| (AMOS & JACK #3) ► TELL ME WHAT YOU KNOW |
| | (#)Jeu 1 Oct 2020 - 1:05 | |
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TELL ME WHAT YOU KNOW
Un têtu doublé d’un idiot s’obstinerait à poursuivre sur cette voie avec Rae, celle qui consister à la clôiter à l’abri de tentations concrètes, mais qui ne la débarrasse pas de la plus psychologique d’entre elle. Le manque est si intense que j’en viens à craindre qu’elle écrase un dafalgan pour s’aligner un rail, l’aspirer par le nez, et ainsi renouer avec ce geste routinier propre à la cocaïne, parce qu’il serait rassurant à défaut de la plonger dans un état euphorique. Ses crises d’angoisse sont violentes et si je débusque en moi des trésors de douceur pour l’accompagner, la réconforter et, surtout, la consoler, je suis conscient que ce n’est pas suffisant. Ce n’est qu’un pis aller à peine acceptable que ma présence. Sur le moment, elle lui fait du bien, au même titre que les cadeaux dont je jalonnerais notre quotidien les jours suivants. Sauf que ce n’est pas viable sur le long terme puisque je prétends comprendre sans que ça ne soit tout à fait vrai. Je ne suis pas armé pour l’aider efficacement, si bien que j’ai pianoté un SOS à la seule personne susceptible de m’aider : Jack Epstein. Dès lors, fort de ses confidences, il m’a semblé tout indiqué de jeter une bouteille dans la mer de son expérience personnelle. Je m’y suis collé alors que Rae, immergée dans un bain chaud, luttait seul contre ses démons. J’ai demandé de l’aide alors qu’adossé contre le mur de la salle de bain, j’ai respecté son intimité, le coeur en berne d’être désoeuvré et la tête pleine d’idées qui lui serait agréable. Bien sûr, mon artiste d’ami n’a pas tardé à me répondre et je me suis senti plus léger. Les conjectures liées au rendez-vous, je peux les gérer. Je propose par ailleurs un endroit non loin du coiffeur de ma dulcinée , là où se tient le festival, parce qu’elle n’a plus l’occasion de prendre soin d’elle - plus comme avant - et que si ça n’altère en rien mon amour pour elle, j’argue qu’elle a besoin de se retrouver, d’être à nouveau fière d’elle lorsqu’elle tombe nez à nez avec son reflet, de se souvenir qu’elle est toujours là, quelque part, enfouie en elle, tapie dans son coeur en attendant l’heure où elle pourra à nouveau s’épanouir. Et pendant qu’elle prendra soin d’elle, je ferai un saut jusqu’à la foire aux antiquaires après avoir glissé un billet à l’ouvrière afin qu’elle ne la laisse pas partir sans moi. Je ne peux pas me poster en sentinelle avec mon conseilleur. Je dois apprendre à lui faire confiance au minimum. Qu’elle puisse en profiter pour m’échapper au profit d’un squat, un où elle trouvera sans doute le dealer qui lui sert de mec de substitution, de vache à lait puisque j’ai subtilisé toutes substances illicites dissimulées dans son appartement et qu’elle ne remettra plus les pieds au Club, j’y pense. Mais, je ne peux pas non plus l’enfermer à double tour sur le bateau. Ce serait inhumain, source de honte et je suis fatigué de cette culpabilité qui me fait comme une seconde peau. Dès lors, le soir même, sans fournir d’explications à l’ombre qui m’observe depuis sa banquette et emmitouflée dans son plaid, j’ai opéré une marche arrière vers le port de Brisbane. Au matin, je l’ai invitée à se préparer en agitant sous son nez une surprise, une qui lui fera certainement plaisir. Je prie pour que ça soit le cas et, dès lors que je l’ai conduite devant l’ouvrière - une pie bavarde si je me fie au cliché et a priori, je l’espère, elle lui changera les idées, j’ai gratifié Jack d’un sourire d’être toujours si ponctuel, de ne pas se formaliser que bien souvent j’oublie de le saluer. Je lance un : « Comment tu vas ? », suivi d’un « Merci d’être là... » ponctué d’une vérité éloquente qui me fait mal : « J’ai merdé et pas qu’un peu. Maintenant c’est elle qui en paie les pots cassés. » Pourquoi est-ce plus facile d’admettre mes fautes devant tout autre qui ne serait pas elle ? Pourquoi ?
