| (Marcus & Caelan) Nothing holds you back more than your own insecurities |
| | (#)Jeu 24 Sep 2020 - 16:38 | |
| Ce soir, c’était le tour d’Anwar de veiller sur Norah à l’hôpital. Caelan et Marcus avaient donc décidé de faire une soirée pizza et jeux de société avec Aidan et Julie afin de leur changer un peu les idées et de passer du bon temps en famille. Caelan avait aussi acheté un ballon pour son neveu qui avait beaucoup d’énergie à dépenser, un peu comme lui quand il avait son âge. Il ne savait pas si Marcus allait être d’accord avec l’idée d’Aidan qui joue du ballon dans son appartement mais il était prêt à prendre la responsabilité si son neveu brisait quelque chose. « Te lâcher? Pourquoi je te lâcherais? J’ai plein de mois à rattraper vu que je n’étais pas là! » dit-il en attrapant Aidan qui tentait de se sauver de lui. Caelan l’attrapa par derrière et le déposa sur son épaule comme un sac à patate. Aidan criait et riait en agitant ses petites jambes pour essayer de se défaire de l’emprise de son oncle. Caelan se mit à tournoyer sur place pour étourdir un peu son neveu. C’est à ce moment que la sonnette de l’appartement retentit. Caelan s’arrêta soudainement et déposa doucement Aidan sur le canapé. « Sauvé par le livreur de pizza mais ce n’est que partie remise. » dit-il en pointant ses yeux à l’aide de deux doigts pour ensuite les diriger vers Aidan pour lui indiquer qu’il l’avait à l’œil. Il sortit son portefeuille de ses poches de pantalons alors qu’il s’approchait de la porte d’entrée pour payer leur repas. « Gardez la monnaie, merci! » Caelan ferma la porte d’un coup de pied alors qu’il ouvrait la boîte pour se laisser enivrer par l’odeur réconfortante du fromage et de la sauce tomate. Il laissa un petit hum s’échapper de sa bouche.
« Dépêchez-vous parce que je vais tout manger sans vous sinon! » Il posa la boîte sur le comptoir de cuisine et commença à servir les assiettes. Quand Marcus arriva à côté de lui, Caelan lui tendit deux assiettes pour qu’ils les apportent sur la table. « Je ne te l’ai pas encore dit mais merci de laisser dormir ici, j’apprécie. » Caelan suivit son frère jusqu’à la table avec les deux autres assiettes qu’il déposa sur celle-ci. Il prit place en face de son frère, entre Julie et Aidan. « J’espère que vous êtes prêts à vous battre après parce que je ne vous laisserai gagner. » dit-il en faisant un petit clin d’œil à son neveu et sa nièce. Évidemment, c’était une blague. Il n’allait quand même pas prendre plaisir à briser les rêves de gagner de son neveu de quatre ans, ce serait quand même un peu malsain. Il allait toutefois tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de Marcus, il était quand même un peu compétitif. Il faut aussi dire que Caelan avait toujours eu un complexe d’infériorité face à Marcus. Autant il l’idolâtrait quand il était jeune, autant il sentait qu’il n’avait pas la même attention que Norah de sa part. Il était rendu grand maintenant mais il n’avait jamais réussi à chasser cette petite faille en lui. Il sentait qu’il devait constamment se prouver à Marcus et le fait d’être vulnérable et devoir squatter chez lui n’aidait sûrement pas. Mais il essayait d’être mature et de mettre ça de côté et de ne pas trop le montrer car, malgré ça, il aimait son frère. |
| | | | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 20:37 | |
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“Et là il faut multiplier par quatre puis retirer deux pour trouver X.” Mac tenait sa tête entre ses mains, le front perlant de jus de cerveau. Son regard fixant la page de mathématiques avec désespoir, il lui semblait lire l’exacte même ligne une dizaine de fois sans en saisir le sens. Il n’avait jamais été bon en algèbre, Marcus, et ses professeurs avaient toujours pointé du doigt son esprit créatif bien au-delà de sa capacité à manier les mots et les chiffres. Au travail, il avait une équipe pour tout cela. Le reste du temps, il avait la calculatrice de son smartphone. Mais quelque chose lui disait que même le micro-ordinateur Apple qui coûtait un mois de salaire minimum ne serait pas capable de trouver l’inconnue du calcul que Julie devait résoudre pour ses cours. Pourquoi diable s’était-il proposé de superviser ses devoirs, déjà ? La fillette lui expliquait l’exercice bien plus que lui ne la guidait en quoi que ce soit. Elle était intelligente, Jules, et cela le rendait si fier. Et cela lui rappelait l’année de son diplôme de lycée, ce qui n’était pas aussi plaisant. La sonnette résonna dans l’appartement et Marcus se sentit sauvé par le gong. “Amen !” lâchait-il en sautant hors du canapé afin d’aider Caelan à réceptionner les pizzas qu’ils avaient commandé pour la soirée jeux avec les enfants. L’odeur de fromage fondu envahit immédiatement l’espace, lui ouvrant un appétit d’ogre. Il lui semblait voir Aidan se lécher les babines comme un véritable petit animal. “Et mes maths ?!” s’indignait sa soeur, la session devoirs soudainement avortée. “T’auras jamais besoin de faire des multiplications dans des parenthèses dans la vraie vie, Jules.” lui assura Mac en lui faisant signe de ranger ses affaires de classe. Après tout, elle s’en sortait parfaitement bien sans lui qui ne gagnait qu’une grosse migraine à toujours tenir à jouer l’oncle parfait. De plus, la soirée jeux était plus importante que les calculs sur deux lignes dont leurs les ingénieurs de la NASA avaient besoin.
En cuisine,il tenait donc les assiettes que Caelan servait en pizza. « Je ne te l’ai pas encore dit mais merci de laisser dormir ici, j’apprécie. » confiait le cadet. Mac haussa les épaules avec un sourire, balayant le sujet sans rien en dire ; c’était tout naturel à ses yeux de proposer un toit à son propre frère revenu en catastrophe suite à l’accident de sa jumelle. Qu’était-il supposé faire d’autre ? Ils étaient tous dans le même bateau. Des remerciements n’étaient pas même nécessaires ; Mac faisait son devoir envers sa famille, voilà tout. Il porta les assiettes à table où Aidan et Julie étaient déjà installés. « J’espère que vous êtes prêts à vous battre après parce que je ne vous laisserai pas gagner. » Faux, les adultes laissaient toujours gagner les enfants, c’était bien connu. Seule Julie devenait en âge de deviner lorsqu’ils sabotaient la partie en ce sens. “A quoi on va jouer ?” demanda son frère en essayant d’attraper sa part de pizza avec ses deux petites mains désormais couvertes de gras. “Je pensais à un scrabble, plein de mots très longs et très compliqués, ou sinon un monopoly où il faut payer des maisons à mettre sur des cases pour pouvoir demander un loyer.” répondt Mac avec un faux air sérieux, juste le temps de voir les enfants se décomposer sur place ; l’un parce que son niveau de lecture et d’écriture n’était pas à la hauteur pour former des mots à partir de pièces, l’autre parce que l’esprit stratège nécessaire à la formation d’un empire immobilier faisait passer ses devoirs pour la véritable soirée jeux. “Je plaisante, j’ai récupéré le jeu des oreilles chez votre mère.” reprit le brun avec un sourire. Difficile de mettre tout le monde d’accord vu les âges si différents présents autour de la table, cependant Mac n’avait pas peur du ridicule, Caelan n’était pas en reste niveau auto-dérision, Julie n’était pas encore une adolescente blasée de tout et Aidan adorait faire des imitations d’animaux -étant lui-même un petit singe hyperactif. Le jeu était donc tout indiqué.
