| sitting in the morning sun (rhea #2) |
| | (#)Mer 16 Sep 2020 - 12:29 | |
| L'an de grâce 1996 pointe le bout de son nez et avec cela mes seize années et demi ; celles de Rhéa en même temps. Rhéa, c’est celle dont tout le monde parle même si elle vient à peine d’arriver. C’est celles sur qui les plus âgés lancent un pari avant de savoir quand est ce qu’elle va abandonner, c’est celles que ceux de mon âge ont tendance à diviniser quelque peu (sans jamais le dire, parce qu’on est des garçons grands et forts) parce qu’elle reste l’une des seules filles de notre promotion mais qu’elle est surtout bien meilleure que la plupart des recrues. Pas moi, bien sûr, parce que avant de m’emmener ici, mon père a pris grand soin de s’assurer que je ne serai pas dans la majorité médiocre ou, pire encore, dans les derniers. J’ai un nom à défendre, lui qui est lui même passé par là il y a de ça plusieurs années.
“”T’es pas cap d’aller lui parler.” Midi. L’heure du repas, toujours passée entourée du groupe d’amis que j’ai rapidement su me constituer. Je sais que mon père aura vent de ma réussite mais jamais il n’entendra parler de la personne que je suis, alors j’ai bien plus de libertés que je n’en ai jamais eu à la maison. Mes amis se pensent rois du monde et ils ont une insouciance paradoxale que je leur envie assez souvent. Ils pensent qu’ils ne feront jamais rien de mal de leur vie et que leur passage à la RAN suffira pour les remettre dans le droit chemin de la vie, qu’après ça leurs parents ne seront plus sur leur dos et qu’un monde nouveau va s’offrir à eux. En d’autres termes, ils sont totalement utopistes et cela me fait rire. Ici, on respire mieux et on rigole tout autant, alors que cette fois-ci la discussion est de nouveau tournée vers l’une des rares femmes de notre promo - et la seule de notre tranche d’âge. Autant dire que la blonde terrorise pas mal de jeunes recrues et que les autres se pensent bien meilleurs qu’elle (sans preuve aucune) et ne lui accordent donc aucune sorte d’importance.
A moins pourtant elle ne me fait pas peur et bien au contraire. Elle m’intrigue. Elle n’a pas l’air de fuir et elle n’a pas l’air triste ce qui n’a rien d’habituel pour moi. Ce n’est pas le genre de choses que j’ai l’habitude d’observer et je suis du genre à vouloir des réponses à mes questions, raison pour laquelle je réponds aussitôt au défi lancé par Boyd sans même avoir à y réfléchir. J’ai un sourire au coin des lèvres, mon visage marqué par une entaille sur ma mâchoire à cause d’un coup mal dosé à l’entraînement. Mon plateau me suit d’un bout à l’autre de la cantine et je ne doute pas de moi même un seul instant ni même de mon défi du moment. Défi que, d’ailleurs, je balaye bien assez rapidement une fois assis face à l’adolescente, préférant plutôt la jouer franc jeu. “On m’a donné comme défi de venir te parler.” Pour le moment encore, elle est toujours restée très discrète, uniquement occupée dans la réussite de son séjour ici. Séjour qu’on pense tous très longs, les bruits de couloir affirmant que ses parents sont haut gradés et que c’est ce qu’elle désire être à son tour. “Mais je serais quand même venu sans ça. Dans genre deux ou trois ans, mais je serais venu.” J’ai pas peur d’afficher mes failles, quand j’ai pas à faire à papa. Elle est belle et intimidante et moi, je ne vois pas le problème de l’avouer. Après tout, on a encore la vie devant nous. “C’est moi le gars au prénom bizarre, au fait. Ichabod.” Puisque ce serait gênant que les informations n’aient été prises qu’à sens unique, je décline rapidement mon identité et lui tend la main, parce que de ce que j’ai vu c’est comme ça que mon père débute chaque discussion importante.
