Je roule des yeux -comme bien trop souvent- lorsqu'Ivy prend la parole en me disant d'arrêter de poser trop questions car elle est trop fatigué. Je retiens une remarque moqueuse et décide de simplement la fixer jusqu'à ce qu'elle me donne les réponses. Mais il n'en est rien, elle reste stoïque et bien décidé à ne rien révéler. Soupirant, je décide donc d'aller prendre une douche mais c'est sans compter sur la jeune femme qui est plus rapide. Histoire d'économiser du temps et de l'eau, nous allons donc prendre une douche ensemble.

A peine sommes nous sortie de la salle de bain, que l'on sonne à la porte de notre chambre. Quel n'est pas mon étonnement lorsque je vois qu'il s'agit là du coiffeur ! Me prenant une chemise, Ivy s'installe sur une chaise et moi je l'observe s'en prendre à plusieurs reprises aux professionnels. Chez moi c'est bien plus rapide. Ils ont tenté pendant quelques minutes à dompter mes cheveux et je me retrouve donc avec une tonne de gel et de lac dans mes bouclettes afin que celles-ci tiennent en place. Je déteste ça, cette impression de lourdeur, comme si j'avais du carton sur la tête. Mais peu importe.

Peu après les coiffeurs soient parti, Ivy attrape un paquet duquel elle sort deux ...masques ! Ma surprise se lit sur son visage, alors que je secoue négativement la tête à sa question  «Non, jamais ... » soufflais-je en attrapant mon masque, l'observant sous toute ses coutures  «Il est joli mais ...il doit représenter quoi exactement ? » demandais-je, alors que ma main gauche vient se passer sur mes cheveux avant que je ne soupire vivement  «Bon, fuck it » m'insurgeais-je  « Je vais me laver les cheveux pour enlever toute cette merde qu'ils ont foutu dessus» et sans un mot de plus je retourne dans la salle de bain pour me faire un shampoing, retirant tous les produits non naturel qui ne rendent pas justices à mes cheveux.

 «Voilà qui est » déclarais-je en ressortant dans le salon après avoir utiliser le sèche cheveux de la jeune femme  «Faut y être à quelle heure ? » demandais-je en reportant mon attention sur la jeune femme alors que j'attrape à nouveau mon masque que j'enfile en allant me regarder dans la glace  «Au bal au bal masqué ohé ohé. Elle danse elle danse elle danse au bal masqué. lle ne peut pas s'arrêter ohé ohé de danser danser danser danser  » que je me met à chanter en français avant d'éclater de rire à ma propre connerie.

J’ai hâte de cette soirée, je veux me balader masquée dans une soirée plus luxueuse que Martin ne peut l’imaginer. Personne ne saura qui on est, on pourra réagir comme on veut, faire ce qu’on veut à deux. Je regarde mon masque, il est en dentelle rouge et cache une partie de mon visage, personne ne pourra me reconnaître. Martin a un masque noir, on ne voit que ses yeux, sa bouche, et une partie de son nez. On va passer une bonne soirée, ça fait une éternité que je n’ai pas fait un bal masqué, on va s’amuser. “Un masque noir qui fait que personne va te reconnaître, et moi non plus.” Peut-être qu’il va comprendre ce que je veux dire, qu’il va comprendre que ce soir il n’y a pas de règle de distance à tenir. “On peut donner n’importe quelle identité !” Et ça me fait sourire, j’ai une fausse identité depuis qu’on est arrivé à Melbourne.

Il court se laver les cheveux, moi aussi je préfère ses cheveux au naturel alors je ne dis rien quand il s’éloigne. Je me rapproche de lui et replace une bonne partie de ses cheveux. Je les fais passer d’un côté, puis de l’autre, bien trop concentrée. Je ne veux pas qu’il ait un épis ou une coiffure affreuse à côté de la mienne. “Dans 5 minutes.” Et on est en retard, mais je suis toujours en retard. L’élite n’arrive jamais à l’heure. Je prépare mes affaires, un sac qui va parfaitement avec ma robe. Mes cheveux sont remontés en queue de cheval et mon masque est posé sur mon visage. “On est en retard.” Je pouffe de rire en ouvrant la porte, si le coiffeur n’avait pas fait 1000 erreurs on aurait pu partir en avance. Mais Martin se met à chanter et j’ouvre de grands yeux étonnés. “Y’a des chansons françaises qui sont bien mieux.” Est ce qu’il sait ce qu’il est en train de raconter ? Je lève les yeux au ciel mais ne peut pas retenir un sourire.

