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 leckie² + bambi

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Message(#)leckie² + bambi EmptyDim 13 Sep 2020 - 15:47

► BAMBI
@Norah Lindley & MARCUS LECKIE

Maybe I can figure out why I haven't been much myself And I feel like my friends are being put through this hell I'm feeling

Cet hôpital était un véritable labyrinthe. Comment diable faisait donc Norah pour s’y retrouver lorsqu’elle travaillait ici chaque jour ? Marcus n’en était pas à sa première visite, cela ne l’empêchait pas de se perdre dans ces couloirs tous aussi identiques les uns que les autres à ses yeux. Il s’arrêtait à chaque secrétariat pour demander son chemin, traversait les services, sans que rien ne semble même vaguement familier. Il lui sembla revenir sur ses pas plus d’une fois. Jusqu’à ce qu’enfin, il atteigne la chambre de sa soeur. Vitrée tout du long, il était impossible de passer à côté. Impossible également de réprimer le pincement au coeur qu’il ressentit en la voyant encore clôitrée au fond de ce lit. Elle se reposait. Il avait bien le temps pour un café. Celui que proposait la machine au bout du couloir, dans la salle d’attente, était pour ainsi dire à peine buvable ; cependant, Mac ne fit pas la fine bouche, principalement parce qu’aller chercher un café digne de ce nom impliquait de sortir de l’hôpital et qu’il craignait de se faire avaler par le dédale jusqu’à la nuit. Le jus de chaussette cela serait, donc, et pour ne pas perturber le sommeil de Norah, Mac s’installa auprès d’autres patients et visiteurs -notamment cette vieille femme qui lui légua le magazine qu’elle venait de terminer après qu’ils aient parlé du temps, du trafic, des informations et échangé des astuces pour garder des chaussures aussi brillantes que celles que le brun avait aux pieds. Elle visitait son mari, dans une chambre voisine de celle de Norah. Il n’osa pas demander ce qui était arrivé. Il lui adressa simplement un sourire de compassion lorsqu’elle fut appelée par le médecin.

Marcus emporta le magazine dans la chambre de Norah lorsqu’il eut terminé son café. Il s’assied non loin du lit, du côté de la fenêtre. Page après page, il survolait les articles sans vraiment faire attention à leur contenu ; la distraction le tenait éloigné de la tentation de dévisager sa soeur, constater une énième fois les dégâts faits par l’accident sur son visage et son corps, se réciter la liste de ses blessures comme s’il la connaissait par coeur. Il ne voulait pas la réveiller non plus et prenait pour acquis qu’il était tout à fait possible qu’elle n’ouvre pas les yeux d’ici à ce qu’on lui demande de partir. Cela ne le dérangeait pas. La chance fut de son côté cependant, et sa soeur émergea doucement. Mac la devina s’étirer au froissement du drap. Tout naturellement, il ne lui adressa qu’un coup d’oeil et un léger sourire, comme s’il lisait au milieu du salon chez leurs parents, comme si l’hôpital n’existait pas autour d’eux, ni les tubes, ni la machinerie. “Tu savais qu’on pouvait fabriquer des baskets à base de vieux pneus de nos jours ?” fit-il, l’air distrait. Il n’avait pas lu l’article à ce sujet, seulement le titre, comme tout le reste. “Fascinant.” Il s’en fichait.

Ses divagations laissaient à Norah le temps de se réveiller -et peut-être de s’amuser des maigres pitreries de son frère qui tentait si fort de dédramatiser la situation à chacune de ses visites. Finalement, il referma le magazine et le posa sur le côté. Mac retrouva son sérieux, sans perdre ce rictus tendre qui animait ses lèvres dès qu’il se trouvait en sa présence ; il se pencha vers le lit et posa une main délicate et encourageante sur l’épaule de sa cadette. “Comment tu te sens aujourd’hui, Nor’ ?” Voilà seulement une poignée de jours qu’elle était sortie de ce coma dans lequel elle avait été plongée une fois arrivée à l’hôpital. Il était toujours difficile pour Marcus de digérer toute la situation, lui qui s’était toujours donné pour mission de faire en sorte qu’il n’arrive rien au reste de la fratrie. Cela était fort plus aisé lorsqu’ils étaient tous plus jeunes, dans la modeste Laidley. Mais ils avaient grandi. Désormais adultes, les problèmes et les maux avaient grandi avec eux.


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Message(#)leckie² + bambi EmptyLun 14 Sep 2020 - 15:00

Andrew Thompson, médecin chef du service de réanimation, avait pour habitude d'entrer sans trop de problèmes dans les chambres de ses patients lors des visites. Quand il s'agissait d'entrer dans celle de Norah, il se devait de prendre une profonde inspiration avant de s'approcher d'elle. Ils travaillaient ensemble depuis des années et voilà qu'elle était devenue l'une de ses patientes. La guérison était lente, les plaies prenaient du temps à guérir et il était de notoriété commune dans le monde médical que les fractures de côtes, ou tout autre traumatisme touchant la cage thoracique, étaient particulièrement douloureuses. Le plus difficile était de les soulager. "Les douleurs, aujourd'hui, comment ça va ?" lui demanda-t-il en rentrant alors dans la chambre, jetant un coup d'oeil sur les différents dispositifs médicaux qui entouraient le lit. Le moindre mouvement était pénible, dès qu'elle toussait, la douleur était telle qu'elle en avait les larmes aux yeux. Mais elle ne s'en lamentait pas. Comme pour le reste, elle minimisait au possible. "Rien d'insurmontable." souffla-t-elle, sachant très bien ce qu'Andy ferait si elle lui disait que chaque respiration lui était difficile. "Mouais." dit-il d'un ton peu convaincu. Il n'était pas dupe. "Qu'est-ce que tu fais ?" demandait Norah en voyant son ami se rapprochant des pompes à perfusion. "J'augmente la morphine de dix milligrammes par vingt-quatre heures." Norah levait les yeux. "C'est pas nécessaire." "Je pense que ça l'est. C'est ça ou on te remet sous kétamine." "Dans le deux cas, je serai shootée. Je passe plus de temps à dormir qu'autre chose." Et au fond, ce fait rassurait plus d'une personne dans son entourage. Elle qui était sujette à des insomnies depuis des mois désormais, semblait rattraper un retard particulièrement conséquent. "C'est peut-être que justement, t'en as besoin." Malgré les blessures apparente, le teint de Norah était moins livide qu'il n'avait pu l'être avant son accident. Son mauvais état était justifié, les plaies se soignaient, mais l'apaisement de son âme commençait avant tout par des nuits (et des journées, en l’occurrence), bien reposantes. L'effet de la morphine ne fut pas immédiat, mais lorsque c'était le cas, Norah sombrait à nouveau. Un sommeil sans rêve, pour une fois. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé rêver de Frank, à nouveau, ou de leur voyage de noces en Afrique du Sud. Mais rien de tout ça. Le réveil fut assez difficile. La bouche pâteuse, la vue un peu brouillée et la tête lourde étaient un mélange de sensations très désagréables. Il lui fallait plusieurs dizaines de secondes avant de bien vouloir émerger et se rendre compte de la présence de son frère aîné dans la chambre. Il avait sa propre manière de dire bonjour à sa soeur et celui lui permit de lui arracher un faible sourire. "Fascinant, vraiment ?" lui fit-elle remarquer avec amusement. Elle ne le voyait pas s'intéresser aux baskets de si près, qu'importe les matériaux utilisés pour leur confection. Elle passait une main sur son visage, ce qui lui permit de se rappeler qu'elle avait toujours l'oxygène sous le nez, et l'oxymètre sur le doigt. Sa tête pivotait vers Marcus, installé pas loin de la fenêtre de la chambre. La jeune femme lui était reconnaissante de ne pas être collé à son chevet à lui demander toutes les trente secondes si elle avait besoin de quelque chose et à lui remettre l'oreiller ou les draps sans qu'elle ne demande quoi que ce soit. Il restait lui-même, bien qu'il devait probablement dissimuler son inquiétude derrière le masque qu'il portait au quotidien. "Dans le gaz." répondit-elle en fermant ses paupières lourdes pendant quelques secondes. "Ils ont encore augmenté la morphine parce qu'ils pensaient que j'avais encore mal. C'est de la bonne, vu le temps que je passe à dormir." Norah levait brièvement les yeux au ciel; ce n'était pas en augmentant les doses d'analgésique qu'elle voyait le bout de son hospitalisation, en service de réanimation, du moins. Augmenter la morphine n'était pas signe d'une évolution positive, et ça l'agaçait. Difficile pour Norah d'accepter le fait que sa guérison et réadaptation allait prendre plusieurs mois. "T'en fais pas, je survivrai." lui dit-elle en lui esquissant un sourire. "J'ai hâte qu'on mon débarrasse de toute la plomberie, là." dit-elle en faisant référence à ses perfusions et drains divers. Il était inquiet, tout le monde l'était. "Tu devras encore me supporter quelques années." De l'ironie et un peu de légéreté, c'était ce dont elle avait besoin. Elle savait qu'à un moment donné, il y aurait les policiers qui débarqueraient l'interroger, que le médecin légiste planchait sur les lésions qu'il avait listé à l'arrivée aux urgences. Et quand les inspecteurs sur l'affaire allaient apprendre qu'elle était la veuve d'un autre policier, l'affaire deviendrait personnelle. Norah connaissait le tableau. "Et toi, tu survis avec les enfants ?" Ils lui manquaient terriblement. Mais ils ne méritaient certainement pas à voir leur mère tous les jours à l'hôpital dans cet état. Bien sûr qu'ils étaient venus, cependant limités à pouvoir lui faire un câlin, à moins de lui faire atrocement mal. "Si tu n'arrives pas à canaliser l'énergie d'Aidan, tu peux investir dans de nouvelles baskets à base de vieux pneus. Il use les siennes à très grande vitesse. Ca et le fait qu'il grandisse à toute vitesse font que j'ai un budget annuel assez faramineux en chaussures." reprit-elle d'un air taquin. Elle plaisantait bien sûr; jamais n'irait-elle demander à son frère de payer de quoi habiller ses enfants. Mais c'était une réflexion qu'elle s'était faite, et l'une des premières choses qu'elle devra faire dès qu'on la laissera rentrer à la maison. Elle avait hâte. Norah avait beau se sentir un peu planer, cela ne l'empêchait de retrouver un peu de son sens d'humour. La brune la voyait, l'inquiétude bien dissimulée sous les traits de son frère. Il la cachait très bien, peut-être que les deux autres frangins n'y voyaient que du feu, mais pas elle. A vrai dire, elle-même ne savait pas si elle se sentait bien ou pas. L'esprit à moitié anesthésié n'arrivait pas à mesurer l'ampleur de sa tristesse, ni la gravité de son accident. Elle n'avait quasiment plus aucun souvenir de ce dernier, cela dit. Norah prit la main de son frère dans la sienne et la serrait tendrement. "Je suis contente que tu sois là."
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Message(#)leckie² + bambi EmptyMer 23 Sep 2020 - 16:46