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| | | | (#)Dim 18 Oct 2020 - 19:25 | |
| Pour leur soirée jeu de société et pizza, Caelan avait laissé la responsabilité de choisir le jeu à son grand-frère et il se demandait si ça avait été une bonne idée. « Je pensais à un scrabble, plein de mots très longs et très compliqués, ou sinon un monopoly où il faut payer des maisons à mettre sur des cases pour pouvoir demander un loyer. » Le cadet secoua vivement la tête négativement lorsque son frère évoqua le jeu scrabble. Même s’il n’allait clairement pas essayer d’obtenir la victoire, scrabble n’était définitivement pas son meilleur jeu. En effet, les langues n’étaient pas vraiment la force de Caelan, il se débrouillait beaucoup mieux en mathématiques contrairement à Marcus. Ce n’était pas pour rien qu’il avait fait des études en finances. Il aurait sans doute été plus logique que ce soit le cadet qui aide Julie avec ses études d’ailleurs, mais c’était beaucoup plus amusant pour lui de regarder son grand-frère se gratter la tête en essayant de comprendre la matière. En plus, comme il avait beaucoup d’énergie à revendre et que son neveu lui faisait un peu penser à lui quand il avait son âge, le trentenaire aimait beaucoup jouer avec lui pour lui faire dépenser son énergie. « Je plaisante, j’ai récupéré le jeu des oreilles chez votre mère. » La bouche pleine, Caelan se dépêcha de terminer sa bouchée puis il lécha ses doigts graisseux avant de les essuyer sur ses pantalons. « Il va falloir que tu m’expliques en quoi ça consiste, je ne pense pas avoir déjà joué au jeu des oreilles. » Considérant l’âge de son neveu et le nom du jeu, Caelan ne s’attendait pas à ce que ce soit un jeu nécessitant beaucoup de stratégies. C’était sans doute plutôt un jeu où il pourrait lâcher son fou et sortir son côté enfantin.
Aidan se leva, les mains toutes sales, et partit en direction du comptoir où se trouvait la boîte de jeu. « Aidan, attends. Faut finir de manger avant sinon il va y avoir de la sauce partout et maman ne sera pas contente. » Le petit grogna un peu, mais retourna s’asseoir en trainant les pieds. Visiblement, Aidan approuvait le choix de jeu de Marcus. Caelan termina sa troisième pointe de pizza et il se leva en ramassant l’assiette de Julie et d’Aidan qui avaient terminé de manger. Il tendit le bras vers l’assiette de son frère en la pointant. « T’as fini ou t’en veux d’autre? » En attendant la réponse de Marcus, Caelan détourna la tête pour regarder son neveu et sa filleule. « N’oubliez pas d’aller vous laver les mains avant. Pendant ce temps on va pouvoir laver la table. » Les deux jeunes se levèrent et allèrent se laver les mains dans l’évier de la cuisine. Caelan termina de desservir la table et amena un linge mouillé d’eau et de savon pour nettoyer la table. Il passa un deuxième linge sec pendant que son frère se chargeait d’installer le jeu au milieu de la table. Caelan reprit place sur sa chaise et attendit que tout le monde soit prêt avant de rapporter son attention sur son frère. « Alors, c’est quoi le but du jeu? Il faut faire quoi? Je suis prêt à te battre à plate couture. » Il s’agissait peut-être d’un jeu insignifiant, le cadet ne manquait jamais une occasion de montrer à son aîné de quoi il était capable. @Marcus Leckie |
| | | | (#)Ven 30 Oct 2020 - 20:46 | |
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Il avait la chance de ne pas être l’oncle de deux zombies de la télévision. Se laisser aller dans un état végétatif devant un écran n’était pas vraiment dans les gènes Leckie, et encore moins dans l’éducation, mais les enfants des récentes générations avaient une tendance à la fascination face aux étalages de LED quasiment inscrite dans leur ADN. Mac ne doutait pas que dès lors où Julie aura eu gain de cause auprès de Norah afin d’obtenir son premier téléphone, la jeune fille aurait le nez collé dessus la plupart du temps et les choses changeraient. En se voyant autour de la table avec eux et Caelan, le brun réalisa qu’il redoutait un peu le moment où ce jour viendrait, où Jules ne serait plus intéressée par les soirées jeux et les combats de baguette magique avec son frère. On ne pouvait pas empêcher les enfants de grandir, et le progrès de creuser l'écart des générations. Mais pour le moment, il croquait dans sa part de pizza à pleines dents, et comme à chaque fois, il s’amusait à voir jusqu’où le fromage était capable de s’étirer en la tenant au bout de son bras, concourant avec Aidan pour déterminer qui d’eux deux avait la mozzarella la plus élastique. L’enthousiasme du bonhomme le poussa à sortir de table avant l’heure, et Caelan le reprit immédiatement. Au bout de quelques parts de pizza, il ne savait plus combien, et louchant sur une (ou deux, ou trois) supplémentaire, Mac vit son frère commencer à débarrasser la table. « T’as fini ou t’en veux d’autre ? » Il hésita, observa la pizza -et la pizza l’observa en retour, pour sûr. “Tu crois que cette brioche s’entretient toute seule ?” fit-il finalement en tapotant son ventre. Le temps consacré à son travail avait définitivement mis son corps de jeune homme fringuant hors de portée à jamais, et désormais Marcus se traînait une fine bouée tenace sur les hanches. Il ne fut jamais assez sportif, malgré son naturel actif, pour y faire quoi que ce soit avant qu’elle ne devienne permanente.
« Alors, c’est quoi le but du jeu? Il faut faire quoi? Je suis prêt à te battre à plate couture. » Caelan, de retour de la cuisine, se faisait compétitif et sûr de lui afin d’enjouer les enfants. Marcus avait déposé le jeu sur la table, ouvert la boîte et commencé à préparer les éléments. “Tu lui expliques Aidan ?” fit-il, et le bonhomme accepta sa mission avec entrain. Tant et si bien qu’il en oublia de former de véritables phrases et de reprendre sa respiration d’un bout à l’autre de ses explications. “Alors, euh, c’est un jeu, tu mets ça sur ta tête, comme ça, tu vois, et, euh, faut mettre des cartes sur les côtés, comme des oreilles, tu vois, et ensuite il faut poser des questions aux autres pour deviner quelles oreilles tu as, mais attention, parce que les autres peuvent répondre que oui ou non à ta question.” Il termina essoufflé, avec un grand sourire en direction de Marcus, dans l’attente de la validation de ses propos -persuadé de ne rien avoir oublié, fier d’avoir été aussi clair et précis que possible pour son oncle. “C’est exactement ça, approuva Mac, et une fois que tu as deviné tes oreilles, tu dois faire une imitation de l’animal en question.” Non, cela n’était pas dans les règles officielles du jeu. C’était un ajout instauré par l’australien depuis la première fois qu’ils avaient joué à ce jeu, et depuis, personne n’avait remis en question cette clause totalement inventée de la partie -puisque personne n’était allé mettre son nez dans le feuillet de la boîte. Au final, cela était sûrement devenu le passage le plus drôle de chaque partie. Minutieusement, Marcus prépara les serre-têtes et les plaça sur le crâne de chacun, puis il installa les cartes de part et d’autre. Julie s’occupa d’installer tout ceci sur lui, en s’assurant qu’il ne puisse rien voir. Caelan avait hérité des oreilles de lapin, Aidan de l’âne, et Julie du tigre. “Est-ce que j’ai de très grandes oreilles ?” débuta Mac, grand habitué de l’éléphant. Mais ses oreilles de kangourou promettaient une imitation bien moins pépère.