On entre dans la voiture et je donne l’adresse au chauffeur. “T’es prêt ? C’est comme un gala, sauf que t’as pas d’interdictions ce soir.” Parce qu’ils sont loin de Brisbane, et qu’on ne voit pas leur visage.

Je fermes yeux, un délicieux sourire sur les lèvres, alors que j'apprécie grandement le fait que ma partenaire de soirée trifouille mes cheveux. Si ça ne concernait que moi, elle pourrait le faire toute la soirée. On pourrait même ne pas aller au bal masqué et rester ici. Ce n'est pas moi qui dirait non à passer tout une soirée allongé sur les genoux d'Ivy pendant que celle arrange mes cheveux comme bon lui semble. Malheureusement, elle fini par se reculer après avoir remit une dernière mèche en place et me dit qu'on devrait être à la fête dans cinq minutes. J'écarquille un instant les yeux avant de soupirer en me rappelant qu'elle aime bien faire une entrée digne de ce nom et secoue doucement la tête en attrapant mon masque.

Face au miroir j'entonne une chanson populaire française et Ivy me dit qu'il y a bien meilleure chanson que ça  « Mais y en a des pire aussi» assurais-je en la suivant hors de la chambre  «elle est fun celle-là, elle met de l'ambiance au moins dans les fêtes  » j'hausse les épaules  «pas forcément les fêtes dans lesquelles tu vas toi, mais peu importe, elle est cool et tu ne changeras pas mon avi » reprenais-je alors que nous entrons dans l'ascenseur.  « »[Mais du coup, qui dit masque dit anonyma » souriais-je, malciieux  «Qui dit anonymat dit qu'on n'a pas de restriction et que je pourrais faire ça ... » je l'attrape par les hanches et la plaque doucement contre la parois de l'ascenseur pour l'embrasser  « Quand je veux ?» que je souffles sur ses lèvres, sourire amusé sur le visage.

Lorsque nous sortons, nous nous dirigeons vers la voiture qui nous attends et c'est avec un large sourire que accueil les paroles d'Ivy  «ça me convient totalement » assurais-je en m'installant à ses côtés.  «ça va être super cool ! » et j'en persuadé à 100%.

Je suis prête, et lui aussi. Je replace ses cheveux avant de sortir et il chante une chanson affreuse. Il essaie de me convaincre que la musique n’est pas si mal que ça mais tout ce qu’il gagne c’est que je fronce encore plus les sourcils. Je n’essaie pas de changer son avis, mais je me rends compte que ses goûts musicaux sont vraiment discutables. Je tente de me sortir cette musique de la tête mais elle ne fait que se répéter. “Non y’a pas ça dans mes fêtes.” Et j’en suis bien heureuse. Je secoue la tête. Il pose son masque sur son visage et je fais de même avec le mien alors qu’on rejoint l’ascenseur. Je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit que les mains de Martin traînent sur mes hanches et son sourire amusé s’agrandit. Mes bras remontent s’enrouler autour de son cou. “Je suis madame Murphy ce week end non ?” Et ça me fait rire. Je n’ai jamais eu comme projet d’être madame qui que ce soit et ça n’est pas prêt d’arriver. Mais je voulais l’anonymat ce week-end, je voulais profiter du fait que personne ne puisse me reconnaître donc je continue dans l’idée de ne pas donner mon vrai nom de famille.

On entre dans la voiture et le conducteur démarre rapidement. Le soleil est déjà couché et on est en retard. Tout est parfait. Je sors notre carton d’invitation, anonyme là aussi. On va passer une bonne soirée. “On ne peut pas entrer sans ça.” Je secoue le petit papier avant de regarder par la fenêtre. Les rues sont remplies de corps des jeunes qui ont décidé de sortir. “J’espère.” Et les lumières défilent jusqu’à ce qu’on arrive devant une salle splendide au beau milieu de verdure. C’est le cliché des soirées de riches. Ici, il y a sûrement de grandes personnalités, et personne ne cherchera à reconnaître personne. La voiture nous dépose devant l’entrée, pas de photographes, seulement des personnes aussi chics que nous et masquées. C’est parfait. Je sors et m’accroche au bras de Martin qui se tient debout à côté de moi. “On ne donne pas de noms, on est juste là pour s’amuser ce soir.” Mon sourire s’agrandit et je tends l’invitation au vigile de l’entrée. Que la fête commence.