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Le faible sourire de Norah était amplement suffisant pour encourager son frère à retarder le retour au sérieux de la situation. “Absolument.” il assurait au sujet de ces idiotes de chaussures dont il n’avait cure, et il savait qu’elle n’y portait pas plus d’intérêt que lui. Mais prétendre avait toujours été son jeu préféré -celui auquel il jouait encore avec Jules et Aidan- et un moyen particulièrement efficace d’oublier les tracas, de regarder ailleurs. Bien entendu, il n’avait pas l’intention de prétendre que Norah avait bonne mine et qu’il ne se rongeait pas les sangs pour elle. Il ne venait pas pour l’arracher du lit et la mettre dans un fauteuil roulant afin de dévaler les couloirs comme des enfants. L’état de sa cadette ne le permettait pas. Mis succinctement au courant de la plus récente évolution de son traitement, Mac garda son sourire naturel conserver l’optimisme de la pièce entière. “Tu crois que tu peux en faire passer en douce ?” il demanda à propos de la morphine dont le dosage semblait rendre Norah soucieuse ; immédiatement, il allégeait le sujet, le détournait, prétendait qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter -pour taire les murmures de ses propres inquiétudes. Lui ne pouvait jamais donner la moindre impression de se laisser abattre. Tel était son rôle auprès d’elle, bien qu’au fond, c’était Norah qui le rassurait à chaque fois qu’elle s’amusait de ses plaisanteries de bas vol. “J’espère bien te supporter jusqu’au jour où on s’engueulera pour la télécommande à l’hospice.” soufflait-il en frôlant son épaule avec son pouce dans un geste tendre.

La garde des enfants avait été un sujet épineux entre Mac et Anwar dont il n’aurait pas souhaité lui permettre de s'immiscer dans ce drame une seule seconde par sa présence. Le policier alimentait déjà le souvenir du fantôme de Frank auprès de Julie et Aidan, leur rappelant que lui, il n’était plus là, contrairement à son co-équipier. Co-équipier incapable d’attraper celui qui avait tué leur père. Après un événement pareil, comment pouvait-il être celui qui les rassurerait quant à l’état de leur mère ? Mac avait rongé son frein. Les enfants semblaient plus cléments que leur oncle au sujet d’Anwar. “La question c’est est-ce que moi je survis ou est-ce que tes enfants sont encore vivants sous notre garde ?” demanda Marcus comme si le doute était possible ; après tout, il n’avait pas d’enfants à lui, aucune intention d’en avoir un jour, et il n’avait jamais eu la responsabilité de son neveu et de sa nièce à ce point. Il était en territoire inconnu, un brin intimidant même, mais les habitudes bien ancrées des enfants, leur discipline et l’effort commun de leurs tuteurs temporaires rendait cette parenthèse vivable. “Ils vont bien. Ils tiennent le choc.” reprit l’australien avec plus de sérieux. L’énergie d’Aidan n’était pas un challenge pour Marcus qui, lui-même, n’en manquait pas. “Ou mieux, je peux lui faire faire lui-même ses propres chaussures à base de vieux pneus.” il suggéra en réponse à la plaisanterie de Norah comme s’il venait de mettre au monde l’idée la plus ingénieuse jamais proposée depuis la mort de Bill Gates. C’était sa nièce pour laquelle Mac se faisait le plus de souci. Elle qui s’était vue dans l’obligation de grandir plus vite que prévu afin de soutenir sa mère après de décès de Frank, elle qui s’était donné la mission de prendre soin de son frère -et leur oncle était le mieux placé pour comprendre cette pression qu’elle se mettait à son jeune âge. “En vérité, j’ai l’impression que c’est pour Jules que c’est le plus difficile. L’espace d’un instant… elle a vraiment cru qu’elle finissait orpheline.” La fillette était renfrognée, par moments. Elle semblait en vouloir au monde entier par moments, tout en ayant conscience que les choses ne dépendaient pas du contrôle de qui que ce soit. L’accident n’était pas de la faute de Norah, mais parfois, elle réagissait comme si tel était le cas, comme si elle lui en tenait rigueur d’avoir failli les laisser à son tour. “Mais je suis sûr qu’elle se sentira mieux dès que tu seras de retour à la maison.” se reprit Marcus afin de ne pas paniquer sa soeur. C’était une passade, il en était certain. L’effet du choc, de la peur. Julie digérait les événements à sa manière. S’en soucier pouvait attendre que Norah sorte de l’hôpital. Délai dont le brun n’avait pas idée de la durée. “J’espère que ce n’est pas la morphine qui te fait dire ça.” répondit-il avec un rire. Il serait délicatement sa main à son tour. Elle n’avait pas idée d’à quel point il aurait pu lui retourner l’exacte même phrase, à quel point lui aussi, il était heureux qu’elle soit là.


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Message(#)leckie² + bambi EmptyDim 4 Oct 2020 - 9:28

