| i'll be with you when the stars start falling (lilymatt #21) |
| | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 19:10 | |
| L’air est plus frais à la montagne. Ce n’est pas son environnement, ce n’est pas celui de Matt non plus et pourtant elle a l’impression qu’ils respirent tous les deux un peu mieux, au milieu des arbres dont elle ne se souvient plus du nom. Ils sont grands et verts, tout aussi nombreux que les plantes en tout genre, et c’est sur quoi elle se concentre, sa tête posée contre la vitre de la voiture. Ils ont réservé un chalet en catastrophe pour le week end, eux qui ont gardé ce don d’avoir des envies au dernier moment et de les réaliser aussi. Cette fois-ci, bien plus qu’une envie, c’était surtout un besoin. Ils ont plus que jamais besoin de ce week end entre amis, étiquette qu’ils n’ont jamais connue mais qu’ils se sont redonnés le temps qu’il faudra. Ils n’ont jamais pris le temps de rien, pas même se marier, et aujourd’hui est enfin le bon moment pour remettre de l’ordre dans leur vie. “Est ce que ça ressemble un peu au temps de Londres ?” Qu’elle interroge innocemment, Londres étant un des milliers de sujets dont ils n’ont jamais réellement parlé non plus. En tout cas, Lily n’a jamais été habitué à monter en altitude ou à trouver la chaleur capturée par la pointe des arbres et l’humidité renvoyée, elle se contente donc de garder ses mains posées sur ses bras pour les réchauffer.
La nuit est déjà tombée, la journée est passée mais eux n’arrivent qu’à peine. Ils avaient besoin de partir le plus tôt possible, quitte à ne pouvoir faire aucune activité leur première journée si ce n’est se couvrir de mille couvertures et faire un feu de cheminée. “J’ai pris des chamallows et de quoi faire des mug cakes.” Il avait dit qu’il prenait les fleurs, le vin et le chocolat. Il n’y aura pas de dîner aux chandelles pour tenter de recoller des morceaux éparpillés partout dans le monde mais au moins ils pourront faire un remake des années scouts, sans la tente humide et le duvet qui réchauffe autant qu’il gèle. Il y avait un grand balcon, sur l’annonce. Il y avait des canapés en extérieur, il y avait des couvertures pour une armée. Il y avait la promesse d’un séjour lui du reste du monde dans un endroit où rien n’empêche la contemplation des étoiles et c’est tout ce dont ils ont besoin, elle en est persuadée.
Sa main cherche la sienne quand ils entrent dans le chalet, elle s’y accroche quand il en ouvre la porte et surtout elle ne le lâche toujours pas quand tout est encore plus cool que sur les photos. Aussi cool qu’éloigné de leur quotidien. “Et j’ai pris de l’Aspirine aussi mais c’est moins cool à dire, quand même.” Autant de vin qu’il y aura et autant qu’elle compte en boire, certaine que cela finira par régler leurs problèmes d’une façon ou d’une autre. Pour le moment encore, ses yeux brillent comme ils avaient brillé à Cuba puisqu’il ne sert à rien de traverser la moitié du globe pour la rendre heureuse, surtout pas alors qu’elle a déjà compris qu’elle l’est rien qu’en restant auprès de lui. “On peut pas faire de surf mais l’annonce parlait d’une rivière non loin.” Cela sonne comme une concession qu’elle porte à sa connaissance en même temps qu’elle redresse le bleu de ses yeux en leur direction. Ils n’ont pas surfé ensemble depuis ce soir là, de toute façon. |
| | | | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 20:40 | |
| “Est ce que ça ressemble un peu au temps de Londres ?” « Il pleut pas tant que ça, c’est un mythe. »
J’ai passé ma vie à défendre Londres, mes sœurs ont passé la leur à l’haïr. C’est relatif, quand on s’accroche aux détails comme la météo, quand on ne parle pas de ce qui se passait, pendant ces journées pluvieuses et froides là. Ginny qui s’enfermait dans sa chambre sans qu’on ne la voit une seule fois, Jill qui avait des crises bien plus pires encore sans que je puisse y faire quoi que ce soit. La météo, c’est un sujet qui est doux, c’est un sujet que je peux gérer. La suite, ce serait de lui parler de mes cafés préférés, les quartiers avec. De lui dresser la liste de tous les restos qui ont l’air crades de dehors mais qui sont incroyables à l’intérieur. Du cidre par litres, celui-là même que j’ai envie de créer dans les barils du DBD depuis quelques jours déjà. L’hiver ici me donne ces envies-là.
L’hiver aussi, nous a donné envie de battre en retraite. Le nôtre d’hiver, c’était une métaphore que je faisais ici, au cas où vous en doutiez. On va pas bien, mais on va mieux. On n’est pas redevenu Lily et Matt, ceux à la télé, ceux qui reçoivent encore des tas de messages privés et autant de commentaires sur Instagram disant à quel point on est un #relationshipgoal. S’ils savaient. Pour le moment, moi, ce que je sais, c’est que je voudrais pas être ailleurs. Malgré toute la merde et tout le bordel qui s’est passé durant les dernières semaines, quand je gare la voiture dans l’allée bordée d’arbres menant vers le chalet reclu au beau milieu d’un forêt entre Darwin et Brisbane, forêt et montagne avec bien trop de W et de O dans le nom pour que je le retienne. “J’ai pris des chamallows et de quoi faire des mug cakes.” « Si y’a pas de caramel je fais une crise. » gamin des rues ou genre de, quand personne me prend au sérieux et qu’au passage j’attrape ses bagages, son sac à dos que je passe sur mon épaule et le mien avec. “Et j’ai pris de l’Aspirine aussi mais c’est moins cool à dire, quand même.” on a plus de bouffe et de vin que de fringues, je suis persuadé que le week-end passera avec les mêmes hoodies et joggings enfilés sans qu’on prenne le moindrement la peine de se changer. Ils sont loin, les journées où on portait les mêmes vêtements sans savoir ils appartenaient à qui de base. Elles me manquent ces journées-là ; elle aussi. “On peut pas faire de surf mais l’annonce parlait d’une rivière non loin.”