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| | | | (#)Sam 3 Oct 2020 - 4:06 | |
| Il y serait allé envers et contre tous, le cliché du gars bohème par excellence. Jack et les antiquaires, c'est une histoire d'amour depuis des années, remontant à la boutique de vinyles qu'il tenait au Canada et qui rassemblait autant de musiques de toutes les ères que de poussière en toute somme. Il s'y sent bien, parmi les reliques et les souvenirs, parmi tous ces items qu'il voudrait acheter de son fric qui lui manque, rien que pour pouvoir les ramener dans une maison qui en sature déjà. C'est un véritable musée à vintage chez les Epstein, ça ajoute du lustre à leurs âmes d'artistes déchus, des nostalgiques de père en fille.
Déjà, il a repéré des tas de tasses de café aux formes et à la porcelaine datant du siècle précédant, et des tapis qui pourraient finir par s'empiler les uns sur les autres au beau milieu de son salon sans qu'il ne choisisse lequel serait le plus assorti à la déco tant ils le seraient tous. Elle est dure, la vie. « Comment tu vas ? » mais pas autant que semble l'être celle d'Amos, quand Jack l'entend enfin s'approcher. Il a mauvaise mine, Taylor. Des cernes presque aussi foncées que l'est son regard étonnamment voilé. Il a l'air vachement épuisé, mais jamais il ne le lui dirait d'emblée. Valait mieux attendre qu'il l'avance de lui-même, la mécanique allait bien ainsi entre eux depuis un long moment déjà, sans qu'il n'en doute une seule fois. « Ça va. T'es seul? » ceci amenant cela, il questionne Epstein, il ose tout du moins.
« Merci d’être là... » oh boy. « J’ai merdé et pas qu’un peu. Maintenant c’est elle qui en paie les pots cassés. » ohhh boy. « Qu'est-ce qui est arrivé? »
Ils ont passé l'étape où les conventions les amenaient à se perdre dans des banalités, dans des discussions de surface où le fond est oublié dans une nuance hypocrite de politesse. Aujourd'hui comme hier et comme demain, ils se disent les choses telles qu'elles sont. |
| | | | (#)Sam 3 Oct 2020 - 17:53 | |
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TELL ME WHAT YOU KNOW
Seul ! Je le suis et c’est exceptionnel ces derniers temps. Depuis la rechute de Rae et, plus particulièrement, son overdose, je deviens son ombre et, en conséquence, l’ombre de moi-même. Je prends soin d’elle avec le coeur d’un homme amoureux, mais c’est ce même organe soumis aux affres du nobles sentiments qui me fatiguent. Elle est proche de moi et à des kilomètres. Nous ne sommes plus un couple et je dois pourtant souffrir de la voir évoluer dans mon sillage sans pouvoir la toucher, l’embrasser, la taquiner ou quelques fois, la prendre en photo. Dès lors, je hoche de la tête. « Seul, oui.» Irrémédiablement. Je ne l’ai jamais ressentie avec une telle vigueur, ma solitude. Elle me bouffe et j’en viens à me demander comment je vais résumer la situation en mots simples et sans entrer dans les détails. « On s’est disputés il y a quelques temps. » Les raisons sont-elles importantes ? Dois-je lui parler de ce qu’elle, elle vit comme une trahison ? Dois-je rapporter que je la trouve dure avec moi ? « Elle s’est aussi disputée avec… de vieux amis qui n’en étaient pas réellement.» Ils ont entretenus un mensonge durant près de quinze ans, voire un peu moins, peut-on parler d’amitié sincère les concernant ? « Tout ça mis en semble, plus sans doute d’autres tentations...» Les hommes qu’elle a côtoyé, ceux avec lesquelles elle aura consommé parce que l’acte n’en est que plus intense. J’en crève de cette réalité. Elle étrangle mon coeur et poignarde mon ego. « Elle a fait une overdose. Je prends soin d’elle, comme je peux, mais j’ai l’impression que rien de ce que je fais ne l’aide vraiment.» ai-je confessé en entamant une marche le long des échoppes achalandées. Je les regarde à peine ou seulement d’un oeil vide : j’ai simplement besoin de marcher. « Je ne sais même plus à qui je m’adresse quand je lui parle. Je me suis dit que… que tu saurais m’aiguiller.» Et, dans le cas contraire, il m’aura écouté, sans juger, et ça n’est pas négligeable.