Le fait que Norah n'avait pas eu à s'inquiéter un seul instant de la prise en charge de ses enfants était pour elle un véritable soulagement. Elle avait la chance d'être très bien entourée. Pour ses proches, il était tout simplement devenu évident de prendre soin d'eux, ils le faisaient plus par plaisir que par obligation. Ils avaient tous les deux des tempéraments qui avaient besoin d'être compris, mais ils n'en étaient pas moins des enfants bien élevés. Ils étaient faciles à vivre globalement, pas trop compliqués en terme d'alimentation. Qui plus est, ils ressentaient une adoration conséquente par rapport à leurs oncles et Anwar, il n'était donc pas étonnant qu'ils les écoutent comme il se doit. Ils comblaient naturellement le vide qu'il y avait en terme de figure paternelle depuis la disparition de Frank. La belle brune avait alors l'impression que c'était bien plus équilibré que si elle avait été véritablement seule. "Alors, tu viendras avec moi." dit-elle alors avec un sourire satisfait. Cela allait être une sortie comme une autre, mais toute occasion était bonne à prendre pour passer du temps avec son grand frère. Il prenait son rôle d'oncle très au sérieux et n'était absolument pas plaintif. Une responsabilité qui lui était tombé dessus du jour au lendemain. Sa capacité d'adaptation et d'imprévus n'était plus à débattre. "Mais en contrepartie, elle aura sûrement besoin de trouver un coupable. Quelque chose ou quelqu'un sur qui projeter cette colère là." pensait Norah à voix haute, les yeux rivés sur son frère. "Et là, le ou la coupable est aussi en fuite. Ca va la contrarier." Elle savait que Marcus vivait bien plus mal qu'elle le fait que l'on ait toujours pas mis la main sur l'homme qui avait tué Frank. Une injustice qui restait encore irrésolue. Alors, si, en plus, on ne mettait pas la main sur le conducteur fou. "Tu sais si ça se passe bien, à l'école ?" lui demanda-t-elle finalement. "Tu as eu des retours de sa maîtresse ?" Norah ne serait pas surprise si sa fille semblait plus distraite, plus en difficulté même si elle était de nature très studieuse et rigoureuse. Personne ne pouvait lui reprocher d'être un peu à côté de la plaque, depuis quelques semaines. Malgré la détresse de sa petite soeur, Marcus tenait toujours à être la figure forte, l'épaule contre laqelle elle pouvait s'appuyer. Même si la voir dans cet état inhabituel avait de ce qu'il y a de plus perturbant, il croyait en elle, en sa capacité de remonter la pente, qu'importe le temps que cela prendrait. Touchée par l'émotion qu'il dégageait de son regard brillant, Norah levait sa main pour la caresser tendrement la joue. "Eh bah alors..." dit-elle d'un air attendri. "Moi qui pensais ne réussir qu'à t'émouvoir en me mariant ou en ayant des enfants. J'en prends bien note." Marcus était plus sensible qu'il ne voulait l'admettre. Il ne montrait pas cette facete de lui à tout le monde, loin de là. Norah se sentait privilégiée d'y avoir droit. Mais son regard humide n'était que la preuve combien ces mots n'étaient que trop peu dits entre eux, même si l'affection et leur attachement étaient évidents. Parfois trop évidents peut-être, si bien qu'on en oubliait de le verbaliser. "Si je le clamais haut et fort, tu aurais deux jaloux derrière qui tenterait de te voler la vedette." plaisantait-elle. "Et tu en jubilerais beaucoup. Pendant longtemps." Parmi les nombreuses taquineries qui avaient marqué son enfance, Norah avait perdu le compte du nombre de fois où ses frères lui demandaient qui étaient son préféré. Un sujet de chamailleries parmi tant d'autres. Si elle l'avait voulu, elle les aurait mené du bout du nez. Malgré les sourires, Norah revenait assez facilement sur tous ces sujets qui l'inquiétaient, qu'il s'agisse de sa guérison ou de tout ce qu'elle devrait faire en parallèle : gérer les factures, toute l'administration qui concernait son accident... Tout le monde voulait qu'elle s'accorde du temps pour elle, mais pour elle, rester clouée au fond d'un lit sans pouvoir faire grand chose n'était pas très contributif à sa sérénité d'esprit. "Je veux pas devenir un fardeau." souffla-t-elle d'une voix enrouée. Non seulement Norah était une personne assez fière et indépendante, elle se refusait aussi d'être catégorisée dans les personnes qui abusaient bien trop de la gentillesse et de la générosité de sa famille sous prétexte qu'elle était veuve, et désormais mère célibataire. Elle estimait que ce n'était pas une excuse et s'était donnée comme objectif de savoir tout gérer toute seule. Ce qui était, en soit, inhumain. Il n'y avait donc rien de surprenant qu'elle finisse par souffrir de ce surmenage qui avait durant presque quatre ans. Alors que des sillons de larmes s'étaient formés sur ses joues, la jeune femme tentait de trouver un minimum de contenance en inspirant calmement. Même si respiration était tremblante. "Merci." souffla-t-elle, la gorge serrée. Ce mot là sortait très régulièrement lorsque ses frères ou Anwar venaient la voir. Elle ne savait pas comment montrer autrement combien elle leur était reconnaissante. "Je vous revaudrai ça, c'est promis." Que ce soit en affection ou en une montagne de pâtisseries faits-maison, Norah ne comptait pas tout prendre comme acquis. Encore une fois, l'aîné des Leckie détournait la conversation de façon humoristique et parvint ainsi à faire rire sa petite soeur. Rire était douloureux, mais faisait toujours un bien fou à son moral. Mac assumait pleinement son homosexualité, mais il n'était pas vraiment en recherche de l'âme-soeur. "Pourtant, il y a de quoi faire, par ici. Il y a moyen que tu trouves ton bonheur. A moins que ce ne soient nos tenues que tu trouves trop tue-l'amour ?" dit-elle d'un ton taquin.  Norah n'était vraiment pas du genre à jouer les entremetteuses ou à forcer les choses pour que son grand frère fasse un jour la rencontre de sa vie. Elle observait, évaluait, et se faisait une idée de son côté. Mais... Il n'était pas impossible qu'elle donne un petit coup de pouce au Destin. Juste une légère impulsion. Elle ne ferait rien de plus. Marcus se suffisait à lui-même. Il y avait tant à découvrir sur sa personne qu'il était impossible de s'en lasser. "Je ne te pensais pas adepte des ménages à plusieurs." ajoutait-elle d'un air plutôt taquin. Il faisait bien ce qu'il voulait de sa vie sexuelle. "Mais j'ai compris ce que tu voulais dire." Sa voix était plus calme, plus posée. Le message était passé. Anwar n'avait eu de cesse de lui dire qu'elle devait le pied. Là, l'accident le lui imposait, et même si elle n'y pouvait rien, peut-être qu'il s'agissait d'un dernier message d'alerte. Ca l'avait secoué, elle allait prendre du temps à s'en remettre autant physiquement que mentalement, mais il n'y avait parfois rien de mieux que ça pour se reprendre correctement en main. Et cela signifiait alors qu'il fallait accepter l'aide des autres et ne pas la considérer comme une faiblesse. "Du coup, je vais être chouchoutée comme il se doit une fois que je serai rentrée à la maison ?" demanda-t-elle avec exagération. "Des petits plats faits maison, des massages de pieds, ce genre de trucs ?" Elle sourit, amusée. Jamais ne se permettrait-elle d'abuser de leur présence à ce point-là. "Si ça me permet de vous avoir tous les trois à la maison, moi ça me va."


Dernière édition par Norah Lindley le Jeu 22 Oct 2020 - 18:07, édité 1 fois
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Message(#)leckie² + bambi EmptyDim 18 Oct 2020 - 12:14

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S’occuper de son neveu et de sa nièce n’était pas de tout repos, même en répartissant la charge avec ses frères et Anwar, mais cela était loin d’être une corvée, ni pour Mac, ni pour eux. C’était de l’organisation, de l’énergie supplémentaire, des concessions ; pour un homme qui appréciait sa zone de confort et sa tranquillité tel que lui, le brun ne se sentait cependant pas plus bousculé que cela. Tout en valait la peine, à ses yeux, ne serait-ce que pour sentir sa cadette plus en paix et sereine à l’idée que ses enfants soient entre de bonnes mains durant sa convalescence. L’esprit vif et libre d’Aidan n’était pas un véritable problème pour Marcus ; le petit garçon était une forte tête, mais lui pouvait l’être plus encore. Les débordements d’énergie étaient canalisés par des batailles de couvertures, des forts en oreillers, des sabres lasers imaginaires. Seules les articulations de l’australien lui rappelaient régulièrement qu’il n’avait plus la souplesse adéquate pour toute cette agitation. “Nah, je voudrais pas te voler cette carte, t’en auras besoin une fois sortie d’ici.” répondit-il à Norah qui lui suggérait de faire le tour des clubs sportifs avec son fils afin d’avoir la paix de temps en temps. Le sport était un excellent moyen d’épuiser le bonhomme une heure ou deux, et Mac était certain que ce plan machiavélique de parent fatigué serait tout particulièrement utile à sa soeur fraîchement sortie de l’hôpital. Et avec toutes les activités existantes qu’elle pouvait tenter de faire découvrir à Aidan, c’étaient des semaines de lente remise en forme, physique et mentale, dont elle bénéficierait ainsi et dont elle aurait bien besoin. Julie s’avérait être un challenge tout autre, et alors que son frère éprouvait physiquement leurs tuteurs, la jeune fille, elle, vivait la situation de manière plus cérébrale. Loin de lui l’envie d’être porteur de mauvaises nouvelles et d’ajouter du souci à la liste que Norah devait déjà se faire dans un coin de sa tête, mais il paraissait important aux yeux de Mac de lui fait part de l’état d’esprit de sa nièce. Elle aurait le temps de son séjour à l’hôpital pour faire le tour de la question, trouver quoi dire à sa fille et comment gérer la situation ; de son côté, Jules sera peut-être passée à autre chose d’ici là. “Elle l’est, confirmait le brun à propos de la maturité de la fillette. Et c’est pour ça qu’elle comprendra que tout ça n’est pas de ta faute.” Il en était certain, malgré son jeune âge, Jules saurait faire la part des choses en fin de compte.

Tentant de faire sourire Norah et de dédramatiser l’aspect si froid et solennel de cette chambre d’hôpital, Marcus ne s’attendait pas à ce que sa soeur se fasse si morose. Pourtant, elle avait le temps de se refaire le film de son accident, de songer aux conséquences désastreuses qu’aurait pu avoir celui-ci, et sur la chance qu’elle avait d’être toujours en vie. Lui ne voulait pas y penser ; seulement aller de l’avant, se projeter dans un moment où les choses seraient de retour comme un avant, comme si rien ne s’était passé. Il voulait croire que ce serait simple, de mettre tout ceci derrière eux, comme si les événements n’étaient pas un rappel cinglant que la mort gravitait autour d’eux depuis un moment. Et cela lui brisait le coeur, derrière son visage calme, son regard tendre et son air doux, d’entendre les craintes de sa soeur, de réaliser une fois de plus qu’il aurait pu la perdre. Il persistait à garder ce sourire délicat au coin des lèvres, ce rictus rassurant qui montrait qu’il ne fléchirait pas face à toutes ces peurs et ces bouleversements, qu’il demeurerait solide quoi qu’il arriverait. “Eh bien je ne suis pas contre un éloge de temps en temps, fit-il en haussant les épaules, reniflant discrètement alors que l’émotion de sa soeur le contagiait d’un regard un peu plus humide. Si l’accident t’inspire pour clamer à quel point je suis le meilleur frère du monde, je t’en prie, ne te retiens surtout pas de dire ce que tu as sur le coeur.” Il n’avait pas besoin de mots pour que Norah traduise son affection, mais il devait admettre qu’il aimait le son de sa voix lorsqu’elle lui rappelait la solidité de leur lien fraternel.

