Qu’est-ce que je ne ferai pas pour mon neveu ? Louer une voiture, c’est fait. Et ensuite me rendre sur un terrain de karting, check. J’étais encore un peu blessée de mon récent passage dans le fossé, donc je ne serai sans doute pas au top de ma forme. Mais Théo voulait absolument qu’on y aille. Une sortie en famille et vu que je l’avais pour deux jours, autant me plier à ses caprices. Je soupirai donc pour le suivre de mauvaise grâce. Je possédai une moto qui pouvait dépasser les 300 km/h. En quoi faire du karting me serait revigorant ? Non mais parce que franchement, ça n’avançait à rien ce truc. Et la dernière fois que j’ai fait du karting, j’étais avec Elwyn et c’était sur une console. Aucune chance d’avoir une carapace bleue ou encore des peaux de bananes. Ou alors les gens seraient définitivement bizarres. Casques sur la tête, nous pénétrâmes sur la piste comme des acteurs de film. Presque au ralenti. Et en parlant de ralenti, il y avait trop de monde. Je crus discerner un géant parmi les enfants. Silhouette familière mais comme je l’ai dit plus haut : les médicaments me font planer et donc je n’étais pas maitresse de mes moyens. Je pris place dans un karting et Théo dans un autre avant de commencer la course. Au final, c’est grisant. Bien sûr, on ne pourrait pas se la jouer dans le jeu-vidéo car il y avait des enfants. Je n’avais aucune envie de me prendre la tête avec une mère de famille qui me prendrait la tête à cause d’une blessure de son pauvre petit chéri. Mais rien à battre, je voulais gagner. Donc, je pris rapidement la tête pour me faire dépasser par le géant. Non mais il se prend pour qui ce naze ? J’ose un coup d’œil et ainsi nous réitérions l’entreprise plusieurs fois avant d’en finir à franchir la ligne d’arrivée. J’étais troisième. Putain de merde. Je me redressai pour aller voir monsieur gigantesque. « Hé, c’est pas très fair play de reléguer les femmes à la troisième place ! » Consciente que ma voix était étouffée par le bruit du casque, je l’enlevai pour le jeter au sol. « Plus aucune galanterie de nos jours. Mais félicitations monsieur le viking. » Tu parles, j’étais réellement de mauvaise foi. Je croisais les bras sur ma poitrine avant de lever les yeux au ciel. Sans me douter une seule seconde du fait que je connaissais le vainqueur. Que trop bien.

Je n’étais pas trop adepte du karting. Bien au contraire, je préférai de loin faire de la vitesse avec ma moto plutôt que cette chose pour gamins. Mais après tout, Théo avait choisi l’activité. Seulement, je jugeai l’entreprise dangereuse et s’il revenait avec la moindre égratinure on me la ferait payer. J’ai dû batailler de longues heures pour l’avoir en cette journée. Mais devant les suppliques du gamin, ok, allons-y. Je lui enfonçai bien le casque sur la tête et la course se déroula sans encombre. Du moins presque sans encombre puisque je passais mon temps à me faire doubler par un mec. Et quel mec. Une fois qu’il eut retiré son casque, je pus laisser mon regard s’attarder sur lui. Il me disait vaguement quelque chose. Je ne saurai dire d’où mais son timbre de voix était extrêmement familier. Ainsi que ses yeux bleus. Alors que je fouillai ma mémoire, je notai également une allure baraquée. Théo vint nous rejoindre enthousiaste avant de se poster à mes côtés. « Dans la compétition, il n'y a pas de place pour les sentiments » J’eus un petit rire. « Oh mais quelle remarque de macho alors. Excusez-moi mais on se connait nan ? Votre tête me dit un truc ? » Et je ne saurai dire d’où. Pourtant je suis quelqu’un de physionomiste et si j’avais un canon pareil dans mon entourage… En couple, Nea. Tu es en couple avec Elwyn. Mon cerveau essayait de se focaliser sur les fesses sublimes de mon petit-ami alors que l’homme reprit la parole. Pas de doutes, je connaissais vraiment cette fois. « Encore plus macho. Eh bien, Thor si vous voulez pas vous faire botter les fesses, vous avez intérêt à retirer ça. » Je lui tendis la main, un large sourire en coin. « Je m’appelle Nea et voici mon neveu Théo. Cherchez pas, il est pas très causant. » Moi non plus d’ordinaire mais sa réaction m’amusait. Ainsi que le cliché qu’il incarnait. Donc, je me demandai comment il arriverait à se défendre. Et surtout si son nom apporterait une quelconque réminiscence dans mon esprit, embrumé.

