Assise sur la banquette arrière du taxi, je me passe une main sur le bas de mon visage, l'air grave. Le chaos règne autour de moi, cette soirée prend des airs de cataclysme, et j'en suis la principale responsable. Ma volonté de vouloir bien faire les choses m'a amenée à perdre la raison, et je me retrouve seule, à confronter mes propres choix. Je songe à mon dernier échange avec Cade, à ce besoin que j'avais ressenti de lui mettre la faute sur le dos, injustement. A ses mots qui révélaient une vérité que je prenais plaisir à ignorer que lorsque je le souhaitais. Évidemment qu'il s'impliquait dans notre histoire, bien plus que je ne l'aurais imaginé, et sa réaction résultait justement de l'attachement qu'il éprouvait pour moi. J'étais restée silencieuse, accusant le coup face à des propos sûrement bien plus objectifs que ceux que j'avais pu tenir. Il avait raison, sur toute la ligne, et c'est pourtant à ce dernier que j'avais tourné le dos. Mon silence lui avait donné raison, mais la mine quelque peu désemparée  sur mon visage n'aura pas suffit à le retenir, bien au contraire. Il m'aura infligé le dernier coup en me laissant cette boîte, un écrin, que je n'ai eu la force d'ouvrir que quelques minutes après son départ. Niveau culpabilité, on peut dire que j'étais pas si mal. Et ce sentiment n'a fait qu’accroître face au comportement d'Evan lors de cette soirée. Ma bonté, ou appelez-la comme vous voulez, aura suffit à ce que le piège se referme sur moi. La confiance que je lui avais accordée a été piétinée, et il n'en reste à cet instant que de grandes désillusions et un sentiment de trahison. La lumière des réverbères qui vient refléter sur mon visage lors du trajet ne suffira pas à me sortir de mes pensées. Je viens me pencher légèrement en avant. "Finalement, il y a un p'tit changement dans la destination..."

Je claque la porte du taxi après avoir régler la note, observant la façade de cet immeuble, qui donne soudainement quelques accélérations à mon rythme cardiaque. Étrangement, la colère ressentie pour Evan s'est dissipée,laissant place à une émotion plus confuse, qui entache déjà une partie de ma fierté. Mais c'est plus fort que moi. Ce besoin de le retrouver est plus fort que le reste, plus puissant que ce caractère qui fait ma force depuis mon adolescence. Je monte les quelques marches, mon poing se figeant un instant avant de cogner la porte, me donnant le courage pour ce qui va suivre.L'attente me semble interminable, mais plus supportable, que d'entendre ces quelques pas qui m'indiquent l'ouverture imminente de cette barrière qui se dresse entre nous. Mon regard se plante sans plus attendre dans le sien, essayant de deviner à travers ce dernier un état d'esprit pour m'indiquer le chemin à prendre. "Salut". Une voix douce pour annoncer la couleur de ma venue, mais qui ne sera peut être pas suffisante pour effacer mon attitude de ce soir. "Je peux entrer quelques minutes?" Il libère l'espace, me permettant de retrouver cet environnement dans lequel j'aime si souvent me perdre. Quelques pas pour trouver un instant les mots pour lancer cette discussion. Je me tourne finalement, me retrouvant finalement face à lui. Un sourire, quelque peu nerveux, qui vient encombrer mon visage. "Je viens de passer les dix dernières minutes à me demander ce que je pourrais dire une fois face à toi" avouais-je, non sans une certaine pudeurr. "J'avais songé à une de mes remarques drôlement stupide que tu es le seul à apprécier, ou a ôter directement cette robe hors de prix pour tenter de t'amadouer, mais..." Mon air sérieux s'impose définitivement alors que mon regard cherche à captiver le sien, tâchant de lui communiquer cette sincérité dont je compte faire preuve pour la suite. "Je veux simplement m'excuser pour mon comportement de ce soir" Un léger silence avant de reprendre  "Je sais que je ne t'ai pas donné toutes raisons de croire que je mérite cette confiance, mais je peux t'assurer que cette soirée n'était pas préméditée et que je n'y allais pas pour lui, mais bien pour ce travail qui me tient à coeur" Une légère moue avec ma bouche. "Et si tu veux tout savoir, ca a été un véritable fiasco...Et tu sais à quoi je pensais pendant tout ce temps? A toi.... Il n'y a pas une seule seconde où cette envie d'être avec toi m'a quitté, pas un seul moment où je n'ai pas regretté de ne pas t'avoir retenu". Quelques pas pour me rapprocher de lui."Je comprendrais si tu m'en veux encore, mais si je dois passer la nuit à te convaincre combien tu comptes pour moi, j'suis prête à le faire" Un léger sourire pour souligner cette vague de douceur. "Et j'dis pas ça parce que tu m'as offert ce bijou" Cet air amusé s'affirme, tâchant de l'emmener avec moi alors que ma main vient  attraper la sienne pour lui glisser délicatement, le collier que je tiens fermement dans la main depuis mon arrivée, et que je n'avais pas eu la force de mettre autour du cou dans ce contexte. Je relève le regard dans le sien. "Il ne s'accordait pas avec cette robe... Il a bien trop de valeur pour l'accompagner."