Lily se fait guide touristique alors que je prends le pouls des lieux, laisse mon regard dériver du salon vers la cuisine, l’endroit le plus important à nous connaître autant elle que moi. « J’ai vu un truc sur Instagram, ça te montre comment faire ton propre bâton de randonnée à partir d’une branche. » j’ai aussi regardé des tas de vidéos sur Youtube de gens qui font des acrobaties et autres pirouettes en faisant de l'escalade, mais de baser la conversation sur différents moyens de me casser le cou ne me semble pas être le genre de real talk que des amis ont autour d’un feu. Si? Sûrement. Des amis, quel mot relatif. Mes pas dérivent au petit foyer, maintenant que je sacrifie différents futurs bâtons de randonnée en bûche pour réchauffer un peu la place. « Ils mentaient pas quand ils disaient pas de réseau. » mon portable sert à rien, laissé lâche sur la table en plein milieu de la grande pièce ouverte. Il est fermé depuis qu’on a quitté Brisbane de toute façon. « Y’a la télé. » le feu commence doucement à crépiter dans la cheminée, la télécommande que je prends pour allumer l’espèce de cathodique qui grince bien trop fort pour que ce soit bon signe et qui, après avoir changé de chaînes quelques fois sur des postes qu’on capte à moitié, revient sur un écran enneigé. « Kinda. »
On est perdus au beau milieu de la forêt, avec rien de rien à faire. C’était le plan, c’était ce qu’on voulait et j’y tiens, j’y tiens vraiment. Alors j’invente un jeu pour passer le temps. « Lily, regarde ça. » derrière un des tableaux qui ornent le salon, se cachent des écritures que les derniers locataires ont probablement posées là avant nous. C’était un jeu qui était fun ça, de faire la même dans les hôtels, de voir si les gens laissaient des traces, des cadeaux, des conneries, des blagues, des insultes. Des énigmes. Dans les hôtels.
Il est pas si inventé que ça le jeu finalement, celui-là même qu’on avait entamé notre première soirée à Cuba. Oh. |
| | | | (#)Ven 16 Oct 2020 - 16:34 | |
| C’est stupide que de se sentir soulagée après avoir entendu une réponse qui semble pourtant aussi anodine qu’elle est enfantine. « Si y’a pas de caramel je fais une crise. » Pourtant ce sont justement justement des yeux d’enfants qu’elle pose sur lui alors qu’il ramène tous les bagages sur ses épaules (rien ne sert qu’elle s’y oppose, il a besoin de se sentir utile), un sourire ému sur les lèvres, le tout enrobé de tout l’amour qu’elle n’a jamais cessé de lui porter. Il parle simplement de caramel et elle a l’impression de retomber amoureuse de lui, quand bien même elle n’a jamais douté de ses sentiments. Bien sûr qu’elle a aussi acheté du caramel.
Elle relâche sa main quand vient le moment de déposer toutes leurs affaires un peu partout dans la maison - mais surtout dans la cuisine, ne nous mettons pas. « J’ai vu un truc sur Instagram, ça te montre comment faire ton propre bâton de randonnée à partir d’une branche. » “Et est ce que quand on en a marre il peut aussi servir à faire une bataille ?” Son historique à elle se résume à des vidéos de pseudo psychologues et autres professionnels à base de “comment sauver son couple”. Autant dire que les bâtons de randonnées étaient bien le cadet de ses soucis et que jamais ô grand jamais elle n’assumerait dévoiler cedit historique. Une fois les portes de la chambre chez ses parents fermée, elle n’était plus que l’ombre d’elle même, un stéréotype d’adolescente vivant sa première rupture amoureuse et dans beaucoup d’aspects, c’était bel et bien le cas. L’histoire n’a pas à préciser que tout était de sa faute et seulement de la sienne, ceci dit. Ce n’est en tout cas pas Lily qui appuiera ce point là. « Ils mentaient pas quand ils disaient pas de réseau. » Elle vérifie à son tour son téléphone par simple habitude et le laisse finalement glisser sur la table, près du sien. Ce week end est dédié à leur couple et seulement à leur couple. Le monde peut brûler et la Terre s’arrêter de tourner que cela restera le cadet de ses soucis. Ce qui pourrait le plus l’inquiéter serait un problème lié aux chats mais pour deux jours, elle sait qu’ils pourront très bien se débrouiller. Pour deux jours, il ne s’agit plus qu’eux d’eux.
« Y’a la télé. » “Oh est ce que tu peux mettre cette émission tu sais sur la cuisine et -” « Kinda. » “Je vois.” Son rire est franc et enfantin. Après l’absence de réseau, elle aurait dû savoir que la télévision n’était pas envisageable non plus. Ils feront un concours de la branche qui brûle la plus vite dans la cheminée, ils y feront directement brûler de la nourriture en tout genre et ils s’amuseront d’un rien, comme toujours, parce qu’ils savent faire ça bien mieux que beaucoup d’autres choses.
Comme des enfants, pourtant, leur attention se porte déjà ailleurs. « Lily, regarde ça. » Le téléphone est oublié, le stock de vin et de nourriture pour dix ans l’est tout autant - sauf la bouteille qu’elle ramène déjà entre ses mains, le tire-bouchon à porté. Il n’y a pas le climat de Cuba mais toute la bonne volonté y est et l’alcool avec. Elle s’asseoit à même le sol et pose la bouteille entre ses cuisses le temps de l’ouvrir, une seconde avant de débuter la chasse au trésor en compagnie de Matt. Ses yeux scrutent l’arrière du tableau alors qu’il s’occupe du mur, elle époussière le tout comme le fait si bien Indiana Jones dans tous ses films. “Je crois que c’est un A, là. Comme Alvaro. Ou Maria. Ou Lola. Ou … Okay ils sont pas obligés d’avoir une consonance espagnole, Anna c’est cool aussi.” Ses enquêtes sont biaisées par ses souvenir et par le résultat qu’elle a envie de trouver, personne ne peut nier ça. Pourtant, c’est promis, c’est juré, elle fait de son mieux pour être douée, elle rattache ses cheveux en un chignon désordonné et elle prend même une gorgée de vin pour se donner de la force avant de passer la bouteille à son mari. “Le mur est plein ? Quoi queee vu le prix de la caution, je suis pas certaine de vouloir avoir la réponse.” Un rire de plus s’élève et plein ou pas, c’est bien le cadet de ses soucis : s’ils font un trou alors ils n’auront qu’à reposer le tableau par dessus pour faire oublier ce léger incident technique.
Sans attendre la réponse de sa part, Lily prend possession des lieux comme si elle avait toujours vécu ici, la brune faisant toujours preuve d’une capacité d’adaptation impressionnante. Elle ramasse les couvertures sur le canapé du bout des doigts, rajoute une bûche sur le feu et laisse la cape réchauffante glisser d’abord sur ses épaules à lui, sur les siennes ensuite. Il n’a jamais froid, bien sûr, et elle n’a pas besoin qu’il lui dise quoi que ce soit pour prendre les devants non plus. “La chambre est à l’étage, il va faire mille millions de degrés et tu vas détester.” Qu’elle ajoute déjà, l’enfant amusée qui n’a pas même émis la possibilité qu’ils fassent chambre à part - et que donc le canapé soit transformé en lit le temps d’un week end. “Mais on y voit le lever de soleil et comme ça on pourra partir en randonnée le plus tôt possible.” Elle ne pourra pas lui reprocher qu’il ne dort pas assez puisque c’est une habitude qui est aussi devenue sienne, récemment. |
| | | | (#)Jeu 22 Oct 2020 - 17:11 | |
| “Oh est ce que tu peux mettre cette émission tu sais sur la cuisine et -” je voudrais, je voudrais vraiment. “Je vois.” mais entre la chaîne embrouillée et l'autre qui a le volume quinze fois plus haut que toutes les autres pour une raison que j'ignore et qu'à même de fixer l'écran j'arrive pas à m'expliquer c'est foutu pour le week-end à binger comment faire des flambés. « Mais c'est comme si on était au Canada là. » alors je prends le relais, j'essaie fort de voir le bon côté des choses parce que oui, je jure qu'il y a moyen de le faire là. On a dit du début et on a dit les détails et c'est bon, je jure que ça ira. « Si tu plisses assez bien les yeux tu vas voir des ours et des caribous. » je montre la marche à suivre, mon visage qui se contracte dans la pire des grimaces qu'elle aurait pu trouver aussi drôle que ridicule qu'effrayante si un coup de vent passe et que je reste figé comme ça pour une éternité. Je l'aurai cherché. « Promis. » la promesse est dite avec un grand sourire, et l'air que j'arbore toujours à tenter de faire le con donne une bonne idée de ce à quoi elle ressemblera, ma tête, quand j'aurai soixante ans de plus. C'est idiot d'espérer qu'elle soit là pour le voir et pour comparer les deux versions? Oui, c'est con Matt. Un jour après l'autre. C'est d'aller trop vite qui nous a gâchés la dernière fois.