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| | | | (#)Dim 1 Nov 2020 - 3:39 | |
| Alors qu’il mangeait sa pizza, Caelan assista au combat d’élasticité de Mozzarella des deux autres garçons de la place. Il hésita un instant à s’en mêler, en tentant de briser le bout de fromage de la pizza de son frère d’un coup de main à la façon d’un ninja, mais il préféra plutôt rester en retrait au cas où les services d’un juge seraient requis pour déterminer le vainqueur. Les bras remplis d’assiettes sales, Caelan attendait patiemment que son frère lui dise s’il avait terminé de manger ou non. « Tu crois que cette brioche s’entretient toute seule ? » Le cadet fronça les sourcils et fit mine de réfléchir un instant avant de secouer la tête avec conviction. « Je crois que ta brioche s’entretient pas mal avec ton aide. » dit-il en ramassant l’assiette de son frère. Caelan se comptait chanceux d’avoir autant d’énergie et d’attrait pour un mode de vie actif. Après tout, le cadet avait eu un boulot plutôt sédentaire pendant la majorité de sa vie alors ce n’était définitivement pas là-bas qu’il dépensait le plus de calories. Heureusement pour lui, le sport avait une grande place dans sa vie et ce n’était pas une corvée de s’entraîner après le travail. S’il avait un peu moins d’intérêts pour le sport cependant, comme Marcus, il aurait probablement une belle brioche à entretenir lui aussi. Caelan approchait lui aussi de la quarantaine et son métabolisme devait bien commencer à le ressentir. « On va dire que tu as simplement plus d’amour à donner. » dit-il d’un air taquin avant de se diriger vers la cuisine.
Caelan prit place à la table et demanda à ce qu’on lui explique ce jeu auquel il n’avait encore jamais joué. Marcus laissa à Aidan l’honneur de lui expliquer le but du jeu. « Alors, euh, c’est un jeu, tu mets ça sur ta tête, comme ça, tu vois, et, euh, faut mettre des cartes sur les côtés, comme des oreilles, tu vois, et ensuite il faut poser des questions aux autres pour deviner quelles oreilles tu as, mais attention, parce que les autres peuvent répondre que oui ou non à ta question. » Le cadet hocha la tête, les sourcils haussés. « Ok, oui, un peu comme le jeu avec les cartes à deviner sur le front. » Mais version enfants, tout simplement. Au moins, avec cette version, il ne devrait pas rester coincé pendant une heure avec la carte des œufs. « C’est exactement ça, et une fois que tu as deviné tes oreilles, tu dois faire une imitation de l’animal en question. » Caelan rigola tout en fixant Marcus, dubitatif. Quelque chose lui disait que cette règle avait été rajoutée mais ce n’était certainement pas lui qui allait s’en plaindre. Surtout pas en voyant les oreilles dont Marcus avait héritées. « Ok, on joue, je pense que j’ai compris. » dit-il plein d’entrain. « Est-ce que j’ai de très grandes oreilles ? » Caelan fronça les sourcils et laissa un long hum s’échapper de sa bouche pendant qu’il réfléchissait. « Définis très grandes. » Ce n’était pas tellement clair, qu’est-ce qui était considéré comme très grand? « Quand même un peu. » répondit Julie. Ne sachant pas trop si Marcus devait continuer avec une prochaine question, comme il avait eu une réponse positive, Caelan assuma que c’était son tour comme il n’avait pas reçu de précisions à ce sujet. « Ok alors qu’est-ce que je pourrais bien être? » Il réfléchit un instant à quelle question il pouvait bien poser puis, lorsqu’il fit son choix, il leva un de ses index. « Est-ce que je suis grand? » @Marcus Leckie |
| | | | (#)Sam 7 Nov 2020 - 17:34 | |
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Il ne céda pas à l’appel de la part de pizza supplémentaire, se faisant plus raisonnable qu’il ne l’était à son habitude mais se promettant de se rattraper avec un grignotage plus tard -ce qui n’était pas plus sain mais en faveur de sa fameuse bouée sur les hanches. Il y avait toujours des biscuits ou des chocolats ici et là, trop en hauteur pour que les enfants n'y accèdent, bien au fond des placards pour dissimuler sa gourmandise derrière le café et le quinoa. « On va dire que tu as simplement plus d’amour à donner. » souligna Caelan et lui arrachant un rire. Oui, l’affection de Marcus débordait un petit peu par dessus ses os, et cette explication lui convenait parfaitement. Il préférait cela à “t’as plus de quarante ans, de toute manière t’es sur la pente descendante”. Non merci.
Mac avait installé la table et distribué les oreilles à chacun. Il devait s’avouer particulièrement impatient de voir l’imitation de l’âne d’Aidan une fois que celui-ci aurait deviné ses cartes -bien que l’animal en question ne soit pas des plus simples pour son âge. L’aîné débuta avec sa première question, et bien sûr Caelan devait se montrer toujours aussi pointilleux. « Définis très grandes. » fit-il, et Marcus rétorqua tout naturellement avec le ton monocorde d’un dictionnaire vivant ; “Adjectif au féminin pour tout objet dépassant la taille moyenne.” Et il souriait, fier de la répartie, quitte à ce que cela n’aide personne à véritablement l'aiguiller quant à la taille de ces fameuses oreilles. « Quand même un peu. » concéda Julie. “Définis “un peu”.” il relança en regardant son frère du coin de l’oeil tandis qu’il se payait ouvertement sa tête. La jeune fille riait doucement mais ne donna pas plus de détail, elle se contenta de hausser les épaules et de répéter “un peu”. « Est-ce que je suis grand? » demanda Caelan lorsque vint son tour. Julie réfléchissait ; il y avait de très gros lapins, quand même, mais était-ce assez grand pour répondre par l’affirmative ? “Immense.” déclara Mac afin de mettre son frère sur la mauvaise voie, mais Aidan ne le laissa pas faire et intervint dans la seconde pour rétablir les faits ; “C’est pas vrai du tout.” Son oncle fit mine de lui jeter un regard accusateur et de bouder l’espace de quelques secondes -des mimiques dont le petit garçon avait l’habitude et dont il savait décrypter la plaisanterie cachée derrière. “Cafteur.”
Le cadet, à son tour, prit la parole avec enthousiasme. Comme à chaque fois, il tentait de deviner l’animal en entier plutôt que de poser plusieurs questions et d’effectuer des déductions -et personne ne pouvait vraiment lui en vouloir à son âge. “Est-ce que je suis un poisson ?” demanda-t-il donc avec un large sourire, faisant rire toute la tablée face à cette hypothèse naïve et adorable. “Les poissons n’ont pas d’oreilles, Aidan.” tentait de lui expliquer Marcus, mais le bonhomme était absolument sûr de lui -et c’était donc son oncle qui ne savait pas du tout ce quoi il parlait, bien évidemment. “Mais si ! Tu sais sur les côtés, et ça fait blop blop…” expliquait-il en plaçant ses mains de part et d’autre de ses joues. Les ouvrant et les fermant, il imitait les ouïes des créatures marines, persuadé que cela leur permettait d’entendre le monde qui les entourait -mais entendre quoi, dans la mesure où les poissons ne parlaient pas, telle était la question. Marcus, lui, était trop occupé à rire pour raisonner Aidan qui continuait son imitation en y ajoutant des mouvements de bouche et des bruitages.