Je souffle doucement et frissonne même un peu lorsque, sous un baiser, Ivy me rappelle qu’elle est “Mme Murphy” ce week-end. J’avoue que ça ne me laisse pas forcément très indifférent, non pas que je souhaite me marier à nouveau mais juste le fait de me dire qu’Ivy pourrait être officiellement ma copine me rend bien plus heureux que je ne l’aurais imaginer. Mais, la connaissant, elle et son esprit farouche et libre, je me retiendrai de tout commentaire allant dans ce sens et lui adresse un simple sourire malicieux “Avoue que ça te plait, d’être Ivy Murphy pour le week-end” que je répond avec un clin d’oeil “T’inquiète, la prochaine fois que je me dévoue pour être Mr Waterhouse” et je laisse échapper un rire alors que la voiture part en direction de la sortie de la ville.

Une fois arrivé à l’endroit où se déroulera la fête. Carton d’invitation en main, je remercie le chauffeur et sors de la voiture, rejoignant mon amie de l’autre côté “Mme Murphy, si vous permettez” dis-je, solennellement en lui tendant mon bras pour qu’elle s’y accroche. Ensemble, nous nous avançons donc vers l’entrée et j’hoche la tête alors que j’ajuste mon masque sur mon nez “pas de noms, l’anonymat ultime et du fun” reprenais-je “Yep, je pense que c’est vraiment la définition d’une bonne soirée”

J’adresse un sourire au videur lorsqu’il nous laisse passer puis attrape deux coupes de champagne qu’un serveur nous tend. “Je te préviens ma chérie, je ne sais pas danser” avouais-je finalement en prenant une gorgé de ma boisson “J’adore danser, mais tu préfères ne pas être près de moi à ce moment là” je laisse échapper un rire et secoue doucement la tête “Heureusement que c’est anonyme ici, si je blesse quelqu’un on saura pas que c’est moi”

Je m’amuse, je sens son sourire sur ma peau quand je dis être madame Murphy pour le week-end. Je pense que je ne changerai mon nom de famille pour rien au monde. Il est bien trop important, il représente trop de pouvoir et je ne suis pas prête à abandonner ce qu’il représente. Je ne le pourrai sûrement jamais. Même si je ne vois plus mon père, que je n’en ai plus de nouvelles, je sais que me faire appeler madame Waterhouse me permet d’avoir encore ce que je veux sans dépenser un centime. Des centimes qui commencent à être de plus en plus importants dans mon compte en banque. “Peut-être un peu. Seulement pour le week-end.” Ca peut être plaisant d’être anonyme le temps d’un week-end. C’est ce qu’il est en train de se passer, personne ne me connait ici, et je fais en sorte que ça continue comme ça. “C’est toi qui sera gagnant !” Et je hoche la tête. Il pourrait avoir bien plus de privilèges s’il était monsieur Waterhouse. Mais si mon père apprenait ça, je ne donne pas cher de sa peau.

Nous arrivons sur le lieu du bal et mon sourire illumine mon visage, j’attrape le bras de Martin en secouant la tête. Ca a l’air de lui plaire l’idée que je puisse être madame Murphy. “J’ai toujours de bonnes idées pour faire de supers soirées.” Je hoche la tête, et on avance pour découvrir la salle gigantesque et magnifiquement décorée. Ce genre de soirée m’avait manqué, et je profite de toute cette ambiance.

Je prends la coupe de champagne que Martin me tend et mes yeux quittent difficilement la piste de danse. “Tu me déçois.” Je fronce le nez, qui n’a pas appris à danser dès son plus jeune âge ? J’ai eu le droit aux meilleures écoles et aux meilleurs professeurs. J’ai été danseuse pendant des années avant d’abandonner, ça demandait bien trop de travail. “Donc je dois comprendre que si je veux me lancer dans un tango ou dans une valse tu ne m’accompagneras pas ?” Je fais la moue quelques secondes même si je sais que je trouverai facilement une personne avec qui danser. “Compte sur moi pour balancer ton identité si tu es vraiment trop mauvais danseur !” Je hoche les épaules, et finis ma coupe en seulement quelques gorgées.