La portière conducteur claqua, faisant trembler tout l'habitacle et les divans en cuir de la Chevrolet noire et si bien lustrée. Ses yeux verts se levèrent une dernière fois vers l'immeuble qu'il venait de quitter et puis, en quelques secondes où sa colère intérieure lui avait murmuré quelques mots échangés juste avant, il avait prit la décision de la laisser. Cade alluma le moteur, ses mains accompagnèrent le volant fermement et la voiture s'éloigna rapidement.
C'était sans plus de douceur qu'il tira le frein à main et qu'il franchit enfin le seuil de la porte de son petit appartement sombre. Sa rancœur le rongeait encore quand il se débarrassa de sa veste, dents serrées, ruminant indéfiniment les promesses et les mots. Ressassant la stupidité dont il avait fait preuve en pensant que tout aurait pu être différent cette fois.Il y était abonné...à ces relations. Compliquées, passionnées mais incertaines et presque dévorantes. Le luxe de cette robe que Savannah allait enfilé et ses jolis yeux, aveuglés par les paroles d'un type cupide et égoïste... En sortant son portable de sa poche de jean, il espérait trouver un message, un appel manqué surprise, quelque chose qui recouvrirait ce fond d'écran bleu... rien. Sa rage le poussa et d'un seul mouvement il envoya valser tout ce qui se trouvait sur le mini bar qui séparait le salon et la cuisine. Dés clés, une tasse vide, un ou deux vêtements, des dossiers d'il ne savait trop quoi... tout s'envola comme des confettis à travers la petite pièce. Et quand il se redressa, ce n'était pas les dégâts matériels qu'il observa, mais bien sa solitude et ce qui venait de lui filer entre les doigts. Grimes colla machinalement le haut de son portable sur sa tempe et fit quelques pas, sans buts, vers son canapé...Là, il se laissa tomber et bascula la tête en arrière en soupirant et en fermant les paupières, se forçant à lâcher prise, à se détendre.

Ce ne fut pas chose facile que de vider son esprit à ce moment où son sang bouillonnait à l'intérieur. Cade aurait pu sortir pour boire un verre, ou plusieurs. Lancer quelques fléchettes sur une cible en attendant de la compagnie. Ou bien provoquer une rencontre qui n'aurait pour but que de le distraire ce soir où tout semblait l'abandonner. A la place, l'ex agent fédéral s'était assoupit comme si cette dispute avec Savannah l'avait mit K.O., comme si elle avait coupé tout le jus qui l'animait d'habitude. La bonne nouvelle, c'était qu'en ouvrant les yeux, la pression semblait être redescendue. La première question qui lui vint à l'esprit c'était « Qu'est ce que j'fous là ? » et « quel jour on est ? » aussi... il recadra bien vite la scène et d'une main il se frotta un œil puis la joue. 23H42 indiquait l'écran de son téléphone. Et toujours pas le moindre message. Cade se leva finalement et, sans aucune autre idée en tête, il chercha un verre sous le mini bar, le déposa dessus et sortit cette bouteille dont il ne restait déjà plus que le quart du contenu... Il commença à dévisser le bouchon quand des cognements l'arrêtèrent. Après deux secondes sans bouger et après avoir posé son breuvage. Grimes alla ouvrir sans conviction.

