| you found clarity in a cyclone (coby #1) |
| | (#)Jeu 1 Oct 2020 - 21:52 | |
| Les livres de psychologie s’accumulent autour d’elle, les tasses de café à moitié vides mais entièrement froides aussi. Y’a des notes barbouillées qui appartiennent clairement à n’importe qui sauf à elle, sûrement un ou une partenaire de classe, quand on sait à quel point Chloe garde ses travaux et ses carnets à l’ordre, rangés. Ses lignes sont dignes de la plus belle des calligraphies qu’elle se réserve expressément pour des nuits comme celle-ci. Au-dessus de sa tête on tape, on cogne et on recommence. La musique des enceintes résonne sur les murs en papier mâché du dortoir autant qu’elle martyrise ses tempes tant la concentration lui semble être impossible. Elle est docile pourtant, petite fille bien élevée qui n’a rien à voir avec sa colocataire qui a été remerciée par l’établissement scolaire il y a à peine une semaine de ça. Elle fumait des clopes par dizaines dans les toilettes et dans les salles de classe Annabel, elle ramenait dans leur chambre des gars et des filles autant que des plans de merde, quotidiennement. Chloe avait touché du bout du doigt la délinquance lorsqu’elle avait accepté un joint de la main de celle qui aurait dû rester campée sagement dans leur chambre pour encore au moins deux bonnes années. Celle qui, après une autre frasque et un énième majeur levé bien haut bien fier dédié aux figures d’autorité la toisant avec une éternelle méfiance, s’était vue jetée hors du campus sans plus de cérémonies.
Annabel aurait sorti le balai et aurait cogné sur le plafond si fort qu’elle en aurait fait des marques, aurait fort probablement éclaté le plâtre dans son entreprise. Annabel aurait appelé les vigiles du bâtiment pour qu’ils débarquent à la petite fête qui s’adonne un étage plus haut, avant de s’y présenter ensuite en voleuse pour y piquer toute l’herbe et toutes les bouteilles de bière intouchées que les gens y avaient laissées en partant en panique. Annabel aurait finalement sûrement été invitée, n’aurait pas eu besoin de s’imposer. Elle aurait fort probablement même eu le rôle de la nana qui retire ses fringues entre deux beerpongs et tout autant de baisers langoureux échangés avec un ou une inconnu(e). Annabel lui manquait au final, ses scènes aussi.
C’est probablement ce qui justifie les décisions irréfléchies d’une Chloe au bord de la migraine à trop fixer ses notes de cours, lorsqu’elle finit par quitter sa chambre. Aucun manche de balai n’a été sollicité, ni même de vigile contacté. Elle ne rage pas la brunette, elle a été invitée elle aussi. On l’invite toujours d’ailleurs, l’australienne fraîchement débarquée de Melbourne qu’on regarde comme si elle sortait de nulle part et de partout à la fois tant tout le monde semble se connaître à Brisbane. S’octroyer une pause rime avec la porte donnant sur la fête qu’elle dégage du bout du pied, une silhouette ankylosée complètement défoncée qui sert de paillasson. S’autoriser un temps d’arrêt avant de retourner à ses révisions s’apparente au verre qu’elle se sert, s’improvisant mixologue avec le peu de choix devant elle, un peu d’iced tea et la même quantité de whisky feront amplement le boulot. Se promettre qu’elle y retournera après un verre un seul par contre, est un peu obsolète en soit. Pas parce qu’elle a pris le temps de passer autre chose que son hoodie éponyme du collège et que ses efforts pour enfiler un t-shirt et un jeans le moindrement propres sont remarqués de quelques têtes déjà. Mais parce qu’à la seconde où elle se cale dans un canapé ses prunelles à elle croisent les siennes à lui.
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| | | | (#)Ven 2 Oct 2020 - 1:45 | |
| Personne ne me présente personne, évidemment. C’est le genre de soirée où je ne me rends pas à outrance, sinon pour m'éclipser avant la fin des festivités. Ici, les étudiants doivent tous se connaître. Je connais certaines têtes pour les avoir fréquentées en amont sur les bancs de la faculté, mais la majeure partie de ceux dont j’ai retenu le visage sont plutôt occupés à guetter l’arrivée du flic du campus. Du reste, on m’a lâché avec un petit groupe de soûlards occupés à faire des concours de shots, que j’encourage avec une joie bruyante, non sans oublier de me faire petit lorsque vient mon tour. Il me suffit de me glisser au sein du groupe d’à côté, occupé à faire la même chose, lorsque les yeux se braquent un peu trop souvent sur mes épaules - sobres - et le tour est joué. C’est exactement comme ça que je navigue entre l’équipe de foot, les types de ma promo - Billie ? Millie ? - et les autres, ceux qui ne sont probablement là que pour l’alcool et les joints qui passent de main en main. Je ne touche pas beaucoup à la seconde option, sauf si c’est gentiment proposé, mais j’aime penser que le rapt de clopes de soirée, ce n’est pas vraiment du vol : juste un emprunt sur le très, très long terme.
Personne ne me présente personne et surtout pas elle, qui arrive comme si elle venait faire taire les bruyants. Ce sont ses yeux que je remarque en premier, dans la mauvaise lumière de la pièce. Si elle a l’air d’être hors de son élément, elle se fond pourtant dans le décor à la perfection, entre deux couples occupés à se repeindre mutuellement le visage de salive. Elle n’est pas de ma promotion, sinon je l’aurai remarquée aussitôt. L’année est bien entamée et j’ai déjà hâte d’en finir avec tout ce capharnaüm. La troupe bouge, on me tire de l’autre côté de la pièce. La brune n’a pas bougé, tranquillement installée dans son coin canapé. Personne ne vient la chercher elle non plus. Je n’ai pas retenu le prénom de celui qui m’embarque du côté d’une table toute prête pour un beer pong. Ils seront déçus, tous, quand je raterai tous mes tirs. Peut-être qu’ils seront moins déçus si nous partageons la faute elle et moi, car après tout c’est ainsi que fonctionne la répartition de la culpabilité. C’est elle que je veux pour partenaire. Tant pis pour ma conscience estudiantine, celle qui me rappelle que je risque bien de me planter au test de demain - mes fiches prennent la poussière depuis un petit moment déjà, à qui est-ce que je tente de mentir en jurant de boucler cette année sans accrocs ?
Elle est toujours sur le canapé lorsque je me cherche des yeux un partenaire, puisque tout le monde doit aimer jouer à ce jeu auquel je suis pire que terrible. Avant qu’elle ne soit victime d’une odieuse abduction, je me dépêche de la rejoindre. La petite troupe aura au moins eu le temps de détruire mes vans à coup de verre de bière mais je suis armé de mes meilleurs “pardon”, “excusez moi” et rien ne m’arrête. Tiens, l’un des couples doit avoir pris une chambre. « On fait un beerpong. » Et par “on” j’entends essentiellement des gens dont je ne connais pas le prénom, dont elle, la réquisitionnée. Ce n’est pourtant pas la première soirée de la saison. « Tu devrais venir. » Je désigne la table du pouce alors que mes inconnus de partenaires guettent, observent de loin, spéculent peut-être. « On sera dans la même équipe. » C’est le genre d’argument qui, si j’avais été à sa place, ne m’aurait pas beaucoup rassuré. |
| | | | (#)Ven 2 Oct 2020 - 15:32 | |
| Détourner la tête serait idiot parce qu’il l’a vue, qu’elle a vu qu’il l’a vue, et qu’au final, tout le monde a vu. Elle ne fait que porter son verre à ses lèvres donc, cacher le sourire en coin que ses cheveux hirsutes et ses fringues si tôt tachées de bière dans la soirée lui renvoient comme explications sur qui il peut bien être. Elle est curieuse Chloe, encore plus lorsqu’il disparaît dans la masse, que des corps les cachent et que d’autres, de chaque côté d’elle, la pressent. La voilà qui souffle maintenant, regrette de ne pas avoir apporté un livre, sourit de plus belle en s’imaginant à quel point elle aurait détoné (encore plus) si elle avait eu la tête penchée sur un de ses manuels scolaires en pleine fête étudiante. L’instant aurait été parfait pour qu’Annabel lui dise de se secouer un peu, qu’elle n’était pas à l’école que pour l’être. Cohen aurait roulé des yeux mais finit par lâcher prise, sûrement, fort probablement. On ne saura jamais.