S’il lui arrachait un sourire, ceux-ci s’envolaient rapidement. La pression était forte sur les épaules de la mère au repos forcé, et l’anticipation du retour à la vie normal se faisait sentir alors que les jours de convalescence s’allongeaient. Néanmoins, Norah s’était trop souvent persuadée qu’elle devait mener sa barque seule, comme si le décès de son mari lui avait donné quelque chose à prouver, à elle ou au reste du monde. Qu’elle pouvait porter sa vie de famille et professionnelle à bouts de bras, qu’elle n’était plus au bout du rouleau comme autrefois, la fragile veuve qui ne tenait plus sur ses jambes, écroulée sous le poids de sa peine. Et Mac comprenait que son état de faiblesse actuel la renvoyait à pareil sentiment de désoeuvrement, de faiblesse, comme si elle n’avait pas assez prouvé, comme si tout était à refaire. “Hé, ne t’en fais pas, d’accord ? Ce n’est pas comme si tu étais toute seule pour gérer tout ça. Tu peux compter sur nous.” lui assurait-il, espérant que cela ne traverse pas la tête de sa soeur d’une oreille à l’autre sans être réellement pris en considération. Après tout, il ne pouvait pas la forcer à demander de l’aide ou accepter celle qui lui était proposée, mais il pouvait lui rappeler toutes les mains tendues qui s’offraient à elle, cette chance dont elle bénéficiait de ne pas être esseulée. “Profite donc d’avoir la chance d’avoir trois beaux hommes viriles prêts à tout faire pour tes beaux yeux. Dieu sait que j’aimerais pouvoir en dire autant.” qu’il ajouta de son air le plus taquin. Tous les niveaux de lecture de ses paroles parfaitement assumés se lisaient dans le pétillement de ses yeux.


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Message(#)leckie² + bambi EmptyMer 11 Nov 2020 - 15:30

Le fait que Norah n'avait pas eu à s'inquiéter un seul instant de la prise en charge de ses enfants était pour elle un véritable soulagement. Elle avait la chance d'être très bien entourée. Pour ses proches, il était tout simplement devenu évident de prendre soin d'eux, ils le faisaient plus par plaisir que par obligation. Ils avaient tous les deux des tempéraments qui avaient besoin d'être compris, mais ils n'en étaient pas moins des enfants bien élevés. Ils étaient faciles à vivre globalement, pas trop compliqués en terme d'alimentation. Qui plus est, ils ressentaient une adoration conséquente par rapport à leurs oncles et Anwar, il n'était donc pas étonnant qu'ils les écoutent comme il se doit. Ils comblaient naturellement le vide qu'il y avait en terme de figure paternelle depuis la disparition de Frank. La belle brune avait alors l'impression que c'était bien plus équilibré que si elle avait été véritablement seule. "Alors, tu viendras avec moi." dit-elle alors avec un sourire satisfait. Cela allait être une sortie comme une autre, mais toute occasion était bonne à prendre pour passer du temps avec son grand frère. Il prenait son rôle d'oncle très au sérieux et n'était absolument pas plaintif. Une responsabilité qui lui était tombé dessus du jour au lendemain. Sa capacité d'adaptation et d'imprévus n'était plus à débattre. "Mais en contrepartie, elle aura sûrement besoin de trouver un coupable. Quelque chose ou quelqu'un sur qui projeter cette colère là." pensait Norah à voix haute, les yeux rivés sur son frère. "Et là, le ou la coupable est aussi en fuite. Ca va la contrarier." Elle savait que Marcus vivait bien plus mal qu'elle le fait que l'on ait toujours pas mis la main sur l'homme qui avait tué Frank. Une injustice qui restait encore irrésolue. Alors, si, en plus, on ne mettait pas la main sur le conducteur fou. "Tu sais si ça se passe bien, à l'école ?" lui demanda-t-elle finalement. "Tu as eu des retours de sa maîtresse ?" Norah ne serait pas surprise si sa fille semblait plus distraite, plus en difficulté même si elle était de nature très studieuse et rigoureuse. Personne ne pouvait lui reprocher d'être un peu à côté de la plaque, depuis quelques semaines. Malgré la détresse de sa petite soeur, Marcus tenait toujours à être la figure forte, l'épaule contre laqelle elle pouvait s'appuyer. Même si la voir dans cet état inhabituel avait de ce qu'il y a de plus perturbant, il croyait en elle, en sa capacité de remonter la pente, qu'importe le temps que cela prendrait. Touchée par l'émotion qu'il dégageait de son regard brillant, Norah levait sa main pour la caresser tendrement la joue. "Eh bah alors..." dit-elle d'un air attendri. "Moi qui pensais ne réussir qu'à t'émouvoir en me mariant ou en ayant des enfants. J'en prends bien note." Marcus était plus sensible qu'il ne voulait l'admettre. Il ne montrait pas cette facete de lui à tout le monde, loin de là. Norah se sentait privilégiée d'y avoir droit. Mais son regard humide n'était que la preuve combien ces mots n'étaient que trop peu dits entre eux, même si l'affection et leur attachement étaient évidents. Parfois trop évidents peut-être, si bien qu'on en oubliait de le verbaliser. "Si je le clamais haut et fort, tu aurais deux jaloux derrière qui tenterait de te voler la vedette." plaisantait-elle. "Et tu en jubilerais beaucoup. Pendant longtemps." Parmi les nombreuses taquineries qui avaient marqué son enfance, Norah avait perdu le compte du nombre de fois où ses frères lui demandaient qui étaient son préféré. Un sujet de chamailleries parmi tant d'autres. Si elle l'avait voulu, elle les aurait mené du bout du nez. Malgré les sourires, Norah revenait assez facilement sur tous ces sujets qui l'inquiétaient, qu'il s'agisse de sa guérison ou de tout ce qu'elle devrait faire en parallèle : gérer les factures, toute l'administration qui concernait son accident... Tout le monde voulait qu'elle s'accorde du temps pour elle, mais pour elle, rester clouée au fond d'un lit sans pouvoir faire grand chose n'était pas très contributif à sa sérénité d'esprit. "Je veux pas devenir un fardeau." souffla-t-elle d'une voix enrouée. Non seulement Norah était une personne assez fière et indépendante, elle se refusait aussi d'être catégorisée dans les personnes qui abusaient bien trop de la gentillesse et de la générosité de sa famille sous prétexte qu'elle était veuve, et désormais mère célibataire. Elle estimait que ce n'était pas une excuse et s'était donnée comme objectif de savoir tout gérer toute seule. Ce qui était, en soit, inhumain. Il n'y avait donc rien de surprenant qu'elle finisse par souffrir de ce surmenage qui avait durant presque quatre ans. Alors que des sillons de larmes s'étaient formés sur ses joues, la jeune femme tentait de trouver un minimum de contenance en inspirant calmement. Même si respiration était tremblante. "Merci." souffla-t-elle, la gorge serrée. Ce mot là sortait très régulièrement lorsque ses frères ou Anwar venaient la voir. Elle ne savait pas comment montrer autrement combien elle leur était reconnaissante. "Je vous revaudrai ça, c'est promis." Que ce soit en affection ou en une montagne de pâtisseries faits-maison, Norah ne comptait pas tout prendre comme acquis. Encore une fois, l'aîné des Leckie détournait la conversation de façon humoristique et parvint ainsi à faire rire sa petite soeur. Rire était douloureux, mais faisait toujours un bien fou à son moral. Mac assumait pleinement son homosexualité, mais il n'était pas vraiment en recherche de l'âme-soeur. "Pourtant, il y a de quoi faire, par ici. Il y a moyen que tu trouves ton bonheur. A moins que ce ne soient nos tenues que tu trouves trop tue-l'amour ?" dit-elle d'un ton taquin.  Norah n'était vraiment pas du genre à jouer les entremetteuses ou à forcer les choses pour que son grand frère fasse un jour la rencontre de sa vie. Elle observait, évaluait, et se faisait une idée de son côté. Mais... Il n'était pas impossible qu'elle donne un petit coup de pouce au Destin. Juste une légère impulsion. Elle ne ferait rien de plus. Marcus se suffisait à lui-même. Il y avait tant à découvrir sur sa personne qu'il était impossible de s'en lasser. "Je ne te pensais pas adepte des ménages à plusieurs." ajoutait-elle d'un air plutôt taquin. Il faisait bien ce qu'il voulait de sa vie sexuelle. "Mais j'ai compris ce que tu voulais dire." Sa voix était plus calme, plus posée. Le message était passé. Anwar n'avait eu de cesse de lui dire qu'elle devait le pied. Là, l'accident le lui imposait, et même si elle n'y pouvait rien, peut-être qu'il s'agissait d'un dernier message d'alerte. Ca l'avait secoué, elle allait prendre du temps à s'en remettre autant physiquement que mentalement, mais il n'y avait parfois rien de mieux que ça pour se reprendre correctement en main. Et cela signifiait alors qu'il fallait accepter l'aide des autres et ne pas la considérer comme une faiblesse. "Du coup, je vais être chouchoutée comme il se doit une fois que je serai rentrée à la maison ?" demanda-t-elle avec exagération. "Des petits plats faits maison, des massages de pieds, ce genre de trucs ?" Elle sourit, amusée. Jamais ne se permettrait-elle d'abuser de leur présence à ce point-là. "Si ça me permet de vous avoir tous les trois à la maison, moi ça me va."