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| | | | (#)Dim 11 Oct 2020 - 3:39 | |
| « On s’est disputés il y a quelques temps. » comme lui et Elise, finalement. Ça doit être dans l'air, quoi que Jack juge bien faiblement que sa "dispute" avec Elise n'en était pas vraiment une. Personne n'a haussé le ton, personne n'a menacé qui que ce soit. Ils ont juste tiré un trait sur quelque chose qui n'aurait jamais dû commencer comme elle l'avait si difficilement statué. Quel gâchis quand il y repense le coeur qui se serre, se le mettant presqu'automatiquement en berne quand Amos reprend tout aussi brisé si ce n'est plus qu'Epstein lui-même. « Elle s’est aussi disputée avec… de vieux amis qui n’en étaient pas réellement. » alors ce n'est pas qu'avec lui, alors il y a quelque chose qui cloche. Le temps glisse mais il n'est pas pressé Jack, ne l'est jamais et encore moins lorsqu'on s'ouvre à lui d'une façon aussi vulnérable et authentique. « Tout ça mis en semble, plus sans doute d’autres tentations... » oh, ohoh.
À peine a-t-il relevé la tête vers son ami d'à peine quelques mois qui semble avoir toujours été dans sa vie qu'il inspire Jack, s'attendant au pire. « Elle a fait une overdose. Je prends soin d’elle, comme je peux, mais j’ai l’impression que rien de ce que je fais ne l’aide vraiment. » le frisson qui se casse le long de sa colonne vertébrale est glacial, il le frigorifie sur place même s'il est habitué à l'hiver et au froid mieux que quiconque. « Je ne sais même plus à qui je m’adresse quand je lui parle. Je me suis dit que… que tu saurais m’aiguiller. » ses mains trembleraient s'il n'avait pas fumé en joint avant de venir par ici. Son souffle serait devenu rauque si sa dernière ligne ne datait pas de quelques heures à peine. Il entend le mot overdose et il flippe Jack, et pour cause. Il est incapable de connaître ses limites, ni avant et encore moins maintenant.
« Est-ce qu'elle veut, que tu sois là? » ses mots sont durs mais sa voix est douce. Son pas s'est adapté à celui d'Amos, les kiosques autour n'ont plus aucune importance quand ce qui compte c'est qu'il soit en mesure de l'accompagner au mieux là-dedans. Lui qui accompagne celle qu'il aime autant que Jude avait bien pu être aux côtés de Jack à ce moment-là. « Si elle s'oppose, ça risque de lui faire plus de mal que de bien. » il s'entend parler et se revoie aussi. Lui qui mettait des barrières, lui qui défiait l'autorité et les conseils - même (surtout) ceux venant de celle qu'il aime encore aujourd'hui. Il ne doute pas une seule seconde qu'Amos soit exactement la bonne personne pour s'occuper d'elle ; ce dont il doute c'est que Rae soit capable de le voir actuellement et qu'ainsi elle se fasse plus de mal que de bien à travers. « Comment elle va aujourd'hui? » et hier, et demain. Comment elle, va, tout court? |
| | | | (#)Mer 14 Oct 2020 - 15:20 | |
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TELL ME WHAT YOU KNOW
Je le répète et le pense souvent parce que c’est une réalité : il est intelligent, Jack. Il est aussi particulièrement perspicace, si bien que j’ai besoin de peu de mots pour qu’il devine où je veux en venir. Pas de quoi, dans ces conditions, être surpris qu’il relève la tête presque instinctivement vers moi bien avant que j’ai craché le morceau. Il l’a pressenti avant que je n’articule les faits - la rechute, l’overdose - et cette sollicitude me va droit au coeur. J’ai l’impression que je ne serai pas forcé de m’épancher au détriment de ma pudeur pour gagner ses conseils. « Parfois, j’ai l’impression. D’autres, elle dit qu’elle est ma prisonnière, mais c’est plus rare. En fait, c’est plus arrivé depuis... » Depuis que nous sommes