Qui cela pouvait-il être d'autre ?! Savannah se tenait là, tellement jolie que ça ne pouvait être permit. Immédiatement, ce mur se dressa entre eux, érigé en grande partie par un Cade non résolu à laisser parler ses sentiments d'abord."Salut" Fit-elle, l'observant de son regard pénétrant. Il ne broncha pas. "Je peux entrer quelques minutes?" Pour quoi faire ? Lui dire après coup qu'il n'y avait rien à craindre ? Elle avait quand même été à cette soirée avant de venir... ça ne changerait rien à ce qu'il pensait. Néanmoins, c'était Savannah. Grimes se décala et ouvrit un peu plus sa porte, sans émettre le moindre son. - Comment c'était... ? Professionnellement enrichissant je suppose... Son ton sarcastique et froid en était presque méchant. La porte d'entrée se referma dans un bruit sourd, les laissant dans une intimité bordélique. "Je viens de passer les dix dernières minutes à me demander ce que je pourrais dire une fois face à toi" Elle avait donc décidé de ne pas répliquer sur la même note ironique et blessante. La mine qu'elle affichait montrait tout le contraire. Il croisa les bras et décida de l'écouter. "J'avais songé à une de mes remarques drôlement stupide que tu es le seul à apprécier, ou a ôter directement cette robe hors de prix pour tenter de t'amadouer, mais..." L'amadouer ? A en voir son visage fermé et son regard cinglant, elle n'y parviendrait pas ce soir. La question était bien trop sérieuse pour être soldée par une partie de jambes en l'air. Il lui fallait autre chose... "Je veux simplement m'excuser pour mon comportement de ce soir" Voilà qui partait mieux. Allait-elle enchaîner par un contrastant « mais j'assume mes choix, peu importe ce qu'il en coute » ? Grimes leva légèrement la tête comme pour signaler qu'il prêtait désormais une attention toute particulière à chacune de ses paroles. "Je sais que je ne t'ai pas donné toutes raisons de croire que je mérite cette confiance, mais je peux t'assurer que cette soirée n'était pas préméditée et que je n'y allais pas pour lui, mais bien pour ce travail qui me tient à coeur" Non... ça recommençait. Il décroisa les bras et retint un léger soupir agacé. - Arrêtes... "Et si tu veux tout savoir, ca a été un véritable fiasco...Et tu sais à quoi je pensais pendant tout ce temps? A toi.... Il n'y a pas une seule seconde où cette envie d'être avec toi m'a quitté, pas un seul moment où je n'ai pas regretté de ne pas t'avoir retenu" Elle le rattrapait au vol. Ses yeux se posèrent sur elle et il ne pu plus s'en détourner. "Je comprendrais si tu m'en veux encore, mais si je dois passer la nuit à te convaincre combien tu comptes pour moi, j'suis prête à le faire" Sa voix, douce et enchanteresse, avait raison de lui et se cette vague d'amertume qui l'avait consumé depuis qu'il avait quitté son appartement. Son sourire le soulagea et il n'arrivait pas à lui répondre. "Et j'dis pas ça parce que tu m'as offert ce bijou" Ce bijou qu'elle lui glissa dans la main et qu'il connaissait pour l'avoir choisit lui même, quelques jours auparavant. Ce collier qui exprimait à lui seul l'attachement qu'il lui vouait. Il regarda le cœur de diamant et elle reprit. "Il ne s'accordait pas avec cette robe... Il a bien trop de valeur pour l'accompagner." C'est elle qui avait trop de valeur. Cade s'était rendu compte de l'importance de ses sentiments pour Savannah quand il l'avait imaginé dans les bras de ce patron et que tout en lui s'était soulevé, un vrai raz-de-marée incontrôlable. Il redressa la tête, la regarda un instant et puis il fit quelques pas vers elle. - Ne t'attends pas à c'que je te cours après Sav... je sais pas faire ça.  Il passa derrière elle, ouvrit la chaîne du collier et lui passa autour du cou. - Je suis même conciliant et j'vais pas te demander de démissionner...Non il n'était pas si tyrannique. Il s'attela à refermer la chaîne maintenant que le diamant était posé sur son décolleté. - J'veux juste que tu prennes soin de tout ce que ça représente. Il parlait de ce bijou. Il parlait de se rendre compte de tout ce qu'il osait faire pour cette relation. De tout ce qu'il n'avait pas fait pour une femme depuis un bon moment. Ses yeux verts se perdirent alors sur sa joue, son oreille, sa nuque sur laquelle il avait une envie folle de poser ses lèvres. Son index et son pouce vinrent attraper le zip de sa robe pour le descendre tout doucement. Il déposa un furtif baiser sur son épaule. Elle avait raison...Ce collier lui irait bien mieux sans cette tenue de soirée..

Toutes mes convictions partent en fumée ce soir. Cette impression que tout m'échappe n'est pas qu'un leurre, il se justifie par les échanges que j'ai pu avoir avec Cade, mais aussi avec Evan. Cette confiance que je semble impérativement vouloir vouer à l'homme d'affaires se retrouve écorchée, et il n'en reste qu'une déception amère qui s'accompagne d'une colère imparable. Je suis en colère contre lui, mais je le suis encore plus contre moi-même.  Et pendant tout ce temps où mon regard se perd sur les différentes architectures de cette ville, je ne peux m'empêcher de me plier à ce jugement, pourtant si véridique, qu'a formuler Cade à mon égard. Je suis naïve. Définitivement. Cette générosité, ce besoin de croire au meilleur que l'autre puisse fournir...Tout ça ne suffit pas, et c'est finalement moi qui paie le prix de mes décisions. Par un besoin de me repentir, mais aussi et surtout parce que je garde cette impression que ma place ne se trouve nulle part ailleurs, je me retrouve finalement devant l'immeuble de Cade. Les derniers mots échangés ont été forts, à la hauteur de ces deux caractères qui nous caractérisent si bien, et j'ai bien peur que cette simple visite ne suffise à réparer les dommages que j'ai causé. Je suis pourtant décidée à les lui faire oublier s'il m'en laisse l'occasion, et son apparition dans l'encadrement de la porte va annoncer la difficulté que cela va susciter.

