« Bien sûr qu’elle approche. Elle est toujours plus proche. Et elle avance vite. » Bien sûr. Et comment suis-je censée le deviner exactement ? Comment puisque je ne la vois pas cette créature apparemment horrible, et que sa voix me semble ricocher dans tous les sens avant de me parvenir aux oreilles comme si elle était tout autour de moi ?

Je n’ai pas le temps de répondre qu’Amos se retourne vers moi et je lis dans ses yeux la même chose que ce matin : il ne me reconnaît plus, il m'identifie comme une ennemie - peut-être toujours cette même créature - et il est prêt à m’attaquer. Je tente de le fuir, mais il fond sur moi avec une rapidité militaire, et je n’ai pas la moindre chance lorsqu’il referme ses mains autour de mon cou. Je suffoque, je me débats faiblement et je ne dois ma survie qu’à ma chute, qu’à mon corps, par chance, s’écrase contre l’amulette qui semblait responsable du maléfice. A nouveau, quand il réalise ce qu’il a fait, mon amant me semble horrifié. « Ce n’est pas moi. Elle m’a forcé. Elle... » Je suis prise d’une quinte de toux et, comme précédemment, je porte mes mains à ma nuque qui se marbrure déjà de traces rouges. « Ce n’est pas à toi. Pas à moi. C’est la clé. C’est ce qui explique que je pète les plombs. C’est ça le problème…. Je te le jure, Rae. » Sous le choc, j’ai un mouvement de recul lorsqu’il s’approche de moi : mais ce n’est pas ma nuque cette fois ci qu’il vise mais bien l’amulette que j’avais jusqu’ici à peine remarquée. Il la tient entre ses doigts quand moi, encore sous le choc, je m’appuie contre la rambarde de la cabine pour me relever.

Bien sûr, ce n’est pas de lui que j’ai peur. Pas de mon amant, du père de l’enfant que je porte et de celui aux côtés duquel je me couche tous les soirs. Si j’en avais peur, si je l’imaginais capable de s’attaquer à moi et de m’agresser sans raison apparente, j’aurais mis les voiles il y a bien longtemps. Mais je ne peux nier que, sur l’heure, je suis morte de peur. J’ai peur qu’à nouveau le chant de la momie le retourne contre moi et qu’aucun miracle de me sauve la vie cette fois ci. J’ai peur de mourir entre ses mains, ou pas tout à fait les siennes, autant que j’ai peur des conséquences que cela aurait sur lui. Alors je m’en tiens éloignée quand, avec frénésie, il retourne l’amulette dans tous les sens. « C’est là-bas la solution... » Je pivote la tête dans la direction qu’il indique mais, au moment où je le fais, le radeau - je le vois mois aussi - tangue avant de s’entourer d’un halo rouge. Qui sait quel en sera l’effet ? « Comment on le rejoint ? Qu’est ce que c’est que ça ? » Les conséquences de ses hallucinations, nous les affronterons plus tard.


Win : Rae et Amos aperçoivent une barque pour rejoindre le bateau, elle a l’air solide mais qui sait ce qui se cache sous la surface...
So close : Rae et Amos aperçoivent une barque pour rejoindre sur le bateau mais, à l’intérieur, aucune rame.
Fail : Rae et Amos aperçoivent la barque, il n’y a pas de rames et en plus, elle semble en piteux état.  

« On peut pas aller à la nage. En tout cas, pas tous les deux. Ce qui ne changera rien de toute façon, on peut pas évoluer dans la poisse. » Je fronce les sourcils et, si j’ai toujours peur de ce maléfice qui le transforme par moments en danger pour moi et son propre enfant, il est hors de question que je le lâche d’une semelle. Donc ce en tout cas pas tous les deux, s’il signifie bien ce que je présume, je l’enverrais sur les rose : c’est tout les deux ou rien du tout. « J’aimerais… j’aimerais que tu restes en dehors de ça. Tu en as assez vu pour aujourd’hui. » Il précise et je secoue la tête. « Non, je viens avec toi ou personne n’y va. » Il n’a pas le choix, il sait que, enceinte ou pas enceinte, on ne me force pas la main pour me forcer à aller dans une direction qui ne me convient pas. Mais pour le convaincre en douceur et éviter un conflit, j’avance mes arguments. « Je suis pas plus en sécurité seule ici de toute façon. » Qui sait ce que peut arriver. « Je viens avec toi. » De toute façon, ma sécurité c’est à moi d’y veiller : je suis trop indépendante pour accepter que l’on me dicte ma conduite sous prétexte de me protéger.

