| I'll never look into your eyes... again [Kylio] |
| | (#)Mar 21 Juil 2015 - 17:42 | |
| Mes talons claquent sur le sol de la villa de Kelya et je cours dans tous les sens en regardant l’heure toutes les 5 secondes. D’ailleurs, je pense que je fatigue Kelya qui m’arrête net au milieu du salon. « Hey ! Tu vas te calmer oui ? Il se passe quoi là ? » Je soupire un peu et remonte mes cheveux dans un chignon fouilli. « Y’a que je vais finir par être à la bourre à ma représentation si je trouve pas cette putain de pochette avec les partitions. » Elle sourit un peu avant de me vanner. « Si tu t’éparpillais pas autant aussi… » Je plisse les yeux en la regardant et soupire encore. « Merci de ton aide Kelya. » Je suis remontée, stressée, et tout ce qui va avec. Ça fait quasiment 10 jours que je n’ai pas vu Elio, et savoir que je vais revoir sa tête de con ce soir, ça me met dans tous mes états. « Dis donc, y’aurait pas autre chose ? » Parfois elle me fatigue à toujours vouloir me faire un psychothérapie en plein milieu de la journée et jamais quand il faut. « Ce serait pas ce fameux Elio qui… » « Chut ! Tais-toi ! Ne prononce pas son prénom, ça me gonfle assez de me dire que je vais voir sa sale tête ce soir ! » Oui, je suis énervée, et Kelya le comprend bien vite. Elle se contente de hocher la tête et plaquer un bisou sur mon front avant de s’éclipser comme si de rien n’était. Je finis enfin par mettre la main sur cette foutue chemise et l’enfourne dans mon sac, avant de quitter la villa sans rien dire. Je me dirige jusqu’à la bouche de métro la plus proche et essaie en chemin de me recentrer pour ne pas trop penser à mal. Au fond, je n’arrive pas à m’avouer qu’il me manque, que j’ai hâte de le revoir, de me sentir plus vivante que jamais au moment où il posera son regard sur moi. Mais je me déteste tellement de ressentir des choses pour un mec comme lui. De toute manière c’est une histoire impossible, je ne sais pas pourquoi je ne passe pas à autre chose, ça ne me ressemble pas. Pendant le trajet qui me sépare du conservatoire, je repense à tous les moments passés avec lui. Notre rencontre chez Erin, la fois au bar et notre garde à vue, les répétitions au conservatoire, la panne d’électricité et tous ces pré castings pour rien au studio. J’entends la sonnerie comme quoi le métro va repartir et je pose mon regard sur la station, ma station. Ni une ni deux je me précipite vers l’extérieur et passe in extrémis, heureusement que je ne suis pas grosse. Ça commence bien.
J’arrive finalement sur les lieux, ma petite jupe volant dans les minces courant d’air. J’ai décidé de me faire jolie, non pas pour l’autre abruti, mais simplement parce que je suis la prof du ballet de ce soir, et que si elle se débrouillent bien, il y a des chances pour que les parents viennent me voir pour me féliciter. Je n’allais pas arriver en guenilles non plus. Mes talons claquent dans les couloirs et tout le monde court déjà, se préparant pour que tout soit en place pour l’heure finale. Je rejoins mes élèves dans la salle qui accueillera d’ici deux heures, le public de ce soir. « Salut les filles ! » Elles sont stressées, je les comprends. Dans la salle ce soir, il y aura sûrement de grands professionnels qui seront susceptibles d’offrir de belles places à mes élèves, dans e grands ballets, si elles se débrouillent bien. J’avoue que ce serait une fierté d’avoir au moins réussi ça, à défaut ne n’avoir pu faire mes preuves devant ces fameux professionnels de la danse classique. a mon grand étonnement, Elio est déjà là, et il s’avance en même temps que moi vers le piano. Je ne le regarde pas, je préfère pas. Je sors de mon sac la pochette avec les partitions et je me contente de les poser sur le piano. Sans faire exprès, je redresse les yeux et nos regards se croisent, m’électrisant totalement. L’enfoiré. Je serre les dents et me retourne rapidement sans lui adresser le moindre mot. « Je vous demande une seule chose pour ce soir. Vivez à fond votre instant présent. Ne pensez pas à ce que les autres pourront penser de vous. Prenez plaisir à faire ce qui vous fait vibrer, prenez conscience que vous avez la chance de pouvoir le faire. Ok ? » Elles hochent toutes les tête et je prends une grande inspiration avant de sourire. « Je suis sûre que vous serez tous parfaits ! Je vous laisse vous changer, enfiler juste de quoi faire quelques échauffements et étirements. Vous mettrez vos costumes après.» Sans broncher, elles partent dans les vestiaires et une nouvelle fois je me retrouve seule avec Elio. Je détache mes cheveux, machinalement, et décide à faire comme s’il n’existait pas. Je vais poser mon sac sur la chaise pas loin du piano alors que je le vois s’installer. Je finis pas m’asseoir sur la chaise et croise mes jambes pour enlever mes talons, un pied puis l’autre. Je sens son regard sur moi mais je ne lui donne pas le plaisir de lui renvoyer. Je reste pieds nus et quitte finalement la chaise pour aller plus loin à une barre pour faire quelques étirements. Mon corps se tord dans à peu près tous les sens, et j’essaie au maximum de ne pas penser au fait que je suis seule avec lui, dans cette pièce, sans un bruit. Et puis soudain j’entends ses doigts parcourir les touches du piano, et la mélodie m’électrise. Je m’arrête net, agrippant de mes mains la barre en bois. Cette mélodie, celle-là même qu’il avait jouée le jour où il y avait eu la panne d’électricité. Je ferme les yeux et me laisse envahir par l’émotion, une boule venant se nicher dans ma gorge. |
| | | | (#)Jeu 23 Juil 2015 - 0:58 | |
| « Tu veux en parler » Je enfile un pull de rechange dans mon sac en vitesse soupirant lourdement. « Kaecy je te promets que si tu me demandes encore une fois si je veux en parler je vais te tuer ! D’accord ? » Je suis légèrement agressif et clairement au bord de la crise de nerf. « C’est bon je veux juste aider… T’es une telle boule de nerf c’est insupportable. » Je me calme un peu me rapprochant de ma meilleur amie lentement avant de la prendre dans mes bras en douceur. « T’as raison… Je suis désolé papillon, c’est bientôt fini c’est ce ballet qui me stresse puis ce truc de photos mais… On arrive au bout. » J’ai l’impression que mes mots la rassurent quelque peu et je glisse un baiser sur son front. « D’accord. Au fait pour les photos… Tu m’as rien redis du coup j’en ai déduis que… » Elle m’interroge du regard et j’ai l’impression qu’elle lit en moi comme dans un livre ouvert pourtant je lui répond simplement. « J’ai pas été sélectionné, on trouvera un autre moyen pour le nouvel appart. » Bon dieu je déteste lui mentir mais je n’ai aucune envie de lui raconter comment j’ai foutu un super opportunité à la poubelle à cause de cette relation de merde qui nous lie Kyrah et moi… Kyrah… Bordel rien que de penser à elle je sens tout un panel d’émotion me traverser. Ce soir c’est peut-être la dernière fois que je la vois – je l’espère… Je le redoute. Je ne sais même plus ce que je dois en penser mais en tout cas je me sens anxieux de devoir être confronté à elle une fois de plus. Et de toute évidence ça se voit, mes mains tremblent légèrement alors que j’attrape ma bonne vieille trottinette. On ne change pas une équipe qui gagne. Je pars plutôt que prévu de la maison, j’ai besoin de prendre l’air, de me vider un peu la tête, ça fait des jours que je rumine sur ce casting, que je tente de relativiser, puis que je m’énerve contre moi – contre Kyrah – contre tout. Ma vie est devenue un tel chantier, je déteste ça, je déteste l’impression que mon humeur dépend d’une autre personne et pourtant je sais que c’est le cas. J’arrive donc dans la salle avec quelques minutes d’avances, quelques filles sont déjà présentes, elles me saluent de la main, l’une d’elle rougit et ça me fait sourire alors que je retrouve le piano. Probablement mon seul ami dans cette pièce. Je voudrais avoir choisit une conduite à tenir pour ce soir, une ligne directive mais je n’en ai aucune, je change d’avis toutes les 30 secondes. « Elio ? » Je me retourne pour voir une jeune danseuse que je connais à peine mais qui de toute évidence se souvient de mon nom. « Tu reviendras jouer pour nous ? » Elle entortille ces cheveux qu’elle n’a pas encore attachés en chignon et je lui adresse un mince sourire. « Ca serait avec plaisir, vous êtes des jeunes filles très talentueuses. » Elle se contente de ça et s’en va toute contente. Evidement j’ai menti… Il y peu de chance que je remette un jours les pieds dans cet école. Du moins tant que Kyrah sera là. D’ailleurs je la vois déjà arriver, elle a sorti le grand jeux, jupe et talon son corps est magnifiquement mis en valeur je ne peux pas le nier. Pourtant je détourne le plus rapidement possible le regard. Elle salut ses danseuses puis se dirige vers moi me tendant froidement les partitions, pourtant quand nos regards se croisent je ressens ce frissons connus, celui qui parcourt mon corps entier quand elle est proche de moi. Celui la même que je ne peux pas contrôler même si je le voudrais. Ces seuls mots sont pour ses danseuses et je l’écoute en silence alors que mon regard se promène sur ces jeunes femmes prometteuses qui ont l’air d’avoir la peur au ventre. Moi je n’ai pas peur – du moins pas de ça. « Je suis sûre que vous serez tous parfaits ! Je vous laisse vous changer, enfiler juste de quoi faire quelques échauffements et étirements. Vous mettrez vos costumes après.» Assez rapidement les jeunes femmes nous quittent, laissant cette immense salle devenir la notre. Juste Kyrah et moi, et le silence le plus total. Je n’ai même pas envie de parler, je reste sur mon banc, mon regard d’abord fixé sur le sol remontant de temps à autre pour la regarder s’échauffer. Son corps parfait se cambrant sans me regarder et réveillant en moi se désir d’elle que j’avais cru pouvoir maitriser lors de notre dernière rencontre. Je m’étais leurré… Maintenant que la colère était passée, j’étais comme revenu au point de départ… Juste un peu plus blessé et apeuré par toutes ces émotions. Au final je me retourne, laissant mes doigts glisser sur les touches du piano sans oser appuyer… Je sais que je ne devrais pas mais pourtant la musique semble prendre possession de moi, mes doigts glissent sans réfléchir sur le piano lui jouant cette musique que j’ai l’impression d’avoir composé pour elle, quelques accords changent un peu, comme si au fur et à mesure que je découvrais Kyrah je me devais de modifier cette chanson, d’y ajouter les couleur de son caractère, de ce que je crois déceler chez elle sans jamais savoir ce qu’il y a de vrai ou pas.