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| | | | (#)Sam 7 Nov 2020 - 22:02 | |
| Adjectif au féminin pour tout objet dépassant la taille moyenne. » Visiblement, Marcus se faisait le plus grand plaisir de se moquer de son petit frère, avec raison. Même si le but n’était pas de gagner aujourd’hui, Caelan ne pouvait pas empêcher son côté compétitif de ressortir, d’où l’importance de bien comprendre les règles et les nuances des questions posées. Après plus d’une dizaine d’années à travailler en tant que planificateur financier, un domaine qui requérait une certaine rigueur de sa part, il lui était parfois difficile de ne pas s’arrêter sur le moindre petit détail pour plus de précision. Julie décida de répondre à la place de son parrain, confirmant la grandeur des oreilles de l’aîné. « Un peu. » Comme à son habitude, Mac ne rata pas une occasion de se payer la tête de son frère cadet. « Définis “un peu”. » Incapable de sortir la définition du Petit Larousse ou du concurrent, le Petit Robert, Caelan se mordilla plutôt la lèvre inférieure et donna un coup de pied sur la jambe de Marcus, sous la table. Le trentenaire tourna ensuite la tête vers sa filleule et fit semblant d’être vexé en ouvrant la bouche et en posant une main sur son cœur. « Hey, je suis ton parrain, t’es supposée prendre mon bord toi! »
Il mit fin à ses prouesses théâtrales et reprit un semblant de sérieux, puisque c’était maintenant son tour de poser une question pour deviner son animal. Il décida d’orienter sa question sur la grosseur de la bête en question. « Immense. » répondit son frère avant que son neveu ne vienne rectifier le tir. Caelan était bien content de pouvoir compter sur la franchise du petit bonhomme pour ne pas être envoyé dans la mauvaise direction. « C’est pas vrai du tout. » Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Caelan pendant qu’il croisait ses bras contre son torse et qu’il hochait la tête sans quitter son aîné des yeux une seconde. « Immense comme ta brioche? » dit-il en riant. Des fois qu’il voudrait lui retourner son geste en lui donnant un coup de pied sous la table à son tour, Caelan tourna ses jambes vers le côté de sa chaise pour les mettre à l’abri. Les rires de Julie et d’Aidan ne firent qu’encourager le sourire triomphant qu’arborait son visage.
Le tour d’Aidan arriva et celui-ci posa une question plutôt cocasse, considérant qu’ils devaient trouver l’identité d’un animal qui possédait des oreilles. « Est-ce que je suis un poisson ? » Caelan ne put faire autrement que de rire de la question toute innocente de son neveu, à laquelle Marcus répondit pour éduquer ce dernier. « Les poissons n’ont pas d’oreilles, Aidan. » Mais le gamin semblait remettre en question l’intelligence de son oncle en s’obstinant. « Mais si ! Tu sais sur les côtés, et ça fait blop blop… » À chaque réplique, Caelan se tordait de plus en plus de rire, la tête penchée vers l’arrière et les bras croisés contre son ventre. Aidan riait aussi, plein d’innocence, et Calean n’était pas convaincu que ce dernier comprenait vraiment pourquoi tout le monde riait, ce qui ne faisait que le faire rire encore plus en le regardant. Il profita d’une seconde de répit pour renchérir. « Est-ce que je suis un oiseau? » dit-il difficilement en se pâmant de rire. Il eût besoin de quelques minutes pour se remettre de ses émotions. Le trentenaire essuya le coin de ses yeux du bout des doigts avant de se pencher et d’embrasser tendrement la tête de son neveu. « Merci pour le fou rire, ça fait du bien. » Il reprit place sur sa chaise et posa une main sur son torse en soupirant de contentement. « Bordel que je m’étais ennuyé de ça. » dit-il en souriant en pensant aux moments plaisants en famille comme celui-ci. Les deux dernières années avaient été plutôt difficiles de son côté et les choses semblaient vouloir se placer tranquillement et il était reconnaissant d’avoir la chance d’avoir sa famille près de lui maintenant, même si les circonstances de son retour auraient pu être meilleures. « Je peux y aller? Bon. Est-ce qu’il y en a ici? » demanda Julie après que tout le monde eût repris leurs esprits. @Marcus Leckie |
| | | | (#)Sam 14 Nov 2020 - 14:27 | |
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A peine avaient-ils débuté le jeu que le sérieux avait quitté la pièce ; blagues, taquineries et fausses pistes ponctuaient les échanges avec le tac-au-tac caractéristique des deux frères qui se connaissaient sur le bout des doigts. « Immense comme ta brioche? » avait rétorqué Caelan face à la stratégie bancale de Marcus, dénoncée par Aidan pour qui les notions de sarcasme et d’ironie étaient encore trop étrangères pour comprendre le ton de ses oncles tandis que l’aîné se défendait d’un ; “Immense comme ta grosse tête.” Oui, ça c’était de la répartie de haut vol. Mac plissait les yeux, prenait un air offensé mais n’en pensait rien ; il ne s’était jamais attaché à la superficialité des complexes physiques. Au mieux valait-il éviter de lui remémorer le parallèle entre sa bouille joufflue et un rongeur comme il y avait eu droit durant sa scolarité ; cela le contrariait bien plus facilement qu’une remarque en l’air sur des poignées d’amour excusables pour son âge. Au tour d’Aidan, la naïveté du petit garçon provoquait l’hilarité générale. Lui, pensant que son imitation était à l’origine des rires autour de la table, poursuivait ses “blop blop” en battant des mains comme des ouïes. Le réel comique de la situation lui échappait. « Est-ce que je suis un oiseau? » se moquait Caelan, prêt à s’étrangler avec l’air ambiant tant il se gaussait de la maladresse de son neveu. “Mais les oiseaux ont pas d’oreilles tonton…” corrigeait Aidan à son tour. Et Mac ne put cette fois s’empêcher de lâcher un ricanement malgré ses lèvres pincées et ses dents serrées. Il notait la scène dans un coin de sa mémoire, persuadé que l’anecdote serait parfaite à se remémorer durant un futur repas de famille, dans cinq ou dix ans. Quand Aidan sera grand et fortement embarrassé par sa crédulité de l’époque. « Bordel que je m’étais ennuyé de ça. » soufflait son frère en essuyant ses larmes de rire. Au fond, cela leur faisait du bien à tous. Le rire était le meilleur des remèdes et avec Norah à l’hôpital, la famille avait besoin de décompresser, de se changer les idées. Plus personne n’y songeait l’espace de quelques heures. “Langage, le bûcheron.” corrigeait Mac. Ils avaient deux éponges auprès d’eux, et il n’était pas question qu’il rendent les enfants à leur mère avec un langage plus fleuri qu’à leur arrivée. Les émois passés, Julie prit la parole. « Je peux y aller? Bon. Est-ce qu’il y en a ici? » La prenant au pied de la lettre -ce qui était toujours la base de n’importe quelle bonne blague facile- Marcus se mit à regarder autour de lui vivement d’un air bêta. Puis il haussa les épaules. “Les seuls animaux que je vois ici sont ton oncle et le singe qui te sert de frère.” Non, il n’en manquait pas une. Jamais. “Mais si la question est s’il y en a en Australie, la réponse est non.” A moins que les tigres de la jungle d’Australie aient été abordés un de ces jours où il faisait l’idiot dans le fond de la classe de géographie pour amuser la galerie. Mac n’avait pas révélé son côté studieux avant la fin du lycée. Ce qui expliquait sûrement aussi pourquoi il n’était d’aucune aide pour les devoirs de Jules. “Je suis un singe ?!” s’exclamait Aidan, croyant que son oncle avait révélé ses oreilles par mégarde, le faisant gagner de facto. Mac l’empêcha rapidement d’ôter son serre-tête et ses cartes ; “Non, non, non ! C’était une façon de parler !” La déception fut palpable une poignée de secondes ; visiblement, le bonhomme se faisait d’avance une joie d’imiter le singe en sautant sur la table et le canapé. Pas cette fois. Question après question, les animaux se précisaient. Caelan n’était plus si loin de son lapin, Aidan savait que son animal vivait à la ferme, et Mac en Australie -mais ce n’était ni un koala, ni un kokka. Il était persuadé de tenir la bonne réponse à son tour suivant, avant de se faire coiffer au poteau par Julie ; “Je sais ! Je suis un tigre !” déduit-elle, s’offrant le droit d’en faire sa plus belle imitation.