@Rhea Jenkins |
| | | | (#)Ven 18 Sep 2020 - 17:23 | |
| Ca y est, tu y es enfin. Après avoir atteint l'âge de seize ans et demi et après avoir passé les tests avec brio, tu es entrée à la RAN. Inutile de préciser que maman et papa sont très fiers, surtout père Mackenzie dont la renommée n'est plus à faire dans le monde de l'armée. Grand pilote de l'armée de l'air australienne, il a été plus que compatissant à l'idée de vouloir faire tes preuves à ton tour. Maman, elle, était plus inquiète mais sans avoir la moindre doute quant à ta capacité d'adaptation sur le terrain mais surtout, entre tous ces hommes qui se pensent bien meilleurs en leurs capacités en tant qu'hommes. Tu as un caractère de braise, Rhéa, et rien ni personne ne peut t'arrêter lorsque tu as une idée bien encrée derrière la tête. Tu aimes avoir des défis, tu te shoot à l'adrénaline et mettre ton courage à toutes épreuves. En cela, ils ne mettront pas longtemps à le découvrir. Sans le moindre étonnement, tu es la seule fille de ta promotion mais ce n'est pas cela qui te freine, bien au contraire. Des bruits de couloirs circulent déjà à ton sujet, des bruits qui mentionnent ton nom très bien connu, en plus d'être la seule présence féminine, et que tu aurais bénéficié d'un sacré filon pour arriver jusqu'ici. On verra bien qui rira le dernier.
Te voilà assise bien tranquillement à une table près de la fenêtre. Place qui n'es pas choisie au hasard puisque tu as vue sur l'ensemble du réfectoire et donc, sur toutes les têtes qui t'entourent. Tes parents t'ont appris à être stratégique, observatrice, analysant ainsi chaque détails, chaque personnes qui t'entourent et pouvoir te faire ta propre opinion. Plateau devant toi, tu commences à avaler de l'énergie, car il va t'en falloir, souriant aux murmures qui arrivent jusqu'à tes oreilles. Ils ne tarderont pas à savoir ce que tu vaux et qu'il ne vaut mieux pas jouer avec toi. Tu aimes jouer mais tu aimes surtout gagner, Rhea. Courageuse, tête brûlée et téméraire, le cocktail parfait ! Levant le bras droit pour amener une fourchette de nourriture à la bouche, celle-ci y reste un instant lorsqu'un jeune homme a l'audace de venir s'assoir en face de toi. Tu l'avais déjà remarqué avec sa bande de copains. Pas que tu t'y intéresses mais il fait partie des proies de ton radar. Tu n'es ici que pour faire tes preuves, te dépasser et rien d'autres... pas la peine de s'embarrasser de bien plus, de toute façon. Tu le laisses débattre de ses propos, silencieuse, avant de poser ta fourchette dans ton assiette, d'un calme olympique. Un paris ? Bah voyons. Cela ne t'étonne même pas, à vrai dire. C'est bien le style des mecs ça, toujours à se défier pour se prouver quelque chose. Débiles. Tu lèves les yeux aux ciel -marque de fabrique, bonjour- et tu souris. Moqueuse, Rhéa ? Jamais ! Il finit par se présenter et tu peux, à présent, mettre un prénom sur ces beaux yeux bleus. Tu lui serres la main qu'il te tend, poliment avant de prendre enfin la parole. « Rhéa. Mais tu dois surement le savoir. » Evidemment, puisque tu es le sujet de conversation sur toutes les lèvres depuis ton arrivée il y a quelques heures. Son attitude reste froide et distante. Tu hausses les épaules, arrogante. Autre qualificatif de ta personne. « Alors, que gagnes-tu ? Vu que tu as gagné ce défi étant donné que tu es venu me déranger dans mon repas. » Autant mettre les choses au claire, tu n'es pas venue ici pour te faire des amis. « A moins qu'il y ait plus qu'une simple conversation. La première étape avant de me mettre dans ton lit, je présume ? » Tu es loin d'être bête, Rhéa, tu sais comment les appareils trois pièces fonctionnent même si tu n'as jamais fait que côtoyer les hommes sous les ordres de ton père mais tu connais ce milieu. Après tout, avoir l'unique fille de sa promotion dans sa couchette et la fille d'un Major de l'aimée de l'air, qui plus est, cela doit être gratifiant comme un trophée sur sa cheminée. « Je t'arrête tout de suite, cela n'arrivera jamais, Bates. » Et oui, tu connais son nom de famille. Merci papa pour avoir eu accès au dossier de chacun, sans qu'il ne sache rien, bien entendu. Saloperie. Tu finis par continuer à prendre ton repas. Tu as mis carte sur table en la jouant franc jeu.
