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 you belong to me (joseph #2)

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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptySam 17 Oct 2020 - 18:32


Chaque matin je me réveille avec l’espoir enfantin que tous mes problèmes n’aient finalement été le fruit que d’un mauvais rêve. Lorsque je suis à peine plus réaliste, je me contente de rêver qu’il n’y a qu’un seul problème dans ma vie et que les autres refusent d’exister, parce qu’après tout on dit souvent “un seul problème à la fois”. D’un côté existe La Ruche et tout ce que cela sous entend, de l’autre recommence peu à peu à exister ma famille et tout ce qu’elle sous entend avec. J’ai anticipé le retour du second dans ma vie mais absolument pas du premier et aujourd’hui les deux tentent de se faire une place sans que je ne sois capable de les gérer en même temps. Ils ne sont pas compatibles, ils ne le seront jamais. Je ne pourrai pas être le père que j’ai envie d’être si je dois en même temps répondre aux demandes et exigences de Lou sans jamais pouvoir m’en dérober. Elle a ma mère entre ses griffes et elle sait qu’avec une seule personne elle arrive à me tenir ; je n’ose pas même imaginer à quel point elle jouirait d’être au courant de l’existence de Rhéa, celle d’Ilaria encore plus.

Il s’agit là d’un problème impossible, le genre pour lequel il n’existe aucune réponse en ce monde. C’est comme la bataille du bien contre le mal et même si parfois on parvient à une réponse, elle diffère selon les versions et les époques. Je n’ai pas envie que la réponse à mon problème diffère pour la simple et bonne raison que je n’ai pas envie de prendre aucun risque dès lors qu’il s’agit de mes proches. Si je suis prêt à donner de ma personne - littéralement - lorsque le besoin s’en fait ressentir, l’enjeu est tout autre avec elles. En attendant d’avoir une illumination, je me fais le parti sous fifre de Lou, celui qu’on peut appeler sur commande à toute heure du jour ou de la nuit comme si j’étais un plat à emporter. Mes contacts deviennent peu à peu les siens, en même temps que je dois annoncer à mes anciens alliés et connaissances mon retour dans le milieu de la drogue. Nul besoin de préciser que je ne leur parle pas le moins du monde de mon petit accord avec l’ancienne du Club et qu’à leurs regards de travers je réponds toujours par une demande plus poussée.

Je viens parce que j’en ai besoin, ou parce que j’en ai envie ; je ne sais plus trop. Je déteste le monde de la drogue et pourtant maintenant que je le touche de nouveau du bout des doigts, je ne peux m’empêcher de me sentir chez moi. Il n’y a rien de légal, il n’y a rien de moral et je ne fais rien de tout ce que pour quoi je me suis battu toute ma vie durant. Rien ici ne rendrait fière ma mère, encore moins mes grands parents, mais c’est entre deux gorgées de whisky que mon père m’aurait adressé un demi sourire qui aurait été le plus beau compliment du monde, à mes yeux. Même moi même parent, je ne peux que chercher l’approbation de ceux qui ne sont plus de ce monde. Les vieilles habitudes ont la peau dure.

Il n’y a plus aucun empressement ni aucune excitation qui électrise jusqu’à bout de mes doigts, pourtant, au moment où je me rends compte que la pièce est loin d’être vide. Les gestes saccadés et l'exaspération due au manque de patience : je les connais parfaitement. Je les ai formés, je les ai vu naître. Et je me dis que Lou m’en voudra pendant longtemps d’avoir manqué les retrouvailles entre les deux frères d’armes, parce qu’elle se serait délecté de ce spectacle pitoyable, c’est certain. Ma seule main vient se loger - se cacher - dans la poche de mon pantalon alors que je l’observe terminer son travail de docile abeille travailleuse. “Je me doutais bien que t’aurais pas pu rester loin d’ici bien longtemps.” On disait tous les deux vouloir s’échapper, et regardez où est ce qu’on se retrouve.

J'ai jamais été doué pour les discours larmoyants.
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptyDim 18 Oct 2020 - 22:08

La routine. Il se réveille le matin avec les yeux dans le cul après n’avoir dormi que quelques heures trop agitées et sans rêves. Il se hisse hors du lit en grimaçant parce que cela fait quelques jours qu’il n’offre pas de dose à son corps. Il se dirige vers la douche en espérant ne pas croiser Deborah qui lui demande s’il a passé une bonne nuit, s’il veut prendre le petit déjeuner avec elle, s’il va bien. Il déteste devoir lui mentir à chaque fois même s’il sait qu’elle sait. Elle n’est pas stupide. Même si elle l’est un peu de continuer à l’aimer malgré toutes les conneries qu’il fait jour après jour.

