I'm trying to hold my breath. Let it stay this way. Can't let this moment end. You set off a dream in me. Getting louder now. Can you hear it echoing?. Take my hand. Will you share this with me? 'Cause darling, without you. All the shine of a thousand spotlights. All the stars we steal from the night sky. Will never be enough. Towers of gold are still too little. These hands could hold the world but it'll never be enough (never enough, Loren Allfred )
☆ Kieran & Eve ☆
Assise dans ce siège familier, je regardai l’homme qui me faisait face. Son bloc-notes sur les genoux, costume impeccable, je connaissais ce visage depuis trois ans. Mes traits étaient tirés, mon visage trop blanc. Et pour cause que je venais de me rendre compte de ma bêtise. Courir deux lièvres à la fois n’avait pas été correct, pas plus que les sms envoyés à Kieran lors de ces derniers jours. « Que cherchez vous à faire ? » Je n’en avais aucune idée. sans doute voulais-je faire de lui mon ami ? Mais la vérité s’imposait à mon esprit, se voulait cruel. J’en avais assez parlé avec Caleb pour savoir que Kieran comme moi, nous nous faisions du mal. Nous ne serons pas capables d’entretenir un lien amical ordinaire. Et ma santé était mise en péril car à chaque contact avec le géant brun, je m’enfonçai davantage. Je me rappelai ses larmes quelques mois plus tôt. Sa supplique de me soigner, son air résigné. Cette demande purement altruiste. Je ne l’avais pas fait. Je ne l’avais pas écouté. Et ce fut une discussion pour le moins difficile avec Ezechiel qui m’ouvrit définitivement les yeux. « Vous devez vous entourer par des gens qui vous font du bien. Laissez-vous une dernière chance en allant à la fête foraine. Et si cela devient trop difficile, vous saurez ce que vous avez à faire. » J’opinai alors. Consciente que l’inévitable se rapprochait à grands pas. Celui où je devrais le laisser parier, où je ne devrais pas me montrer égoïste. « Je le ferai. »
Cet entretien avait eu lieu deux jours auparavant. Et depuis, je stressai. Mon appétit en était définitivement coupé. J’étais heureuse de ne pas avoir encore rejointe la ferme de Zeke et d’être sans surveillance pendant encore un court de laps de temps. Je lui avais promis de venir. Je lui avais promis de venir me soigner à ses côtés mais je devais m’organiser. Voir si je ne pouvais pas travailler de chez moi. Aller aux examens avec Jacob, en parler à mes amis. au peu d’amis que j’avais dans ma vie mais qui se révélaient être suffisants. Mon cœur avait tellement rétréci ces dernières années que je ne voulais plus y laisser entrer personne. le départ d’Irina m’avait laissé un goût amer. Et Oakley ne savait rien du mal qui me rongeait. Ni de celui qui gangrénait un peu plus Jacob. Embrassant sa masse capillaire blonde à chaque fois que je le pouvais, je ne parviendrai pas à m’occulter l’image de son tout petit corps dans un lit d’hôpital. C’était impossible. Je pris mon téléphone portable avant de me regarder de longues minutes dans le miroir. Les cheveux verts pastel ne m’allaient définitivement pas au teint. On dirait Médusa. La femme-serpent et cette pensée m’arracha un frisson. Mais je devais faire fi de mon ressenti. Kieran me l’avait demandé et j’avais obéi comme s’il s’agissait d’une ultime requête de sa part. Je ne savais pas s’il avait ramassé ce que j’avais laissé tomber. Je n’en avais aucune idée. Mais deux mois étaient passés et nous n’en avions pas reparlé. La bague de Zeke à mon doigt, sa figurine à son cou, je lui avais donné mon cœur, je lui avais confié jusqu’aux pans les plus sombres de ma personnalité et nous lutterons. Ensembles.
Mon choix était fait. Il était définitif. Je ne me voyais pas sans Zeke mais je pouvais évoluer sans Kieran. Pour cause que nous nous faisions plus de mal qu’autre chose. J’avais décidé cependant d’accéder à la demande de mon psychiatre et de lui accorder une ultime journée. Pour voir si nous pouvions être normaux l’un envers l’autre. Alors, je lui avais donné rendez-vous au parc d’attractions de Brisbane. Puisqu’il s’agissait là d’une tradition. Que j’y allais tous les ans pour mon anniversaire. J’essayais d’occulter que c’était là que j’avais eu mon premier rendez-vous avec Zeke et je me sentis blanchir. Légèrement. Le rose colorait mes joues autant que le vert mes cheveux. J’avais pris soin de mettre une couronne de fleurs légère. Me faisant l’impression de n’être qu’une elfe ou un être irréel. Après tout, c’était ce que j’étais dans les grandes lignes. Un être iréel. Moi qui avais tant voulu disparaitre depuis que j’avais croisé le regard azuré de Kieran. Elle était là la cause de tous mes maux et je la connaissais que trop bien. J’avais voulu être unique, j’avais joué avec son cœur. J’avais joué avec le mien. Et avec ma santé. Nous nous faisions du mal. Sauf que cela risquait de me coûter plus que quelques larmes. Alors une ultime journée. Que j’espérai se prolongerait à l’infini.
Arrivée en avance, je pris place en hauteur comme j’en avais l’habitude. Ma large robe blanche retombait sur ma silhouette chétive et me donnait l’impression d’avoir pris plus de poids. Alors que je n’avais pris que trois kilos. Enfin quatre. Mais le stress dû à cette journée m’en avait fait perdre un. Ce n’était pas bien grave. J’avais mon carnet dans lequel je devais noter tout ce que je mangeais, faire l’addition des calories pour ensuite le donner à mon nutritionniste chaque lundi. Comme une sorte de calcul pour j’atteigne mon objectif. Et mon travail ayant commué ma mise à pied en arrêt de longue maladie, j’avais tout le temps de me refaire. D’être belle aux yeux de mon amant. De Zeke. Je sortis un autre petit cahier dans lequel je dessinai tout ce qu’il me passait par la tête pour en venir à esquisser les traits de la ferme. Celle dans laquelle j’irai vivre en attendant que mon chez moi soit terminé. J’avais besoin de quitter la ville, de voir d’autres horizons. Caleb n’était pas encore au courant. Lui que je préservais dans le seul but de son bonheur. Sans doute étais-je égoïste finalement ? Je m’en voulais de ce coup de fil passé à Kieran et je m’en voulais d’avoir gâché son grand jour. Je lorgnai la montre pour me rendre compte que l’heure était passée. J’avais mérité qu’il ne vienne pas. Alors je sautai.
Mes pieds chaussés de baskets retrouvèrent le sol alors que ma trop longue robe trainait par terre. Mes yeux clairs se levèrent vers le ciel pour voir que le soleil brillait pourtant. Une belle journée. Pourquoi ne pas y aller seule. Je ne le cherchai pas du regard. Je savais que j’avais mérité le châtiment qu’il m’imposait. Et puis n’avais-je pas vu au gré des commentaires laissés sur Instagram qu’il était en couple. Ou alors qu’il voyait quelqu’un ? Il le méritait amplement. Aucune jalousie n’étreignait mon cœur. Cela rendrait sans doute nos rapports plus faciles si nous avions chacun quelqu’un qui nous aimait. Un sourire sincère naquit sur mes lèvres alors que j’avançai dans la file d’attente. Puis, je sortis mon téléphone avant d’afficher sa page Instagram. Et de me décider à faire un ultime geste. Unfollow. Tu es libre Kieran. Tout comme moi. Et je te souhaite le meilleur.
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe. SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh). STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help). MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels. LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi). POSTS : 4054 POINTS : 200
TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022. CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown. RPs EN COURS : halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.
(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres) › ginny (fb) › cecilia › shiloh › wild › alfly #17 (ua) › danaë › olive #2 › greta #2 RPs EN ATTENTE : flora #3 RPs TERMINÉS :
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.
@EVE ZIMMER & KIERAN ⊹⊹⊹ all the shine of a thousand spotlights, all the stars we steal from the night sky will never be enough, never be enough. towers of gold are still too little, these hands could hold the world but it'll never be enough, never be enough.
Je l’ai laissé tomber.
J’ignore à quel moment et je crois que me repasser le fil des événements serait maladroit de ma part ; puisque je les imposerai ainsi à Kieran, qui n’a aucune envie de revivre ceux-ci. Je le maltraite suffisamment avec ma présence quotidienne qui dicte ses pensées pour ne pas ajouter le poids des images sur son mental déjà fragilisé (que je vise à soigner, quand bien même je sais que de cette souffrance a émergé mon existence).
Je crois aussi que l’instant t n’est pas tant important que les dégâts que celui-ci a causé. Car si je ne peux revenir en arrière, je peux tenter de réparer mes fautes ; encore faudrait-il que Kieran accepte de me le permettre et, sans surprise, il s’oppose à mes directives dès lors que celles-ci visent son bien. Et je ne crois pas que le problème émane réellement de mon existence qu’il tend à minimiser, mais d’une réalité bien différente et qui me brise le cœur – ça tombe bien, nous partageons le même et il est déjà réduit en une infinité de morceaux.
Si Kieran ne veut pas aller mieux, ce n’est pas réellement de sa propre volonté. Il s’est simplement tellement habitué à la souffrance qu’il ignore ce qu’il deviendrait sans elle, qu’il a peur de le découvrir et qu’il ne se donne pas le droit de la refuser – parce qu’elle fait tellement partie intégrante de sa vie et son histoire personnelle que cela équivaudrait à s’arracher une partie de lui-même.
Pire que tout, je crois que sa méconnaissance du bonheur l’oblige à considérer la souffrance comme au plus près de ce sentiment tant entendu, jamais vécu.
Alors je ne me surprends pas, lorsqu’il met en pratique les exercices donnés par son psychothérapeute et que le résultat n’étant pas celui qu’il espère, il les interprète comme le lui veut et non comme la logique le voudrait. Je l’ai félicité, pourtant, de se donner les moyens de réfléchir par lui-même, de faire ce pas tant redouté de prendre une réelle décision par lui-même. Dans le silence de sa chambre austère, attablé à son bureau et prostré sur cette chaise que d’ordinaire il ne quitte pas car trop occupé à faire danser les crayons et autres feutres pour exprimer sa créativité, Kieran relit la maigre liste des avantages qui ne permet pas de contrebalancer le poids des inconvénients. C’était tellement plus facile entre les murs du cabinet, lorsqu’il savait très exactement quelle réponse offrir au professionnel pour ne pas éveiller son radar. Il me bloque de nombreux souvenirs, Kieran, mais cela fait bientôt un an que je vis en lui, que les barrières qu’il a construites à mon apparition s’effondrent les unes après les autres ; créées à la hâte, elles ne peuvent résister au poids du temps et se fragilisent inévitablement pour mon plus grand bonheur. La médiathèque de sa vie s’ouvre peu-à-peu ; et des événements auxquels je n’aurais jamais eu accès au préalable me deviennent visibles. C’est notamment le cas de ses suivis lorsqu’il était plus jeune, après avoir été enlevé à ses parents, au cours de ses nombreux placements. Un suivi durant des années, comme pour le relier éternellement au système et s’assurer une certaine conscience ; voyons, on ne l’a pas lâché, le p’tit Halstead. Et pourtant, ils l’ont fait. Comme toutes les figures entrées dans sa vie, il en a inévitablement été déçu.
Sinon, ils sauraient.
Ils sauraient qu’il ment comme il respire, Kieran et que son désir d’acceptation sociale est si grand qu’il est passé maître dans l’art d’offrir aux autres ce qu’ils veulent. Il se cache derrière cette naïveté volontairement exacerbée et cette stupidité prétendue ; parce qu’ils ne chercheront jamais à aller au-delà de ce qu’il veut bien leur offrir ; et que toutes ses hésitations et faiblesses seront mises sur le compte de son caractère trop malléable, jamais sur ses traumatismes qui font de lui une bombe à retardement. Et l’on pourrait craindre le jour où elle explosera ; mais mon rôle est de la désamorcer avant l’inévitable.
Je ne suis pas dupe ; parce que ses pensées sont les miennes et les miennes sont les siennes. Pourtant, c’est bien lui qui dicte la danse alors que j’essaie de le raisonner, que je fais front pour ne pas qu’il cède à cette pulsion. Je répète ces deux chiffres, nonante-neuf et un afin qu’ils deviennent plus concrets. Je fouille les archives de son conscient, lance le disque des séances chez le psychothérapeute, active le système émotionnel lié aux exercices, relance sa mémoire de travail ; tu sais le faire, Kieran. Je sais que ce n’est pas une phrase à laquelle tu as l’habitude, mais pour une fois dans ta vie, écoute-moi. Écoute-moi, Kieran, parce que je ne supporterais pas d’être impuissant une nouvelle fois. Nonante-neuf et un sont des chiffres bien trop opposés pour que la décision soit difficile à prendre. Deux extrêmes ; le poids est tellement plus fort du côté des inconvénients. La liste est longue ; la décision devrait être prise sans hésitation.
Il choisit le Un. Le un pourcent qui prône cette rencontre.
Eve ne se contente plus de gagner. Elle le dépossède, grignote du terrain, l’émiette et ne ramasse rien ; laissant son cœur en morceaux par terre, à la merci de tous les autres qui voudront marcher dessus.
Il a oublié l’heure. Bravo, Kieran. C’est probablement ce qui se rapproche le plus d’un signe d’opposition de ta part et je perçois à quel point tu désires me faire taire ; mais tu n’y arriveras pas. J’insisterai jusqu’à l’issue du rendez-vous s’il le faut, mais tu as hésité. Tu as hésité, tu as traîné, tu l’as fait attendre. Et peut-être que tu veux te cacher derrière cette incapacité à être ponctuel, mais je sais qu’il ne s’agit pas de ça et que si le temps a filé, c’était pour les bonnes raisons. Pour celles qui te font réfléchir au mal que te cause Eve et qui n’a plus rien à voir avec cette ressemblance physique évoquée à votre premier rendez-vous des mois plus tôt. Et ça aussi, je ne cesserai de te le répéter. Elles sont pareilles. Je ne t’ai pas cru au départ, mais le temps t’a donné raison Kieran et je m’excuse d’avoir tant douté de toi. Le mal qu’elles causent est le même ; et les intentions aussi, quoi que tu puisses en dire pour les défendre. Tu es encore une fois le jouet de leur inconstance.