« On fait un beerpong. » ou on saura, et maintenant en plus de ça.
Elle redresse le menton, comme si elle l’avait pas remarqué arriver, comme si elle n’avait pas suivi du bout des prunelles son approche entre les silhouettes pêle-mêle, alcoolisées et éphémères qui semblent s’être envolées quand sa voix à lui remonte à ses oreilles à elle. « Tu devrais venir. » elle le sent monter, le plus traître des sourires, orner ses lèvres au point où ses fossettes se creusent d’office sur ses joues. Personne ne lui parlait il y a à peine une minute de ça et ça lui allait de jauger la pièce, de décider qui elle voulait aborder, d’attendre qu’on ose l’approcher. Maintenant, ils ne sont que des visages de plus et de moins, ils se soustraient et se mélangent et elle se redresse un peu plus attentive encore, toujours silencieuse pourtant. « On sera dans la même équipe. » il l’énonce comme si c’était un fardeau, elle l’entend comme si c’était la seule demande qu’elle avait envie d’entendre en l’instant. Se rassurant en se disant qu’il n’a certainement pas entendu parler d’à quel point elle ne sait pas viser - d’où en aurait-il entendu parler de toute façon, elle qui n’a jamais joué au beerpong ni ici ni jamais vraiment sur le campus. C’est avec un regard qui brille un peu plus qu’elle termine la maigre gorgée restante dans son verre, le laissant choir sur les cuisses de l’autre amoureuse transie à sa droite qui ne le remarquera probablement pas tant elle grimpe désormais sur son beau du moment. Un rire de plus, et Chloe initie leur marche vers la table aménagée en conséquence. Évidemment qu’elle veut être dans son équipe.
« Il va falloir que tu me résumes les règles. » elle brise le silence qu’elle-même avait entretenu en finissant par faire volteface une fois postée à ce qu’elle croit être leur place. Elle se moquerait presque, la brunette qui voit déjà le duo de l’autre côté de la table s'impatienter. C’est qu’ils sont pressés quand elle, elle a tout son temps. Surtout lorsqu’elle attrape l’une de leur balle, la faisant rouler entre ses doigts en sachant déjà être tout sauf de bonne augure pour la suite du jeu. « Si je fais ça, on gagne combien de points? » elle retient un rire, feignant de lancer la balle vers leurs adversaires, balle qui finit par se perdre à l’autre bout de la salle quand seul le rire de l’australienne semble avoir gagné quoi que ce soit. « Et si je lance la balle là? » une seconde de leurs munitions qu’elle prend en otage, la laissant tomber dans l’un de leurs verres non sans fendre son visage de porcelaine d’un nouveau rire. Gamine espiègle qui au final n’en a probablement rien à faire du jeu, ni même des règles. « Vous jouez ou vous faites semblant? » en face d’eux, on les gronderait presque. Ses lèvres qu’elle pince pour retenir un autre affront, et sa main qu’elle lui tend finalement, pleine de la bonne volonté et de la politesse qui lui ont manquées selon leurs supposés nemesis de la soirée. « Moi c’est Chloe en passant. » |
| | | | (#)Dim 4 Oct 2020 - 15:11 | |
| Son sourire est joli et même si elle ne répond à aucune de mes demandes, je réponds par autant de sourires qu’elle. Les premiers mots qu’elle prononcera peut-être seront un grand “va te faire voir” ou le plus soft “j’ai mieux à faire que de jouer à vos jeux d’enfants de quinze ans”. Quand elle délaisse son verre, je sais que c’est pour me suivre et je ne sais pas si c’est une bonne, ou une mauvaise nouvelle. Une bonne pour elle, peut-être, quand elle sera sortie de son ennui. Je filerai à ce moment là, avant qu’elle ne se rende compte de ma médiocrité criante. Je fuis mieux que personne, devant ces adversités là. Elle n’a pas dit son prénom, me devance déjà. Je la suis dans la foule, sans la quitter des yeux de peur de la perdre alors que je connais le chemin mieux qu’elle. La foule est dense, ne nous laisse pas passer sans nous jeter des regards amers. Même ma vision périphérique ne les prend pas en compte.
« Il va falloir que tu me résumes les règles. » « Oh si tu n’as jamais joué c’est parfait, il va nous falloir une bonne dose de chance du débutant. »
Je raille déjà, désamorce notre défaite qui viendra très bientôt. En face, les joueurs semblent aguerris. Ils ont déjà échangé quelques balles à blanc, visiblement, juste pour mesurer de combien de points ils comptent nous écraser. Au moins, les verres ne sont remplis que de bière, même si je suis certain de les avoir vu mettre de la vodka dans les gobelets les plus compliqués à atteindre. « Si je fais ça, on gagne combien de points? » Je n’ai pas le temps de rappeler les règles que la voilà déjà partie. Je ne me rapproche d’elle que pour mesurer la difficulté du verre qu’elle est en train de viser. Je serai idiot de feindre que de ce côté là, nous allons marquer beaucoup de points, surtout lorsqu’elle lance la balle à l’autre bout de la pièce. Ce sont ses yeux que je jauge quand la balle ne fait pas un bruit en tombant sur le sol couvert d’alcool et d’autre chose pire. « Ils boivent si tu marques. » L’inverse est tout aussi vrai et quelque chose me fait dire qu’on a tout intérêt à leur faire finir leurs verres avant d'entamer les nôtres. « Et si je lance la balle là? » Son rire me donne à sourire, même si elle vient de nous tirer une balle - haha - dans le pied. « Non là tu- » « Vous jouez ou vous faites semblant? » Les adversaires s’énervent et je leur jette un regard d’excuse. Mon attention est déjà attrapée par autre chose; elle et sa main tendue. « Moi c’est Chloe en passant. » J’attrape bien volontiers sa paume dans la mienne, le salut est solennel. « Victor. » « On doit attendre le mariage ou on peut commencer ? Elle doit boire, elle a mis une balle chez vous. » Ce qu’ils sont pénibles. « On vous donne deux balles et on reprend où on en était. » « On avait pas commencé. » Justement.