venus jusqu’à cette foire ? Depuis que nous avons quittés l’appartement après sa dernière rechute au profit du bateau ? Qu’est-ce que ça change ? Je la tiens sous bonne garde et elle ne décide plus de grand chose. Au contraire, elle ment. « Depuis qu’on est sur le bateau. En pleine mer, la tentation est moins forte. Et, elle a l’air de tenir, mais parfois, tout son corps se crispe. Elle est… comme tétanisée. » ai-je confessé, mal à l’aise de confier à un ancien junkie de quoi douloureusement raviver sa mémoire. « J’essaie d’être là comme je peux, mais… j’ai du mal à comprendre comment ça fonctionne.» Pourquoi est-ce si compliqué de ne pas flancher ? Comment peut-on être obsédé par quelque chose qui nous fait tant de mal ? « Parfois, quand je l’écoute, j’ai l’impression qu’elle me dit que ça fait partie d’elle, que c’est comme ça, que c’est comme un autre aspect de sa personnalité ou un truc comme ça.» Cette formule, on l’emploie pour les fumeurs. On dit que même s’ils n’ont plus touché une cigarette, ce n’est jamais qu’une rémission. « Je suis alcoolique. Je le sais. Mais, j’ai pas l’impression d’être contrôlé par la boisson, mais que c’est moi qui décide quand je vais boire ou pas. Est-ce que… est-ce que je me mens, Jack ? Et comment je peux l’aider ? » A terme, je ne manquerai pas de m’assurer qu’il est en bonne forme. Sur l’heure, je vide mon sac et ça fait sacrément du bien.
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| | | | (#)Dim 18 Oct 2020 - 17:45 | |
| C'est un aller simple vers ce que pouvait bien penser Jude de lui qu'il fait Jack, alors que les mots d'Amos viennent pleinement attaquer des parts de lui qu'il avait noyées le plus volontairement du monde depuis des années - et surtout depuis qu'il a recommencer à sniffer. « Parfois, j’ai l’impression. D’autres, elle dit qu’elle est ma prisonnière, mais c’est plus rare. En fait, c’est plus arrivé depuis... » prisonnière, le mot le braque, le bride. Lui-même étouffait sans sa drogue, et étouffe maintenant qu'il l'a retrouvée. L'ironie à la clé. « Depuis qu’on est sur le bateau. En pleine mer, la tentation est moins forte. Et, elle a l’air de tenir, mais parfois, tout son corps se crispe. Elle est… comme tétanisée. » le grand air n'est pas qu'un mythe. Il le sait, Epstein, que de faire de la route, que de s'isoler loin peut faire le plus grand bien. Sa clinique de désintox avait pris place à Darwin, d'ailleurs. C'est là où il avait recommencé à respirer.
« J’essaie d’être là comme je peux, mais… j’ai du mal à comprendre comment ça fonctionne. » « Personne d'autre qu'elle ne peut la comprendre, en ce moment. » qu'il s'entend dire, sa voix aussi douce que rauque de laisser son ami vider son sac le plus possible avant de même songer à intervenir. Pourtant il dédouane autant l'une que l'un. Ce n'est la faute de personne. Ça ne se contrôle pas. « Parfois, quand je l’écoute, j’ai l’impression qu’elle me dit que ça fait partie d’elle, que c’est comme ça, que c’est comme un autre aspect de sa personnalité ou un truc comme ça. » ça l'est. Aussi horrible la confirmation sera aux oreilles d'Amos, c'est bel et bien le cas. Il s'agit de son dark passenger à elle, il s'agit d'une facette horrible qu'on tend toujours à peaufiner, à vernir et à faire briller. Ou à contrôler, à étouffer. L'un ou l'autre n'est pas mieux. « Je suis alcoolique. Je le sais. Mais, j’ai pas l’impression d’être contrôlé par la boisson, mais que c’est moi qui décide quand je vais boire ou pas. Est-ce que… est-ce que je me mens, Jack ? Et comment je peux l’aider ? » et le voilà qui inspire, l'ironie est drôle lorsqu'il finit par se sortir une clope, en tendre une à son ami dans la foulée.