On ne se mentira pas mais je suis accro à l’adrénaline. J’ai toujours eu cette tendance à ne trainer qu’avec les mecs, faire les 400 coups comme monter aux arbres, faire du saut à l’élastique avant d’avoir une vie rangée. Et qu’est-ce que je me suis faite chier. Dans un mariage sans amour, avec un homme qui m’excitait autant qu’un berlingot. Ou qu’un bulot. Je ne dirai pas que cela fut une bénédiction de le trouver avec une autre femme mais au moins j’ai pu en finir avec cette mascarade. Bien amochée quand même. Puisque j’ai refusé de faire confiance à un homme pendant les deux années suivantes. Jusqu’à Elwyn. Elwyn fut une véritable exception car nous étions aussi frappés l’un que l’autre. Lui avec ses expériences les plus foireuses et moi avec mon tempérament de casse-cou à finir sans cesse à l’hôpital. Pour l’instant, je n’avais rien de cassé et il fallait que je touche vraiment de la peau de singe. Parce que c’était rare de me trouver en un seul morceau. Une fois la course perdue, je ne pus m’empêcher d’aller faire une remarque au géant qui se trouvait en face de moi. Et qui me disait quelque chose. « C'est pas une question d'être macho. La compétition, c'est la compétition » Je plissai les yeux avant de secouer la tête de dépit. « Je continuerai de vous appeler macho man dans ma tête. » Après tout, ça sonnait plutôt bien. Je lui fis cependant un sourire parce que ce n’est pas mon genre de faire la dramaqueen. Je laissais  ça à mon mec. « C'est assez nul ça comme technique de drague » Je pris une moue faussement choquée avant d’éclater de rire. « Bah écoute Thor si j’avais pas été en couple, je t’aurai dragué. Mais je suis comme Lassie, je suis fidèle. » Un vrai cabot en ce qui concernait mon couple. Alors, j’en vins à me présenter naturellement avec un sourire enjoué et Théo à mes côtés qui demeurait silencieux comme à son habitude. « Vous voulez une revanche ? » J’eus un haussement d’épaules. « pourquoi pas ? » Après tout, ça risquait d’être drôle. Mais je continuai de me dire que sa tronche me disait quelque chose. « Enchanté, je m'appelle Jax. Vous voulez vous joindre à nous pour boire un coup ? » Jax. Jax. Jax ?! « Oh putain t’es Jax Collins. Je suis nea Dangar. Tu sais on trainait ensembles avant. J’étais celle qui grimpait aux arbres. Et bah voilà, je me disais bien que tu me rappelais quelqu’un. Macho man. » j’eus un fou rire avant de me tourner vers Théo. « Allons-y pour le verre. Alors tu deviens quoi depuis le temps ? » Quel plaisir de retrouver de vieux amis.

« Si cela reste dans votre tête, alors je vous en prie. » Je lui fais un sourire entendu avant de hocher la tête, quitte à lui faire un petit clin d’œil. Car après tout, je restai joueuse dans le genre et en plus, ce n’était ni plus ni moins qu’une simple boutade. Bien que quelques centimètres me séparaient de l’homme, je pouvais jauger à son regard azuré qu’il ne me semblait pas le moins du monde être un macho. Bien au contraire. « Ca tombe bien, vous êtes pas du tout mon genre. » Je portais la main à mon cœur, faussement théâtrale alors que mon cœur, mon sourire ne quittant mes lippes. « Je vais me vexer. » Là était le souci, j’ai toujours eu pleinement conscience de ma beauté. Tout comme lui avait connaissance de la sienne. Mais mon couple était encore neuf et je voulais nous laisser une chance. Je ne pris donc pas la peine de rentrer dans un jeu de séduction avec Macho Man. « Une revanche avec un petit pari à la clé ? Autant rendre les choses encore plus drôles. » Je passais une main dans mes cheveux avant d’éclater de rire. « Ok, quoi comme pari ? » Et là, il se présenta. Aussitôt, les pièces s’imbriquèrent dans mon esprit. Jax. Je le revoyais enfant avec moi à ses côtés en train de faire mille et une conneries. Allons donc savoir s’il se souvenait de moi, je n’étais pas aussi inoubliable qu’aujourd’hui. Enfant, j’ai toujours eu un caractère assez docile, à faire très peu de bêtises comparées à mes deux sœurs. « Nea ? Bordel, ça fait quoi plus de vingt cinq ans non ? On était pas plus haut que trois pommes. » Je hochai la tête avant de laisser échapper un vrai éclat de rire. « Et regarde-toi, t’es devenu… immense ?! » A en jauger, il faisait presque deux mètres. Et pourtant, j’étais grande pour une femme avec mon presque un mètre quatre-vingts. « Tu étais plutôt celle qui tentait de me suivre dans les airs. » Je le poussais un peu, avec un air taquin. « Oh ça va hein. Je me suis cassée le bras une fois, tu comptes me le rappeler pendant les vingt cinq prochaines années ? » Et il est vrai que ma mère avait piqué une sacrée crise. Un bras de cassé et du coup, une scolarisation dans le milieu catholique. J’avais regretté de perdre mon ami. Lui qui était toujours partant pour faire des cascades toutes plus élaborées les unes que les autres. « J'ai réussi en tant que cascadeur. Comme quoi cela a servit les années à escalader tout ce que je pouvais. Contrairement à ce que disait Madame Banes, je n'en suis pas mort. Je tourne actuellement une série médiévale sur Brisbane. Et j'ai un fils. Et toi alors ? » Je me tournai pour voir à qui il faisait signe avant de voir une bande de mecs. Pour changer. « Oh sérieux ? Il a quel âge ? » Je ne l’aurai jamais imaginé avec un petit. Bien au contraire puisque j’étais supposée en avoir un en premier. « Divorcée, ex-avocate reconvertie en fleuriste et marraine de ce bonhomme. » J’amenai mon neveu qui fixait Jax sans broncher. Ce gamin n’a jamais été d’un naturel bavard. « C’est le fils de Nell. Tu te rappelles, ma sœur ainée ? Elle est… elle est plus là depuis deux ans. » Je détournai un peu le regard pour prendre une profonde inspiration. « Donc, je traine avec une superstar ? Je dois faire quoi pour que tu m’emmènes sur ton lieu de tournage ? » Je lui fais la moue avant de pencher la tête sur le côté, un vrai regard de cocker sur le visage.