Le jeu des toiles et des cadres et des photos creepy et des cadeaux laissés derrière me semble être un excellent compromis pour l'heure. “Je crois que c’est un A, là. Comme Alvaro. Ou Maria. Ou Lola. Ou … Okay ils sont pas obligés d’avoir une consonance espagnole, Anna c’est cool aussi.” elle dérive et elle divague dans le chalet Lily, elle tergiverse et pendant ce temps-là j'évalue la situation bouffe/vin qui tend vers l'hydratation bien plus que vers l'alimentation variée et saine. On doit pas pouvoir se faire livrer de la pizza ou du chinois au fin fond de la forêt non? « Peut-être que c'est genre la première partie d'une énigme aussi et qu'on vient de perdre un temps fou à chercher des prénoms en A à consonance espagnole mais pas trop et que finalement on est à côté de la plaque à fond. » on serait soit des génies dans un quizz du genre, soit on serait à chier. Y'a pas d'entre-deux avec nous, et ce serait obsolète de dire qu'on l'a appris à la dure. “Le mur est plein ? Quoi queee vu le prix de la caution, je suis pas certaine de vouloir avoir la réponse.” « Penses-tu qu'on est dans un escape game? La porte est verouillée ou pas? Je l'ai pas fermée à clé moi, en tout cas. » ma voix prend dans les aigus, c'est presque de la panique de gamin qu'elle pourra lire maintenant, faussement tatouée sur mes traits.
Ce qui se tatoue sur son visage et ses joues à elle, ce sont les flammes du feu qu'elle arrive à allumer comme si elle avait passé bien plus d'heures que moi à regarder des vidéos de survivalisme. Comme si passer la fin de semaine perdus en nature était exclusivement synonyme de devoir survivre en chassant et en cueillant à la belle étoile. Avoir été élevé par des parents bourgeois laisse des séquelles, que voulez-vous. “La chambre est à l’étage, il va faire mille millions de degrés et tu vas détester.” elle parle de la chambre et y'a un malaise, un voile moche qui passe sur ses yeux. Elle le chasse en remontant ses cheveux et en attrapant le vin, je fais pareil en y allant de ce que je sais le mieux maîtriser : dire de la merde à une vitesse supérieure. « C'est comme dans le film où ils sont perdus dans le désert et qu',ils crèvent de chaud et qu'à un moment y'a genre un pacte qu'ils doivent faire avec un scorpion et - » et Matt, on a dit dire des conneries, pas aligner tous les éléments pour que le synopsis en devienne un bien sanglant. « - et ok, j'arrête avec mes scénarios on est dans une cabane au fond des bois c'en est un scénario en soi. » ça c'est pas mieux. “Mais on y voit le lever de soleil et comme ça on pourra partir en randonnée le plus tôt possible.” « Ça j'aime. » ok, ça ça l'est, mieux.
Et j'en aime bien des trucs, dans la conversation et dans la pièce.
« J'ai jamais arrêté de t'aimer, t'sais. » un jour après l'autre. « Je savais juste plus comment faire pour te rappeler pourquoi tu m'aimais avant, toi aussi. » c'est d'aller trop vite qui nous a gâchés la dernière fois.
Du coup je rattrape. En zappant, en jouant avec le volume, en attrapant la bouteille de vin pour une autre gorgée et une énième encore. Le feu crépite et le vent fait claquer les volets que j'ai ouverts eux aussi, les rideaux volent et y'a des livres ici, des tas dans les bibliothèques et sur les tablettes. Les pages des bouquins s'entredéchirent entre elles. Quand je reviens prendre place sur le canapé, que je replace pour absolument rien la couverture sur ses épaules à elle bien avant de faire la même sur mes épaules à moi, on est de retour au programme principal. Littéralement. « Je JURE que j'ai vu un sapin. » |
| | | | (#)Jeu 22 Oct 2020 - 20:56 | |
| Il répond à chacune de ses stupides interrogations par d’autres remarques plus stupides encore et c’est pour ça qu’elle sourit, qu’elle rigole, qu’elle l’aime. Son attention se détourne de la télévision, des fenêtres, du cadre. Ses mains se resserrent doucement autour de la couverture qu’il a posé sur ses épaules et sa tête tombe un peu plus mollement encore contre le dossier du canapé - parce que jamais Lily n’apprendra qu’elle est supposée s’asseoir dessus et non pas devant. Oh bien sûr qu’elle a répondu à chacune de ses remarques à son tour et qu’elle s’en est amusée, mais cela n’a en rien empêché tout son corps de se reposer et de se sentir bien, à l’aise et en sécurité ; tout ça à la fois, pour la première fois depuis longtemps. Le bleu de ses yeux scrute son visage et ses réactions, elle est occupée à l’observer sous toutes les coutures parce que la seule vérité dans tout ça, c’est qu’elle est encore plus amoureuse que jamais. Tout ce qu’elle est, c’est une adolescente amoureuse. Encore. Ils ont dit qu’ils recommencaient au début et ça passe par ça aussi.
Alors il reprend et elle écoute, enfin. « J'ai jamais arrêté de t'aimer, t'sais. » Pour être honnête, non, elle ne le savait pas et pouvait seulement l’espérer. La confession sortie de nulle part donne du baume au coeur à l’australienne, elle qui trouve le courage de lui adresser un sourire dans le même temps. « Je savais juste plus comment faire pour te rappeler pourquoi tu m'aimais avant, toi aussi. » Sourire qui disparaît dans la même fraction de seconde alors que les mots de son mari continuent de filer. Ce n’est que la rafale qui s’engouffre dans la cabane qui l’empêche de répondre aussitôt, elle dont le premier réflexe est de sauver la bouteille de vin avant de s’occuper des feuilles qui volent et de la décoration qui risque de tomber. Et quand Matt revient elle jurerait qu’ils ont enrayé pas moins que l’apocalypse, même si oui, d’accord, elle est restée sur le canapé. Il replace la couverture sur ses épaules et elle, c’est près de lui qu’elle vient se poser, jugeant le canapé bien trop immense pour eux deux. « Je JURE que j'ai vu un sapin. » Elle rigole une fois, franchement, avant que ses yeux ne dérivent du feu crépitant au visage du brun pour la énième fois.