Ses traits ne laissent pas apparaître l'once d'un soulagement,ou même de douceur. Nous sommes sur un terrain de mines, et la bataille s'annonce plus compliquée que prévue. Dans un silence absolu de sa part, je parviens à me frayer un passage à l'intérieur. "- Comment c'était... ? Professionnellement enrichissant je suppose... " Je coupe ma respiration, me demandant s'il n'était pas préférable qu'il reste silencieux finalement. Je tente de ne pas me laisser déstabiliser par cette attaque, et viens apporter un vent de légèreté face à des propos plus personnels, lui confiant la difficulté de cette tâche présentement. Évidemment que ma fierté en prend un coup, confier la timidité qu'il provoque en moi alors qu'il semble ne pas vouloir m'épargner équivaut à donner le bâton pour me faire battre, mais après tout, je suis venue ici dans un but bien précis. Sans grande surprise, mon humour ne trouvera pas non plus preneur, ce qui me pousse à en venir à l'essentiel, des excuses. Un bref mouvement de tête de la part de cher Grimes pour annoncer qu'il baissait un instant son armure et son épée? Je poursuis, gardant ce discours, qui peut paraître agaçant à force d'être répété, mais qu'il devra l'être jusqu'à ce qu'il veuille bien l'entendre. "Je sais que je ne t'ai pas donné toutes raisons de croire que je mérite cette confiance, mais je peux t'assurer que cette soirée n'était pas préméditée et que je n'y allais pas pour lui, mais bien pour ce travail qui me tient à coeur" Une réaction qui ne se fait pas attendre, malgré la sincérité de mes propos." - Arrêtes..." Mes yeux s'arrondissent face à son impatience. "Non, j'arrêterais pas. J'suis loin d'être irréprochable, mais j'ai jamais eu l'impression de trahir ta confiance par un comportement inapproprié Cade" lui rappelais-je. Je viens remplir mes poumons avec force avant de reprendre . "Et si tu veux tout savoir, ca a été un véritable fiasco...Et tu sais à quoi je pensais pendant tout ce temps? A toi.... Il n'y a pas une seule seconde où cette envie d'être avec toi m'a quitté, pas un seul moment où je n'ai pas regretté de ne pas t'avoir retenu" Je n'étais pas ce genre de fille à m'étaler sur ce que je pouvais ressentir, encore moins dans un tel contexte, mais c'est à la hauteur des efforts qu'il a pu mettre jusqu'à présent. Il doit comprendre que si je fais mon bout de chemin dans le monde du travail, ma relation avec lui connait elle aussi une ascension qui n'est pas à lésiner. Ce manque qu'il crée en moi n'a rien d'inédit, il prend d'avantage sa place face à tout ce que nous pouvons vivre ensemble. Mes mots suffiront t-ils seulement à ce qu'il mesure l'impact de ces derniers? "Et j'dis pas ça parce que tu m'as offert ce bijou" Dans un geste doux et délicat, je viens attraper sa main, et lui rendre ce colier, qu'il n'a pas prit le temps de me faire découvrir lors de son passage à mon appartement. "Il ne s'accordait pas avec cette robe... Il a bien trop de valeur pour l'accompagner." Une valeur que même une robe à quelques milliers d'euros ne parviendrait à combler. Et je refusais de l'enfiler dans ces conditions. Ce cadeau méritait d'être bien mieux accueilli que dans une vulgaire dispute.

Mon léger sourire, rempli de bienveillance va pourtant faiblir. "- Ne t'attends pas à c'que je te cours après Sav... je sais pas faire ça." Etait-ce une mise en garde? Un moyen de me faire savoir qu'une simple petite goutte d'eau supplémentaire suffirait à faire déborder le vase et le briser sans plus attendre? Mon regard se perd devant moi alors qu'il n'a plus l'occasion de le croiser. Comment parvenir à lui expliquer le déroulement de cette soirée sans mettre en péril notre histoire une fois de plus? "- Je suis même conciliant et j'vais pas te demander de démissionner..." J'en suis soulagée, mais le problème n'en restera t-il le même pour autant? Chaque moment passé avec Evan risquait de mettre les feux au poudre, évoquer une journée de travail avec lui me semblait impossible aussi. Mes doigts viennent s'agripper à ce collier, instinctivement, lui vouant un attachement soudain, mais certain, alors que je fais rouler le diamant entre mon pouce et mon index. Ce choix, il ne me l'imposait pas, mais je réalise qu'il risque de devoir s'imposer d'une façon ou d'une autre dans les semaines ou mois à venir. "- J'veux juste que tu prennes soin de tout ce que ça représente." Cette demande provoque un déchirement en moi. Toujours dos à lui, je sens ses doigts s'emparer de la fermeture éclaire de cette robe, et dans un geste brutal mais surtout de panique, mon corps se tourne, attrapant son poignet entre mes doigts pour l'arrêter dans son élan, comme si mon silence pourrait sonner comme une énième trahison. "Attends" Son regard surpris qui croise le mien, qui se balade nerveusement d'un oeil à l'autre. Je me pince les lèvres, baissant un instant le regard sur ce seul contact qui nous lie. Mes sourcils qui se froncent face à cet aveu, qui sera aussi difficile à évoquer qu'à entendre pour lui."Il s'est servi de moi". L'écart qui semble se creuser face à cette incompréhension qui l'habite. "Il m'a fait venir, et il m'a fait passer pour sa femme auprès de tout le monde..." Comment parvenir à me faire passer pour innocente dans ce contexte. "J'te jure que j'étais pas au courant.Il m'a mit devant le fait accompli, et c'est pour ça que j'suis partie précipitamment de cette soirée." Mes yeux qui se perdent dans le sien pour déceler la moindre réaction