Mais n’allez pas croire que mon discours fasse réagir notre protagoniste. Oh, bien au contraire, alors que, arrivé dans ce parc, ses pas pressés le guident jusqu’à chaque file d’attente, chaque stand, chaque attraction afin de rencontrer sa (trop) frêle silhouette et ses beaux cheveux blonds. Verts. Il l’a suggéré pour plaisanter quelques jours plus tôt lorsqu’ils échangeaient pas sms (draguaient, s’il en croit Fiona) et la perspective qu’elle ait joué le jeu lui colle un énorme sourire sur les lèvres.
J’aimerais l’en retirer, mais je n’agis que sur ses pensées et non ses actions. Pensées que, toutefois, je ne contrôle pas.
Sinon, il ne serait pas heureux. Sinon, il ne serait pas en train de se réjouir de cet acte d’apparence anodine, ayant une signification des plus importantes. Elle l’a fait pour lui. Parce qu’elle a toujours de l’intérêt pour lui. Peut-être plus que de l’intérêt, sans quoi elle aurait cessé de l’appeler chaton, sans quoi elle n’aurait pas envoyé de telles photos d’elle, sans quoi elle n’aurait pas quémandé son avis pour être au plus près de ses envies. À la voir avec la robe dans laquelle il l’a imaginée magnifique, avec les cheveux qu’il a demandé pour plaisanter, il se permet d’y croire, Kieran. Juste un petit peu, juste parce que tout ceci n’aurait pas eu une telle importance si elle s’en fichait. Et il s’en veut presque de ne pas avoir joué le jeu de la séduction par égard pour Ezechiel ; mais peut-être aurait-il dû. Peut-être que cela aurait pu être la cerise sur le gâteau, qu’il songe, alors que sa voix s’élève « Eve ! » Et lorsqu’elle se retourne, son cœur se serre.
Mais pas comme je le souhaiterais. C’est un bonheur qui l’emplit, alors que son regard se pose sur cette robe magnifique. Il l’a dit, elle l’a revêtu. Et pour une fois, il se sent presque normal, Kieran. Je le ressens et je suis partagé entre le bonheur de savoir qu’il vit cette extase et la chute, inévitable, qui l’attend. Il a l’impression de ne pas être si stupide, en fin de compte, parce qu’il a su identifier les signes et il en est presque fier, Kieran.
Il est heureux, il se sent bien et même si je ne peux m’empêcher de douter des intentions de la Zimmer (comme d’ordinaire), que je suis prêt à lancer l’alarme qui résonnera en lui au moindre propos de travers, pour l’instant je me refuse d’intervenir. Je veux qu’il soit heureux, peu importe si la descente fera mal, peu importe si c’est trop éphémère.
« Désolé, j’ai pas vu l’heure. » Qu’il s’excuse, un large sourire sur les lèvres, faisant un pas pour diminuer la distance entre eux. La foule le lui impose, les signes le lui permettent. « Bon anniversaire. » Il dit, son sourire qui ne cesse de s’agrandir sur ses lèvres, son regard qui se fixe dans le sien. « Par contre, tu auras ton cadeau en fin de journée. » Il annonce, une petite moue sur le visage pour surjouer le suspense. « Comment tu te sens ? » Et pas comment tu vas, question piège dans sa situation. « T’as l’air d’avoir repris un peu de poids, c’est génial ! » Il s’exclame, ravi. Parce que ce serait mentir que de dire que ses yeux ne s’arrêtent pas sur cette silhouette, sur ce visage ; et ce serait alors mentir que de prétendre ne pas l’avoir remarqué quand il la détaille autant (d’autant plus en étant terriblement inquiet pour elle). Mais le constat est positif et son cœur s’emballe de joie.
Et ça fait mal, de le voir être aussi bien. Parce que je laisse le détonateur à Eve et que je sais qu’elle, elle ne manquera pas de faire exploser la bombe.
I'm trying to hold my breath. Let it stay this way. Can't let this moment end. You set off a dream in me. Getting louder now. Can you hear it echoing?. Take my hand. Will you share this with me? 'Cause darling, without you. All the shine of a thousand spotlights. All the stars we steal from the night sky. Will never be enough. Towers of gold are still too little. These hands could hold the world but it'll never be enough (never enough, Loren Allfred )
☆ Kieran & Eve ☆
Faire son deuil. C’est une chose extrêmement compliquée. Extrêmement longue. Les personnes n’ayant jamais vécu de pertes ne peuvent pas le comprendre. La perte peut être liée à l’absence, à la mort, à l’abandon. Cette perte convenait à faire le deuil d’une relation, d’un être cher que nous ne côtoyons. Et je dois dire que c’était ce que je devais faire. Pour lui, pour moi, pour nous. Car mes médecins avaient raison, car certains de mes proches -pas tous, car l’histoire n’appartenait qu’à nous, jalousement- avaient raison. car dans le fond, je le savais. Je me suis longtemps posé la question, pendant des mois, de pourquoi je gardais Kieran prêt de moi, égoïstement. Pourquoi avais-je besoin de lui dans ma vie alors qu’il était clair que le jeune homme ne s’épanouirait jamais à mon contact ? Et j’ai eu la raison. Je l’ai aimé. Certains, mal avisés, remettront cette affection en cause parce qu’étant engagée dans une relation de couple avec un autre homme, je continuai à garder Kieran auprès de moi. Mais il fallait remettre les choses dans leur contexte, les gens ne pourront jamais connaître le cheminement de mes pensées d’une pauvre cinglée. Car je suis cinglée. Caleb me dira le contraire, Alex aussi, Ezechiel a été ferme sur la question. Mais j’ai été si longtemps enfermé dans mon propre esprit, dans mes propres tourments que la délivrance, la lumière était inconcevable.
Comprenez, que je n’ai jamais rien fait dans le but de blesser intentionnellement. Je suis tombée amoureuse de Kieran sans l’avoir choisi. Sans même avoir su que son âme était aussi belle que sa personne. Je suis tombée sous le charme de sa voix, de sa gentillesse, de cet homme qui cherchait à me faire sortir de ma coquille. Mais il ne pouvait pas savoir l’étendu de mes maux. Parce que je lui ai dit de vive voix que j’avais perdu mon mari en face à face, parce que je lui ai dit de vive voix quelques semaines après, rageusement, que j’aurai aimé qu’il me courtise. Mais les autres avaient raison, je ne pouvais pas m’attendre à ce qu’il fasse quelque chose qu’il ignorait. Un homme ne peut pas deviner les pensées d’une femme. Pendant des semaines, je me suis interrogée alors que mon compagnon s’éloignait de moi, alors que je recommençais à sombrer, si les choses auraient pu être différentes. Et mon élan fut muée en leurre quand j’ai vu ses commentaires sur Instagram, quand j’ai compris qu’il était passé à autre chose. Alors, j’ai fait la chose qui me paraissait la plus censée. J’ai accédé à sa requête. Son ultime requête. Je me suis remise debout, j’ai pris le monstre à bras le corps pour commencer à me battre. Mais la vie peut être si vile, peut être si mauvaise que parfois, on tombe sur les pas de la rédemption. Le chemin sera long. Il l’est depuis toujours. Pourquoi ? Parce que les évènements de ma vie m’ont rendu cinglée. Parce que je ne suis pas correcte envers Kieran. Et parce que j’ai pris conscience trop tard de ce que j’avais fait par sms. Mais encore une fois, il fallait remettre les choses dans leur contexte.
Kieran est engagé dans une relation, tout comme moi. Et j’ai toujours été comme ça. à envoyer des photos, à parler comme ça. c’est juste que nous n’avions jamais discuté aussi longtemps par sms. Cela n’a pas duré des jours puisque la discussion remontait à la semaine passée. Mais je me suis sentie si seule devant l’oubli de Zeke, devant sa disparition pendant une partie de l’après-midi que je me suis tournée vers un ami. Je ne pensais pas faire quelque chose de mal. Car même si j’aimerai toujours Kieran, je sais désormais qu’un potentiel futur nous était interdit. Je l’avais dit à Zeke dans un élan de sincérité que je l’aimais plus lui que je ne m’aimais moi-même. et que je n’aimerai sans doute jamais quiconque.
Car l’amour que l’on accordait à une personne pouvait se révéler différent. On pouvait aimer une personne d’une manière amicale quasiment fraternelle comme j’aimais Caleb. On pouvait aimer une personne d’une manière inconditionnelle au point de sauter dans les flammes pour aller le sauver comme j’aimais mes enfants. Et on pouvait aimer une personne au risque de tout sacrifier pour son propre bien-être. Et c’était ainsi que j’aimais Kieran.
Kieran a incarné l’espoir. Il a incarné l’envie de me relever après avoir perdu le père de mon fils. Celui de me remettre debout, d’avancer au point de dépasser ma plus grande phobie. Le seuil de la porte. Alors insultez-moi, haïssez-moi d’avoir voulu garder la personne qui m’avait redonné le goût de vivre. Il ne faut pas tout mélanger car c’était Zeke qui m’avait définitivement sorti de mon sommeil cryogénique. Mais Kieran m’avait insufflé un soupçon de vie que j’aurai aimé pouvoir garder près de moi. Mais on ne peut pas sortir avec des chimères. De part ma ressemblance physique avec son ex-fiancée, notre histoire n’aurait jamais abouti nulle part. Pour cause que je ne voulais pas lui causer de la souffrance physique par le simple fait de devoir poser son regard sur moi. Raison pour laquelle je m’étiolais petit à petit. Il n’en était pas la cause principale. Mais je l’avais avoué à Caleb. Cela m’avait fait tellement de mal de le voir pleurer ainsi, d’avoir eu à me supplier de me sauver que cela avait eu l’effet inverse. Ce qui fut l’élément déclencheur fut sans conteste de le savoir avec une autre femme. Car ainsi, je savais que tout était définitivement fini. Ainsi, je savais que l’ambiguité n’aurait plus jamais sa place parmi nous et que nous pourrions avancer. La raison était de savoir comment. Ensembles ? Séparément ?
Je voulais par cette journée symbolisant un jour que j’arbhorrai décider à deux. Je ne voulais pas le faire à sa place. S’il me demandait de rester, je pense que je le ferai uniquement si j’avais cette certitude de ne pas avoir à le blesser psychiquement ou physiquement. S’il me demandait de partir, je le ferai. Certes, le deuil serait long. Certes, il me ferait du mal. Comme chaque relation que l’on s’autorise à enterrer. Mais ne nous trompons pas. Je ne compare pas la perte de Kieran avec celle de Jacob. Car dans le fond, le cœur de Kieran battrait toujours alors que celui de mon mari resterait inerte pour l’éternité. Seulement, il fallait savoir avancer, il fallait savoir se montrer tolérant, bienveillant et ainsi pouvoir permettre à l’autre de vivre le meilleur. De trouver quelqu’un qui saura l’aimer. Pas comme je l’ai fait. Je l’ai aimé mais mal. Je l’ai aimé mais trop tard. Je l’ai aimé mais trop tôt. Je l’ai aimé mais trop éloignée. Je l’aimerai toujours. Car il m’a permis de revoir la vie autrement qu’en noir ou en blanc. Là où Zeke m’avait rendu toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, Kieran avait instauré des soupçons de gris, de bleu, de quelques couleurs froides. Des couleurs pouvant se rapporter à celles de ses iris si l’on s’y rapportait bien. Alors même s’il ne venait pas aujourd’hui, je ne lui en voudrais pas. Je ne pourrais jamais. Car je suis l’unique fautive dans cette histoire. Il ignorait tout comme Zeke l’étendue de ma folie. Le fait que je sois cinglée -même si en entendant ce mot, j’entendais la virulence de mon compagnon dans ma tête- mais il fallait que je sois correcte. J’ai vu un film qui avait laissé planer une citation pouvant ainsi nous symboliser avec Kieran. Je l’avais noté dans un coin de ma tête. sur le fait que sa disparition de mon champ de vision symboliserait un putain d’hiver. Mais j’avais trop de respect pour sa compagne -très jolie d’ailleurs- pour ainsi m’imposer. Il était temps pour moi de tirer ma révérence et de tourner les talons. Métaphoriquement parlant puisque j’étais ainsi vêtue de baskets.
Comprenant qu’il ne viendrait plus, je repris place sur la terre ferme. J’avais adopté le look que nous avions dit. Dans cette robe empire sans doute trop grande pour moi, au point où le tissu trainait au sol, avec mes cheveux d’un vert pastel, me donnant sans doute l’air malade. J’avais osé me maquiller, mettre du blush sur mes joues qui malgré ma morsure du soleil australien, restaient pâles. La seule tâche que l’on pouvait voir, était cette besace que je trainais partout. Mais encore une fois, ce sac a une histoire qui lui était propre. Une manière de l’avoir toujours près de moi alors que j’avais ôté les plaques du creux de mon cou. La figurine de Zeke trônait toujours à sa place, cachée. Ainsi que la bague en bois que je pouvais voir comme une sorte de talisman.
M’armant de mon portable, il était temps pour moi de faire le tri. De laisser Kieran s’envoler. Et dans ma tête, je pus le voir déployer de larges et majestueuses ailes de la couleur de ses yeux si bleus pour s’envoler. Fais donc bon voyage, mon ami. Mais ne fais pas comme Icare, ne vole pas trop près du soleil. Je levai le nez vers ce dernier, un sourire flottant sur mes lèvres. Pour la première fois depuis des mois, des années, je me sentais en paix avec moi-même. Je m’autorisai à fermer les yeux alors que mon téléphone se leva pour capturer l’essence-même du parc d’attractions. Ce genre d’endroits que j’ai toujours aimé. Comme une enfant. J’en avais la taille après tout.