Son front se pose contre sa tempe et ses lèvres contre sa joue alors qu’elle y appose un baiser, un seul, celui là même qui s’étend pendant une éternité telle une énième preuve qu’elle ne veut pas que rien ne s’arrête entre eux. “Et moi je jure que j’ai jamais arrêté non plus.” Elle sait pourquoi elle l’aimait avant parce que les raisons sont les mêmes pour lesquelles elle l’aime aujourd’hui encore. Il continuera de croire qu’elle dit tout ça pour lui faire plaisir, sans doute, et elle lui répétera inlassablement la même chose jusqu’à ce qu’il sache qu’elle dit vrai. “Est ce que tu veux qu’on parle, Matt ? Et après on aborde plus jamais le sujet si c’est ce que tu veux.” Elle a reposé sa tête quelques centimètres plus loin sur le dossier du canapé, la mine à nouveau fermée et incertaine. Elle lui propose de parler sans même savoir ce qu’elle pourrait bien dire ou les sujets qu’elle devrait aborder. Tout ce qu’elle sait, c’est que ce n’est pas en lui répétant une fois de plus qu’elle est désolée que cela ne pourra arranger en rien leur relation et réellement les laisser repartir sur une base solide. Peu importe sa réponse, ce sera une raison suffisante pour elle de prendre une gorgée de vin de plus, ce qu’elle anticipe déjà en se penchant pour reprendre la bouteille et finalement la poser entre eux deux. "Moi je voudrais, en tout cas." Elle est loin, la Lily qui a toujours fuit les confrontations et les discussions sérieuses. Elle est prête à tout pour lui, la nouvelle Lily. |
| | | | (#)Dim 25 Oct 2020 - 16:16 | |
| Y'a beaucoup trop de stimuli tout autour pour que je fasse genre qu'il ne s'agit pas de la pire des lâcheries. Des conneries de gamin pour essayer d'attirer mon attention loin d'elle et de ce qu'elle peut bien répondre à ce que je viens de dire. Je veux entendre comme j'ai déjà la réponse en horreur, même si l'une ou l'autre des options me ronge. C'est con, c'est à chier, ça fait même pas dix minutes qu'on est ici et j'ai encore (tout) gâché. On a l'habitude dans la famille, faut croire.
“Et moi je jure que j’ai jamais arrêté non plus.”
Fuck you Matt. Pourquoi j'ai ramené le sujet et pourquoi je dis plus rien, là, hen? Je faisais le fier et le grand roi de la maîtrise de ses émotions, je faisais le gars qui abordait le sujet entre deux crépitements de foyer et trois coups de vent. Qui pensait clairement que ça allait juste passer, bien à travers les grincements de la télé qui grince foutument fort non mais sérieux c'est juste moi ou ça grince encore plus quand je suis sur les chaînes impaires versus les paires? “Est ce que tu veux qu’on parle, Matt ? Et après on aborde plus jamais le sujet si c’est ce que tu veux.” non et oui. Non parce que je sais même pas où la conversation va mener, et ça m'effraie. Le grand gaillard, le grand frère protecteur par excellence qui a pas peur de rien sauf de parler apparemment. Lui et sa grande gueule qui parle tout le temps, ouais. Et oui, tellement. On pourra pas avancer si on parle pas. On pourra rien faire si on le fait pas et elle le sait autant que moi. "Moi je voudrais, en tout cas." parce que pendant tout ce temps-là, elle, elle était prête. Et moi je faisais que tourner la question dans ma tête comme si elle allaiit trouver la réponse d'elle-même.
Elle veut qu'on parle, et je veux parler aussi. « Une gorgée pour chaque élément ajouté à la conversation. » Lily qui agripperait pas la bouteille de vin de la sorte si elle était pas déjà en recherche soit d'un endroit où s'accrocher, soit d'un petit boost de confiance supplémentaire elle aussi. C'est idiot parce que dans deux secondes j'aurai oublié la bouteille, mais j'aurai pas oublié la décharge qui passe le long de ma colonne vertébrale à son approche, au contact de sa silhouette contre la mienne. J'ai quel âge, merde? « C'est pas impossible que j'ai de la difficulté à te faire confiance pour un moment encore. » okay, j'ai pas oublié la première gorgée, celle qui vient après les premiers mots, logiques. Blessants.
« Mais c'est pas impossible que j'arrive à te faire confiance de nouveau pour de bon, un jour. » je veux, je veux juste ça. Si Lily prend le temps de scruter mon regard elle saura sans que j'ai à ajouter quoi que ce soit. « J'aimerais qu'il y ait une liste, ou une marche à suivre. Mais c'est con, ça existe pas. » et voilà que le vin n'existe déjà plus, quand je me replace sur le canapé pour lui faire face, que mon genou effleure le sien et que c'est un retour des frissons d'idiot doublé du gamin de bac à sable qui se manifestent. « Va falloir faire des essais et des erreurs. » et là, je m'inclus autant qu'elle si ce n'est plus dans le processus. C'est à cause de moi, d'ailleurs qu'elle est allée voir ailleurs non? C'est parce que j'ai merdé à être assez pour elle n'est-ce pas? Man up, Matt.
D'ailleurs. « Je te demanderai jamais d'arrêter de le voir ou de lui parler. J'ai pas le droit de faire ça. » les relents de son histoire avec Callum sont bien sûr au centre des non-dits. Lui, il l'aurait fait et jamais, jamais, ja-mais je voudrais qu'il y ait la moindre matière de comparaison entre lui et moi. « Mais je te mentirai pas en te disant que ça fera pas mal à chaque fois. » ni maintenant ni avant ni après. |
| | | | (#)Mar 27 Oct 2020 - 21:33 | |
| Il invente une règle à propos de l’alcool alors elle hoche de la tête sans même y penser par deux fois. Qu’ils boivent ou non, leurs problèmes resteront les mêmes et la bouteille entre ses cuisses. Elle hoche de la tête parce qu’elle sait qu’ils auront oublié cette règle très vite et qu’ils seront occupés à avoir mal. Il commence, d’ailleurs. Ce n’est que la logique, elle ne lui en veut pas. « C'est pas impossible que j'ai de la difficulté à te faire confiance pour un moment encore. » En face, les yeux de Lily papillonnent difficilement. Se douter que ce puisse être la vérité n’était rien en comparaison du fait de l’entendre à haute voix. Ce n’est que logique et il agit en tant qu’humain alors la brune ne peut absolument pas lui en vouloir d’une telle chose. C’est pas impossible puisque c’est justement ce qui est en train d’arriver, alors elle encaisse sans mot dire et l’observe boire sa gorgée, comme convenu. Ses yeux sont éteints et son visage fermé, pourtant la discussion n’a même pas débutée encore. « Mais c'est pas impossible que j'arrive à te faire confiance de nouveau pour de bon, un jour. » C’est tout ce qu’elle veut et c’est tout ce qu’elle espère. Si on devait lui demander son voeu le plus cher, ce dernier serait en très belle position - et tous les autres seraient liés à Matt, de près ou de loin. L’infirmière hoche faiblement de la tête pour lui assurer qu’elle a entendu et qu’elle comprend. Il ose lui faire part de ses sentiments et la laisser comprendre, entre deux mots, à quel point il a été blessé à cause d’elle et un jour elle se promet de le remercier à sa juste valeur pour tant de sincérité.
