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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyDim 27 Sep 2020 - 11:27


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T’as l’air si heureuse, je m’en voudrais de tout gâcher. C’était sur ces mots énigmatiques, bien qu’un peu alarmants, que Molly avait accueilli le retour de Yasmine chez elle. Passant en coup de vent pour rassembler quelques affaires et en déposer d’autres, elle l’avait prévenu qu’elle emportait Sasha avec elle cette fois-ci. La boule de poils en question avait fait son farouche en refusant de se laisser flatter les oreilles avant de craquer pour mieux se lover contre la silhouette longiligne de sa maîtresse qui, malgré tout, lui avait beaucoup manquée. Sa prochaine destination ? Toowong. L’idée de prolonger un peu les vacances de rêve qu’elle avait passé avec Edge s’était insérée assez naturellement dans l’organisation de leur retour sur Brisbane, aussi lui avait-il proposé de passer quelques jours chez lui - sans déterminer ce que quelques signifiaient exactement et dans le fond, Yasmine n’avait pas cherché à le savoir non plus, se contentant d’accepter sans plus de tergiversations. En fait, après des jours et des jours de proximité, ça leur semblait plus judicieux d’amortir la séparation, tout doux, le chacun chez soi étant assez complexe à envisager, assez peu convaincus que s’extirper totalement de leur bulle ne leur réussisse sur le long terme ; ils la déplaçaient juste le temps de se faire à l’idée que ça y était, les vacances étaient terminées.
Alors heureuse, Yasmine l’était. Autant dire qu’elle avait eu besoin de marquer un stop face à la mine déconfite de sa colocataire, et que son cerveau - si calme, contenté des souvenirs qu’elle s’était faits en la laissant s’exiler ailleurs, là où la somme de ses craintes s’était annulée grâce aux promesses faites par le paysage paradisiaque dans lequel elle avait atterri et dans lequel elle s’était complu - s’était mis à tourner à plein régime. Que s’était-il passé pour que Molly, ce condensé d'énergie infatigable, soit incapable de faire face, et l’accueille avec une tête de six pieds de long ?
Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même finalement. C’était bien elle, et elle seule, qui avait fait entendre à son partenaire qu’il était sans doute temps de rentrer, de retrouver le quotidien auquel ils avaient sciemment cherché à échapper durant leurs vacances et qui, irrémédiablement de l’avis de Yasmine, apporterait son lot de mauvaises nouvelles. La première, apportée par Molly donc, c’était l’accident de voiture de Norah.
Le choc avait fait bourdonner ses oreilles si fort qu’elle s’était sentit vaciller sur le canapé cosy du salon, et les questions s’étaient enchaînées jusqu’à ce que sa colocataire lui demande si elle comptait lui rendre visite. Même dans le coma, Yasmine doutait que la jeune femme soit encline à écouter les excuses qu’elle lui présenterait dans l’espoir qu’elles soient assez convaincantes pour qu’elle se réveille du profond sommeil dans lequel elle avait artificiellement été plongé. Elle était toujours tenté d’y croire, elle qui aimait tant les belles histoires, mais elle avait travaillé dix ans aux urgences, et elle connaissait la médecine… alors les miracles, elle savait qu’ils étaient aussi rares que les pièces d’or, aussi douloureuse cette pensée avait été sur le moment, et qu’elle avait à peine supporté d’ailleurs, les larmes roulant sur ses joues en simultané.
Même si elles étaient fâchées depuis quelques mois maintenant, Norah restait une amie chère au coeur de la jeune femme qui, dans l’urgence de la nouvelle qu’elle avait reçue, avait dû faire abstraction de son envie de dépasser les portes de la chambre dans laquelle elle avait été placée pour lui apporter son soutien. Elle n’avait jamais su bien estimer la rancoeur qu’autrui lui réservait, et celle de Norah, elle la pensait atrocement tenace - la sienne était passée depuis longtemps, remplacée par une culpabilité qui lui tenait au corps, profondément enfoncée dans chacun de ses nerfs tendus par le chagrin. Néanmoins, elle s’était inquiétée pour ses enfants qu’elle avait été embrasser en passant par la rue où ils élisaient domicile tous les trois, la gorge serrée quand Julie avait passé ses bras autour de son cou. Rassemblant les mèches brunes de Yasmine sur son épaule, elle lui avait murmuré qu’elle avait lu tous les livres qu’elle lui avait apportés cette fois-là, quand elle s’était brouillée avec sa maman pour des histoires qui lui semblaient bien dérisoires maintenant.

Ça l’avait torturé les jours suivants, plombant une partie de la bonne énergie qu’elle avait ramenée avec elle de Bali. Mais pas autant que la vision de la jeune femme qui lui était apparut après une longue journée de bénévolat à l’hôpital. Sa silhouette inerte avait été avalée par les portes de l’ascenseur qu’elle n’avait finalement pas pris, soumise au choc d’être confrontée à ce à quoi elle cherchait tant à échapper ; à savoir aux tubes, aux bips, mais aussi, et surtout, à Saït qui croisant son regard en sortant de l’ascenseur l’avait prise dans ses bras sans marquer aucun temps d’hésitation face à la mine qu’elle lui avait renvoyée, tentant avec détermination de prendre sur elle. A défaut de tout superviser, il s’assurait que cette collègue hautement estimée s’en sorte suffisamment bien pour ne pas succomber, et elle l’avait remercié pour ça pendant que lui, il lui soufflait qu’elle leur manquait aux urgences, et qu’il pouvait prêcher pour sa paroisse si elle voulait revenir.
Yasmine avait retenu ses larmes ; à ce moment-là précisément, comme par la suite. Mais ces images, cette image, elle la poursuivait jusque dans ses cauchemars dont elle avait pourtant réussi à se départir au cours des derniers mois - celui qui la fit sursauter cette nuit-là, l’extirpant brusquement du monde effroyable dans lequel elle s’était enfoncée en fermant les yeux, fût particulièrement violent toutefois, mais pas assez pour réveiller Edgerton à qui elle faussa compagnie, le souffle court et la peau marbrée de sueur froide. Elle le laissa s’étaler plus confortablement dans son lit, et alla s’enfermer à double tours dans la salle de bain.
La résonance de la pièce ne l’aida pas à contenir les témoignages de la crise de panique qu’elle réussit à calmer toute seule, et qui la garda éveillée si longtemps qu’elle eut le temps de préparer un petit-déjeuner copieux pour le jeune homme, de se préparer dans la foulée, et de prévenir Molly par texto qu’elle passait la prendre pour l’emmener travailler aujourd’hui. Un baiser enduit de baume au miel sur un post-it qu’elle colla sur le front d’Edge avant de s’en aller, et elle déambula dans sa Jeep jusqu’à arriver devant son immeuble.
"Elle est réveillée tu sais." Yasmine ne savait pas si c’était les marques de fatigue qu’elle avait dissimulé sous un maquillage discret qui forçaient Molly à entamer le sujet, toujours est-il qu’elle tourna la tête dans sa direction pour affronter son regard doux "Je sais que t’es pas passée me prendre juste comme ça…. c’est normal d’avoir peur, c’est ton amie." La Jeep était à l’arrêt, pourtant Yasmine empoigna son volant en détournant le regard pour le poser sur l’ensemble du parking du St-Vincent. Méditant sur ce qui lui brûlait les lèvres qu’elle pinça fort, longtemps, elle finit par lui dire, les yeux se raccrochant à quelque chose d’invisible par-delà la pare-brise "J’ai pas peur. Je sais juste pas si elle voudrait que je lui rende visite, et j’ai pas envie de m’imposer alors qu’on s’est pas parlées depuis longtemps. J’aimerais pas qu’elle croit que je suis là juste à cause de ce qui lui est arrivé." Elle ravala le reste de sa rhétorique pendant que Molly, les sourcils haussés, la main prête à actionner la poignet de la portière, lui répondait "Dans tous les cas, c’est pas en restant sur des questions que tu sauras à quoi t’en tenir, princesse. Je crois que ça fait pas de mal parfois de forcer un peu les choses."
Sous sa folie notoire, Molly savait aussi se monter telle que le présageait son âge : sage et adulte. Le fait était qu’elle avait raison qui plus est, et que Yasmine le savait. Aussi elle se retrouva à marcher jusqu’à la chambre de Norah avec la sensation la moins agréable du monde flanquée dans le creux de son estomac vide. En tournant à l’angle du service, elle se fit la réflexion que c’était la seconde fois en à peine un an qu’elle verrait quelqu’un qu’elle aimait beaucoup au fond d’un lit d’hôpital ; la première fois, elle avait eu assez de courage pour tout affronter, mais il fallait dire les choses telles qu’elles étaient : la gravité des blessures d’Edgerton étaient moindres comparées à celles de Norah dont elle se prépara mentalement à la voir atrocement amoindrie. Les mains vides et moites, elle se raccrocha à la bretelle de son sac qu’elle avait passé en bandoulière, s’arrêtant devant la porte de la chambre à laquelle elle frappa sans se laisser trop le temps d’y réfléchir.
Est-ce que Norah aurait la force de lui dire d’entrer ? Est-ce qu’elle l’entendrait d’ailleurs ? Yasmine fût prise d’un doute, et ce fût cette réflexion qui lui fit pousser la porte, et s’engouffrer timidement dans la chambre pendant qu’un "Heyyyy…" s’échappait de ses lèvres qu’elle sentit engourdies, la bouche pleine d’une salive épaisse, difficile à avaler - comme tous ls détails de la scène dans laquelle elle s’était incluse volontairement, et qui se soumirent frontalement à elle.
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyMer 7 Oct 2020 - 18:27