L’instant d’après, c’est deux balles de perdues pour nos adversaires qui, visiblement, sont plus aptes à nous montrer les dents qu’à effectivement marquer des points. J’attrape une balle, me replace aux côtés de Chloe. « Si elle rebondit ils ont le droit de contrer. Tire la pile et ils boivent. » Je lui désigne une ligne de verres. « Prends ceux-là en premier et on gagne. Plus ils boivent mieux on s’assure la victoire. » Je n’ai jusque là jamais gagné une partie. Je n’ai jamais fini une partie non plus, à vrai dire. Ma main se porte sur la sienne, que je place à hauteur suffisante, balle en main, assez pour qu’elle puisse atteindre sans rebonds les verres du fond. « On ne doit pas perdre, Chloe, j’habite pas sur le campus. Les gens qui m’ont traîné ici sont tous ivres morts. » Autrement dit, je ne dormirai pas sur ce sol couvert de bière. Sa main est lâchée dans un sourire, je ne quitte pas notre objectif des yeux, probablement un peu trop confiant. |
| | | | (#)Dim 4 Oct 2020 - 16:16 | |
| « Oh si tu n’as jamais joué c’est parfait, il va nous falloir une bonne dose de chance du débutant. » « Sinon, on doit juste trouver de quoi faire distraction. »
Elle fronce du nez, maligne mais à peine, cherchant du regard la moindre distraction qui pourrait être utile en temps de guerre. Pour le moment, ce n’est pas très concluant ; elle se dit que pour leur assurer une disqualification sans en être la cause, il faudrait amener un ou l’autre des étudiants déjà affectés par l’alcool et la drogue circulant durant la soirée à entrer en collision avec la table. Son esprit cartésien pense à décaler le meuble de quelques centimètres à chaque envoi, se disant qu’ainsi elle le rapprocherait de la piste de danse improvisée. Mais pour l’heure, sa stratégie du mouvement est mise en danger. Elle n’a absolument pas envie de bouger.
« Ils boivent si tu marques. » elle hoche de la tête Chloe, garde ses prunelles ancrées à celle du pauvre gars qui est en charge de lui expliquer des règles qu’elle écoute d’une oreille et sait s’envoler de l’autre. Côté verre, elle est habituée à se les faire offrir, ou à se servir elle-même. Ce n’est pas dans sa mécanique de devoir improviser des jeux pour s’assurer de finir la soirée hydratée. Une seconde dédiée à y réfléchir, et elle réalise qu’elle serait complètement nulle à un j’ai jamais, la brune. « Du coup ils veulent s’assurer de finir bourrés en nous choisissant comme adversaires, n’est-ce pas? » elle pouffe de plus belle à son oreille, comme s’il s’agissait d’un secret d’état alors que tout le monde ici doit s’étonner de la voir d’un côté de la table. Lui non plus, ne semble pas être plutôt à l’aise. « Non là tu- » « Vous jouez ou vous faites semblant? » ses questions et ses manigances sont rattrapées au vol quand ses balles elles, terminent leur course là où personne ne les voudrait. « Victor. » « Enchantée, Victor. » « On doit attendre le mariage ou on peut commencer ? Elle doit boire, elle a mis une balle chez vous. » elle serre sa main et tient ses prunelles, ses joues rosissent une seconde de trop. S’ils s’exaspèrent en face, elle leur rend la pareille en élançant sa main libre vers un plateau de shots qui passent à leur hauteur. La voilà qui en subtilise un pour lequel elle prend une petite gorgée, lui tendant ensuite le reste comme s’ils étaient les pires complices du monde en l’instant. « Ils ont pas dit boire quoi. » qu’elle murmure, les lèvres brillantes d’un alcool sucré qu’elle a déjà oublié. « On vous donne deux balles et on reprend où on en était. » « On avait pas commencé. » elle sourit, lançant vers les adversaires du dimanche leurs fameuses deux balles en restant bonne joueuse au mieux de ses capacités. « Justement. » qu’ils commencent, qu’ils s’y mettent maintenant que Cohen s’assure de dédier toute son attention aux règles, et aux règles seulement.
Il sent bon, bien plus que la majorité des gens qui errent autour d’eux, enfumés à la clope et à la vodka bon marché. « Si elle rebondit ils ont le droit de contrer. Tire la pile et ils boivent. » avec qui est-il arrivé? Les a-t-elle vus? Sont-ils dans les parages? Était-il seulement accompagné? « Prends ceux-là en premier et on gagne. Plus ils boivent mieux on s’assure la victoire. » ses sourcils se froncent, c’est la première fois qu’il évoque leur potentielle victoire malgré les efforts qu’il met à bien aligner sa main et son coup d’oeil. Sa pédagogie à lui est aussi bonne que leurs chances sont mauvaises, à ses yeux à elle. « Tu veux gagner? » la question est énoncée avec bien plus d’attention que pour tout le reste. Si c’est vraiment ce qu’il veut, alors elle arrêtera d’être une enfant et tentera de se concentrer un bref moment. « On ne doit pas perdre, Chloe, j’habite pas sur le campus. Les gens qui m’ont traîné ici sont tous ivres morts. » le lien de cause à effet ne fait aucun sens, elle aurait des tas de questions à lui poser et des tas de solutions à lui offrir quand déjà son cerveau se met en mode action et réaction. À la place, sa paume libre vient tapoter son avant-bras avec une confiance qu’elle ne se connait que lorsqu’elle entre au centre de tutorat pour accompagner les élèves en difficulté qu’on lui a attitrés en début d’année. « Je vais tenter de te sauver alors. » sa voix est grave, son sourire est immense. La seconde d’après, c’est elle qui initie le premier vrai lancer officiel.
Elle aurait sûrement dû fixer le verre de devant, facile, atteignable. Et elle n’aurait sûrement pas dû viser ceux derrière, loin et risqués mais qui valent plus de points, accessoirement.
Chloe qui s’est laissée guider par les prunelles d’un Victor à ses côtés qu’elle tente autant d'impressionner que de rescaper, selon ses propres dires. Au final, ils n’auront marqué qu’un seul point, de pitié, quand leurs adversaires ont simplement attrapé la dernière balle de leur duo de perdants au vol pour la mettre dans l’un de leurs gobelets, et le boire en symbole de soutien. La chance du débutant s’est envolée aussi vite que le contenu de leurs verres, qu’elle a eu la bonne idée de mélanger ensemble pour qu’ils s’en sortent chacun avec une concoction sentant autant le houblon que la vodka. La prochaine étape sera d’arrêter de rire de leur score pitoyable, et de trouver de la lime pour rendre le tout un peu plus festif. |
| | | | (#)Sam 10 Oct 2020 - 18:41 | |
| « Du coup ils veulent s’assurer de finir bourrés en nous choisissant comme adversaires, n’est-ce pas? » « Ils n’ont peur de rien, pourtant ils devraient. », que je réplique sur le même ton, la confidence pour volume de voix.
En face, on s’impatiente, on trépigne. On croirait presque que nous sommes les invités de marque, attendus depuis des lustres, détestés tout autant. Elle n’a pas l’air d’en avoir quelque chose à faire de toute façon, Chloe, que rien n’entrave. Ce n’est pas la pique de l’adversaire, ce n’est pas non plus l’ambiance de la pièce qui la déconcentrera de son état de déconcentration. Quand elle attrape un verre, je ne la lâche pas des yeux, convaincu qu’elle va se l’enfiler toute seule. Évidemment que nous partageons la faute. C’est pour cette raison que je l’ai prise comme partenaire, non ? « Ils ont pas dit boire quoi. » Elle est trop maline pour son propre bien, c’est un autre rire que j’ajoute au compteur.