« J'aimerais qu'il y ait une liste, ou une marche à suivre. Mais c'est con, ça existe pas. » C’est pas con mais ça ne l’empêche pas pour autant d’être inexistant. Elle aussi, elle aurait aimé savoir la marche à suivre. Elle l’aurait appliqué religieusement, bien au delà du fait qu’elle soit une bonne élève : cette fois-ci l’enjeu est autrement plus important. Il se replace, elle se replace. La chorégraphie est bien loin de celles auxquelles ils se sont essayés à Cuba. « Va falloir faire des essais et des erreurs. » Les erreurs ne font jamais partie de son quotidien, normalement. Pourtant avec Matt, il n’y a plus rien de normal. C’est elle qui a fauté et ça, ce n’est pas normal. C’est elle qui l’aime stupidement au point de vouloir mettre toute sa vie en pause et ça, ce n’est pas normal, ça n’était jamais arrivé. Les erreurs non plus n’ont jamais été dans ses habitudes. Pourtant, une fois de plus, elle hoche de la tête, reposée en tailleur face à lui. “On va essayer.” Lily ne doute pas qu’il y mettra du sien (il essaye déjà beaucoup, elle le sait, elle le voit) alors elle n’hésite pas une seule seconde à parler d’un “on” friable et incertain. Au delà d’essayer, tout ce qu’elle souhaite c’est qu’ils réussissent. Rien ne sera comme au premier jour, c’est certain, mais d’autres couples ont déjà dû se remettre d’une telle situation, n’est ce pas ?
La question d’Ezra devait nécessairement venir sur le tapis mais ce serait mentir que de dire que Lily ne craint pas encore les répercussions que peuvent avoir leur nuit sur le mécanicien. Elle n’a aucune idée de la réaction de Matt, au fond, tout comme elle ne sait pas comment son ancien ami pourrait réagir en le revoyant. Après tout, s’il est sorti par l’issue de secours, ce n’était pas anodin. Sa respiration cardiaque s’emballe à peine alors qu’elle tente de rester maîtresse de ses émotions. « Je te demanderai jamais d'arrêter de le voir ou de lui parler. J'ai pas le droit de faire ça. » Une respiration, deux, et la réponse qui arrive aussitôt, ses yeux dans les siens. “T’as le droit de faire ce que tu veux, mais j’arrêterai pas de le voir.” S’il venait à lui demander une telle chose alors ce serait aussi synonyme de la fin sans qu’il n’y ait aucun retour en arrière possible, aucun essai, aucune erreur à commettre pour parvenir au meilleur. Elle sait que la situation doit être difficile et crève coeur pour lui mais de son côté elle ne s’imagine pas garder le Beauregard à l’écart. Après tout ce qu’il a fait pour elle, il ne mérite pas un tel traitement ; tout comme Matt ne méritait pas non plus d’être trompé. « Mais je te mentirai pas en te disant que ça fera pas mal à chaque fois. » Sa langue passe sur ses lèvres pour les humecter et elle perd le contact visuel pendant quelques secondes, volontairement, l’abaissant sur leurs genoux face à face. “Je sais. On s’est revus et on s’est expliqués et … on sait tous les deux que c’était une erreur. Une seule.” Pour qu’il croit ses paroles il va devoir la croire et les deux mariés savent que ce n’est pas possible, pour le moment. Elle voudrait lui dire “fais moi confiance, ça ne se reproduira plus jamais” ou bien “fais moi confiance, il restera toujours un ami” mais ça lui est interdit. Pour le moment encore, ce seraient des mots dans le vent et c’est un luxe qu’ils ne peuvent s’offrir. “On s’est connus quand j’étais avec mon ex petit-ami. Il a connu le pire de moi et … c’est pas une excuse, je veux tout te dire, c’est tout.” Il était là quand elle a quitté Callum, il était là quand elle a perdu le bébé, il était là quand elle a appris la mort de Callum. Il était là quand elle a dû péniblement se reconstruire. Il était là à chaque étapes et il ne s’est jamais plains. Lily n’est pas nostalgique de ce temps là, loin de là, mais elle sait aujourd’hui la valeur d’Ezra, au delà des erreurs qu’il a pu commettre lui aussi. “J’ai jamais aimé personne autant que toi, t’as toujours été assez et t’as jamais fait de faux pas.” Elle souligne une fois de plus et elle continuera à le souligner autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’il la croit. “Je te comparerai jamais à Callum, mais ce soir là j’avais pas les idées claires. Avec lui, je ne m’étais jamais sentie mal d’être proche d’Ezra. Avec toi … je me suis jamais sentie aussi coupable.” La culpabilité n’est jamais un sentiment qu’elle évoque à haute voix mais en présence de Matt, c’est le début d’une toute nouvelle vie et elle ose enfin sortir de sa zone de confort dans laquelle elle se pavane depuis trente cinq ans. “Tu sais que je suis pas du genre à remettre en cause la moindre de mes actions. Là c’est le cas.” Parce que ça fait du mal à Matt, à Ezra, et à elle aussi. Ca fait du mal à tout le monde, par sa faute seule. |
| | | | (#)Sam 7 Nov 2020 - 1:39 | |
| “On va essayer.” trois petits mots qui veulent tout mais alors tout dire. On va pas se forcer à réussir comme on va pas penser que tout va échouer. On va essayer, pour de vrai et vraiment, et rien que ça, ça a le don de me redonner espoir en quelque chose d'un peu plus tangible maintenant, un truc plus concret qu'il ne l'était un gorgée de vin à la bouteille de ça. Alors j'inspire, je soupire pas, je me donne juste un air d'allée. La suite sera chiante mais nécessaire. On veut parler, et peu importe le feu qui crépite derrière, peu importe la télé qui grince et le vent qui entre par les fenêtres, la cabane au beau milieu des bois dans laquelle on a décidé de passer les prochains jours est signe de trêve et d'éternel drapeau blanc. Tout ira bien. “T’as le droit de faire ce que tu veux, mais j’arrêterai pas de le voir.” je m'attendais pas à l'inverse. Je m'attendais pas à ce qu'elle coupe une partie de sa vie parce que c'est même partie a coupé (déchiré, arraché, embouti - c'est bon, pour les synonymes larmoyants?) une partie de la mienne. Ça, c'est à moi d'en avoir le contrôle, de gérer ce volet. Mais juste qu'elle le sache, déjà, ça m'enlève un poids des épaules.