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| | | | (#)Mer 25 Nov 2020 - 21:29 | |
| « Immense comme ta grosse tête. » Caelan ouvrit la bouche et écarquilla les yeux en riant. Il croisa ses bras contre son torse dans un geste faussement défensif. « Ma tête n’est pas si enflée que ça. Aux dernières nouvelles, je suis encore capable de passer dans les cadres de portes. » dit-il en lui tirant la langue comme un gamin. Son attention s’était rapidement transférée sur son neveu qui venait apparemment de faire la blague de l’année. Les humoristes pouvaient retourner se coucher, clairement. Le trentenaire n’avait pas pu résister à la tentation de se moquer gentiment d’Aidan en faisant semblant de demander si son animal était un oiseau. « Mais les oiseaux ont pas d’oreilles tonton… » Visiblement, le petit garçon connaissait plus la physiologie des oiseaux que celle des poissons. « Je sais Aidan, je sais. » Son neveu n’avait clairement pas compris qu’il se moquait de lui et c’était peut-être mieux ainsi, bien que Caelan était persuadé qu’il aurait compris que ce n’était pas méchant. Alors qu’il réalisait à quel point ce moment lui faisait le plus grand bien, le brun échappa un mauvais mot. Pris sur le faut, Marcus ne tarda pas à lui faire remarquer. « Langage, le bûcheron. » Il grimaça et passa une main sur sa nuque d’un air innocent. « Pardon. On dit brocoli! » dit-il en faisant référence à l’une de ses professeur de science au lycée qui n’arrêtait pas de répéter à ses étudiants de remplacer les blasphèmes par ce mot. Il trouvait le tout tellement enfantin et immature à l’époque, alors qu’il était adolescent. Maintenant qu’il était adulte et qu’il y avait des enfants autour de lui, il comprenait l’utilité même si brocoli ne serait peut-être pas le mot qu’il choisirait.
Julie s’impatienta légèrement et décida de jouer son tour en demandant si son animal était présent en Australie. Question à laquelle, encore une fois, Marcus répondit avec humour. « Les seuls animaux que je vois ici sont ton oncle et le singe qui te sert de frère. Mais si la question est s’il y en a en Australie, la réponse est non. » Visiblement, il n’y aurait jamais de trêve entre eux. « Ça se joue à deux ce jeu-là, tu sauras, monsieur le paresseux. » S’il était un animal, son grand-frère en était forcément et il était d’avis que cet animal représentait bien ce dernier. « Je suis un singe ?! » s’exclama leur neveu sans comprendre le sens du commentaire de son oncle, ce qui provoqua un énième sourire sur le visage de Caelan. « Non, non, non ! C’était une façon de parler! » Heureusement, Marcus réussit à empêcher Aidan d’enlever son serre-tête de justesse. La leçon de la journée était d’être très prudent avec leur neveu lorsqu’ils utilisaient le second degré. À son âge, le gamin n’avait pas encore la faculté à lire entre les lignes, visiblement.
Ils reprirent tous un semblant de sérieux (ou pas) et continuèrent de poser une question chacun leur tour, se rapprochant dangereusement de leur animal. « Je sais ! Je suis un tigre ! » Caelan écrasa son poing sur la table en grognant, l’air déçu qu’elle devine son animal avant lui. « Oui, c’est ça! Allez, on attend l’imitation maintenant. » dit-il un sourire fendu jusqu’aux oreilles sans la quitter des yeux. Julie se pencha vers lui, les deux mains devant elle, et montra ses dents en crachant comme un félin. Caelan pinça ses lèvres ensemble et applaudit doucement. « Bon, c’était quoi cet animal? » dit-il en retirant ses oreilles de son serre-tête. Il hocha lentement la tête lorsqu’il constata qu’il était un lapin. Maintenant qu’il connaissait son animal, tout faisait beaucoup plus de sens. Il leva les bras en l’air et s’étira vers l’arrière en penchant son dos par-dessus le dossier de sa chaise. « Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant? » Il était prêt pour la prochaine mission, même s’il devait se rendre à l’évidence que tous n’avaient pas la même endurance que lui. En effet, Aidan bâillait. « Je vais aller faire dodo moi. » dit-il en se frottant les yeux avec ses petites mains pendant que Caelan rangeait les serre-têtes et les oreilles dans la boîte. « Moi aussi je suis fatiguée. » ajouta Julie en soupirant. « Party poopers. » répondit le trentenaire d’un air faussement déçu. Il se leva en poussant bruyamment sa chaise derrière lui et alla les aider à trouver leurs choses pour se coucher. Il revint ensuite dans la cuisine et se pencha afin d’accouder ses bras contre le dossier d’une chaise. « T’es rendu trop vieux pour te coucher tard ou si t’as toujours un peu d’endurance en-dedans de toi? » murmura-t-il pour ne pas déranger les enfants qui essayaient de s’endormir, ou du moins c’est ce qu’il croyait avant de les entendre papoter. Il se redressa en réfléchissant à ce qu’ils pourraient bien pouvoir faire à cette heure. « Il s’est passé quelque chose d’intéressant dans ta vie dans les derniers mois? » demanda-t-il plus sérieusement, s’intéressant à ce que son frère avait pu vivre alors qu’il était sur un autre continent. @Marcus Leckie |
| | | | (#)Dim 13 Déc 2020 - 13:13 | |
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Jules gagnait la partie, découvrant son animal avec perspicacité, au nez et à la barbe de ses deux aînés et de son petit frère. Si Aidan ne s’en formalisait pas, Caelan, lui, grommelait d’un air bougon. Afin de clore le jeu, la jeune fille les honora de son imitation de tigre ; d’abord feulant au visage de son oncle, puis grognant, se mettant à quatre pattes et sautant du sol au canapé d’un bond. Sa dédication à cette règle totalement inventée était digne d’un Leckie et ravissait un Marcus entre admiration et amusement. “Je crois que c’est la meilleure imitation de tigre que j’ai jamais vu.” déclarait-il en applaudissant doucement. Puis, à son tour, il ôta le serre-tête de son crâne afin de découvrir les oreilles dont le hasard l’avait affublé. Ses yeux d’exorbitèrent immédiatement. “Un kangourou ?! Mais vous aviez dit que c’étaient de très grandes oreilles !” il s’exclamait, laissant son côté mauvais perdant éclater au grand jour. En tant qu’australiens born and raised, ils avaient tous vu un kangourou une fois dans leur vie. Comment avaient-ils pu se planter sur la taille des oreilles ? “Elles sont assez grandes !” défendait Aidan en haussant les épaules. Lui n’était déçu de perdre que pour manquer l’occasion d’effectuer une imitation -celle du poisson, plus tôt dans la partie, ne comptait pas bien sûr. “Mais pas très grandes ! - On t’avait dit de définir “très grandes”.” précisait Julie à son tour. Marcus, lui, en avait les pommettes rougies par une frustration qu’il contenait pour ne pas complètement plomber l’ambiance de sa mauvaise foi. “C’est pas grave, tonton.” Aidan avait posé sa petite main sur l’épaule de Mac. Tout de suite, l’aîné souffla et lâcha un petit rire dans sa barbe ; quelle idée d’en faire des tonnes pour un petit jeu de rien du tout. La compétitivité de son milieu avait bien trop déteint sur lui par moments. Il remballa la boîte et la rangea en se notant de ne pas oublier de la rapporter chez Norah dès qu’il aurait l’occasion d’y faire un saut.
« Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant? » lançait Caelan, pas fatigué pour un sou. Marcus mettait cela sur le compte du décalage horaire. Les enfants, eux, avaient une journée d’école dans les pattes, et lui-même devait se rendre au travail le lendemain. Son cadet, lui, était fraîchement de retour à Brisbane avec aucune autre obligation que celle d’être auprès de leur soeur et de se retrouver du travail s’il comptait rester. Tour à tour, Jules et Aidan décidèrent d’aller se coucher. “C’est presque trop Leckie de votre part d’être aussi bien élevés.” Mac leur claqua un bisou pour leur souhaiter bonne nuit et laissa Caelan se charger de les border. Il se souvenait que malgré un foyer agité par quatre enfants, la fratrie Leckie n’avait jamais été du genre à faire des pieds et des mains pour ne pas aller au lit. Marcus n’était pas turbulent, Percy était le plus calme, Norah était douce et Caelan, malgré son tempérament clownesque, n’aimait pas contrarier qui que ce soit. Autant dire que leurs parents avaient eu de la chance. « T’es rendu trop vieux pour te coucher tard ou si t’as toujours un peu d’endurance en-dedans de toi ? » demandait-il en revenant de la chambre que les enfants partageaient ici. Marcus terminait de ranger la cuisine. “Il me reste quelques années avant d’aller au lit après une tisane à vingt-et-une heures.” D’ailleurs, il tira deux bières du frigo, les décapsula et en tendit une à son frère avec un sourire. « Il s’est passé quelque chose d’intéressant dans ta vie dans les derniers mois? - La routine. » Il haussa les épaules. La vie de Mac n’était pas particulièrement palpitante, et il aimait ce côté régulier et bien rangé. Il travaillait beaucoup, rentrait chez lui, travaillait encore. Sa vie sentimentale était un néant depuis un certain temps. Il n’avait même plus le goût des rencontres en ligne. “Et toi, tu t’es pris de passion pour les chemises à carreaux et les barbes bien fournies ? J’espère que t’as des photos.” il ajouta avant de prendre une gorgée de bière. Il n’avait pas l’intention de demander des comptes à Caelan. Peut-être était-il le seul de son entourage à ne pas avoir besoin d’explications à propos de son départ et de son exil à l’autre bout du monde. Non pas qu’il s’en fichait ; il estimait qu’il ne dépendait que de son frère de lui donner les détails de ses décisions ou non. Après tout, Marcus était le moins bien placé pour lui reprocher un éloignement de la famille ; lui-même s’était envolé pour les Etats-Unis dans le cadre de ses études et avait commencé sa carrière là-bas. L’important, c’était que Caelan soit là pour Norah lorsqu’elle avait besoin de lui. Du reste, il considérait que l’affection pour une personne passait par le respect inconditionnel de ses choix de vie.
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| | | | (#)Mar 15 Déc 2020 - 21:51 | |
| Caelan se joignit aux applaudissements de son frère aîné lorsque Julie termina son imitation de tigre. Comme le disait Marcus, il s’agissait là d’une très bonne imitation et il regrettait presque de ne pas avoir bricolé un faux trophée pour le lui remettre. Marcus retira alors son serre-tête et ne sembla pas très enchanté en découvrant son animal. « Un kangourou ?! Mais vous aviez dit que c’étaient de très grandes oreilles! » Sous ses airs de gros nounours se cachait un côté compétitif et mauvais perdant qu’il réussissait à très bien cacher parfois. Quand il ne perdait pas du moins. Caelan ne put s’empêcher de rire en voyant son frère perdre patience alors qu’il semblait presque croire qu’il avait été mené en bateau. « Elles sont assez grandes ! » Mark n’aurait peut-être pas dû se moquer du côté pointilleux de Caelan qui demandait parfois des précisions lorsque les autres posaient des questions. « Mais pas très grandes ! » « On t’avait dit de définir “très grandes”. » Le brun croisa ses bras contre son torse et cacha le bas de visage dans l’une de ses mains pour s’empêcher de rire pendant qu’il suivait la discussion avec beaucoup d’intérêt. « Ça t’apprendra de te moquer de moi, il faut croire que tu t’es fait avoir à ton propre jeu. » dit-il en faisant un clin d’œil à son grand frère, incapable de ne pas le piquer un peu pour le taquiner affectueusement surtout en voyant que ça l’énervait au point d’avoir les joues rouges. « C’est pas grave, tonton. » La petite voix douce d’Aidan sembla toutefois faire son effet et Marcus retrouva sa bonne humeur sans trop de difficulté, réalisant probablement l’absurdité de s’énerver pour un simple jeu de devinettes. Pendant que son frère rangeait le jeu, Caelan en profita pour aller installer les enfants dans la chambre qu’il partageait pour ce soir. « C’est presque trop Leckie de votre part d’être aussi bien élevés » Les paroles de son grand frère provoquèrent un petit sourire en coin alors que le cadet se remémorait leur enfance.