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Les visites dans la chambre de Norah étaient régulières, mais toujours calmess. Chacun respectait le repos dont elle avait besoin. Ils la voyaient se remettre doucement, mais sûrement et il aurait été peu judicieux de vouloir la brusquer alors qu'elle avait là l'occasion de s'accorder un repos qu'elle avait négligé depuis des mois. Elle commençait enfin à trouver une légère amélioration quant à ses douleurs à chaque fois qu'elle inspirait profondément ou qu'elle toussait. Ses plaies commençaient à cicatriser, elle commençait à retrouver de l'appétit et les nutriments n'avaient plus besoin d'être administré par voie intraveineuse uniquement. Ses proches avaient noté ce détail, et ne venait que très rarement les mains vides. Parfois, pour l'heure du déjeuner, Marcus venait même manger avec elle en ramenant de bons repas des traiteurs qu'il préférait. Il n'arrêtait pas de dire combien il préférait cela à ses nombreux déjeuners professionnels qu'il devait se coltiner régulièrement et qui l'ennuyaient au possible. Elle finissait rarement ses plats, mais elle mangeait. Parti de ce postulat-là, il ne pouvait qu'être rassuré. Anwar lui ramenait régulièrement des cafés venant de l'extérieur, sachant très bien que ceux de l'hôpital n'avaient rien à envier. Ils étaient tous si attentionnés que Norah ne savait même plus comment exprimer sa reconnaissance, autre que des remerciements. Elle se sentait immensément redevable – et ce n'était pas un sentiment qu'elle aimait beaucoup avoir. Elle ne voulait rendre de comptes à personne. Même Saït, le médecin urgentiste et celui qui avait prodigué les premiers soins sur les lieux de l'accident était venue la voir. Il lui avait fallu cependant un certain temps avant de réussir à franchir les portes de la chambre. Lui aussi, avait eu besoin d'un temps pour digérer ce qu'il avait vu. Il lui avait même ramené un bouquet de fleurs ainsi qu'une carte signé par les collègues des urgences qui la connaissaient bien. Tout le monde lui souhaitait un prompt rétablissement. "Merci pour tout, Saït." lui avait-elle soufflé à un moment donné de leur conversation. Le médecin lui avait serré et embrassé la main, le regard bien brillant. Il n'en était peut-être pas tout à fait remis non plus. "Tu me remercieras quand tu seras sur pied et quand on rebossera ensemble." souffla-t-il avec un sourire encourageant. Cela n'allait pas être le cas avant plusieurs mois, mais le médecin savait déjà qu'il se porterait mieux lorsqu'il la verra enfiler à nouveau sa tenue d'infirmière. Les heures suivantes étaient relativement calmes, Norah avait dormi lal majeure partie du temps, à à peine ouvrir les yeux quand une soignante passait par là pour contrôler les paramètres vitaux ou administrer des médicaments. Elle entendait toquer à la porte et cela la fit sortir de sa léthargie. Norah s'attendait à voir un de ses frères débarquer, ou Anwar peut-être. Yasmine était bien la dernière personne qu'elle aurait pensé voir franchir cette porte. Leur dernière conversation remontait à un sacré bout de temps et elle n'avait pas été plaisante. Elles ne s'étaient même pas croisées depuis. Et pourtant, voilà que la belle brune était juste là, à quelques pas. "Yasmine ? C'est bien toi ?" Contre toute attente, Norah était profondément ravie, presque soulagée, de la voir. Elle n'avait pas oublié leur dispute, mais celle-ci lui semblait tellement puérile tout à coup. Comme elle l'avait confié à Marcus, avoir frôlé la mort avait remis une certaine perspective sur plusieurs aspects de sa vie. La surprise était telle que Norah ne savait pas quoi dire pendant plusieurs secondes, instaurant ainsi un silence susceptible de générer une sensation de malaise. "Je ne m'attendais vraiment pas à ce que tu viennes me voir." reconnut-elle avec un sourire timide. Yasmine avait probablement bien d'autres chats à fouetter, et pourtant. La Leckie voyait combien son amie était nerveuse à l'idée d'être là. "Je suis désolée ne pas pouvoir te recevoir dans les meilleures conditions qui soient." dit-elle avec un faible sourire. Tout l'appareillage et les dispositifs médicaux qui entouraient son lit n'étaient pas très accueillants et ne réchauffaient pas les coeurs, bien au contraire. "Viens, approche-toi." dit-elle en guise d'invitation. Sinon Yasmine allait probablement rester enracinée à l'entrée de la chambre. Pour l'heure, il n'y avait plus d'amertume, de rancoeur ou de colère. Norah peinait à savoir de quoi la brune avait peur : de ce que Norah pouvait dire, de son état, de ce qu'elle pensait... Oui, elle n'était pas des plus radieuses. Avec les lunettes à oxygène sur le nez, les innombrables poches à perfusion accrochées sur la potence, les bips réguliers du moniteur. La pâleur de sa peau, les multiples plaies laissées à l'air pour favoriser la cicatrisation, l'attelle à son poignet gauche, les multiples drains... La liste était longue. Même si elle ne le pensait pas, Norah était un roc, d'être ainsi parvenue à ne serait-ce que survivre à cet accident, après deux passages au bloc opératoire. Une miraculée. Ca, elle en avait conscience, par contre. Une fois que Yasmine avait rassemblé suffisamment de force (ou de courage) pour bien vouloir s'approcher de son chevet. "Comment tu l'as appris ? Pour l'accident, je veux dire." demanda-t-elle, d'une voix bien affaiblie, malgré elle. Elle reposait sa tête sur son oreiller, le regard bienveillant posé sur une amie qui avait toujours été très chère à son coeur.
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyVen 16 Oct 2020 - 17:50


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Fatima l’aurait probablement fustigé de s’être pointée les mains vides. Mais ce que sa mère avait à dire à propos de ses mauvaises manières dont elle se désolidarisait complètement, ce n’était pas tant ce qui inquiétait Yasmine à ce moment-là. En revanche, voir une collègue, une amie, réduite à l’alitement après un accident aussi violent que celui dans lequel elle avait été impliqué, ça occupait une bonne partie de ses pensées à l’instant où elle poussa la porte de la chambre de la jeune femme.
Le choc d’une Norah amoindrie, elle s’y était préparée ; sauf que la scène qu’elle avait devant les yeux à ce moment-là était moins pire que celle à laquelle elle avait été confrontée en tombant sur elle il y avait quelques jours plus tôt de ça, ayant tout l’air d’une poupée désarticulée et malmenée.  Au moins là, elle était éveillée. Et dans un sens, elle était rassurée de la savoir en possession de ses moyens au point de pouvoir la remettre aussi vite, à peine le bout de son nez dépassant le panneau de la porte. Mais de l’autre, elle n’était pas belle à voir, et la pointe qui lui vrilla le coeur à la seconde où elle croisa son regard, Yasmine la sentit passer.
On avait beau avoir travaillé sur des cas difficiles, on avait beau avoir passé une partie de sa vie à côtoyer l’insupportable en tant que membre d’une équipe médicale, voir un proche sur un lit d’hôpital était un traumatisme dont elle se serait bien passé - encore une fois. Seulement, il n’était rien comparé à celui que Norah avait dû endurer, et qu’elle endurerait encore jusqu’à son rétablissement total ; et ça lui prendrait du temps et de l’énergie. Heureusement, Yasmine la savait très bien entourée et s’il le fallait, si Norah consentait à lui accorder le bénéfice du doute et à la rendre plus digne de son amitié qu’elle croyait avoir perdu après leur dispute, elle se joindrait volontiers à ceux qui lui apporteraient tout le soutien qu’elle méritait.

Timidement, s’avançant un peu dans la chambre de la jeune femme en donnant l’impression de ne pas savoir exactement où elle mettait les pieds alors qu’elle avait côtoyé des chambres comme celle-ci pendant une décennie, elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille. Entendre à nouveau la voix de Norah lui fit du bien, même si elle était plus rauque qu’à l’accoutumée, même si elle percevait toutes les nuances de la souffrance qu’elle avait encaissée depuis son accident. Au moins, elle était en vie, et l’entendre poursuivre la conversation sans se forcer, c’était une preuve irréfutable qu’elle avait la volonté nécessaire de ne pas se laisser à nouveau sombrer "Je m’attendais pas non plus à venir te voir aujourd’hui pour être tout à fait honnête." fit-elle à la suite de la jeune femme sur qui elle posa un regard baigné de larmes - qu’elle ravala aussitôt, parce qu’elle faisait partie de ces gens qui refusaient de pleurer face à ceux qui avaient toutes les raisons de craquer ; ce qu’elle, elle ne ferait pas aujourd’hui malgré le chagrin que lui procurait cette vision horrifique de son amie, clouée sur un lit d’hôpital, transfusée, boursoufflées, amaigrie … mais encore une fois, bien en vie "J’étais pas sûre d’avoir ma place ici." avoua-t-elle après une courte pause, tirant sur les manches de son cardigan pendant qu’un léger rire s’échappa de ses lèvres. Il perdura par un sourire qui naquit grâce à la rhétorique de Norah qui s’excusait de ne pas pouvoir la recevoir plus correctement que ça "Je suis venue les mains vides, alors j’imagine qu’on est quittes sur le manque de bonnes manières." rétorqua-t-elle en retour, toujours à torturer la manche de son cardigan comme une enfant qui a conscience d’avoir fauté, mais qui ne sait pas comment s’y prendre pour faire amende honorable. Ça attendrait un peu, pensa-t-elle, se laissant guider par Norah qui naturellement l’autorisa à approcher. Et c’est ce qu’elle fit. De près, l’état de Norah paraissait tout aussi préoccupant, mais la lueur qui dansait dans ses yeux était si vive, si chaleureuse, qu’elle balaya en un instant la réserve qu’elle couvait à l’idée de se montrer ici.
Yasmine se pencha pour embrasser sa main, l’endroit qui lui semblait le moins propice à lui procurer une douleur si elle y pressait ses lèvres. Puis posant son sac sur la table de chevet, elle  finit par s’asseoir sur un siège à proximité du lit. Joignant ses mains au bord du matelas, n’osant pas toucher la jeune femme sur qui elle posa de nouveau son regard pour observer ses plaies, et s’assurer secrètement qu’elles étaient bien soignées, elle répondit à sa question un ton plus bas que d’habitude comme si parler à un volume usuel stopperait net la guérison de la jeune femme "C’est Molly qui me l’a annoncée. Elle vit à la maison depuis quelques temps, elle paraissait secouée quand je suis rentrée de vacances, et j’ai vite compris pourquoi." lui expliqua-t-elle, ne la quittant pas des yeux un seul instant, et ressentant brusquement le besoin de se justifier face au temps qu’elle avait mis à se montrer. Yasmine reprit "J’avais peur de te rendre visite. Pas seulement par rapport à ce qu’on s’est dit la dernière fois, j’étais pas sûre de réussir à supporter ton état… je suis désolée, c’est stupide, je suis infirmière." S’inclinant en avant pour poser son menton sur ses mains jointes, elle laissa un vague sourire adoucir la gêne qu’elle ressentait à ce sujet, quand elle répéta, ses yeux vert clair se perdant dans ceux de la jeune femme "Je suis désolée, Norah."
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyLun 19 Oct 2020 - 19:52