Quand la musique se finit j’ose à peine me retourner, je ne sais pas où elle est, si elle a fuit, n’a pas réagit ou si elle est maintenant plus proche de moi que je ne le pense. Après quelques secondes je me lève pourtant et me dirige vers elle dans le silence le plus total. Pas un mot, juste le son de mes pas sur le sol. Je m’arrête à un mètre d’elle, mon regard plongeant dans le sien comme dans un océan pour m’y noyer. Rien que ça – ce regard – cette distance – et le silence. Le silence absolu qu’aucun de nous deux ne semble vouloir rompre. Se regard tellement puissant qui semble me traverser comme toutes les émotions que j’y lis, celle qui sont identiques aux miens et sans doute aussi effrayantes. Tout se mélange, je ne suis même pas sur de tout capter. Cet instant semble interminable, se silence impossible à rompre tout comme la distance qu’il reste à parcourir pour se toucher. Et le temps passe… Pourtant je finis par le faire – je romps ce silence de plomb. « Je crois que t’as peur. » Je sors cette simple phrase, rattachée à aucun contexte comme ça, comme une bombe. « Je crois que tu me mens parce que tu veux pas que je sache qui tu es et que peut-être je vois autre chose que ce côté manipulateur, froid et sans aucun sentiment. Je crois que t’a peur d’être toi. » Je sens ma voix légèrement trembler. Pas une seule seconde je n’avais prévu de dire ça et pourtant les mots sortent. « Du moins j’ai vraiment envie de le croire vraiment, parce que sinon ce truc qui se passe… » Je ne pense pas avoir besoin d’expliquer plus, elle sait de quoi je parle. « Ca a aucun sens… » De toute façon tout ça n’a aucun sens je le sais bien, aucun avenir, alors pourquoi je parles ? « Ce soir c’est la fin Kyrah, après ça on se verra plus – peut-être plus jamais et je sais pas si ça me rassure ou alors si ça me… » Je cherche le mot sans pouvoir le trouver. « Terrifie. » Mon regard cette fois quitte le sien alors que je prends une inspiration un peu plus grande, mon corps toujours aussi droit, n’ayant pas bougé d’un pouce. « Ca s’arrête ce soir n’est pas ? » Je ne sais même pas si c’est un question ou une affirmation. Je ne sais pas ce que j’attends d’elle, ce que j’aimerais entendre. Plus que tout je ne sais même pas pourquoi je lui ai parlé, pourquoi j’ai joué cette musique alors que j’aurais pu simplement l’éviter. Tout aurait pu se finir simplement, pourquoi j’ai le besoin qu’elle me le confirme ? |
| | | | (#)Jeu 23 Juil 2015 - 10:31 | |
| La musique prend la place dans toute la pièce, aussi immense soit-elle. Je n’arrive plus à bouger, je suis comme pétrifiée. Pas par la peur, mais par la mélodie qui s’empare de moi, les notes qui entrent en moi comme si elle étaient faites pour moi. Je garde les yeux fermés pour mieux apprécier ce que j’entends, me laisser emporter. Et soudain, la mélodie s’arrête, s’essouffle. Je réouvre les yeux et prends conscience que mon souffle est devenu plus saccadé, mon coeur battant plus rapidement dans ma cage thoracique. Un silence de plomb s’installe, et je reste pour le moment dos à lui. Ses pas se rapprochent doucement, et à la même vitesse, mon coeur s’accélère un peu plus. Je commence à sentir son odeur, son parfum. Je me pince les lèvres et serre un peu plus la barre sous mes mains, avant de la lâcher pour me retourner. C’est à ce moment que nos regards se retrouvent, m’électrisant, comme à chaque fois. Mon coeur rate un battement, ou même plusieurs. J’ai l’impression que mon souffle est coupé, bloqué dans mes poumons. Comment est-il possible de ressentir autant de choses face à une seule et même personne ? Il faut que je respire, sinon je vais finir par tomber dans les pommes. A seulement un mètre de lui, ma poitrine se soulève plus rapidement que je l’imaginais. Je laisse mon regard parcourir les courbes de son visage avant de rester bloqué dans ses pupilles. Les minutes s’écoulent lentement et aucun de nous ne semble vouloir bouger ou même ouvrir la bouche pour prononcer un son. Tout un flot d’émotions me submergent, comme à chaque fois qu’il est dans les parages. Mais aujourd’hui, tout semble différent. C’est sans doute la dernière fois qu’on se voit, et cette simple pensée me donne envie de hurler. Comment peut-on avoir autant envie de repousser quelqu’un que de fondre dans ses bras ? Finalement, c’est lui qui prend la parole. « Je crois que t’as peur. » A cet instant, mon regard change sensiblement. Je fronce légèrement les sourcils, non pas parce que je vais l’envoyer chier, comme d’habitude, mais juste parce que je ne comprends pas tout à fait où il veut en venir. Mon regard semble demander une explication, et comme d’habitude, je n’ai rien besoin de dire, c’est comme si on se comprenait, au plus intime de nous. « Je crois que tu me mens parce que tu veux pas que je sache qui tu es et que peut-être je vois autre chose que ce côté manipulateur, froid et sans aucun sentiment. Je crois que t’a peur d’être toi. » Ma gorge se serre. Ce moment où je comprends qu’il est loin d’être con, et qu’il est sûrement le premier à savoir exactement pourquoi je me comporte de cette manière. Mes yeux deviennent brillants à une vitesse folle, mais je me concentre pour ne pas laisser sortir trop d’émotions. Je pourrai bien l’envoyer balader, comme je l’ai toujours fait, mais je m’en sens incapable aujourd’hui. Peut-être le fait de savoir que demain tout sera différent, que demain je n’aurai plus l’espoir de revoir son visage, l’éclat de son regard. « Du moins j’ai vraiment envie de le croire vraiment, parce que sinon ce truc qui se passe… » Je suis pendue à ses lèvres, je bois ses paroles et je ne compte pas l’arrêter au milieu de ce qu’il a à dire. « Ca a aucun sens… » Mais ça n’a aucun sens. Il faut que nous en soyons conscients. On est bien trop différents, aux antipodes même. Et même si on faisait des efforts pour refouler notre ‘nous’ le plus profond, ce serait voué à l’échec. Trop d’étincelles, on se brûlerait les ailes. « Ce soir c’est la fin Kyrah, après ça on se verra plus – peut-être plus jamais et je sais pas si ça me rassure ou alors si ça me… » Je retiens mon souffle, attendant la fin de sa phrase. « Terrifie. » De l’air s’échappe soudain d’entre mes lèvres, vidant ainsi mes poumons qui retenaient ma respiration au plus que j’ai pu. Evidemment, moi aussi ça me terrifie. Je serre un peu les mâchoires sans oser rien dire. C’est bien la première fois qu’il arrive à me faire taire. Il baisse finalement le regard et de mon côté, je n’arrive pas à le détacher de son visage. « Ca s’arrête ce soir n’est-ce pas ? » Mon coeur se serre, mon estomac en fait de même. Il me pose une question, attendant sûrement une réponse de ma part. « Je.. » Ma voix est tellement étouffée par la boule formée dans ma gorge que le début de ma phrase est quasiment inaudible. Je me racle un peu la gorge pour éclaircir ma vois. « Je crois que oui. » Je m’approche un peu de lui, réduisant la distance entre nous à quelques centimètres à peine, juste de quoi pouvoir sentir son souffle caresser ma peau. J’approche ma main de son torse avec l’envie de la poser sur lui, à plat, mais à quelques millimètres je me rétracte, referme mes doigts dans ma paume de main et lâche la pression de mon bras pour le faire retomber le long de mon corps. « C’est mieux comme ça. » Il replonge son regard dans le mien et des larmes montent au bord de mes yeux mais je me retiens au maximum. Pourquoi j’ai envie de pleurer ? Imaginer qu’il disparaisse de ma vie me donne envie de pleurer à chaudes larmes. Mais ma fierté me retient. Je secoue un peu la tête de gauche à droite, lentement. « Je peux pas me permettre de te laisser entrer dans ma vie, de te montrer qui je suis vraiment. Je peux pas non plus me laisser le droit de m’attacher à toi encore plus que c’est déjà le cas. » Je pince mes lèvres et hésite à poursuivre. « Alors tu n’as qu’à garder de moi l’image que tu as toujours eue. Ce sera sûrement plus simple pour tout le monde. » Cette fois je n’arrive plus à me contrôler et ma main vient se poser sur sa joue dans un geste infiniment tendre. Mon pouce vient caresser délicatement ses lèvres et finalement je retire ma main en me rendant compte que ce n’est définitivement pas une bonne idée, parce que nous connaissant, ça pourrait très rapidement déraper. |
| | | | (#)Jeu 23 Juil 2015 - 23:58 | |
| Je ne peux pas croire que je lui ai dis tout ça, que j’ai pris le risque qu’elle m’envoie balader comme une vieille chaussette. Pas une fois elle ne m’a coupé, me laissant déblatérer mon laïus sans me donner d’indice sur sa future réaction si ce n’est ces yeux brillants qui me donnent envie de la serrer contre moi. Je me sens maintenant comme oppressé, l’air peinant à passer par ma trachée. Tellement tendu et stressé que tout mon corps se crispe dès qu’elle ouvre la bouche, mon regard cherchant la fille que je voudrais voir en Kyrah. J’ai peut-être tord d’y croire – surtout ce soir – surtout quand je sais que tout ça n’as pas de sens, mais je ne peux simplement pas me faire à l’idée que tout ça se finisse, que peux importe la haine et l’attirance contraire il n’y aura pas de réel dénouement à tous ça, juste des au revoir avortés dans l’œuf. « Je.. » Sa voix déraille, cherchant l’air et je sens mon cœur se serrer un peu plus, j’avance si lentement que la distance qui nous sépare me semble être un océan mais pourtant elle se réduit légèrement. « Je crois que oui. » Mon souffle est plus saccadé et je sens l’émotion me gagner… La tristesse… Je crois que c’est ça, un mélange de peine, de peur et de frustration, je n’ai pas l’impression que je pourrais aujourd’hui continuer à vivre sans ce lien si spécial, sans une date à laquelle me raccrocher. Sa main s’approche de mon torse lentement et je ferme les yeux attendant cette caresse qui ne vient jamais, quand je les réouvre le regard de Kyrah semble avoir changé - une fois de plus - son bras a repris sa place le long de son corps et je ressens le manque d’elle a une puissance tellement forte qu’il me semble que tout mon corps en souffre. « C’est mieux comme ça. » J’hoche la tête ne décrochant pas un mot, de toute façon je ne serais pas quoi dire, Kyrah a raison, c’est mieux que tout ça s’arrête avant que ça ne devienne trop pour nous deux, parce que ça le deviendra, parce que je sais qu’on est capable de se faire du mal – trop de mal… « Je peux pas me permettre de te laisser entrer dans ma vie, de te montrer qui je suis vraiment. Je peux pas non plus me laisser le droit de m’attacher à toi encore plus que c’est déjà le cas. » Je me mords l’intérieur de la joue – comme pour empêcher toute émotion de filtrer – un gout de sang commence d’ailleurs en envahir mais parois buccale mais je ne stoppe pas pour autant. « Alors tu n’as qu’à garder de moi l’image que tu as toujours eue. Ce sera sûrement plus simple pour tout le monde. » « D’accord… » Ma voix se casse sur la fin alors que je cherche mon souffle. Sa bouche me dit quelque chose mais son corps retrouvant le mien dans une caresse semble me crier l’inverse. Je reste statique alors que sa main m’offre un instant de répit, glissant avec douceur sur mon visage alors que mes yeux ne peuvent quitter les siens. Je recherche un signe quelque chose qui me prouverait que je dois forcer les choses mais je ne sais rien décrypter, je suis comme handicapé face à Kyrah, comme un enfant qui apprend… Je crois que j’apprends ce que c’est que d’aimer. C’est con je le sais et je n’ai aucune envie de l’accepter pourtant petit à petit l’idée commence à s’introduire en moi… Je ne peux rien y faire – rien contrôler – je n’ai pas choisi Kyrah et pourtant elle est là devant moi et elle prend la fuite alors que je reste silencieux hochant la tête comme si j’étais en accord avec tout ça. Pas juste une partie de moi, celle qui est dans le déni – tout mon être et je me sens comme un traitre.