Débordant d’énergie comme à son habitude, Caelan n’avait pas du tout envie d’aller au lit tout de suite et il espérait que son frère avait encore un peu d’énergie en lui. « Il me reste quelques années avant d’aller au lit après une tisane à vingt-et-une heures. » Il sourit à son frère tout en prenant la bière qu’il lui tendait d’une main. « Ça me rassure, j’ai un peu moins peur d’avoir quarante ans maintenant. » dit-il avec amusement alors qu’il suivait les traces de son frère avec quelques années de retard. Bien qu’il idolâtrait Marcus depuis qu’il était haut comme trois pommes, il espérait toutefois être un peu moins seul lorsqu’il atteindrait l’âge de ce dernier. Lorsqu’il s’y attardait, il trouvait plutôt déprimant de constater qu’ils étaient tous les quatre célibataires bien que chacun d’entre eux avait une raison différente. Peut-être avait-il espéré que son frère lui dise enfin qu’il avait rencontré quelqu’un. Visiblement, ce n’était pas aujourd’hui qu’il recevrait ce genre de nouvelle. « La routine. » Caelan prit une gorgée de sa bière alors qu’il attendait plus de développement de la part son frère, ce qui n’arriva finalement jamais. « Et toi, tu t’es pris de passion pour les chemises à carreaux et les barbes bien fournies ? J’espère que t’as des photos. » Il lui sourit et se massa la mâchoire inférieure d’une main. « Comme tu peux le voir. » Caelan n’avait jamais porté la barbe très longue et ses habitudes n’avaient visiblement pas changées en allant au Canada. Même s’il le voulait, sa barbe ne compétitionnerait jamais avec celle que Marcus et Percy pouvaient avoir lorsqu’ils laissaient la leur pousser, il lui serait donc impossible d’essayer de se donner un look de bûcheron. « T’aurais voulu que je te rapporte une belle chemise à carreaux rouges et noires? Ça peut s’arranger. » ajouta-t-il en lui souriant d’un air moqueur. De toute façon, il avait dans l’idée de demander à l’un de ses anciens colocataires de lui faire parvenir du sirop d’érable pour Norah (et les autres aussi, s’ils sont assez gentils), rien ne l’empêcherait de demander à ce qu’une chemise soit rajoutée pour son frère. Il avait toutefois un peu de mal à imaginer son aîné porter une chemise du genre qui ne serait sans doute pas aussi raffinée que les autres qu’il possédait. « Pour qui tu me prends. » Caelan fouilla dans sa poche de pantalon et sortit son téléphone cellulaire. Après avoir ouvert sa galerie de photos, il tendit son téléphone à son frère. « Tu peux glisser avec ton doigt vers la droite pour voir la suite. Ne glisse pas vers la gauche. » dit-il en prenant une gorgée pour cacher son sourire en coin. Ce n’était de toute façon qu’une blague, il s’amusait à faire croire à Marcus qu’il pourrait y avoir des photos compromettantes dans l’autre direction. Il n’avait actuellement rien à cacher sur son téléphone. @Marcus Leckie |
| | | | (#)Dim 27 Déc 2020 - 20:50 | |
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Le départ de Caelan avait immédiatement eu une allure de sujet tabou ; chacun avait un avis différent, personne ne comprenait, et finalement, on ne souhaitait plus le mentionner aux réunions de famille de crainte de faire exploser la salle. Marcus, s’il tenait enfin une opportunité de tirer les vers du nez de son frère, décidait de ne rien en faire. Il était plus important pour lui de savoir qu’il allait bien à son retour que les raisons de son voyage. S’il ne voulait pas heurter son lien avec son cadet, il devait se garder de tout jugement, de tout règlement de comptes. En revanche, ce qu’il avait fait au Canada, comme y était la vie, ceux qu’il y avait rencontrés, tout cela l’intéressait vivement. Mac, malgré ses nombreux voyages, n’avait jamais mis les pieds plus au nord que les Etats-Unis, et ce n’était pas ses années à Berkeley qui lui avaient donné un aperçu d’un véritable hiver enneigé. Tout ce qu’il savait du Canada en était les stéréotypes véhiculés par la culture populaire. En somme, une bande de bûcherons à barbes fournies vêtus de chemises à carreaux et buvant du sirop d’érable à la louche entre deux poutines. « Comme tu peux le voir. » Caelan ne s’était pas fondu dans la masse ; comme à son habitude, sa mâchoire était ornée d’une légère ombre et rien de plus. Mais ce n’était pas l’absence de pilosité de son frère qui intéressait Marcus. “Je parlais pas de toi, banane, on sait déjà tous que tu peux pas faire pousser une barbe correcte sans ressembler à Ted Bundy.” chambrait-il en prenant un grand plaisir à pouvoir glisser des taquineries à l’encontre de son frère à la moindre occasion. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait le parallèle entre lui et le serial killer ; la première fois fut le jour où Caelan essaya de porter les anciennes lunettes des années soixante-dix de leur père à l’époque où le rasage était un art qu'il ne maîtrisait pas encore. Pour la défense du cadet, n’importe qui avait un air suspect avec ces immenses verres ovales et cette double branche. « T’aurais voulu que je te rapporte une belle chemise à carreaux rouges et noires? Ça peut s’arranger. - Ça dépend, est-ce qu’il y a le beau bûcheron qui va avec la chemise ?” Ou juste le beau bûcheron et pas de chemise du tout, songeait-il pour lui-même en prenant une grande gorgée de bière. De toute manière, il était à peu près sûr que les carreaux ne lui iraient pas, que le motif risquait de lui donner l’air plus brioché qu’il ne l’était vraiment -et il ne comptait pas offrir sur un plateau à Caelan plus de manières de lui rappeler que sa dernière séance de sport était un souvenir flou. Celui-ci lui tendit son téléphone avec l’album photo de ses péripéties canadiennes grand ouvert. « Tu peux glisser avec ton doigt vers la droite pour voir la suite. Ne glisse pas vers la gauche. » alertait-il, faisant arquer un sourcil à son aîné. “Tu te souviens que je t’ai déjà vu courir dans la maison le cul à l’air et ton caleçon sur la tête à clamer que t’étais un pirate, right ?” De fait, ce n’était pas un bout de chair qu’il avait déjà aperçu sous tous les angles et dont il avait fait l’expérience de plus d’une taille ou d’une couleur, qui allait le faire réagir d’une quelconque manière. Cependant, rien de compromettant dans le téléphone, constatait Marcus en naviguant de photographie en photographie. “C’est qui le bellâtre ? Est-ce que tu comptes me voler mon titre de gay de la famille ?” demandait-il l'air faussement outragé, en indiquant le jeune homme aux côtés de son frère sur la majorité des clichés, proche, souvent sans haut. Arrivé aux photos d’Halloween, Mac conclut qu’il en avait amplement assez vu et rendit l’appareil à son cadet avec un léger sourire. “Tu t’es bien amusé, on dirait. Et vu que t’es sûrement devenu un expert en la matière, tu nous feras des pancakes ce week-end, hm ?” Stéréotype, peut-être -sûrement-, l’australien supposait qu’en un an au Canada son frère avait eu son lot de piles de pancakes durant des brunchs à rallonge, couverts de sirop d’érable et de fruits. Et puisqu’il ne paierait pas de loyer pour le temps qu’il vivrait dans l’appartement, il pouvait bien démontrer son immense gratitude avec un énorme petit-déjeuner.