Et le jeu commence. J’ai le goût d’un alcool qui n’est pas de la bière sur la langue, le regard concentré, la pédagogie facile. « Tu veux gagner? » « Pas toi ? » On dirait que ce soir, j’ai quelqu’un avec savourer la victoire, ou éviter de pleurer la défaite. Les types avec lesquels je suis venu sont trop ivres pour reprendre la route et je ne peux pas me mettre la mine de ma vie, quand bien même la fuite à laquelle j’étais promis semble doucement s’éloigner à mesure que la soirée avance. Quelle que soit l’issue de cette partie, je crois que je resterai. « Je vais tenter de te sauver alors. » Cette fois-ci je ris, encore. « Que tu as une belle âme. » Elle est parfaite en grande future gagnante concentrée. Je tire presque la langue de concentration en l’observant faire.
Il faut croire que ce soir, la chance du débutant n’était pas non plus avec nous. Mes piètres talents de tireur nous ont valu des balles allant à l’autre bout de la pièce, si bien que nos adversaires n’avaient même pas à se soucier de manquer les leurs. « On a perdu. » Son mélange me fait froncer les sourcils, mon foie regrette déjà mon engagement dans ce jeu. Je ne suis pas tout seul dans la défaite, au moins. Chloe me tend mon verre, un gobelet rouge plein jusqu’au bord. Nos adversaires s’apprêtent déjà à remettre ça, je me dépêche de désigner à ma coéquipière les trois marches qui mènent à l’autre partie de la chambre. Elles sont grandes, les chambres, ici. Je suis étonné que personne ne nous ait encore trouvé pour nous déloger, cela dit.
Verre à la main, je me laisse tomber sur les marches. « Je crois qu’ils n’ont jamais vu personne jouer aussi mal. J’aurais dû prendre tir à l’arc en sport, cette année. » Ça m’aurait probablement plu, ça l’aurait peut-être impressionnée elle au passage. J’aime penser que dans un multivers différent, je suis champion de tir à l’arc. Gagner la partie ou non n’aura rien changé. Mon nez se pose au dessus du verre, mes sourcils traduisent le dégoût que m’inspire la boisson. Je prends une gorgée, me décale assez au passage pour qu’elle puisse s’asseoir avec moi sur les marches. L’environnement est bruyant au possible. Autant que nous puissions nous entendre parler et penser, par vrai ? « Avec qui t’es venue ? Je ne t’ai pas vue entrer. » C’est un mensonge, là aussi. Je savais qu’elle était dans la pièce, à peine s’est-elle posée sur ce canapé. Mais ça, elle n’est pas obligée de le savoir. « T’as la bosse de l’écrivain. T’étais venue pour dire à tous ces gens d’arrêter de faire du bruit ? » J’ai attrapé sa main pour passer le pouce sur l’intérieur de l’un de ses doigts. Je raille, toujours sourire aux lèvres. Elle et moi, on finira par avoir des crampes aux joues, que l’alcool finira peut-être par anesthésier. |
| | | | (#)Dim 11 Oct 2020 - 14:30 | |
| « Que tu as une belle âme. » oh s’il savait. Elle a été éduquée à jouer les miss parfaites Chloe, à être douce et bonne en tout point. On lui a promis que plus elle faisait le bien et plus elle était loyale, plus elle gagnerait son ciel. Depuis longtemps qu’elle n’a pas mis le pied dans une église, mais certains concepts restent. Celui du karma particulièrement, ancré dans un coin de sa tête. L’instant d’après elle le remercie de ses bons mots à l’égard de la toute aussi bonne personne qu’il lui dit être en esquissant la plus exagérée des révérences.
L’énergie qu’elle a consacrée à ses lubies d’être polie aurait dû s’investir directement ailleurs, sur sa concentration par exemple. Elle a bien eu beau froncer des yeux et des sourcils, tenter de lancer d’une main et de l’autre, même un mètre ou à peine quelques centimètres entre elle et la table, rien n’y fait. Victor non plus ne s’est pas démarqué par son visou exemplaire, mais elle était tellement occupée à rire de ses onomatopés à chaque envoi qui perdaient un décibel lors de (l’échec de) la réception qu’elle n’a presque rien vu de son jeu à lui. Ironiquement, ce n’est que lui qu’elle a vu.
Et lui qu’elle voit encore, quand il lui fait signe de filer vers la sortie, ou du moins vers leur alibi du moment. Elle n’a personne à qui signaler sa fuite, oserait fort probablement mentir si on lui demandait combien de fois elle a validé si lui-même faisait signe à quelqu’un pour lui dire qu’il sortait. « On a perdu. » « T’es sûr? » elle pouffe l’ingénue, de le voir sourire. Ou alors c’est l’inverse, ses rires à elle se sont depuis longtemps accordés à ses rires à lui. « Ah non, non dis rien, je survivrais pas à un recomptage des points. » la panique est aussi inopinée que fausse, elle resserre pourtant les doigts de sa main plus si libre que ça autour de ceux de Victor. Une piqûre de rappel, une alerte comme une autre juste pour l’empêcher de faire leur décompte - en négatif - sur le bout des index. Bien sûr. « Je crois qu’ils n’ont jamais vu personne jouer aussi mal. J’aurais dû prendre tir à l’arc en sport, cette année. » il se décale, elle enregistre avec intérêt le geste d’un battement de paupières et d’une mèche qu’elle replace derrière son oreille, le tout semble distrait mais est bien plus calculé qu’on ne le capte. « Et je crois que c’est le meilleur moment pour te mentionner que j’ai énormément de mal à jauger mes distances. » la seconde qui suit elle s’installe à ses côtés, oubliant de noter l’ironie de ses mots, la cachant d’un nouveau sourire. Elle, la gamine qui a paradoxalement peur de l’engagement mais qui est incapable de rester seule bien longtemps. Elle qui a pris des heures à l’époque à s’habituer aux distances avec sa voiture. Son pare-choc a eu la vie dure.
« Avec qui t’es venue ? Je ne t’ai pas vue entrer. » elle hausse le sourcils, bien plus amusée que perplexe. Alors il s’intéresse à elle autant qu’elle, s’intéresse à lui. « T’as la bosse de l’écrivain. T’étais venue pour dire à tous ces gens d’arrêter de faire du bruit ? » elle n’a pas le temps de se dire intérieurement de calmer les papillons qui se lovent au creux de son ventre qu’il en engendre une nouvelle salve, prenant sa main à elle en otage. Ses doigts sont chauds, elle aurait même pu les qualifier de réconfortants. « Je suis venue avec le fantôme de mon ancienne colocataire. » elle pouffe, c’est tout comme. Annabel aurait été du genre à la traîner ici sans le moindre doute - quiconque la connaissant dans la pièce pouvait le confirmer. « Promis je venais gronder personne. Sauf eux, de ne pas au moins nous avoir laissé un point de participation. » Chloe qui fait l’effort de poser le verre intouché à ses pieds, haussant sa main libre en guise de promesse. L’autre restera aussi longtemps au creux de la paume de Victor qu’il le décidera, qu’il le voudra.