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L'image avait de quoi bouleverser. Une personne que l'on pensait être un roc, qui finit par se retrouver grièvement blessée, clouée dans un lit d'hôpital pendant plusieurs semaines. Le regard que Yasmine avait à ce moment-là, Norah l'avait vu sur d'autres visages. Elle s'en voulait de les rendre si inquiets, de leur faire générer cet affreux noeud à l'estomac, cette sensation de vertige, ces larmes qui inondaient ces pairs d'yeux rivés sur elle. Les iris clairs de Yasmine, submergés de larmes, restaient rivés sur son amie alors qu'elle lui confessait qu'elle n'aurait pas songé ce jour mettre les pieds dans cette chambre d'hôpital. "Et pourtant, te voilà ici." dit-elle avec évidence, dans un souffle. Elle voulait rester forte, Yasmine, du moins c'était ce qu'elle voulait paraître. Car l'on voyait les efforts qu'elle fournissait pour qu'il n'y ait pas de sillons humides qui se forment sur ses joues. La brune était tétanisée. "Pourquoi ?" lui demandait Norah. "A cause de notre dernière conversation ?" Question purement rhétorique, mais utile afin de replacer les faits dont elles avaient toutes les deux bien connaissance. "On vaut plus que ça, toutes les deux, tu penses pas ?" Un léger sourire venait arquer ses lèvres; elle ne pouvait pas vraiment faire plus tant elle était épuisée. Guérir demandait énormément d'énergie, autant physique que mental. Ce n'était pas rien, de maintenir le cap, de ne pas laisser tomber. Et Norah avait eu l'occasion de voir plus d'une fois dans sa carrière à quel point le physique et le mental étaient liés. Souvent, quand l'un tombait, l'autre suivait derrière, et inversement. Ceux qui avaient une volonté de fer parvenait à défier les statistiques et les pronostics de certains médecins. Norah pensait que ces patients là étaient de vraies forces de la nature et ils avaient tout le respect de la soignante. "On se rattrapera toutes les deux au prochain coup, alors." Norah serait déjà un peu plus présentable qu'elle ne l'était actuellement (du moins, elle l'espérait), Yasmine pourrait revenir les mains pleines. Elle prit un certain temps avant de se détendre un tout petit peu, suffisamment au moins pour qu'elle prenne une des chaises présentes dans la chambre afin de s'asseoir auprès de son amie de longue date. Elle restait hésitante, mais son regard observateur se concentrait sur les différentes plaies de Norah. "Toujours bien informée, Molly." souffla-t-elle avec un faible sourire. La brune avait compris depuis un moment que cette collègue avait les oreilles qui traînaient partout; elle était au courant de beaucoup de choses se passant à l'hôpital, et l'accident de Norah passait difficilement inaperçu. "Comment ça se fait qu'elle vit chez toi ?" lui demanda-t-elle, alors bien interloquée par cette information. Rapidement, la belle Khadji se confessait sur son état d'esprit, après avoir appris cette nouvelle. Comme si elle avait ce besoin urgent de justifier le fait qu'elle ne soit pas venue lui rendre visite plus tôt. "Tu sais, je t'en ai jamais voulu que tu ne sois pas venue me voir plus tôt." répondit-elle dans un souffle après quelques secondes de silence. "C'est pas parce qu'on est infirmière qu'on doit supposer se sentir invincible dans ce genre de situations. Alors, vraiment, tu n'as rien à te reprocher de ce côté-là." Elles restaient humaines avant tout. Pas juste des soignantes vêtues d'une blouse blanche, il ne fallait pas les réduire à cela. "Des patients dans des lits, dans des états lamentables, j'en voyais tous les jours. Ca ne m'a pas rendue plus forte pour faire face à tout ça non plus." fit-elle remarquer. "Ca a même plutôt l'effet inverse, je sais à quoi m'attendre. Je sais ce que certaines phrases ou certaines mimiques." Celles qui ne trompaient pas. Et elle était là, quasi impuissante, devant une ronde de soignants et autres intervenants au quotidien. Alors, elle ne jugeait personne avec le regard terrifié, leur incapacité à dire quoi que ce soit, la tétanie à l'idée d'entrer dans cette chambre. Même Saït, qui avait habituellement l'estomac bien accroché à force d'intervenir sur les accidents, où qu'ils soient, avaient eu besoin d'un moment avant de prendre son courage à deux mains pour la voir, sans trop culpabiliser. J'aurais du arriver plus tôt, j'aurais du faire tel soin sur place, tu n'aurais pas eu telle complication. Son calme d'habitude infaillible avait été mis à mal et il avait eu besoin de se décharger auprès de son amie, qui elle, lui avait tout simplement rappelé que grâce à lui, elle était encore en vie. "Alors il n'y a rien à pardonner, Yas." souffla-t-elle, un sourire apaisé sur ses lèvres. "Ni pour tes visites, ni pour notre dernière conversation." Norah n'en était plus là. Comme elle l'avait dit à Marcus, avoir conscience qu'elle avait frôlé la mort lui avait donné du grain à moudre. "Nous sommes deux personnes avec parfois des idées bien arrêtées, avec ce besoin d'exprimer nos opinions." Elles avaient été toutes les deux vulnérables (Norah l'était encore, d'ailleurs), la tête dans le guidon, à fleur de peau.  Avec sa main non blessée, elle vint chercher l'une de Yasmine. "Dis moi comment tu le vis, tout ça... Ou raconte moi autre chose, n'importe quoi."[/color] La voir dans ce lit d'hôpital, gérer ses émotions alors qu'elle n'était plus dans le métier, son quotidien... "C'est moins pire qu'avant, et ce sera peut-être mieux demain. C'est ce que je me dis chaque jour. Faire preuve de patience, ce genre de choses." Elle laissa échapper un rire qui lui fit finalement plus mal qu'autre chose, elle grimaçait alors de douleur en toussotant, puis en levant un peu les yeux au ciel, lassée de cette douleur récurrente et qu'elle allait devoir endurer pendant plusieurs semaines encore. "Je suis d'une très bonne oreille tu sais." lui rappelait-elle. "Encore plus depuis que je suis dans ce lit." Car rien n'était plus divertissant et libérateur que ce que ses visites lui racontaient, même s'il s'agissait des sujets les plus anodins. Cela rendait son quotidien bien plus supportable.
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyMar 27 Oct 2020 - 12:20


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Et pourtant, elle était ici.
Yasmine avait tendance à amoindrir sa propre force. Elle ne se trouvait pas toujours courageuse ; elle ne se trouvait pas courageuse tout court à vrai dire. Il lui était déjà arrivée de vouloir comprendre pourquoi Hassan, tout particulièrement, la trouvait si digne du métier qu’elle faisait, cherchant obstinément à mettre le doigt sur les certitudes qu’ils laissaient poindre quand il lui disait qu’elle était faite pour ça, et pour rien d’autre. C’était peut-être à cause de la manière dont elle avait été élevée, à toujours se faire petit pour ne pas déranger, pour ne pas donner l’impression d’occuper une place qui ne nous est pas réservée ; c’était le propre des immigrés - quand bien même elle était née en Australie, on la regardait parfois comme une étrangère, et ses parents l’avaient anticipés avec une clairvoyance qui leur avait donné envie d’élever leurs enfants de manière à ce qu’ils ne causent pas d’ennuis, à eux, aux autres. Néanmoins, il arrivait des moments où elle s’étonnait elle-même de savoir s’élever un peu… comme maintenant tandis qu’elle retenait toutes les manifestations de détresse que lui procurait la vue d’une Norah aussi mal en point.
D’un simple signe de tête, cherchant bien vite à se refaire plus petite qu’elle ne l’était, Yasmine lui répondit silencieusement qu’effectivement, c’était leur dernière conversation qui l’avait contrainte à battre en retraite lorsqu’elle avait appris son accident. Seulement, elle aussi dans le fond pensait qu’elles valaient mieux que les longs silences qu’elles s’étaient imposés pour soigner leur ego qui avait été blessé par les remarques de l’autre. Yasmine était mauvaise pour le conflit, ce n’était un secret pour personne et quand il n’avait pas vraiment lieu d’être, elle ne pouvait s’empêcher de se placer en unique responsable. Et finalement, elle ne serait même pas capable de se souvenir exactement de quoi était partie leur querelle ; de l’annonce qu’elle avait faite à sa collègue qu’elle allait démissionner, qu’elle laissait derrière elle cet univers qui avait fait grandir tant d’ambition en elle qu’elle s’était révélée avec les années, évoluant au sein du service des urgences avec une aisance que peu lui aurait accordé au tout début de sa carrière, jeune recrue trop timide pour qu’on se dise qu’elle avait du potentiel ? Là encore, elle en avait pourtant, et elle l’avait démontré. C’était bel et bien ça, sa décision de démissionner, qui avait laissé Norah pantoise ; c’était ça qui l’avait poussée à dérouler le fond de sa pensée à plus qu’une collègue en laquelle elle croyait, mais à une amie qu’elle avait vu foncer droit dans le mur.
Rien n’avait été aussi dramatique depuis que Yasmine avait quitté l’hôpital heureusement. Pour elle en tout cas. Elle avait su gérer sa déroute pour mieux consulter ses options pendant que Norah, elle, s’était lancée dans un combat contre la malice du Destin qui s’était déjà beaucoup trop acharné sur elle et sa famille pour que Yasmine ne trouve pas ça injuste. Assise près de son lit désormais, Yasmine lui répondit d’une petite voix, ordonnant à ses yeux de se poser sur elle comme une simple visiteuse, et non comme une professionnelle qui mourrait d’envie de s’approcher pour constater qu’en effet, ses plaies guérissaient déjà .