“Je sais. On s’est revus et on s’est expliqués et … on sait tous les deux que c’était une erreur. Une seule.” alors ils se sont revus. Alors ils en ont parlé. Le contraire aurait été étonnant, quand bien même je préfèrerais me couper les oreilles et me crever les yeux plutôt que d'entendre ou d'imaginer ce qui a bien pu se passer à ce moment-là. Matt ne sera pas lâche sur ce coup-ci et j'hoche de la tête de la positive. Pas parce que j'approuve ce qu'elle dit, mais juste pour lui montrer que je l'ai entendue pour de vrai, que je veux l'écouter au mieux aussi. “On s’est connus quand j’étais avec mon ex petit-ami. Il a connu le pire de moi et … c’est pas une excuse, je veux tout te dire, c’est tout.” sérieux j'en aurais pas eu besoin, des détails. Je suis sûr que de parler de n'importe quoi aurait été plus facile et plus simple, mais on n'est pas en forêt que pour se faire des tresses et pour manger des gâteaux choco/banane/caramel. Si je suis pas capable de l'entendre parler de leur passé, comment est-ce que je peux tenter d'être okay qu'il reste encore dans son présent? “J’ai jamais aimé personne autant que toi, t’as toujours été assez et t’as jamais fait de faux pas.” ça pique, ça grince, mais on y reviendra plus tard, à ça. “Je te comparerai jamais à Callum, mais ce soir là j’avais pas les idées claires. Avec lui, je ne m’étais jamais sentie mal d’être proche d’Ezra. Avec toi … je me suis jamais sentie aussi coupable.” Ezra le chevalier blanc, Ezra la cavalerie en entier. Ezra qui était là au bon moment pour elle quand moi j'aurais jamais pu l'être, c'est ça au final qui se dessine. “Tu sais que je suis pas du genre à remettre en cause la moindre de mes actions. Là c’est le cas.”
À nouveau elle me serre le coeur Lily. Parce qu'elle est parfaite à mes yeux, qu'elle l'a toujours été. Qu'elle se remette en doute autant qu'elle assume ses erreurs, ça ne le confirme qu'encore plus en l'instant. « Je veux juste comprendre pourquoi c'est arrivé, ce soir-là. » je lui avais dit, qu'un jour je le lui demanderais. Je lui avais dit et elle savait que ça viendrait, elle savait aussi que j'étais pas encore prêt à l'entendre. Aujourd'hui, les choses changent et le vent tourne enfin. « C'est ça qui bloque, c'est le pourquoi que j'arrive pas à m'expliquer. » y'a rien qui presse dans ma voix, rien qui brusque ou accuse. « Tu dis que j'ai rien fait de mal, tu dis que c'est pas ma faute, mais c'est pas sorti de nulle part. » j'explique seulement. Entre temps, mes doigts ont même trouvé ls siens, jouent du bout des ongles avec son épiderme sans jamais rester au même endroit de peur qu'elle ne m'en chasse. « Y'a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Peut-être que tu le sais pas ou peut-être que tu veux la garder pour toi, la réponse. » jamais je la jugerais si elle restait silencieuse, c'est ça le pire. Je finirais pas comprendre d'une autre manière, j'imagine. |
| | | | (#)Sam 7 Nov 2020 - 13:15 | |
| Ses yeux papillonnent de tristesse pour elle qui n’a jamais eu pour habitude d’avoir des conversations sérieuses emplies de confessions ; surtout pas alors que c’est elle qui se confesse, justement. « Je veux juste comprendre pourquoi c'est arrivé, ce soir-là. » La question était telle une épée de Damoclès au dessus de sa tête. Lily savait qu’il allait finir par la poser tôt ou tard et quand bien même, elle arrive encore à être surprise d’une telle chose. Elle s’était dit qu’entre temps elle aurait trouvé la raison à cela et qu’elle serait capable de lui répondre quelque chose mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Elle aussi aimerait comprendre pourquoi c’est arrivé ce soir là et pourquoi à cet instant précis, elle ne pensait pas faire quelque chose de mal. Surtout, elle voudrait comprendre pour lui assurer qu’elle ne recommencera jamais une telle chose puisque ça au moins, elle en est persuadée. « C'est ça qui bloque, c'est le pourquoi que j'arrive pas à m'expliquer. » Pour elle aussi, ça bloque, alors elle ne peut que comprendre ce qu’il sous entend derrière ces mots-ci, son coeur percé de tristesse. Ils ont besoin de temps et pourtant elle voudrait que tout redevienne à la normale dès à présent puisqu’elle ne supporte pas d’être si triste en sa présence alors qu’au contraire, il la rend pleinement heureuse.
Elle cherche des mots, des explications, des raisons. Elle cherche quoi lui dire alors qu’en face Matt continue de s’expliquer et elle d’enfin se rendre compte à quel point ses actions peuvent avoir des conséquences sur les gens qu’elle aime, qu’elle le veuille ou non. « Tu dis que j'ai rien fait de mal, tu dis que c'est pas ma faute, mais c'est pas sorti de nulle part. » Si, qu’elle voudrait lui répondre plutôt qu’il ne pense qu’elle lui lance des fleurs simplement pour ne pas qu’il se sente mal. Ce n’est bien sûr pas le cas mais elle n’a aucune idée de comment lui prouver une telle chose, la Lily pour qui le simple contact avec les doigts de Matt lui réchauffe déjà le coeur. Ses yeux se posent désormais sur leurs mains entrelacées alors qu’elle laisse les siennes au bon vouloir de celles de l’anglais, lui qui n’essaye même pas de la pincer ce soir.