Je déambulai donc dans les allées, le portable à la main pour capturer chaque sourire, chaque moment de joie sur le visage des passants, pouvant ainsi le retranscrire un peu plus tard. Sous forme de dessin ou de tableau. Je n’en avais encore aucune idée. Postée dans une file d’attente, j’étais plus au moins perdue dans l’océan de mes pensées. Qui pour une fois, demeurait calme. La tête inclinée sur le côté, j’avançai au rythme des autres. Comme une sorte de danse mécanique instaurée. Rangeant mon téléphone, je touchai le papier de soie qui recouvrait ma promesse. Je me surpris à dodeliner pour suivre la musique engendrée par le parc. Et chanter.
Mais je chantais tout le temps aussi. Je faisais chanter les aliments alors que nous étions à table. Je fredonnai des berceuses à mes enfants ou à Zeke. Je l’ai même fait une fois avec Kieran pour marquer ma victoire à une game. Mon tout premier top 1 dans Fall Guys. Et c’était ce qui était étrange entre lui et moi. Car virtuellement, tout se passait bien. Mais lorsque nous étions face à face, c’était comme si nos pas ne s’accordaient pas sur une danse bien précise. Nous conduisant fatalement vers la chute. Un vendeur passa à mes côtés et je m’autorisai à sortir de quelques centimères de la file pour en acheter. Des espèces de churros australiens. Cela ne ressemblait en rien à ceux que nous avions en Europe. Et pourtant, il s’agit là d’une nourriture de mon continent. Inspectant la nourriture, je m’autorisai à la renifler comme un chien méfiant.
« Eve ! » Je sursautai alors que ce cri parvint jusqu’à mes oreilles. Mes mains en l’air, comme si j’étais prise en flagrant délit de nourriture avant de voir la moitié du corner voler dans les airs. Une moue sur le visage, je soupirai avant de me tourner vers la provenance de la voix. Je mentirai si je vous disais que je l’avais reconnu car il y avait tellement de monde. Que je suivais les conseils de mon psychothérapeute comme une bonne agoraphobe que j’étais. M’enfermant dans mon monde pour ne pas penser au fait que l’endroit grouillait de monde. Mais là était toute la différence de la convention, nous étions à l’air libre. Je n’avais donc plus aussi peur qu’avant. Je me tournai pour croiser son regard. Le mien s’écarquilla, surprise qu’il soit là devant moi en chair et en os, alors que mes lèvres articulèrent son prénom dans un murmure. Puis, mes lèvres s’étirèrent dans un sourire alors que je sortis de la file d’attente. Je regardai les gens passer pour qu’il réduise la distance entre nous. Il y a certaines limites que je ne peux pas faire.
« Désolé, j’ai pas vu l’heure. » il faut dire que je ne devrais pas être surprise par son manque de ponctualité alors que je ne le suis que trop. « Oh c’est pas grave, dis-je d’une voix que j’essayai être forte, j’étais en train d’observer cette chose. » Je lui montrai le cornet que je tenais toujours entre mes mains. Mes doigts finiraient sans doute trop gras, tout comme ma bouche. Mais j’avais au moins cette chance de ne pas sentir le goût. Car mon agueusie ne se guérirait pas du jour au lendemain. Encore une fois, une faute que je tenais sur mes frêles épaules à force d’avoir rejetée la nourriture. J’en avais détruit les glandes gustatives présentes dans ma bouche. « Bon anniversaire. » Je levai le regard vers lui avant de me sentir rougir comme à chaque fois que l’on me le souhaitait. Dans la mesure du possible puisque je n’étais pas encore devenue écarlate comme une tomate. « Danke, répondis-je en sautillant presque sur place. » J’aurai dû le dire en anglais ? Je me perdais parfois dans cette langue qui n’était pas la mienne. « Par contre, tu auras ton cadeau en fin de journée. » J’inclinai la tête sur le côté avant de rire face à sa moue. « Oh t’es même forcé de m’en faire un. » Et j’étais sincère là-dessus. Car je haïssais mon anniversaire, qui comme à l’accoutumé, fut désastreux. Donc pourquoi me rappeler constamment ce jour maudit ? « Comment tu te sens ? » Me sentir ? Comment ça ? Ils sont parfois étranges ces Australiens. « Bah plutôt bien. Mais faut dire que j’aime ce genre d’endroits. C’est comme vivre dans un autre monde. » Je m’autorisai à lui faire un vrai sourire. sans doute le premier depuis notre rencontre. Celui qui dévoilait mes dents trop longues. « Et toi ? Depuis ta défaite cuisante, t’as réussi à te remettre ? » J’ai failli ajouter le surnom par lequel je l’appelai par sms ou virtuellement. Mais encore une fois, il fallait respecter certaines règles tacites à la rencontre en chair et en os. « T’as l’air d’avoir repris un peu de poids, c’est génial ! »
Je m’autorisai à faire une chose ridicule en soi. Les mains levées, je tournai sur moi-même pour lui montrer l’étendue de ma prétendue prise de poids. « J’ai pris trois kilos. Enfin j’en avais pris quatre mais j’en ai encore trop fait donc j’ai perdu le dernier. Il s’est envolé dans les airs comme les choses que vous appelez churros. » Je fis une petite moue avant de froncer le nez. « Oh j’ai quelque chose pour toi, au fait. Je te l’avais promis. » Je fouillai d’une main dans mon sac avant de sortir le petit papier de soie qui représentait la petite figurine que je lui avais promise à son anniversaire. Je l’avais enfermé dans un papier de soie car après l’avoir fini, seul le détenteur pouvait le toucher de ses doigts. Pas le concepteur. Ainsi, il aurait la signification propre à lui seul. Il faut vraiment que j’arrête de regarder Inception, cela me fait faire n’importe quoi.
Je lui dévoilai donc le petit morceau, paume tendue. Pour qu’il n’ait pas à me toucher lorsqu’il le prendra. J’avais compris au travers de brides de mots que j’étais trop tactile et donc, en accord avec tout le monde, j’essayai de prendre sur moi. « C’est le totem que je t’ai promis. Alors ça va te paraître bête. Mais en fait, ça permet de revenir quand t’es dans des zones sombres. Faut surtout pas que tu penses à la personne qui t’a l’a faite parce que c’est un truc à faire seul. Mais, ça te permet de t’ancrer dans la réalité. J’en ai fait un pour Caleb quand il allait pas très bien. » J’eus un petit rire, ce dernier illuminant complètement mon visage. « Après si tu veux, tu peux le mettre sur une étagère et plus y retoucher. C’est pas tout le monde qui croit en ça. » Mais moi si. Je lui tendis également le cornet moitié remplie du met que les Australiens. « Toi d’abord. » Je ne quittais pas son regard un seul instant, de même que mon sourire restait vissé sur mes lèvres.
Peut-être que pour une fois… Tout se passerait bien.
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe. SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh). STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help). MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels. LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi). POSTS : 4054 POINTS : 200
TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022. CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown. RPs EN COURS : halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.
(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres) › ginny (fb) › cecilia › shiloh › wild › alfly #17 (ua) › danaë › olive #2 › greta #2 RPs EN ATTENTE : flora #3 RPs TERMINÉS :
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.
Comme toujours, je suis la voix de la raison ; tentant de lui faire comprendre qu’il ne s’agit que d’une teinture faite à la va vite et une robe achetée lors d’une journée shopping lambda : il ne devrait pas y voir d’autres interprétations que ceci, ne pas supposer que sa mise en beauté est unique simplement parce qu’il l’a demandée. Probablement qu’elle a utilisé la même robe pour un rendez-vous avec Ezechiel, sûrement qu’elle s’est déjà teint les cheveux sur la demande du géant – comme elle aime à l’appeler. Sûrement que son comportement n’a donc rien de spécifique à son attention, mais ça, Kieran s’en fiche et aime voir les choses comme il le désire.
Et je dois dire que malgré mon inimité pour l’allemande, difficile de me faire entendre alors que les éléments ne jouent pas en ma faveur, tandis qu’ils concrétisent le désir le plus puissant du grand brun. Comprenez, mis bout à bout, je crois que je verrais le même message que Kieran et que seule mon opinion bien arrêtée sur la Zimmer efface la véracité des faits.
Elle a suivi son désir de la découvrir avec les cheveux verts – une demande qui était une blague, à l’origine, elle pourrait bien avoir le crâne rasé qu’il la trouverait toujours aussi éblouissante, elle a écouté son conseil vestimentaire en mettant cette robe qui, certes semble trop grande en vue des problèmes alimentaires qu’elle traverse, mais qui lui va néanmoins à ravir – là-aussi, elle pourrait revêtir un sac de jute qu’elle serait magnifique.
Il y a eu ces échanges de messages, bien plus poussés que d’ordinaire, suffisamment pour qu’il quémande l’opinion de sa meilleure amie sur ceux-ci. Certes, ce n’est pas très respectueux pour la blonde que d’avoir dévoilé leur discussion, mais il avait besoin d’être certain de ne pas rêver. Il n’est pas très doué pour voir les signaux, Kieran – il n’y a qu’à voir avec Ivy le soir de son anniversaire – et il ne l’était pas plus lorsqu’il était en couple. N’ayant connu qu’une véritable relation dans sa vie, n’ayant jamais couru les amourettes, il tend à être un pré-adolescent qui rougit dès qu’on l’observe avec un peu trop d’insistance et à tout prendre au premier degré lorsqu’on esquisse un pas en sa direction. Mais il n’a pas rêvé, Fiona l’a confirmé ; leur échange est plus communément appelé drague et à cette confirmation, il n’a pas manqué de sourire comme un idiot, sans toutefois pousser le vice à entrer dans le jeu par respect pour Ezechiel, quand bien même il suppose que celui-ci ne fait plus partie du décor pour qu’Eve se soit permis une telle liberté.
Il y a toujours ce surnom (qu’il n’apprécie pas quoi qu’il en dise, je suis conscient qu’il n’aime pas les mots doux même s’il fait de son mieux pour se conformer à ceux-ci), ces quelques lettres qui emballent son cœur dès qu’elles sont prononcées. Chaton, un terme exclusivement réservé à Eve, la seule qui a le droit à telle privilège, surtout aujourd’hui, surtout alors que chaque mot d’affection est remis en question par mes soins, dans une tentative de l’aider à faire la différence entre sincérité et manipulation. Mais la frontière a été trop souvent floue pour que Kieran, même poussé par mes soins, soit en mesure de savoir dans quelle catégorie il se situe. Néanmoins, avec Eve, le choix n’est pas difficile ; c’est l’affection qui prime, c’est l’affection qui a toujours primé comme il en a pris conscient au cours de leur précédente rencontre.
Parce qu’il y a eu cette déclaration ; ses sentiments qu’il avait eu besoin de verbaliser après les avoir cachés, après avoir menti sur ceux-ci. Il ne s’attendait pas à grand-chose, Kieran, préparé à la perspective qu’ils ne soient pas partagés – pourquoi l’auraient-ils été ? Elle est heureuse avec son géant, c’était même carrément déplacé de sa part d’être aussi sincère ; mais il savait qu’il n’y aurait jamais d’autres opportunités et que s’il se devait d’agir au lieu d’être passif, c’était ce jour-là. Elle ne les avait pas partagé ; pas explicitement du moins et c’est ce qu’il avait découvert en ramassant ce carnet à terre et en obtenant finalement l’autorisation de le feuilleter. Et son cœur s’était emballé à chaque page – contre ma volonté. Ce n’est pas que je ne veux pas le voir heureux, bien sûr qu’il était heureux ce jour-là, bien sûr que chaque page feuilletée l’aidait un peu plus à ramasser les morceaux de son cœur, mais je sais aussi que cette relation est trop fragile pour qu’il bâtisse des espoirs aussi grands sur celle-ci. Je n’ai eu de cesse de le répéter, en évoquant à quel point Eve s’est jouée de lui jusqu’ici – et qu’une fois encore n’aurait ainsi pas fait exception à la règle. Mais il ne m’a pas écouté, trop bouleversé, trop heureux, trop réconforté par ces quelques dessins prônant leur avenir commun et ces quelques mots de sa voix à elle lui assurant que tout est sincère.
Alors qu’est-ce qu’il risquait, aujourd’hui, au juste ? Rien. Absolument rien.
Pour la première fois depuis longtemps, il n’anticipe pas tout, il n’a pas besoin d’avoir le contrôle sur tout ce qui l’entoure ; il préfère se laisser guider. Et dans d’autres circonstances, j’aurais été ravi par ce relâchement, je l’aurais félicité, mais je reste la voix de la raison et je ne peux m’empêcher de le mettre en garde contre la blonde ; jamais ses intentions ne sont sincères, Kieran, n’oublie pas qu’il s’agit d’une caractéristique qu’elle partage avec elle. Tu te dois te douter de chaque mot, de chaque geste, de chaque compliment ; ils cachent toujours quelque chose et tu ne peux tomber dans le piège alors que tu parviens enfin à sortir de la précédente machination dont tu as été victime.
Mais tous mes bons conseils n’arriveront jamais à prendre le dessus sur ses sentiments ; lorsque c’est un large sourire qu’il affiche sur les lèvres alors qu’il l’aperçoit enfin, sa frêle silhouette, dans une file d’attente et qu’il s’empresse de l’interpeller. « Cette chose est la meilleure invention de l’univers. » Il souligne, regard outré, en désignant le cornet dans sa main. Oh, il n’est pas insensible, il sait très bien que la raison de son opinion est liée à ses difficultés alimentaires ; mais Kieran fait l’autruche comme il le fait pour ses propres problèmes. Ce n’est pas qu’il veut prétendre qu’ils n’existent pas (enfin, si, c’est très exactement ce que tu fais te concernant, Kieran), mais il ne veut pas qu’ils deviennent le centre de tout le reste et qu’ils oublient de profiter parce qu’il devra faire attention à tout ce qui peut sortir de sa bouche. Il est le roi du déni, Kieran, mais il n’est pas insensible.