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Message(#)leckie² + bambi EmptyMar 17 Nov 2020 - 16:23

► BAMBI
@Norah Lindley & MARCUS LECKIE

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“Elle fera comme tous les ados et elle s’en prendra aux flics, fit Marcus le plus naturellement du monde à propos du courroux prochain de sa chère nièce face aux injustices que l’univers jetait sur sa famille. Prochaine étape, elle ira taguer la maison d’Anwar et rayer sa voiture. Quel dommage.” Il haussa les épaules, les lèvres pincées en un sourire faussement désolé. Car il avait de plus grandes chances que Mac soit celui qui se propose de financer les bombes de peinture afin d’encourager les élans artistiques de Jules plutôt que de lui taper les doigts pour cette hypothétique délinquance dont sa vive imagination faisait la narration. Cependant, il était difficile de croire que la jeune fille puisse tourner ainsi, ayant eu un père dans la police et une mère comme Norah. Le brun ne pouvait donc que se contenter de l’image fantasmée d’un tag “fuck la police” sur le garage d’Anwar ou d’un lancer d’oeufs sur son porche. S’il n’était pas supposé être l’adulte, Mac le ferait lui-même. “Pas de retours non, il reprit, n’ayant pas eu affaire à l'institutrice de Julie depuis qu’il l’avait mise au courant de l’accident. Pas de nouvelles, bonne nouvelle, je suppose. Mais elle lui file sûrement un passe-droit vu les circonstances.” Et elle ne voudrait pas angoisser une mère concentrée sur sa guérison en rapportant d’éventuels changements dans l’humeur de la jeune fille. Alors qui savait réellement ce qu’il se passait dans l’enceinte de l’école ? Mac voulait croire que Jules arrivait à gérer la situation malgré, peut-être, une mauvaise note ou deux. Ce n’était qu’une passe. Ce n’était pas ce moment qui allait donner le cap de la suite. Ce n’était pas cet accident qui allait les définir. Tout comme ils n’avaient pas laissé la mort de Frank venir à bout d’eux.

Passée non loin de le rejoindre bien plus tôt qu’elle ne l’aurait songé, Norah se montrait un brin émotionnelle. La concernant, Marcus avait toujour eu l’émotion contagieuse ; si elle pleurait, il versait une larme, si elle était contrariée, son coeur se serrait. Il n’avait cette empathie qu’avec elle, ce qui ne signifiait pas qu’il aimait ses frères autrement. Mais ils étaient des garçons -des hommes désormais- et peut-être s’était-il mis en tête d’agir en conséquence avec eux dès le départ. S’il s’était refusé de songer à la perspective d’avoir pu perdre sa soeur, les mots de Norah ne faisait que secouer cette hypothèse sous son nez et le forçait à faire face aux angoisses, aux peurs qu’il réprimait pour être le roc solide qu’il se devait d’être pour eux tous, comme il l’avait toujours été. “J’suis pas ému, tu m’as postillonné dans l’oeil.” feignait-il en passant furtivement le dos de sa main sous ses paupières. Il se reprit en un instant, glissant toute pensée négative sous le tapis. Non, il ne voulait pas y penser ; rien ne servait de perdre son temps à songer au pire alors que celui-ci n’avait pas eu lieu, qu’ils avaient la chance d’être toujours là, ensemble. Il refusait que ces scénarios l’emportent. Il iraient de l’avant, comme à chaque fois, mais c’était le futur proche qui angoissait Norah à juste titre. Malgré tout l’aide que Mac, Percy et Anwar -en l’absence de Caelan- avaient pu lui prodiguer, la vie de mère célibataire demeurait un défi de chaque instant. La gestion de sa maison, l’éducation des enfants et la continuité de son travail reposaient sur ses épaules ; il était un certain poids que personne ne pouvait soulager de ses épaules. Le mieux que tous les hommes qui l’entouraient pouvaient faire était de ne pas la laisser sentir seule et noyée dans les responsabilités, mais aimée et soutenue, quoi qu’il advienne. Cela avait toujours été le cas et cela ne changerait pas après l’accident, bien au contraire. Ils redoubleraient tous d’efforts, mais c’était ce à quoi la famille servait. “Norah, tu es ma petite soeur…” souffla Mac en serrant la main de celle-ci tendrement, capturant son regard avec une certitude totale dans les yeux. “T’as été un fardeau dès la seconde où tu es née, on a tous l’habitude maintenant.” Le sourire qui avait changé l’expression de son visage au fur et à mesure de sa phrase permettait d'anticiper ses taquineries. Il riait doucement ; il n’en pensait pas un mot et cela était évident, Norah le savait parfaitement. Mais il lui rappelait ainsi de ne plus croire de choses aussi stupides que la possibilité d’être un poids pour eux. Il ne pourrait que renchérir dans la stupidité, encore et encore.

Il parvenait à la faire rire et il espérait que dans ces quelques secondes d’éclat de voix, Norah ne songeait plus au reste. Et puisqu’il était sur sa lancée et que plus rien de sérieux ne traversait désormais son esprit, Mac se fit une joie de saisir les perches humoristiques qui lui étaient tendues de manière si évidente. Se trouver un infirmier ou un médecin ? Pourquoi pas, après tout ; ce fantasme n’était pas réservé aux hétéros. Mais cela ne serait jamais plus, pour lui. “T’as raison, peut-être qu’un docteur ici pourrait réparer mon pauvre petit coeur comme dans les films, blaguait l’aîné en froissant sa lèvre inférieure. Je devrais appeler une infirmière, qu’est-ce que t’en dis ?” Bien sûr, il n’attendit ni l’approbation -moins probable- ni le refus -plus probable- de sa soeur avant de se jeter sur le bouton de la sonnette et d’appuyer dessus à de nombreuses reprises comme si l’urgence était réelle, hurlant à travers la porte ; “ALLÔ ? QUELQU’UN ?” Puis il pouffait comme s’il avait trente ans de moins en retombant au fond de sa chaise, sous le regard certainement désapprobateur de Norah. Pour signifier qu’il ne toucherait plus à rien, Mac croisa les bras et dissimula ses mains. Sage comme une image pour écouter sa sœur s’imaginer être choyée comme une princesse à son retour chez elle. “Caelan se chargera des plats parce que je risque de t’empoisonner, Anwar s’occupera de tes petons parce qu’il est hors de question que je touche à ça, du coup je me contenterais de te gratifier de ma présence et de mon humour.” Faute d’être bon en cuisine, en massages, et d’être sûrement le pire parti de tout Brisbane au final, c’était ce qu’il avait de mieux à offrir.

A la porte, une infirmière apparut. Comme s’il avait instantanément oublié avoir appuyé sur la sonnette -ou que celle-ci fonctionnait pour de vrai et n’était pas un props de Grey’s anatomy, Mac fut presque surpris de la découvrir là. “Vous avez appelé ?” Il se pinça les lèvres, leva haut les yeux comme si la réponse se trouvait au plafond, secouait négativement la tête ; “Hein ? Non. Pas du tout.” L’infirmière fronçait les sourcils, interrogeait Norah du regard. Il allait se faire taper sur les doigts s’il ne trouvait pas quelque chose pour détourner l’attention de la demoiselle loin de son envie de le réprimander. Alors il s’exclamait, pris d’une soudaine et miraculeuse remontée de souvenirs ; “Aaaaaaah, c’est à ça que sert le bouton ? Désolé, j’essayais d’augmenter son dosage de morphine pour la tuer d’une overdose. Une division en moins pour l’héritage, vous voyez.” Avant de les laisser à leurs idioties, l’infirmière secoua la tête, incrédule, mais il sembla à Mac deviner un sourire réprimé au coin de sa bouche tandis qu’elle disparaissait dans le couloir.