Je laisse échapper un rire lorsqu’Ivy précise qu’elle n’accepte de porter mon nom de famille seulement pour ce week-end “Je n’en attendais pas moins venant de toi, tu sais” que je souffle doucement en passant une main sur ses omoplates avant de lui voler un dernier baiser et d’entrer dans la voiture. Je me suis marié une fois et même si j’ai adoré cette année passée aux côté d’Eirean, je me suis rendu compte que finalement ce n’était pas une vie qui m’était destiné. Certes, les liens du mariage peuvent être rompus et on n’est pas obligé de vivre avec une seule personne toute sa vie, mais rien que de se dire qu’on donne son accord pour aimer et chérir une seule personne rend la chose tout de suite plus stressante et oppressante. Alors, même si j’avoue que je ne dirais pas non au fait de commencer une relation avec quelqu’un, pour le moment je me sens parfaitement bien tel que je suis;
Arrivé à l’endroit où se déroule le bal, nous nous dirigeons, bras par dessous bras, vers l’entrée où nous sommes accueillis par un serveur qui nous offre des coupes de champagne. C’est là, alors que je sirote joyeusement ma boisson, que j’avoue à Ivy que je ne sais pas danser. Et elle, tout ce qu’elle comprend que c’est que je n’accepte pas de la suivre si elle me propose un valse. “Evidemment que j’accepte” je ne compte pas la laisser s’amuser seule, ça c’est claire “Je te préviens juste que tu vas devoir guider la chose et ...” je baisse mon regard “J’esprère que tu ne tiens pas trop à tes chaussures” je rigole à nouveau puis roule des yeux au regard de la jeune femme “oh ça va, je rigole” que je souffle avant de finir, moi aussi, ma coupe de champagne “Je sais me contrôler” j’hausse les épaules en posant mon verre sur le plateau tenu par le serveur à côté duquel nous nous trouvons “Loan m’a appris les bases de la valse. Mais genre vraiment les bases, style les premiers pas” je fronce légèrement les sourcils “Je pense que ça devrait me revenir assez rapidement une fois qu’on sera sur la piste de danse ”
Nous nous avançons vers la grande salle où se trouvent tous les gens, masqués et grimés, non reconnaissable.

La salle est magnifiquement décorée. J'adore cet endroit, et je me dis que je pourrais revenir plus souvent dans cette ville que je ne connaissais que très peu. Ce genre de fête a lieu régulièrement, a chaque fois dans des villes différentes. Cette fois, j'ai tout organisé pour qu'on soit au bon endroit au bon moment. Et, pour une fois, on peut faire ce qu'on veut, comme on veut, sans réfléchir ni à la proximité ni à nos actes. Personne ne va me reconnaître ce soir, et je dois avouer que c'est plutôt plaisant. Il accepte de m'accompagner danser et je souris un peu. Il n'est pas doué d'après ce qu'il dit, et moi je compte bien le faire danser pour voir s'il a raison ou non. Je glisse mon bras sous le sien après avoir avalé mon verre de champagne bien trop vite pour le commun des mortels.

Il dit que je ne dois pas beaucoup tenir à ces chaussures et je le regarde, ahuri. Bien sûr que je tiens à ces chaussures et qu'il n'a plutot pas intérêt à me les abîmer. "T'as pas appris toutes les danses de salon pour choper toutes les filles que tu croisais quand tu faisais le tour du monde en stop ?" Mon sourcil se hausse. Beaucoup d'hommes ne s'intéressent à la danse que pour l'intérêt qu'y portent les femmes. "Si tu abimes mes chaussures tu risques de dormir dehors ce soir." J'ai glissé ça en me penchant contre son oreille avant de l'emmener vers la piste de danse. "Peut-être que Loan aura sauver ta vie ce soir alors." La musique commence, et il a de la chance, c'est vraiment une valse pour commencer la soirée.

Je place mes bras autour de lui et le regarde dans les yeux. "Tu peux gérer la valse mais est ce qu'il t'a appris le tango ?" C'est bien plus difficile, et le genre de danse qu'il y a pendant ce genre de soirées. Il pourra apprendre en me regardant faire.

J’avoue être très agréable surpris par la beauté de cet endroit. La décoration est de goût, ni trop, ni pas assez, festive comme elle se doit de l’être. Bref, je suis conquis et sous le charme. Cette fête semble bien différente des gala auxquels j’ai pu accompagnée Ivy à Brisbane, d’autant plus que nous avons ce gros avantage qu’est l'anonymat: ici, caché sous un masque, personne ne nous reconnaîtra. Personne ne pourra traîner le nom d’Ivy dans la boue et moi je ne serais pas affublé à un quelconque nom.Avant de pénétrer dans la grande salle où le monde est entassé, nous finissons une coupe de champagne chacun pendant que nous parlons de danses diverses et variées. J’avoue, ainsi à mon amie que je ne gère absolument aucune danse, si ce n’est les bases de la valse.