Trop tôt sa main me quitte – mettant fin à ce contact qui me donne l’impression d’être un adieu Je ne sais pas ce qu’il faut ajouter sans doute rien, je finis même par me détourner comme pour retourner à mon piano alors que Kyrah semble en faire de même. Puis d’un seul coup je fais demi tour attrapant son bras pour l’obliger à se retourner et me faire face, nous sommes beaucoup plus proche cette fois, je la dépasse de quelques bons centimètres mais mon regard plonge dans le sien avec un peu plus d’assurance cette fois. « Et si je suis pas d’accord ? Si ce que j’ai maintenant ne me suffit pas » Mon ton est redevenu un peu plus sec, c’est presque comme une critique mais ma main encore sur son bras et caressant sa peau semble adoucir ce moment. « Si je refuse de m’arrêter là, de prendre ce que tu m’as donné jusqu’ici et de m’en satisfaire ? Je veux plus ! Parce que j’ai déjà trop… Si tu te permets de me laisser une place qu’est ce qui va se passer ? » Je sais que ma phrase ne veut rien dire mais il me semble qu’elle me comprend, cette impression que j’en connais trop sur elle maintenant pour juste tourner le dos, que mon esprit est tellement envahit aujourd’hui que c’est déjà trop tard, que cette image est déjà trop entachée pour que je la garde intacte. Je tire alors sur son bras pour la rapprocher un peu plus de moi, réduisant l’espace entre nous jusqu’à ce qu’elle soit sur mon torse. Puis mes bras fondent sur elle pour lui offrir une étreinte sans sous entendu, à ce moment précis il n’es pas question d’attirance ou de désir juste d’une homme qui prend une femme dans ces bras. Il me semble d’ailleurs que se contact semble d’abord la mettre un peu mal à l’aise. « T’as pas de raison d’avoir peur Kyrah. » C’est sans doute faux, il y sans doute mille et une raison pour qu’elle soit effrayée par tout ça mais pourtant il me semble que les mots la calme un instant. L’une de mes mains remonte dans son dos jusqu’à sa nuque pour la caresser avec douceur… Je sais que tout ça est absolument incompréhensible mais la proximité de son corps, la chaleur de sa peau sur la mienne semble me calmer – moi aussi – l’espace d’un instant… Aussi court soit-il… |
| | | | (#)Ven 24 Juil 2015 - 10:53 | |
| Tout ça, c’est trop pour moi. Trop d’émotions contradictoires, trop d’envies plus incertaines les unes que les autres, trop de sentiments. Je ne peux pas le laisser faire, je ne peux pas me laisser faire. Alors je réfute chacune de mes envie, chacun de mes gestes qui pourrait s’avérer dangereux. Avec nous, tout est dangereux, je me brûle un peu plus à chaque fois que ma peau rencontre la sienne, que mon souffle se mélange au sien. C’est aussi bon que douloureux. J’essaie de lui dire que ce soir, c’est bel et bien la fin, même si au fond, je me refuse à y croire. Depuis le début, il y a eu toutes ces fois où on s’est retrouvés sans le vouloir. Je ne veux pas y voir un coup du destin qui me force à me retrouver sans cesse avec lui. Tout ça, c’est un malheureux hasard. Et à partir de demain, tout ça sera différent. Tout. Ma vie n’aura plus aucun sens et je le sais, pourtant, je continue de lui faire comprendre que tout ça n’est pas une bonne idée. Je le repousse, par de simple mots qui s’échappent de mes lèvres sans que je n’ai eu le temps de les réfléchir, comme toujours. Mais pour une fois ma voix est plus calme, posée, presque douce, mais terriblement coincée encore dans cette gorge serrée que je déteste au plus haut point. Je lui demande de garder de moi l’image qu’il a toujours eue. Celle d’une petite peste, une manipulatrice, une saloperie. De toute manière, c’est comme ça que je me définis. Seulement peu de gens peuvent dire qu’ils ont vu la vraie Kyrah un jour dans leur vie. Kelya peut le dire. Et malgré tout, Elio est en train de me voir, aujourd’hui, comme la vraie Kyrah. Il ne le sait sûrement pas. Il accepte et s’éloigne. Je ne peux m’empêcher de fermer les yeux, serrant les mâchoires, pour ne pas le regarder s’éloigner. Mon corps le réclame déjà, me hurle de le retenir, mais pour une fois, je ne l’écoute pas. Il est rare que la raison prenne le pas sur la passion à l’intérieur de moi, mais aujourd’hui, c’est une question de protection. Je me retourne finalement, faisant face à ma barre d’étirement que je reprends entre mes doigtes pour la serrer si fort que je dois certainement avoir les paumes rougies. Mais d’un seul coup, comme inespéré, je l’entend faire demi tour. Tout va très vite, ça cogne dans ma tête. Mes mains se décrispent et je sens sa main se refermer sur mon bras pour me faire me retourner face à lui. Une pic d’adrénaline s’empare de moi et mon coeur s’emballe à nouveau lorsqu’il prend la parole, ancrant son regard dans le mien. « Et si je suis pas d’accord ? Si ce que j’ai maintenant ne me suffit pas » Quoi ? Comment ça ? Son ton a plus d’assurance qu’un peu plus tôt, il est plus abrupte aussi, plus sec. « Si je refuse de m’arrêter là, de prendre ce que tu m’as donné jusqu’ici et de m’en satisfaire ? Je veux plus ! Parce que j’ai déjà trop… Si tu te permets de me laisser une place qu’est ce qui va se passer ? » Je fronce les sourcils un peu et secoue la tête. Je retrouve à mon tour l’assurance qui m’avait manquée un peu plus tôt. « Tu peux pas me forcer ! Je pourrai jamais te donner ce que tu attends, alors cherche pas, cherche pas à creuser. T’es en train de plonger dans un canyon sans élastique Elio. C’est con. » L’image est plutôt bien choisi. Je suis le canyon, il plonge, sans élastique, et lorsque nous nous retrouverons, il sera trop tard, la chute aura eu raison de son corps, de sa vie. Parce que je suis nocive, et que pour une fois, je n’ai pas envie de détruire quelqu’un, surtout pas lui. Avec les autres c’est différent. Ils peuvent s’attacher à moi autant qu’ils veulent, j’en joue, je m’en fous, et je finis par partir. Mais là, ma propre vie semble sur le fil du rasoir, et je n’ai jamais autant eu peur de me dévoiler.
Il m’attire à lui et je ne sais même pas pourquoi je me laisse faire, mais je suis comme paralysée quand il y a contact entre nous. Il pourrait même simplement toucher le bout de mon nez avec son index que je serai paralysée de la même façon. Mais là, ça y est, mon corps plaqué contre le sien, je ne réponds plus de moi. Je crois même que j’ai arrêté de respirer. Finalement, et sans vraiment m’y attendre, il m’entoure de ses bras. D’abord surprise, je ne peux le repousser, ce serait bien trop difficile. Alors je le laisse faire, et je pose même ma tête contre son torse. Sentir son odeur me fait tourner la tête. Une de mes mains glisse dans son dos alors que l’autre est simplement posée sur son torse. Je ferme les yeux, profitant ce ce premier réel moment de tendresse entre nous. Jusqu’à présent, ça avait toujours été électrique, j’en suis venue à me demander s’il y avait une part de tendresse enfouie en lui quelque part. Aujourd’hui, j’ai ma réponse. « T’as pas de raison d’avoir peur Kyrah. » Je déglutis un peu. Si, j’ai des milliards de raison d’avoir peur. Peur de le faire souffrir, et de me faire souffrir aussi. Si je me suis protégée de l’amour jusqu’à faire sa rencontre, ce n’est pas pour rien. Et je ne me sens pas prête à m’abandonner à quelqu’un. Au bout de quelques instants, je mets fin à notre étreinte et m’écarte un peu, restant pourtant dans ses bras encore un peu. Ma main sur son torse remonte jusqu’à sa nuque et je plonge mon regard dans le sien, avec une intensité différente de d’habitude. Je suis triste. Voilà. « Je suis pas une fille pour toi Elio. Je suis une fille pour personne. Tu mérites mieux que moi et je veux surtout pas te faire perdre ton temps. » Ma main remonte doucement dans ses cheveux et mes yeux parcourent son visage comme si c’était la dernière fois que je le voyais. « Ce serait égoïste de te laisser espérer quelque chose. J’ai laissé tous les autres avant toi espérer, mais toi je… » Je secoue un peu la tête alors que cette fameuse boule revient foutre le bordel dans ma gorge. « Je peux pas. » Je me pince un peu les lèvres dans un regard désolé, et finalement je me hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres. Doux, simple, sans artifices, sûrement le plus sincère de tous ceux qu’on a pu échanger jusqu’à aujourd’hui. « Hey les amoureux ! » Je me sépare d’Elio rapidement en entendant une voix presque familière, le coeur battant, et pose mon regard sur ma collègue, celle-là même à qui on avait fait croire qu’on était ensemble il y a quelques semaines. « Vous êtes trop mignons ! » J’esquisse un mince sourire un peu triste. « Kyrah, y’a quelqu’un qui te réclame à l’entrée. Une grande blonde, les cheveux long, 35/40 ans. » Erin. Il n’y a qu’elle que je connaisse qui répond à cette description. Je tourne le regard vers Elio et finalement regarde à nouveau ma collègue. « Ok. J’y vais. Merci. » Elle se retourne et retourne vers la sortie alors que je regarde Elio à nouveau, sans rien dire. Je me pince un peu les lèvres d’un air désolé et passe près de lui pour rejoindre l’entrée du conservatoire. Au passage, je frôle volontairement la main du beau brun, m’électrisant une nouvelle fois comme chaque contact que nous avons. |
| | | | (#)Ven 24 Juil 2015 - 16:04 | |
| Je ne peux pas juste la laisser fuir, je suis comme incapable de ne rien faire, de ne pas tenter de creuser un peu. Je sais que j’ai trop besoin de se contact pour le laisser s’envoler sans même avoir tenté quelque chose. Alors je le fais, je crée un contact entre nous, ma main sur sa peau, mes yeux dans les siens je me fais plus teigneux mais surtout plus sûr de moi – bien que je ne le sois pas une seule seconde. « Tu peux pas me forcer ! Je pourrai jamais te donner ce que tu attends, alors cherche pas, cherche pas à creuser. T’es en train de plonger dans un canyon sans élastique Elio. C’est con. » Elle n’a pas répondu à ma question, je me moque de savoir si je peux ou non la forcer, si je fais une bêtise plus grosse que moi ce que je veux savoir c’est qu’est ce qui lui fait si peur ? Mais au final je crois bien que je n’ai pas besoin de l’entendre de sa bouche… Je connais déjà ces craintes parce qu’elles sont sans aucune doute identiques aux miennes. « Je suis plutôt bon cascadeur tu sais… Je trouverais un moyen… » Je fais une référence à son commentaire sur le canyon alors qu’un léger sourire vient se faufiler sur mes lèvres. Ce qu’elle ne comprend pas c’est que c’est trop tard, j’ai déjà sauté, j’ai déjà oublié ma corde en haut du canyon et la seule chose que je peux espérer maintenant c’est que la chute soit lente et aussi peu douloureuse que possible. Et il y a cette autre chose dont je suis sûr c’est que quand on fait ce genre de saut il y a plus d’une façon de se rattraper… La corde n’en est qu’une…
Dans un geste instinctif je sers son corps contre le mien, je sens le besoin de la savoir encore proche de moi, de sentir son odeur la chaleur de sa peau et le battement de son cœur si proche du mien. Je voudrais que cet instant dur encore… qu’elle n’y mette pas fin, ne pas la sentir se décrocher lentement de moi alors que je ne peux rien y faire, pourtant c’est le cas. Sa main remonte lentement jusque dans ma nuque et je me sens frissonner, mes mains quand à elles ne peuvent se décrocher de Kyrah, je garde son corps contre le mien comme si c’était le seule moyen que j’avais encore de la retenir. « Je suis pas une fille pour toi Elio. Je suis une fille pour personne. Tu mérites mieux que moi et je veux surtout pas te faire perdre ton temps. » Mes yeux se plissent faisant légèrement froncer mes sourcils alors que j’entends ces mots sortir de sa bouche. « Mais… » Je ne peux rien dire de plus, je voudrais lui dire que c’est à moi de choisir si elle est une fille pour moi, qu’elle n’a pas à prendre les décisions à ma place, mais je sais qu’elle a raison. Je sais que le Elio d’il y a quelques mois aurait foncé tête baissée parce qu’il n’avait rien à perdre, mais aujourd’hui ma vie est un peu différente. Est-ce que j’ai envie d’une fille comme Kyrah dans ma vie alors qu’il y a les jumeaux, Kaecy, ma mère… C’est sans doute bien trop de problèmes en perspective et pour une fois je me sens gentiment me rallier à sa cause. « Ce serait égoïste de te laisser espérer quelque chose. J’ai laissé tous les autres avant toi espérer, mais toi je… » Kyrah secoue la tête, elle me semble d’un coup tellement plus fragile que la fille que j’ai connues ces dernières semaines… Tellement plus humaine et je sens mon estomac se nouer alors qu’elle continue sa phrase. « Je peux pas. » Je ne sais pas en quoi je suis différent, pourquoi tout du moins elle me donne l’impression de l’être. Tout ça n’a aucun sens, ça n’en a jamais eu et ses lèvres qui viennent toucher les miennes comme dans une caresse ne font que confirmer cette certitude. Je me laisse faire, ma main glissant avec douceur dans sa nuque alors que je goute à la saveur de ces lèvres… Un nouvelle saveur avec un arrière gout de tristesse et bien moins d’artifice. A cet instant précis il me semble que je rencontre la vrai Kyrah, celle qu’elle me cache depuis le début, celle qui doit valoir la peine d’être rencontrée au moins une fois dans sa vie… « Hey les amoureux ! » Le simple son d’une autre voix semble propulser Kyrah loin de moi et je reste pour ma part statique, tournant à peine le regard vers la collègue de Kyrah qui vient de faire irruption dans la salle. Elle a peut-être mis fin à ce qui pourrait être notre dernier baiser et rien que pour cette raison je sens des envies de meurtre prendre place en moi. « Vous êtes trop mignons ! » Je fronce les sourcils me demandant ce que cette fille peut bien nous vouloir encore, les folles dans son genre je les connais malheureusement trop bien et elles ont toutes ce petit quelque chose de malsain qui m’inquiète. « Kyrah, y’a quelqu’un qui te réclame à l’entrée. Une grande blonde, les cheveux long, 35/40 ans. » Kyrah me jette un regard et je voudrais lui dire de ne pas y aller, de rester encore avoir moi, mais elle a pris sa décision je le vois bien et je ne me sens pas la force d’aller contre ça… « Ok. J’y vais. Merci. » Son regard a déjà quitté le mien et je pince les lèvres comme pour m’empêcher de dire quelque chose, surtout devant cette autre fille. Qui est cette personne qui la cherche ? Une autre de ces conquêtes sans doute et rien qu’à cette idée je sens un gout de bile me remonter dans la bouche… Puis Kyrah s’en va, profitant de sa proximité avec moi lorsqu’elle passe pour me frôler. Je ferme les yeux comme pour profiter de ce dernier instant et elle est déjà loin.