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Message(#)leckie² + bambi EmptyVen 20 Nov 2020 - 15:10

Ce n'était jamais le grand amour, entre Marcus et Anwar, et depuis la mort de Frank, on ne pouvait pas dire que la situation s'était vraiment arrangée. L'aîné des Leckie ne s'en cachait absolument pas, même s'il l'exprimait à sa soeur toujours de façon humoristique. "Si tu oses glisser ces idées-là à Julie..." commença-t-elle. "C'est toi qui iras nettoyer les murs de la maison et réparer sa voiture." Norah esquissait un large sourire satisfait. Il n'aimerait jamais faire ça, surtout pas chez Anwar. Julie n'avait eu jusqu'ici aucun comportement de délinquants et vu son tempérament, Norah avait bon espoir qu'elle ne parte jamais dans des dérives qu'elle ne cautionnerait pas. Elle gardait précieusement sa main dans la sienne. Sa présence l'apaisait. Si Marcus souriait, c'est que tout devait aller. Certes, il pourrait y avoir mieux, mais il pourrait y avoir pire. La belle brune, même si elle était au fond de son lit, tenait à savoir si tout se passait bien à l'école. Marcus  disait n'avoir eu aucun retour à ce sujet. Il avait raison sur ce point : s'il y avait eu quoi que ce soit de particulier, les professeurs l'auraient soulevé. "C'est pas grave si elle a quelques mauvaises notes. Si elle en a, elle risque de s'en vouloir de ne pas avoir assez travaillé. Rassure-la, si jamais ça arrive." Julie avait pour habitude de ramener de bons résultats et ainsi rendre sa mère particulièrement fière. Mais celle-ci ne voudrait pas voir sa progéniture perdre ses moyens suite à une petite erreur de parcours, surtout à cause de la situation actuelle. Marcus avait beau joué les gros durs, celui qui gérait la situation, s'il y en avait bien une qui parvenait à l'émouvoir sincèrement, c'était sa petite soeur. Elle avait un souvenir précis du jour où il l'avait vu dans sa robe le jour de son mariage. Mais il ne l'admettrait jamais haut et fort. Il était trop fier pour ça. "Mais bien sûr." fit-elle lorsqu'il se trouvait une excuse à ses yeux bordés de larmes, qu'il essuyait rapidement pour mieux faire comme si de rien n'était. Elle continuait de le regarder d'un air attendri. Norah adorait avoir droit à ce privilège. De pouvoir voir Marcus sous un jour que les autres ne verraient très certainement jamais. Mais même face à sa petite soeur, ses émotions étaient timides et son humour prenait toujours le dessus. Ses capacités d'acteur étaient impressionnantes cela dit, de pouvoir être si sérieux jusqu'à balancer une vanne qui fit éclater de rire sa petite soeur. Celle-ci déchanta rapidement car la contraction des muscles sur ses côtes en mille morceaux fut particulièrement douloureux. Elle grimaça légèrement et calmait rapidement ses rires. "Malgré ça, tu ne pourras jamais te passer de moi, c'est juste trop difficile pour toi de le reconnaître." dit-elle un air faussement prétentieux. Cela dit, Norah avait toujours eu l'impression que Marcus ne partageait pas le même type de liens entre chacun des jumeaux. "Qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein ?" Elle rit de façon bien plus modéré qu'avant, juste pour contrôler un peu plus les douleurs thoraciques qui s'y associaient. Elle s'y habituait étrangement, c'était juste un pli à prendre. La belle brune le suivait très volontiers dans son humour et Marcus ne comptait pas manquer une seule occasion pour la faire sourire. Norah secouait la tête devant ses réponses, jusqu'à ce que ses yeux ne s'arrondissent quand il suggérait d'appeler une infirmière. "Non ! Surtout ne t'avise pas de-" Trop tard. Voilà qu'il hurlait déjà pour avoir un peu plus d'attention. "Tu sais que si une visite d'un de mes patients me fait ça, surtout pour rien, t'aurais entendu parler de moi." Elle se serait fait passer pour la méchante, ou celle qui a toujours l'air si froide, mais ce genre d'attitude était à ses yeux d'un irrespect peu tolérable. Elle ne mâchait pas ses mots mais recadrait tout en restant relativement correct. Norah était déjà venue à se demander si Marcus craignait d'une certaine façon, être désapprouvé par sa petite soeur. S'il y porterait crédit ou s'il ne la prendrait pas au sérieux, tout en sachant qu'ils seront vite réconciliés ensuite. "Tu pourras toujours... me donner tes conseils de films et séries à regarder sur Netflix, tu pourras aller entretenir le jardin..." commença-t-elle à énumérer en levant les yeux au ciel, faisant mine de réfléchir longuement à toutes les tâches qu'il pourrait accomplir. Il savait qu'elle ne se permettrait jamais de leur refiler toute une liste de tâches à accomplir. Même si Norah serait être très limitée dans ses capacités physiques pendant plusieurs mois, elle comptait également mettre la main à la pâte, même pour des choses minimes. "Ou on pourra faire de la pâtisserie ensemble si tu veux. Enfin... Moi je pâtisse, toi tu pourras manger la pâte et les autres préparations qui resteront dans les saladiers." suggéra-t-elle avec un regard complice. Il ne pourrait certainement pas refuser. "Quand les enfants seront à l'école, comme ça t'auras pas à partager avec eux." ajoutait-elle. Une infirmière apparut soudainement après que Marcus ait appuyé sur la sonnette pour faire appel à elle. La pauvre était sollicitée pour rien, Norah ne pouvait s'en montrait compatissante. Elle lançait un regard navré à sa collègue. "Dommage pour toi, c'était une femme. Mais je pense que tu lui plais quand même." dit-elle à son frère une fois la soignante partie. Malheureusement pour elle, Mac était de l'autre bord. "Tu veux continuer à appuyer là-dessus jusqu'à ce qu'il y ait un beau gosse qui se pointe ?" lui demanda-t-elle avec un sourire taquin. Norah n'avait jamais cherché à jouer l'entremetteuse pour son grand frère, ni pour Percy d'ailleurs. Elle était de la team ça viendra quand ça voudra, laisser un peu de lest au Destin pour accomplir ses miracles. Il s'était déjà acharné sur Norah ces dernières années, il fallait désormais une compensation. Norah restait silencieuse un petit moment, songeuse. Elle gardait la main de Marcus dans la sienne. Elle commençait à se sentir fatiguée à nouveau, mais elle ne ovulait pas qu'il parte. "Quelques semaines avant l'accident, je m'étais enfin décidée à acheter tout ce qu'il fallait pour passer le permis moto." C'était une envie qui la taraudait depuis plusieurs années. 2016 étant marqué au fer rouge par un événement imprévu, ce projet fut rapidement évincé des envies de la jeune femme. "J'étais à deux doigts d'acheter déjà le casque il y a pas longtemps mais... j'ai eu un contretemps." Elle était avec Mitchell, elle avait été assez inconsciente pour sympathiser avec lui et elle s'était rapidement ravisée. "Du coup, ce projet là, ça ne sera pas avant l'année prochaine." dit-elle avec un léger rire. "Je t'emmènerai faire un tour. Un petit road trip." dit-elle avec un sourire. "Il se pourrait qu'à un moment donné, je sers un peu trop le virage et que tu finisses par tomber." Elle l'embêtait, bien sûr. "Une division en moins pour l'héritage, tu comprends." Sans rancune, hein. Norah restait néanmoins très sérieuse pour l'emmener un jour faire un tour, si ce projet de longue date aboutissait enfin. Il serait temps que Norah avance dans sa vie, c'était une étape comme une autre. Mais au moins, elle progresserait, enfin. Au fond de son lit d'hôpital, elle avait eu le temps de reconsidérer beaucoup de choses, Marcus avait déjà eu l'occasion de le constater durant leurs différentes conversation. D'autres processus mentaux étaient également en route et tout ce travail qu'elle fournissait sans nécessairement s'en rendre compte l'aidait enfin à entrevoir un avenir pas seulement pour ses enfants, mais pour elle aussi.
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Message(#)leckie² + bambi EmptyVen 11 Déc 2020 - 4:35