Il ne sait pas comment elle réagirait si elle apprenait que son passé de dealer était à nouveau son futur. Il ne lui a jamais dit et bien sûr qu’il ne lui dira jamais. Elle pense héberger un homme bon qui a appris sa leçon et qui tente du mieux qu’il peut pour être normal mais… Si. Il fait du mieux qu’il peut. Seulement, la normalité n’a jamais réussi à le rendre heureux. Il a besoin de quelque chose de plus. Une famille, parce que ses parents et Lily ne répondent plus présent depuis des années.

Il a fait une erreur. Il pensait trouver ce sentiment d’appartenance en acceptant de serrer la main de Lou mais, aujourd’hui, et ce depuis plusieurs semaines, il ne fait que fuir son regard et, si possible, éviter de passer au quartier général quand elle est présente. Il connait un peu mieux ses horaires et c’est pour cette raison qu’il pointe le bout de son nez à la salle de bowling seulement le matin, dès l’ouverture. Il fait son boulot comme une brave petite abeille butineuse mais les interactions avec les membres du gang sont de plus en plus rares, voire inexistantes. Personne n’essaye réellement de lui parler, de toute façon. Il est le fossile trop vieux et ridé par le temps pour faire ce genre de job. Il n’a plus l’âge qu’il avait quand il vidait une bouteille de Vodka à lui seul. Bientôt quarante ans. Et il n’a toujours pas trouvé de meilleure voie. Il paraît qu’on trouve son nom à côté de « pathétique » dans le dictionnaire des synonymes.

Et, s’il y a une voix qu’il ne s’attend pas à entendre aujourd’hui, c’est bien celle de son ancien patron. Il n’avait pas entendu la porte s’ouvrir derrière lui tandis qu’il plongeait les doigts dans la boîte contenant les sachets de cocaïne pesés. Il venait seulement pour en récupérer une vingtaine et vendre la grande majorité dans les jours à venir. “Je me doutais bien que t’aurais pas pu rester loin d’ici bien longtemps.” Il cesse le moindre mouvement sans se retourner. Il ne se sent pas menacé. Au contraire. C’est une sorte de voile de réconfort qui se pose sur son corps en entier et il sort ses mains de la drogue pour poser ses deux paumes sur la table devant lui. Ses jambes ont besoin d’un peu d’aide pour supporter son poids. Ses paupières tremblent légèrement et son souffle est coupé comme si on venait de lui planter un couteau dans le haut du dos. Et, pourtant, c’est un agréable sentiment qui étire doucement un sourire sur ses lèvres. Tête redressée, yeux posés sur le mur qui lui fait face, il murmure : « Et je pensais ne plus jamais te revoir. » Il ne se retourne pas. Il a peur de ne faire face qu’à une hallucination. Son addiction lui joue des tours et, parfois, il se remet à s’imaginer en compagnie des manthas tandis qu’il calle une bouteille de bière.

Il lui faut bien plus que dix secondes pour finalement faire face à ce qu’il craint être un fantôme. Aussitôt, son regard bleu se pose à la hauteur des bras d’Ichabod parce qu’il veut constater en premier l’inexistence de sa main gauche. C’est la seule chose qui pourrait lui assurer que c’est bien la voix de son ancien chef qu’il a entendue. La chance est avec lui. Il s’agit bien de la silhouette asymétrique d’Ichabod. Il relève finalement le regard pour le plonger dans celui du plus vieux. Il aurait aimé agir avec toute la virilité dont il peut faire preuve mais il ne peut rien cacher à personne : il a toujours été le nounours parmi les motards. Le grand-frère qui s’occupe des autres et qui s’assure à deux reprises qu’il reste encore du lait dans le réfrigérateur pour les cafés de tout le monde le lendemain matin. « J'étais... Certain d'être le dernier. » Le dernier mantha. Sa phrase ressemblait davantage à un couinement de gamin qui apprend à parler.  
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptyMer 21 Oct 2020 - 17:56

J’ai encore cette habitude de vouloir croiser les bras dès lors que je m’adresse à quelqu’un. Je doute qu’un jour je me rendrai réellement compte que dès lors qu’il s’agit de faire quelque chose avec mes bras cela m’est désormais impossible du fait de l’absence d’un de ces derniers. Je me contente donc de plonger ma main dans ma poche, attendant de voir quelle sera la réaction de Joseph pour ensuite pouvoir décider de la mienne en toutes connaissances de cause. « Et je pensais ne plus jamais te revoir. » Sans savoir que ses lèvres sont étirées d’un sourire, son attitude anime les miennes de la même manière. Il est sans doute le plus vieil ami que j’ai et le fait qu’il reconnaisse ma voix sans même avoir à y ajouter un tout autre sens pour s’assurer que c’est moi me réchauffe paradoxalement le coeur. Il est la preuve que les années de séparation sans la moindre nouvelle ne sont pas si terribles que ça et si Rhea avait pu réagir de la même manière, j’aurais été le plus heureux des hommes. “Sentiment partagé.” En ce qui concerne mon ex compagne, pourtant, je suis forcé d’admettre que la situation était bien différente et son ressenti compréhensible - mais non pas moins brise-coeur.

