folie surmontée d'un rien. C'était stupide et enfantin, surtout stupide en fait. Mais c'était tout ce qu'il fallait pour ne pas penser, pour ne pas extrapoler la rencontre tout juste passée. Qu'importe si quelques bouts de verres se sont logés sous mon épiderme et que la patrouille est décidée de s'incruster dans le coin en même temps. Dans la ruelle, il ne reste que nos souffles et se rire qui menace de s'échapper de mes lèvres.

Le danger imminent semble bien loin lorsque le silence retombe et qu'il ne reste que notre butin et rien d'autre. Reste à savoir si elle souhaite encore partager tout cela. C'est qu'elle a les joues rouges et le regard brillant de celle qui voulait presque se faire prendre la main dans le sac. Alors, elle serait de ce bord-là. Sa silhouette exulte un je ne sais quoi, qui pourrait faire tourner la tête et baisser la garde. La dernière proposition s'impose, savourer notre butin ailleurs que dans cette ruelle devenue trop étroite, pas assez intime. « Dommage. » L'insolence se dessine sur la moue parfaitement maîtrisée qu'elle impose dans un jeu bien trop flou. Son corps s'aimante du mien, je finis par loucher à vouloir observer ses yeux, son nez qui se rapproche et ses lèvres qui dérivent dans mon cou. Le frisson qui s'empare de moi n'a rien avoir avec son souffle chaud qui chatouille ma nuque, pure coïncidence, rien que du hasard. « Last call. Après y’a mon couvre-feu qui commence. » Dommage. « Alors on se bouge. »

On a filé au soleil couchant, entre rire et quelques gorgées de vin tiède. Les minutes ont défilé en secondes alors que le jeu n'a cessé de se poursuivre naturellement. On l'aura peut-être bien dépassé, au final, son cOuVrE-fEu.