@Ichabod Bates |
| | | | (#)Dim 20 Sep 2020 - 2:05 | |
| J’observe son caractère de feu et en suis témoin avec un sourire au coin des lèvres. J’ai déjà été habitué à de bien pires réactions dans ma vie mais je trouve les siennes bien plus attirantes qu’autre chose puisque cela me donne envie d’en savoir plus à son sujet, bien au delà de quels résultats elle peut bien avoir aux tests physiques ou mentaux. Elle en aura toujours de très bons, là n’est pas le sujet. Son nom est toujours noté près du mien sous les listes de résultats. Parfois elle est devant, parfois elle est derrière et si cela amuse mes amis que de tenir à jour le tableau de points, ce n’est pas mon cas. Mon père ne sera jamais content d’apprendre que je ne suis pas le premier partout, de toute façon, alors j’ai appris à faire avec son regard suffisant et les reproches allant avec. Pour le moment en tout cas, il n’est pas présent et je n’ai pas à me soucier de lui, bien trop occupé à parler à la jolie blonde pour la première fois. « Rhéa. Mais tu dois surement le savoir. » Son attitude reste froide et distante. Tu hausses les épaules, arrogante. Autre qualificatif de ta personne. “Mince t’es Rhea toi ? J’étais supposé aller voir une Eleonore, moi.” Je lui serre pourtant la main, heureux qu’elle rentre dans son jeu démodé, un sourire stupide au coin des lèvres. J’essaye de dire par là que je serais quand même venue la voir si j’avais pas eu ce pari stupide au dessus de la tête, mais j’ai jamais été très bon pour parler de ce genre de choses.
« Alors, que gagnes-tu ? Vu que tu as gagné ce défi étant donné que tu es venu me déranger dans mon repas. » Elle a de la fougue et ça m’intrigue un peu plus encore que de l’observer de plus près et pas seulement contre nos instructeurs ou des gars qui la pensent trop faible et trop naïve. Généralement, ce sont à ceux là même qu’elle se fait un plaisir de prouver le contraire en un rien de temps. Non pas que je l’espionne, là de là, c’est juste que tout se passe toujours sous mon nez, bizarrement. Père ne croit pas au hasard et moi non plus. “Ca ne t’ennuie pas de manger seule ?” Je ne viens pas la déranger mais lui tenir compagnie, parce que la nuance de couleurs au fond de mes iris sera toujours bien plus intéressant que la vue sur la cour ou même sur le plat sûrement déjà prémâché face à elle. Je pose d’autant plus la question qu’elle semble avoir cette âme de solitaire que je n’ai pas et ne comprends encore moins, pas alors que ma vie se résume à rester au milieu d’une meute - et à en être le leader, parce que c’est ainsi que les choses sont supposées se passer. « A moins qu'il y ait plus qu'une simple conversation. La première étape avant de me mettre dans ton lit, je présume ? » Je pourrais fuir, rougir, détourner le regard ou me sentir pris la main dans le sac mais ce n’est absolument pas le cas et bien au contraire. Je n’ai pas honte d’affirmer mes choix et mes idées, tout comme je n’ai pas honte de mes opinions. A vrai dire, tant que cela ne se ramène pas de trop à ma vie privée, je suis toujours totalement transparent avec les personnes qui m’entourent. “Je voulais juste te dire que t’avais un peu de sauce tomate sur le menton, pas sûr que ça donne un accès vip pour aller dans ton lit.” Oh, ce n’est pas non plus quelque chose sur quoi je cracherais mais ce n’est pas la raison première de ma venue, si bien que j’esquisse un sourire franc - elle a vraiment de la sauce tomate sur le coin du menton et puisqu’on est pas dans une comédie romantique, elle peut sûrement se l’enlever seule. A la place, je laisse mes yeux divaguer ailleurs et picore de nouveau dans mon assiette. Je fais semblant, au moins. « Je t'arrête tout de suite, cela n'arrivera jamais, Bates. » Mes pupilles remontent dans la foulée dans les siennes, malicieuses. “Alors tu connais mon nom aussi.” Des conclusions à tirer de ça, j’en ai des milliers. Toutes se résument par mes lèvres étirées et heureuses d’un simple petit détail de la sorte. Elles ont déjà oublié la promesse qu’elle vient de me faire, celle qui statue que jamais nous ne partagerons le même lit. Alors soit, mentons.