Bien loin de moi l’idée de vouloir faire de ses retrouvailles un instant larmoyant mais je sais que je ne peux pas compter sur Joseph pour aller contre cette idée, lui qui enchaîne déjà : « J'étais... Certain d'être le dernier. » J’hausse les épaules comme un silencieux “tu vois bien que non” que je n’ai pas la force ni même l’envie de lui envoyer au visage. On se retrouve seulement parce que l’un comme l’autre restons incapable de garder les problèmes loin de nous et pour cette raison, je ne vois rien de joyeux à fêter en cet instant. Il sait que je déteste ce monde tout comme je sais qu’il abhorre et face à Lou nous n’allons que jouer une comédie, pour la seconde fois de notre vie. Si c’est la nostalgie qui l’anime, pourtant, il devrait s’estimer heureux que j’ai revendiqué mes droits sur lui ; à défaut de trouver un quelconque adjectif adéquat à la situation que nous vivons. “Je pense pas qu’on soit encore beaucoup en vie, si ça peut te rassurer.” Une explosion ne réussit généralement que très peu au commun des mortels et je n’ai jamais eu ni l’envie ni la force de faire une enquête des victimes ou des survivants. Tout le monde n’était pas au QG cette journée là, c’est tout ce que je sais. Certains ont dû se trouver d’autres gangs dans lesquels sévir et peut être que d’autres sont retournés à la vie civile ; bien que je doute fortement de cette seconde possibilité, entre nous. Je ne sais pas à quoi Joseph a occupé ses dernières années de vie mais j’observe en tout cas qu’il a été recruté avant moi, pour ce que ça vaut ; que chacun en vienne à la conclusion qu’il souhaite.

Tout en gardant une distance certaine entre nous, je me permets de scruter ses traits tout comme il l’a déjà fait avec les miens. On est deux animaux sauvage tenant compte des nouvelles odeurs de l’autre, des nouvelles cicatrices se faisant marque de leur histoire. “T’as rechuté avant ou après qu’elle te recrute ?” Je suis incapable de pouvoir juger un homme à sa consommation ou non d’opioïdes, c’est là simplement un moyen pour moi de tenir à jour la liste de mes reproches contre la jeune Aberline et le raz de marée de conséquences qu’elle amène tant dans ma vie que dans la sienne. En seront la preuve ses traits tirés, fatigués, amaigris, et ses yeux bleus qui n’ont plus rien de brillant malgré qu’il n’en pense pas moins. Après tout, il devait déjà se douter que les embrassades n’existent pas avec moi, peu importe le contexte.
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptyJeu 22 Oct 2020 - 13:33

Ichabod n’a jamais été un maître des émotions. Certes, en présence de Joseph, il s’ouvrait un peu plus mais, devant le reste de la bande, il jouait le rôle du chef impassible comme l’était son père avant qu’il ne périsse d’une balle dans la chair. C’est ce qu’il a appris à faire et c’est probablement cette attitude qui lui a permis de faire vivre la dizaine de manthas à ses ordres jusqu’à ce que le coup fatal soit porté au gang, quelques semaines après l’emprisonnement de Joseph. Il avait été chanceux, en partie. Il n’a pas vu le massacre et n’a pas été l’une des victimes.