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Mac avait vécu une poignée d’années sans avoir de petite soeur et s’en était fort bien porté. Puis un jour, Caelan et Norah avaient pointé le bout de leur nez, et l’aîné s’était retrouvé immédiatement aspiré dans une fascination folle pour l’unique fille de la fratrie. Depuis, l’australien se demandait bien ce que pouvaient faire les personnes qui n’avaient pas de petite sœur -et il entendait Saül rouspéter dans un coin de sa tête que, lui, il se passerait bien des siennes. Alors devait-il plutôt se demander comment survivaient les gens qui ne s’entendaient pas avec leur famille, qui n’étaient pas aussi soudés qu’eux. Il avait honnêtement de la peine pour eux, car non, Mac ne savait pas ce qu’il ferait sans Norah, sans Caelan, sans Percy -et surtout, il ne voulait pas le découvrir, y penser, songer que l’hypothèse était probable, que l’un d’eux partirait avant lui. Il n’était pas du genre à réfléchir à tout ce qui entourait à la mort, à l’au-delà, et si on lui demandait, il ne saurait quoi répondre. Il n’y avait probablement rien après, et c’était cette absence de tout qui en faisait un amoureux de la vie. Partager cette existence avec quelqu’un serait idéal bien entendu, mais Marcus, allant de déceptions en duperies, avait déposé cette possibilité dans une boîte au fond de son coeur. Il n’avait pas besoin d’être en couple, d’investir du temps dans une relation à l’avenir incertain, de dépenser de l’argent en cadeaux et en moments qui seraient regrettés amèrement une fois les deux partis séparés. Il n’avait pas besoin d’un bel infirmier ou d’un joli médecin pour mettre des pansements sur son palpitant atrophié du romantisme. En revanche, cela était une occasion en or de détourner l’attention de Norah de sa condition et de la faire rire une fois de plus. Confronté à son regard désapprobateur après avoir abusé du bouton d’appel pour sa blague, Mac ne perdait pas le grain de malice dans son sourire qui ôtait une vingtaine d’années à son faciès de quarantenaire. “Heureusement pour moi que tu es clouée dans ce lit alors, hm ?” la narguait-il une fois retourné au fond de sa chaise, jurant malgré tout de ne pas recommencer une ânerie de ce genre. Avoir une infirmière pour soeur lui donnait bien conscience des responsabilités sur leurs épaules et de la valeur de leur temps. Il ne savait pas ce qui lui avait inspiré cette vocation alors que le reste de la fratrie s’était orientée vers des métiers de bureau -lui le premier tant le moindre travail manuel n’obtenait de sa part qu’un long soupir. “Moi ? Passer la tondeuse ? faisait-il mine de s’offusquer. Tu crois que je vis en appartement pour mon amour de la pelouse ?” Non, jardiner n’était pas une option. Marcus n’avait pas le temps ni l’envie d’en consacrer à ce genre de choses. Il était, en revanche, un excellent catalogue de streaming sur pattes et surtout, le meilleur assistant pâtissier racleur de fond de bol qui ait jamais existé. “J’aime beaucoup plus cette option.” Cependant, la pâte à cookies n’avait pas le même goût de victoire s’il ne fallait pas se battre avec les enfants pour gagner la spatule. Et puis, Marcus aimait tout faire avec Aidan et Julie, ils n’étaient jamais une composante dont il préférerait se débarrasser. Les enfants avaient ce don de rendre tout amusant, d’offrir un regard neuf et simple sur les choses que les adultes percevaient à travers un regard blasé. Il avait également un concours de l’oncle le plus cool à gagner haut la main, n’est-ce pas.

Après le passage de l’infirmière, venue vérifier pour rien s’ils avaient besoin de son assistante, Mac dégaina son plus bel air innocent. Oups, mince, vraiment pardon. Mais qui s’étonnait ou se formalisait encore des bêtises de l’aîné Leckie dans les couloirs du service ? Combien de fois avait-il feinté de piquer un scandale parce qu’ils n’avaient pas le nouveau Cosmopolitan dans les magazines de l’espace d’attente, ou pour être pris en charge par Patrick Dempsey et personne d’autre ? Combien de jeux de mots graveleux avec les noms des médecins et des médicaments (Le meloxi-cum, l’onpatt-hoe et le fameux trazo-don’t) ? Et surtout, surtout, qui comptait encore tous les mimes de l’escalier qu’il savait faire mieux que personne dès qu’il traversait une chambre vitrée donnant sur le couloir ? “Je laisse une traînée de femmes déçues dans mon sillage, que veux-tu.” plaisantait-il en haussant les épaules et en papillonnant des yeux. Après tout, le rire avait le don de les attirer comme des mouches -mais il doutait réellement que les représentantes du sexe opposées n’entendent pas leur gaydar hurler autour de lui à des kilomètres à la ronde. Alors que sa cadette proposait de retenter l’expérience dans l’espoir de voir apparaître un homme -ce qui était particulièrement désespéré comme tactique, même pour lui- il fronça les sourcils. “Norah, voyons, c’est un hôpital, pas un speed dating. Sois sérieuse un peu.” L’hôpital, la charité, ce genre de choses.

Visiblement fatiguée, Norah luttait contre l’appel du repos comme si Marcus ne serait pas de retour à cette exacte même place d’ici deux ou trois jours. Il continuait à frôler sa main du bout du pouce avec tendresse, le sourire amusé sous sa barbe ; elle avait cet air d’enfant qui refusait d’aller dans son lit à l’heure de dormir pour étendre la journée aussi longtemps que possible, luttant à garder ses petits yeux ouverts, à se pas succomber à la tentation d’un oreiller moelleux. Il pouvait parier que s’il se mettait à monologuer assez longtemps, à lui raconter une histoire, il la perdrait en cours de route pour le pays de Morphée. Mais il était heureux d’être là et de passer un moment avec elle, en faisant abstraction des perfusions et de la machinerie autour d’eux. De sa bouche engourdie, Norah reprenait à propos de sa volonté d’acquérir une moto -et le permis allant de paire. Silencieusement, Mac n’avait jamais vraiment approuvé le projet -et ne s’était jamais permis de le rejeter en bloc avant ce jour, derrière un ton ironique et léger ; “Oh parce qu’un accident de voiture ne te fait pas passer l’envie d’opter pour un moyen de transport encore plus dangereux ?” Quelle idée. Et même si la perspective d’un road trip l’enthousiasmait, Marcus imaginait bien mieux un voyage avec toute la fratrie dans un vieux van Volkswagen des années soixante-dix plutôt que de risquer sa vie sur une machine à deux roues sur laquelle il sentirait son genou frôler le bitume à chaque virage. Il en frissonnait d’effroi. “Le seul moyen que tu auras de me faire monter sur un engin pareil, sis’, c’est s’il y a des petites roulettes à l’arrière. Comme pour les vélos. Oui, oui.” Ou un side-car dans lequel il pourrait s’asseoir, quitte à se recroqueviller. Il avait toujours voulu porter des lunettes de pilote, cela serait l’occasion. “Et ne me pique pas mes plans diaboliques, merci.” il ajouta en claquant des doigts.


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Message(#)leckie² + bambi EmptyMar 15 Déc 2020 - 11:44