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| | | | (#)Mer 6 Jan 2021 - 22:55 | |
| Marcus s’intéressait au séjour de Caelan au Canada, ce qui faisait plaisir au cadet. Tôt ou tard il savait qu’il devrait s’ouvrir à lui et lui expliquer ce qui s’était passé avec Jessica, mais pour le moment, il appréciait cette discussion sans prise de tête pendant laquelle tous les deux se taquinaient comme à leur habitude. « Je parlais pas de toi, banane, on sait déjà tous que tu peux pas faire pousser une barbe correcte sans ressembler à Ted Bundy. » « Hey, tu ne vas pas recommencer avec ça. » répondit-il en riant, l’air faussement vexé. Ce n’était pas la première fois que Marcus le comparait à ce meurtrier et il avait généralement l’habitude de se défendre bec et ongles lorsque c’était le cas. Cette fois-ci, toutefois, derrière son air ricaneur se cachait une certaine insécurité pour ne pas dire un certain malaise face à cette comparaison. Parce que cette fois-ci il avait quelque chose en commun avec cet homme : il avait violé Jessica tout comme le meurtrier avait violé des femmes. Malgré que Caelan n’avait pas pris plaisir à le faire, parce qu’il n’en avait pas eu conscience pendant le moment et que ce n’était clairement pas quelque chose qu’il aurait fait en toute connaissance de cause, il ne pouvait s’empêcher de faire ce lien qui le dérangeait. « Ça dépend, est-ce qu’il y a le beau bûcheron qui va avec la chemise ? » demanda Marcus lorsque Caelan lui demanda s’il aurait aimé recevoir une chemise à carreau en souvenir du Canada. Le brun haussa une épaule, un sourire amusé au coin de ses lèvres. « Peut-être que ça peut s’arranger, mais il faudra que tu sois prêt à sortir ton portefeuille parce les frais d’expéditions risquent d’être élevés. Ça va au poids tu sais, à moins que tu veuilles un modèle taille réduit ou gonflable. » dit-il en portant sa bière à ses lèvres, le regard plein de malice. Mark lui demanda s’il avait des photos, à quoi le cadet répondit à la blague d’être prudent lorsqu’il changerait de photos sur son téléphone. « Tu te souviens que je t’ai déjà vu courir dans la maison le cul à l’air et ton caleçon sur la tête à clamer que t’étais un pirate, right ? » Ce souvenir arracha un rire au plus jeune des Leckie qui sembla soudainement un peu nostalgique. « J’espère que tu sais que ce n’est plus quelque chose que je fais aujourd’hui. Et j’ai quelque peu changé depuis cet évènement. » Évidemment. Caelan n’avait peut-être pas peur du ridicule, il avait une certaine pudeur par rapport à sa vie sexuelle, préférant garder ce sujet pour lui et les personnes concernées. « C’est qui le bellâtre ? Est-ce que tu comptes me voler mon titre de gay de la famille ? » Caelan ne fût pas tellement surpris que son grand frère fasse un commentaire sur son ancien colocataire qui se retrouvait sur plusieurs photos sur son téléphone, où ils étaient tous les deux majoritairement torses nus. « Hum les formes féminines me font beaucoup trop d’effet pour ça. » dit-il en pinçant ses lèvres d’un air innocent. « Mais peut-être que je devrais essayer, j’aurais peut-être plus de succès avec un homme, qui sait. » Il blaguait, évidemment, même s’il n’avait jamais essayé d’avoir un rapprochement avec un homme pour voir ce que ça lui faisait. Il se disait qu’il serait déjà au courant s’il avait une attirance pour les hommes, rapprochements ou non. « Pour répondre à ta question, c’est Brandon un de mes colocataires. C’était un peu mon Channing canadien. » dit-il en faisant référence à son meilleur ami en sol australien, celui avec qui il faisait les quatre-cents coups depuis son université et qui avait été son garçon d’honneur à son mariage. Il n’était pas attiré par la gente masculine mais Channing était en quelque sorte l’homme de sa vie. « Mais je ne me suis pas fait tatouer cette fois-ci. » ajouta-t-il avant de prendre une gorgée de sa bière en souriant en ayant une pensée pour le tatouage de « 007 » qu’il portait fièrement au-dessus de son mamelon gauche. Ce tatouage que Channing et lui avaient en commun, à un endroit différent cependant, suite à une soirée un peu trop arrosée entre amis. « Tu t’es bien amusé, on dirait. Et vu que t’es sûrement devenu un expert en la matière, tu nous feras des pancakes ce week-end, hm ? » Le cadet sembla hésitant, faisant tourner sa bière dans sa bouteille en grimaçant. « Ok, je peux bien. Ne te plains pas si ça goûte un peu trop la farine. » Il tourna les yeux vers son frère en souriant, haussant les épaules au passage. « Et je ne suis pas responsable s’il y a des cas d’empoisonnement alimentaire. Je ne suis pas devenu miraculeusement bon en cuisine au Canada, je te préviens. » @Marcus Leckie |
| | | | (#)Ven 15 Jan 2021 - 21:36 | |
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Il parcourait les clichés dans le téléphone de son frère avec une curiosité distraite, un paysage après l’autre, quelques selfies, des photos de ce qu’il supposait avoir été des collègues, des spécialités locales, des petits bonheurs du quotidien qui prenaient toute leur dimension lorsque l’on se sentait en terre étrangère. Mac aurait bien swipé à gauche d’entrée de jeu, juste par esprit de contraction, histoire de vérifier s’il y avait bien quelque chose de compromettant à trouver dans cette zone interdite de la galerie -cependant il se contenta d’aller vers la droite, un mouvement de pouce après l’autre. Un visage revenait fréquemment dans les photographies en dehors de celui de Caelan, et Marcus le remarqua bien vite. Même s’il doutait que celui-ci ait subitement changé de bord, il n’était pas fermé à la possibilité que son frère ait profité de ce voyage, juste après son divorce, pour, disons, explorer toutes sortes de nouveaux territoires. Le bonhomme en question n’était pas déplaisant, et s’il était celui que son cadet proposait d’importer du Canada -avec ou sans chemise- il n’était pas improbable que le brun reconsidère son offre malgré les frais de douane. « Hum les formes féminines me font beaucoup trop d’effet pour ça. Mais peut-être que je devrais essayer, j’aurais peut-être plus de succès avec un homme, qui sait. » Marcus haussa un sourcil. Caelan, contrairement à lui, n’était pas de ceux qui restaient célibataires bien longtemps. “T’as pas besoin d’élargir ton champ d’action pour avoir du succès.” répondit-il. S’il dégainait son sourire d’angelot plein de dents blanches et d'innocence au milieu d’un bar gay, la moitié des clients se retourneraient instantanément vers lui. Mac ne pouvait pas en dire autant ; ses atouts reposaient sur ce qu’il avait dans la tête et le charisme que cet intellect et son humour lui conférait une fois qu’il ouvrait la bouche. « Pour répondre à ta question, c’est Brandon un de mes colocataires. C’était un peu mon Channing canadien. Mais je ne me suis pas fait tatouer cette fois-ci. » Après avoir rendu le téléphone à Caelan, Mac prit une gorgée de bière. “Je parie que Channing serait ravi de savoir que tu l’as remplacé pendant un an.” fit-il pour taquiner son cadet. A dire vrai, peut-être que le concerné n’en aurait rien à faire. Avait-il mal vécu le départ de Caelan ? Le brun n’avait pas pris la peine de se renseigner à ce sujet, il l’admettait. La distance telle que vécue au 21ème siècle relevait du concept variable ; grâce à tous les moyens de communication, les réseaux sociaux, l’on était plus aussi loin de ses proches qu’on l’était lorsque Marcus était jeune. Le monde s’était rétréci au fil des décennies. Il était heureux que son frère ait pu goûter autre chose que la vie à l’australienne. « Ok, je peux bien. Ne te plains pas si ça goûte un peu trop la farine. » répondit-il à propos des pancakes ordonnés par son aîné pour le lendemain matin sur le ton de la plaisanterie. Sous son toit, l’absence totale de talent culinaire de Caelan devait rester aussi loin de la cuisine que possible. Leurs parents avaient raté quelque chose quelque part avec ceux deux-là pour que, même avec toute la bonne volonté du monde, leurs plats soient des ratages sur ratages. Il avait fallu plus de vingt ans à Marcus pour découvrir le secret de la cuisson des pâtes. “Y’aura jamais trop de sirop d’érable pour faire passer le goût, t’en fais pas.” il rétorqua, haussant les épaules. Il en avait, quelque part, dans un coin, au fond d’un placard. Sûrement. « Et je ne suis pas responsable s’il y a des cas d’empoisonnement alimentaire. Je ne suis pas devenu miraculeusement bon en cuisine au Canada, je te préviens. » Mac lâcha un petit rire, un brin soupiré. La verve de Caelan lui avait manqué. Sa présence aussi, et il se surprenait à espérer que son frère ne se trouverait pas un toit trop vite afin de tromper l’éternelle solitude de ses soirées de célibataire. “Tant mieux, fit-il avec un fin sourire. J’aurais pas voulu que le Canada prenne mon frère et me rende un inconnu.” Que certaines choses ne changent pas avait du bon. Caelan, lui, avait la tête pleine de souvenirs de son année à l’étranger à raconter. Et ils avaient toute la soirée pour ça.
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| | | | | | | | (Marcus & Caelan) Nothing holds you back more than your own insecurities |
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