Seulement, des victimes, il ne sait pas combien il y en a eu. Il s’est toujours imaginé seul survivant dans cette grande ville et a toujours déambulé sans jamais s’attendre à revoir un visage familier. Il n’y avait que des ses rêves qu’il pouvait se souvenir des traits de ses amis mais aussi de ceux qui l’avaient incité au crime à plusieurs reprises sans que jamais il ne leur en veuille. Il était facilement manipulable, le petit enfant né d’une famille catholique et il ne suffisait de lui demander de planter un clou dans la roue d’une motocyclette pour obéir aux ordres en rigolant – parce que c’était comme ça qu’il obtenait le doux sentiment d’appartenance qu’il a tant cherché toute sa vie. Il côtoyait des connards à longueur de journée et, forcément, sans que sa nature la plus profonde ne change, il en est devenu un en surface. Il continuait cependant de penser qu’il était le bon de la bande, celui qui ramènerait les autres sur terre avant qu’une stupidité ne devienne fatale. Il s’emparait d’une seringue pleine avant qu’un ami ne se l’injecte, déjà à moitié endormi sur le sofa, les pupilles grosses comme des raisins. Il connaissait les limites plus que les autres et c’est pour ça qu’il s’était donné le rôle d’ange gardien. Il veillait à ce que personne ne souffre mais, quand Ichabod a monté sur le trône, il n’a rien pu faire pour l’aider. Il n’avait plus le droit de tendre la main à celui qui était devenu le chef et qui pouvait décider en un claquement de doigt de son sort.

Mais il n’a jamais eu peur de lui. Il avait connu le bon en lui et savait que son austérité n’était que façade. “Je pense pas qu’on soit encore beaucoup en vie, si ça peut te rassurer.” Ça n’a pas vraiment le pouvoir de le rassurer, au contraire. Il aurait aimé entendre que sa famille n’était pas décimée en entière et Ichabod est le mieux placé pour savoir s’il reste encore des manthas sur la carte. « Comment tu as survécu ? » Il comprend que certains aient pu s’en tirer sans une égratignure parce qu’ils n’étaient tout simplement pas présents. Mais c’était le devoir du chef d’être au quartier général le plus souvent possible. Il contrôlait les occupations, il était le cœur de la meute. Il aurait été le premier à entendre l’intonation de la bombe.  “T’as rechuté avant ou après qu’elle te recrute ?” Baissant les yeux en esquissant un sourire, il secoue la tête de droite à gauche. Son regard scrute les sachets de poudre entre ses doigts et il en serre doucement le contenu pour finalement souffler : « J’sais pas si j’ai vraiment arrêté à un moment ou à un autre. » La prison lui a imposé trois années de sevrage mais il ne s’est pas passé une journée sans qu’il ne pense à la douce sensation de la cocaïne se collant contre le fond de son nez. « Je n’aurais jamais accepté son offre si j’avais su qu’tu étais vivant. » Il lance rapidement, redressant la tête pour plonger son regard sérieux dans celui de son ami du passé. Il veut le rassurer, lui faire savoir que sa loyauté n’était que pour les manthas mais qu’il n’a pas eu d’autre choix. « Elle m’a promis une vengeance et me voilà à glisser dans la poche des clients leur précieux sachet d’poudre. » Il ricane, sarcastique, et demande : « J’espère qu’elle n’a pas fait de toi l’un d’ses pions. »
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptySam 24 Oct 2020 - 10:56

Il n’y a pas d’étreintes, il n’y a aucune annonce larmoyante ponctuée de hoquets sentimentaux. C’est bien mieux ainsi. Il se doute que je n’en pense pas moins et pour ma part, je sais que ce n’est pas le cas non plus pour lui. En attendant, nous avons des années à rattraper et des comptes à rendre, qu’on le veuille ou non. « Comment tu as survécu ? » Contre toutes attentes, il est le premier à me poser cette question. Finalement cela semble logique puisque j’en suis moi même venu à la conclusion que tous les Manthas avaient été décimés et que personne d’autre ne pouvait bien se soucier de savoir si j’étais en vie ou non. Parfois personne ne veut investiguer de peur de déjà connaître la réponse à sa question et c’est cette doctrine qui a rythmée ma vie pendant cinq longues années, bien au delà du fait que je ne voulais pas qu’il y ait de survivants. Un roi reste un roi tant qu’il a encore le moindre fidèle, même sans rien à gouverner. Ce n’est pas ce que je recherchais et bien au contraire ; Joseph le sait mieux que qui que ce soit d’autre. “Ilaria avait une compétition ce soir là.” Et Joseph, lui, il sait beaucoup de choses. Il sait pour Rhea, il sait pour Ilaria, il sait pour les émotions variées qui résonnent faiblement au fond de mon être. Mon timbre de voix reste toujours égal à lui même, mais la donne a désormais changée : ce sont des confessions que je lui fais là. Il est le seul à pouvoir les entendre dans son entièreté et à pouvoir les comprendre. Ilaria avait une compétition à laquelle j’ai assisté comme je l’ai fait de nombreuses fois, au loin. J’étais un inconnu parmi beaucoup dans la foule, celui que personne ne remarque parce qu’il ne veut pas que ce soit le cas. “Je suis rentré trop tard.” Ilaria resplendissait sur la glace quand mon monde se noyait sous les flammes.