La présence de Savannah montrait au moins une chose ; elle ne lui en tenait pas rigueur pour leur dernière conversation houleuse où leurs avis avaient une nouvelle fois été contradictoires. Il ne la voyait pas revenir pour enfoncer le couteau dans la plaie, ainsi vêtue de cette robe à plusieurs milliers de dollars, offerte par le sujet de leur discorde. Non, même si elle savait défendre ses idées, Savannah n’était pas comme ça. Et dés lors que Cade avait vu sa mine désolée en ouvrant la porte, il avait su qu’elle était là pour s’expliquer. Sans trop pouvoir s’en empêcher, l’ex agent fédéral l’avait accueilli froidement, avec l’une des répliques sarcastiques et peut être blessantes qui lui correspondaient bien en ces temps de rancœur. Pourtant, la jolie blonde restait dans sa démarche pour le convaincre qu’elle avait commit une erreur en se rendant à cette soirée qui devait rester « professionnelle ». Grimes avait écouté jusqu’au bout ce qui s’apparentait plus à une déclaration qu’à des excuses ponctuelles. Il avait ainsi pu lire dans ses yeux toute la sincérité de ses mots et quand elle sortit ce bijou qu’il avait prit grand soin de choisir quelques jours auparavant, il su qu’il ne pourrait pas lui en vouloir plus longtemps. Ce cadeau révélait physiquement ce qu’il avait tout au fond et elle n’était pas assez cruelle pour en jouer.

Savannah lui remit le collier et lui révéla ne pas l’avoir porté ce soir. Son argument était le meilleur qu’elle pouvait lui donner pour le rassurer sur la nature de ses sentiments et l’attention qu’elle donnait à leur relation naissante. Mêler sa tenue de soirée, cadeau de son patron, à ce bijou dont le prix était peut-être comparable mais dont l’intention était clairement plus saine et importante aurait été incongru. Cade était intérieurement ravi d’entendre ça. Alors, tout en lui avouant qu’il n’était pas homme à courir après une fille qui se jouerait de lui, il se plaça derrière elle et referma le fermoir du collier autour de son cou. Elle avait raison, cette robe n’allait pas avec. Autant s’en débarrasser. Il passa ses mains sur sa nuque et attrapa le zip pour entreprendre de le baisser, obéissant à cette vague d’envie d’elle qui commençait à le submerger.

« Attends » Savannah avait deviner ses intentions et elle avait vraisemblablement autre chose à ajouter. Il croisa de nouveau son regard. Celui qui trahissait sa nervosité, son malaise et qui pouvait clairement faire basculer les choses. Ses yeux dans les siens, Cade resta silencieux jusqu’à ce qu’elle reprenne. « Il s’est servi de moi. » Un froncement de sourcils montra qu’il ne savait pas comment interpréter cette phrase. Si cet abruti l’avait touché…. "Il m'a fait venir, et il m'a fait passer pour sa femme auprès de tout le monde..." Il redressa un peu la tête, son regard se perdit au-delà. Il encaissait. "J'te jure que j'étais pas au courant.Il m'a mit devant le fait accompli, et c'est pour ça que j'suis partie précipitamment de cette soirée." C’est vrai qu’il pouvait douter de ça mais pour autant, ce n’était pas la naiveté de Savannah qu’il blâmait maintenant, mais bien la stupidité de ce type qui méritait qu’on lui fasse comprendre les choses autrement. Ce n’était cependant pas le moment. Et un léger sourire jaune se forma sur les lèvres de Grimes quand il rencontra de nouveau le regard de la jolie blonde. Il lui prit les deux mains. – C’est un bel enfoiré… il hochait de la tête ironiquement mais il n’en pensait vraiment pas moins. – Je m’en occuperai Sav… Chht Chht… il déposa son index sur sa bouche si sensuelle pour l’empêcher d’aller contre cette revanche programmée. – Je m’en occuperai et tu ne t’en mêleras pas. Maintenant enlèves cette robe et prévois d’aller te confesser auprès du Père François demain matin parce que tu t’apprête à tromper ton cher mari ! Ce prêtre n’existait pas, ce pseudo mari non plus quand il leva son menton de son index et emprisonna ses lèvres entre les siennes pour enfin lui prendre un baiser.

