| i must not tell lies (willer #28) |
| | (#)Mar 6 Oct 2020 - 22:18 | |
| « Il est à quelle heure, ton couvre-feu? » que je pouffe, hilare à son oreille, alors qu’il tente de multiplier les sorts et autres murmures magiques dédiés à la foutue serrure de la foutue porte toute en haut dans la foutue tour là où y’a des foutus oiseaux de merde qui arrêtent pas de nous menacer de nous arracher les yeux, les cheveux, les doigts, la peau et autres synonymes à tout bout de champ.
Je hais les Ravenclaw.
Je hais leur air prétentieux et leurs nez bien trop remontés, je hais leurs mains éternellement levées en classe eux qui prennent toujours les premières rangées et eux qui en sont au stade où ils croient tellement savoir tout sur tout, tout le temps que je me demande s’ils savent à quel point je les buterais tous en l’instant. Et surtout, surtout, je hais qu’ils soient ceux avec le plus de points jusqu’à maintenant. L’année entamée qu’ils ont agressée comme des cochons rageurs, bien prêts à finir avec une mention d’honneur au tableau des scores que je me ferai un plaisir de brûler à la seconde où la cérémonie de fin des classes sera terminée s’ils en sortent vainqueurs. Bande d’imbus qui mériteraient d’être ramenés sur Terre un peu, eux les cerveaux de l’opération qu’ils croient être. Quand pour le moment c’est clairement Saül et moi qui menons la danse.
Bon, la mener est relatif, alors qu’il met un temps bien trop long à mon sens pour finir par même pas disloquer la serrure, qu’il tente une incantation et une autre. Je jette des regards par-dessus mon épaule, maudissant une fois de plus leur incapacité à avoir des couloirs larges et droits qui permettraient de voir si y’a des connards de bleu et argent qui viennent ou pas. Et lui donc, il fout quoi? Parce qu’il me semble être en tête à tête avec la poignée là, elle aussi dorée qu’ancienne. Saül qui ne réagit pas la moindre fois à mon pied qui bat la mesure au sol, ou à ma baguette que j’enfonce de plus en plus fort contre l’arrière de sa nuque en attendant qu’il grogne - ou qu’il se presse, c’est selon. Il prend son temps Saül, il m'emmerde et il m’énerve et moi tout ce que je veux c’est avoir accès à leur bibliothèque de merdeux qu’ils méritent même pas d’avoir eux avec leurs cravates trop propres et leurs parents moldus et je les hais et et et et -
- et la porte s’ouvre au même moment où un immense sourire s’affiche sur mon visage. Il me fait rager le 4e année, mais il est bien meilleur que les autres quand il s’agit de crocheter avec quelques petites étincelles magiques de plus n’importe quelle porte interdite. |
| | | | (#)Dim 3 Jan 2021 - 1:43 | |
| « Il est à quelle heure, ton couvre-feu? » « Au pire, on dit que tu va te faire voir. »
Il est concentré à la tâche, Saül. Le verrou refuse de céder. Elle manque de patience, Ariane. Saül, voûté sur la serrure, se mord le bout de la langue entre deux murmures. Les bleus - littéralement - semblent trop occupés pour les voir. Les deux quatrième année ont, depuis un moment, su mettre à profit les heures qu’ils ne passent pas en classe. Elle est meilleure, la bibliothèque des bleus, de toute façon. Ils ont des livres qui appartiennent par nature à celle des serpents. Elle pique, Ariane, le bois de sa baguette dans la nuque de Saül. « Tu me déconcentres. » Tout le temps, mais elle n’a pas besoin de le savoir. C’est mauvais pour ses chevilles.
Lorsque le loquet cède, Saül sourit enfin. Ils sont utiles, au final, les cours de Sortilèges en quatrième année. C’est mieux que l’histoire de la magie, en tout cas, cours durant lequel Saül finit systématiquement par s’endormir. Tant pis pour les examens. « Allez bouge, tu vas nous faire repérer avec tes cheveux rouges là. » Ses cheveux de Gryffindor, comme Saül adore les appeler juste pour l’emmerder un peu.
Les couloirs sont calmes. Les heures de retour au dortoir sont encore loin, mais le concierge veille au grain. D’ici quelques minutes, quelqu’un finira par s’apercevoir que Parker et Williams sont encore en dehors des endroits où ils devraient se trouver. « On pique le livre sur les créatures du lac. Ce débile de Perks a laissé toutes ses notes dedans. » Et pour rattraper les heures passées à rendre la vie des élèves absolument terrible, quoi de mieux que de voler le travail des autres ? Et si cela peut, en plus, retirer quelques points à ces saletés d’oiseaux, Saül est volontaire. Pour l’instant, ces derniers sont premiers dans la course. La reprise de la saison de Quidditch changera tout, Saül en est certain.