Tel un père face à la fâcheuse habitude de son fils de transgresser les règles, je n’ai aucun sourire pour faire écho au sien. L’ironie est aussi douce qu’amer quand on sait que finalement, c’est justement cette transgression perpétuelle des règles qui nous a trouvée une fois et qui recommence aujourd’hui. Si on était deux hommes aussi bons qu’on le prétend, nos chemins ne se seraient jamais croisés. « J’sais pas si j’ai vraiment arrêté à un moment ou à un autre. » C’est une réponse à laquelle j’aurais dû m’attendre mais je n’avais pas moindrement envie de l’écouter. J’osais espérer qu’il ait tourné autrement et que la prison aurait été une raison suffisante et assez brutale pour qu’il change de cap, bien plus de force que de gré. Il faut croire que la nature humaine est tenace et qu’il ne pourra jamais s’en débarrasser. Loin de moi l’envie de lui couper les ailes mais s’il n’a pas réussi jusque là, je doute qu’il puisse en être capable un jour. Je n’irai pas plus loin vers ce sujet là, pourtant. Le rôle de donneur de leçon me va bien mal, d’autant que je le connais bien assez pour savoir qu’il s’en veut suffisamment lui même.

A son tour, il relance un autre sujet et cette fois-ci, je suis le seul à esquisser un sourire. « Je n’aurais jamais accepté son offre si j’avais su qu’tu étais vivant. » Le fait qu’il ancre son regard dans le mien ne change rien à ma réaction et bien loin de là. Je le soutiens sans jamais sourciller ; habitude tenace. “Être fidèle à un homme mort n’a jamais aidé personne.” Et même si je me porte plutôt bien pour un défunt, il ne le savait pas. Quand bien même, les Manthas ne sont plus et aujourd’hui chacun est libre de voguer où bon lui semble et de baiser les pieds de qui de droit. Il aurait pu jurer allégeance à Lou en me sachant vivant que cela ne m’aurait pas ébranlé non plus, j’espère qu’il le comprendra. « Elle m’a promis une vengeance et me voilà à glisser dans la poche des clients leur précieux sachet d’poudre. » Cette fois-ci pourtant, ses paroles sont suffisantes pour noyer mon sourire. Nos objectifs n’auront jamais été aussi différents qu’ils le sont aujourd’hui quand, pour ma part, il n’y a pas la moindre once de vengeance qui m’abrite. “Tu n’es plus un Mantha depuis longtemps, pourquoi est ce que tu t’en soucies autant ?Parce qu’il n’a jamais cessé d’être un Mantha, évidemment. La raison coule de source. Même en prison il en était un ; même quand le QG a explosé il continuait d’en être un. Même aujourd’hui, il pense toujours l’être quand, moi, j’ai tôt fait de me dégager de toute appartenance à ce gang. « J’espère qu’elle n’a pas fait de toi l’un d’ses pions. » Je ricane amèrement à mon tour. “Associé c’est le terme qui rendrait bien sur un cv.” CV à jamais vide, comme l’avait constaté Ezra il y a cinq ans. "Je fais office de joker.” Joker, carnet d’adresses, tampon, médiateur. Tous les termes sont bons à prendre quand, finalement, le seul qui les résume tous reste celui de pion. Pantin pourrait être plutôt correct, aussi, quand on sait qu’elle peut bien faire de moi ce qu’elle désire et que jamais je ne risquerais de mettre la vie de ma mère en danger pour servir mes propres désirs et intérêts. “Je ne travaille pas pour elle mais j’ai demandé à ce que tu sois sous mes ordres.” Sans que cela ne change finalement rien ni à sa vie ni à la mienne mais disons que ce sera surtout en souvenir du bon vieux temps autant que pour me donner bonne conscience. “Si jamais ça change quoi que ce soit.
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptyJeu 29 Oct 2020 - 12:22