« Chacun le vit différemment, on est pas pareils. » qu'il commence d'abord, une bonne bouffée de nicotine plus tard. C'est important qu'Amos ne prenne pas tout ce qu'il dira aujourd'hui pour la vérité infuse et la science absolue - il ne parlera que de ce qu'il connaît Jack, de son addiction à lui. Rae est peut-être à des milliers de lieux de sa perception, en ce sens. « Faut que tu trouves pourquoi elle veut arrêter. » veut-elle, seulement? « Pour moi, c'était Ellie. Je voulais pas qu'elle ait le moindre souvenir de moi, comme ça. » et aujourd'hui Jack? Quel genre de souvenir est-ce que tu lui laisserais si elle te voyait aligner ta neige en rangs parfaits sur la table basse du salon? « À partir de là, tu pourras comprendre un peu mieux comment l'aider à atteindre son objectif. » et la mener sur le bon chemin - le sien. |
| | | | (#)Lun 19 Oct 2020 - 16:55 | |
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TELL ME WHAT YOU KNOW Je fais l’étalage de mon quotidien en espérant m’enquérir d’un peu d’aide à travers un conseil et, je réalité, à mesure que je parle, que nul ne détient la clé du problème. Personne ne peut faire le chemin vers la guérison à la place de Raelyn. Mais, en a-t-elle envie ? A quel point se fait-elle violence pour tenir le coup alors qu’en réalité, elle ne désire pas se tirer de ce mauvais pas ? Pensif, je me perds au milieu de dédale de questions qui tiraillent mon coeur. Je tire le constat de mes nos différences par rapport à l’addiction et j’en vins à me demander dans quel mesure je me mens au quotidien. Effrayé par cette réalité, j’aurais pu sursauter dès lors que les cigarettes s’allument et que Jack prend enfin la parole. J’attends sa parole comme les juifs le Messie et je ne sais qu’en penser. Est-ce que j’avais envie d’entendre ? Y avait-il seulement une bonne réponse ? Un bon conseil ? Ou seulement des avertissements ? « Oui. ça, je peux faire. C’est plus facile que de savoir pourquoi elle a commencé. » ai-je soufflé, tirant une bouffée de nicotine. Elle m’a fait du bien. Un verre aussi me serait salutaire. « Et si, son objectif, il était impossible ? » J’avance cette hypothèse avec, au coeur, un paquet de jalousie. D’après moi, c’est Aaron la clé. C’est son ex, pas moi. Et, rien ne pourra le lui ramener. Certainement pas les frères Strange, responsable de sa mort pour l’un et porteur du secret pour l’autre. « Je peux pas faire revenir les morts.»Jack non plus : je soupçonne qu’au contraire, il n’aurait pas hésité. « Je peux juste être là et j’ai peur de la pousser vers d’autres addictions. Je me bats avec mes armes, Jack. Quand elle va pas bien, je lui sers un verre. Tu vois le genre ? »Mon sourire est aigre-doux et, soupirant de dépit, je remercie cet ami d’avoir pris le temps de m’écouter. « Et toi ? Comment ça va ? A ce sujet-là aussi d’ailleurs.» Ne m’a-t-il pas confié, sur le bateau, qu’il était parfois envouté par le chant des sirènes de la cocaïne ?
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| | | | (#)Ven 23 Oct 2020 - 16:06 | |
| Y'a pas de recette magique, y'a pas de bonne façon de faire. Y'a pas de moyen de s'arrêter et de dire que c'est exactement ça qu'elle doit vouloir lui dire, que c'est exactement comme ça qu'il doit vouloir l'aider àa avancer. « Oui. ça, je peux faire. C’est plus facile que de savoir pourquoi elle a commencé. » bon, déjà, on tient quelque chose. Et Jack s'en veut de ne pas être plus utile encore. Il est fort probablement le seul ici qui comprend parfaitement ce que Rae peut vivre - pourtant jamais il ne serait ingrat au point de croire qu'il en serait le parfait traducteur. « Et si, son objectif, il était impossible ? » « Ça c'est à elle d'en juger, pas à toi. » rien n'est brusque dans ses paroles, rien n'est accusateur. Il tente seulement de dédouaner un peu son ami, de lui enlever une pression tout sauf nécessaire des épaules.