Et Ivy de rétorquer, étonnée que je n’ai pas appris toutes les danses du monde pour choper les filles que je croisais lors de mon tour du monde “T’inquiète, il y a une danse universelle à laquelle je ne suis pas franchement mauvais” répondais-je avec malice “la danse de chambre” je susurre à l’oreille de ma cavalière du soir avant de déposer un baiser au coin de ses lèvres et la suivre vers la piste de danse, rigolant lorsqu’elle me dit que Loan a peut-être sauvé ma vie aujourd’hui. Loan, si tu m’entends, je t’en pris, aide moi et sauve moi de cette horreur !
Souriant, je suis la jeune femme qui se fraye un chemin à travers les gens avant de se tourner vers moi et me fixer en me demandant si je gère le tango “J’ai pris des cours à Buenos Aires” avouais-je “Mais c’était que quelques jours et c’était en 2011 et y a pas mal de choses qui se sont passé entre temps ” la sclérose en plâque entre autre, qui ne me gêne plus dans mon quotidien mais qui se fait ressentir sous forme de mouvements peu coordonées lors d’activités physiques différentes de ce dont j’ai l’habitude “Mais hey, tu me connais, je ne recule jamais devant un défis, peu importe sa taille !” que j’assure en me redressant “challenge accepted”

"Qui dit que tu reussis celle là plus qu'une autre ?" Mon ton est joueur et mon regard suit. Je hoche une epaules et on est bien plus proche à cet instant pendant quelques minutes que ce qu'on a le droit de faire en temps normal pendant nos fêtes. "Et donc tu t'as bien chopé tout ce que t'as trouvé sur ta route pendant ton tour du monde." Bien sûr que je suis à la recherche d'informations, c'est toujours intéressant à savoir. Et j'apprécie le taquiner, exactement comme lui. On se cherche, on s’amuse, et ca me va très bien jusque là. Peut-être que ce n'est qu'éphémère, qu'on finira par ne plus nous voir, mais pour le moment on est tous les deux heureux de passer du temps en compagnie de l'autre donc autant en profiter tant qu'on est sur la même longueur d'onde.

Je parle de differentes danses, et Martin n'a pas l'air de se douter du fait que je vais changer de partenaire au cours de la soiree. J'ai besoin de trouver quelqu'un qui sait danser, pour exposer mes talents au monde sans que personne ne puisse dire qui je suis. "T'aurais dû devenir un professionnel !" Je hoche la tête, les cours à Buenos Aires sont réputés pour être les meilleurs. Mais peut-être qu'il n'a pas été très attentif aux leçons le jeune homme. On ne parlera pas de sa maladie ni des problèmes que ca a causé, je sais qu'il ne veut pas qu'on le prenne en pitié et donc je ne le ferai pas une seule seconde. "Tu trouves déjà des excuses alors qu'on en est qu'à la valse ?" Je secoue la tête et fais les premiers pas en faisant attention a ce qu'il ne marche pas sur mes chaussures neuves que je ne mettrai certainement qu'une seule fois dans ma vie. "Tu vas plus sentir tes pieds à la fin de la soirée." Parce que ce qu'il ne sait pas encore c'est que moi je pourrais danser pendant des heures sans m'arrêter. "Oh et petit détail" je me penche un peu vers lui entre deux pas de danse. "Tu sais que au tango y'a des danses où le but c'est de changer de partenaire ?" Je m'amuse, je me demande comment il peut réagir a ce genre de situation, et je me demande aussi comment moi je peux réagir.

Je hausse innocemment les épaules lorsqu’Ivy me demande avec malice qui dit que je gère bien la ‘danse de chambre’. “Personne ne s’en est plaint jusqu’à présent ” rétorquais-je sur un ton tout aussi malicieux, sourire de chat sur les lèvres. Un clin d'œil plus tard, j’hoche la tête à l’affirmation de ma cavalière de la soirée “C’est pas le but d’un tour du monde, ça? Chopper toutes les filles et tous les hommes au quatre coins du monde?” Avec Ivy nous n’avons jamais parler de nos penchants respectifs. S’il est sûr que les filles m’attirent, il est aussi certain que les hommes peuvent m’exciter. Je n’ai jamais caché ma pansexualité. Mais en vrai, ce qui intéresse Ivy c’est bel et bien le fait qu’elle ne me laisse pas indifférent. Peu importe si j’ai déjà fait l’amour à des hommes ou des transgenre par le passé. Mais soit, ce qui est important aujourd’hui c’est le fait que nous sommes ensemble et que nous ne sommes pas obligés de nous cacher aux yeux du monde. Masqués tel que nous sommes, nous pouvons facilement réussir à nous fondre dans la masse.