Ma venue ici n'était pas un moyen de venir m’apitoyer sur mon sort auprès de la seule personne qui puisse prétendre me connaître, il s'agissait là d'une démarche des plus sincères et pacifiques. Je ne suis pas parfaite, bien au contraire, mais il m'arrive de reconnaître mes torts, ce soir, il ne peut en être autrement en ayant délibérément choisi de tourner le dos au seul homme qui semble avoir un attachement sincère pour moi. Je ne veux pas le perdre, et je veux encore moins que ce soit une tierce personne qui vient s’immiscer entre nous. J'ai besoin de lui, plus qu'il ne l'imagine, et l'idée de le voir s'éloigner pour ne pas subir mes choix me semble inconcevable. Est ce que cela signifie pour autant que ma lettre de démission se trouvera dès le lendemain sur le bureau de mon cher patron? J'ai bien peur que non... Je ne suis pas en mesure de prendre une décision maintenant, parce qu'elle ne serait pas réfléchie, et serait fondée uniquement sur ces émotions négatives que cet homme, que je pensais connaître, a délibérément provoqué. Là n'est pas le sujet principal, si je suis venue, ce n'est pas pour parler de mes déboires de ce soir, mais pour tenter de rattraper cette bonne entente entre nous, que j'ai l'impression de parfois négliger, et d'avoir quelque brisé, depuis l'annonce de ce choix professionnel auprès de ce cher Grimes. Je reconnais sa fierté, puisque je la partage moi aussi, et c'est avec un élan de courage que je viens à exprimer l'étendue de mes pensées. Ce mur qu'il irrigue entre finira par faiblir face à mes mots, et le collier, que je dépose avec délicatesse semble resserrer nos liens, avec une certaine magie.

Son aveu va cependant figer mon regard, comme si le fait de l'entendre rendait ça bien réel, comme si la possibilité que cette relation puisse se terminer puisse me tourmenter. Je ne peux pas rester insensible, et dans un soucis de conscience, je viens à l'arrêter dans sa démarche qui mettra à coup sûr un terme à cette discussion. Il doit savoir, il doit connaître ces détails qui me brûlent la bouche rien qu'à y songer, non pas parce qu'ils donneront raison aux idées qu'il s'est faites, mais plus parce qu'ils vont à coup sûr écorcher l'image de Evan, qui n'est déjà pas flatteuse. Cela va nourrir ce sentiment de méfiance, et j'ai peur d'en récolter moi-même les conséquences. Mon attitude, nerveuse et fragile, laisse apparaître mes craintes, comme si je tâchais de le préserver malgré tout. Je redoute sa réaction, je ne connais que trop bien son impulsivité pour mesurer l'impact de mes mots, et le sourire qu'il laisse apparaître n'est pas là pour me rassurer, c'est une armure, nécessaire pour filtrer son agitation. Mon regard se veut abattu, presque suppliant pour les pensées que cela pourraient provoquer en lui, la douceur de ses mains sur les miennes ne parviendra pas me réconforter.  "– C’est un bel enfoiré… " Je ne l'aurais pas forcément présenté ainsi, mais soit...Je le lui accordais." – Je m’en occuperai Sav… Chht Chht…" Mes sourcils se froncent, ayant bien évidemment une idée sur ses intentions. "Non, non, non..."soufflais-je dans un même temps, arrêtée par son index posé sur mes lèvres" – Je m’en occuperai et tu ne t’en mêleras pas. Maintenant enlèves cette robe et prévois d’aller te confesser auprès du Père François demain matin parce que tu t’apprête à tromper ton cher mari !" Son humour ne parvient pas à me faire oublier, et le contact de ses lèvres à soulever mon coeur. Je m'extirpe de son emprise, laissant une faible distance entre nos deux visages "Cade, je t'en prie..."mon regard se baisse faiblement sur ses lèvres, mes doigts effleurant le bas de son visage "J'veux pas que tu te mêles de ça, j'men chargerais moi-même...Promets-moi de rester en dehors de cette histoire?" l'implorais-je, glissant mon regard bleuté jusqu'au sien, tâchant de deviner à travers cet échange la sincérité du moment. Mon front vient finalement se coller contre le sien, fermant doucement les paupières. Au delà de cette esprit de vengeance se joue probablement ma carrière. Nous savions combien l'impulsivité pouvait être incontrôlable et créer des problèmes, se souvenait-il seulement que la violence faisait parti des règles que nous avions évoqué pour préserver cette relation sur des bases saines? Pour m'assurer que les chances soient de mon côté, comme si j'avais le dernier mot de l'histoire, je viens attraper sa lèvre supérieure entre les miennes, m'accordant un instant qui pourrait me permettre d'oublier cette soirée catastrophique. Et c'est sans grande surprise que l'effet s'avère des plus efficaces, me poussant à poursuivre ce baiser de façon plus passionné, parce que c'est finalement tout ce dont j'ai besoin.