« Tu vois au moins des concepts cool de psycho, dans ta lecture de mes lignes de la main? » qu’elle tente, l’australienne, curieuse de voir ce qu’il aura d’autre à dire sur ses impressions d’elle quand elle lui donne des détails au compte-goutte, mais qu’elle lui en donne tout de même. « Je commence ma deuxième année. En travail social. » qu’il se compte chanceux, elle n’est pas aussi loquace avec les inconnus d’habitude. À la place, elle se contente de sourire et de rire à leurs blagues, évitant de se mettre dans les frais en dévoilant trop d’informations dressant un portrait clair. C’est qu’elle aime être éphémère la petite, elle aime qu’on l’admire de loin. « Toi, tu fuis les révisions de quel examen en étant ici? » si elle joue encore, il reste son partenaire d’équipe, et doit endosser le même rôle lui aussi, non? |
| | | | (#)Ven 6 Nov 2020 - 22:07 | |
| « T’es sûr? » Je m’apprête déjà à recompter théâtralement devant elle, à sortir la calculatrice qui me sert de cerveau et même à ramener les témoins de notre échec s’il le faut. Elle est déjà prête à m’alléguer que nous avons perdu, pourtant. « Ah non, non dis rien, je survivrais pas à un recomptage des points. » Et je me tais presque, armé de mon sourire, quand elle serre ses doigts autour de des miens sans que cela ne m’importune. Le contact devient naturel si bien que je suis persuadé que je ne finirai par l’oublier. Nous remettrons ça sur le dos de l’alcool et de cette boisson affreuse qui se trouve dans nos gobelets rouges. « Et je crois que c’est le meilleur moment pour te mentionner que j’ai énormément de mal à jauger mes distances. » Je lui fais les gros yeux, sortant au passage mon meilleur jeu d’acteur pour feindre l’étonnement. « Quand je t’ai choisie je pensais que t’étais au moins la championne de l’université. Je devrais être remboursé, c’est injuste. » Ce qui est encore plus injuste, c’est que nous nous retrouvions assis sur des marches, à nous pousser toutes les deux minutes pour laisser passer des gens pas toujours aimables. Nos adversaires ont visiblement trouvé d’autres opposants plus compétents. Ils ne pourront pas nous blâmer de les avoir fait boire : ils n’ont bu que leur verre de bienfaisance.
« Je suis venue avec le fantôme de mon ancienne colocataire. » « Mes condoléances. » Je jette un regard circulaire à la pièce. Mon pouce est toujours posé contre son doigt. Elle ne s’en défait pas, je n’en ferai rien non plus. Le verre a mauvais goût mais je m'accoutume à l’ambiance de la soirée. « Promis je venais gronder personne. Sauf eux, de ne pas au moins nous avoir laisser un point de participation. » « Ils avaient vraiment trop peur de perdre pour se risquer à nous laisser un point de participation. Tu leur a fait peur. » On n’a rien d’effrayant, pas même l’envie de paraître de la sorte. Ils savaient qu’on allait perdre, leur ego a pris un coup de boost incroyable. Au moins, nous avons fait une superbe bonne action pour la soirée.
Nouvelle gorgée de la boisson terrible. « Tu vois au moins des concepts cool de psycho, dans ta lecture de mes lignes de la main? » Je pose mon verre, soudain très concentré, pour empoigner sa paume de mes deux mains libres. Ces conneries d’étoiles ne disent rien du tout, j’aime les observer mais je ne crois pas qu’elle soit capables de tracer des lignes dans les mains - ou alors je mélange plusieurs concepts qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. « Je vois... Des fiches de révision. Une pizza. Du café. » Je me donne faim. La séance de voyance est terminée avant d’avoir vraiment commencé quand je redresse le menton. Mes yeux ont remarqué combien elle a les mains fines, au contraire de mes mains calleuses abîmées par le sel et les marées, la planche et la houle. « Je commence ma deuxième année. En travail social. » « Beaucoup de café, en fait. » Tout le monde boit du café, je ne devrais pas trop me tromper sur ce point là. Elle planchait peut-être quand la fête s’est invitée dans ses révisions. Tant mieux pour ma défaite au beerpong, elle n’aurait pas eu la même saveur si je l’avais savourée seul ou mal accompagné. « Toi, tu fuis les révisions de quel examen en étant ici? » « Des mathématiques. Mais c’est nul, je vais transitionner vers le cinéma. » Quand j’aurai un peu d’argent. « En attendant, je fais un peu de photo. » C’est beaucoup prétexte à rater les cours, aussi, pour dire que je ne fais pas rien de mon temps libre. Je fais ce que j’aime, les gens ne l’ont juste pas encore compris. « C’est expérimental. On me prend surtout pour photographier les surfeurs. Tu fais du surf ? T’es Australienne, tu dois forcément faire du surf. » Je l’ai entendu dans sa voix, je la rêve déjà sur une planche.
Mes yeux se sont accrochés aux siens. Les verres sont oubliés à nos pieds, personne ne viendra vérifier que nous avons rempli notre part du marché de toute façon. Et puis soudain, on frappe à la porte. Quelqu’un hurle, on se bouscule. Il est l’heure de décamper, la fête est finie. J’ai attrapé la main de Chloe - rectification, je n’ai pas lâché la main de Chloe - en me levant, lui indiquant le couloir du regard. Tout le monde se presse pour sortir par les fenêtres du salon aménagé, mais personne n’a visiblement pensé à investir celles de la chambre, à l’arrière. « Avoue, t’as appelé le flic du campus. T’es sur écoute en même temps qu’on parle. » Traîtresse que j’embarque à ma suite non sans voler, sourire aux lèvres, un paquet de cigarettes qui traîne là, délaissé sur un guéridon dans le couloir. |
| | | | (#)Ven 6 Nov 2020 - 22:29 | |
| « Mes condoléances. » à sa voix grave de sérieux elle ajoute un hochement de tête de la positive bien aggravé. Si ça se trouve en ce moment même Annabel est plus vivante que jamais, perchée sur l’un des plus hauts toits de la ville à insulter les passants, ou complètement défoncée à courir vers les vagues en riant à gorge déployée. Elle aurait tant aimé Chloe, se sentir aussi vivante que son ancienne colocataire. Les quelques minutes grappillées à graviter autour du brun sont ce qui s’y appréhende le plus pour elle, depuis un long moment déjà. « Ils avaient vraiment trop peur de perdre pour se risquer à nous laisser un point de participation. Tu leur a fait peur. » « Attends, d’ici la prochaine fois j’aurai pris au moins un cours sur Youtube je nous laisserai pas perdre aussi facilement. » la prochaine fois, nous. Elle cache son sourire en coin de son gobelet rouge au contenu trop identifié pour qu’elle le nie. Elle nie tout le reste, l’oeil brillant et la voix avec.
Quand il prend sa main pour se moquer, elle renchérit avec des mots joueurs, une curiosité qu’elle ne camoufle absolument pas. Qu’il tergiverse, elle adore déjà cela. « Je vois... Des fiches de révision. Une pizza. Du café. » il a presque tout vrai, la pizza qui ferait gronder son estomac si elle y accordait la moindre réflexion supplémentaire. Pourtant, le contact de ses doigts curieux sur ceux bien trop délicats de la brunette garde son attention de dériver vers un potentiel menu de fin de soirée. « Beaucoup de café, en fait. » docile, elle hausse d’une épaule, ne cachant absolument pas la nuit blanche qu’elle avait prévue à son programme ; la façon de la remplir par contre, reste encore nébuleuse pour certains mais pas pour elle. Elle n’a pas envie de le quitter d’une seule semelle.