Tout en nous avançons dans la salle, j’avoue à Ivy que j’ai prit quelques cours de tango à Buenos Aires mais que je ne connais que les bases. “Ouais et toi tu aurais dû devenir moins chiante après la course” rétorquais-je du tac au tac, haussant les épaules. J'ai décidé d’ignorer la suite et me concentre sur le fait de me mettre en place sur la piste de danse. Plongeant mon regard dans celui de la jeune femme, je lui adresse un sourire emplie de malice alors qu’elle me dit que je ne vais plus sentir mes pieds à la fin de la soirée “Je suis résistant, j’ai de l’andurance, t’inquiète pas pour moi” soufflais-je, me penche pour l’embrasser et puis passe une main sur sa hanche pour l’attirer contre moi, attrapant sa main dans la mienne. J'attends quelques instants pour me caler sur le rythme avant de commencer à danser.

Ce qui commence par quelques pas incertains et peu assurés, se transforme rapidement en une danse rythmée et incroyablement revitalisante. Intérieurement, je remercie mon frère qui m’a obligé à l’époque de prendre quelques cours ainsi que ma mémoire de se rappeler des différents pas. Mais voilà qu’arrive le tango et je merde bien trop rapidement. D’ailleurs, lorsqu’il s’agit de changer de partenaire, Ivy est très vite reprise ce qui me fait bien plus chier que ce que j’imaginais. J’ai beau essayé de me concentrer sur les autres filles qui jettent leur dévolu sur moi, mon regard est inexorablement attiré par Ivy et j'essaie de ne pas la quitter des yeux. Alors, lorsque je la vois prendre son pied avec un homme bien trop sexy et bien trop entreprenant à mon sens, décide, à la fin de la chanson, de la récupérer. Lâchant ma partenaire qui, déstabilisée par mon brusque départ, trébuche et ne se rattrape qu’au dernier moment, je me dirige vers Ivy. Arrivé devant elle lorsque commence le slow, je pose mon regard sur l’inconnu “Vous permettez que je récupère ma partenaire” ce n’est pas une question et j’insiste fortement sur le pronom possessif, ne laissant le choix ni à Ivy ni au connard et attrape la jeune femme par les hanches pour l’attirer tout de même avec tendresse contre moi. “Il à l’air de bien se débrouiller en danse cet homme” que je souffles, ne cachant aucunement ma jalousie du moment.

Je ne pense qu’à aller sur la piste de danse, ça fait une éternité que je n’ai pas pratiqué la danse de salon. Je regarde les quelques personnes qui nous entourent et qui dansent déjà, aucun grand danseurs mais certains se débrouillent mieux que d’autres. Martin a l’air ravi d’être là. Je me demande s’il est heureux parce que cet endroit est sublime ou s’il est heureux de pouvoir s’approcher de moi et m’embrasser sans y réfléchir. C’est exceptionnel, c’est une soirée parce qu’on est loin de tout et que je n’ai pas besoin de faire attention à qui pourrait me reconnaître ou me prendre en photo.

“Ouais et toi tu aurais dû devenir moins chiante après la course” Je le regarde, faussement outrée. “J’étais pas au top de ma forme à ce moment là. Je peux être bien plus chiante que sur la course.” Je peux le faire exprès juste pour lui prouver que ce que je dis est vrai. Je le préviens que je vais passer ma soirée à danser, et que je risque d’essayer de trouver des partenaires à mon niveau. Ca m’amuse de voir à quel point il est prêt à ne pas me lâcher de la soirée. Il n’aurait pas dû me montrer un truc pareil, parce qu’il peut être sûr qu’à partir de maintenant je vais m’amuser à le rendre jaloux dès que j’en aurais l’occasion.