« Y'a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Peut-être que tu le sais pas ou peut-être que tu veux la garder pour toi, la réponse. »
Et puisque je t’aime ne semble toujours pas être la bonne réponse à donner, Lily tente peu à peu de changer ses sentiments et pensées en des mots pour les offrir à son mari. D’abord, ses doigts reprennent vie et se nouent délicatement aux siens, leurs alliances jamais loin l’une de l’autre. “Je pense que j’avais besoin de m’assurer que j’étais en train de faire les bons choix.” En choisissant Matt, en choisissant de dire ‘oui’, en emménageant avec lui, en lui dévoilant tout son passé, en prévoyant leur futur ensemble. Elle n’avait jamais partagé autant de choses avec une seule personne et pour certaines d’entre elles, elle ne les avait tout simplement jamais partagées. Finalement le problème n’est pas que ça allait trop vite mais simplement que ça allait et dans le monde teinté de gris d’une Lily rayonnante, cela n’avait rien de normal. Elle avait besoin d’être certaine qu’elle ne regrettait pas son passé avec Ezra pour s’assurer qu’elle était effectivement pleinement heureuse dans son présent avec Matt. Elle qui craignait d’avoir été le pantin de l’australien, finalement peut être que c’est lui qui a été le sien, bien malgré elle. “J’ai toujours eu à mentir quand je disais être vraiment heureuse, et là c’était nouveau de ne pas avoir à le faire. Je me disais que je me voilais la face un peu plus fort cette fois-ci, peut être.” Mais non, toujours pas. Toutes les hypothèses étaient aussi fausses que grossières. Elle n’a tout simplement pas su comprendre qu’elle était heureuse. Simplement heureuse, autant qu’elle est amoureuse. Ses doigts jouent avec ceux de son mari, elle n’essaye pas non plus de le pincer. Pas ce soir. “C’est arrivé parce que la Lily de Tinder et celle devant les caméras, c’est pas moi. Je suis pas parfaite, je jongle pas entre mon boulot et les associations tout en dormant huit heures chaque nuit, j’adopte pas les animaux abandonnés parce que mon coeur a de la place pour mille, je suis pas le cliché ambulant de la parfaite australienne au teint bronzé qui sait gérer les barbecues tout en surfant comme une pro.” La liste des mensonges est infinie, elle s’aventure jusqu’à ses connaissances à qui elle a toujours menti à un moment ou à un autre, Matt y compris. “Même avec mon frère je continue de tout foirer. C’était pas dans les vœux de mariage, ça, et t’as jamais signé pour tout ça. Je veux dire, si … c’est pas la relation que je t’avais dépeinte, t’as le droit d’être déçu. T’as le droit de m’en vouloir, parce que moi je m’en veux.” Une inspiration, une seule, pour la dernière phrase qui lui brûle déjà le coeur alors que ses caresses redoublent de vitesse contre ses doigts. “T’as le droit de partir, aussi. Même si j’ai envie de me battre pour que ça ne soit pas le cas.” Elle en revient au sujet du divorce, des papiers à signer, de leurs distances à prendre. Jamais elle ne le forcera à continuer cette aventure si ce n’est pas ce qu’il désire mais pour sa part, elle n’abandonnera jamais. |
| | | | (#)Dim 15 Nov 2020 - 20:21 | |
| “Je pense que j’avais besoin de m’assurer que j’étais en train de faire les bons choix.” et je pourrais pas lui en vouloir pour ça. J'aurais pu lui en vouloir pour des tas d'autres trucs, tous plus variés les uns les autres. La liste est longue et autant Deklan que Pete que Jill se feraient un plaisir de la remplir d'un côté comme de l'autre. Mais là, juste là, la réponse est valide, valable. Dans les faits, ce sont d'autres personnes qui ont choisis pour nous. Choisis la date du mariage et l'endroit, le voyage de noces et même les différents moments qu'on verrait à la télé pour s'en souvenir. Ça a été vite et c'était pas gage de réussite, on le voit là quand le mur s'est immiscé bien plus vite entre nous que les cotes d'écoute ou les commentaires à la télé l'ont laissé comprendre. “J’ai toujours eu à mentir quand je disais être vraiment heureuse, et là c’était nouveau de ne pas avoir à le faire. Je me disais que je me voilais la face un peu plus fort cette fois-ci, peut être.” elle a pas besoin de me mentir à moi. Elle a pas besoin et pourtant elle l'a fait, in a way. Dans ma famille à moi, on ment tout le temps, je connais, je sais l'effet que ça fait. On ment aux autres mais surtout on se ment à nous-même. On se ment comme on respire et on finit par tellement devenir doués qu'on ne le sait même plus lorsque ce qu'on avance est vrai. En me replaçant sur le canapé, la couverture quitte ses genoux alors la prochaine mission la plus importante du lot reste de lui recouvrir les jambes dans l'élan. Mieux, un peu. “C’est arrivé parce que la Lily de Tinder et celle devant les caméras, c’est pas moi. Je suis pas parfaite, je jongle pas entre mon boulot et les associations tout en dormant huit heures chaque nuit, j’adopte pas les animaux abandonnés parce que mon coeur a de la place pour mille, je suis pas le cliché ambulant de la parfaite australienne au teint bronzé qui sait gérer les barbecues tout en surfant comme une pro.” j'ai envie de l'embrasser. Pour la première fois depuis la plage où le baiser sonnait autant comme un adieu que comme un besoin de confirmation, là, juste là j'ai envie de le faire pour vrai. Parce qu'on en a besoin tous les deux. À la place, mon alliance tinte sur la sienne et c'est presque tout comme.
Lily s'ouvre et Lily parle, Lily se confie et si je connais quelque peu d'elle, je sais que ça, tout ce qu'elle avance, c'est pas elle d'aller si creux et d'en dévoiler autant. J'ai jamais douté qu'elle avait confiance en moi au point où elle m'a tout dit sur sa relation d'avant et même sur celle qu'elle entretient de peine et de misère avec son frère. N'en reste qu'aujourd'hui ce que j'entends ne lui ressemble pas comme me permet d'apprendre à la connaître encore mieux. C'est plus juste le fait qu'elle ait couché avec Ezra, c'est pas superficiel comme ça. C'est creux, bien plus creux, c'est qu'un détail et autant ça fait mal, autant les pièces se mettent les unes et les autres ensembles. “Même avec mon frère je continue de tout foirer. C’était pas dans les vœux de mariage, ça, et t’as jamais signé pour tout ça. Je veux dire, si … c’est pas la relation que je t’avais dépeinte, t’as le droit d’être déçu. T’as le droit de m’en vouloir, parce que moi je m’en veux.” j'ai jamais signè pour ça, non. J'ai signé pour les détails, pour le dernier morceau de fromage et pour ses yeux bleus océan. J'ai signé pour toutes les fois où elle fronce du nez et fait le bruit d'un cochon quand elle rigole, j'ai signé pour le mélange de cupcakes cru qu'elle me laisse manger à la cuillère et à l'index au point où elle en laisse toujours un peu plus pour que je me gave à même le bol quand le reste cuit. J'ai signé pour ses roulements d'yeux quand mes blagues sont nulles et pour ses sourires forcés quand elle ose pas me le dire. J'ai signé pour la totale et ça, appremment, ça en fait partie. Elle non plus, elle a pas signé pour ça. Elle a pas signé pour un éternel adolescent qui craint l'engagement plus que la fin du monde. Elle a pas signé pour un égo qui me braque dans un silence de merde quand je veux faire mal aux autres, elle a pas signé pour ma mauvaise humeur aussi dévastatrice que nocive dès que quelque chose me fait penser à la façon dont la vie était, à Londres. Elle a pas signé pour ma rancoeur qui vivote avec Ezra, elle a pas signé pour ça et pourtant, ses doigts sont encore liés aux miens.