Il devrait, pourtant. Il le devrait, mais il s’en fiche bien de ce que je peux dire alors qu’il est trop accaparé par ces vœux d’anniversaire, autant que son cadeau qu’il lui promet plus tard ; je sais très bien quelle est son intention et je lui murmure que c’est une terrible idée. Que tu n’es pas prêt pour ça, Kieran et qu’Eve ne mérite pas d’avoir un si beau cadeau. Mais tu fais fi de mes conseils pour te concentrer sur ce qui t’intéresse véritablement ; la jeune femme et seulement elle. « J’y tiens. » Il souligne et si seulement elle savait ce que tu as en tête, Kieran, probablement qu’elle ne tiendrait pas le même discours. De la même manière, il tient à demander de ses nouvelles, en évitant la confrontation trop directe de lui demander si elle va bien, conscient que la réponse ne serait probablement pas aussi positive qu’il pourrait l’espérer. « On a toute la journée pour ça. » Pour vivre dans un autre monde, pour vivre dans leur monde, dans celui qu’elle a pu croquer dans ce carnet et à cette pensée, un nouveau sourire s’affiche sur ses lèvres. « C’est encore un peu douloureux, alors si on peut éviter le sujet. » Il quémande, la main sur son cœur pour signifier le terrible ressenti qui ne cesse de le poursuivre depuis leur dernière rencontre virtuelle.
Son regard glisse de ses yeux à son sourire, à cette robe – sans oser s’attarder, mais en prenant soin de la détailler, afin de pouvoir verbaliser sa prise de poids qui le ravit ; signe que, peut-être, les choses s’arrangent du côté de la jeune femme et il veut s’accrocher à cet espoir. Pourtant, elle se fiche de savoir comment toi tu vas, Kieran, pourquoi est-ce que tu persistes à t’inquiéter autant pour elle ? Il ne m’écoute pas, buvant les paroles de la jeune femme, son sourire qui s’agrandit tandis qu’elle tourne sur elle-même autant qu’elle lui annonce la bonne nouvelle. « Eve. » Il dit, faussement moralisateur en penchant la tête. « T’es pas censée « trop en faire », je te rappelle. » Il souligne, le regard qui s’adoucit alors qu’il hausse les épaules. « Compte sur moi pour te le rappeler autant de fois qu’il faut pour t’énerver. » Oh, je sais qu’il peut être agaçant, Kieran, quand il s’y met et probablement qu’Eve n’est pas prête pour ça. « Oh. » Il glisse par la suite quand elle lui rappelle sa promesse, rajoutant « t’étais pas obligée. » Bien sûr que chaque cadeau de sa part il les chérit précieusement, mais jamais il ne lui aurait demandé de respecter cette promesse, conscient qu’elle a bien assez à faire. Et il ne voudrait pas la fatiguer plus que de raison, il se sentirait coupable. Pour autant, je sens la légèreté dans son cœur tandis que c’est encore un élément à ajouter à la liste de tous les autres ; et qui ne manque pas d’accentuer cette idée selon laquelle elle partage ses sentiments et qu’aujourd’hui sera un jour inévitablement différent pour eux.
Jusqu’à ce que ses doigts glissent délicatement sur sa paume, dans une tentative de faire un geste en sa direction, de lui donner un indice quant à ce cadeau qu’il a en tête, pour lui permettre de comprendre qu’il n’a pas oublié ce qui était inscrit dans ce carnet.
Jusqu’à ce que ses doigts se referment sur cette figurine, non sans heurter un autre objet au passage.
Jusqu’à ce que ses yeux glissent sur celui-ci et que la bague lui devienne visible. Une bague, ce n’est pas grand-chose.
Sauf quand elle est en bois. Sauf quand Ezechiel est ébéniste. Sauf quand elle apparaît sur son doigt pour la première fois à sa connaissance.
C’est à ne rien y comprendre.
Ce que je comprends, toutefois, c’est que j’avais raison, Kieran. Tu n’aurais pas dû te fier à ce bonheur provoqué par Eve, car comme toujours en sa présence, il est éphémère. Et bien trop douloureux pour être supportable.
Elle était parvenue à se faire pardonner en recollant les morceaux du cœur qu’elle avait brisé, mais force est de constater qu’elle le préfère sous sa forme éclatée ; alors qu’elle s’empresse à nouveau de marcher dessus.
« Merci. » Il parvient à dire, relevant le regard vers elle, esquissant un sourire plus timide.
Peut-être que tu te fais des idées, Kieran. Peut-être que c’est juste une bague qu’elle a trouvé jolie et acheté sur un marché. Peut-être que tout n’a pas une signification et que tu devrais cesser d’en chercher ; son attitude te crie tout le contraire de cette bague, alors pourquoi te fier à ce misérable objet ? « Je vais essayer. » De ne pas penser à la personne qui l’a fait, mais il s’empêche de le souligner, ne sachant plus à quoi se fier. « Il est magnifique, merci. » Qu’il répète, avant d’ajouter : « tu peux être sûr que je vais le garder précieusement. » Et elle n’a pas à douter de sa parole, lui. « J’y crois, moi. » Qu’il ajoute, un peu ailleurs, alors que son regard se reporte un bref instant sur cette bague.
Oublie-la, Kieran. Je parle autant de la bague que d’Eve.
« Ah ? Oh, oui, pardon. » Qu’il revient à lui, tandis qu’il croise son regard et son sourire, ne faisant que jouer encore un peu plus avec ses sentiments alors qu’il fait honneur aux mots qu’elle a tenu à son encontre ; il est paumé, Kieran. Il est juste paumé. « Merci. » Qu’il dit en s’emparant d’un churros qu’il fait jouer entre ses doigts, l’estomac soudainement trop noué pour avaler quoi que ce soit. Et je l’oblige à ne plus reporter son regard sur cette bague qui l’interroge plus que de raison ; je veux qu’il passe une bonne journée, même si c’est en compagnie d’Eve. Je veux qu’il oublie ses tourments même si elle ne cesse de lui les coller sous le nez, mais l’endroit fait qu’ils peuvent passer une bonne journée, même s’il a un doute, même s’il a un mauvais pressentiment qu’il ne saurait expliquer. « Par quoi tu veux commencer ? » Il finit par demander alors que son regard se perd à nouveau dans le sien ; c’est le seul avantage de la jeune femme, dès qu’il pose ses yeux sur elle il parvient (presque) à oublier tout le reste. « C’est ta journée, c’est toi qui fais le programme. » Il ajoute, un large sourire sur les lèvres.
Parce que s’il se force à être heureux, il oubliera peut-être qu'il ne l'est pas.
I'm trying to hold my breath. Let it stay this way. Can't let this moment end. You set off a dream in me. Getting louder now. Can you hear it echoing?. Take my hand. Will you share this with me? 'Cause darling, without you. All the shine of a thousand spotlights. All the stars we steal from the night sky. Will never be enough. Towers of gold are still too little. These hands could hold the world but it'll never be enough (never enough, Loren Allfred )
☆ Kieran & Eve ☆
Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par ce rejoindre. De ton chemin tu vois l’autre personne devenir de plus en plus petite. Ce n’est pas grave, on est fait l’un pour l’autre, à la fin elle sera là. Mais à la fin il n’arrive qu’une chose… Un putain d’hiver.
Je voulais espérer qu’une amitié entre Kieran et moi était possible. Sans doute me leurrais-je ? Mais je commençai tout juste à apprendre à ouvrir mon cœur. J’apprenais à dire ce que je pensais. Je me remettais debout et j’essayai d’apprendre à marcher, à avancer, à manger et à laisser les chaines de mon passé choir sur le sol pour ainsi avoir plus de liberté. Sans doute Kieran faisait-il parti de ses chaines ? Sans doute devais-je lui aussi le laisser en arrière ? Mais les souvenirs étaient trop frais, trop virulents pour que je puisse m’en délester. A vrai dire, j’ai aimé Kieran jamais comme je n’aimerai Zeke et j’aime Zeke comme jamais je n’aimerai Kieran. Il fallait prendre en compte leurs différences. Qu’elles soient physiques, qu’elles soient mentales. Zeke incarnait cette eau stable, dormante, ce calme paisible alors que Kieran incarnait un oiseau. Un oiseau emprisonné dans sa cage qui ne demandait qu’à sortir. Un ange.
Kieran était un ange. Un ange de bonté. Un ange de gentillesse. Un ange qui avait souffert de diverses meurtrissures sans que je n’en prenne pas conscience. Pas que je refusai la confession mais j’attendais patiemment qu’il m’en parle. Ainsi au travers de nos rencontres toutes plus échouées les unes que les autres, j’ai compris que nous nous étions loupés. Kieran est monté dans un train, j’ai grimpé dans un autre. et les trains ne sont jamais entrés en collision. Je recherchai quelque chose de simple, quelque chose de pur. Je ne voulais plus de larmes, je ne voulais plus de souffrances dans ma vie. Car j’en avais assez. J’étais fatiguée. fatiguée de rester prostrée dans un coin, avec ma couvetture, à pleurer toutes les larmes de mon corps. J’étais fatiguée de me retrouver à vomir mes tripes et mes boyaux à cause de ma culpabilité. Cette culpabilité qui étreignait mon cœur, qui l’enserrait pour le compresser. Je le sentais sur le point de céder jusqu’à temps que je ne le donne à Zeke. Que je décide le faire d’une manière métaphorique pour qu’il le cageole et qu’il en prenne soin. Alors oui, certes, il y aurait des ratés. Car il m’a fait comprendre au travers de paroles et de gestes que j’étais sa première petite-amie. Mais je savais que je pouvais lui faire confiance pour en prendre soin.
Pas concernant Kieran. Comprenez que je ne suis pas en train de dire des méchancetés, de les penser plutôt sur lui. Mais Kieran est en souffrance. J’aurai aimé avoir cette force de poser ma petite main sur sa poitrine sans qu’il ne me repousse. A l’emplacement de son cœur pour le sentir battre sous ma paume et soupirer d’aise en me disant qu’il était mien. Mais jamais je ne le ferai. Car Kieran ne me voyait pas. Ou du moins, il semblait me voir mais pas de la manière dont je l’espérai. Et encore une fois, j’eus cette confirmation que nous nous étions ratés. Que tout en nous, nous repoussaient vers d’autres personnes. J’avais Ezechiel et il avait cette fille que je ne connaissais pas et qui j’espérai prendrait soin de lui. Car il le méritait. Il méritait que quelqu’un l’aime pour lui. que la personne prenne son cœur dans la paume de sa main, le caresse, colmate les fissures et y redonne un sens. Et je ne pouvais pas le faire.
Alors dans une dernière tentative de sauver cette relation bizarre que nous entretenions. Je me trouvais en face de lui. avec mes cheveux verts qui me faisaient me sentir comme ne personne ridicule. avec cette robe trop grande qui ressemblait à un rideau. Je me tenais devant lui, mon cœur ébréché battant dans l’espoir de passer une bonne journée. Comme un rêve. Et que s’il me faisait comprendre au travers de rejets, d’accès de panique dans ses yeux si beaux, je prendrai la tangente. Et je le laisserai refaire sa vie. Car il n’avait pas besoin de moi dans sa vie, Kieran. Il avait besoin d’une fille saine, équilibrée et pas d’une cinglée malade, anorexique, véritable trainée, mère de deux enfants magnifiques mais n’ayant aucune considération pour sa personne. Kieran, sache-le, j’aurai voulu t’aimer. Que dis-je ? Je t’ai aimé trop tôt. Et toi, tu l’as fait trop tard. Nous nous sommes loupés dans la gare centrale, nos cœurs ne se sont pas connectés. Et j’en suis navrée.
Alors que je lui tendis le cornet, je pris une mine faussement dégoûtée face à l’aspect douteux des churros, choses que les australiens appelaient churros. « Cette chose est la meilleure invention de l’univers. Je secouai la tête. « Nan, la meilleure chose de l’univers cher ami, c’est le chocolat. Et tu ne pourras trouver aucun argument valable contre ça. » Il était de notoriété publique que j’étais plus sucrée que salée. Je ne ressentais plus le goût à force d’avoir rendu mes repas. Mais je savais discerner l’éclatement d’un grain de sucre sous ma langue, véritable extase pour mes papilles abimées. « J’y tiens. » Que répondre à ça ? je ne pourrais pas lui dire le mal que m’infligeait cet anniversaire. Raté. Doublement raté suite à l’oubli d’Ezechiel et au fait que Kieran et moi ne savions pas sur quel pied danser. « On a toute la journée pour ça. » J’opinai donc, avec un franc sourire. J’aimais le monde des parcs d’attractions. « Normalement je devrais être à Disneyland. Je ne sais pas si tu y es déjà allé. Mais c’est si… » Je fermai les yeux, me balançant d’avant en arrière. « féérique. » je me sentais exister dans ce genre d’endroit. Je n’étais plus Evelyn, la femme au rejet constant, la femme qui ne savait pas faire les bons choix. Je n’étais plus Eve, la mère de deux enfants. J’étais quelque chose d’autre. Une meilleure évolution de moi-même. Mais la France était bien loin et je devais me contenter de ce pays où je peinais à m’acclimater même trois années passées.
Les Australiens sont froids. Très froids. Répugnants chaque contact physique. Me rejetant de plus belle alors que je ne demandai qu’un peu d’affection. J’ai commencé à me sentir si petite dans ce pays. Incomprise, délaissée. Et je me suis sentie mieux au contact de Zeke. Car il me laissait le toucher. Il me laissait l’approcher. Et il me prodiguait de l’affection. J’en avais besoin pour m’ancrer dans la réalité. tout comme j’avais besoin de mon totem. « C’est encore un peu douloureux, alors si on peut éviter le sujet. » Je secouai la tête, avec sans doute le rire le plus sincère sur le visage. Un vrai rire. Pas comme ceux que j’avais forcés lors de notre première rencontre, pas comme les intimidés à l’aquarium. Un rire cristallin, que certains rapportaient à la finalité d’un animal à l’agonie.