La question à présent c’est comment allons nous atteindre la barque qui semble hantée par des maléfices auxquels je ne veux pas penser : je deviendrais folle si je m’arrêtais pour songer à combien tout ça est incohérent, alors je préfère prétendre que la situation est parfaitement normale. « Je crois que j’ai une idée. Je vais démanteler le bastingage. On va essayer de se faire un passage, un peu comme un guet. Si c’est possible… je ne sais pas. » Je fronce les sourcils en le regardant se diriger vers une caisse à outil où il stocke le nécessaire. « Sauf si tu as une autre idée. Mais, en attendant, faut que je m’y mette. » Je l’écoute à peine et j’observe ”l’eau”. Elle est épaisse, mais me semble trop liquide pour pouvoir mettre son plan, si je le comprends bien, à exécution. « Ça marchera pas... » Je me retourne vers lui et, à l’instant où il touche les outils, ceux ci tombent en poussière dans ses mains. Moi, mon coeur s’accélère et, face à cet événement parfaitement inexplicable qui se déroule sous mes yeux, j’ose enfin poser la question qui me hante, qui le hante certainement aussi mais je ne n’ose poser. « C’est du sang ? » J’attrape son regard pour le forcer à ne pas me mentir sous prétexte de me protéger. « Le fleuve, tu crois que c’est du sang ? » Je ne baisse pas les yeux sur mes chaussures qui en sont couvertes, je ne veux pas savoir. « On a pas d’autres choix, il faut monter dans la barque, et trouver quelques chose pour ramer. » Quelque chose de solide puisque le sang, si c’est bien ça, est plus dense que l’eau.


Win : Amos a des rames en métal sur son bateau.
So close : Amos n’a rien, il faut fabriquer des rames.
Fail : Amos n’a rien, il faut fabriquer des rames.

« Très bien. Mais, promets moi que tu feras attention. » Je l’observe d’un regard amusé, un sourcil levé et je tranche. « C’est promis. Mais je suis enceinte, pas en sucre. » Et surtout, cela se voit à peine : je détesterais qu’il commence déjà à utiliser ce prétexte pour me placer sous une cloche en verre, je détesterais qu’il l’utilise tout court à un moment ou un autre en fait. « C’est du sang. Ce qui veut dire que le fleuve est bien du sang, raison pour laquelle le bateau démarre mais n’avance pas. » J’ai un haut le coeur en posant mes yeux sur le fleuve. « En cette quantité ? Mais comment ? » De quoi vient-il ce sang ? Je ne crois en rien : ni religions ni religions ni folklore et je suis au contraire plutôt terre à terre. Ce sang, il vient d’animaux ou d’être humain et par centaines de milliers pour avoir rempli le fleuve entier. Qui l’a mis là ? Comment ? Et surtout, en une nuit, comment est-ce possible ?

Le plan d’Amos est voué à l’échec : il l’était déjà avant que les outils se désagrègent entre ses doigts mais je comprends son besoin de trouver une autre solution que la barque : à moi non plus elle ne m’inspire pas la moindre confiance. Sauf que nous n’avons pas le choix et que si je ne m’attendais pas à me lancer dans une aventure façon Indiana Jones en me réveillant ce matin, il ne semble y avoir personne d’autre à des kilomètres à la ronde. Chaque chose en son temps : si je tente de comprendre et d’analyser je deviendrais folle. « Moi, je veux bien monter dans la barque, mais… comment ? » Il trouve tout seul la réponse à sa question et attrape l’échelle du bateau, celle qui nous permet de remonter en cas de baignade. J’attends qu’il descende et pose un pied sur la barque pour m’engager à mon tour sur l’échelle et j’attrape sa main pour grimper à bord. L’énergie je ne la sens pas : il semble plus réceptif que moi au maléfice. « Il y a des fissures. Le sang s’infiltrera moins vite, mais… il faut se dépêcher. » Je n’ose même pas m’asseoir tant j’ai peur et je suis dégoutée. Je m’accroupis et, heureusement, équipé des rames des bateaux de secours du catamaran, Amos progresse rapidement jusqu’au bateau lugubre. Sauf qu’il est toujours entouré du halo rouge vers lequel je tends la main.

Win : Au contact de la peau de Raelyn, le halo disparaît.
So close : Raelyn est rejetée en arrière et tombe allongée dans la barque : son avant bras et paralysé de la main jusqu’au coude.
Fail : Raelyn est rejetée en arrière et tombe hors de la barque dans le sang : en plus de ça son avant bras et paralysé de la main jusqu’au coude.