« Il s’est servi de moi. Il m'a fait venir, et il m'a fait passer pour sa femme auprès de tout le monde... » Des mots qui auraient facilement mit Cade en rogne s'il n'avait pas été prit dans ce tourbillon de tendresse que Savannah voulait bien lui faire part partager. Dans cet élan de la retrouver, de la prendre dans ses bras, il mit tout ça dans un coin de sa tête. Mais nul doute que ça ressortirait bien plus tôt que la jolie blonde ne le pensait. Alors comme ça ce type, avec qui elle avait eu une brève histoire, était aussi fourbe que ça et n'hésitait même pas à la décevoir, elle, pour arriver à ses fins. Mais alors, quelle fin ? Si c'était comme ça qu'il pensait s'attirer ses faveurs... Que voulait-il prouver ? A quoi il jouait putain ?! Si Savannah se rendait compte de son esprit vil et égoïste, Cade avait d'ores et déjà en tête de lui rappeler quelques détails, et ce, en personne ! "J'te jure que j'étais pas au courant.Il m'a mit devant le fait accompli, et c'est pour ça que j'suis partie précipitamment de cette soirée." Il la croyait. Il la croyait parce que sinon, elle ne serait pas là, chez lui, à tout lui avouer de but en blanc. Dans ses yeux, il pouvait lire le désarroi qu'elle ressentait de s'être fait avoir ce soir. Elle ne démissionnerait pas, il la connaissait bien maintenant. Néanmoins, ce mensonge et ce petit jeu avaient probablement bien refroidit la demoiselle. – Je m’en occuperai et tu ne t’en mêleras pas. Lui jura t-il presque sans en prononcer les bons mots. Il se le promettait à lui même en tout cas. Il irait trouver ce Campbell. Et il lui ferai bien entendre de ne plus se mettre en travers de leur chemin.

"Cade, je t'en prie..." Il posa ses yeux sur elle. Un regard doux qui n'allait pas avec les sentiments de vengeance qu'il mettait de côté pour plus tard. "J'veux pas que tu te mêles de ça, j'men chargerais moi-même...Promets-moi de rester en dehors de cette histoire?" Ce n'était pas du tout ce qu'il envisageait. Au fond, l'envie de lui refaire le portrait était intense. Dévorante. Mais pour l'heure, et plongé dans les yeux de Savannah, dans son parfum, sur ses lèvres, il n'eut pas la force de contrer ses idées. - Okay. Murmura t-il tout doucement, avec un faible hochement de la tête. Son impulsivité parlerait sûrement pour lui. Sa volonté de tenir cette promesse aussi. Ce duel intérieur serait rude et l'issue était tout à fait incertaine. Cade était pourtant sûr d'une seule chose à ce moment, il voulait se perdre sur le corps de Savannah. Une de ses mains se posa contre sa nuque et il attira son visage jusqu'au sien pour s'enivrer de ses lèvres, yeux fermés, le cœur s'agitant dans sa cage thoracique. Ne tenant plus, il se débarrassa lui-même de sa chemise. Elle tomba sur le sol de son salon sans bruit. Tout en elle l'appelait et il ne patienta pas une seconde de plus pour capturer sa bouche, sorte de diversion pour la démunir enfin de cette robe symbolique. Cette tenue qui, une fois par terre, avait prit le chemin qu'elle méritait aux yeux de l'ex agent fédéral.