« Eve. » Je tournai la tête vers lui, m’ôtant mes pensées de la chose qui me servait de cerveau pour venir lever les yeux. « T’es pas censée « trop en faire », je te rappelle. » Mentalement, je patasse sur place. Incapable de tenir en place. Physiquement, je me contente de jouer avec ma bouche, faisant la moue sans réellement m’en rendre compte, tel un enfant pris en faute. Comme si j’avais renversé de la menthe poivrée sur le tapis de ma grand-mère. « Compte sur moi pour te le rappeler autant de fois qu’il faut pour t’énerver. » J’inclinai la tête sur le côté comme un chien qui ne saisirait pas la portée de ses paroles. « Je vois pas en quoi tu m’énerverais. T’es la personne la plus gentille et la plus douce que je connaisse. » J’avais affirmé ceci sans réellement me rendre compte de la portée de mes paroles. « Et je pense que tu dois être aussi crédible que moi quand tu t’énerves. » L’adage des gens trop gentil en somme. Nous étions pareils sur ce point. A la différence près que je saurai me sacrifier si la nécessité s’avérait présente. « t’étais pas obligée. » Pourquoi ça ? « Je te l’avais promis. » Je ne voyais pas d’obligation dans le fait d’offrir un totem. Je l’avais sculpté dans de l’argile, peint à la main à l’effigie de son animal favori. La question n’avait pas été anodine alors que nous étions en live pour jouer à Fall Guys. J’avais grappillé des informations pour le fabriquer aussi minutieusement que possible durant mes nuits d’insomnie. Zeke aussi avait le sien mais je doutais en sa croyance. Je ne le pensais pas capable de l’utiliser en cas de force majeure. Alors que le sien ne quittait jamais mon cou. « Je vais essayer. » Le fait étant qu’il me dise ces mots, mon sourire s’élargit. Dévoilant mes dents de devant. Kieran et sa grande générosité. Mon regard ne rencontrait pas le sien cependant. Il balayait le parc pour nous trouver un endroit où nous faire la queue. Devant un manège. On dit que le rire rapproche les gens. Et même si c’était mon anniversaire, je voulais faire rire Kieran. « Il est magnifique, merci. » Je me sentis rougir sous le compliment, prête à ouvrir la bouche pour me déprecier comme je le faisais si souvent. « J’y crois, moi. » Et j’eus un nouveau petit sourire avant de lui tendre le cornet.
Sans doute retardai-je le moment où j’allais devoir manger cette chose ? La moitié étant au sol et se moquait de moi, bien qu’ils semblassent dénués de vie. Je l’imite donc, après qu’il ait retiré sa main. Pas de contacts. Puis, je le portais à mes lèvres en grimaçant. Je mâchouillai la pâte qui avait durci d’avoir trop attendu avant de l’avaler. « Ils ont rien à avoir avec ceux d’Espagne quand même. » Je n’avais été qu’une seule fois à Madrid mais je gardai un souvenir inéluctable des churros. Et de leurs saveurs. « Tu me diras je sens plus le goût donc je pense que le fait que j’ai l’impression que ça soit du caoutchouc ne doit pas trop m’étonner, pensais-je à voix haute. » Pendant dix secondes j’avais occulté la présence d’une tierce personne. ce qui m’arrivait un peu trop souvent. « Ce manège-là, dis-je en montrat la file dans laquelle j’étais. A ce qu’il parait c’est à sensations fortes. Je doute que cela égal la tour de la terreur mais ça vaut le coup d’essayer. » Je m’avançai donc pour retrouver la file où j’étais avant de me tourner vers lui. « Sinon, toi, comment tu te sens ? Y’a des choses nouvelles dans ta vie ? » Après tout, nous allions passer toute la journée ensembles. Et il était hors de question que l’on ne fasse parler que de moi. Et il m’avait vraiment manqué. A vrai dire, il me manquait depuis ce jour maudit où nous étions rencontrés. Consciente que la mécanique était désormais brisée. A jamais.
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe. SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh). STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help). MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels. LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi). POSTS : 4054 POINTS : 200
TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022. CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown. RPs EN COURS : halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.
(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres) › ginny (fb) › cecilia › shiloh › wild › alfly #17 (ua) › danaë › olive #2 › greta #2 RPs EN ATTENTE : flora #3 RPs TERMINÉS :
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.
J’ignore pour quelle raison je suis aussi partagé quant à mes sentiments pour Eve, quant à savoir si je l’aime ou je la déteste. Après tout, avec Kieran nous ne faisons plus qu’un et, ses sentiments sont autant les miens que les miens sont les siens. Je la déteste, il l’aime ; nous ne pouvons que nous balancer d’un extrême à l’autre sans jamais trouver le juste milieu qui nous permettra à tous deux d’être satisfait ; l’un devra nécessairement céder sa place à l’autre et si Kieran n’a pas l’air de prime abord, c’est un combattant des plus acharnés qui ne compte pas m’offrir la victoire avec la facilité que je quémande.
Alors, souvent, il prend le dessus. Et je me retrouve forcé à aimer moi-aussi la Zimmer.
Bien sûr, mes sentiments ne sont pas aussi purs que ceux que Kieran a à son égard (peut-on vraiment parler de sincérité alors qu’ils sont nés de façon biaisée de par une ressemblance fortuite ?), néanmoins je me vois confronté aux meilleurs aspects de la jeune femme à force que Kieran ne me les rabâche continuellement, comme depuis quelques jours, comme depuis qu’il attend avec impatience ce rendez-vous pour concrétiser cette envie qu’il a depuis le premier jour.
Je me retrouve à l’apprécier par la force des choses. Car jamais elle ne pourra me convaincre de baisser ma garde vis-à-vis d’elle et jamais Kieran n’arrivera à faire des sentiments les seuls qu’il puisse ressentir à son égard ; mais je suis bon joueur et lorsqu’une victoire m’échappe, il convient de féliciter mon adversaire.
Alors je te félicite, Eve. Et cette fois-ci, aucune hypocrisie n’est perceptible dans cette pensée que je partage à Kieran à défaut de pouvoir la verbaliser, il n’y a qu’une sincérité aussi pure que les sentiments de notre protagoniste à ton égard.
Je la félicite, parce que les derniers jours ont été placés sous le signe de la légèreté et du bonheur. Deux sentiments que je n’avais pas ressenti, que Kieran n’avait pas ressenti, depuis de longs mois au point de douter de leur existence. Le poids écrasant de son mal-être s’est dissipé petit-à-petit, page après page, dessin après dessin, message après message, au point où il a pu inspirer à nouveau – comme une seconde naissance, au moment où il était persuadé que tout s’arrêtait pour lui. Pourtant, je n’oublie pas que c’est en grande partie parce qu’elle désirait tout arrêter entre eux qu’il ne voyait plus de sens à son quotidien ; je n’oublie pas qu’elle a contribué en grande partie à ce poids écrasant et qu’elle l’a longtemps empêché de respirer. Les fils qu’elle a liés autour de ses poignets ne lui permettent toujours pas d’être le seul décisionnaire de sa vie ; l’impact que la blonde a est bien trop important pour cela – mais elle a le mérite de les tirer avec moins de brutalité qu’autrefois, une délicatesse nouvelle et appréciable pour Kieran qui se perd dans les semblants de promesse verbalisés à travers le virtuel. Je ne cesse de lui répéter qu’il devrait être le mieux placé pour savoir que ce qui relève de l’imaginaire ne reste que trop souvent fictif et la déception, bien réelle elle, n’est que plus douloureuse. Mais Kieran ne m’écoute pas, bercé par toutes les belles illusions des dernières semaines, dernière lueur d’espoir à laquelle il s’accroche, dernier objectif qui le maintien en vie, alors même qu’elle a insisté autrefois sur le fait que la réciproque ne peut s’appliquer de par sa volonté de disparaître provoquée par la simple existence du jeune homme.
Alors il ne pourra jamais réduire au mutisme ma voix ; je serai toujours là pour mettre en avant les défauts que je perçois chez la jeune femme, la manipulation dont je persiste à croire qu’elle se rend coupable pour mieux s’assurer l’affection et l’intérêt d’un Kieran qui ne voit qu’elle et qui ne cessera par conséquent de la valoriser aussitôt qu’elle en aura besoin. Mais j’accepte aussi l’effet qu’elle a sur lui, à défaut de réellement considérer que cela puisse être des qualités. Et même si je reste méfiant en supposant que ce bien-être sur notre protagoniste n’est qu’éphémère, il existe pourtant réellement et je ne peux le nier. Il se sent bien, Kieran. Véritablement bien et moi-même je ne pensais pas qu’il serait susceptible d’être aussi radieux à la suite de ces dernières semaines, derniers mois pourrais-je même oser, terriblement éprouvants pour lui. Et l’apaisement qui est le sien depuis peu est bénéfique. Je m’occuperai des conséquences plus tard (je sais pertinemment qu’il y en aura, contrairement à lui), pour l’instant j’ai la décence de le laisser savourer ce bonheur retrouvé. Et cela transparaît sur lui, sur son sourire qu’il lui offre avec authenticité, sur cette aisance qu’il réapprend peu-à-peu à ses côtés, même si l’angoisse n’est jamais bien loin. Cette nervosité n’est pas liée à leurs précédentes rencontres, mais à ce cadeau qu’il compte lui offrir et qu’il anticipe autant qu’il se veut impatient. Son rire perce l’air lorsqu’elle évoque le chocolat et Kieran penche légèrement la tête en affichant une moue. « Je reconnais ma défaite. » Il souligne face à cet argument de choc (littéralement) qui ne peut que le convaincre. « Non, jamais. » Il admet lorsqu’elle évoque Disneyland, l’écoutant tandis qu’elle ferme les yeux alors que les siens, eux, ne la quittent pas. « Ça l’air. » Il se contente de murmurer lorsqu’elle explique que c’est féérique. Et je sais très bien qu’il ne parle pas du parc d’attractions à cette confirmation.
Il se sent mal à l’aise lorsqu’elle lui donne ce totem, ce n’est pas à elle de lui faire de cadeaux aujourd’hui malgré la promesse faite plus tôt. Néanmoins, parce que c’est elle qui lui l’offre, parce que c’est elle qui l’a fait, bien sûr que ce totem a une valeur inestimable à ses yeux, autant que la personne sur laquelle il finit par reporter son attention, tandis qu’elle admet ne pas s’être ménagée et qu’il tente de jouer au méchant flic. Sans succès, et lorsqu’elle souligne qu’il est la personne la plus gentille et douce qu’elle connaisse, son sourire se ravive, illuminant son visage comme jamais au cours des dernières semaines. La légèreté de son cœur l’emporte à nouveau, tandis qu’il peut ajouter ce compliment à la liste des indices qui lui confirment qu’aujourd’hui sera un jour éminemment différent. Il rougit même, baissant la tête un court instant avant de la relever pour partager le rire qui se fraie un chemin sur ses lèvres. « Je t’assure que je suis très crédible ! » Il s’offusque, avant de reprendre en haussant les épaules : « Je te fais juste le privilège de t’épargner. » Il ajoute, légèrement moqueur envers lui-même : évidemment qu’il ne serait pas crédible, je peux en attester.
Son cœur manque un battement alors que ses doigts se glissent dans sa paume. Un contact bref, mais agréable, qui ravive son cœur autant qu’il le détruit aussitôt lorsqu’il s’achève, lorsqu’il se heurte à ce petit bijou en bois d’apparence anodin. Son regard peine à quitter la bague durant de nombreuses secondes tandis que j’ignore la bonne stratégie à adopter, entre le convaincre que j’avais raison et tenter de chercher des explications qu’il est incapable de trouver par lui-même. Je ne frappe pas autant que je le désire, conscient que ce ne serait d’aucun bénéfice pour le gamin, réactivant néanmoins ma colère, muette cette fois-ci, à l’égard d’Eve. Peut-être que si elle est suffisamment grande ; Kieran la percevra également et je m’abstiendrai de prendre le contrôle de ses pensées en plus des émotions qui parcourent désormais l’entier de son corps. Il y a ce cœur qui se serre, il y a cette tristesse qui lui tord l’estomac, il y a ces tremblements dans chaque parcelle de son corps. Il ne peut rien avaler quand bien même il prétend s’impatienter de dévorer ce churros qui refroidit dans sa main, son regard qui se perd sur la pâte qui durcit pour fuir celui d’Eve. Elle évoque l’Espagne ; il n’écoute pas. Elle mentionne son anorexie ; il est aux aguets. Cette anorexie dont il s’est rendu le responsable de par sa simple maladresse et qui lui est renvoyée aujourd’hui, que je lui murmure. Dès que l’occasion se présente, elle accentue sa culpabilité d’avoir été celui qui lui a donné envie de disparaître, celui qui a bouleversé sa vie à ce point. « Oh, oui, sûrement, oui. » Il réagit (ou ne réagit pas, plutôt), tandis qu’il relève la tête d’un air absent alors qu’elle désigne un manège. « La tour de la terreur ? » Il interroge alors qu’il suit docilement pour rejoindre la file. Mais chacun de ses gestes est mécanique, guidé par la jeune femme, tandis que je sais que son esprit s’échappe ailleurs – je suis cet esprit et j’essaie pourtant de le raisonner. Une bague, ça ne veut rien dire. Et pourtant, ça en dit tellement sur cette journée, sur son attitude. Sur la manière dont elle se comporte comme une amie après les derniers messages échangés, cette déclaration couchée sur papier. Cette distance dont elle fait preuve, cette main qu’elle a retirée avec beaucoup trop de rapidité contrairement à son habitude, le jour où il était prêt à encercler ses doigts des siens. Ces sujets de discussion bien trop superficiels, faux, entre eux, pour ne pas revenir sur le plus important, pour ne pas dire ce qui ne doit pas être dit : elle ne peut pas.
Parce qu’Ezechiel l’attend à la maison et que cette bague est le gage de leur amour.