"Je pourrais emprunter une ou deux recettes de pâtisseries à ma mère. Vu toutes celles de ta création que tu m’as fait goûter ces dernières années, je te dois bien ça." Leur réconciliation avait été actée dès lors qu’elle avait posée le pied dans sa chambre d’hôpital et déjà, malgré son état, la jeune femme fourmillait d’impatience à l’idée de suivre sa guérison qui serait sans doute reléguée dans les couloirs du St-Vincent par les talents de colporteuse de Molly qu’elle avait mentionné pour mieux lui expliquer comment elle en était venue à apprendre la nouvelle de son accident.
Les coudes toujours vissés sur le matelas de la jeune femme, Yasmine eut un sourire tout en allongeant ses explications quant à la colocation dans laquelle elles s’étaient lancées toutes les deux, il y avait déjà quelques longues semaines de ça "Tu sais comment elle est. Elle se fourre toujours dans des histoires pas possibles, qu’elles soient vraies ou pas d’ailleurs, mais… ça fait son charme." défendit-elle son acolyte avant d’encore expliciter, laissant un léger soupir lui échapper en même temps qu’une légère secousse de sa charmante petite tête. Ce mouvement fit dégringoler quelques mèches de cheveux de l’endroit où elle les avaient coincées, la forçant à, sa main toujours muchée derrière sa manche aux mailles épaisses, les changer de côté "Des loyers impayés, rien de grave au final. Elle a eu besoin de trouver vite un endroit où poser ses valises et comme je suis pas souvent à la maison… on s’entend bien, elle et moi." Yasmine s’entendait rarement mal avec qui que ce soit, mais avec Molly, c’était à un tout autre niveau qu’il y avait bien avec elle qu’elle ne se sentait pas obligée d’être bien sous tout rapport ; de lui présenter constamment des excuses par exemple. Alors qu’avec Norah, c’était la seule chose qui la taraudait assez pour qu’elle s’y efforce presque d’emblée.
Sa réponse la fit se redresser un peu. Elle lui dit qu’elle ne lui en voulait pas de ne pas être venue plus tôt. Un poids s’allégea dans le coeur de Yasmine dont les yeux se mirent à briller un peu plus fort encore "Vraiment ?" fit-elle et évidemment, un rire lui échappa face à la situation qui n’avait rien de drôle. Mais de tout de même, elles faisaient la paire toutes les deux "C’est toi qui es clouée sur un lit d’hôpital, et c’est moi qui se fait consoler. Tu crois pas que tu devrais me laisser prendre les choses en main au lieu d’essayer de me faire sentir moins coupable ?" lui fit-elle remarquer, prenant à nouveau sa main la moins abimée pour la serrer dans la sienne et mettre le holà à la pensée qu’elle laissa échapper "Parce que t’as vécu quelque chose d’horrible, et que t’as le droit de te plaindre un peu, au moins une fois dans ta vie… ça fait pas de toi quelqu’un de moins courageux, je te l’ai déjà dit." lui rappela-t-elle en interrompant la démonstration de lucidité de la jeune femme "Hum, tu parles du fameux pincement de lèvres ? C’est le pire celui-là, mais on le fait tous." la rassura-t-elle en continuant à la regarder, mais aussi à serrer sa main pour lui insuffler un peu de chaleur et de réconfort qu’elle était venue lui donner sans s’attendre à en recevoir en retour, même si c’était le cas à ce moment-là "Je suis heureuse d’être venue, et de te trouver… j’allais dire dans cet état, mais c’est pas la bonne formulation à utiliser." Yasmine s’arrêta pour mieux reprendre, la tête penchée sur le côté "Plus  réveillée que je l’imaginais ?" l’interrogea-t-elle dans un léger mouvement de tête pour chercher son assentiment marquant le début de l’aveux qu’elle lui fit dans la foulée, les sourcils se fronçant très légèrement "Je t’ai croisée tu sais, près de l’ascenseur quand ils t’ont reprise au bloc la toute dernière fois. Je crois que c’est ça qui m’a fait reculer. J’étais mal préparée." Elle marqua une pause, reprenant une inspiration qu’un sourire vint accompagner "Je le suis un peu plus maintenant. Tu m’as manqué." affirma-t-elle sans rougir, un baiser se perdant sur le dos de la main de la jeune femme. En revanche, elle sentit ses joues chauffer un peu quand une nouvelle fois, Norah mit en exergue leur tendance à avoir des idées bien arrêtées. Yasmine ajouta "Et puis on était toutes les deux dans des passes difficiles. Merci." Elle n’expliqua pas les raisons de ce merci. Mais quelque chose lui disait qu’elle comprendrait qu’elle la remerciait de pas en faire toute une histoire. Et voilà, si elle avait été un peu plus courageuse, elle se serait dispensée de croire pendant des mois que leur amitié était terminée.
"Comment je vis quoi ?" Elle n’était pas là pour parler d’elle. Elle voyait cependant clair dans le jeu de Norah qui, enfermée ici depuis des semaines, en avait sans doute assez qu’on disserte sur son état. Yasmine n’aimait pas l’attention ; pour elle, elle s’efforça tout de même de prendre un peu la lumière. Elle lui lâcha la main pour la laisser libre de ses mouvements, se penchant en arrière pour que son dos cogne contre sa propre chaise "J’ai pas encore retrouvé une place, j’ai pas beaucoup cherché. Je me suis laissée un peu de temps comme j’avais envie de le faire. Je suis partie en vacances." lui dit-elle avec un sourire qui, s’il paraissait léger, en disait long sur le bien que lui avait fait ces vacances - ce qui l’amena à lui dire en plus, un sourire plus grand fendant son visage qu’elle tourna dans sa direction "J’ai rencontré quelqu’un. Enfin, rencontré, pas vraiment… on se connaît depuis un moment maintenant. Tu te souviens de cet ami dont je t’avais parlé, celui qui a terminé aux urgences avec un bras cassé ?" Elle se souvenait qu’à un moment donné, Norah l’avait encouragé à s’occuper de sa vie sentimentale, et à y épanouir. Peut-être serait-elle heureuse de savoir que ce côté-ci, tout semblait bien aller pour elle.
Encore qu’elle lui demanda, pour la forme, et avec une pointe d’humour qui fit se retrousser le haut de son nez "C’est le genre de choses que t’as envie que je te raconte ? Sinon j’appelle Molly, elle aura sans doute d’autres choses plus croustillantes à te raconter à propos de ce qui se trame dans les couloirs de l’hôpital." Elle avait envie de la faire rire un peu, parce que ça se voyait dans ses yeux : Norah savait qu’elle en avait pour un bout de temps, comme illustra ce qu’elle ajouta ensuite, et ce à quoi Yasmine adhéra avec douceur, ne retenant pas sa main qu’elle vint crocheter près de son visage pour lui replacer une mèche de cheveux en arrière, sans brusquer quoi que ce soit, pour ne pas lui faire mal "Ce sera forcément mieux demain. On s’occupe bien de toi ici, je le vois. Regarde-moi ce visage, tes plaies évoluent bien et pour le reste… ça prendra du temps." appuya-t-elle avant d’affirmer sans ciller, son regard trouvant le sien "Tu seras pas seule, Norah."
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyVen 30 Oct 2020 - 16:16

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Cela devait être particulièrement destabilisant, de voir l'un des leurs aussi mal en point. De devoir la considérer autant comme une patiente qu'une collègue, ou une amie. Difficile de ne pas mettre en jeu l'affect comme on le ferait pour n'importe quel autre soigné, difficile d'accepter que sa vie était entre ses doigts. Personne n'était dans une position confortable, qu'il s'agisse de Norah ou de ses collègues. Ils ne la considéraient pas moins qu'avant, au contraire. On avait hâte de la revoir sur pied, qu'elle prenne du temps pour se reposer et qu'elle revienne les bras chargées de gourmandises et passer faire un coucou, juste pour dire qu'elle allait bien. "Il me tarde de voir ce que tu vas me préparer, dans ce cas." Norah souriait. Toute la rancoeur s'était envolée en un souffle, un regard. Oui, elles valaient mieux que ça. Une amitié sans tension n'en était pas vraiment une et celle qui avait rendu la relation de Norah et Yasmine si électrique n'était pas des moindres. Mais c'était sûrement nécessaire; que les voix et les pensées se fassent entendre. Et puis Yasmine devait bien connaître la franchise de son amie et le tact qu'elle avait. "Promis, j'essaierai de ne pas être une juge trop difficile." plaisantait-elle. Ce n'était pas parce que Norah était une excellente pâtissière qu'elle se pensait supérieure aux autres. Elle savait tout à fait apprécier ce qu'on lui faisait, respectait toujours l'effort que l'on y mettait. Sauf si ce n'était pas bon, elle le dirait. La rumeur de l'accident de voiture de Norah avait fait le tour des services, il n'était donc pas surprenant que Molly en ait été informée et qu'elle ait contribué au colportage de cette précieuse information. Elle ne savait décidément pas tenir sa langue. "Ca fait son charme." répéta-t-elle d'un air très dubitatif, en arquant un sourcil. Elle vivait désormais sous le même toit que Yasmine, pour des soucis de loyers impayés. Molly n'était pas une personne que Norah portait vraiment dans son coeur. La brune la tolérait pour la simple et bonne raison que Yasmine l'appréciait énormément. Elle s'en tenait à ça et ça lui convenait parfaitement. Yasmine semblait être prise de nombreux remords, et celui qui venait en tête de liste était le fait qu'elle ne se soit pas sentie capable de venir rendre visite à l'infirmière plus tôt, depuis son accident de voiture. Norah ne lui en voulait pas le moins du monde. Elle acquiesça d'un signe de tête lorsqu'elle demandait confirmation. "J'ai conscience que... Ca restse une épreuve pour tout le monde. De se sentir prêt à voir quelqu'un qu'on connaît amoché à ce point." Norah baissait les yeux un moment. Pour elle aussi, c'était une épreuve. Ca lui faisait penser à ces fois où son mari rentrait blessé du travail. Les risques du métier, dirait-on. Il refusait catégoriquement d'aller à l'hôpital, se vantant d'avoir une infirmière attitré quand il rentrait à la maison. Et elle en prenait grand soin, de ces hématomes et de ces bleus. Il s'agissait de moments finalement assez intimes entre les deux tourtereaux. Frank lui avait confié qu'il confié qu'il aimait ces instants là. "On ne perd pas les bonnes habitudes." répondit-elle avec un rire alors que son amie relevait le fait que ce soit l'hospitalisée qui console les visiteurs. "C'est plus fort que moi." Sans grande surprise, Yasmine tenait un discours relativement similaire à ce que sa famille tentait de lui faire rentrer dans le crâne : qu'elle accepte enfin de lâcher prise et de se faire aider. "De quoi voudrais-tu que je me plaigne ?" Ce n'était pas trop le genre de Norah, de base. "De l'accident ? De devoir rester clouée au lit ? De la mort de Frank ?" Elle avait de quoi, au fond. Elle verbalisait ces choses, mais très (ou trop) peu. Jamais n'avait-elle un véritable coup de gueule sur l'un de ces sujets-là. Mais ça ne saurait peut-être tarder. "C'est beaucoup, pour une seule vie, tu trouves pas ?" demanda-t-elle alors, le regard dans le vide, bien songeuse. Le Destin n'était pas clément avec tout le monde, et il semblerait qu'il s'acharnait sur certaines personnes. Norah devait être dans la liste. "Rassure-toi, je passe le plus clair de mon temps à dormir. A croire que je rattrape ces derniers mois d'insomnie." pouffa-t-elle. Elle ne pouvait pas trop rire, ou tousser; cela lui faisait extrêmement mal aux côtes. Une douleur aussi vive que rapide. "J'étais encore intubée quand j'ai été reprise au bloc." constata-t-elle lorsque son amie lui racontait la dernière fois qu'elle l'avait vue. "Ca n'a pas du être une image très plaisante à voir pour toi." souffla-t-elle en lui serrant la main. "Tu m'as manquée aussi." Elle regardait tendrement Yasmine embrasser sa main, reconnaissant qu'elles avaient été toutes les deux à cran lors de leur dernière rencontre. Yasmine la remerciait. Elle ne précisait pas pour quoi, mais étrangement, Norah savait. C'était inexplicable, mais évident. Subtil, et pourtant bien visible. "En vacances ? Tu es allée où ?" s'intéressait-elle alors. Il était impossible de ne pas voir combien Yasmine avait adoré cette petite pause dans sa vie. Un sourire presque niais, qui laissait penser à Norah qu'il y avait autre chose. Elle n'avait pas besoin de l'interroger pour qu'elle cracher le morceau. "Ca me dit quelque chose, oui." répondit-elle quand son amie tentait de lui rafraîchir la mémoire. Celle-ci faisait encore défaut à Norah, surtout lorsqu'il s'agissait des moments ayant précédé son accident de voiture. Elle se souvenait de sa conversation avec Alfie, d'avoir pris la voiture, de l'avoir démarré. Après... Tout était noir, ou extrêmement flou. "Il s'avère que oui, ta vie amoureuse m'intéresse. Dis-moi tout." Yasmine n'était pas de celles qui collectionnaient les coups d'un soir ou les rencards sans lendemain, alors savoir qu'elle avait quelqu'un méritait toute l'attention de son ancienne collègue. "Je préfère largement ça aux derniers potins du coin." fit-elle remarquer avec un rire. Norah ne s'y était jamais vraiment intéressée. Elle les entendait, mais ne les faisait pas circuler. Elle n'en avait rien à cirer. Yasmine voulait se faire optimiste, peut-être autant pour elle-même que pour Norah. "Mais il y a certains cheminements que je vais devoir faire seule." souleva-t-elle. C'était elle qui devait se remettre mentalement de ce traumatisme, ça devait être elle qui devrait se reconstruire, qui devait enfin poursuivre son deuil. Elle baissait les yeux, songeuse. "Il y a un truc que j'ai pas dit à mes frères, ni à l'ancien coéquipier d'Anwar. Ils auraient pensé que c'était le coup de l'anesthésie ou du réveil difficile, enfin une explication rationnelle." Aussi pragmatique et terre à terre Norah pouvait-elle être, elle avait aussi ses propres croyances et en tête on pouvait trouver les fantômes. C'était un sujet qui l'avait toujours émerveillée. "J'ai vraiment pas fait beaucoup de rêve, ou du moins, rien que je me souvienne. Mais il y a en a juste un..." L'image était encore si précise qu'elle semblait réelle. "Juste un qui..." Et ça lui était agréable, de s'en souvenir. "J'étais sur une plage. Elle ressemblait beaucoup à l'une de celle où Frank et moi étions quand on était en Afrique du Sud. Je me souviens encore des odeurs, du vent, de tout..." D'une précision presque déconcertante. "Et il y avait Frank." Norah en avait même les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres. "Je n'avais pas ressenti un tel bonheur depuis des années. Tu n'as pas idée combien j'étais heureuse de le voir." Norah avait la certitude que la belle brune ne la jugerait pas. Elle savait à quel point elle était amoureuse de Frank et combien sa perte l'avait totalement perdue. "Il s'est approché de moi et il m'a juste dit deux mots : pas maintenant." Comme si à ce moment, Norah avait le choix entre vivre ou mourir. C'était effroyable et fascinant à la fois. Tout n'était qu'une question de volonté, finalement. Un long moment de silence s'en suivit. La gorge de Norah était nouée, serrée, ses yeux inondés de larmes. "C'est juste... compliqué de... D'accepter le simple fait qu'il ne reviendra jamais. Je le savais depuis le début, mais j'avais toujours cet espoir que..." Elle haussait les épaules. "On se raccroche à ce qu'on peut." conclut-elle dans un murmure.
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyMer 11 Nov 2020 - 16:37