Je devine à quel point mes mots peuvent être difficiles à entendre, ils me demandent moi-même un effort considérable pour les énoncer,ils ne reflètent pas ce que je veux affliger à notre relation, ni même la haine que je ressens à l'égard de ce patron, uniquement des regrets, dont je suis en partie responsable. Cade avait raison, bien que je n'en connaisse pas les réelles motivations, le comportement d'Evan laissait clairement à désirer, et cette fois, j'étais moi-même bien trop touchée pour parvenir à le défendre et lui trouver des excuses. Il n'en valait pas la peine, pas ce soir, et j'avais surtout à coeur d'arranger les choses avec la seule personne qui peut prétendre me connaître et se soucier de ce que je ressens. J'en oublie ma propre colère, ma bienveillance reflète à travers la douceur de mes gestes et le timbre de ma voix posé qui l'accompagne, et fort heureusement, cela semble suffisant pour contenir l'impulsivité de Cade, mieux encore, il me surprend à ne pas me repousser. Devine t-il la sincérité de mes aveux? Parvient-il à comprendre mes motivations, qui sont dénuées d'arrière pensée? Il me fait part de ses plans, qui bien que futurs, se retourneront d'une façon ou d'autre autre contre Evan, et donc inévitablement contre moi, et sur la carrière que je tente de mener. Je ne peux lui reprocher d'y songer, mais je ne peux m'empêcher de l'en dissuader, non pas pour protéger Evan, mais pour me protéger moi-même. Mon inquiétude est visible, même lorsqu'il utilise son atout charme pour tenter de mettre un terme à cette discussion, et avoir le dernier mot sur cette histoire. Comme une dernière requête, je viens lui demander d'abandonner l'idée.  "J'veux pas que tu te mêles de ça, j'men chargerais moi-même...Promets-moi de rester en dehors de cette histoire?" Il le faut. Pour moi, pour lui, pour Mathis... Je ne veux pas que mon avenir se joue sur ce genre de problème, pas maintenant que je me suis lancée corps et âme dans ce travail et dans lequel j'y trouve ma place, au delà de cette ancienne relation qu'il inclut. Je lui donne le droit de pester ouvertement sur cet homme qui s’immisce entre nous. Le haut de mon visage posé contre le sien, ma respiration mêlée à la sienne, j'aspire à ce qu'il se soumette à cette volonté, si féroce soit l'envie de me protéger, de nous protéger. Mon rythme cardiaque mis à mal, le son de sa voix va finalement me libérer de ce poids. " - Okay." Je déglutis, fermant doucement les paupières pour me répéter intérieurement son choix, qui s'avère être le plus sage. "Okay" répétais-je, comme s'il s'agissait d'un énième pacte entre nous. Il n'a pas idée à quel point je lui suis reconnaissante présentement, je sais combien son côté impulsif est libérateur, mais je suis probablement la seule à pouvoir le raisonner dans ces circonstances, lui faire entendre cette voix de la raison, qu'il oublie un peu trop souvent dans un moment de folie . Mes mains qui remontent sur la naissance de sa mâchoire par ce besoin de le toucher, ses doigts qui glissent sur ma nuque et dont ce bienfait parcourt mon corps tout entier, j'oublie instantanément ce qui vient de passer par le biais de ses lèvres, comme s'il s'agissait d'un remède. Il n'est plus question d'une dispute, de mots durs à encaisser ou d'aveux, il ne s'agit que de nous, et de ce lien qui se resserre un peu plus malgré les difficultés que nous rencontrons parfois, comme si finalement rien ne parvenait à s'interposer entre nous.

Mon regard envoûté retrouve le sien alors que mon souffle se perd sur jolie bouche, l'observant se défaire de sa chemise, l'occasion parfaite pour que mes doigts viennent effleurer son torse avec tendresse avant qu'il ne vienne s'accaparer de ma bouche qui ne cesse de l'appeler silencieusement. Dans ce moment de quiétude, je remarque que Cade est parvenu à baisser la fermeture éclaire de ma robe puisque cette dernière glisse sur ma silhouette pour finir sur le sol. Sa valeur est probablement mise à mal mais ca semble être le cadet de mes soucis alors que mon corps vient se coller à celui de l'ancien agent, me permettant de retrouver la chaleur de ma peau contre la sienne, un sentiment bien plus agréable que de porter ce bout de tissu à quelques milliers que j'écarte du pied doucement. Le goût de ses lèvres m'enivrent, et j'y accorde une attention particulière pendant que mon corps se presse contre le sien, nourrissant le désir que je ressens pour cet homme. Je me détache un instant, croisant son regard qui est tout aussi animé que le mien. Ma respiration prend quelques secondes pour se remettre, moment durant lequel mon regard se balade à travers le sien, comme si je pouvais être soudainement prise d'une hésitation. Et je devine le chaos que je sème dans son esprit. Un haussement de sourcils qui accompagne un sourire malicieux et provocateur, mes mains qui glissent le long de ses bras musclés alors que je mordille discrètement la lèvre, et je passe à côté de lui, veillant à toucher son corps avec le mien avant de prendre la direction de la salle de bains. Si cette attitude peut laisser entrevoir mon besoin du contrôle et de la provocation, comme s'il s'agissait d'un jeu duquel la victoire m'était attribuée, il résonne pourtant comme une invitation à me suivre...A voir si cela suffira à ne pas heurter son égo face à ce degré de résistance dont je sais faire preuve malgré l'intensité de notre échange. Un dernier coup d’œil furtif dans sa direction par dessus mon épaule, et ma silhouette presque entièrement dénudée disparait dans une attitude sensuelle et aguicheuse