« Je peux pas faire revenir les morts. » « Non, mais tu peux aider à calmer les vivants. » « Je peux juste être là et j’ai peur de la pousser vers d’autres addictions. Je me bats avec mes armes, Jack. Quand elle va pas bien, je lui sers un verre. Tu vois le genre ? » « Un verre c'est pas dix. »
Qu'il tranche, jouant l'avocat, le juge, et le diable à la fois. « Les addictions en sont pas toutes du moment où elles touchent nos lèvres. » si seulement c'était aussi simple de tout ranger dans des cases d'un côté et de l'autre. De classer le bon dans le bon, le mauvais dans le mauvais. Apparemment il n'est pas le seul qui en bénéficierait, Epstein. « J'ai pas arrêté de boire ni de fumer quand j'ai arrêté la coke. » oh qu'il se complait dans une demie-vérité en se haïssant de base. D'un coup d'oeil, il espère presque qu'Amos le confronte. « Et toi ? Comment ça va ? A ce sujet-là aussi d’ailleurs. » et voilà qui est mieux. Il détesterait avoir eu à lui mentir pour la toute première fois de leurs vies accrochées. « Tu vas croire que tu les attires. » son amorce est à chier, sa clope n'arrive pas à calmer ses doigts qui savent bien trop où il s'en va avant même qu'il y aille. « Pas drôle? » non, pas du tout.
« J'ai recommencé. » alors il le retire le pansement, d'un coup sec et vif. « Rien de bien méchant, c'est rien comme avant. » continue de le dire Jack. « Ça pourrait vraiment être pire. » un jour tu y croiras sûrement. |
| | | | (#)Jeu 29 Oct 2020 - 13:44 | |
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TELL ME WHAT YOU KNOW Secrètement, je prie pour qu’elle puise sa motivation en moi, Rae. Je rêve d’être son facilitateur de guérison parce qu’elle m’aime et que, comme moi, elle aspire à nous rabibocher. Pourtant, je n’ose le dire. Je n’ose pas l’avouer de peur que ça prenne trop de corps, trop de place en moi et que ma déception n’en soit que plus grande si je me trompais. J’en suis quasiment persuadé que je berce d’illusion. Je dépense une énergie considérable à chasser cette hypothèse de mon esprit pour apprendre à l’aimer moins et à me respecter davantage. C’est aussi un échec, mais à nouveau je ne pipe mot. Je me contente d’apprécier les conseils sages et raisonnables de Jack. « C’est vrai. Je dois respecter qu’elle est libre de penser. » Qu’elle est aussi une amoureuse de l’indépendance, Raelyn, et qu’elle doit considérer l’enfermement, avec moi, moi qui lui ferme toutes les portes, comme une épreuve en soi. C’est presque étonnant qu’elle ne m’agresse pas verbalement à la première occasion. C’est même surprenant qu’elle m’autorise à prendre soin d’elle durant ces moments d’angoisse et de crispation où le manque est si douloureux qu’il la cloue au lit. Egoïstement, je les aime autant qu’il ne m’inquiète ces instants difficiles. J’ai l’impression de la retrouver. Et, sur l’heure, je me sens libéré d’un poids que d’avoir la sensation d’être au bon endroit, à la bonne place, étant donné que je ne souhaite qu’une chose : la débarrasser de son addiction. « Merci.» ai-je donc conclu en manifestant une sincère reconnaissance qu’il m’ait alloué de son temps et confier un peu de son expérience. Je me sens également moins coupable de soigner un mal par un autre en proposant de l’alcool comme substitut. Rae n’a jamais attendu après moi pour se descendre un verre ou l’autre, un verre voire plus et ne suis-je pas bêtement convaincu que le whisky ou le scotch sont des ennemis moins dangereux que la crack et la cocaïne ? En parlant d’elle, où en est-il, Jack ? Lors de notre dernière rencontre, il m’a confié qu’elle chantait à nouveau pour lui. Est-il entré dans la danse ? Soucieux d’être à la hauteur de ce qu’il fait pour moi, je l’interroge et je me désole d’entendre qu’il a craqué. « Non ! Je me dis pas ça.» Que je suis un aimant à toxicomane. Je ne vois ni l’un ni l’autre comme étant des causes perdues. « Je m’inquiète juste de ne pas pouvoir être là si tu en avais besoin. Tu le gères comment ? » Ellie est-elle au courant ? Est-ce en lien avec le retour inespéré de Molly dans sa vie ? « Parce que je vais pas te mentir : le “ça pourrait être pire” je n’y crois pas du tout. On sait que ça démarre lentement. Du moins, c’est ce qu’on m’en a dit. Je suis pas sûre que dédramatiser soit une solution. Ellie est au courant ? » Ellie, qui fume des joints, ne le verrait-pas comme une autorisation à essayer si elle apprenait les frasques de papa Epstein ? « Qu’est-ce que je peux faire ? Pour aider ? De quoi aurais-tu besoin, Jack ? » Quel mal combles-tu par la drogue ? Est-il judicieux d’en parler ?