Il se sent stupide, Kieran, même s’il persiste à croire en ses certitudes passées : peut-être qu’il se trompe, peut-être que les signes sont véritablement de son côté et que, s’il interprète toujours mal les choses, c’est bien ces dernières pensées qui n’ont aucun sens, pas celles qui lui ont accaparé l’esprit durant les jours précédents. Mais il y a ce mauvais pressentiment qui l’a aussi accompagné toute la journée qui commence à faire sens ; peu importe sa volonté de l’oublier, de le réduire à néant simplement parce qu’il vient assombrir cette légèreté à laquelle il est désespéré de pouvoir encore s’accrocher, juste une heure, juste une minute, parce qu’elle était si agréable et qu’il ne peut lui dire au revoir tout de suite, pas après l’avoir recherché si longtemps. Il n’est pas prêt, Kieran, et quand la voix d’Eve raisonne à nouveau, c’est un sourire sincère qu’il lui offre, balayant tous les doutes. Ils reviendront, ils reviennent toujours. Mais pas maintenant, pas tout de suite, s’il vous plaît laissez-moi encore en profiter un petit peu. Laissez-moi prétendre que cette journée est belle et que je suis heureux. « Oh, moi ? » Il demande en revenant à lui, réfléchissant activement à la réponse qu’il pourrait lui donner. Mais le constat est sans appel ; il n’y a pas de nouveauté, sa vie n’est constituée que d’une ligne droite dont aucun chemin ne permet de s’éloigner de la destination inévitable. « Euh, non, non. Tu sais, c’est juste... la routine. » Je suis toujours terriblement seul, j’enterre mes ambitions jour après jour et je m’épuise perpétuellement contre cette voix dans ma tête. Oh, voyons, Kieran. Un peu de gratitude, je te prie. « On m’a rappelé pour la finale de Race of Australia. » Il souligne avec hésitation, conscient que cette émission les renvoie à une soirée qu’ils préféreraient oublier tous les deux, mais là n’est pas sans intention. « J’ai soutenu Grace et Isaac... enfin, j’ai essayé de soutenir Grace et Isaac. J’ai failli me noyer et j’ai eu le nez cassé. » Il soupire en désignant du bout du doigt les petites cicatrices encore présentes sur l’arrête de son nez avant de rire légèrement. « Mais c’était cool, j’ai revu des participants, alors... ouais, c’était chouette. » Il se mord la lèvre un bref instant, son regard passe à nouveau sur cette bague avant qu’il ne s’oblige à relever rapidement la tête et parler, il ignore de quoi, mais n’importe quoi susceptible de tenir une conversation et de lui changer les idées. « Tu n’as pas participé, est-ce que... est-ce que c’est une bonne chose ? Je veux dire... est-ce que tu prends soin de toi ? » Il l’avait suppliée, la dernière fois. Il en avait presque pleuré à chaude larmes même si cela avait relancé sa gêne et sa hantise d’être ce gamin trop faible, qui ne sera jamais à l’image des attentes de son père. Mais il avait pleuré pour elle ; et dans un sens cette peur de la perdre est la plus belle déclaration qu’il avait pu lui faire. Mais elle n’avait pas semblé avoir d’impact, pas autant que celles qu’Ezechiel puisse lui faire.
Parce que le géant, lui, peut se permettre d’être la solution de son état : il ne l’a pas causé, lui.
Je le savais pourtant. Que c’était une bien mauvaise idée que de tenter une amitié avec Kieran. J’avouerai que de l’avoir vu avec une autre fille sur instagram, s’extasier sur leurs vacances m’avait réchauffé le cœur. N’allez pas croire que je le stalke car ce n’est pas mon intention mais les publications étaient suggérées car je crois que la demoiselle devait être certifiée sur instagram ou que sais-je. Je me suis juste vue avec les commentaires de Kieran sous les yeux à comprendre donc qu’il avait quelqu’un dans sa vie. Et j’étais heureuse pour lui. il était temps que nous passions un cas lui et moi. Non pas parce que nous ne nous aimions pas mais nous nous aimions mal. J’avais encore en mémoire ses larmes le jour de son anniversaire alors que c’était censé être son grand jour. Je me suis montrée égoïste, égocentrique, je n’ai pensé qu’à moi dans cette relation. Mais j’ai pu mettre au clair mes sentiments lors de mon voyage en Europe. De ma fuite serait le terme le plus adéquat.
Caleb m’avait demandé ce que je voulais. Et après ce week-end passé à la campagne, après la magie dont Zeke et moi avons été les auteurs, je savais que je ne voulais que lui. Qu’il n’y aurait que lui dans un avenir proche. Mais encore une fois, j’étais présente auprès de Kieran pour mon anniversaire et ainsi nous permettre de repartir sur de bonnes bases et d’être amis. J’avais rentré la petite figurine faite par mon compagnon dans mon décolleté pour ne pas la mettre à vue. Seule la bague était visible mais je ne la retirerai pour rien au monde. Même si elle n’était pas gage de fiançailles ou d’une potentielle union elle était celle d’un amour sincère qui nous unissait l’un à l’autre. pendant les trois mois de notre relation j’ai douté des sentiments de mon brun à mon encontre mais ce week-end avait permis de tout remettre en évidence. Et du fait que nous étions désormais plus unis que jamais. Je n’en ferai pas part à Kieran cependant, bien qu’il ait une femme dans sa vie. Car cela serait retourner le couteau dans la plaie. Celle que je ne l’ai pas choisi alors que le choix était à faire lors du ROA. Mais aussi parce que j’étais heureuse pour la première fois de mon existence. Depuis longtemps et avec un autre homme que lui.
Et ce bonheur me permettait de me comporter autrement avec lui. avec mes cheveux verts, cette robe un peu plus remplie et mon sourire qui ne quittait pas mes lippes. Je m’épanouissais vraiment que cela soit au contact de Caleb qui allait faire de moi la meilleure tata de l’univers, d’Alex qui était en passe de devenir ma plus proche amie ou encore de Kieran qui était mon ami depuis bien longtemps et me connaissait. Seulement lors de nos précédentes rencontres, je n’étais pas aussi enjouée que j’ai pu l’être sur internet. « Je reconnais ma défaite. » Effectivement et j’eus un véritable éclat de rire alors que nous parlions du chocolat. « Tu seras surpris de savoir que la semaine dernière, j’ai englouti un gâteau entier. » Bon, j’avais de l’aide mais je tairai encore une fois de plus le nom de mon compagnon. « Non, jamais. » Je me tournai vers lui, un brin choquée avant de me souvenir qu’il n’y avait pas de Disneyland en Australie. « T’aurais dû me dire que j’t’aurai… enfin, on aurait pu se prévoir un voyage pour y aller. » Mais quand ? Encore de belles paroles en l’air. Enfin, il était déjà parti en vacances donc c’était pas mal. « Ça a l’air. » Je fouillai dans la poche de mon téléphone pour le déverrouiller et trouver une photo d’une amie et moi devant le château. « Tiens regarde. Franchement, c’est trop trop beau. Après faut aimer Disney quoi. Mais bon, vu que ma fille se prend pour une reine, on y va en pèlerinage dans ce qu’elle appelle son royaume. » Il n’avait pas eu cette chance de rencontrer Lisa mais avait vu le petit. Qui a fait une crise le jour de son anniversaire et je me sentis blanchir pour le coup.
J’en viens à lui donner son totem. Car il le méritait. Et que tous mes proches en avaient un. Les yeux brillants, un sourire nouveau sur les lèvres. Pour la première fois en sa compagnie, mon cœur était si léger. Il était heureux mon cœur. « Je t’assure que je suis très crédible ! » Je me gaussai d’un rire sincère en basculant la tête en arrière. Pourquoi n’avons-nous pas été comme ça avant. Pourquoi avions-nous ce besoin de nous déchirer sans cesse ? « Je te fais juste le privilège de t’épargner. » Je hochai la tête comme si j’étais convaincue. Alors que les doigts de mon ami glissent sur ma paume et que je la retire une fois qu’il eut pris l’objet. J’avais compris au travers de nos discussions qu’il n’aimait pas le contact donc je tentai de réfréner ce pan de ma personnalité. Fort heureusement, je n’avais pas trop à en souffrir puisque Caleb s’était fait à ce pan de ma personnalité tout comme Zeke. Mais avec Kieran, j’avais peur de le blesser, de dire quelque chose qui nous ferait repartir dans nos travers. Donc même si mon cœur était plus léger car j’avais laissé tomber toutes mes barrières, je demeurai sur mes gardes. « La tour de la terreur ? » Je me tournai vers lui et c’est vrai qu’il ne connaissait pas le parc d’attractions. « c’est un ascenseur et on te lâche en mode « bouuuuum ». Bon c’est par à-coups mais Lisa adore et moi aussi. » Et dire que la dernière fois que j’étais venue, l’atmosphère était différente. Je le sentis changer mais n’osai pas m’aventurer sur le sujet de peur de rouvrir d’anciennes blessures. Pourquoi ne pouvais-je pas être moi-même avec lui ? Par peur de le faire souffrir une fois encore.
« Oh, moi ? » je lui tendis la perche de me parler de sa compagne. Après tout, je l’avais fait atrocement souffrir donc il était dans son droit de fanfaronner devant moi non ? « Euh, non, non. Tu sais, c’est juste... la routine. » Visiblement non. Je ne le lancerai pas sur le sujet. Il m’en parlerait s’il voulait. Mais je n’étais pas curieuse au point de vouloir qu’il me vante les mérites de cette jolie jeune femme. « On m’a rappelé pour la finale de Race of Australia. » Ah ce jeu stupide qui nous avait séparé. Je me mâchouillai la lèvre inférieure pour déglutir. On m’avait rappelé aussi mais j’avais refusé tout net. Je l’écoutai me parler de sa noyade et de son nez avant de me tourner vers lui. « Ah nan ! ça c’est mon truc de se blesser, tu me le voles. » Traduction : je refuse qu’il t’arrive quoique ce soit. Mon regard clair s’attarda un instant ses traits et effectivement il avait quelque chose différent. « Tu fais attention, Kieran. Mais l’essentiel c’est que tu te sois amusé. » Et fin de la discussion concernant ce maudit jeu. Qui m’avait fait retomber dans mes travers. Je repris un churros pour le grignoter alors que d’autres questions fusèrent. « c’est hors de question que je retourne là-bas, dis-je avec franchise, et puis j’étais en France de toute manière. Donc pas le temps. Je suis partie avec Jacob en pèlerinage. On a fait le France, l’Allemagne et l’Angleterre. Et je me suis même fait un ami. » Comme quoi, j’avais cette tendance à créer des amitiés partout où j’allais. Sauf avec lui. « ça va. Je vois une nutritionniste, je vais voir un psychiatre, un psychologue, un groupe de paroles. Je vais aller au spa avec Alex et… » je marquai une pause avant de me dire qu’il fallait que j’en parle. « je vais aller vivre un peu à la ferme. J’ai…j’ai fini par lui dire et on a convenu que j’allais aller quelques temps là-bas. Comme ça, il pourra m’aider avec les enfants et je vais apprendre à me reposer. Même si je pense déjà à Halloween, à Noël. » Je passais une main dans mes cheveux avant de rire. « Je peux t’en parler vu que je sais que t’as quelqu’un. Et je suis contente. » Ignorant que j’enfonçai le couteau dans une plaie béante. « je suis contente qu’on puisse devenir amis. » Et que cela ferait un mal de chien.
Kieran Halstead
les cicatrices de la mémoire
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe. SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh). STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help). MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels. LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi). POSTS : 4054 POINTS : 200
TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022. CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown. RPs EN COURS : halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.
(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres) › ginny (fb) › cecilia › shiloh › wild › alfly #17 (ua) › danaë › olive #2 › greta #2 RPs EN ATTENTE : flora #3 RPs TERMINÉS :
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.
Si vous me demandez mon avis, les contacts avec Eve sont bien trop réguliers pour son propre bien. Si vous lui demandez le sien, ils sont bien trop rares pour ce même bien. C’est un fait ; bien que la blonde soit persuadée de lui faire du mal dès qu’elle est à ses côtés – ce dont je peux attester – le fait est que sa présence permet également au brun d’être apaisé comme il ne l’est rarement – ce dont je peux également attester. Elle lui fait du mal ; elle lui fait aussi du bien. Elle le renvoie à de terribles souvenirs ; elle lui permet d’en créer de nouveaux, bien plus beaux. Elle a commencé à faire battre son cœur pour les mauvaises raisons ; elle continue de le faire vibrer et de le maintenir en vie. Il est amoureux, Kieran, je le connais suffisamment pour savoir que ce sont ses mots-là qu’il peut poser sur ses sentiments, autant que je le connais assez pour savoir que ce statut n’est finalement pas si rare – un joli sourire, un peu de gentillesse et il est à vos pieds. Mais la nature de ses sentiments pour Eve sont bien plus profonds que les coups de cœur qu’il a à intervalle régulière – et c’est peut-être la raison pour laquelle il s’inquiète autant pour elle. Oh, bien sûr, la bienveillance fait partie de sa personnalité et il ne peut mentir en prétendant le contraire ; pour autant c’est bien la jeune femme qu’il a perpétuellement en tête et, depuis peu, son état physique autant que mental dont il est en partie le responsable. Non, tu ne l’es pas, Kieran. Il est seulement plus facile pour elle de trouver un coupable et le contexte de votre histoire fait que tu es tout désigné pour revêtir ce rôle. « Eve ? » Il écarquille les yeux, accentuant sa surprise alors que son sourire s’élargit, se permettant même de déposer un bref instant sa main sur son front, poussé par cette intimité qu’il sait désormais réciproque en vue de leurs derniers échanges. « C’est génial. » Qu’il valorise encore une fois alors que sa main vient s’abattre le long de sa cuisse, son sourire qui ne quitte pas ses lèvres, bien qu’il affiche une mine plus sérieusement lorsqu’il s’agit d’évoquer ses lacunes concernant Disneyland. « Oh, non, tu sais, j’ai-. » Des dettes faramineuses à cause de ce mariage avorté. Je lui murmure qu’évoquer celui-ci n’est pas une bonne idée, sauf s’il veut réduire à néant tous les efforts entrepris au cours des dernières semaines et, surtout, des dernières minutes. Allons, Kieran, tu es un bon menteur, tu peux te sortir de cette situation. « ... j’ai beaucoup de boulot et plus aucunes vacances à prendre. » Il se corrige en haussant les épaules, sourire pincé et léger soupir pour donner du crédit à son mensonge. Se penchant sans la retenue qui le caractérise d’ordinaire, il se rapproche d’Eve, étire son cou alors que son regard se baisse, dans un premier temps, sur ses cheveux et cette nuque qu’il aimerait embrasser, encore plus en sachant désormais qu’il le pourrait. Tout reste au conditionnel même si ses interprétations ont été confirmées par sa meilleure amie – une fille, donc, à même de comprendre les signaux que lui ne voit jamais. Ses yeux se portent finalement sur cette photo qu’elle lui montre et bien sûr qu’il s’attarde d’abord sur la jeune femme avant d’observer le château en question. « Une reine et une princesse, vous avez votre place là-bas, ça se comprend. » Il glisse, référence aux nombreuses fois où elle se compare à des princesses, autant que la manière dont il la perçoit aujourd’hui avec cette robe. Et je pourrais trouver ses tentatives de drague ridicules, il n’est pas particulièrement doué dans cet art, mais je ne les pointe pas du doigt, me contentant d’apprécier cette pseudo confiance dont il se pare. Je sais qu’elle est fausse, exagérée, prétendue et qu’il reste ce garçon ayant toujours besoin de peser le poids de ses mots et terriblement hésitant sur ceux-ci autant que sur ses gestes. Mais il essaie et le simple fait qu’il fasse de tels efforts me réconforte presque avec la jeune femme. Presque.