“La seconde étape, MacKenzie, c’était de te proposer d’être contre moi au prochain trek. On alterne toujours les premières places, on peut bien laisser une chance aux autres de gagner quand même.” Je n’ai pas précisé combien d’étapes il y a mais je suis quelqu’un de patient, surtout quand il s’agit de faire passer les entraînements plus rapidement en les faisant auprès d’elle. Je sais qu’elle a beaucoup à prouver et qu’elle ne me fera aucun cadeau ; il en est de même pour moi. |
| | | | (#)Dim 20 Sep 2020 - 16:43 | |
| Tu dois bien avouer qu'il a ce petit truc en plus que les autres. Ce pendant, loin de toi l'idée de vouloir t'y intéresser plus que le fait de pouvoir le battre. Depuis que vous avez commencé les treks, vous vous disputez la première place. Après tout, la compétition t'anime, Rhea, et c'est certainement pas ce Ichabod Bates qui va te faire plus peur que les autres. Tu t'adosses contre le dossier de la chaise, croisant les bras après t'être essuyé le menton à l'aide d'une mouchoir en papier. Souriant. S'il pense pouvoir te mettre la honte juste avec ça, il est mal tombé. Tu es pas le genre de fille à se manucurer les ongles toutes les deux semaines et à pleurer parce qu'elles en ont perdu un en court de route ou même en casser un. Tu n'as pas peur de mettre tes mains dans la boue, dans le cambouis ou tout autre chose, en soi. Te salir ne t'a jamais fait reculer et donc, passer des heures entières dans la mélasse qu'obtient un mélange de boue et d'eau ne te gène aucunement. C'est parce que ton père a tapé les poings sur la table pour avoir ton intimité, sinon tu prendrais ta douche avec les gars. Non, vraiment, tu as ta place ici et tu défies quiconque dirait le contraire. Encore une fois, tu le laisses déblatérer mais tu as envie de jouer un peu avec lui, le tester sans avoir la moindre idée que cela deviendrait une habitude pour toi, face à lui. « Et bien, peut-être que tu aurais plus de chances avec elle. » Lui réponds-tu du tac au tac en sachant pertinemment qu'il n'y avait aucune Eléonore dans la foule. Tu souris de plus belle, un sourire mesquin à souhait se dessine sur tes lèvres. Tu gardes la même position, adossée sur le dossier de ta chaise, tu l'analyses depuis qu'il s'est assis en face de toi. C'est plus fort que toi mais là, tu as du mal à le cerner, à te faire une opinion sur lui. Il ne montre absolument rien, même dans ses paroles, il reste neutre. Cela t'agasse, tu aimes savoir à qui tu as à faire mais avec Bates, impossible de te fier à ton propre jugement. Tu n'as rien vu de croustillant dans son dossier à par sa ville de naissance, son identité et des résultats aux testes. Ce mec est un vrai mystère et pas de bol pour lui, tu aimes éclaircir les énigmes. Un jeu s'installe doucement entre vous alors que tu ne lui adresses la parole que pour la première fois, le futur promet bien des rebondissements, Rhea, sois en sûre. « Vaut mieux être seule que mal accompagnée, n'est-ce pas ? » Effectivement, tu lui fais comprendre poliment qu'il peut aller voir ailleurs si tu y es mais Ichabod en a décidé autrement. Lui aussi veut percer le mystère MacKenzie. Tu approches ton buste de la table, toujours en prenant le soin de garder une certainement distance avec le jeune homme. « J'en ai encore ? » Tu le cherches, Rhea, mais fais attention de ne pas trop te brûler les ailes à ce jeu là. Evidemment que tu connais son nom, tu connais chaque identité de chaque personne dans cette salle. Tu as la chance d'avoir une mémoire