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| | | | (#)Dim 6 Déc 2020 - 4:22 | |
| « C’est vrai. Je dois respecter qu’elle est libre de penser. » il le sait probablement déjà. Jack ne fait qu'accentuer l'importance du libre arbitre. Ça, et tenter de faire passer son message à travers celui de Rae - quel lâche au final. « Non ! Je me dis pas ça.» Epstein l'a murmuré, tentant de laisser glisser les mots sur sa langue aussi évidents que les vagues se cassant sur la coque. « Je m’inquiète juste de ne pas pouvoir être là si tu en avais besoin. Tu le gères comment ? » mal, très mal. Il vacille et il vivote, il fait le fort et le fier comme s'il y était tragiquement habitué. « Parce que je vais pas te mentir : le “ça pourrait être pire” je n’y crois pas du tout. On sait que ça démarre lentement. Du moins, c’est ce qu’on m’en a dit. Je suis pas sûre que dédramatiser soit une solution. Ellie est au courant ? » ah, Ellie. Sa fille de qui il se rapprochait tellement durant les dernières semaines. Sa fille à qui il exposera bientôt - si elle ne sait pas déjà, brillante petite créature - à quel point son père est un raté. Au moins elle ne l'élève pas si haut que ça sur son podium. Ce ne sera qu'une confirmation de plus. « Qu’est-ce que je peux faire ? Pour aider ? De quoi aurais-tu besoin, Jack ? »
Jack qui inspire, des mêmes narines qui le trahissent depuis des semaines déjà. « De temps. » il demande une trêve, il demande aussi la seule variable qui peut le rendre pire encore. « C'est con, mais je me dis que si j'ai le temps de réaliser ce qui se passe, ce sera plus facile de comprendre pourquoi faut pas. Que ça arrive. » la blague, l'immense connerie qu'il annonce de sa voix la plus posée, la plus sage possible. Et il se croit avec toute la sincérité du monde, l'imbécile. « Personne sait. » Ivy sait, Ivy l'encourage à sombrer, sombre même avec lui. Ils forment une équipe devant et derrière les caméras, non? « C'est le stress, le studio, la musique - et des tas, des dizaines de raisons qui valent pas la peine d'être dites. » parce qu'elles sonnent toutes comme un échantillon de la pire bullshit que qui que ce soit alignerait pour s'en sortir, trouillard de pacotille. Ça au moins, il le sait.