C’est le piano qui me sert de refuge une fois Kyrah partie, je vais m’asseoir sur le banc et joue un moment. Je me laisse transporter et quand je réouvre les yeux certaines des danseuses de Kyrah sont revenues. Elles s’échauffent et j’en profiter pour répéter une dernière fois les passages les plus compliqués de ce soir. Il me semble qu’une éternité passe avant que Kyrah ne revienne. Quand elle rentre dans la pince je cherche son regard mais à nouveau son contenu me semble étrange. Différent encore de tout ce que j’ai vu jusqu’à maintenant. Puis chacun de nous vaque à ces occupations, les jeunes danseuses révisent encore quelques tableaux puis l’heure arrivant à grand pas elles sont invitées à aller se changer. Cette fois je ne me sens pas le courage de rester seul avec Kyrah, pas alors qu’il me semble que son baiser était un aurevoir. Je suis le pas et vais me rafraîchir dans les toilettes. Je passe de l’eau sur mon visage observant mes traits pendant quelques secondes. Je me trouve fatigué… Pourtant ce n’est pas dans mes habitudes. Je laisse quelques minutes passer avant de rejoindre la salle ou l’on entend déjà le bruit du public. Certaines des danseuses semblent très angoissées et Kyrah a du boulot pour les remettre sur le droit chemin. Puis l’heure arrive enfin, le dernier speech avant le lever de rideau je me permets même un mot. « Je vous ai vu vous entrainer pendant ces dernières semaines et la seule chose que je peux vous dire à tous c’est que vous avez du talent. Ne vous laissez pas impressionner par le monde ils sont là pour vous alors montrez leur ce que vous valez. » Je ne connais que trop bien cette sensation de stress, celle que tout ces gens vont nous juger et décider en quelques secondes à peine si l’on est bon ou pas. C’est pour ça qu’il faut être au top.
Rapidement les jeunes se mettent en place alors que je retourne à mon piano. Puis c’est enfin l’heure et le rideau s’ouvre sous une salle pleine. Je me permets un regard vers le public que je regrette aussi tôt. Au premier rang juste là près de moi se trouve ma mère… Ma mère et pire que tout – mon père. Je sens mon ventre se serrer et le stress prendre possession totalement de moi, mes mains s’approchent du piano pour la première note mais j’ai à peine le temps de faire 3 notes que ma main ripe sur l’une d’elle créant une certaine confusion parmi les danseurs. Pourquoi est-il là ? Pourquoi vient-il voir ce spectacle alors que pas une fois il n’a daigné venir me voir jouer un morceau… Très vite le doute laisse place à la colère et c’est cette dernière qui me fait reprendre le dessus. Il me faut à peine 2 secondes pour reprendre le file et que tout s’enchaine… Probablement les 2 seules secondes que mon père retiendra… Même si à partir de maintenant tout s’enchaine à merveille jusqu’à la 1ère pause. |
| | | | (#)Ven 24 Juil 2015 - 16:45 | |
| « Je suis plutôt bon cascadeur tu sais… Je trouverais un moyen… » J’esquisse un fin sourire, un peu triste, me rendant bien compte qu’il a envie d’essayer, de me retenir, de me garder près de lui. Au fond, j’explose de sentir cette envie en lui, je voudrais tellement lui laisser la place qu’il mérite, mais j’en suis incapable. Je ne veux pas le faire souffrir. D’autres ont bien trop souffert avant lui, et je suis incapable de lui faire plus de mal que ce que j’ai déjà fait. Les insultes, les mensonges, tout ce que j’aurai pu essayer d’éviter. Ça a été plus fort que moi, et aujourd’hui, même si je ne regrette rien, je me rends compte qu’il est temps d’arrêter là ce petit jeu malsain entre nous. Il est voué à l’échec. Je sais pourtant que personne au monde ne pourra un jour me faire me sentir aussi vivante que dans son regard. Personne ne pourra faire battre mon coeur aussi vite, et éveiller mon désir en si peu de temps. C’est en réfléchissant à tout ça que je me rends compte à quel point il a pris rapidement possession de mon coeur, de mon âme, et de mon être tout entier. Mais je ne peux pas me résoudre à le laisser entrer en moi, au sens propre comme au sens figuré. J’essaie de lui faire comprendre les choses. Ce qu’on a vécu suffit à nous prouver que dans le monde dans lequel nous vivons, notre histoire n’aurait aucun avenir. Nous ne vivons pas dans un conte de fée. Je finis par l’embrasser, parce que j’en ai envie, besoin, et aussi pour mettre un terme à tout ça. Finir comme ça a commencé. Ou presque. Mais c’est sans compter ma collègue qui nous dérange pendant nos adieux, laissant à ce moment comme un goût inachevé. Je quitte alors la pièce, et Elio avec, le coeur lourd.
J’arrive finalement dans le hall et comme prévu, mon regard croise celui d’Erin. Je me sens mal. Pour elle, pour Elio aussi. Tout ça est devenu beaucoup trop compliqué. Ma vie est déjà un enfer, alors si je rajoute ce genre de relation vouée à l’échec, je vais finir six pieds sous terre. « Hey, qu’est-ce que tu fais là ? » Je m’approche d’elle et elle vient me serrer dans ses bras. Je la laisse faire mais me recule assez vite, mal à l’aise. Si de son côté rien n’a vraiment changé au niveau de ses sentiments envers moi, de mon côté, tout est différent. Parce que mon coeur appartient désormais à quelqu’un, malgré moi, malgré nous. « Je me souvenais de la date. Je sais que c’était important pour toi. Alors je suis là » Je lui souris, doucement. « Tout va bien Kyrah ? Je te trouve bizarre.. » Je secoue la tête. « Non non, c’est juste… un peu de stress. Le spectacle est dans une heure, tu es en avance ! » Elle me sourit à son tour. « Je suis pas repassée par la maison, j’avais un rdv. William me rejoint d’ici peu de temps, je voulais te voir avant qu’il arrive. » Elle prend ma main et la serre doucement. « Tu vas danser un peu ce soir ? » Je secoue la tête. « Non. Ce soir c’est simplement mes élèves. » « Ça me manque de te voir danser… danser pour moi… » Je soupire un peu et baisse les yeux avant de lâcher sa main. « Erin… s’il te plait. Ne rends pas les choses encore plus difficile. » « Oui. Pardon. On se voit après le spectacle ? » « On verra, oui. » Je ne sais pas si elle est au courant qu’Elio joue ce soir. Je ne dis rien, elle le verra bien toute seule. L’espace d’un instant, je pense à son père qui sera dans la salle. Finalement, c’est sûrement une bonne chose, il se rendra compte du talent qu’a son fils. Enfin, j’espère que c’est ce qu’il pensera.
Je quitte Erin et reviens dans la salle pour retrouver mes élèves qui s’échauffent déjà. J’essaie de ne pas accorder trop d’attention à Elio, par peur de ne plus arriver à me concentrer. Et puis arrive rapidement le moment d’entrer en scène. Je resterai là, sur le côté, près du piano, derrière les rideaux à regarder mes poulains danser. Je sais qu’ils y arriveront, et peut-être même que certains, certaines, seront repérées pour entrer dans la plus grande école du pays, à Sydney. « Je sais que vous êtes capables du meilleur, et j’ai confiance en vous. Prenez du plaisir, et vous en donnerez à tous les gens dans la salle. » Je hoche un peu la tête et les regarde tous un par un. Contre toute attente, Elio prend la parole avant de monter sur scène. « Je vous ai vu vous entrainer pendant ces dernières semaines et la seule chose que je peux vous dire à tous c’est que vous avez du talent. Ne vous laissez pas impressionner par le monde ils sont là pour vous alors montrez leur ce que vous valez. » Je ne peux m’empêcher de sourire, même si je ne le regarde pas. Son discours est tout à fait adorable. Nous voilà partis pour le premier acte. Le rideau s’ouvre, je reste en retrait et mon regard se pose avec fierté sur mes élèves. Elio commence à jouer et il fait déjà une connerie. Trois notes putain, trois notes et il fait déjà n’importe quoi. J’ai envie de le tuer. Mes élèves se regardent, perdues, avant que tout le monde ne retrouve un semblant de calme. Mon coeur bat à tout allure, il va passer un sale quart d’heure. A la fin du premier acte, les applaudissements emplissent la salle et le rideau se ferme, avant que je me rue sur Elio. « Putain mais c’était quoi ça ? » Et nous voilà repartis dans une sombre spirale. « Tu veux bien mettre tes doigts à l’ouvrage s’il te plait pour éviter de genre de connerie ? » Je passe mes mains nerveusement dans mes cheveux et lui lance mon merveilleux regard assassin qu’il connaît si bien. « Comme quoi le talent ne suffit pas toujours. Reprends toi en main avant de tout faire foirer ! » Au fond, ça me fait mal de lui en envoyer plein les dents comme ça, mais je ne compte pas laisser passer ça. « On est plus en répète là Elio, y’a des gamines qui jouent leur vie ce soir, et chaque connerie que tu fais les éloignent de leur rêve ! » Je crois que je n’ai plus rien de doux en cet instant, plus rien de la Kyrah qu’il a entrevue tout à l’heure. |
| | | | (#)Ven 24 Juil 2015 - 23:20 | |
| Quand le rideau se ferme je sens d’un coup toute la pression se relâcher, j’ai envie de vomir et de frapper quelque chose en même temps. Je laisse mes doigts inertes sur les touches du piano, lui que je croyais mon ami est devenu un ennemi ce soir, tout semble plus difficile à jouer, moins fluide bien qu’il n’y ait plus eu aucun accrochage après mon départ maudit. « Putain mais c’était quoi ça ? » Mes poings se serrent d’un coup en entendant la voix de Kyrah… Pas elle – pas maintenant j’ai tout sauf besoin de l’entendre me gueule dessus pour ces minuscules deux petite secondes… Au finale elle n’est peut-être pas mieux que mon père sur ce coup… C’est la seule chose qu’elle va retenir, ou alors juste un bon moyen de me biler dedans une fois de plus. « Tu veux bien mettre tes doigts à l’ouvrage s’il te plait pour éviter de genre de connerie ? » Qu’est ce qu’elle peut m’agacer quand elle prend ce ton avec moi ! Quand elle me traite comme un gamin qui n’a pas de cerveau. Jamais je ne suis passé de deux sentiments opposés concernant une personne aussi vite. « Comme quoi le talent ne suffit pas toujours. Reprends toi en main avant de tout faire foirer ! On est plus en répète là Elio, y’a des gamines qui jouent leur vie ce soir, et chaque connerie que tu fais les éloignent de leur rêve ! » Cette fois c’est mon tour de lui jeter mon regard le plus noir avant de me lever pour lui faire face, la colère montant méchamment en moi. « Putain mais je t’emmerde Kyrah ! Va te faire foutre avec tes commentaires à la con ! T’as jamais rien loupé toi peut-être ? Je suis qu’un humain pas une machine ! » J’ai envie d’éclater quelque chose, besoin que toute cette frustration et cette colère qui m’habitent sortent d’une façon ou d’une autre. « Tu crois que je sais pas se que c'est que d’avoir des rêves ? Je fais du mieux que je peux d’accord alors si tu veux pas que ça soit pire tu ferais mieux de fermer ta grande bouche ! » Cette fois je ne tiens plus, je me dirige vers les coulisses et ne peut m’empêcher de mettre un coup dans le rebord de la porte en passant. La douleur - tellement vive - qu’elle me transperce tout le corps quand ma main va frapper la surface lise – pourtant je continue comme si de rien n’était. J’entends que Kyrah m’a suivi et avant qu’elle ne me fasse un commentaire sur cet accès de violence je me retourne et prends la parole. « Puis tout ça c’est ta faute merde ! Tu m’expliques ce qu’ils font là ? Pourquoi mes parents sont dans cette putain de salle ? T’as pas pu t’empêcher de l’inviter ein ? T’avais personne d’autre que ma mère pour venir te supporter ce soir franchement ? T’as vraiment rien dans le crâne c’est fou… » Je ne le pense pas une seule seconde mais la colère a pris le pas sur tout le reste, je ne suis comme plus maitre de mes mots. Je ne peux pas croire que mon père est là, je peux pas croire qu’il m’a vu me planter et qu’une fois de plus là seule chose qu’il retiendra de son fils c’est que c’est un loupé, que même ce qui le passionne il ne sait pas le faire correctement alors entendre un mot de plus de la part de Kyrah semble maintenant absolument ingérable pour moi. Elle semble d’ailleurs commencer une phrase mais je le coupe net ! « NON ! Je suis sérieux Kyrah tu peux te taire ! J’ai plus rien envie d’entendre de toi ! Je vais retourner sur cette scène et donner ce que je peux pour ces gosses, parce qu’ils le méritent ! Ce que tu penses de tout ça j’en ai rien à foutre, de toute façon à partir de demain t’auras plus à me voir alors je vois pas en quoi ça changerait quelque chose ! T’as plus qu’a me supporter encore quelques heures et si possible dans le silence ! » Je peux pas croire que je l’ai dit et pourtant c’est bien vrai. La vérité c’est que même si elle a raison, même si toute cette histoire n’est qu’une vaste plaisanterie vouée à l’échec, j’ai l’impression de m’être fait jeter. De m’être livré en partie à elle tout ça pour qu’elle me rejette soit disant parce que je mérite mieux ? Elle a pas plus plat comme excuse pour m’envoyer chier ? Maintenant que mon cerveau bouillon il semble tout tourner dans le mauvais sens et je préfère prendre la fuite avant que ça ne dégénère. Je me rends dans le vestiaire… Ce même vestiaire où je l’avais retrouvé entrain se changer, celui ou nous avons échangé ce premier baiser pour faire fuir sa collègue. Celui-là même ou tout a réellement commencé.
J’ai juste besoin de fuir à mon tour.