photographique. Tout ce que tu lis ou vois, ton cerveau l'enregistre automatiquement. Mais Ichabod, c'est autre chose encore. Tout te porte à croire qu'il serait le seul capable d'être à la hauteur pour te tenir tête. A chaque entrainement, il n'est jamais loin. A chaque fois que les instructeurs ou les autres gars de ta promotion essaient de te faire tomber, il est pas loin pour admirer ton courage et leur prouver qu'ils ont tord peu importe ce que tu ramasses sur le coin du visage. Même au niveau des résultats sur le tableau, jamais bien loin de l'autre. Un ou deux point d'écart, tout au plus. Pour toi, il n'y a pas de doutes... il est le seul à prétendre pouvoir te battre. Si cela était possible, bien entendu.
Laisser une chance aux autres ? Non mais il est sérieux, là ? Tu laisses échapper un petit rire après t'être remise droite sur ta chaise. « C'est beau l'espoir, Bates. » Comme ci toi, Rhea, tu allais laisser une once de lueur dans les yeux de tous ces imbéciles. « Je dois bien admettre que tu as du potentiel mais ne penses pas me faire peur. Ici, c'est marches ou crèves. pas de place pour les faibles. » Tu es dure dans tes propos mais tu n'es certainement pas venue ici pour jouer la bonne saintmaritaine. Tu tapotes tes doigts sur la table, laissant l'idée à des cours de piano passés. Tu finis par lever ton regard et le boquer dans les siens d'un bleu si éclatant que tu pourrais t'y noyer. « C'est toi et moi, Bates. » Si seulement tu savais que ce que tu viens de dire prendra tout son sens dans quelques mois. « Ca se jouera entre nous. »
@Ichabod Bates |
| | | | (#)Lun 21 Sep 2020 - 16:06 | |
| L’écouter rétorquer quoi que ce soit après ma prise de parole me permet d’en apprendre plus sur elle. Peu importe ce qu’elle peut bien dire ou faire, cela me permet de savoir qui elle est réellement en dehors des salles de classe ou du terrain d’entraînement. On est tous différents lorsque la vie civile nous rattrape, même encore enfermés entre ces quatre murs. « Et bien, peut-être que tu aurais plus de chances avec elle. » A cela j’en viens à la conclusion qu’elle me semble sur la défensive, elle qui était déjà partie du principe que je comptais la mettre dans mon lit avant même que je n’ouvre la bouche. Ce n’est certainement pas une idée à laquelle je m’opposerai, certes, mais c’est tout aussi loin d’être mon but principal en venant l’approcher. “Dommage, je suis un peu occupé là.” Il n’y a pas d’Eleonore et il n’y en aura jamais, ni demain ni pour le reste de ma vie. Une partie de moi ne pouvait qu’énoncer une telle idée, à l’époque, mais aujourd’hui c’est une certitude. « Vaut mieux être seule que mal accompagnée, n'est-ce pas ? » “Eleonore rate la meilleure compagnie du monde, la pauvre.” Ses attaques ricochent sur moi alors que je ne prends pas même le temps de m’offusquer, préférant plutôt fendre mon visage d’un sourire sincère alors que je picore dans mon assiette. En face, elle joue à un jeu dans lequel je ne rentre pas, certain que cela ne ferait que créer des problèmes. Si elle s’avance alors moi je recule, reprenant à mon tour la posture droite et militaire imposée par notre éducation que je devine commune. « J'en ai encore ? » Mes yeux rencontrent pourtant les siens ; on m’a toujours appris à regarder mon interlocuteur dans les yeux. Mon père dit que c’est pour l’intimider, ma mère dit que j’ai de trop belles iris pour les cacher. “La mission est une réussite.” On s’en moquait tous les deux, de cette tâche sur son visage d’ange.