J’ai toujours eu un naturel joueur. Les paris, les jeux vidéos, mon tempérament de bonhomme. C’était pour ça que j’avais proposé du karting à Théo et que nous étions ici. Certes, je pouvais m’avérer être coquette, mais malheureusement mon caractère de Dracaufeu ressortait souvent à la lumière du jour. Enfin c’était ce que mon neveu disait. « C'est surtout les femmes en couple qui ne sont pas mon style. » J’arquai un sourcil avant de lui faire mon sourire le plus éblouissant. « Donc si j’avais été célibataire j’aurai été ton style, je note. » je lui adressai mon regard de biche en réponse à son clin d’œil. J’étais certes engagée mais j’aimais toujours séduire. C’était plus fort que moi d’entrer dans ce jeu de séduction. Si j’étais un animal, j’aurai sans doute été une renarde. Comme celle de Rox & Rouky. Encore une fois merci au garçon qui m’accompagnait pour la culture disney et les références toute la journée. « Le perdant paye le repas » Je le fixe avec un air amusé avant de lever le nez. « Prépare toi à sortir ta carte bancaire. » Ce fut à mon tour de lui adresser un clin d’œil avant de croiser les bras sur ma poitrine.

Et quelle ne fut ma surprise de voir que je connaissais l’homme en question. Merde quoi Jax. Mon ancien meilleur ami. J’en avais versé des larmes quand nous nous étions perdus de vue. Il fut le premier à avoir su dompter la bête. Comme quoi il fallait laisser vingt ans s’écouler pour mieux se retrouver au final. « Et toi, tu es devenue …. » Je reste silencieuse ahane de secouer la tête. « Non en fait, tu es toujours autant un garçon manqué ! » Je baissais ma tête avant de lui servir mon plus beau regard de chien battu avant de rejeter ma lourde chevelure capillaire en arrière. « T’as jamais su reconnaître la beauté quand tu l’avais en face de toi. » Après tout, je pourrais lui faire un compliment. Je permets donc à mon regard de s’attarder sur le corps de mon ami d’enfance. « Je suis certaine que la tablette de chocolat doit être aussi belle que l’emballage. Dommage qu’elle soit aussi bête. » J’appuyais mes dires d’un sourire éblouissant de nouveau avant de froncer un peu le nez. Je m’approche donc de lui, posant ma main sur son bras avant de fixer les photos de son fils. « Il est mignon comme tout. » Et sur le coup, je le jalousais car mon envie d’être mère se faisait plus pressante depuis quelques mois. « Mon copain en veut pas alors que moi... Bref je te raconterai quand tu auras perdu la course. » Je ne voulais pas épiloguer alors que nous étions plantés au milieu de passants. « Et tu verras que dans une robe sublime je ne serai PLS autant garçon manqué. » Bien sûr que non. Je savais mettre en avant mes atouts.

« T'as complètement changé de voie. Comment ça se fait ? » Je pris une profonde inspiration avant de réfléchir. « Il m’a trompé avec la secrétaire de notre cabinet. Donc ça m’a dégoûté du métier. Et puis j’aime bien ma boutique de fleurs. Tu devrais passer si t’as une madame à combler. » J’avais bien plus de clientèle masculine que féminine. Il ne ferait pas trop exception. J’acquiesçai à ses excuses. Ne désirant pas donner de mes sentiments en public. C’était souvent le soir lorsque je me retrouvais seule que je repensais à ce qui n’allait pas dans ma vie. Une bonne vie de la loose. « Tu as juste à avouer que j'ai toujours été et que je suis toujours meilleur que toi » J’eus un éclat de rire avant de lisser mes cheveux. « Tu peux rêver. Tu sais quoi ? On a qu’à se retrouver à la piscine et si tu me bats, je dirai que t’es le meilleur. » Je le fixai avec un sourire. Il allait avoir du mal mais j’étais certaine qu’il serait d’aplomb. Théo s’approcha de moi décollant son nez de son téléphone. « Bon on y va ? Je dois aller voir quelqu’un. » Pour une fois qu’il l’ouvrait. C’était pour m’inciter à me barrer.
Sale gamin.