Si avoir des jumeaux avait totalement pris au dépourvu les parents, il en était d'autant plus perturbant qu'il s'agisse de faux. Une fille et garçon; quelles étaient les chances ? Surtout qu'à leur connaissance, ça n'était jamais arrivé dans la famille respective de chaque parent. Pour un couple aux revenus modestes, le chamboulement était de mise; ils avaient tout à revoir et s'en étaient finalement sortis. Le plus perturbant a du être pour Marcus et Percy. Deux d'un coup, ça fait quand même beaucoup. Mais l'esprit fraternel et l'adoration qu'ils avaient pour la seule fille de la fratrie avaient beaucoup aidé. Norah n'aura jamais été grande soeur mais elle s'en portait très bien. Parce que, malgré tout, elle gardait quand même un oeil (ou les deux yeux, autant que faire se peut) sur ses frangins, s'étant rapidement faite remarquée par sa maturité. Ils ne l'admettraient jamais à voix haute, cela dit. Ils étaient tous un peu trop fiers pour ça. Malicieux au possible, le frère aîné ne manquait pas une occasion pour jouer avec sa patience. Mais là, il cherchait avant tout à la faire sourire, à lui faire penser à autre chose qu'à cette hospitalisation. "Exactement, tu devrais t'estimer chanceux." rétorqua-t-elle avec un rictus amusé. Avec lui, il fallait savoir lire entre les lignes des traits de son visage. Derrière une plaisanterie pouvait se cacher de l'inquiétude, derrière la dérision, des tracas qu'il ne voulait montrer à personne. Il cherchait à être le frère aîné parfait, s'estimant comme principal responsable du bien-être de sa famille. S'il fallait choisir entre elle et l'amour, il s'orienterait directement vers la première option, sans l'ombre d'un doute. Il se devait d'être une figure forte, celle qui ne devait jamais s'ébranler, celle sur qui l'on pouvait s'appuyer en toute circonstance. Du moins, c'est le rôle qu'il avait aux yeux de Norah. L'inébranlable. "Je me suis dit qu'avec la crise de la quarantaine, tu te verrais avoir de nouvelles vocations." le narguait-elle, avec une étincelle dans ses yeux. "Qui sait, peut-être qu'un jour ça t'aurait pris, d'avoir un peu la main verte." C'était impensable, improbable. Et c'était bien pour ça qu'elle le taquinait à ce sujet. Il n'était pas des plus... manuels, disons. Il n'acceptait de l'être peut-être qu'avec sa nièce et son neveu lorsqu'ils le réclamaient. Norah proposait une alternative bien plus alléchante, qui semblait tout à fait convenir à son frère aîné. Il n'était jamais très compliqué, de lui faire plaisir. Les bonheurs les plus simples. L'avantage de Marcus, c'était qu'il restait très jeune mentalement; il ne devenait pas de ces adultes qui se questionnaient sur les années déjà écoulés, ou à se morfondre dans un quotidien répétitif. Non, il avait gardé une âme d'enfants, sans pour autant basculer dans l'insouciance. Il était très matures, seulement, il le cachait très bien. "C'est vrai, en plus." lui répondit-elle quant à son succès auprès de la gente féminine. "Tu es beau, tu es gentil, drôle, attentionné, avec une belle carrière, et il y a toujours de quoi découvrir avec toi. Tu fais des ravages." Et sûrement auprès des hommes aussi, mais Marcus laissait précieusement les portes de son coeur fermées. Il n'était juste pas intéressé, ça ne semblait pas être une priorité. Norah s'était déjà demandée comment il réagirait si ça lui tombait dessus un jour. Le vrai coup de foudre, comme celui qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait vu Frank. Ca pourrait arriver. Cela devait lui être tellement improbable qu'il ne l'envisageait même pas. Et si on en parlait, il ne ferait que plaisanter à ce sujet. Une vraie carapace. "Si tu savais toutes les histoires qui traînent à l'hôpital." lui fit-elle remarquer dans un rire. "Le speed dating, à côté, c'est du pipi de chat." Et pas qu'un peu. Pourtant Norah n'était pas de celle à être à l'affût de la dernière partie de jambe en l'air dans la réserve ou de romande à l'eau de rose entre le chirurgien et l'infirmière, mais certaines histoires (vraies ou pas, exagérées ou non, remontaient jusqu'à ses oreilles). Elle n'alimentait pas les affaires, mais sa mémoire gardait bien à côté ces petites informations. Les conversations avaient tendance à l'épuiser assez rapidement et pourtant elle luttait autant que faire se peut, car elle savourait chacun de ses instants. La présence de son grand frère la rassurait, le fait qu'elle sache qu'il reste à côté (ou qu'il s'agisse de ses autres frères) même lorsqu'elle était profondément assoupie la rassurait également. Malgré cela, elle redoublait d'efforts pour tenir la conversation, quitte à s'endormir en plein milieu de celle-ci. "A partir du moment que personne ne me fonce devant." De ce qu'Anwar avait déjà pu récupérer comme info, elle n'était en rien fautive dans cette accident. Elle avait respecté le code de la route, celui qui l'avait percuté, lui, par contre, non. "Mais je réussirai, un jour." lui assurait-elle, munie d'un sourire, certes faible, mais confiant. "Le temps que je me remette, que je passe le permis et que j'ai le bolide, ça te laisse tout autant de temps pour t'y préparer psychologiquement." le taquinait-elle, en tentant de faire un clin d'oeil (chose qu'elle n'arrivait toujours pas à faire, malgré les nombreux efforts fournis depuis son plus jeune âge). Il désapprouvait, bien sûr que ça l'affectait. Mais c'était une idée qui la trottait depuis plusieurs années maintenant et elle ne comptait pas se laisser abattre par un accident de voiture. "Avec toi comme grand frère, c'est normal d'avoir les mêmes idées que toi." Ou du moins, qui s'en approchaient suffisamment pour comprendre qu'ils venaient du même moule. "Et puis, je suis sûre que tu me laisserais une part plus conséquente." plaisanta-t-elle. Parce que c'était la petite soeur, la seule. Suite à cet échange, le calme retombait peu à peu, et avec, la fatigue qui continuait à prendre le dessus sur la volonté de Norah à vouloir continuer de discuter avec Mac. Elle continuait néanmoins de l'observer, avec ses yeux mi-clos, avec reconnaissance et amour fraternel. Ils avaient tous les deux chacun choisi deux chemins de vie totalement différents; lui, sans désir particulier de construire une famille, portant le célibat à merveille et plongé dans une carrière dans les bureaux; et elle, avec deux enfants et toujours le rêve d'en avoir un troisième, avec le métier probablement le plus humain qui puisse exister. Leur façon de voir si différemment leur vie ne les empêchait pas de s'adorer. Il en était même né une complémentarité tout à fait assumée. "Tu restes encore un peu ?" lui demanda-t-elle dans un murmure tandis qu'elle baissait les armes afin de laisser le sommeil l'emporter, pour un repos des plus mérités.
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Message(#)leckie² + bambi EmptyDim 27 Déc 2020 - 11:17

► BAMBI
@Norah Lindley & MARCUS LECKIE

Maybe I can figure out why I haven't been much myself And I feel like my friends are being put through this hell I'm feeling

La gent féminine avait été une question très rapidement résolue pour le petit Marcus, quand Patty Johnson, dans sa classe en école primaire, lui avait volé un baiser pour le remercier de l’avoir relevée après une mauvaise chute à la balle au prisonnier et qu’il avait trouvé cela particulièrement déplaisant. Quant aux conséquences de ce constat, il en fit l’expérience deux ou trois ans plus tard, quand le jeune Buck Dillinger lui avait assez instamment demandé d’accepter de lui céder tout son sac de billes en échange de son silence à propos de la préférence de l’aîné Leckie pour les garçons. Il y eut d’autres Buck au fil du temps, et d’autres Patty, mais Marcus demeura un parfait célibataire incapable de dissimuler sa nature bien longtemps. Oui, il avait vu son lot de jeunes femmes tomber des nues en découvrant son homosexualité, il avait fait des déçues sans jamais de rancoeur de leur part au final. Et oui, il avait lui-même eu le coeur brisé un certain nombre de fois, que ce soit par des regards désapprobateurs quant à son mode de vie, des hommes de l’autre bord lui ayant fait tourner la tête ou des pairs désintéressés. Mais les années passant et l’australien creusant lui-même de profondes tranchées entre lui et le monde des relations amoureuses, tout ceci lui paraissait de plus en plus étranger. Il lui semblait que l’accès à ses sentiments verrouillé de la sorte le rendait quelque peu invisible. Il était rapidement évident qu’il s’était fermé à l’amour, au flirt, au crush, et de fait ne méritait plus un coup d’oeil en sa direction. Il ne s’en portait pas plus mal. Ses priorités avaient toujours été ailleurs, vers sa famille, vers sa carrière. C’était un choix avec un revers, mais Mac n’était pas seul, ni malheureux, au contraire. On pouvait croire à tort qu’il plaisantait de son long célibat afin de dissimuler son dépit et qu’il prétendait ne pas plaire pour compenser un réel manque de confiance en lui, et cela serait mal le connaître. Il en plaisantait parce qu’il était en paix avec lui-même et riait de bon coeur de ces choses qui n’étaient pas le gage de sa valeur véritable à ses yeux. Parce que oui, il était gentil, drôle, attentionné, et tout ce que Norah disait en flattant son égo au passage ; il le savait, le cultivait, et le mettait au service de tous. “Et un jour toutes ces incroyables qualités feront le bonheur d’une dizaine de chats dont un gigantesque persan blanc qui louche nommé Dustball.” fit-il avec, visiblement, une idée très précise de sa future meute. Il voulait également un sphinx qu’il nommerait après Dolly Parton. Comme leur mère serait ra-vie de cette foule de petits-enfants à poils de toutes sortes, elle qui y était violemment allergique. Etait-elle au courant du souhait de Norah de se mettre à la moto ? La question effleura Mac tandis que le sujet était abordé par sa jeune soeur avec un enthousiasme et une impatience qui lui faisaient froid dans le dos. Elle semblait déterminée et ni ses blessures, ni la morphine n’étaient en mesure de lui faire changer d’avis, de même était-elle décidée à parvenir à faire monter Mac sur la machine pour faire un tour à deux roues. “Bien sûr que tu vas y arriver, fit-il, éternellement supporter de sa soeur même dans ce qu’il désapprouvait, c’est ce qui m’inquiète.” Elle réussissait toutes les tâches dans lesquelles elle se concentrait et si Norah avait décrété qu’elle aurait une moto un jour, alors ce n’était qu’une question de temps avant que Marcus ne croise une Yamaha dans son allée de garage. Si Julie et Aidan attrapaient également le virus des deux roues, alors le brun avait bien du souci à se faire. Cependant, aussi buté que sa soeur, Mac ne comptait pas grimper sur pareil engin et une décennie de travail au corps serait nécessaire, à minima, pour le persuader de ne pas mourir idiot. Il finirait par céder à sa cadette, comme à chaque fois. Norah était parfaitement au courant de cette position de favorite de la famille, certainement parce qu’elle l’était aux yeux de tous ses frères. Marcus était le premier à ne pouvoir le nier. “J’aurais dix chats à entretenir, je te rappelle, ça a un coût, je vais avoir besoin de chaque centime.” prétendait-il. Mais après un léger rire, la fatigue reprit le dessus sur Norah. Si Marcus oubliait périodiquement où ils se trouvaient durant le fil de cette conversation, la moue pâlotte de sa soeur rappela à lui le lit d’hôpital dans lequel elle se trouvait. Elle sombrait petit à petit sans lâcher sa main pour autant. Lui n’avait nulle part d’autre où être. “Bien sûr, lui assura-t-il tout bas, toujours affublé de son sourire, j’ai pas terminé le dernier numéro de Cosmo.” Il lui adressa un clin d’oeil, et attendit quelques minutes que Norah soit profondément endormie avant de se rendre à la machine à café pour accompagner la prochaine poignée de minutes d’une boisson chaude. Une présence passant près de l’australien lui fit relever la tête du vaste choix (non) de cafés disponibles. Son regard aperçut la blouse blanche d’un chirurgien qui disparaissait au bout du couloir -mais pas avant d’avoir croisé ses yeux et échangé un signe de tête, un vague sourire. Juste une seconde qui en parut dix. Puis Mac se revit faire face à la machine, son dollar en main. L’une des seules personnes qui méritaient toute son attention était dans une de ces chambres. C’était tout ce qui importait.


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