Ma proposition est mal interprétée mais je ne prends pas la peine de me corriger. On m’a appris à faire avec les conséquences de mes actions plutôt que de me remettre en action - jamais un chef ne doit montrer ses doutes face à qui que ce soit. « C'est beau l'espoir, Bates. » Si elle savait ce qu’elle disait et la portée de cette simple phrase sur toute mon histoire passé, présente et future. Si seulement elle pouvait se douter de l’onde de choc de ces quelques mots à peine, eux qui ne m’arrachent pour le moment qu’un simple sourire avant que je ne retourne planter ma fourchette dans la nourriture. « Je dois bien admettre que tu as du potentiel mais ne penses pas me faire peur. Ici, c'est marches ou crèves. Pas de place pour les faibles. » Ce genre de discours, par contre, je l’ai entendu toute ma vie durant. Pas de place pour les faibles. La raison initiale pour laquelle j’ai été formaté toute ma vie : rentrer dans le moule tout en étant différent ; meilleur. “Si tu penses être la première à sortir un tel discours, Rhea …” Je régule ma voix pour qu’elle n’apparaisse pas lasse comme je le voudrais, choisissant plutôt de rester neutre et de passer pour le stupide garçon se pensant supérieur et osant donner des leçons de morale au reste du monde. Il vaut toujours mieux ça plutôt que de la laisser entrapercevoir la vérité.
Fort heureusement le tout n’est que de courte durée et déjà elle semble reprendre confiance et vigueur, prenant même les devants. Les autres gars se seraient offusqués d’une telle approche de sa part alors que pour ma part, je ne vois que quelqu’un qui se montre toujours un peu plus intéressant à chaque instant. « C'est toi et moi, Bates. » Comme si j’allais m’opposer à une telle requête. « Ca se jouera entre nous. » Cette fois-ci mon sourire est bien plus grand et dans mes yeux apparaît une lueur de défi. Ce serait mentir que de dire que je n’aime pas la vie ici, entre les entraînements physiques et les autres cours théoriques, j’y trouve mon parfait bonheur loin du domicile familial. Je tends une main dans l’optique qu’elle vienne la serrer pour conclure notre pacte aux contours encore fort peu délimités. “Dimanche, à 6h. Juste toi et moi.” Pendant notre journée off, comme ça personne ne sera tenu prisonnier par aucune de ses obligations et on saura une fois pour toutes qui est le meilleur, alors que personne ne deviendra un obstacle potentiel dans notre course. “Si je gagne, je te proposerai une soirée au restaurant.” Mes intentions sont claires tout comme le fait qu’elle aura toujours le temps de refuser la chose une fois le moment venu et si mon intention n’est toujours pas de la mettre dans mon lit, n’en reste pas moins que je reste infiniment curieux à son sujet et, inévitablement, attiré. “Si tu gagnes, j’imagine que tu pourras bien faire ce que tu veux.” J’accepterai ma sentence sans broncher, comme je l’ai appris - et en me gardant bien de parler de ma défaite face à une fille à mon paternel. “On a un accord ?” |
| | | | (#)Lun 21 Sep 2020 - 18:03 | |