“T’as le droit de partir, aussi. Même si j’ai envie de me battre pour que ça ne soit pas le cas.” si j'ai le droit de partir, elle a le droit de partir elle aussi. Même si on a envie de se battre, même si c'est ce qu'on fait aujourd'hui. Ma main a pas lâché la sienne et l'inverse est tout aussi vraie. « Est-ce que tu veux m'épouser? » on a le droit aussi, de faire selon nos règles à nous. De commencer par la fin et de finir par le début. De faire les choses d'un sens pour tester dans l'autre ensuite. On a le droit maintenant qu'on sait ce qu'on peut faire de pire, d'envisager peut-être à nouveau le meilleur. « Pour de vrai, cette fois-là. » pas que la première fois était fausse, loin de là. Mais celle-ci, elle serait à notre image, de l'endroit jusqu'au gâteau, des gens présents jusqu'à l'absence de caméras. « J'ai le droit de partir, mais je partirai pas. » elle peut bien avoir envie de se battre pour que je reste, j'ai envie de rester tout court. |
| | | | (#)Lun 16 Nov 2020 - 16:39 | |
| Elle s’attendait à toutes sortes de réponses différentes mais une fois de plus, celle que Matt a choisi n’était en aucun cas dans sa présélection. Il la surprend tous les jours, tout le temps, et elle l’aime tellement. « Est-ce que tu veux m'épouser? » Une seconde et une autre sont nécessaires pour qu’elle s’assure avoir entendu les bons mots, dans le bon ordre, et sans aucune censure. Alors elle relève ses yeux dans les siens, inspecte son regard, tente d’y déceler la moindre once de taquinerie parce que cela serait sa dernière chance de faire demi tour. Et puisqu’il n’y a absolument rien de tout ça et qu’ils sont deux adultes sincères l’un avec l’autre, elle répond sans se faire attendre ni même avoir à y réfléchir. “Oui. Bien sûr, oui, je le veux.” Ses cils papillonnent alors qu’elle oscille entre une tristesse infinie et une joie toute aussi grande, ses doigts entre ceux de Matt jouant désormais avec leur alliance. Elle ne veut pas non plus enlever celles qui ont été choisies par d’autres parce qu’elles sont une partie de leur histoire, peu importe ce qu’ils peuvent y reprocher.
« Pour de vrai, cette fois-là. » Il continue d’argumenter alors elle laisse son sourire naître petit à petit, maintenant qu’elle tente avec soin de ne lui écraser aucune cuisse au moment de laisser ses bras remonter sur ses épaules et elle de s’y poser. Elle le serre trop fort, une fois de plus, mais pouvoir cacher son nez dans son cou est une sensation qui lui avait terriblement manqué. Elle ne doute pas un seul instant que cette fois-ci tout sera différent ; que tout sera pour de vrai, même si avant il n’y avait pas tant de faux qu’ils peuvent encore le croire. L’ordre des choses n’était pas le bon mais les sentiments, eux, étaient bien réels. Oui, bien sûr qu’elle veut l’épouser. Non, bien sûr qu’elle n’en a plus rien à faire qu’il pose un genou au sol et qu’il lui sorte son nom tout entier après avoir demandé l’accord à son père. C’est la vie dont elle rêvait avant, ça. Désormais ce n’est plus que de Matt dont elle rêve, et elle n’en a jamais été aussi heureuse, en témoigne son cœur battant la chamade contre le sien.
« J'ai le droit de partir, mais je partirai pas. » “Je préfère cette version plutôt que l’autre.” Elle ne l’aurait pas retenu, c’est vrai, tout comme elle n’aurait pas non plus retenu ses larmes dès qu’il lui aurait tourné le dos une ultime fois. Ils ont peut être joué le rôle du couple parfait pour les caméras mais une fois ces dernières éteintes, ils restent toujours un couple. Imparfait, mais toujours existant, parce que Lily non plus ne souhaite pas partir. Au contraire, elle souhaite seulement se battre pour lui et pour eux, pour qu’ils vivent enfin l’histoire qu’ils méritent et désirent tant. Finalement elle cesse enfin de le serrer dans ses bras pour plutôt revenir se poser face à lui et déposer un baiser contre son front, ce dernier s’étalant durant de longues secondes avant qu’elle ne vienne poser son front contre le sien, ses yeux clos. “Merci.” |
| | | | (#)Lun 16 Nov 2020 - 23:54 | |
| “Oui. Bien sûr, oui, je le veux.” « T’es certaine? »
Moi, je le suis. J’ai eu besoin de temps, j’ai eu besoin d’explications. J’ai eu besoin du pourquoi et j’ai eu besoin d’y réfléchir à deux, à trois, à mille fois avant. J’ai eu besoin de faire toutes les erreurs et toutes les gaffes et de prendre tous les mauvais choix pour en être là, aujourd’hui. Ça veut pas dire que le mariage va avoir lieu demain et ça veut pas dire qu’elle n’aura pas de doutes d’ici là. Par contre, ça veut dire que de toutes les conversations qui aura ce week-end, la grande majorité concerneront un futur qui vaut maintenant la peine d’être vécu. On a quelque chose droit devant et plus juste des bribes de miettes de malheurs qui pavent l’avant. On a plus qu’un présent et on a mieux qu’un passé.
Quand les lèvres de Lily s’égarent sur ma peau, mes mains font de même sur la sienne. « Certaine, certaine? » elle aurait le droit, de refuser. Elle aurait le droit d’avoir besoin de temps elle aussi. Elle aurait le droit et je le lui donne si elle ne se le donne pas. C’est un jeu qui se joue à deux et même si on est le moindrement sérieux jamais je ne la forcerai à quoi que ce soit si je vais trop vite, encore. Pourtant le rythme me semble le bon, alors que son souffle se mélange au mien et que mine de rien on retrouve des marques sur le corps l’un de l’autre qui s’étaient envolées bien avant. “Je préfère cette version plutôt que l’autre.” elle est belle Lily mais elle est aussi vulnérable. Elle a peur et elle tremblait, y’a même pas deux secondes. Je me suis juré de jamais la laisser se mettre dans cet état, et jamais ça ne sera à cause de moi.
“Merci.” « Je t’aime. » au mieux, elle soufflera un peu, et je verrai toute la pression du monde quitter ses épaules. « J’ai compris, tes raisons. » et au pire elle sera dérangée, chatouillée par le baiser que je laisse dériver de sa mâchoire jusqu’à sa clavicule, celui qui reprend ses lèvres avec toute la douceur du monde. « Mais ça veut pas dire que tu auras le droit de choisir quelle chaîne verrouillée on va regarder. » son front s’ancre au mien, on retrouve nos marques et je retrouve son parfum. « J’ai compris d’où tout sortait et comment t’as pu réfléchir ce soir-là. » comment elle réfléchit même encore aujourd’hui, si jamais on me le demande. « J’ai compris et pardonné, tu sais. » dire que j’ai oublié serait erroné, dire que je veux nous donner une seconde chance par contre, ça, c’est acté.
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| | | | | | | | i'll be with you when the stars start falling (lilymatt #21) |
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