Puis je n’ai aucune envie de croiser mon père. Parce que je sais qu’il viendra - peut-être pas maintenant mais bien assez tôt il me rappellera à quel point ce que je fais n’a pas de sens. A quel point j’ai peu de talent, ce sourire de bâtard toujours collé au visage comme si il suffisait à faire passer les pires saloperies. Non je n’ai pas envie de le voir, ni lui – ni Kyrah ni personne pour me faire chier ! J’ai merdé c’est vrai, mais je ne suis pas infaillible et plus que tout jamais – Jamais je n’ai voulu mettre la carrière de ces gosses en péril… Je ne suis pas ce genre d’enfoiré… |
| | | | (#)Sam 25 Juil 2015 - 10:41 | |
| Je ne joue pas ma vie ce soir, mais mes élèves oui. Et je sais à quel point c’est important pour elles, je suis passée à deux doigts de pouvoir vivre de moment, espérer briller plus que les autres. Mais je n’ai pas eu cette chance, à cause de mon connard de père. Pourquoi il a fallu qu’il meurt lui aussi ? Bref, je m’égare, mais là, c’en est trop. Elio a failli tout faire foirer avec ses conneries, et il se doute bien que je ne vais pas passer outre. Alors je l’engueule, comme un gamin qui vient de faire une connerie. Il me laisse parler mais très vite je sens son regard noir, celui qui le caractérise si bien quand il est près de moi. Il me glace le sang, mais j’aime tellement ça, je crois que je ne pourrai m’en passer. « Putain mais je t’emmerde Kyrah ! Va te faire foutre avec tes commentaires à la con ! T’as jamais rien loupé toi peut-être ? Je suis qu’un humain pas une machine ! » Je croise mes bras contre ma poitrine et le regarde avec le même air que j’avais quand on s’envoyait chier au début, comme si tous ses cris ne me faisaient ni chaud ni froid. « Tu crois que je sais pas ce que c'est que d’avoir des rêves ? Je fais du mieux que je peux d’accord alors si tu veux pas que ça soit pire tu ferais mieux de fermer ta grande bouche ! » Je lève les yeux au ciel en soupirant largement, avant de le voir quitter la scène pour se diriger vers les coulisses. Il va pas nous lâcher comme ça ? Nan.. nan nan nan… pas question. Je le suis et sursaute au moment où il frappe dans la porte, mais ça ne m’empêche pas de continuer à le poursuivre. « Attends tu… » je n’ai même pas le temps d’essayer de construire une phrase que déjà il se retourne pour m’engueuler. « Puis tout ça c’est ta faute merde ! Tu m’expliques ce qu’ils font là ? Pourquoi mes parents sont dans cette putain de salle ? T’as pas pu t’empêcher de l’inviter ein ? T’avais personne d’autre que ma mère pour venir te supporter ce soir franchement ? T’as vraiment rien dans le crâne c’est fou… » J’ouvre grand la bouche, choquée. Je vais pour essayer d’en placer une mais une fois encore, Elio en a décidé autrement. « NON ! Je suis sérieux Kyrah tu peux te taire ! J’ai plus rien envie d’entendre de toi ! Je vais retourner sur cette scène et donner ce que je peux pour ces gosses, parce qu’ils le méritent ! Ce que tu penses de tout ça j’en ai rien à foutre, de toute façon à partir de demain t’auras plus à me voir alors je vois pas en quoi ça changerait quelque chose ! T’as plus qu’a me supporter encore quelques heures et si possible dans le silence ! » Mon coeur est en train d’exploser dans ma poitrine, je bouillonne, j’ai envie de le frapper, de hurler, mais au lieu de ça je me force à me taire parce que de toute manière ça ne servirait à rien d’envenimer les choses. Il me tourne le dos et va s’enfermer dans le vestiaire des profs. Je soupire largement quand ma collègue passe par là. « Y’a de l’eau dans le gaz… » Je la fusille du regard « Mais tu peux pas fermer ta gueule des fois toi ? Sérieux…. » Je secoue la tête et sans même réfléchir, j’ouvre la porte des vestiaires et la referme derrière moi.
Nous voilà de nouveau dans ce vestiaire, celui là même où tout a commencé, où l’attirance a été plus forte que tout. Il est là penché au dessus des lavabos, mon regard croise le sien, à travers le miroir, au moment où il relève la tête. Je dois rester calme, je ne veux pas l’énerver plus et qu’il foire toute la 2ème partie. Je m’avance un peu, doucement, dans sa direction. Je calme du mieux les palpitations de mon coeur même si ça s’avère compliqué. « Pardon. » Il relève la tête pour me regarder à travers le miroir, surpris par ce que je suis en train de lui dire. « Je suis stressée, j’aurai pas dû t’engueuler comme ça. On fait tous des erreurs, et puis… c’était pas grand chose. » Ma voix est calme, douce. Je sais que ce soir c’est la dernière fois qu’on se voit, normalement, et je n’ai pas envie d’envenimer les choses. Je crois qu’on s’est assez envoyé chier comme ça. « Et j’y suis pour rien si ils sont là. Ne me remets pas la faute dessus. Je lui avais parlé d’aujourd’hui il y a des mois, je pensais pas qu’elle s’en souviendrait. Je pensais pas que ça te mettrait dans un état pareil. Sinon je lui aurai demandé de ne pas rester. » Je m’avance encore, doucement, faisant claquer mes talons sur le carrelage. Il est toujours dos à moi, la tête baissée, et sa main sous l’eau, qu’il éteint rapidement. Je viens faire glisser ma main dans son dos, sur sa chemise, dans un geste aussi doux que naturel. J’attrape finalement sa main endolorie, je suis surprise qu’il se laisse faire, mais je compte bien en profiter. Je l’essuie avec une serviette trouvée là pas loin, et caresse sa main du bout de mes doigts tout en gardant mes yeux rivés sur elle. « T’aurai pu donner un coup de pied dans quelque chose au lieu d’abimer ta main. Tu en as besoin ! » Je redresse alors le regard vers lui et esquisse un petit sourire. Je ne sais pas ce qu’il me prend aujourd’hui à être aussi douce avec lui. C’est comme si je voulais lui donner une meilleure image de moi avant que nos chemins se séparent pour de bon. C’est con. Quelqu’un entre dans le vestiaire et je ne lâche pas pour autant la main d’Elio. « On reprend dans une minute. » Je hoche la tête et regarde le régisseur repartir avant de regarder Elio à nouveau. Je lâche sa main et tente un petit sourire. « Allez… il faut que tu lui montres qu’il se plante sur toute la ligne à ton sujet. Et puis je suis sûre qu’il a rien entendu tout à l’heure ! » Je lui fais un signe de tête pour qu’il me suive, et je passe devant lui pour quitter les vestiaires. J’entends son pas emboîter le mien et je me sens bien l’espace d’un instant. Je suis fière d’avoir pu pour la première fois apaiser les choses, alors que ce n’est absolument pas dans mon tempérament. Je retrouve mes élève derrière le rideau et leur envoie de l’énergie à travers quelques mots, quelques sourires, et nous pouvons reprendre.
La deuxième partie de passe merveilleusement bien, j’essaie de ne pas regarder Elio pour ne pas le déconcentrer, je vois qu’il est vraiment dans sa bulle et je ne compte pas le destabiliser. A la fin du dernier tableau, un frisson s’empare de moi, la fierté avec. Un large sourire de satisfaction s’installe sur mes lèvres alors que tout la salle applaudit, et se lève même. Mon coeur s’emballe et j’applaudis moi aussi mes poulains. Et puis une de mes élèves s’approche pour me prendre par la main « Viens, tout ça c’est grâce à toi ! » Je secoue la tête mais elle ne me laisse pas le choix et m’attire avec elle jusqu’au devant de la scène. Les applaudissements augmentent un peu et tout ça m’emplis de joie. Je tourne machinalement la tête vers Elio et lui fais signe de nous rejoindre mais il ne semble pas vraiment motivé. Alors je vais le chercher moi-même. Je récupère sa main et l’attire à moi pour qu’il vienne avec nous devant la scène pendant les saluts. Je garde sa main dans la mienne alors que tout le monde salue. Le rideau tombe et tout le monde crie d’hystérie. Prise d’un moment d’euphorie, je me jette dans les bras d’Elio, entoure mes bras autour de son cou et viens enfouir ma tête dans son cou. J’entends déjà les filles derrière faire des ‘wouhouuu’, ce qui me fait prendre conscience de la situation. Je me sépare alors d’Elio et me pince les lèvres avec un petit sourire. « Merci. Tu as été parfait ! » « Oui Elio, merci, tu as sauvé notre ballet ! » Maintenant, il y a plus qu’à espérer que son père ne vienne pas faire de frasques. |
| | | | (#)Sam 25 Juil 2015 - 22:13 | |
| Pourquoi j’ai tapé dans cette putain de porte je suis con c’est pas possible ! J’allume le robinet et passe ma main sur l’eau froide, ça tape méchamment mais à première vu rien de cassé. Il manquerait plus que ça… J’ai à peine le temps de respirer que la porte s’ouvre pour faire place à Kyrah, en relevant la tête je l’aperçois dans la glace et si j’étais prêt à lui demander une fois de plus de dégager je n’en fais rien, son regard m’en empêche, d’ailleurs je détourne bien vite le mien. « Pardon. » Elle a le don de m’étonner c’est sur, je relève le regard sans trop comprendre, moi qui était persuadé de recevoir un nouveau savon j’en reste tout bête. « Je suis stressée, j’aurai pas dû t’engueuler comme ça. On fait tous des erreurs, et puis… c’était pas grand chose. » Cette fois pas un mot ne sort de ma bouche, je ne peux pas croire qu’elle soit sincèrement entrain de s’excuser et me demande même si elle n’est pas une nouvelle fois entrain de me manipuler pour avoir ce qu’elle veut. Je me déteste de me poser encore cette question, d’être toujours dans cette même situation mais c’est pourtant le cas. « Et j’y suis pour rien si ils sont là. Ne me remets pas la faute dessus. Je lui avais parlé d’aujourd’hui il y a des mois, je pensais pas qu’elle s’en souviendrait. Je pensais pas que ça te mettrait dans un état pareil. Sinon je lui aurai demandé de ne pas rester. » Cette fois mon regard quitte le sien un peu honteux, je regarde ma main et je sens mon cœur se serrer un peu plus. J’ai envie qu’elle s’approche, j’ai besoin d’elle maintenant près de moi, mais il m’est impossible de simplement le demander, pas ce soir, pas alors que je sais que ce n’est que donner quelque chose pour mieux le reprendre. « T’as eu raison de t’énerver… Je… J’ai pas envie de foirer ça Kyrah, je te promets – ni pour eux ni pour moi – je devrais pas prêter attention à lui, à ce qu’il peut penser mais… Je suis pas capable… » Pourtant je sais bien que peu importe ce que je fais ça ne sera jamais assez, il aura toujours à redire. « Mais je vais me reprendre. » Je pose ma main valide sur le rebord du lavabo regardant l’autre, puis j’éteins le robinet entendant à peine les pas de Kyrah se rapprocher de moi. Je sursaute donc légèrement quand sa main vient toucher mon dos avec douceur, ça ne lui ressemble pas et pourtant c’est tellement agréable. Je ferme les yeux comme pour profiter de se contact simple puis elle vient attraper ma main. Face à cette tendresse que je lui connais si mal je me laisse faire comme en enfant. « T’aurai pu donner un coup de pied dans quelque chose au lieu d’abimer ta main. Tu en as besoin ! » J’esquisse moi aussi un petit sourire. « J’y penserai la prochaine fois. » Même si il y a peu de chance que la prochaine fois elle soit là… « On reprend dans une minute. » La porte s’ouvre d’un coup et alors que je m’attend à ce qu’elle quitte mon contact comme si j’avais la peste elle n’en fait rien se contentant de tourner la tête et de la hocher pour que le régisseur nous laisse à nouveau seuls. « Allez… il faut que tu lui montres qu’il se plante sur toute la ligne à ton sujet. Et puis je suis sûre qu’il a rien entendu tout à l’heure ! » J’en doute mais je n’ajoute rien et suis son pas, rassuré que les choses aient pu se calmer si facilement – pas grâce à mois je dois bien l’avouer.
Je retrouve mon piano et cette fois je me connecte à lui, pendant le 2ème acte tout semble à nouveau prendre du sens et je ne peux m’empêcher de penser que c’est Kyrah qui m’a insufflé ce courage. C’est presque trop vite que le dernier tableau prend fin sous les applaudissements de la salle. Une de ces élevée va alors chercher Kyrah pour la tirer sur la scène et je ne peux m’empêcher de la siffler alors qu’un sourire sincère est installé sur mon visage. Elle me fait à son tour signe des les rejoindre et après que j’ai refusé vient me chercher. Sa main attrape la main me procurant un frisson de plaisir mélangé à l’euphorie d’avoir fini cette magnifique représentation. Nos mains ne se quittant plus une fois l’une dans l’autre comme collées à la super glue. Puis enfin le rideau se ferme, et c’est avec surprise que Kyrah me saute dans les bras. D’abord étonné, mes bras vont ensuite serrer sa taille la faisant légèrement décoller du sol puis les gloussements de ces élèves nous font vite reprendre notre place. « Merci. Tu as été parfait ! » « Oui Elio, merci, tu as sauvé notre ballet ! » Je me sens presque rougir et lance un hochement de tête à toute cette petite troupe pour les remercier. « Vous, vous avez été parfaits ! Si je vous revois pas je vous souhaite à tous, un merveilleux avenir, vous le méritez ! » En disant cette dernière phrase mon regard s’arrête sur Kyrah, je ne crois pas que j’aurais la force de lui faire des aurevoirs plus construit que ceux-ci… Mais il me semble encore improbable que nous ne nous revoyons plus – le destin ne peut pas nous jouer ce coup là cette fois.