Le visage d’Ichabod est celui que Joseph a visualisé dès l’instant où il a passé devant l’ancien quartier général pour réaliser que ce dernier était devenu vide, démoli. Les fenêtres s’étaient toutes rompues : c’était cette remarque qui avait guidé l’ancien prisonnier vers la théorie de l’explosion. Pas une seconde il s’est imaginé que quelqu’un dans l’immeuble le jour du drame ait pu survivre. Et, le visage d’Ichabod, c’est celui que Joseph a tout de suite visualisé couvert de sang, défiguré par des morceaux de vitre, inerte et plus que mort. Pourtant, aujourd’hui, aucun cicatrise ne semble s’être ajouté sur la peau de son ancien chef qui est bien debout devant lui, ses poumons se remplissant d’air comme autrefois. “Ilaria avait une compétition ce soir là.” Il ne peut contrôler l’expression de surprise qui étire ses traits et il passe sa main dans sa barbe pour garder sa paume devant sa bouche, cachant un sourire alors qu’Ichabod précise que cette compétition l’a retardé. « C’est ta fille qui t’a sauvé, alors. » Il dit, ne pouvant nier le fait que ce hasard soit presque poétique parce que, au fond, le plus vieux n’a jamais voulu devenir ce qu’il est devenu. Il aurait dû être un père de famille comme les autres, un homme qui tient la main de sa fille pour l’aider à faire ses premiers pas. Le ciel – même si ce dernier n’existe pas selon Joseph – lui a offert une seconde chance.  Pourtant, le voilà de retour entre quatre murs qui renferment l’équivalent de dix milles dollars de cocaïne. Les choses ne changeront jamais vraiment. « Tu la vois encore ? »

“Être fidèle à un homme mort n’a jamais aidé personne.” Lèvres pincées, il soupire. « Je voulais plutôt être fidèle à moi-même. Et je ne suis pas mort. Pas encore, en tout cas. » Bras croisés sur sa poitrine pour s’empêcher de se montrer trop émotif, il pose ses fesses contre la table pour s’offrir un peu de soutien. Il voulait être fidèle à ses valeurs, celles que lui ont inculquées un groupe de criminel, certes, mais les seules qu’il connaisse. Il appartenait aux manthas et à personne d’autre. Pas même à ceux qui l’ont élevé. “Tu n’es plus un Mantha depuis longtemps, pourquoi est ce que tu t’en soucies autant ?” Il observe les yeux d’Ichabod, un à un, comme s’il tentait de chercher une différence, une teinte changée, mais il ne pouvait que revoir le chef qui avait veillé sur lui pendant des années. « Tu sais bien c’que j’en pense. Les manthas c’était une famille, pas seulement des idiots qui fumaient des joints en notant le cul des meufs à la télévision. J’ai jamais été un Keegan et je n’ai jamais cessé d’être un mantha même lorsque j’ai été séparé d’vous. » Une question qu’il s’était toujours posée, toutefois : était-il encore un frère même lorsque la justice l’avait emprisonné ? Ichabod l’avait-il rapidement oublié afin de trouver un remplaçant ? Une question qu’il ne posera jamais à voix haute, préférant s’imaginer qu’on avait honoré sa mémoire comme lorsqu’on enterre un défunt. “Associé c’est le terme qui rendrait bien sur un cv.” Il fronce les sourcils, étonné de l’entendre prononcer ces mots. Joseph n’a jamais réussi à rentrer la moindre idée dans la tête de Lou. Elle est têtue, celle-là, et il a simplement abandonné pour ne pas se faire casser la colonne vertébrale. « J’y crois pas. » Il souffle ; un murmure à peine perceptible. “Je ne travaille pas pour elle mais j’ai demandé à ce que tu sois sous mes ordres.” Un sourire d’incompréhension soulève la commissure de ses lèvres. Il secoue la tête de droite à gauche, ne pouvant se contenter de ces quelques faits. Ce ne pouvait pas être aussi simple. Joseph a passé assez de temps avec la jeune femme pour comprendre qu’elle n’est pas malléable comme l’argile. « Non, attends. Comment ? Lou aurait pris un malin plaisir à faire de toi son pantin, pas vrai ? Un vieil ennemi sous ses ordres. Ça aurait excité son petit cœur de hamster. » Il se décolle de la table pour s’approcher de quelques pas d’Ichabod, bras toujours croisés sur sa poitrine. « Qu’est-ce que tu lui as donné en retour ? De l’argent ? Une promesse ? »  
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptyVen 30 Oct 2020 - 9:50

Je savais qu’en abordant le sujet d’Ilaria je me risquais à de plus amples questions à son sujet mais tel un père bien trop fier de sa fille, je n’ai pas pu laisser passer ma seule chance de parler d’elle. Maintenant, mon visage se referme dès lors qu’il relance la conversation. Joseph est peut être ce qui se rapproche le plus d’un ami, n’en reste pas moins qu’il sera toujours moins important que ma famille. « C’est ta fille qui t’a sauvé, alors. » Une part de moi aurait préféré mourir dans cette explosion puisqu’au moins il n’y aurait plus eu aucun obstacle à surmonter. Le choix est lâche autant qu’il est véridique et il m’aurait permis de simplement me retrouver ailleurs, attendant patiemment la venue de Rhéa et Ilaria pour que finalement nous soyons une famille de nouveau. Dans un sens, pourtant, c’est bien ma fille qui m’a sauvé. Il a raison. Elle ne le sait pas et elle ne le saura sûrement jamais mais pour rien au monde je n’aurais raté sa représentation ce soir là. « Tu la vois encore ? » Ma mâchoire se referme par réflexe. Si je n’aime pas les questions qui se rapportent trop à ma vie en règle général, je me vois désormais forcé d’avouer que je déteste cette question simplement parce qu’elle me rappelle l’amère vérité. “C’est compliqué.” sera à mes yeux un synonyme du “non” que je ne veux pas prononcer, de peur qu’il rende la réalité bien trop palpable. A mon tour, je ne peux pas réellement lui demander s’il voit toujours sa famille. Pour l’un comme pour l’autre, c’est le gang qui a devenir notre nouvelle famille.