≈ ≈ ≈
{this is me trying}
crédits gif et code fiche/ (tumblr & malibu) ✰ w/ @Norah Lindley

A tout ce que Norah énuméra comme ses principales sources d’éventuelles complaintes, Yasmine acquiesça solennellement. La tendance qu’avait eu sa collègue dans le passé à se murer derrière des barricades aussi solides que possible, ça aussi ça avait été un vrai débat entre elles. Elle ne l’expliquait toujours pas aujourd’hui, probablement parce qu’elle aussi n’était pas dans un état d’esprit très serein à cette époque-là, dissimulant ses difficultés aux autres pour ne pas les inquiéter, mais elle avait bien senti que quelque chose n’allait pas chez Norah. C’était imperceptible, pourtant. Niché au creux de son coeur, à l’endroit même où la blessure causée par la mort de Frank ne cessait de pulser, chaque jour un peu plus fort.
Et puis il y avait eu ce patient auquel elle s’était accroché comme à un espoir vain de renverser la vapeur, et changer la fin d’une histoire dans laquelle elle avait été propulsée sans le vouloir, devenue veuve bien trop tôt pour que ça ne soit pas considéré comme un véritable malheur aux yeux de son entourage. Yasmine le savait ça aussi, que ce cas en particulier n’avait fait que précipiter son amie dans un cercle vicieux de garde à rallonge, d’insomnies handicapantes et de fatigue irréversible, qu’elle ne rattraperait sans aucune doute jamais. Norah n’allait pas bien, mais elle ne tenait pas à ce qu’on le remarque. Yasmine, elle, elle l’avait compris rapidement… alors elle avait cherché à lui faire entendre que peut-être, pour son bien, pour celui de ses enfants, il aurait été nécessaire qu’elle prenne moins à coeur le cas de l’officier Dunn. Elle n’avait rien voulu savoir, elle s’était retranchée derrière des excuses toutes trouvées, comme le manque d’effectif qui perturbait la fluidité dans les services qu’elles côtoyaient chaque jour, entre autres choses ; elle n’avait pas insisté, mais peut-être aurait-elle dû en définitive, parce que dans son for intérieure, elle avait toujours craint le jour où Norah finirait enfin par craquer.
Elle n’avait pas connaissance des vraies raisons de son accident de voiture, mais le lien restait tout de même facile à faire. Les malheurs arrivaient, bien sûr, le Destin était joueur, mais il n’y avait pas de fumée sans feu, et l’état de fatigue intense de la jeune femme ne devait pas être étranger à sa perte de contrôle. Elle devait prendre soin d’elle, et s’il fallait qu’elle déverse ses lamentations sur quelqu’un, Yasmine se prêterait au jeu sans rechigner ; elle plus que quiconque avait le droit de se plaindre, elle le pensait sincèrement en effet. Seulement, rentrer dans un duel pour à nouveau lui faire accepter ce fait, ce ne serait pas pour tout de suite. Pour l’instant, consolider leurs retrouvailles semblait plus approprié tandis que Yasmine posait sur Norah un regard qui lui permettait de comprendre que ce dont elle avait vraiment besoin à ce moment-là, c’était de sortir un peu du carcan imposé par sa condition de patiente alitée.
Elle avait beau voir du monde, elle était tout de même enfermée dans cette chambre d’hôpital depuis quelques temps maintenant, et pour quelques temps encore. Ce n’était pas grand-chose, aussi Yasmine pensa que détourner la conversation un instant sur elle, ça lui permettrait d’être un peu soulagée, elle qui avait du être bien placée pour assister à un ballet de tristes mines depuis qu’elle était réveillée. Elle n’était pas mieux dans son genre car c’était un fait : l’image qui lui avait été imposée lorsqu’elle avait croisé l’escouade de soignants qui remontaient Norah du bloc la dernière fois qu’elle avait eu besoin de passer sur le billard, ça avait été une des causes principales de sa réticence à venir la voir, et elle le lui avoua sans détour, bien que timidement. Elle avait eu peur tout simplement, pour elle en premier lieu, mais aussi de ne pas supporter de la voir si amoindrie. La voir ainsi, plaisantant même un peu, ça soulageait une grande partie de l’angoisse de la jeune femme qui continua sur son envie de lui apporter plus que de la monotonie.