Assez rapidement la troupe se dissipe et tout le monde retrouve le public. Je reste proche de Kyrah et les gens viennent nous féliciter un à un. De beaux compliments – pour elle – pour moi, de quoi nous persuader que tout ce travail n’était pas vain. Puis alors que l’euphorie semble petit à petit redescendre mon père fait son apparition dans mon champ de vision. Je jette à peine un regard à Erin qui se tient à côté de lui alors qu’il remonte le hall tellement lentement qu’il me semble qu’il le fait exprès juste pour que mon estomac se serre un peu plus. Puis ils sont enfin là ! « Kyrah !! » Il m’adresse à peine un regard attrapant la main de la jeune femme pour y déposer un baiser. « Toujours aussi belle, et talentueuse avec ça ! Ce spectacle était une vraie réussite. » Je détourne un instant mon regard du père pour regarder Erin qui me fixe de cette façon étrange qui a le don de me mettre mal à l’aise… Bordel… Elle nous a vu, nous prendre la main sur cette scène comme deux bons copains - ou plus - et de toute évidence ça ne lui a pas plus. « Elio ! » Cette fois c’est mon tour, mon regard quitte celui d’Erin alors que mon père me serre son habituelle accolade, son ton de suite un peu plus froid quand il s’adresse à moi. « Tu nous avais caché que tu jouais dans cette représentation ! C’était une sacrée surprise pour ta mère ! » Je tente un léger sourire, j’ai envie de lui répondre mais aucune envie d’envenimer les choses. « Je pense toujours que c’est une perte de temps mais au moins cette fois tu le fais pour une jolie fille, même moi je doute que j’aurais pu refuser. » Putain le voir faire du gringue comme ça à Kyrah me donne envie de vomir et d’ailleurs je n’arrive pas à garder le sourire. « Il a été bon au moins ? » Dit il en s’adressant à Kyrah « J’ai cru percevoir un petit flottement au début non ? » J’étais sûr, je savais qu’il allait mettre le doigt la dessus pour bien faire mal. De toute façon à quoi je m’attendais ? Un compliment ? Heureusement qu’Erin est là. « Moi je t’ai trouvé parfait Elio… » Elle vient dans mes bras mais il me semble ressentir encore cette tension étrange, et son sourire bien moins sincère. « Et Kyrah ce que tu as monté c’est absolument magnifique ! Je suis sûre que grâce à toi tes poulains auront beaucoup de succès, c’est un beau tremplin que tu leurs a offert. » Evidement Erin sait trouver les mots plus justes. Et je ne peux m’empêcher de me mordre à nouveau l’intérieur de la bouche tant cette situation me met mal à l’aise. Nous quatre entrains de parler comme si de rien n’était. « Bon vous pouvez nous le dire maintenant que vous êtes ensemble, j’ai bien vu moi votre petit cinéma sur la scène. » Cette fois je me sens blanchir. Mon regard croise en quelque seconde celui de Kyrah puis va se poser sur ma mère rendant l’ambiance un peu plus lourde encore. « S’il te plait arrête avec ça papa , on t’a déjà dis non. » Ma voix et bien moi assurée que ce que j’espérais et mon regard trouve le sol comme si j’étais un gamin pris en faute. |
| | | | (#)Sam 25 Juil 2015 - 23:09 | |
| Je n’ai pas envie d’envenimer encore plus les choses, ça ne servirait à rien, mis à part faire qu’il foire la 2ème partie, et c’est loin d’être ce que je veux. Alors je me donne un coup de pied au cul et me force à rester calme, à m’excuser même, chose que je fais assez rarement, parce que j’estime que peu de gens méritent de sincères excuses de ma part. Alors d’une voix étonnement douce, je lui explique les choses et essaie de me faire pardonner de mon excès de colère un peu plus tôt. « T’as eu raison de t’énerver… Je… J’ai pas envie de foirer ça Kyrah, je te promets – ni pour eux ni pour moi – je devrais pas prêter attention à lui, à ce qu’il peut penser mais… Je suis pas capable… » Ça me fait mal au coeur de voir à quel point son père peut lui pourrir la vie. Déjà qu’Erin ne m’en avait pas peint un très beau tableau, ça n’arrange pas les choses. « Mais je vais me reprendre. » Je ne réponds rien, parce que j’estime ne rien avoir à dire à ça. C’est tout ce que j’attends de lui, qu’il passe au dessus de ça, qu’il se reprenne. Je sais qu’il en est capable. Et puis nous sommes rapidement appelés pour revenir sur scène, enfin pour moi, sur le côté de la scène. Tout se passe à merveille et je ne peux m’empêcher de poser régulièrement mon regard sur Elio, là à son piano, avec sa petite chemise et sa cravate, il est tellement beau, et encore plus lorsqu’il joue. Après les applaudissements et la tombée du rideau, je ne réfléchis pas et fonds dans ses bras. En sentant ses bras autour de moi et mes pieds décoller du sol, je sens mon coeur s’accélérer, mais ce moment est vite coupé quand je me rends compte que nous sommes en public et que ce n’est pas forcément bien venu, même si visiblement, tout le monde ici semble bien comprendre - sans doute même mieux que nous - qu’il se trame quelque chose entre nous.
Mes élèves vont finalement se changer dans les coulisses et je rejoins avec Elio l’immense hall de l’école qui a été transformé en salle de réception, avec un buffet et du champagne. C’est ici même que pourront sûrement se jouer les futurs contrats de mes jeunes danseuses. Une fois la plupart des félicitations, je tourne la tête vers Elio et lui adresse un petit sourire, quand je vois son regard changer. C’est alors que je me retourne et que je vois Erin et son mari arriver vers nous. Je tourne la tête vers Elio à nouveau et dans mon regard, j’essaie de lui faire comprendre que tout se passerait bien. Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de le rassurer rapport à son père. « Kyrah !! » J’adresse un sourire à William alors qu’il vient attraper ma main pour y déposer un baiser. « Toujours aussi belle, et talentueuse avec ça ! Ce spectacle était une vraie réussite. » Un peu gênée, je continue de sourire. « Merci beaucoup, je suis contente que ça vous ait plu. » Et alors qu’il se tourne vers Elio pour s’adresser à lui et le prendre dans ses bras, je regarde Erin qui me semble un peu distante. Bien plus que tout à l’heure quand elle me disait encore qu’il lui manquait les moments où je dansais pour elle. « Je pense toujours que c’est une perte de temps mais au moins cette fois tu le fais pour une jolie fille, même moi je doute que j’aurais pu refuser. » Je tourne finalement les yeux vers les hommes à côté, et je me sens presque mal à l’aise qu’il me fasse tant de compliments. S’il savait que j’ai fait l’amour avec sa femme un nombre incalculable de fois…« Il a été bon au moins ? » C’est à moi qu’il s’adresse ? Je suis un peu déstabilisée, mais n’en pers pas mes moyens pour autant. Ce n’est pas mon genre. « Oui, parfait même. Il a beaucoup de talent. » Je lui souris sans pour autant regarder Elio, mais je sens le regard d’Erin se faire plus insistant, plus froid aussi. Cette situation est tellement étrange. « J’ai cru percevoir un petit flottement au début non ? » Je secoue la tête. « Je n’ai rien entendu… » « Moi je t’ai trouvé parfait Elio… » Erin vient prendre son fils dans ses bras, et ça me rassure un peu. au moins un mot gentil pour lui. Et finalement, elle s’adresse à moi. « Et Kyrah ce que tu as monté c’est absolument magnifique ! Je suis sûre que grâce à toi tes poulains auront beaucoup de succès, c’est un beau tremplin que tu leurs a offert. » Je lui souris, un peu émue. « Merci. J’espère vraiment les avoir aidés à aller loin. ». Ok. Je commence un peu à me sentir mal à l’aise là. Et ce n’est rien encore comparé à l’instant où William reprend la parole. « Bon vous pouvez nous le dire maintenant que vous êtes ensemble, j’ai bien vu moi votre petit cinéma sur la scène. » Là, c’est pire que tout. Mon regard croise celui d’Elio et bien vite je regarde Erin qui a des envies de meurtre. Putain. « S’il te plait arrête avec ça papa , on t’a déjà dis non. » Il faut que je nous sauve la mise, vite. « Non, on est bien trop différents, on a déjà eu beaucoup de mal à s’entendre quand il est arrivé pour bosser ici avec nous. Je crois qu’un couple comme nous, ce serait une catastrophe ! » Je laisse échapper un rire et William se joint à moi alors qu’Elio et Erin rient jaune. « Pourtant, ça parait difficile de te résister Kyrah ! » Mon regard croise celui d’Erin qui en rajoute une couche sans plus tarder. « Oui, elle en a brisé des coeurs, moi je le sais, avec tout ce qu’elle m’a raconté ! Tu serais un des rares à ne pas être tombé sous son charme ! » Putain… pas ça… J’esquisse un mince sourire et ça y est, je ne sais plus vraiment où me mettre. « Kyrah, Elio ! » Je remercie presque le ciel que quelqu’un vienne me sauver de cette situation malsaine. C’est le président de l’école qui nous fait nous retourner. « Bravo pour ce soir, c’était vraiment magnifique. Vous avez fait du très bon boulot. Elio, je compte su vous pour l’année prochaine, nous aurons encore besoin de votre talent, si le coeur vous en dit. Et Kyrah… » Il me sourit et j’en fais de même. « Je pense qu’il faudrait vraiment que tu reprennes là où tu t’étais arrêtée. La danse manque vraiment de quelque chose lorsque tu es en coulisse. » Alors là c’est le pompon. Je me sens rougir et je passe une main nerveusement dans mes cheveux. « Merci beaucoup. ». Il nous adresse un signe de tête et s’en va comme il est arrivé. C’est la voix d’Erin qui me fait me retourner. « Je suis d’accord avec lui. Tu devrais reprendre la danse, pour de bon. » Elle s’adresse alors à Elio « Tu l’as déjà vue danser ? » Ne lui demande pas ça Erin. Tu es en train de te faire du mal. Parce que oui, il m’a déjà vue danser, et on a même dansé ensemble. Je tourne alors le regard vers Elio, je ne peux pas répondre à sa place, malheureusement. Le souci, c’est que j’ai bien compris que face à ses parents il redevient un enfant, et qu’il se trahit tout seul. Erin est loin d’être dupe, elle a bien compris qu’il se passait quelque chose entre nous. La dernière chose dont elle a été témoin, ce n’est que de la haine, et aujourd’hui, tout semble différent, du moins, en surface. Alors je comprends qu’elle le vive pas très bien. |
| | | | (#)Lun 27 Juil 2015 - 0:05 | |
| Je commence à regretter amèrement de ne pas avoir fuit quand je le pouvais, après la fin du spectacle j’aurais tout aussi bien pu filer en douce plutôt que de me laisser prendre dans cette situation impossible. Mon père qui ne cesse de complimenter la fille avec qui sa femme l’a trompé plus d’une fois, ma mère qui me lance ce regard étrange que je n’ai pas du tout envie de supporter et Kyrah… Kyrah qui doit sans doute être entrain de se poser la même question que moi. « Oui, parfait même. Il a beaucoup de talent. » Je souris légèrement en entendant ces mots jusqu’à ce que le regard d’Erin fasse une nouvelle fois disparaître ce sourire de mon visage. Mon dieu qu’est ce qu’elle sait ? Pire encore qu’est ce qu’elle croit savoir ? Je commence vraiment à me sentir mal. Et alors que je crois avoir atteint une phase d’inconfort absolue la phrase de mon père vient me prouver le contraire. « Non, on est bien trop différents, on a déjà eu beaucoup de mal à s’entendre quand il est arrivé pour bosser ici avec nous. Je crois qu’un couple comme nous, ce serait une catastrophe ! » Pour faire bien je me joins aux rires des autres bien que je trouve tout ça plutôt ironique. Evidement elle a raison, tout ça c’est une catastrophe… Et pourtant – pourtant ça existe et il m’est bien difficile de le cacher face à mes parents. « Pourtant, ça parait difficile de te résister Kyrah ! » « Oui, elle en a brisé des coeurs, moi je le sais, avec tout ce qu’elle m’a raconté ! Tu serais un des rares à ne pas être tombé sous son charme ! » Je manque de m’étrangler avec ma propre salive en entendant les propos de ma mère mais à quoi elle joue sérieusement ? Si elle veut balancer la vérité à mon père qu’elle le fasse, mais là c’est presque se foutre ouvertement de sa gueule sans qu’il le sache. J’ai beau le détester je trouve ça déplacé… « Kyrah, Elio ! » Je laisse un léger soupire de soulagement sortir de ma bouche en entendant nos prénoms et me tourne vers mon sauveur. Le directeur de l’école me tend une poignée de main relativement stricte à laquelle je réponds par un sourire. « Bravo pour ce soir, c’était vraiment magnifique. Vous avez fait du très bon boulot. Elio, je compte su vous pour l’année prochaine, nous aurons encore besoin de votre talent, si le coeur vous en dit. » Je bafouille un bref « Merci » ne rajoutant rien sur son invitation à revenir, je doute que ça se fasse un jour. Mais je crois qu’il ne faut jamais dire jamais, c’est une leçon que j’apprends un peu plus chaque jours « Et Kyrah… Je pense qu’il faudrait vraiment que tu reprennes là où tu t’étais arrêtée. La danse manque vraiment de quelque chose lorsque tu es en coulisse. » « Merci beaucoup. » Je tourne mon regard vers elle pour voir qu’elle a légèrement rougit et déjà le directeur nous quitte – nous laissant une fois de plus dans cette situation peu agréable. « Je suis d’accord avec lui. Tu devrais reprendre la danse, pour de bon. » Bon dieu je déteste quand ma mère fait ce genre de petite allusion au fait qu’elle la connait si bien– me rappelant indéniablement pourquoi. « Tu l’as déjà vue danser ? » Cette fois elle s’adresse à moi et en l’espace de quelques secondes je cherche le regard de Kyrah pour savoir quoi répondre. « Heu… » J’ai l’impression d’être un gamin qu’on questionne sur la dernière bêtise de son copain de classe et encore plus quand Erin me regard de cette façon. « Quand elle montrait à ces élèves… oui… » Je sais bien que je ne donne pas du tout le change et j’ai l’impression de sentir leurs trois regards sur moi chacun me procurant une émotion différente. Alors que je m’apprête à ouvrir la bouche pour continuer sur une pente dangereuse une voix s’élève dans la foule me faisant taire. « Kyrah ! On a besoin de toi ! Cathy se sent pas bien, c’est comme si elle s’étouffait ! » Je jette un regard à Kyrah voyant là un moyen de m’évader moi aussi. « Je viens avec toi … Je pourrais aider. » Je n’ai pas une seule connaissance en tout ce qui concerne les urgences vitales mais j’ai juste besoin de changer d’air.