Lui dire qu’il n’est plus un Mantha fait sûrement l’effet d’une bombe dans son corps fatigué mais je prends la responsabilité de chacune des conséquences qui en découle. A son regard empli d’émotions détonne le mien qui en est dénué. Nous ne sommes plus les mêmes hommes que lors de nos débuts, c’est indéniable. Nous ne sommes même plus les mêmes qu’on a connu après, le chef et le dealer. Aujourd’hui c’est un méli-mélo incompréhensible de toute et de rien qui fait que je ne sais même plus comment agir face à lui, entre la nostalgie du passé et le nouveau caractère qui est le mien dorénavant. Ichabod d’avant n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait voir dans sa vie et endurer avec. « Tu sais bien c’que j’en pense. Les manthas c’était une famille, pas seulement des idiots qui fumaient des joints en notant le cul des meufs à la télévision. J’ai jamais été un Keegan et je n’ai jamais cessé d’être un mantha même lorsque j’ai été séparé d’vous. » Pourtant, les Manthas n’existent plus aujourd’hui et le nom qu’il porte, de commissariat en commissariat, reste celui de Keegan. Il n’y a rien de poétique là dedans, ce ne sont que des faits. Il ne peut pas se dire appartenir à un gang disparu, ce n’est pas ainsi que fonctionnent les choses. Cela signifierait par extension que je suis moi aussi encore bel et bien un Mantha, ce que je refuse. “Tu es bien le seul alors.” Parce que moi, je ne suis plus un Mantha. Parce que les autres, eux, sont tous morts. Il ne reste que lui, le dernier survivant d’un piteux groupe d’adolescents qui ont oublié de grandir. Il pourrait même s’en proclamer chef, tiens. Quel honneur.

On sait tous deux que l’autre n’est pas là parce qu’il l’a décidé alors Joseph ne perd pas de temps avant de me demander la raison exacte de ma venue ici, chose pour laquelle je ne peux pas, une fois de plus, lui répondre avec une sincérité totale. « J’y crois pas. » J’esquisse un rire, décidément toujours aussi peu adepte de la moindre contradiction venant d’autrui. “Ma parole, c’est tout ce que t’as.” J’imagine que Lou serait au contraire bien heureuse de lui avouer les tenants et aboutissants de notre accord, tout comme j’imagine qu’il ne se risquera pas à le lui demander. Je prends le temps de lui donner quelques explications supplémentaires, bien que partielles, mais rien de ce que je peux lui dire ne semble le ravir. Tant pis, pour ma part, cela ne me concerne en rien. Il est ma main droite au sein de la Ruche désormais, ce qui signifie que beaucoup de choses ont changées. « Non, attends. Comment ? Lou aurait pris un malin plaisir à faire de toi son pantin, pas vrai ? Un vieil ennemi sous ses ordres. Ça aurait excité son petit cœur de hamster. » Mes yeux se froncent face à cette esquisse d’insubordination de sa part. Je suis le dernier ravi de mon alliance avec la Ruche mais pour autant je ne me risquerai pas à dire du mal de Lou, ou même lui vouloir du mal. Elle a ma loyauté, aussi mal acquise puisse-t-elle avoir été. “Arrête de faire l’enfant Joseph. Les Manthas n’existent plus depuis des années, fais toi à l’idée. Ils sont tous morts.” Ils ne valent pas la peine qu’on se batte pour eux et je serai bien le dernier à prendre ce risque. Je n’en ai même pas la moindre envie, en réalité. « Qu’est-ce que tu lui as donné en retour ? De l’argent ? Une promesse ? »Ça ne te regarde pas.” sera ma seule réponse à cela. Il est mon ami mais cela ne sous entend pas pour autant que je peux tout lui confier, bien loin de là. Les années de séparation n’arrangent en rien mon incapacité à faire confiance. “Je ne suis pas ici en souvenir du bon vieux temps, tu sais. Et c’est pour la même raison qu’on n’est que des collègues.” Il vaut mieux pour nous deux que nous ne tentions pas le Diable à réparer de vieilles relations vouées à l’échec. S’en tenir au minimum vital, c’est déjà bien assez.
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Message(#)you belong to me (joseph #2) EmptyVen 6 Nov 2020 - 22:41