On commence à danser, mes pas sont assurés dès le début et je prends le temps d’expliquer deux ou trois choses à Martin. Puis la valse se passe bien, il a l’air de trouver ses marques et on tourbillonne au milieu de la salle entourés d’autres couples. La musique change, le tango commence et je souris. C’est une de mes danse préférée et je compte bien m’amuser autant que je le peux. On échange de partenaire et je tombe sur un homme qui danse très bien. Je suis dans mon rôle, et je sais déjà que tous les regards seront braqués sur moi puisque cet homme est capable de me suivre. Je ne vois pas le temps passer, et je sors de ma bulle quand j’entends Martin dans mon dos et que je sens sa main se poser dans mon dos. “Vous permettez que je récupère ma partenaire” Il est possessif et jaloux et ça continue de m’amuser. Je fais un signe de la main à l’homme qui m’accompagnait jusque là avant de me concentrer à nous sur Martin. “Sérieusement ?” Je lève les yeux au ciel. “Il à l’air de bien se débrouiller en danse cet homme” “Oui très bien, j’espère que j’arriverai à le retrouver pour le prochain tango.” Bien sûr que je continue de le taquiner. “Pourquoi elle se débrouillait pas aussi bien que moi ta partenaire ?” On reste sur la piste de danse et je passe mes bras autour du cou de Martin, le slow est bien plus facile à danser que le reste. “T’es jaloux hein ?” Et mon sourire s’agrandit encore une fois.

La jalousie n’est pas un état d’esprit ou une émotion qui m’est familière. En vrai, je n’ai jamais ressenti de la jalousie pour qui que ce soit. Sans doute est-ce dans mon caractère de celui qui aime laisser la liberté aux autres, quelqu’un qui ne supporte pas qu’on l’enferme dans une cage et, du coup, qui n’aime pas faire cela aux gens qui lui sont proches. De toute manière nous n’avons rien officialisé, Ivy et moi. Elle est une femme libre de ses choix et de ses désirs. Elle fait bien ce qu’elle veut et n’a absolument rien à me prouver ni de comptes à me rendre.

Et pourtant …. Voilà, que je suis là, planté devant elle et le partenaire qu’elle a choisi lors du changement de chanson, demandant à ce charmant jeune homme de récupérer ma partenaire. La mienne, celle qui est arrivée ici avec moi et celle qui repartira avec moi. Celle que je ne souhaite pas partager ce soir, car c’est notre soirée, la nôtre, celle où tout est permis et où nous ne devons en aucun cas nous cacher. Maintenant que j’y pense, je crois avoir déjà ressenti cette émotion il y a quelques semaines lorsque j’ai vu Ivy se rapprocher de Jack, mais ce n’était pas grave. Aujourd’hui, malheureusement, je ne peux nier ce sentiment qui est né rapidement dans mes entrailles. Je ne veux pas jouer à celui que cela n’affecte pas. Et pourtant je me dois de trouver une solution pour pas que mon coeur dépasse ma raison et que mon emprise sur Ivy fasse soit trop possessive.

Je pince les lèvres lorsque Ivy s’amuse clairement de ce que je ressens, jouant avec cette jalousie qui n’a pas lieu d’être “Si je répond ‘oui’, ça change quelque chose pour toi?” demandais-je alors que nous commençons à bouger sur le doux rythme du slow “J’aimerais vraiment profiter de cette soirée et la passer avec toi et rien qu’avec toi. ” expliquais-je “Rien qu’aujourd’hui, rien que ce week-end où nous sommes Mr et Mme Murphy. Dès notre retour à Brisbane tout cela sera oublié et tu seras à nouveau Ivy Waterhouse, la peste de la haute société” rayais-je avec humour avant de me pencher en avant et embrasser ses lèvres puis descendre lentement dans son cou, mes mains se posant sur son dos pour l’attirer davantage contre moi, me collant, à mon tour, contre elle afin que nous ne faisions plus qu’un.
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J’aurais pu danser de cette manière pendant des heures. Je n’ai pas fait attention à qui était mon partenaire. J’ai profité de la musique et du moment, ça faisait des années que je n’avais pas fait ça. Finalement, je devrais répondre plus souvent aux invitations de bals masqués. Personne ne sait qui je suis, et, je dois avouer, que de temps en temps ça peut être sympa. Alors ce soir je profite, et lorsque la musique du tango s'arrête, mon regard croise celui de Martin qui s’est rapproché de moi bien plus vite que je n’aurais pu l’imaginer.