Car cette confiance qu’il lui accorde n’est pas celle que moi je lui accorde et si Kieran voit les signaux contradictoires, il essaie de ne pas y penser alors que je le force à s’y confronter. Pour une jeune femme qui n’hésitait pas à le prendre dans ses bras dès qu’elle le souhaitait elle, dont les lèvres ont effleuré parfois ses joues rosies sans qu’il ne puisse être capable de faire preuve d’initiative, je la trouve bien pressée de retirer ses doigts de ta paume, Kieran. Pourtant, s’il constate la brièveté du contact quand il est enfin capable de lui offrir plus que ce qu’il pouvait jusqu’ici, mais pas suffisamment pour ce qu’elle désire elle, le dessinateur préfère se concentrer sur l’acte plus que la durée. « Ça l’air terrible. » Dans le bon sens du terme, bien sûr, pour un Kieran amateur de sensations fortes. Et ce sourire ne quitte plus ses lèvres tandis que ses yeux arrivent à soutenir ceux de la jeune femme et encore une fois, je ne sais guère si je dois le féliciter de cette prétendue aisance ou m’interroger sur la manière dont elle est provoquée au contact d’Eve.
Il ne peut pas se vanter d’avoir une vie trépidante, Kieran, raison pour laquelle sa réponse est aussi banale que ne l’est son quotidien : c’est une routine perpétuelle de laquelle il rêve de sortir sans pour autant s’en donner les moyens. Le seul élément qui mérite d’être souligné est ce retour à la compétition qui les a séparés, pour prêter main forte à une équipe finaliste. Une bonne intention qui s’est très vite retournée contre lui, évacuation et nez cassé pour preuves. « Désolé, j’ai pas attendu pour le faire. » Il s’amuse avec un rire au bout des lèvres ; d’aussi loin qu’il s’en souvienne, il a toujours été maladroit, Kieran et ce n’est pas quelque chose qu’il a emprunté à Eve, même s’il lui laisserait ce trait de personnalité avec plaisir. « Oui, c’était cool. Puis le nez cassé, ça donne un côté dur à cuire, c’était sympa. » Un nouveau rire perce ses lèvres alors qu’il l’observe avec fierté s’emparer d’un churros, même si de son côté il est bien incapable de l’imiter de par la tension qui noue son estomac. Il s’ose à l’interroge sur son absence, avant de comprendre très vite qu’il aurait dû s’abstenir. Mais l’occasion est saisie pour lui demander des nouvelles, s’inquiétant pour elle. Ses yeux ne quittent pas la jeune femme alors qu’elle explique la raison de son désistement ; et son cœur se serre à mesure qu’elle parle.
Et qu’il comprend.
Je suis désolé, Kieran. Je t’assure que j’ai essayé de te préserver de ce choc que tu ressens, mais tu n’as pas voulu m’écouter.
Tout était trop beau. Tout est toujours trop beau lorsque je te laisse les cartes en mains ; c’est bien pour ça qu’il faut que tu t’abandonnes à moi.
« Oh ça devait être chouette. » Il masque son interrogation quant au fait d’avoir effectué un tel périple seule. Elle n’était pas seule, de toute évidence.
« Oh, mais c’est génial. » Il dissimule le doute qui fait suite à son silence, à son hésitation. Il y a quelque chose d’autre.
« Oh ça me fait plaisir. » Qu’il ment tandis que son regard se perd sur cette bague. Ses doutes sont désormais confirmés.
Il s’est leurré. Il s’est leurré depuis le début, alors qu’elle vit une vie heureuse avec son imbécile de géant dans sa ferme à la con. Et la vulgarité de Kieran n’est pas punie ; je l’encourage même à en faire preuve si cela peut lui faire du bien. Ce n’est pas le cas, bien sûr, mais j’aime croire que cette réaction à chaud lui permet de contenir la neutralité qu’il affiche pour ne pas dévoiler sa surprise autant que son incompréhension. « On... on ne l’était pas ? » Il s’ose à demander. Alors qu’étaient-ils ? Pas des amants c’est une certitude, mais pas même des amis ? Il s’est trompé à ce point, il n’a fait que se bercer d’illusions depuis la première fois où il a entendu sa voix dans son casque ? Je lui souligne qu’une telle réflexion n’est pas la bienvenue dans leur échange. Bien sûr qu’ils n’étaient pas amis, il n’a toujours été question que de sentiments à sens unique et l’amitié ne peut pas avoir sa place. Mais tous les tabous ne sont pas bon à aborder et Kieran réalise très vite sa méprise et c’est finalement un rire gêné qui s’échappe d’entre ses lèvres. « Je plaisante. » Il souligne avec nervosité, masquant celle-ci en ajoutant : « Pardon, c’était pas drôle. » Pour se flageller et masquer la douleur que de telles annonces lui procurent. Ils ne sont pas amis. Le goût de déjà-vu est insupportable. Ivy a dit la même chose, quelques semaines plus tôt, Eve le sous-entend désormais.
Est-ce qu’il en a réellement, des amis ?
« Tu parles de qui ? » La question est sincère ; l’expression malicieuse l’est beaucoup moins. Il ne joue pas à un jeu, Kieran, il tente seulement de garder contenance dans cette incompréhension qui est désormais la sienne. « Parce que, je... Non, non j’ai-... » Personne. Parce que personne ne peut s’intéresser à un raté, à un mec comme moi, à la liste de défauts aussi longue que le bras. Personne ne peut s’envisager avec un type qui n’ose plus toucher les autres, qui refuse de faire face à ses propres traumatismes et qui se réfugie dans le mensonge à la moindre occasion. Aucune ambition, aucune volonté, aucun charisme, aucune intelligence, aucun humour – elle avait raison durant tout le temps de leur relation, alors pourquoi est-ce qu’il serait envisageable d’en débuter une avec quelqu’un d’autre ? Il perd du temps, Kieran, il bafouille, il fait durer le suspense pour ne pas songer à cette chute vertigineuse subie quelques minutes auparavant, pour ne pas féliciter ce géant de prendre soin d’elle alors qu’il devrait pourtant s’en réjouir. Parce qu’il est là. Parce qu’il est là depuis le début. Depuis ROA, depuis leurs échanges, il n’a jamais cessé de planer sur eux tandis qu’il croyait naïvement n’être plus que le seul susceptible d’attirer son attention. Il est là. Il est là, il prend la place qu’il aurait voulue et il ne peut même pas s’en agacer. Les sentiments ne se contrôlent pas ; mais la jalousie non plus. Il a tout ce qu’il aurait voulu – il n’est pas seulement question d’Eve, mais de cette simple capacité à s’ouvrir à quelqu’un. Il a réussi là où il a échoué, il a surtout réussi à lui faire entendre raison alors que ses larmes à lui n’avaient même pas réussi à la convaincre de prendre soin d’elle.
Alors c’est ça. Il est si coincé dans son insignifiance qu’il s’est à nouveau créé des scénarios par milliers dans sa tête, bien loin de la réalité. Elle ne le draguait pas, elle ne pensait probablement même pas à lui lorsqu’elle envoyait ces messages. Elle n'a rien avoué – ce carnet et son contenu n’étaient que la traduction d’une créativité ne visant que son perfectionnement professionnel plus qu’une déclaration personnelle.
Son estomac est remonté dans sa gorge tandis que l’endroit n’est pas mal choisi ; il a réellement l’impression d’avoir fait un manège à sensations fortes, sauf que la descente vertigineuse n’en finit pas et ne lui laisse jamais de répit alors qu’il doit sceller les lèvres et fermer les yeux pour ne pas être ridicule dans son malaise. De la même manière, c’est désormais le pilote automatique qui s’est enclenché alors qu’une larme reste douloureusement contenue et que son cœur serré est incapable de dicter les ordres à ses poumons pour qu’ils fassent leur travail et cessent de lui donner l'impression d'étouffer. Non. Ce n’est pas qu’une impression ; il étouffe Kieran, sous le poids de sa méprise et de sa honte. Tout ceci est ridicule. Il est ridicule d’avoir cru qu’elle pourrait s’intéresser à lui après le mal qu’il lui a fait. Il est ridicule d’avoir espéré qu’il pourrait être sa solution alors qu’il est la cause de son problème. Il est ridicule, tout simplement.
Mais Kieran, tu peux reprendre l’avantage. Tu ne l’auras jamais, c’est certain, mais tu peux faire semblant.
Tu peux essayer de la blesser, aussi, comme elle t’a blessé. Ce n’est pas raisonnable ; Dieu sait que mon conseil ne serait pas toléré – parce qu’on ne peut jamais obliger quelqu’un à partager des sentiments et j’en suis bien conscient. Mais on peut éviter de s’en jouer comme elle l’a fait.
Ce ne sont que quelques secondes qui se sont écoulées ; pourtant c’est le poids d’heures interminables qu’il ressent depuis qu’il a conscience de s’être trompé d’un bout à l’autre. La tornade d’émotions ressentie en son for intérieur n’a pas fini de causer des dommages – une certitude s’ajoute à celle verbalisée par Eve : il ne sera pas facile de les réparer. Mais il peut essayer. Nous pouvons essayer ; mettant à profit son talent pour le mensonge et mes indications pour le préserver. « Désolé, c’est juste que... c’est pas encore vraiment officiel, alors tu m’as surpris. » Il confesse, avec toute la conviction du monde – ce n’est pas bien dur, il a effectivement été surpris, mais pas de la manière dont il l’aurait voulu. « Et puis, tu sais que je suis assez réservé, ah ah. » Pour ne pas dire totalement fermé, n’est-ce pas là quelque chose qui t’a souvent été reproché, Kieran ? « Mais c’est cool, en tout cas. » Il ignore de quoi il parle, mais il le fait avec conviction. « Je suis vraiment bien avec. » Il ne sait même pas de qui il parle, mais il oblige ses yeux à briller. « Et je suis vraiment heureux. » Il est plus malheureux que jamais, mais son sourire s’élargit encore plus. « Et je suis heureux pour toi. » Il aimerait l’être, mais il n’est pas difficile de le prétendre. « Que tu sois toi-aussi heureuse et que tu prennes soin de toi. » Que mes supplications n’aient pas fonctionné, mais les siennes oui. Elle doit vraiment beaucoup l’aimer, son géant.
Assez pour qu’il soit obligé de trouver un nouveau cadeau, surtout.
« Ça va être notre tour. » Qu’il finit par commenter tandis que ses pas l’ont guidé mécaniquement dans la foule ; tandis que son regard se perd sur l’attraction pour ne pas soutenir celui d’Eve, tandis qu’il s’impatiente de prendre place ; au moins il pourra autoriser pendant quelques secondes le malaise sur son visage et se cacher derrière une justification qui ne pourra pas être remise en question.
Le plus con, dans toute cette histoire, c’est pas ce géant, finalement, mais bien lui.
Depuis une semaine, je vivais sur un petit nuage. Alors que ma relation avec Zeke avait connu un nouveau tournant lors de notre séjour au parc, je me remettais à croire. Je ne me posai plus sur mon balcon le soir par élan de chagrin, pensant à des « et si », pensant à ma culpabilité de refaire ma vie alors que lui n’est plus là. Pour une fois, je pouvais me rendre au cimetière, poser les fleurs sur leurs tombes à tous les deux et ainsi avoir le cœur plus léger. Car je sais que c’est ce que Jacob aurait voulu. Que je ne reste pas flanqué dans cette salle du temps -trop d’influence sur moi les geeks- à attendre que je puisse le rejoindre. Que je goûte au repos éternel après avoir vécu ma vie de dame grise, supportant le poids du monde sur mes frêles épaules. Non à la place, je me suis tournée vers l’avenir. Je comptais bien écouter Zeke et aller le rejoindre à la ferme. Aménager la grange pour ne pas déranger ses parents, commençant à avoir des idées de cadeaux pour sa famille pour les fêtes de noël. Ne l’ayant jamais passé en couple. Comme quoi, il y aurait une première à tout. Et après la communion que nous avions connu tous les deux le week-end dernier ainsi que la veille, j’avais le cœur plus léger. Un fin sourire aux lèvres alors que j’affirmai à Kieran avoir englouti un gâteau entier lors de mon anniversaire. « C’est génial. » Je regarde ses gestes avant d’avoir un vrai éclat de rire. Une première depuis que nous nous connaissions de chair et d’os. Car il y en eut des sincères dans ses oreilles mais jamais depuis notre rencontre. Comme si notre partition musicale était désynchronisée. Non, nous n’avons jamais pu être ensembles. Et jamais nous n’aurions connu un bonheur de couple. Je l’ai compris en partant en exil, en buvant du café trop fort avec mon fils et en faisant le poids.