Joseph n’est pas surpris de ne recevoir qu’une réponse vague lorsqu’il interroge un peu plus Ichabod au sujet de sa fille qui l’a vraisemblablement sauvé le jour où tous les autres manthas ont péri. Il ne lui a jamais parlé d’elle. Il ne connaissait que son nom, rien de plus. Si son ancien chef et lui avaient déjà été proches dans le passé, cela faisait longtemps que leur amitié s’était transformé en silence. Le plus vieux avait coupé les ponts comme s’il n’avait pas eu de peine à le faire – il a toujours été meilleur pour contenir ses émotions, de toute façon. Joseph, quant à lui, avait toujours éprouvé plus de de difficulté à le traiter comme un supérieur et rien de plus. « Je comprends. » Il répond simplement, légèrement déçu de constater que les temps n’ont pas vraiment changé malgré les années qui se sont écoulées sans qu’ils ne puissent se regarder dans le blanc des yeux. Il aurait pensé que, n'étant plus son patron, Ichabod aurait été plus enclin à faire de leur relation ce qu'elle était au début. Mais il faut croire que, à force de jouer le rôle d'une pierre tombale inexpressive, il en est devenu une.  

S’il y a quelque chose qui permet au drogué de se lever le matin, c’est bien l’impression d’être encore un membre de cette bande qui avait joué le rôle de famille dans sa vie. On ne perd pas le nom de son père lorsque celui si décède. On l’honore aussi longtemps qu’on le peut. “Tu es bien le seul alors.” Ichabod ne partage pas son avis. Encore une fois, il ne devrait pas être surpris parce que celui-ci a toujours détesté ce monde qu’on lui a imposé. Pourtant, et il ne peut le nier, ces quelques mots compressent le cœur de Joseph et il doit détourner le regard plusieurs secondes pour dissimuler une moue derrière un haussement de sourcils. Traitez-le d’enfant autant que vous le voulez, mais ça lui fait mal d’entendre cette vérité provenant de la bouche d’une personne qui avait beaucoup compté pour lui. « Hm. » Il marmonne derrière sa main, frottant sa barbe pour tenter de chasser ses pensées. Ce n’était pas comme ça qu’il s’était imaginé de telles retrouvailles. Malgré tout, ne souhaitant pas trop afficher son émotivité, il relance Ichabod à propos de Lou, pensant que cette dernière ce serait bien plu à faire d’un ancien chef de gang ennemi son pantin. “Arrête de faire l’enfant Joseph. Les Manthas n’existent plus depuis des années, fais toi à l’idée. Ils sont tous morts.” Nouveau coup dans la gueule, nouveau couteau planté dans ses tripes. Ses traits se durcissent instantanément, comme s’il reposait enfin son masque impassible pour se protéger. Il a compris. Ses rêves ne se réaliseront pas. La famille qu’il a perdue, il ne la retrouvera jamais même s’il passe tout le reste de sa vie à la chercher. Devant lui se dresse l’homme qu’il considérait comme un frère mais tout a changé. Il n’est plus question de fraternité, au contraire. “Ça ne te regarde pas.” C’est bon, il en a marre. Ichabod peut jouer les mystérieux autant qu’il le veut, Joseph n’a plus l’intention de l’interroger plus longtemps. Il ne faut pas lui faire un dessin pour qu’il comprenne qu’il ne s’agira que d’une stupide relation de collègue, et c’est exactement ce que confirme l’amputé par la suite. « Ouais, c’est bon, j’ai compris. Vous pouvez bien aller vous faire foutre, tous les deux. » Lui et Lou sont devenus les meilleurs copains du monde, alors ? Ils préfèrent garder leurs petits secrets ? Très bien. Pas de problème. Tournant sur lui-même pour replonger ses mains dans le caisson métallique renfermant la marchandise de cocaïne, il empoigne quelques sachets, les enfonce dans ses poches et referme brusquement la boîte, faisant résonner son couvercle dans la petite pièce isolée. Sans accorder le moindre regard à son ancien patron, il le contourne pour sortir de là le plus rapidement possible, son souffle se faisant de plus en plus irrégulier. La Terre a continué de tourner comme si rien ne s'était passé. Pourtant, il a envie de crier ; heureusement, il a appris à le faire en silence.  
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