Ainsi, ses vacances en Indonésie était le sujet parfait pour ça "A Bali. Et il fallu du temps pour convaincre Edge de rentrer en Australie. Ce que je comprends, c’est magnifique. Ça nous a fait du bien de partir, on en avait tous les deux besoin." lui répondit-elle quand elle eut la confirmation que parler un peu d’elle, parler un peu de sa vie, ça permettait à Norah de souffler un peu "D’ailleurs, il a pris des photos incroyables. Je lui demanderai de me faire une sélection pour te le monter la prochaine fois que je viendrai te voir, ça te dit ?" Elle pariait que oui, et puis si on considérait l’enthousiasme qu’elle décela dans le son de sa voix lorsqu’elle lui annonça ne plus être un coeur à prendre, il y avait de fortes chances que de longs récits n’en finiraient plus d’être racontés entre les quatre murs de cette chambre.
La philosophie de Yasmine reposait presqu’entièrement sur sa pudeur, en bonne timide qui se soignait qu’elle était, mais quand il s’agissait de sa relation avec Edge, son regard ne trompait pas. Et il ne trompa pas Norah qui lui demanda de tout lui dire "Qu’est-ce que tu veux savoir ? Je suis capable de te donner son groupe sanguin à ce stade… oui, c’est à ce point-là, je suis ridicule." fit-elle en plaisantant, indiquant ainsi qu’elle en était un peu trop amourachée pour que parler de lui ne prenne que quelques secondes seulement. Mais Norah comprendrait. Elle avait été dans ses chaussures.
A ce sujet, Yasmine regretta un instant d’être relativement expansive à propose de ses sentiments pour le jeune homme, quand elle savait combien Norah souffrait de la perte de son époux. Elle se demanda brièvement si ce n’était pas indécent d’entamer ce sujet de conversation… qui finit par bifurquer quand elle la rappela à l’ordre sur le temps dont elle aurait besoin pour se remettre de son accident, et sur l’assurance qu’elle ne serait pas seule pour le faire.
C’était évident qu’il y aurait des étapes qu’elle aurait besoin de franchir seule, et Yasmine l’écouta en faire état avec une sagesse qu’elle lui reconnaissait bien là pendant que, doucement, il lui apparut qu’elle allait lui faire une confidence. Prête à l’entendre, Yasmine se décolla du dossier de sa chaise, et posa ses coudes sur le matelas, alerte et attentive au moindre mot prononcé par son amie ; qui lui brisa le coeur pendant que ses yeux se remplissaient de larmes, et qu’elle partageait son songe avec elle. Elle avait toujours trouvé l’histoire de Frank et Norah jolie. Le peu qu’elle lui en parlait, Norah avait toujours de belles anecdotes à lui raconter, lui donnant le sentiment que, même si elle n’avait fait que le croiser, elle avait l’impression de le connaître. Il avait rendu heureux quelqu’un qui comptait pour elle, et Yasmine n’était pas très exigeante ; juste grâce à ça, elle savait qu’il était quelqu’un de bien.
"Norah…" commença-t-elle doucement, se remettant peu à peu du récit qu’elle venait de lui faire. Un sourire graduel fendit son visage, et bien qu’elle était atrocement triste de voir l’expression sur celui de Norah, elle n’arrivait pas à ne pas voir un peu d’espoir dans cette manifestation de son mari dans un moment aussi fatidique que celui-là "Ça te prendra toute une vie d’accepter qu’il ne reviendra jamais, mais tu te rends compte de ce que ça veut dire, qu’il se soit montré exactement au moment où t’en avais le plus besoin ?" lui demanda-t-elle, lui reprenant la main en même temps "Il veille sur toi. Il est là. Quelque part. A vouloir te remettre dans le droit chemin quand tu vacilles. Il sait quand ce sera le bon moment pour vous de vous retrouver, il faut que lui fasses confiance." fit-elle ne considérant pas les révélations de la jeune femme comme risibles bien au contraire ; des histoires de ce genre, elle en avait entendu des tas, et elle y croyait. Peut-être lui reprocherait-t-on de rentrer dans un jeu avec la jeune femme, de l’encourager à se complaire dedans, l’empêchant de tourner la page. Elle l’assumait, si bien que serrant davantage les doigts de Norah dans les siens, elle ajouta "Raccroche-toi à ça. A l’idée qu’il est toujours là, même si tu ne le vois pas."
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptySam 14 Nov 2020 - 22:10

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Epuisée de se battre contre toutes ces pensées qui la torturaient au quotidien, surtout ces derniers mois, Norah laissait enfin transparaître son accablement. Elle n'était pas en mesure de lutter, au fond de son lit. Marcus l'avait vu, Caelan et Anwar aussi. Mais ils ne cherchaient pas à la miner encore plus qu'elle ne l'était déjà et savaient que le jour où elle aurait envie d'en parler, elle viendrait d'elle-même. Cela pourrait même arriver aux moments les plus inopportuns. Ils en étaient à un stade où ils s'y attendaient, probablement. Et il valait mieux que ça arrive, un jour ou l'autre. Avant de s'attarder sur ses pensées moroses, la belle brune se focalisait sur le récent voyage de son amie. "Ca doit être beau, Bali. J'ai vu des photos passer sur Instagram avant... ça, et c'est vrai que ça vend du rêve." dit-elle avec un sourire affaibli.  Et encore, Norah n'avait pas l'odeur des plantes tropicales, ni de leurs plats riches en épices. Ca aurait été un voyage que Frank et elle auraient fait très volontiers. Faire le tour de l'île sur deux ou trois semaines, dans ces décors paradisiaques et dépaysants. "J'adorerais jeter un oeil aux clichés qu'il a pris, oui." approuva-t-elle avec un sourire. Ca allait lui changer des décors hospitaliers qu'elle connaissait déjà par coeur. Ca devait être sérieux, entre ce Edge et Yasmine, pour qu'ils passent des vacances ensemble autant de temps. Plus que la belle ne saurait confesser. Au moins admettait-elle qu'elle en pinçait pour lui, et que leur relation était plutôt officielle. "J'en sais rien. Tout ce que tu voudras bien me raconter." lui répondit-elle avec un sourire. Elle était prête à tout entendre, tant qu'on la mettait un peu au parfum de ce qu'il s'était passé pendant son coma, et, dans le cas de Yasmine, depuis la dernière fois qu'elles s'étaient parlées. Il y avait de quoi raconter. "Et si ça te rassure que je connaisse au son groupe sanguin, eh bien dis-le moi." s'amusa-t-elle à répliquer, avant de toussoter. La niaiserie (adorable) que la brune avait à ce moment-là, Norah le connaissait par coeur. Elle le connaissait parce que c'était exactement l'état dans lequel elle était dès qu'elle était avec Frank. Cette légèreté, cette joie de vivre qu'elle avait ressenti des années durant et dont les disputes occasionnelles n'avaient pas su tarir. Norah notait un certain embarras sur le visage d'Yasmine. Elle avait l'habitude, de ces regards là. "T'as pas à te priver de m'en parler sous prétexte que je sois veuve." lui dit-elle d'un air calme. Norah n'allait pas jalouser le bonheur et l'amour des autres parce qu'elle avait perdu le sien. Au contraire, ça lui faisait du bien d'entendre ce genre de récits. Les belles histoires. "Je suis contente pour toi, vraiment." tint-elle à préciser. Même si les traits de son visage s'était radoucis depuis son réveil, Norah n'avait pas très bonne mine. Elle restait plus pâle que d'habitude, les éclats de pare-brise avait marqué son visage ici et là de coupure, l'impact du choc l'avait coloré de quelques hématomes qui allaient prendre au moins trois semaines pour intégralement disparaître. Poussée à la confidence, elle racontait à Yasmine le rêve qu'elle avait fait pendant son sommeil iatrogène. Elle savait qu'elle allait y être réceptive. Les autres l'auraient été aussi : Anwar enn aurait probablement eu les larmes aux yeux, cela aurait aussi beaucoup touché Marcus, qui avait toujours adoré Frank et il ne supportait toujours pas qu'on ait pas mis la main sur son meurtrier. "Je sais que j'ai un retard sur tout le processus... mais je veux pas prendre toute ma vie à accepte ce qui est arrivé." souleva-t-elle d'une voix étranglée. "C'est insupportable, comme sensation, Yasmine." Ses lèvres tremblaient, sous l'émotion. "Perdre la personne avec qui on imaginait passer sa vie avec est une chose, parvenir à le gérer pour éventuellement envisager de la partager avec une nouvelle personne en est une autre." Ce n'était pas par manque d'envie; Norah au fond d'elle, adorerait retrouver les mêmes sentiments que Yasmine avait pour Edge. Tomber amoureuse à nouveau, ne pas être une cause perdue alors qu'elle avait encore toute la vie devant elle. Elle voulait en finir avec son deuil, que les fois où elle penserait à Frank, ça la rendrait plutôt nostalgique plutôt que chagrinée. Yasmine était convaincue que, quelque part, il était toujours là. Il veillait sur elle d'où il était. Il tenait à ce qu'elle reprenne sa vie en main. "Tu le penses vraiment ?" lui demanda-t-elle dans un murmure. Etait-elle romantique à ce point ? Au point de croire que Frank gardait toujours un oeil sur sa chère et tendre et la guider afin qu'elle ne finisse pas par dépérir ? "Il me manque tellement." Une phrase qu'elle avait tendance à répéter de temps en temps, aux personnes avec qui elle se sentait proche. Il n'y avait pas d'autres phrases pour décrire le vide qu'elle ressentait depuis sa disparition. "Une partie de moi sait qu'il sera toujours là pour moi et c'est quelque chose que je suis prête à avoir avec moi jusqu'à la fin. Je voudrais juste que... La douleur disparaisse." Norah lui lançait un regard reconnaissant lorsqu'elle sentit son amie lui serrait la main, pleine de compréhension et d'empathie. "Si je pouvais penser à lui sans me sentir profondément triste à chaque fois, ça m'arrangerait." Qu'elle mette enfin un terme à son deuil. "Tu l'aurais apprécié, c'était quelqu'un de bien. Du genre très posé, très calme, mais tu voyais qu'il pensait beaucoup. Que ça turbinait pas mal là-haut." dit-elle avec un sourire nostalgique. Donner des détails sur Frank était un sujet qu'elle n'avait jamais vraiment abordé. Aussi, elle n'en avait pas à parler avec ses proches, qui savaient exactement comment il fonctionnait. "Il était quelqu'un... d'efficace, qui voulait que les choses soient. Bien faites, surtout. Il tenait à avoir sa propre famille, à la fonder. Parce que la sienne, dans laquelle il a grandi, n'avait jamais été ce qu'il avait voulu. C'était... compliqué. Il voulait repartir de zéro, avec ses propres principes, qui du coup, collaient étrangement bien au mien." Elle souriait. Frank n'avait jamais été à l'aise de parler de sa famille. Il s'était mis dans la confidence avec son épouse, mais elle ne l'avait jamais forcé à trop en parler. Pour preuve, il n'en avait invité aucun membre à leur mariage, la famille de Norah étant devenu la sienne. Il s'était créé son propre cercle, avec Anwar comme autre pièce centrale, et toutes les personnes avec qui il avait su se rapprocher au fil des années. "Il était... vraiment une force tranquille. Je dis pas que c'était tout rose tous les jours, on a eu nos soucis, surtout par rapport à nos boulots respectifs, mais on arrivait à tout faire fonctionner." Elle savait que certains membres de sa famille les avaient vu comme le couple idéal. Norah se pensait pas au-dessus des autres, loin de là. "A partir du moment qu'on savait qu'on voulait toujours aller dans la même direction, et qu'on voulait le faire ensemble, alors on savait qu'on était capables de surmonter tous les obstacles. Et ça c'est un conseil que je te donne : si tu veux être sûre que ça fonctionne avec ta moitié, assure-toi que vous regardez dans la même direction." Yasmine semblait être sincèrement éperdue de ce jeune homme. Et puis, Norah n'avait pas connaissance qu'elle ait déjà eu une véritable relation amoureuse, alors autant qu'elle savoure ces instants autant que possible. "Et si jamais vous cherchez déjà une autre destination de vacances, je te conseillerai très vivement l'Afrique du Sud." dit-elle avec un sourire taquin. "J'ai aussi tout un album photo, c'était pour notre lune de miel. Si ça t'intéresse aussi, et t'en faire un avant-goût, je pourrai te le montrer quand je serai rentrée." Elle ignorait pourquoi elle s'était autant ouverte à elle par rapport à son mari. Mais ce qu'elle savait, c'était que ça lui faisait un bien fou d'avoir trouvé la force et l'envie d'en parler.
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyMer 2 Déc 2020 - 14:43