Le couloir suivant est en colimaçon. La dernière barrière, c’est la porte de la salle commune, qui ne sera pas facile à tromper. Contrairement aux serpents, les aigles ont choisi de se la jouer élitistes avec leurs énigmes bidons. Dommage que la porte soit contrainte de s’ouvrir quand bien même les serpents sont loin, bien loin de chez eux. Devant la porte de la salle commune, Saül toussote. « Qu’est-ce qui a des racines que personne ne voit, qui est plus grand que les arbres, qui monte, qui monte, et pourtant ne pousse jamais ? » « C’est toi le cerveau inventif, ici. Essaie, puisque t’es si intelligente. » Il la pousse devant, Saül, quand il n’a aucune idée de la réponse. Elle saura. Elle doit savoir. Parce que s’ils sont attrapés ici, ils peuvent dire adieu à tous les points qu’ils espéraient arracher aux Ravenclaw et à bien plus encore. A force d’y faire des excursions forcées, Ariane et Saül vont finir par connaître la Forêt Interdite sur le bout des doigts. |
| | | | (#)Mar 5 Jan 2021 - 2:31 | |
| Y’a rien d’effrayant à crocheter une serrure quand on connaît le sort à faire par cœur. Y’a rien de stressant à avoir pris possession des couloirs de Poudlard en pleine nuit et surtout après le couvre-feu imposé quand on l’a déjà fait des dizaines de fois. Pourtant je sais que plus j’appuie sur sa nuque de ma baguette, que plus je joue les gamines immatures et ingrates, plus il rendra la scène angoissante pour lui-même. Moi, je m’amuse, moi je vis ma meilleure vie. C’est toujours le cas quand on fait notre propre loi tous les deux, on a l’habitude à force. Qu’il soit l’impatient, que je sois l’insensée.
« Tu me déconcentres. » « T’as changé de parfum. » « Allez bouge, tu vas nous faire repérer avec tes cheveux rouges là. » « C’est pour elle? Elle trouvait que tu puais trop les catacombes poussiéreux? »
Elle sur laquelle je pèse avec tout le dédain exagéré dont je peux faire preuve. Il sait que je l’aime pas, il sait que je la déteste bien plus que je déteste qui que ce soit me pique effrontément ma place en cours de potions. C’est une surprise pour personne, sauf peut-être pour elle, à qui j’offre toujours le plus grand et le plus hypocrite des sourires dès l’instant où elle entre dans la pièce et se faufile à ses côtés à lui. Mon jeu préféré, c’est lui faire croire qu’on est d’excellentes amies, qu’elle peut me dire tous ses secrets et que jamais, au grand jamais, je ne bafouerai le lien girlpower qu’on est en train de se créer. Au contraire, y’a personne chez les Slytherin qui ne connaît pas ses nombreuses confessions. Oups, que voulez-vous, j’ai du mal à garder les secrets, finalement.
Tous les secrets des autres, mais pas les nôtres. Eux, ils règnent en roi quand enfin le loquet cède et que Saül ouvre la marche. « On pique le livre sur les créatures du lac. Ce débile de Perks a laissé toutes ses notes dedans. » personne sait qu’on est là, personne sait non plus qu’on s’est nous-même donné cette mission malveillante entre deux verres de jus de citrouille au brunch du matin. « J’ai amené ça pour faire l’échange ; il comprendra rien faut vraiment trouver un retourneur de temps pour rejouer la scène des dizaines de fois. » ça qui en fait est le livre le plus niais possible trouvé à la bibliothèque commune de l’école. C’est l’autobiographie de Laverne de Montmorency que je montre à Saül, avec notée bien gros bien rouge dans la marge la recette exacte pour concocter un philtre d’amour, recette qu’on vient tout juste de partager au club de potions. Pauvre petit gamin qui risque d’être la risée de ses nerds de copains - oups, encore.
« Qu’est-ce qui a des racines que personne ne voit, qui est plus grand que les arbres, qui monte, qui monte, et pourtant ne pousse jamais ? » « C’est toi le cerveau inventif, ici. Essaie, puisque t’es si intelligente. » « La montagne. Prends des notes. »
L’énigme à laquelle je réponds d’un soupir presque exaspéré, bien plus pour râler tout court que parce que Saül m’a relégué la tâche d’être à la tête de notre groupe restreint constitué seulement de lui, de moi. J’adore avoir la réponse, j’adore être celle qui sait tout. J’adore être le cerveau de l’opération et j’adore encore plus le couloir dans lequel on finit enfin par se faufiler, dernier droit avant d’atteindre leur bibliothèque. « La vue est nulle, on voit même pas au-delà de l’entrée de la forêt d’ici. » nos pas avancent comme si l’endroit nous était dû, comme si on avait vraiment notre place là où chaque pierre hurle que c’est interdit. Quand on a rien, on peut agir comme si tout nous appartenait. « Saül faut que je te demande un truc c’est urgent, Saül s'te-plaît écoute au lieu de faire le con. » de faire le guet, plutôt. Il est dans l’embrasure de la porte alors que j’ai fini par entrer dans l’immense salle aux échelles qui montent jusqu’au ciel ou presque. Là où les étagères sont remplies de toute une panoplie de livres que je n’ai jamais lus et qu’à l’instant, j’ai véritablement envie de lire. Ici, sur place, poussant l’affront un peu plus. « Trouvé. » ma voix se teinte d’une intonation victorieuse à la seconde où je mets la main sur notre Graal du jour, et sur pléthores d’autres bouquins qui filent dans mon sac d'écolière tatoué d’écussons verts et argentés. J’ai pas oublié ce que je voulais lui demander ; mais c’est bien plus facile d’agir comme tel que d’anticiper la réponse. |
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