Parler d’elle la met mal à l’aise, celle qui d’ordinaire adore être le centre de l’attention. Alors elle esquisse et elle esquive, autant intéressée d’en savoir plus sur lui que de lui donner la parole pour se souffler un petit sursis.
« Des mathématiques. Mais c’est nul, je vais transitionner vers le cinéma. » « Ils donnent le cursus, ici? » « En attendant, je fais un peu de photo. » « La salle du club de photo a l’air vraiment bien aménagée. » « C’est expérimental. On me prend surtout pour photographier les surfeurs. Tu fais du surf ? T’es Australienne, tu dois forcément faire du surf. » « Oh oui, bien sûr. » pas du tout, quelle menteuse. Pour qu’il la regarde avec ces yeux-là par contre, elle serait prête à laisser sa langue fourcher sur des faussetés encore et encore, apparemment.
Elle aurait pu compter les différentes nuances dans ses prunelles, elle s’y serait perdue pendant une vie au final, si on le lui demandait. À la place, c’est son coeur qui manque un battement quand les doigts de Victor se referment avec ferveur sur les siens, qu’il se redresse et la ramène avec lui. « Avoue, t’as appelé le flic du campus. T’es sur écoute en même temps qu’on parle. » elle n’a absolument pas capté ce qui s’est passé. D’ordinaire elle aurait été affût de la moindre marque d’autorité, elle qui craint de désobéir depuis sa plus tendre enfance. À croire que ce soir, elle aime bien les défaire pour mieux les ignorer, les règles. Au beerpong comme pour tout le reste. « Busted. » un rire de plus au compteur, ça faisait bien presque cinq minutes déjà qu’elle n’avait pas pouffé à son oreille, il valait mieux rectifier le tir et vite.
Le couloir, la fenêtre, la fuite et tout le reste. À un moment, ses doigts se sont enlacés à ceux de Victor, se nichant entre ses phalanges pour plus de support, pour ne pas le perdre à travers la foule qui se presse quand bien même ils ne sont que tous les deux dans leur propre sillage. Elle repère un tournant et un mur, une porte et une poignée, lui pointe le tout du menton avant de détailler par-dessus son épaule que personne ne les a suivis. Dans l’élan, elle a complété son vol de cigarettes par le briquet tombé prestement de la poche d’un autre des fêtards qui les a ultimement dépassés. « Chuuut, tu vas nous faire repérer. » il ne fait absolument aucun bruit et ne parle pas plus, elle ne râle que pour le plaisir de plaquer son index libre sur ses lèvres le temps de refermer la porte d’un placard lambda sur leurs deux silhouettes maintenant cachées à la volée. « Ma couverture pourra pas nous protéger s’ils la découvrent aussi vite. » elle joue encore et toujours, l’inclus tout autant dans la finalité d’un scénario hypothétique où peu importe ce qui arrive il semblerait qu’elle tienne à ce qu’ils forment une équipe. « Victor? » Chloe qui attend que le bruit de l’autre côté de la porte s’éloigne, dès lors qu’elle articule son nom en pesant précieusement sur chacune des lettres. Dans la pénombre, ses iris à elle restent immanquablement vissés aux siennes, à lui. « Tu m’écrases les orteils. » |
| | | | (#)Ven 6 Nov 2020 - 23:28 | |
| « Attends, d’ici la prochaine fois j’aurai pris au moins un cours sur Youtube je nous laisserai pas perdre aussi facilement. » On aura une prochaine fois donc, je ne suis pas le premier à l’avoir dit. On est une équipe, aussi, visiblement jusqu’à la prochaine fois au moins. Je préfère faire semblant de ne pas relever, sourire aux lèvres et regard qui confirme tout. Il nous faudra trouver de nouveaux adversaires, des médiocres qu’on pourra battre pour se sentir un peu mieux. Ou on boira encore des verres dégueulasses assis sur des marches dégueulasses, les pieds sur un sol dégueulasse. Le programme me plaît bien, d’un côté comme de l’autre.
« Ils donnent le cursus, ici? » « Non, pas le cinéma. Il faut que je change de faculté. » Pas pour tout de suite, donc. « La salle du club de photo a l’air vraiment bien aménagée. » « Tu devrais venir, un jour. Je développe mes photos deux fois par mois. » Est-ce qu’elle surf ? Les photos ne l’intéresseront peut-être pas. Elles ne m’intéressent déjà pas énormément, celles que je ne prends que pour avoir une paye d’écononomisée pour mes à-côtés parfois coûteux. « Oh oui, bien sûr. » « Cool. On ira ensemble. Je connais les bons spots. »
Et puis soudain, c’est le chaos. Des adulescents courent partout en riant, personne ne panique vraiment. C’est une part du jeu que de fuir la police du campus en fin de soirée. C’est moins drôle quand c’est au milieu de soirée que tout le monde doit décamper, à moins que le temps ait filé si vite que j’ai oublié de vérifier si je n’avais pas dépassé ma limite “raisonnable” du jour. A notre tour de courir, main dans la main, vers un endroit où se planquer jusqu’à ce que tout se tasse, jusqu’à ce qu’ils menacent de tuer notre hôte de la soirée. « Busted. » « S’il le virent je te dénonce. » J’ai chuchoté assez bas pour qu’elle soit la seule à entendre, quand nous passons une porte et une autre, la dernière étant celle d’un placard mille fois trop étroit. « Chuuut, tu vas nous faire repérer. » J’attrape ses doigts, hilare. « Mon verre, j’ai oublié mon verre. » La boisson me semble presque douce, maintenant qu’elle goûte une défaite un peu plus délicieuse. Une seconde plus tard, elle referme la porte sur nous. « Ma couverture pourra pas nous protéger s’ils la découvrent aussi vite. » « Je ne nous donne pas deux minutes de survie là-dedans. » Ils vont nous découvrir tout de suite, les types qui restent. Je me prépare déjà un faux nom, je lui prépare une histoire à elle.
De l’autre côté de la porte, on s’agite. Quelqu’un fait le tour du petit appartement aménagé. « Victor? » « Chloe ? » J’ai un cintre sur la tête, une plume pour me chatouiller le cou et une chaussure sous le pied droit. « Tu m’écrases les orteils. » « Oh. » Sa chaussure, donc, que je m’empresse de cesser d’écraser. Un rayon passe à travers l’ouverture du placard, s’échoue entre nos visages jusque sur le bois. On n’a rien d’autre avec nous sinon le vague silence et mon sourire qui grandit en même temps que le sien. Je ne détourne les yeux que pour attraper la veste en plume - qui porte des vestes en plume ? - et la lui poser sur les épaules. « Voilà. Je trouvais que tu manquais de... » De rien du tout, mais en tout cas, ces plumes ne manquent pas à mon cou. Quand j’ai fini d’ajuster la veste, mes yeux retrouvent les siens. « ...panache. »
On mettra ça sur le dos de l’alcool, on mettra ça sur le dos du placard et de la drôle d’ambiance de cette soirée, on mettra ça sur le rayon écrasé sur sa joue, celui qui fait briller sa peau dans le clair-obscur. Je viens compléter le tableau d’un peu de rose, embrassant le coin de ses lèvres sans crier gare, juste au dessous de la fossette qui se dessine quand elle sourit. Les paumes de mes mains, les mêmes qui lisaient auparavant son avenir imaginaire, se sont échouées sur ses joues. Quand je recule le visage, ce n’est que pour contempler le sien, encore embrassé par le rayon artificiel qui perce la porte derrière laquelle nous nous trouvons. « J’aurais dû te demander avant si tu avais quelqu’un. Je suis désolé. » Je chuchote, comme si le monde était massé derrière la porte en bois, occupé à nous écouter, quand il n’y a que nous. Mon sourire trahit probablement que je ne le suis pas vraiment, désolé. |
| | | | (#)Ven 6 Nov 2020 - 23:47 | |
| « S’il le virent je te dénonce. » « Pas si je te dénonce avant - faut juste que je trouve un truc incriminant à épingler sur ton cas et tout sera réglé. »
Elle fait mine de réfléchir, les manigances qui tombent à plat tant elle laisse ses pensées dériver entre la salle du club de photo et le moment où il a énoncé ses visites qu’elle a noté dans un coin de sa tête avec envie, et le rendez-vous à ses côtés sur un planche de surf qui la terrifie. Les pistes de vengeances sont minces, elles le sont encore plus lorsque ses doigts à lui se nichent aussi bien contre les siens à elle. Il a les mains chaudes et elle le remarque de nouveau, tente d’enregistrer la sensation du contact de sa peau pour des raisons aussi inutiles que niaises.