≈ ≈ ≈
{this is me trying}
crédits gif et code fiche/ (tumblr & malibu) ✰ w/ @Norah Lindley

Les appréhensions de Yasmine semblaient avoir, presque, toutes disparues. C’était incroyable, la force que Norah avait en elle pour passer au-dessus de son propre état, et rassurer les autres sans même donner le sentiment d’essayer, sans même savoir que cette volonté sourde qu’elle avait de faire le bien était assez puissante pour qu’elle agisse sans qu’elle n’eut jamais besoin de se forcer. C’était indubitablement ce qui faisait d’elle une si bonne infirmière, de savoir prendre soin des autres sans même y songer, tellement tournée vers son prochain qu’elle s’oubliait bien souvent. Mais Yasmine ne voulait pas que Norah réitère la négligence dont elle avait fait preuve à son propre égard au cours des derniers mois, préférant passer outre ses propres difficultés pour s’attarder sur celles des autres et finir clouée au fond d’un lit d’hôpital : elle devait guérir, prendre soin d’elle, et ce dans tous les sens du terme. Car là, son état physique était lamentable - des hématomes lui recouvraient le visage, des plaies lui entaillaient la peau, et quelques-uns de ses organes avaient été si malmenés que Yasmine se demandait comment elle faisait pour gérer sa souffrance sans abuser des traitements qu’on lui fournissait. Il n’y avait pas que ça cependant, c’était un fait qui méritait d’être longuement étudié ; son état mental était le plus inquiétant finalement, et c’était pour cette raison que Yasmine s’attarda auprès d’elle, faisant la conversation en s’arrêtant sur sa propre vie pour lui permettre de s’échapper de la sienne, et ne pas retomber dans la léthargie.
Elle ne serait pas seule pour surmonter l’épreuve qu’elle venait de rencontrer, mais elle avait tellement traîné les pieds à l’idée de suivre une thérapie suite à la mort de Frank, que la jeune femme craignait dans le fond que l’accumulation de traumatismes de telle nature ne viennent laisser des séquelles incurables sur la psyché de Norah. Alors, consciencieusement, toute attentive à ce qu’elle tenait à lui dire, laissant Edge et les souvenirs de leurs vacances de côté le temps d’un instant, elle la laissa s’exprimer. Yasmine la laissa verbaliser ce qu’elle avait sur le coeur, et se montrer précise sur la nature des songes qu’elle avait fait lorsqu’elle était encore endormie ; sans apporter aucun jugement narquois à ce qu’elle partageait avec elle, retenant juste ses larmes parce qu’en l’écoutant parler, elle se demanda encore une fois comment elle pouvait être assez forte pour tenir face à des épreuves aussi ignobles que celle qu’elle avait vécue.
Yasmine avait été chanceuse dans sa vie, elle n’avait jamais perdue quelqu’un de cher, et priait régulièrement pour que la providence les laisse, elle et ses proches, tranquilles le plus longtemps possibles. Pourtant, elle avait connu des instants où elle avait cru qu’on lui ravirait la présence d’un être indispensable à son équilibre, et si elle avait fait bonne figure, se montrant atrocement enthousiaste aux heures les plus sombres, elle avait parfois failli à sa volonté en montrant grise mine, se laissant contaminer par le défaitisme relatif de sa propre mère. Hassan savait quand elle était inquiète par rapport à son état rien qu’à l’instant où elle mettait un orteil dans sa chambre d’hôpital, et c’était son plus gros regret : la dose involontaire de pessimisme qu’elle avait fait peser sur son état de santé lorsqu’il était au plus mal, et que trop inquiète à son sujet, elle s’était montrée moins énergique qu’il ne le fallait pour l’encourager à se battre, pour l’accompagner dans la guérison qu’il avait mené jusqu’à son terme après des années de bataille en dents de scie. Mais c’était une idée tellement difficile à accepter, de vivre sans la présence de quelqu’un qu’on aime profondément - comme certains ont l’habitude de le dire, la mort, c’est difficile pour ceux qui restent… et elle avait beaucoup réfléchi à l’époque, au sujet de l’imminence de la disparition du jeune homme, qu’elle avait parfois été tétanisée quand elle s’était aperçue qu’elle s’effondrerait s’il ne survivait pas.
Alors fatalement, elle lui en avait voulu atrocement, quand épuisé par les farces que lui avait faites la Destinée, il avait envisagé d’y mettre un terme ; parce qu’elle, elle avait passé un stade dans l’acceptation de sa guérison qu’il avait cherché à lui retirer en reprenant le contrôle total de son existence - et c’était bien normal, en fin de compte. Non, Yasmine n’était pas comme Norah, elle n’était pas aussi forte, aussi l’admiration qu’elle lui portait à ce moment-là était si prégnante qu’elle se sentit bouleversée par ce qu’elle lui disait, et que malgré sa lâcheté notoire - pensait-elle en tout cas -, elle réussissait toutefois à comprendre, et peut-être mieux que personne.

"Je me souviens des quelques conversations qu’on a eu à l’époque, c’était inconcevable pour toi de ne serait-ce penser que tu pourrais rencontrer quelqu’un avec qui construire autre chose." fit-elle doucement, continuant d’écouter la jeune femme à qui elle sourit, car son choix de vocabulaire était volontaire. Elle se répéta d’ailleurs, serrant toujours sa main dans la sienne et la tapotant très délicatement sur le dessus comme pour faire rentrer ses paroles au fur et à mesure "Pas refaire ta vie, Norah : construire autre chose. Ta vie est déjà faite, elle attend juste que tu prennes soin de toi pour la gérer comme tu l’as toujours fait : comme tu peux, avec ce qui t’es tombée dessus sans que tu t’y attendes. Tu sais combien de gens ce seraient effondrés bien avant toi ?" lui demanda-t-elle en la regardant, les larmes aux yeux, taisant l’idée qu’elle, elle aurait été la première à s’effondrer. Les yeux dans ceux de Norah, elle continua "T’as deux merveilleux enfants qui t’en voudront jamais de prendre soin de toi et d’avancer sur un chemin différent de celui que t’avais prévu d’emprunter à la base. La vie est faite d’imprévus, qu’ils soient bons ou pas, c’est notre devoir d’en faire quelque chose de positif et de reprendre les rênes quand on se sent prêt à le faire. Ça te prendra du temps, tout le monde va te rabattre les oreilles avec ça…" Un nouveau sourire, rapide, car encore une fois, elle se comptait dans la masse de ceux qui lui répéteraient sans cesse qu’elle devait prendre le temps d’aller mieux "Mais rien que l’idée que tu penses à l’avenir ? C’est un grand pas que tu fais. Je suis fière de toi, Norah." lâcha-t-elle après un instant à soutenir son regard, se baissant pour déposer un baiser sur le dos de sa main avant de se relever, puis de reprendre le fil de la conversation.
Le menton rentré, elle marqua sa certitude en laissant une espèce de pfft s’échapper de ses lèvres "Bien sûr que je le pense vraiment. Traite-moi de cliché ambulant… mais je suis persuadée qu’on peut pas partager la vie de quelqu’un aussi longtemps sans laisser une empreinte sur son âme." Une conviction que lui ferait payer ses croyances. D’ailleurs, elle se sentit obligée d’ajouter, détournant brièvement les yeux pour mieux s’asseoir sur son siège "On croit pas à tout ça chez moi, je devrais même pas tenir ce genre de propos face à toi… sauf qu’on bosse dans un hôpital. Toi et moi, on en a vu des choses qu’on saurait pas expliquer avec logique alors ouais, je le pense vraiment." Norah était la championne des histoires - des histoires de fantômes, certes, elle savait néanmoins qu’il y avait des signes d’outre-tombes que personne n’avait jamais su expliquer dans les couloirs du Saint-Vincent ; le décès d’une épouse moins de 24 heures après celui d’un époux, le déclenchement inopiné d’une pathologie inexistante dans le mois suivant un choc émotionnel… c’était plus courant qu’il n’y paraissait "Je voudrais tellement t’aider. Je voudrais tellement prendre au moins la moitié de ce que tu ressens pour te soulager un peu… mais tu sais comme moi que ça, c’est un travail que tu dois faire accompagnée de quelqu’un qui sera plus neutre, plus objectif aussi." reprit-elle après un instant, et les larmes qu’elle laissa couler, Yasmine les chassa d’un revers de ses jolies mains soignées tandis qu’elle lâchait celle de sa collègue qu’elle continuait d’écouter lui parler de Frank.
Et encore un peu, elle lui donna l’envie, qui resterait vaine évidemment, de le connaître "Il m’aurait intimidé. Je veux dire, il a réussi à dompter la fameuse nurse Leckie alors c’est dire à quel point il devait avoir de la prestance." Un rire humide lui échappa, et sa tête opina quand Norah termina son point avec le plus joli conseil qu’on lui avait jamais donné, et qui lui alla droit au coeur - tellement qu’elle posa une main sur le sien, dissimulé sous les mailles épaisses de son pull trop large. Elle en ferait bon usage,  c’était une certitude ancrée dans le respect qu’elle réservait à la jeune femme et à son histoire "Je prends note du conseil, il est précieux." Et puis baissant brièvement la tête, elle ajouta aussi vite, faisant état d’une confidence prononcée bien timidement "J’ai pas été beaucoup amoureuse tu sais. Je me considère un peu comme une novice en la matière, j’ai toujours été tétanisée par… tout ça, par ce que je ressentais aussi parfois… ça a toujours été beaucoup trop fort, trop… tout." C’était ce qu’on lui avait fait ressentir en tout cas. Et puis les circonstances n’avaient pas toujours été idéales non plus, son environnement familial n’était pas hostile, mais les attentes qui pesaient sur elle avaient toujours été énormes finalement. Aussi, elle n’en dit pas plus à ce sujet, continuant plutôt avec douceur, levant le regard vers la jeune femme qu’elle fixa tranquillement "Mais je sais que… si je devais vivre une vraie histoire avec quelqu’un, j’aimerais qu’elle soit aussi forte que celle que vous avez vécue, Frank et toi." Et encore une fois, c’était sincère sortie de la bouche de Yasmine Khadji. Elle ne parlait pas du caractère dramatique qu’avait prise l’histoire des époux Lindley, mais bel et bien de l’amour incommensurable qu’ils se portaient et qui perdurait.
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Message(#)(norasmine) this is me trying EmptyVen 4 Déc 2020 - 23:06