| Tu ne peux pas t'empêcher de sourire comme une enfant. C'est que tu dirais qu'il ait confiance en lui, ce Ichabod. Alors comme ça, il serait la meilleure compagnie au monde ? « Tout est relatif, très cher. » En ce moment, par exemple, tu voudrais qu'il soit loin de toi. Il t'impressionne un peu plus à chaque instant passé face à toi et tu n'aimes vraiment pas ce sentiment. Tu as l'impression que ses iris d'un bleu aussi éclatants vont t'absorber et te retenir prisonnière d'une cage dorée. C'est pas du tout à quoi tu pensais en venant ici. Pas ta priorité non plus, tu n'as pas besoin de ce genre de ressenti pour le moment. Tu es juste ici pour tous les faire tomber, Rhea, et rien d'autre. Une fois avoir repris ta position droite comme un I, tu tournes légèrement la tête sur le côté avant de sortir un "Mmh". Monsieur n'aurait il pas une vie facile à la maison ? Sans doute la raison pour la quelle il est ici. « Le pauvre petit chaton en baverait à la maison ? A tel point qu'il ait besoin de la RAN pour s'en y échapper ? » A vrai dire, tu le nargues, tu le pousses un peu juste pour voir sa réaction. Il ne laisse rien paraitre alors tu optes pour la tactique piquante bien que tu sois convaincue que cela ne marcherait guerre. Tu ne sais pas pourquoi mais tu as l'impression qu'il cache un fameux parcours alors qu'il n'est même pas encore majeur. Après tout, tout le monde n'est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Bien que tu te sois toujours débrouillée seule pour être un minimum dans les pattes de tes parents pour avoir un argent de poche. Mais peu importe, tu es loin de ressentir de la pitié pour quiconque entre ces murs. Tu n'est pas là pour ça, non plus.
Le jeu devient de plus intéressant. Icabod devient moins ennuyeux et enfin il te propose un peu d'action. La bête en lui se réveillerait-elle ? « Là, tu commences à m'intéresser. » Il aimerait te défier et pouvoir évaluer tes capacités mais juste entre quatre yeux. Te retrouver seule avec lui n'est pas l'idée qui t'anime le plus, toujours sur tes gardes. Car après tout, tu ne le connais pas et qui sait ? C'est peut-être un taré doublé d'un psychopathe qui pourrait vouloir t'étrangler pour abattre toutes les cartes et le faire monter à la première place du podium. Eliminer la rivalité, ton père t'en avais déjà parlé de ce principe mais évidemment, ce sujet est bien loin de ton imagination débordante. Seulement, tu ne peux pas refuser une telle occasion. Surtout lorsqu'il avoue vouloir t'offrir un restaurant s'il gagne. Par contre, si tu gagnes, tu va pouvoir en faire ce que tu veux. A tous les coups, tu part gagnante d'avance. « J'éviterai ce genre te propos, Bates. » C'est très dangereux ce qu'il imagine s'il perd. « Tu pourrais t'aventurer sur un chemin glissant. » Il sait pas à quel point tu es capable du pire. Tu es une sacrée joueuse, Rhea. Il te tend à nouveau sa main, à croire qu'il recherche ton contact. Tu la lui prends en réponse à nouveau, également. Un léger choc électrique te parcours qui t'envoie le reflexe de tout de suite retirer ta main de la sienne. Tu reprends tes distances. Oui vous avez un accord et même si tout en toi te dis de ne pas t'y rendre, tu le feras. « J'y serais, sois en sûr. » Lui réponds-tu sur un ton défiant. Ichabod t'intrigue vraiment et tu as envie d'en savoir plus sur lui. Comme ce courant électrique qui a parcouru tout ton corps alors que tu ne faisais que lui serrer la main pour seller votre accord. Ce courant qui a eu l'effet d'un calmant en une fraction de seconde, te donnant l'impression de perdre confiance en toi. Tu passes le bout de ta langue sur la lèvre inférieure avant de la mordiller un tant soit peu. Tu fais toujours ça quand tu es contrariée. Ton frère ta souvent dit que cela te donnait un air de gamine mais après tout, c'est ce que tu es encore, non ? Bien que tes choix prouvent le contraire, tu n'as que seize ans et tu ne connais pas encore ce genre de réaction face à ce genre de situation. Que voulait dire ce courant électrique ? Tu n'en sais