« Mon verre, j’ai oublié mon verre. » « Quelle horreur, vite, récupère-le! » de ses mots elle le presse, quand l’instant d’après elle tente de ses maigres forces de le garder à l’intérieur du placard et en sécurité, sabotant toutes leurs chances de finir bourrés eux aussi. C’est qu’elle démontre encore une fois sa bonne âme, ou une raillerie du genre, alors qu’au final elle agit ainsi à titre tout à fait égoïste. S’il reste ici avec elle, leur soirée aux allures de cocon réconfortant a encore le potentiel de continuer.
Le placard est minuscule, Victor semble être attaqué de parts et d’autres de vilains cintres rageurs. Elle les chasse du revers de la main, celle qui lui reste de libre, alors que l’autre n’a pas lâché la paume du brun depuis de longues minutes déjà. Elle agit comme si elle l’avait omise et oubliée, la vérité est toute autre et c’est sûrement ce qui la motive à resserrer avec toute la délicatesse dont elle est capable sa prise à elle contre son épiderme à lui. « Je ne nous donne pas deux minutes de survie là-dedans. » il sourit, elle rigole d’un murmure étouffé - et la voilà Chloe, qui teste son esprit d’analyse du sien acéré. « J’ai pas de montre pour faire le décompte, je vais devoir compter à la traditionnelle. » derechef, elle inspire, commençant à cumuler les secondes mentalement les unes après les autres rien que pour prouver son point.
Il s’agite, fait presque du vacarme, elle est à deux doigts de l’avertir mais se retient strictement de le gronder le sourire aux lèvres parce qu’il parle le premier.
« Voilà. Je trouvais que tu manquais de... » « De? » « ...panache. »
Il lui passe une veste sur les épaules, chatouille sa joue des plumes qui y sont additionnées. Elle laisse échapper un rire inaudible, la lueur de malice dans le regard de Victor qui n’a rien de mesquin ni de mauvais. Il la fascine autant qu’il l’amuse ; l’équilibre est atteint.
Jusqu’à ce qu’elle perde presque pied parce qu’il lui écrase les orteils. Jusqu’à ce qu’il la rattrape de sa silhouette à lui se confondant désormais à sa silhouette à elle.
« J’aurais dû te demander avant si tu avais quelqu’un. Je suis désolé. » « Personne. J’ai - y’a personne. » y’a quelqu’un, un chargé de cours en criminologie qui lui fait de l’oeil depuis la session dernière. Elle est allée prendre un verre avec lui pendant les vacances, ils se sont vus quelques fois et se sont textés tout autant. Elle vient juste de décider qu’ils n’ont jamais rien officialisé. La voilà qui l'oublie le plus volontairement du monde, l’autre, d’un mensonge aussi blanc que brille son sourire dans la pénombre. Demain, elle supprimera son numéro de son répertoire de contacts et lundi, elle changera de couloir lorsqu’elle tombera nez à nez avec lui. Fin de l’histoire.
Ou début, plutôt, alors qu’elle reprend le relais de l’initiative, se hissant sur la pointe des pieds pour imiter le baiser volé de Victor, visant la commissure de ses lèvres à lui en échange. Elle allonge la nuque et bat des paupières, la poupée de porcelaine qu’elle est en tout temps prend ses aises blottie entre les paumes du brun. Un nouveau rire de sa part à elle se casse contre sa peau à lui. Elle évite le baiser de justesse, s’est simplement décalée à son oreille, éternellement gamine en sa présence apparemment. « Il nous reste quarante-deux secondes. La survie se porte bien. » |
| | | | (#)Lun 9 Nov 2020 - 2:21 | |
| « J’ai pas de montre pour faire le décompte, je vais devoir compter à la traditionnelle. » « Dans dix secondes t’oublieras le décompte. »
Et si ce n’est pas le cas, je me mettrai à compter juste en même temps qu’elle, à voix haute. Notre placard n’est pas si sinistre, je me mets à l’apprécier. Les plumes aussi, même si elles sont mieux encore sur ses épaules. Elles n’ont pas vraiment l’air de la déranger. Le baiser non plus, n’a pas l’air de la déranger. Je crois. « Personne. J’ai - y’a personne. » « Moi non plus. » Depuis peu. Juliette a disparue en même temps qu’elle est partie faire de l’humanitaire, même si elle m’avait demandé de l’attendre. Les promesses, je n’en ai pas besoin.
J’accueille son presque-baiser avec un sourire, enroule mes bras autour de la taille de Chloe comme si leur place naturelle était là, au creux de ces reins que je ne connais pas. Mes gestes sont peut-être maladroits et l’étroitesse du placard a bon dos, soudain. « Il nous reste quarante-deux secondes. La survie se porte bien. » « Est-ce que c’est long, quarante-deux secondes d’apnée plus ou moins stricte ? »
Je croyais qu’elle perdrait le compte, elle doit être forte en multi-tasking. J’espère pour nous, en tout cas, quand mes lèvres viennent cette fois-ci cueillir les siennes pour de vrai. La lumière a bondi de sa joue à la mienne, mais mes yeux se sont fermés sur la pénombre avant que je n’ai vraiment le temps de m’en rendre compte. Elle n’aura pas le droit à quarante-deux secondes d’apnée, quand je reprends le compte à vingt. En énonçant le vingt-et-un à voix haute, c’est la commissure de ses lèvres que j’embrasse. Le vingt-deux, jusqu’au vingt-sept couvrent ses joues de baisers et de rires, envahissants. Dix secondes encore pour son cou, il ne reste que cinq secondes pour la laisser un peu tranquille avant une mort certaine.
La lumière a retrouvé sa joue quand je n’éloigne mon visage que pour l’observer, Chloe en veste faite de plumes colorées. « T’as oublié le décompte ? Trois.. Deux.. » Et sur le un, il ne se passe rien et pourtant je guette, regard fixé vers l’extérieur. Les bruits viennent toujours de l’autre bout du petit appartement. Quelqu’un passe visiblement un mauvais quart-d’heure. « Elle est loin, ta chambre ? C’est pour passer te chercher, pour le surf. » Rien d’autre, évidemment. « On pourrait dire après-demain. Le temps de se remettre de tout ça. Ou la semaine prochaine. Le mois prochain. » Je n’ai pas regardé les marées. Elle doit me prendre pour un surfeur de pacotille, je me briserai probablement sur les vagues devant ses yeux et vivrai la fin de mes heures de gloire. Elle rira de moi, encore, avec son rire qu’on entendra par dessus la houle. Je rirai aussi, en noyant mes poumons d’écume.