Nous suivons les filles jusque dans leur vestiaire où elles ont expatrié leur amie qui effectivement semble sur le point de totalement suffoquer. Elle respire extrêmement fort, et pourtant elle semble manquer d’air comme si elle se noyait dans l’oxygène. « Merde… Il c’est passé quoi ? » Nous nous approchons tout deux de Cathy qui au milieu de ces respirations sanglote méchamment. « Elle parlait avec un recruteur et d’un coup elle a commencé à plus respirer normalement… Je sais pas pourquoi ! » J’ai beau ne pas y connaître grand chose je peux clairement soupçonner une crise d’angoisse pour en avoir déjà vu plusieurs et me place face à elle. « Cathy c’est Elio ! Déplie les jambes et tiens toi droite ça va aller. Essaye de prendre de grandes inspirations. » Je vois que la jeune femme essaye mais c’est compliqué. « Tu vas penser à un endroit que t’adore ! Et t’imaginer là bas ! T’y arrives ? T’es où ? » Elle semble déjà se calmer un peu plus. « Dans la salle de danse… » Je souris en entendant sa réponse sachant pertinemment que moi aussi je visualiserais probablement une pièce où je peux laisser parler ma passion. « Voilà respire bien profondément et continue de t’imaginer dans cette salle. » Il faut encore quelques minutes pour qu’elle se calme vraiment mais elle finit par le faire. « Les filles accompagnez là boire un peu d’eau. » Les trois jeunes femmes disparaissent de notre vu et je prends place sur le banc adoptant une position un peu plus confortable que celle que j’ai tenue ces dernières minutes. Je sens le regard de Kyrah sur moi et sans savoir pourquoi j’ai le besoin de me justifier – ou l’envie peut-être. « Ma sœur faisait souvent des crises quand elle est tombée enceinte des jumeaux… Je peux la comprendre, plutôt terrorisant de savoir qu’on va être seul pour élever deux gamins. » Je sourire faiblement pensant que maintenant c’est moi qui ai cette responsabilité. « J’ai eu du bol ! Probablement la seule urgence que je sache gérer, sinon je t’aurais sans doute lâchement abandonné. » Je sourire un peu, même si ce n’est pas si loin de la vérité. « Tu devrais y retourner ! Il y a sans doute pleins de gens qui te cherchent pour te féliciter. Je vais rester un peu… » Je laisse un petit instant de silence. « Juste pour être sûr qu’ils soient plus là ! » Je sais qu’elle comprend de suite de quoi je parle. « C’était vraiment… Trop étrange. » Et encore le mot est faible. A son tour elle hoche la tête et je sais qu’on se comprend, alors qu’elle tourne le dos je me sens pourtant une envie de continuer à lui parler. « Et Kyrah ? » Elle se retourne vers moi et je me lève cette fois du banc même si je ne fais pas un pas vers elle. « C’était une très belle représentation… Grace à toi. » Evidement c’est elle qui l’a mise sur pied. « Je voulais quand même te le dire au cas ou… » Au cas ou on ne se revoit pas. Je ne suis plus vraiment sur d’avoir envie d’aller dans cette pièce pour recevoir de félicitations d’inconnus. L’euphorie maintenant totalement passée je me sens un peu perdu… |
| | | | (#)Lun 27 Juil 2015 - 11:00 | |
| Tout ça va beaucoup trop vite. Les sous entendus d’Erin, les compliments de William, les soupirs d’Elio. Heureusement le président de l’école me sauve la mise, au moins pour quelques minutes, le temps que je souffle un peu. J’ai du mal à savoir exactement comment je me sens. Tout une multitude de sentiments d’emparent de moi et je ne contrôle plus rien. Je devrais être heureuse, après une réussite pareille. Mais il y a quelque chose qui coince, je ne sais pas si c’est la présence d’Erin et de son mari ou si c’est le fait de passer mon dernier moment avec Elio. Je remercie le président pour ses compliment et me retourne finalement vers Erin qui prend la parole, posant une question à son fils. Putain mais elle fait exprès ? Je sens le mal être prendre possession d’Elio et ça me fait presque mal au coeur. Serais-je prise par un sentiment d’empathie ? Moi ? J’hallucine. « Heu… Quand elle montrait à ses élèves… oui… » J’ai eu peur qu’il parle du moment où on avait dansé tous les deux. Mais vu le regard jaloux d’Erin, il valait mieux pas. Et alors qu’il s’apprête à rajouter quelque chose, je tremble presque et heureusement pour tout le monde, une de mes élèves arrive, paniquée. « Kyrah ! On a besoin de toi ! Cathy se sent pas bien, c’est comme si elle s’étouffait ! » « Merde. J’arrive. » « Je viens avec toi … Je pourrais aider. » Je lui adresse seulement un hochement de tête, comprenant bien qu’il n’a pas envie de rester là avec ses parents. Nous quittons la réception d’un pas rapide pour rejoindre les vestiaires où se trouve Cathy allongée sur le sol. Je me jette presque sur elle et prends sa main alors qu’Elio est déjà en train de poser les bonnes questions. Je m’éloigne un peu voyant qu’il sait ce qu’il fait, et je reste à genoux sur le sol. « Tu vas penser à un endroit que t’adore ! Et t’imaginer là bas ! T’y arrives ? T’es où ? » « Dans la salle de danse… » Je souris, je ne peux m’en empêcher, parce que j’aurai sûrement répondu la même chose à sa place. Elle commence à respirer beaucoup mieux et mon coeur se calme doucement. « Les filles accompagnez là boire un peu d’eau. » Je les laisse partir toutes les trois alors que je repose mon regard sur Elio qui vient de s’asseoir sur le banc un peu plus loin. J’allais dire quelque chose mais il me coupe directement. Ça devient comme une habitude entre nous. « Ma sœur faisait souvent des crises quand elle est tombée enceinte des jumeaux… Je peux la comprendre, plutôt terrorisant de savoir qu’on va être seul pour élever deux gamins. » J’esquisse un sourire et finis pas lui dire « Merci. Je sais pas si j’aurai eu les bons réflexes. J’suis prof de danse, pas secouriste ! » « J’ai eu du bol ! Probablement la seule urgence que je sache gérer, sinon je t’aurais sans doute lâchement abandonné. » Je ris un peu, c’est étrange de me sentir aussi détendue en sa présence. Je ne saurai l’expliquer. « Tu devrais y retourner ! Il y a sans doute pleins de gens qui te cherchent pour te féliciter. Je vais rester un peu… » Je le regarde un peu, hésitante, et finis par me lever, passant mes mains sur ma jupe pour la remettre bien en place. « Juste pour être sûr qu’ils soient plus là ! » Je hoche alors la tête. « Je peux leur dire de partir si tu veux. J’ai pas tellement envie de discuter avec eux de toute manière. » « C’était vraiment… Trop étrange. » Je soupire alors légèrement, en guise de réponse. Je sais bien que tout ça, c’est de ma faute. J’ai déclenché tout ça, et j’en suis consciente. A savoir si je le regrette, je ne sais pas vraiment. Si je n’avais pas rencontré Erin, je n’aurai pas rencontré Elio, et je n’aurai pas pu ressentir toutes ces émotions contradictoires qui m’enveloppent quand il est dans les parages. Je ne rajoute rien, après tout, quoi lui répondre. Alors sans un mot, je me dirige vers la porte du vestiaire, seul le bruit de mes talons brisant le silence. « Et Kyrah ? » Mon coeur fait un bond dans ma poitrine. Je m’arrête net, déglutis, et me retourne doucement, le coeur battant la chamade. Il se lève et je ne le quitte pas des yeux, attendant qu’il lâche ce qu’il a à dire. « C’était une très belle représentation… Grace à toi. » Mon coeur s’emballe encore plus, une flot d’émotions me submerge. « Je voulais quand même te le dire au cas ou… » Mon regard ancré dans le sien, je suis électrifiée, comme à chaque fois que nos yeux se croisent. Je vais pour ouvrir la bouche et dire quelque chose mais quoi ? Je n’en sais trop rien. Alors je me ravise et me pince les lèvres avant de détourner le regard pour le laisser flirter avec le sol. Je suis prise d’une envie subite de lui sauter dessus, mais est-ce bien raisonnable ? La raison n’a jamais fait partie de moi, jamais, alors pourquoi me priver de ces envies ? Je ne réfléchis plus, et redresse mon regard pour le planter dans le sien, et c’est alors que je romps la distance entre nous à une allure folle. Je me jette carrément sur lui, le faisant presque tomber à la renverse. De nouveau, la fougue a pris possession de mon corps. Mes lèvres fondent sur les siennes, nos langues se retrouvent, et mon corps est de nouveau en appel du sien, comme si rien n’avait changé. Il se laisse tomber sur le banc, assis, alors que ses mains retrouvent les courbes de mon corps. Elles semblent faites pour me toucher, c’est dingue. Je me positionne à califourchon sur lui alors que, à bout de souffle, je continue de l’embrasser comme si ma vie en dépendait. Je me fous de savoir que la porte n’est pas fermée à clefs, que quelqu’un pourrait entrer et nous surprendre. C’est sûrement la dernière fois que je peux l’embrasser, et je ne compte pas lui laisser avec comme dernier souvenir de chaste baiser échangé juste avant le ballet. Ça ne me ressemble pas, ça ne nous ressemble pas. Déjà, mes mains viennent défaire sa cravate et mes doigts fins déboutonnent sa chemise pour que je puisse toucher sa peau brûlante. Ses baisers sont tellement divins, je fonds sous ses caresses. Le coeur à deux doigts d’imploser. Je ne me suis jamais sentie autant moi, que lorsque je suis dans ses bras, c’est hallucinant. Mais comme d’habitude, un élément perturbateur vient nous couper en plein dans nos élans de passion, et la porte s’ouvre sur une vois féminine. « Kyrah, t’es là ? » Je me sépare à vitesse grand V d’Elio, mes pieds retrouvant le contact du sol, mais ma tête tourne tellement que je manque d’équilibre. Je me retourne alors et mon regard se pose sur Moïra, une de mes amies les plus proches. « Moïra ! » Elle pouffe de rire en regardant Elio reboutonner sa chemise. « Ok, c’est bien c’que j’me disais… t’as qu’à lire ma réponse à ton texto… » Je sais plus trop où j’habite là. Je passe une main dans mes cheveux, j’ai du mal à reprendre pieds. « Euhm… Bah Moïra j’te présente Elio. Elio, c’est Moïra. Une de mes meilleures amies. Enfin, ça c’était avant qu’elle entre dans ces vestiaires sans frapper ! » Je ris un peu et Elio s’avance pour saluer mon amie. « Il est encore plus beau que ce que tu m’avais dit… » Je lève les yeux au ciel. Voilà. Moïra dans toute sa splendeur. Elle peut pas la fermer, jamais. |
| | | | (#)Lun 27 Juil 2015 - 23:01 | |