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Rencontrer quelqu'un. Construire autre chose. Voilà deux concepts qui commençaient à peine à être envisageables alors qu'elle discutait avec son amie de longue date. Elle l'écoutait, mais elle pensait beaucoup en même temps, plongée dans une appréhension incontrôlée. Norah avait peur. Peur que les souvenirs de Frank ne s'effacent, peur que l'on n'accepte de partager ses sentiments avec un homme enterré depuis longtemps, peur que ses enfants n'acceptent pas. Mais pour cette dernière option, Julie et Aidan semblaient avoir hâte que leur mère tombe amoureuse à nouveau, qu'elle vive pour elle. "Refaire ma vie quand même." contestait-elle calmement. "Une vie déjà faite est, pour moi, synonyme d'une vie accomplie." Comme lorsque certaines personnes âgées disait avoir eu une belle vie et qui se sentait prêtes à partir, sans le moindre regret. Ils estimaient avoir laissé leur marque sur cette Terre et ne pouvoir rien faire de plus si ce n'est de ressentir un véritablement accomplissement lorsqu'elles faisaient une rétrospective de leur vie. "Alors oui, j'ai des éléments avec lesquelles je dois faire avec, qui sont mes piliers et que je ne retirerai pour rien au monde. Je me considère pas comme une cause perdue, loin de là, mais reconnais qu'une infirmière, donc quelqu'un qui bosse avec horaires décalés, parfois même de nuit, avec deux enfants, et qui attendra un minimum d'empathie de compréhension face à la perte brutale de son mari, c'est pas ce qu'il y a de plus vendeur." ironisait-elle, équipée d'un léger sourire. Et quelqu'un qui accepterait son indépendance et qui apprécierait sa répartie. Norah avait son caractère, elle savait ce qu'elle voulait et elle n'y allait jamais par quatre chemins. Frank avait toujours su apprécié ses pires défauts; même pour les fois où ça pouvait l'agacer. Il ne se laissait pas faire non plus, à dire vrai et il y avait probablement un peu de culpabilité face aux départ imprévus causés par son métier qui le rendait encore plus tolérant qu'il ne l'était déjà. Ils formaient un couple heureux. Yasmine ne pensait pas avoir le courage de son amie face au décès de Frank, même si la gestion de ses émotions était loin d'être exemplaire. La belle brune se montrait incroyablement optimiste quant à l'avenir de son amie de longue date. Très philosophe, aussi. Norah trouvait qu'elle avait sacrément gagné en maturité, depuis leur dernière entrevue. Non pas qu'elle la pensait enfantine avant cela, loin de là. Mais il y avait ce petit je-ne-sais-quoi qui la rendait encore plus femme qu'elle ne l'était déjà. Elle l'observait, longuement et silencieusement. Voilà que désormais, c'était elle qui veillait sur Norah. Comme une sensation que les rôles s'inversaient. La Lindley pourrait se sentir mal à l'aise et sa fierté aurait très bien pu en être lésé. Mais elle était tellement épuisée psychiquement qu'il n'était même plus question de fierté et d'indépendance pour l'heure. "Qu'est-ce que je peux retirer de positif de l'assassinat de Frank ?" demanda-t-elle alors bien tristement, les yeux rougis par les larmes et les lèvres de tremblantes. Une question rhétorique, elle ne voulait pas forcément de réponses à cela. Yasmine savait que Norah n'était vraiment défaitiste, ou de nature optimiste. Jusque là, Norah ne s'était absolument pas penchée sur la question du pourquoi ? Elle ne voulait pas alimenter une injustice déjà bien évidente. De plus, Marcus ne manquait de faire remarquer, avec plus ou moins de subtilités selon l'humeur du jour, l'amertume vis-à-vis d'Anwar, et surtout le fait qu'il n'ait pas encore mis la main sur le meurtrier. "Je suis pas pessimiste, juste... factuelle. Pragmatique, sûrement." Celle qui croyait aux histoires de fantômes était souvent assez directe. Parfois, ça donnait froid dans le dos, son détachement. Néanmoins, Yasmine ne pouvait que se sentir que fière de son amie, de la progression qu'elle avait faite depuis leur dernière rencontre. Même si elle savait que ça allait prendre du temps. Elle prenait l'anecdote de Norah très au sérieux. "C'est pas moi qui vais te juger sur le fait que certaines de tes croyances vont au-delà de ta religion." Comme Yasmine le disait si bien, à l'hôpital, c'était différent. Et parfois, ce que l'on y vivait dépassait les croyances du commun des mortels. Il y avait ce quelque chose, dont certains pensaient être Dieu, d'autres ne songeaient qu'au fruit du hasard, d'autres y voyaient des signes d'outre-tombe. "On n'avait jamais parlé de cette éventualité là. Que l'un de nous ne parte plus tôt. Alors qu'étrangement, on avait parfaitement conscience que ça puisse arriver." fit-elle remarquer. "Pourtant, je savais très bien qu'il faisait un métier dangereux et j'aurai fait n'importe quoi pour qu'il lève le pied, surtout après la naissance de Julie, et ensuite Aidan. Mais étrangement, je me suis jamais demandée de ce que j'aurais pu devenir i s'il lui arrivait quoi que ce soit." C'était peut-être trop inconcevable à ses yeux. Impossible d'avoir une vie sans lui. "Tout comme lui qui avait du mal à accepter qu'il y avait des patients agressifs avec moi. J'avais fait une fois un remplacement aux urgences et il y avait un patient plutôt agressif, très macho et imbu de sa personne – tout ce que j'aime, tu le sais bien. Et ça lui a pas plus que j'ai eu l'affront de lui tenir tête et surtout, surtout, de lui dire non, il ne sera pas plus prioritaire que celui qui faisait un infarctus." Et que ses insultes n'atteignent pas Norah et le fait qu'il n'était pas parvenu à lui faire peur lui avait beaucoup déplu. "Enfin t'imagines très bien la scène, il s'avère que je suis rentrée avec quelques bleus et un nez qui saignait." Rien de bien méchant. Frank était déjà rentré de la maison plus blessé que ça. "Et même s'il savait que j'allais très bien m'en remettre, j'ai vu qu'il avait eu peur. J'ai aussi vu qu'il l'aurait fait payer s'il l'avait eu en face de lui." Chaque métier pouvait être à risque. "Lui aussi est déjà revenu avec des plaies plus grave que ça, mais à ça ne nous a jamais monté au cerveau que quelque chose de pire puisse arriver. On savait qu'on n'était pas invincible. Ce n'est pas pour autant qu'on a abordé ensemble cette question." Peut-être que chacun y avait songé de leur côté, mais jamais ensemble. Tous les deux auraient voulu vivre le plus longtemps possible ensemble. Pour être amatrice d'histoire de fantômes, jamais n'aurait-elle songé de ce qu'elle serait, elle, comme fantôme. "Jamais de la vie je te t'encombrerai de la moitié de ce que je ressens, Yas. Tu n'en voudrais pas." Personne ne voudrait endurer la souffrance d'autrui. D'autant plus que l'empathie de son amie était très forte. "Tu l'as sous-entendu toi même tout à l'heure : tu t'effondrerais." Et Norah voulait pas de ça. Yasmine semblait s'être relevée de sa propre détresse. Ce n'était pas pour l'y renvoyer aussitôt. La situation de Lindley la rendait tout de même émotive, espérant véritablement qu'elle finisse par s'en remettre. "Je commence à peine à en parler un peu plus à mes proches, je pense pas être tout à fait prête pour aller voir un psy." Mais c'était probablement la meilleure chose à faire pour elle. Elle ne voyait pas un ou une professionnelle venir s'asseoir à son lit et poser des questions afin d'être aiguillé sur le mal qui rongeait l'âme de l'infirmière. "Plus tard, peut-être." fit-elle tout bas, songeuse une nouvelle fois. Yasmine n'avait pas eu l'occasion de forger son propre avis sur Frank. Elle ne pouvait que se fier aux détails, jusqu'alors très maigres, donnés par Norah au compte-gouttes et des quelques rares photos qu'elle avait pu lui montrer. "Je le trouve..." Elle cherchait ses mots un bref instant. "Extrêmement charismatique. Je pense pas qu'il répondait au canons de beauté de base. Enfin je dis je pense pas parce que je suis clairement pas objective à ce sujet que je l'ai toujours trouvé beau." Elle rit légèrement, un brin nostalgique. "Mais oui, il y a moyen qu'il ait pu t'impressionner. Il était si calme, parfois même un peu stoïque, que ça aurait fini par s'envoler. Tu aurais adoré parler avec lui." Frank était un homme fascinant. Peu bavard mais grand penseur, croyant et ouvert d'esprit. Il avait la fâcheuse tendance à garder beaucoup trop d'émotions pour lui, mais Norah avait appris à le décrypter avec les années. Norah donnait à Yasmine un précieux conseil en terme d'amour. C'était bête, peut-être futile ou évident pour d'autre, mais les sentiments des premiers mois avaient tendance à faire oublier beaucoup de choses. "Qu'est-ce qui te fait peur, dans tout ça ?" lui demanda-t-elle alors que Yasmine avançait son inexpérience en matière d'amour. Norah était curieuse d'entendre sa réponse, sa vision des choses. Ecouter comme son entourage vivait leur quotidien avec les éléments qu'on leur imposait l'avait toujours fascinée. Elle était néanmoins flattée que la Khadji désire prendre Norah et Frank pour exemple. "Je sais que j'en dépeins un tableau trop parfait pour être vrai, mais il y a eu un certain nombre de tensions et de désaccord. Ceux qui croient au couple parfait sans faux plis ont bien tort de croire de cette façon-là. Un couple qui ne se dispute pas ne se connaît pas réellement, à mes yeux. C'est aussi comme ça qu'on se construit. C'est pas agréable, ça te fera douter, mais dis-toi que ce n'est que pour en ressortir meilleur, et plus forts." expliquait-elle. "Après avoir perdu Frank, j'ai même chéri ces moments là. C'est étrange à dire comme ça, mais je n'ai aucun regret de ce qu'on a pu se dire ces fois-là. Il fallait que ça sorte, et on a fait en sorte de ne plus répéter les mêmes erreurs. Il y en avait certaines qui avaient la peau dure, mais ça se gérait." Le seul véritable regret que Norah traînait avec elle était le fait de n'avoir pas encore plus insisté qu'elle ne l'avait déjà fait auprès de son mari lorsque le supérieur de Frank l'avait appelé sur son jour de repos pour venir en renfort des autres équipes, en cette soirée d'Halloween 2016.
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