Il envoie balader mon partenaire et je ris légèrement en me laissant emporter. Son bras se retrouve dans mon dos et on part un peu plus loin pour profiter du slow. Je laisse mes bras s’enrouler autour de son cou et mes doigts glisser dans ses cheveux. “Qu’est ce que tu voudrais que ça change ?” Je fronce les sourcils, pas sûre de bien comprendre ce qu’il est en train de me dire. Il est jaloux, et je ne l'empêcherait pas de l’être, bien au contraire. Je me recule légèrement pour le regarder dans les yeux, il veut me garder pour lui, mais il apprendra avec le temps que je n’appartiens à personne, et que j’aurai toujours besoin de ma liberté. “On est au milieu d’une salle remplie de gens.” Je le prends au mot et le taquine, mais je pouffe de rire pour ne pas avoir l’air trop sérieuse. Je grimace légèrement quand il prononce Mme Murphy, ça me fait rire et ça a l’air de lui tenir à cœur que ça reste un jeu pour le week-end. “Je préfère la peste de la haute société.” Je hoche la tête et le laisse m’embrasser et penche légèrement ma tête pour lui laisser plus de place pour parcourir mon cou avec ses lèvres. “Ca veut dire que tu me gardes là pour la soirée et que je vais plus pouvoir danser ?” Je lève les yeux au ciel, il sait que si je finis par vouloir danser je le ferai. Mais pour le moment, je suis bien où je suis.


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Je ne veux pas me montrer possessif, je ne veux pas qu’Ivy se sente objectivée, qu’elle pense que je la prend pour une chose qui m’appartient et qu’elle n’a pas son mot à dire. Et pourtant, me voilà à la prendre contre moi, à réaffirmer mon emprise sur elle et à lui demander de rester auprès de moi. J’ajoute toutefois, histoire de temporiser un peu, qu’une fois de retour à Brisbane, nous irons de nouveau sur des chemins différents, que nous aurons notre liberté que nous aimons tant tous les deux. Jamais, oh non jamais je ne l’obligerais à s’engager dans une relation qui la rend malheureuse car je la connais, Ivy, je sais combien elle aime jouer de sa notoriété et combien elle est obligée d’être le centre du monde. Je sais aussi, dans le fond, que ce n’est pas quelque chose que je cautionne, mais la raison l’emportera sur le cœur.

“Que tu comprennes que je tiens à toi et que je te veux pour moi aujourd’hui” soufflais-je lorsque Ivy me demande ce que j’aimerais que ma jalousie change en elle. Je lui fais comprendre que ce ne sera pas pour toujours mais que je tiens fortement à ce week-end qui nous appartient à nous et non aux autres. Alors, comme pour appuyer mes propos, je l’embrasse sur les lèvres puis dans le cou tout en resserrant mon étreinte sur elle, me collant à elle, ma main droit glissant le long de la chute de rein “ça veut dire que je te veux, peu importe où, peu importe quand et que j’ai envie que tu danse avec moi” et ce sont de sacrés sous entendu que je fais là. Ivy comprendra ce qu’elle voudra.

Je me laisse entraîner dans ses bras et je souris en le voyant jaloux. Ca montre son intérêt, et, pour le moment, je préfère ne voir que ça. Je ne veux pas poser de question qui irait trop loin, une qui nous obligerait à avoir une conversation que je ne veux pas avoir. Je ne veux pas savoir pourquoi il est jaloux, et pourquoi ça a l’air d’autant lui plaire qu’on ne soit que tous les deux et que je m’appelle Mme Murphy seulement pour 48 heures. Je veux juste qu’on s’amuse et qu’on profite. Je peux faire tout ce que je veux, sans me soucier de mes connaissances ou des appareils photos qui peuvent nous entourer.

J’écoute la musique et on bouge ensemble. Il me rapproche de lui et je le laisse faire même si on est éloignés de la piste de danse. Ses lèvres prennent possession des miennes avant de glisser dans mon cou à de nombreuses reprises. Je laisse glisser mes doigts dans ses cheveux et mon bassin se balance en rythme. Je ne sais pas combien de temps on va reste là, mais j’aime cette soirée. J’aime la musique, la danse, et les personnes qui s’y trouvent. Je pense que je ferai ça bien plus souvent. Les masques, l’ambiance, tout est absolument parfait. Même Martin qui s’amuse à me parler alors que ses lèvres glissent dans mon cou à de nombreuses reprises. S’il n’y avait pas eu les masques, on n’aurait jamais pu être aussi proche. J’ai encore tellement de choses à faire avec Jack que je ne sais même pas si ça sera possible un jour. “Peu importe où et quand ?” Il me fait rire, et je sens que ses mots veulent dire plus qu’il ne voudrait l’admettre. Je ne suis pas prête à entendre plus, il n’est pas prêt à dire plus. “On danse déjà là.” Et je reste dans ses bras, parce que c’est notre soirée.