| Plus les secondes passent et plus je doute de remettre les pieds dans le hall. Je crois que je n’y ai plus trop ma place et plus que tout je n’ai pas du tout envie de me retrouver une fois de plus coincé entre Erin et mon père. « Je peux leur dire de partir si tu veux. J’ai pas tellement envie de discuter avec eux de toute manière. » Je secoue le tête doucement. Je préfère ne pas faire de vagues ce soir, ils partiront quand ils le veulent. De toute façon je ne compte pas sortir de suite, et alors qu’elle semble pour sa part prête à quitter la pièce, je retiens Kyrah en l’appelant. Les mots qui sortent ensuite sont d’une telle banalité, elle les a déjà entendues mille fois ce soir mais pourtant je me sentais le besoin de les lui dire. De lui rendre un peu de ce qu’elle m’a offert le soir ou après m’être fait démonté par mon père elle m’a redonné un peu de confiance. Kyrah est douée… Et je pense qu’elle le sait – assez pour ne pas avoir besoin que je le lui dise… Pourtant je tente de le faire maladroitement. Après ces quelques mots son regard fleurte avec le mien, je tente de le décrypter, d’anticiper ces gestes mais elle semble toujours si mystérieuse. Et d’ailleurs ce qui suit me laisse sans voix. Kyrah fond sur moi sans que je n’aie le temps de comprendre ce qui m’arrive, ces lèvres capturent les miennes alors que la pression de son corps manque de me faire tomber. Il me faut quelques secondes pour réaliser ce qui est entrain de se passer et sentir la même fougue prendre possession de mon corps. Mes bras s’articulant enfin pour toucher son corps, caressant le bas de ces reins d’abord avec délicatesse puis resserrant d’un seul coup notre étreinte alors que je me laisse tomber sur le banc. Nos lèvres comme incapables de se décoller l’une de l’autre, nos langues se liant dans une danse sensuelle qui fait monter un peu plus le désire en moi alors qu’elle se position à califourchon sur mon corps. Très vite mes mains trouvent leur place à la naissance de ces fesses alors que je presse son corps un peu plus contre le mien sentant nos désirs communs se mêler. J’ai besoin d’elle, de son corps, de ces baisers. Je sens ces mains défaire ma chemise alors que je libère sa bouche de la mienne pour l’observer quelques instants. Je ne sais pas ce que nous sommes entrain de faire et je m’en moque le désir a pris toute la place entre nous, une fois de plus. Puis je reviens à l’assaut mes baisers parcourant son corps brulant alors que mes mains glissent sous son haut caressant sa peau douce et chaude à la fois. J’agrippe sa nuque d’une de mes mains pour renforcer un peu plus l’intensité de nos baisers alors que ces mains baladeuses me laissent deviner une suite encore plus séduisante. Evidement c’est sans compter sur notre karma de merde et cette manie que les gens ont des nous interrompre. « Kyrah, t’es là ? » Comme à son habitude Kyrah semble alors me fuir comme la peste et fait presque immédiatement un bon d’un mètre loin moi. Je reste pour ma part sur le banc, la chemise ouverte et le cœur encore prêt à exploser en dehors de mon corps. « Moïra ! » Mon regard se pose sur la jeune femme qui vient de faire irruption dans le vestiaire alors que je reboutonne maladroitement ma chemise, me débattant comme un lion avec cette cravate que je ne sais pas nouer. Je remerciais chaudement Kaecy de l’avoir fait ce soir mais un peu moins maintenant que je me retrouve comme un con avec ma cravate à moitié en vrac et une paire d’yeux curieux braquée sur moi. « Ok, c’est bien c’que j’me disais… t’as qu’à lire ma réponse à ton texto… » Quel texto de quoi elle parle, et pourquoi j’ai l’impression de manquer d’air d’un cou ? Comme si on m’avait privé de ma ressource vitale. « Euhm… Bah Moïra j’te présente Elio. Elio, c’est Moïra. Une de mes meilleures amies. Enfin, ça c’était avant qu’elle entre dans ces vestiaires sans frapper ! » Kyrah rit et je tente un sourire sympathique alors que je me lève pour tendre ma main en direction de la jeune femme laissant définitivement tomber l’idée de remettre cette cravate en place. « Il est encore plus beau que ce que tu m’avais dit… » Un léger sourire vient se placer sur mon visage alors que je regarde cette fois Kyrah. « Je crois que ton AMI..» Elle insiste bien sur le mot un sourire un peu taquin sur le visage. « A besoin d’un coup de main pour rattacher sa cravate. » Cette fois c’est moi qui ris jaune. « Puisque je dérange je ne vais pas faire long mais… Il y a des gens qui te réclament Kyrah. Tu ne devrais pas faire trop long si tu vois ce que je veux dire. » Elle nous lance à tous les deux un regard avisé. « J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir Elio. » Après cette remarque elle disparaît aussi vite qu’elle est apparue et je comprends en regardant Kyrah qu’une fois de plus les choses vont en rester là où elles en sont. « Tu me donnes un coup de main ? » Je lui montre la cravate qu’elle a elle même décroché avec fougue quelques minutes auparavant et elle l’attrape se rapprochant de moi pour me l’enfiler autour du cou. « Alors comme ça tu parles de moi à tes amis. » Je la taquine un peu, me demandant ce qu’elle a bien pu raconter. Pour ma part je suis resté très secret en ce qui la concerne… Et d’ailleurs très vite l’ambiance redevient un peu plus froide. Mon regard tente de trouver le sien alors qu’elle se concentre sur la cravate puis enfin il remonte vers moi et nous restons quelques secondes comme ça à nous regarder. Avec Kyrah les silences semblent parfois avoir bien plus de porté que tout le reste. « On y sera pas arrivé. » Je lui fais une petite moue pourtant accompagnée d’un demi sourire. « Faut croire que parfois les choses ne doivent pas se faire. C’est pas plus mal au final, tu auras le luxe de fantasmer tout le reste de ta vie sur ce que ça aurait pu être de concrétiser avec un amant aussi extraordinaire que moi. » Je tente de faire un peu d’humour et j’offre d’ailleurs un sourire complice à Kyrah, mais je sens pourtant un vide se créer en moi. « On y retourne ? » Ma main se pose déjà dans le bas de ces reins pour la pousser vers la sortie avant que nous ne fassions plus de bêtises et nous allons retrouver les invités. Il me semble pourtant que la soirée a maintenant un gout d’inachevé… Comme toute cette histoire au fond. |
| | | | (#)Mar 28 Juil 2015 - 11:49 | |
| Retrouver son corps, ses lèvres. Sentir l’excitation, le désir entre nous. C’est plus fort que tout ce que j’ai jamais vécu. Plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de lui sauter dessus. J’ai bien essayé ce soir, mais à chaque fois que je me retrouve seule avec lui, je meurs d’envie de sentir ses mains sur mon corps, la chaleur de sa peau, de ses baisers. Je suis faible face à lui, je plonge, la tête la première, dans un gouffre sans fond. L’adrénaline s’empare de nous, l’envie d’aller plus loin aussi. Tout disparaît, plus rien n’a d’importance, je ne sais même plus où on est, l’heure qu’il est, je sais juste que je ne me sens jamais aussi bien que lorsque ses mains font brûler ma peau. Mais évidemment, c’est sans compter Moïra qui vient tout foutre en l’air. Elle me le paiera. Si j’avais su que c’était elle, je serai restée sur lui, et j’aurai balancé une de mes chaussures en direction de la porte pour qu’elle s’en aille et qu’elle nous laisse tranquilles. Mais non. « Je crois que ton AMI..» Je vois déjà son petit sourire de peste que j’adore, et je ne peux m’empêcher de sourire aussi. « A besoin d’un coup de main pour rattacher sa cravate. » Je tourne les yeux vers Elio et remarque sa cravate. Oops. « Puisque je dérange je ne vais pas faire long mais… Il y a des gens qui te réclament Kyrah. Tu ne devrais pas faire trop long si tu vois ce que je veux dire. » Je plisse les yeux et lui fais signe de sortir de là. Je sais que je la retrouverai tout à l’heure dans la salle, de toute manière. Elle quitte le vestiaire en refermant la porte derrière elle et je soupire un peu avant de me tourner face à Elio. « Tu me donnes un coup de main ? » Je hoche doucement la tête et m’approche de lui, nos corps qu’à quelques minuscules centimètres. Je passe le tissus autour de son cou et commence à la nouer, sous mes doigts fins. « Alors comme ça tu parles de moi à tes amis. » J’esquisse un tout petit sourire mais ne le regarde pas encore, restant concentrée sur sa cravate. Une fois fait, je garde mes mains plaquée sur son corps et redresse mon regard pour le plonger dans le sien. « On y sera pas arrivé. » Je sais très bien de quoi il parle, et la frustration reprend possession de moi. « Faut croire que parfois les choses ne doivent pas se faire. C’est pas plus mal au final, tu auras le luxe de fantasmer tout le reste de ta vie sur ce que ça aurait pu être de concrétiser avec un amant aussi extraordinaire que moi. » Cette fois je lâche un rire amusé. « Ça va les chevilles ? » Je secoue un peu la tête et prends sa cravate entre mes doigts pour laisser glisser ma main jusqu’en bas de celle-ci, mes yeux descendant en même temps, avant de redresser le regard pour croiser le sien. « Je ne sais pas qui est le plus à plaindre dans cette histoire ! » Je lui offre un petit sourire coquin, pour continuer à jouer avec lui. « On y retourne ? » Je hoche la tête en soupirant, avant de prendre une distance avec lui. C’est dur, mais je sens bien que nous n’avons pas le choix.
Nous sortons finalement des vestiaires et je croise les bras, les yeux rivés vers la foule que nous nous apprêtons à rejoindre. Je me sens étrange. Il me manque quelque chose, je me sens vide à l’idée même de ne plus jamais recroiser sa route. Et c’est Erin qui fait irruption devant nous. Elle nous regarde tour à tour. « On va y aller. Ton père a son avion demain matin à l’aube. » Elio se contente de hocher la tête et Erin plante son regard dans le mien. « Je peux te voir une seconde ? » Mon coeur se met à battre plus vite. « Euh… oui. » Elle nous dépasse pour que je la suive, et je lance un regard à Elio, avant de suivre Erin un peu plus loin. Une fois seules, elle me regarde fixement, alors que je fronce un peu les sourcils. « Ça va pas ? » « Vous sortez ensemble c’est ça ? J’ai besoin de savoir Kyrah. » Je secoue la tête vivement. « Mais non ! Pourquoi tout le monde veut nous mettre ensemble. Erin non ! J’te promets ! Il se passe rien du tout entre nous. On a appris à se connaître, un peu, à se supporter, ça n’a pas été facile, mais il arrive toujours pas à me pardonner d’avoir été ta maîtresse. » Elle prend ma main et je retire la mienne d’un geste sec. « Arrête, je veux pas que ton mari nous voit. » « Il part demain. Viens à la maison s’il te plait, j’ai besoin de te voir. Juste nous deux. S’il te plait. » Je soupire un peu et baisse les yeux. « Je… j’en sais rien. C’est pas bien. » « Depuis quand ce qui n’est pas bien t’arrête ? » Elle n’a pas tord. « Ok. Je passerai. » Après tout, je ne reverrai sûrement jamais Elio, il n’en saura rien. Elle vient déposer un baiser sur ma joue et s’en va dans un dernier regard. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter une vie aussi compliquée.
La soirée se termine assez vite, je n’ai pas revu Elio, il est sans doute parti plus vite que je l’imaginais, mais je suis un peu triste de ne pas avoir pu lui faire vraiment au revoir. Je récupère mes affaires et quitte le conservatoire. Une fois dans la rue, je prends mon téléphone pour commander un taxi, quand je sens le parfum d’Elio. Je me retourne d’un seul coup et il est là. Mon coeur s’emballe d’un seul coup, c’est plus fort que moi. Je lui offre un petit sourire. « Je pensais que tu étais parti. » Pourtant non, il est bel et bien là. « Ça y est, c’est fini. » Je soupire un peu alors que nos corps ne sont ni loin ni proches. Dans la retenue. « Je te souhaite beaucoup de belles choses Elio. J’espère qu’un jour je pourrai venir te voir te produire dans une grande salle mythique, en incognito dans la salle. » Je souris un peu et m’avance vers lui pour déposer un baiser sur sa joue, proche de ses lèvres. « Prends soin de toi. » Je m’étonne moi-même à être aussi douce. Le bruit d’un moteur qui s’arrête près de moi me fait quitter des yeux le regard d’Elio. Mon taxi est arrivé. Je le regarde une dernière fois, lui offre un dernier sourire, et entre finalement dans le taxi. Une fois à l’intérieur, je me force à ne pas le regarder, parce que ce serait sûrement trop difficile. Il faut que je me mette dans la tête que tout ça est bel et bien terminé. Chacun retrouve sa vie. Chacun de son côté. |
| | | | | | | | I'll never look into your eyes... again [Kylio] |
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