J’ai d’autres idées pour elle, cependant, si elle veut toujours d’une prochaine fois en sortant de ce placard. Ce n’est peut-être déjà plus le cas. « Si t’aimes pas vraiment faire du surf, je t’emmènerai prendre les surfeurs en photo. » C’est nul, Victor, c’est nul. « On mangera des glaces. » C’est pire que nul. « Les coins sont beaux sur la côté, pour promener. » Mais moi, je préfère retourner l’embrasser, pour le temps qu’il nous reste. Elle choisira plus tard. Je reprends du crédit sur nos quarante-deux secondes, les mains accrochées à son dos. |
| | | | (#)Lun 9 Nov 2020 - 2:50 | |
| Elle fait la maligne Cohen, tentant de garder une contenance qui s’évapore à la seconde où elle sent ses bras à lui se nouer contre son dos à elle. Le contact n’a rien d’extravagant, même pas qu’il est intrusif. Et pourtant il déclenche un tracé d’étincelles le long de sa colonne vertébrale qui prend en ampleur alors qu’elle pose ses lèvres à la commissure des siennes. Il sent bon, Victor, elle mémorise le parfum de sa peau à défaut de le marquer avec celui qui lui appartient à elle, qui est sûrement noyé entre la veste volée et les restes de verre qu’elle a oublié.
« Est-ce que c’est long, quarante-deux secondes d’apnée plus ou moins stricte ? » « C’est in-ter-mi-nable. Attends, après le surf, on devrait faire de la plongée aussi et- »
Elle fait la maligne, Cohen, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus, bloquée dans ses moqueries enfantines par un baiser beaucoup plus insistant que le précédent. C’est elle, très certainement, qui écrase ses orteils dès lors qu’elle se hisse un peu plus haut et un peu mieux à lui. Ses cheveux d’ébène piquent sa peau de porcelaine, ses lèvres sont presque aussi douces que l’est sa langue qu’elle chasse de la sienne. À défaut de savoir maîtriser les vagues comme elle l’a niaisement clamé une poignée de secondes - qu’elle compte toujours, soyons honnêtes - plus tôt, elle sait parfaitement gérer ses doigts qui s’investissent contre son épiderme, qui y tracent des secrets qu’elle n’affirmera pas à voix haute, pas encore tout du moins. Des confessions à base de “j’aimerais te voir encore” qu’elle relance d’un baiser de plus, et de “n’attends pas trop longtemps avant de proposer à nouveau, j’aurai tendance à m’échapper sinon” qu’elle déteste presqu’autant que de douter qu’ils auront un autre moment, ensemble.
L’australienne cartésienne n’est plus, quand il se détache d’elle et qu’elle reprend ses esprits, les joues aussi rosies que le sont leurs lèvres encore énamourées. « T’as oublié le décompte ? Trois.. Deux.. » non, elle n’a pas oublié. Elle a tout mémorisé, entre la vingt-cinquième seconde qui lui a arraché un rire étouffé contre sa joue et la trente-troisième où elle a chassé ses baisers pour en entamer de nouveaux rien que parce que son souffle mélangé au sien lui manquait dramatiquement déjà. « Un. » elle conclut, le sourire de nouveau en place, l’une de ses paumes qui a décidé de se lover sur sa joue pour égarer un index un seul en guise de conclusion qui n’en a que le nom.
« Elle est loin, ta chambre ? C’est pour passer te chercher, pour le surf. » ses prunelles reflètent les bribes de miettes de lumière qui s’immiscent par la porte toujours close, leur cachette qui pourrait bien le rester indéfiniment sans qu’elle ne s’en plaigne une seule fois. « On pourrait dire après-demain. Le temps de se remettre de tout ça. Ou la semaine prochaine. Le mois prochain. » il égraine des moments comme elle le fait avec ses gestes, doux, lents, qui cherchent un contact tantôt avec sa mâchoire, tantôt avec la naissance de son cou. « Si t’aimes pas vraiment faire du surf, je t’emmènerai prendre les surfeurs en photo. » ce n’est que là, qu’elle quitte son regard à lui, une fraction de seconde qui lui donne presque l’impression qu’elle sait faire du surf, elle aussi. Menteuse, menteuse. « On mangera des glaces. Les coins sont beaux sur la côté, pour promener. » tiens, à la pizza des révisions s’ajoutent les glaces des séances de photographie. Elle sourit entre deux de ses froncements de sourcils, prend ses marques contre ses épaules maintenant, son torse sur lequel ses mains se posent docilement.
« Je peux pas, après-demain. » qu’elle finira par chuchoter, la voix encore enrouée du baiser qu’il venait de relancer, duquel elle s’est défaite strictement pour murmurer contre ses lèvres entre deux expirations partagées. « Ni la semaine prochaine. » elle reprend ses mots et pouffe discrètement de rire, sent ses dents caresser une seconde une seule la lippe de Victor avant qu’elle ne l’embrasse à la volée en guise d’excuse de gamine. « Ni le mois prochain. » à elle de froncer les sourcils, un peu trop pour que ce soit pris au sérieux. Elle a toujours ses fossettes qui creusent ses pommettes de toute façon, il saura de suite qu’elle rigole, qu’elle joue hors des règles. « C’est demain ou c’est rien. » elle met des conditions à quelque chose qu’elle ne s’explique pas mais qui justifie qu’elle ait envie qu’il l’embrasse de nouveau rien que pour confirmer ce qu’elle sait déjà. Qu’elle veut le revoir demain, et le jour d’après, et la semaine qui viendra, et le mois ensuite. Elle le dit à sa façon à elle, croyant que si elle sait il saura lui aussi. Elle prend pour acquis, use de milliers de filtres dans sa tête mais au moins ses mots sont simples, ne compliquent rien du tout. Ils n’en ont pas besoin, tout est bien meilleur simple de toute façon.
À quel moment sa main, la fourbe, a quitté le col du t-shirt de Victor pour s’aventurer sous les tissus, pour tracer la ligne d’une de ses omoplates? Elle ne sait pas et ne sait plus et honnêtement, ne veut même pas savoir. « Ma chambre est au couloir au-dessus. » Chloe ne fait que sourire de plus belle à l’imaginer chercher le bon numéro de porte, à écouter par-delà les murs en cherchant quelle adresse est la bonne. « Moins loin que la tienne - elle est où, la tienne, déjà? » d’équipe de beerpong à duo de criminels en fuite, ils font la paire lorsqu’ils alignent les excuses que tout le monde goberait mais desquelles eux deux se moquent effrontément. « C’est pour venir te ramener ta veste. » ses épaules qu’elle fait innocemment danser, les plumes chatouillant ses mèches décoiffées. Il n’aura pas le temps de lui répondre par compte, dès lorsqu’elle ajoute un baiser de plus à leur compteur - compteur qui comme pour les secondes, se veut bien obsolète dans l’instant. Demain. Ils se reverront demain. |
| | | | | | | | you found clarity in a cyclone (coby #1) |
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