« Juge pas. Juge rien. Tu peux pas faire grand chose pour le moment. » qu'il demande Epstein. On croirait presque qu'il implore ; Amos ou lui-même, ce n'est pas clair. « Mais à un moment je risque de te téléphoner. Et d'en avoir besoin. » à un moment pas si lointain que ça, finalement. |
| | | | (#)Mer 9 Déc 2020 - 15:24 | |
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TELL ME WHAT YOU KNOW La proposition, elle est sincère. Je suis conscient que je ne peux pas m’occuper de Raelyn et soutenir Jack dans un même temps. Je ne suis pas un super héros. Je n’ai pas don d’ubiquité, mais si je peux faire quoi que ce soit, je me couperai en quatre s’il le faut. Malheureusement, je suis incapable de lui offrir ce qu’il me réclame et je soupire, dépité, désoeuvré. « Tu es sûr que je ne peux vraiment rien faire de plus ? » Me rendre disponible par téléphone de jour comme de nuit ? Aucune idée ne me vient à l’esprit et je comprends mieux. Je saisis qu’en effet, si le temps ne l’aidera pas, il n’y a rien que je puisse faire pour me rendre utile. Je peux pas, au même titre que Raelyn, l’enfermer chez lui, le surveiller et attendre un miracle, espérer qu’il nourrisse, à mon égard, toute l’affection requise pour s’en tirer. Fort heureusement, nous ne partageons pas la même relation lui et moi et je ne sais que lui souhaiter pour l’avenir. De rencontrer quelqu’un qui lui insufflent assez de force pour courir vers le mieux ? Quelqu’un qui ne serait pas marié à l’un de ses amis ? Je n’ai pas envie de juger sa liaison avec Elise, mais est-elle bien faite pour lui ? Et, River ? Peut-elle seulement l’aider quand elle paraît être égoïste et pétrie d’une telle indifférence au monde qui l’entoure - s’il ne sert par ses intérêt - que je doute de leur efficacité à maintenir Jacob en équilibre… Toutefois, je ne pipe mot. Je garde pour moi toutes ces considérations. « Et si tu prenais un peu de vacances ? Si tu as besoin de temps, c’est la meilleure chose à faire. Sérieusement, pourquoi tu pars pas ? » Pas avec moi, bien sûr. Je n’ai pas la possibiité de nous emmener vers le Canada d’ici quelques mois : l’état de Raelyn ne sera sans doute pas assez stable le moment venu. « Je ne juge pas, Epstein. Je le fais jamais. » Je ne suis pas de ceux qui se considèrent mieux que les autres. J’ai mon lot de casseroles moi aussi. « Et tu appelles quand tu veux, Jack. Absolument quand tu veux. » ai-je conclu avant de m’enfoncer dans le silence. Nous flânons dans les allées. Nous nous allumons des cigarettes. Nous buvons des cafés sans ajouter un mot de plus. Que dire de toute façon ? Les mots ne valent pas mieux qu’une présence amie, familière, alliée.
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| | | | (#)Ven 18 Déc 2020 - 18:59 | |
| Et la journée d’aujourd’hui prend des consonances de confessionnal. Si jamais Jack n’avait pas été du genre à aimer parler de lui, parler de comment il se sent autant que de son dark passenger rend la scène encore plus improbable. Pourtant Amos n’est pas de ceux autour de qui il se censure, Epstein qui a appris à faire confiance autant qu’il ne s’en est jamais cru capable.
« Et si tu prenais un peu de vacances ? Si tu as besoin de temps, c’est la meilleure chose à faire. Sérieusement, pourquoi tu pars pas ? » il y pense. Il y pense mais il a Ellie et Molly et Ivy et Elise et un monde en entier ici, à gérer. Il se met de la pression sur les épaules bien plus qu’il ne le devrait, quand fort probablement aucune d’entre elles ne lui en voudrait qu’il s’éclipse le temps dont il a besoin. La cure de désintox serait à un moment ou un autre pour une bonne et nécessaire retraite aussi, une large bouffée d’air. Pour le moment, il se convainc en se disant qu’il ralentit sa consommation, qu’elle est contrôlée, temporaire. La blague. « Je ne juge pas, Epstein. Je le fais jamais. » Amos pourtant, il écoute. Il ne brusque rien. Il ne questionne pas à outrance. Il laisse au canadien tout le temps de s’expliquer même s’il n’a pas l’impression de le faire. Son récit vient naturellement et sa prise de conscience avec. Dans quelques jours, Jack aura peut-être même mesuré la portée des propos de son ami, lui qui sans le moindre signe d’attaque tente de lui faire comprendre qu’il n’en est pas à la meilleure décision du monde non plus.
Puis, vient l’inévitable. Là où Jack souffle, annonce, précise. « Et tu appelles quand tu veux, Jack. Absolument quand tu veux. » Amos sera là, comme il l’est avec Raelyn, comme il l’est toujours. Epstein voit en lui son filet, maintenant qu’il reste égoïstement convaincu qu’aussi vite et aussi mal peut-il se péter la gueule, Amos sera toujours là pour l’aider à ramasser les morceaux. L’inverse est tout aussi vraie. |
| | | | | | | | (AMOS & JACK #3) ► TELL ME WHAT YOU KNOW |
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