strictement rien. Ni même pourquoi tu as accepté ce défit alors que tout l'univers autour de toi de toi te pousse à l'éviter mais tu n'en fais qu'à ta tête et tu fais bien trop souvent le contraire de ce que l'on attend de toi. C'est ton côté un peu rebelle dans l'âme. Seulement, il t'attire alors que tu sais pertinemment que tu devrais l'éviter. Tu souffles. Trop questions en un seul moment. Tu finis par manger à nouveau, acceptant doucement sa présence comme un animal sauvage qu'on apprivoise mais tout en gardant tes distances de sécurité. Apprivoiser ne veut pas dire dompter et te plonge à nouveau dans le silence et dans tes pensées. |
| | | | (#)Ven 25 Sep 2020 - 20:24 | |
| Elle s’ose à des questions que personne n’aurait jamais proféré à haute et intelligible voix et cela m’amuse bien plus que je ne m’en offusque. Personne d’autre n’aurait osé pointer du bout du doigt ce qui pourrait mal aller dans ma vie ou chez moi, parce qu’ils savent à quel point je ne cesse de soigneusement éviter ce sujet. Avec Rhea justement c’est comme si tout était à écrire et cela me plait et me conforte énormément. « Le pauvre petit chaton en baverait à la maison ? A tel point qu'il ait besoin de la RAN pour s'en y échapper ? » Mon rire s’ensuit immédiatement, franc et sonore. Je n’ai pas le droit à ce genre de réactions à la maison alors je m’en donne à coeur joie ici. “Plus l’histoire est larmoyante et plus je gagne des points, c’est bien ça le jeu ?” J’esquive, je relance, je joue. Je ne répondrai pas à ses questions, c’est certain, mais je peux au moins tenter de lui faire comprendre à quel point elle se tient bien loin de la vérité. Je souhaite aussi qu’elle comprenne qu’aussi peu subtile mon approche a été, n’en reste pas moins que je garde cette envie profonde d’en apprendre plus sur elle.
Je propose un trek comme d’autres proposeraient une sortie au cinéma ou peu importe où. Dans notre monde à nous, pourtant, on comprend de tels élans. On comprend tous les deux tout ce que cela signifie, toutes les conséquences que cela peut aussi avoir sur nos vies. Le gagnant aura décroché tous les prix du monde, plus ou moins. Si je gagne, c’est une soirée avec elle qui vient avec puisqu’elle n’a pas refusé à aucune moment. Je n’ai eu le droit qu’à quelques « J'éviterai ce genre te propos, Bates. » suivis de « Tu pourrais t'aventurer sur un chemin glissant. » qui pourraient sans doute effrayer les moins téméraires d’entre nous. Cela ne reste cependant bien sur pas mon cas, puisque j’ai déjà été témoin de bien pires menaces que les siennes, prononcées par un si joli minois devant un plateau repas qui ne paye pas de mine. Les scènes de ma mémoire comportent plus d’armes et de sang ce qui, bizarrement, change toute la donne. “Je vais prier pour que cela n’arrive pas.” Je rétorque finalement en me raccrochant au fond de ma chaise après avoir simplement haussé les épaules. Pour elle, cela lui coûte sûrement beaucoup que de dire de telles choses. Pour moi, ce n’est qu’une version édulcorée de mon quotidien.
La poignée de main scelle notre pacte alors que je garde un sourire au coin des lèvres, assuré de mes capacités physiques tout autant que je ne doute pas un seul instant des siennes. « J'y serais, sois en sûr. » Mon sourire s’agrandit une ultime fois, promesse muette que j’arrête donc de lui chercher des ennuis pour le moment au moins. “Je compte sur toi.” Et je ne doute pas un seul instant. |
| | | | | | | | sitting in the morning sun (rhea #2) |
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