Qu’est-ce que je désirai ? Qu’est-ce que je recherchai ? Et je recherchai quelqu’un d’unique. Ne vous méprenez pas, Kieran l’est. Mais il est trop bousillé par la vie, comme moi, pour m’apporter le calme dont mon cœur avait besoin. Je voulais donc passer cette journée avec lui pour jauger. Pour prendre la température et ainsi voir si une véritable amitié sans drames serait de notre côté. « ... j’ai beaucoup de boulot et plus aucunes vacances à prendre. » Je fronce les sourcils avant de relever un peu le nez. Menteur. Mon cerveau me le hurlait car je savais qu’il était parti en vacances avec sa compagne. Je décidai cependant de mâchouiller ma lèvre inférieure avant de lever les yeux au ciel. « Bah on se fera un zoom quand je partirai en vacances la prochaine fois. Comme ça tu verras l’endroit par tes propres yeux. j’aimerai bien aller au Japon. Le pays des geeks et des personnes nulles à Fall Guys. » Avec mon air taquin sur le visage, je restai confiante quant au reste de la journée. La légèreté était de prise. Car j’avais tenu compte de tout ce qu’il m’avait dit sur mes gestes. De ne pas être tactile car les gens n’aimaient pas ça. sauf mon compagnon qui m’avait dit avec ses mots qu’on s’en foutait des gens. Et il avait raison. mais pas de Kieran. Je demeurai donc à bonne distance alors qu’ordinaire, je me serai jetée à son cou dans une journée pareille. J’aurai plaqué mes lèvres sur sa joue avec chaleur mais non. Je n’en souffrais pas car je savais que c’était sa différence. Nous pouvions très bien connectés nos esprits sans avoir de gestes chaleureux l’un envers l’autre. . « Ça a l’air terrible. » J’eus un franc sourire avant de hocher la tête. « Quand on y a été avec ma pote la première fois, je lui ai pas dit ce que c’était. Elle s’est accrochée à mon cou en hurlant tous ses poumons. Je te jure c’était trop drôle. Ah ça me manque. » La France me manquait et je gardai espoir d’y emmener Zeke et les enfants un jour. Mais mon compagnon n’ayant jamais fait de voyages, nous allons élargir les distances au fur et à mesure. Ne pas se presser car nous avions tout le temps d’écrire cette si belle histoire.
Je ne peux me retenir de secouer la tête face à ce qu’il me disait concernant le ROA. Et ses blessures. « Oui, c’était cool. Puis le nez cassé, ça donne un côté dur à cuire, c’était sympa. » Je ne pus me retenir d’avoir un fou rire face à son affirmation. N’ayant jamais été aussi à l’aise avec lui. « T’es con. Mais recommence plus ou je te botterai le cul si fort que tu te retrouveras à Disneyland sans même avoir pris l’avion. » Je grognai, de manière ridicule en avançant le visage avant de lui narrer les raisons de mon absence. Mon exil en France. Aller sur ma terre natale. Faire le tour de l’Europe comme je le faisais tous les ans. passant devant l’orphelinat, y restant des heures assise. Passant sur la tombe de celle qui fut une mère pour moi. me délivrant des chaines de la mort et de leur emprise de la mort sur moi.
« Oh ça devait être chouette. » « Oh, mais c’est génial. » « Oh ça me fait plaisir. »
Je fronce les sourcils avant de me tourner vers lui. « Tu bugues je crois , » Habituellement, je lui aurais mis une tape derrière la tête comme je l’avais fait avec Caleb de nombreuses fois. mais à la place, je me contentai de lever les yeux au ciel. « On... on ne l’était pas ? » Je le regarde à nouveau avant de soupirer. Je pourrais être franche et lui dire que non. Car nous nous étions faits du mal par le passé et que je ne voulais pas que cela recommence. Mais il me prit de court pour répondre à sa propre question. Je lui fis un sourire, bien que demeurant sceptique. Effectivement, nous ne l’étions pas mais nous le deviendrons dans un futur proche. Je pourrais répondre de nouveau mais à la place, il me pose des questions. « La très jolie blonde avec qui t’es parti en vacances. » Comme quoi, je mettais à jour ses mensonges un peu plus tôt sans vraiment m’en offusquer. « Va pas croire que je te stalke hein. C’est juste que je t’avais sur instagram. » Espérons qu’il ne soulève pas le passé puisque j’avais cessé de le suivre avant qu’il ne daigne venir, quelques minutes plus tôt. « Et ça m’a suggéré la photo avec tes commentaires et tes cœurs. » Encore une fois, je disais tout ceci sans aucun ressentiment parce que la jalousie n’a jamais eu ma place dans ma vie.
« Désolé, c’est juste que... c’est pas encore vraiment officiel, alors tu m’as surpris. » Et merde. « Oh la boulette, j’ai gaffé. Pardon. » je mets une main sur mon visage avant de me tourner vers lui. Mais il ne me regardait pas. A vrai dire, je pouvais le comprendre. Si je croisais le sosie de mon ex, j’aurai du mal à poser mes yeux sur lui. même avec les cheveux verts. « Je suis vraiment bien avec. » Mon sourire vint s’agrandir face à ses confessions. Le fait qu’il me fasse confiance pour parler librement ce qui étreignait son cœur. « Et je suis vraiment heureux. » Je sautillerai presque sur place. Mais au lieu de ça, je vins enfreindre mon premier commandement énoncé plus tôt. Faisant un de mes nombreux bruits de cochon d’inde et le prenant dans mes bras. Car cette étreinte n’avait aucune arrière-pensée. « Ah je suis contente pour toi. » Je me recule vivement par contre. Sans doute. « Pardon, pardon, je sais pas de contact. T’aimes pas ça. mais ah je suis trop contente pour toi. » Je tangue d’un pied à l’autre avant de froncer le nez. « vous êtes rencontrés comment ? » Mes yeux sont trop brillants, j’en ai conscience.
« Et je suis heureux pour toi. » Et cette fois-ci, mon sourire n’a rien d’amical mais devient plus niais. « Que tu sois toi-aussi heureuse et que tu prennes soin de toi. » Je me mis à dodeliner un peu de la tête avant de laisser échapper un petit rire de pintade. « C’était pas gagné. Il a oublié mon anniversaire. Donc ça a crié, pleuré. Je lui ai avoué pour mon anorexie et on a été dans un endroit trop trop trop beau. » Je tirai mon téléphone de nouveau de ma poche pour lui montrer la cascade au clair de lune. « J’avais prévu une chasse au trésor et de l’accrobranche car il aime la nature. Je lui ai offert une toile et son totem. » Et moi aussi mais ça, cela relevait de mon intimité. « Donc tu vois c’pas lui qui m’a donné envie de me soigner. Mais c’est toi. J’ai compris qu’il fallait que j’arrête de culpabiliser. J’ai pris contact avec ma nutritionniste et je suis partie en France pour réfléchir. Parce que je me suis rendue compte que je pouvais pas continuer à faire ça. Genre les drames à chaque fois qu’on se voit non. » Il fallait qu’il comprenne ce qu’il représentait pour moi. Alors que nous étions sur le point de monter dans le manège. « Tu m’as fait de nouveau croire en la vie, Kieran. C’est pour ça que je t’aimerai toujours. » j’eus un rire avant de monter dans le manège. « Amicalement parlant bien sûr. » Qu’il ne doute pas de son rôle. Alors que nous étions dans le manège, que je me mis à crier franchement, que ma main agrippa le siège. Je ressortis les joues rosées en ayant du mal à marcher. « Alors dis-moi, ton amoureuse, ça s’est fait comment ? Je veux tout savoiiiiir. Et t’as des photos ? » Parce que je n’étais pas du genre à aller enquêter sur Instagram. Non qu’il m’en parle de lui-même.
Kieran Halstead
les cicatrices de la mémoire
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe. SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh). STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help). MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels. LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi). POSTS : 4054 POINTS : 200
TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022. CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown. RPs EN COURS : halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.
(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres) › ginny (fb) › cecilia › shiloh › wild › alfly #17 (ua) › danaë › olive #2 › greta #2 RPs EN ATTENTE : flora #3 RPs TERMINÉS :
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.
Je pourrais prétexter la surprise, ces doutes sont néanmoins de mon fait et il serait ainsi mal venu de m’en étonner. Je les provoque, je les amène, je lui les impose ; que voulez-vous, il faut bien une voix de la raison dans cette boîte crânienne et ce n’est assurément pas la sienne qui peut remplir le contrat. À défaut, je m’en occupe. Peut-être peut-on voir mon méfait comme une forme de sadisme, toujours est-il que, jusqu’ici, si les actions de Kieran prévalent sur les miennes, du côté des opinions ce sont les miennes qui s’imposent dans son esprit et Eve ne déroge pas à la règle. Oh bien sûr, je ne vais pas juger (essayer de ne pas le faire, du moins) les sentiments qu’il ressent à l’égard de la petite blonde, mais cela ne veut pas dire que je vais me rendre coupable de les accentuer – là n’est pas mon intention, au contraire. Je veux qu’il s’en débarrasse, je veux qu’il les oublie, je veux qu’il l’oublie. Et sans le savoir, chaque mot qui s’échappe d’entre les lèvres d’Eve me permet d’accentuer mon désir au détriment de celui de Kieran.
Elle parle voyage. Lui y voit naïvement une invitation qu’il n’aurait pu refuser dans d’autres circonstances, une forme de concrétisation de leur lien unique. J’y vois surtout la continuité de cette manière de souffler le chaud et le froid – elle ne voulait pas le voir il y a encore quelques semaines, elle voudrait désormais passer des jours entiers avec lui. Je me satisfais du refus qui est le sien et qui aurait été le mien s’il m’avait laissé les commandes – bien que nos raisons ne soient pas similaires et que l’aspect financier n’a guère de valeur face à la nécessité de ne pas accentuer les plaies déjà causées par la jeune femme. Ne vois-tu pas au fil des minutes que le simple fait de passer un après-midi ensemble est déjà douloureux en soit ? Non, bien sûr qu’il ne le voit pas. Il ne le voit pas parce qu’il se meurt d’amour pour elle et qu’il était persuadé, il y a encore quelques minutes, qu’aujourd’hui était leur grand jour, celui où elle n’aurait plus à passer par des moyens détournés pour lui faire comprendre qu’elle tient à lui autant qu’il tient à elle. « Pour que tu puisses vanter ta victoire et retourner le couteau dans la plaie comme tu l’as fait avec moi ? » Comme tu le fais toujours avec moi. Mais le sourire taquin qu’il lui rend contredit ma pensée alors qu’il prétend être détendu face à cet échange qui n’a pourtant rien de normal, rien d’intéressant. Il voudrait qu’ils abrègent les banalités pour se dire les choses. Il voudrait pouvoir lui offrir son cadeau, là, maintenant, tout de suite, alors que son regard se perd sur ses lèvres et que son cœur s’accélère. Il voudrait qu’elle lui annonce la grande nouvelle, le fait que plus rien ne se met entre deux – pas même sa maladresse, encore moins un géant de deux mètres. « Je vois. » Qu’il rétorque dans un premier temps avec un fin sourire, avant d’hésiter un bref instant : « Je garantis pas de laisser ton cou intact, alors. » Et oui, ceci est bien une tentative de flirt de la part de Kieran – bien vite regrettée lorsqu’il réalise la portée de ses mots. « Pas que... pas que je vais t’étrangler, hein, j’en ai pas l’intention. Et je vois même pas pourquoi ça me passera par... par la tête, bref t’as compris. » Ses joues chauffent alors qu’il ferme les yeux une seconde pour s’énerver contre lui-même. Idiot. C’est bien pour ça qu’il ne drague jamais.
Elle rit. Et son rire est le plus beau qu’il ait entendu depuis longtemps, alors que ses lèvres s’étirent au point d’en montrer ses dents – signe qu’il est heureux, Kieran, pour une fois et qu’il ne se contente pas des sourires timides et réservés qu’il adresse d’ordinaire aux autres. « Tu n’oserais pas ?! » Il s’offusque avec un léger rire.
Mais bientôt, il ne rit plus, Kieran. Trop occupé à comprendre, sans doute, alors que les pièces du puzzle se mettent en place.
Le discours est mécanique, les émotions sont volcaniques. Les informations s’emboîtent, la déception est adéquate. Tu ne l’avais pas vue venir, celle-là, Kieran, pas vrai ? Moi oui, mais tu n’as pas souhaité m’écouter. Inutile néanmoins de retourner le couteau dans la plaie, c’est un rôle qu’elle maîtrise à la perfection pour s’abstenir d’être deux en compétition.
« Tu bugues je crois. » « Ah, ah. Ouais. » Il rétorque aussitôt, le sourire qui s’étire, mais cette fois-ci, il a mal aux joues, Kieran. Véritablement mal. Et ce mal se propage partout, dans ses veines, dans ses muscles, dans sa gorge nouée, dans son estomac serré jusqu’à atteindre son cœur qui se retrouve enseveli sous cette douleur. Un second tremblement de terre achève les vestiges de ce qui étaient encore intacts lorsqu’elle prétend qu’ils peuvent enfin devenir amis. Ils ne l’étaient pas et comme toujours, il est le dernier au courant. Ivy, Eve, ça fait beaucoup d’amitiés perdues en si peu de temps – ça n’en fait que deux, en réalité, mais c’est déjà trop pour lui qui a une peur phobique de l’abandon et du rejet. Sa surprise, son incompréhension et sa tristesse parlent pour lui, je l’aide à se rattraper alors qu’un rire s’échappe d’entre ses lèvres. Il ne veut pas la réponse à sa question, il la connaissait avant même de la poser et il n’est pas sûr de vouloir l’entendre d’entre les lèvres d’Eve. Celles-ci n’étaient pas censées lui procurer une telle douleur, aujourd’hui. Il secoue la tête, chasse cette idée de sa tête, se remémore pourtant ses intentions, se sent aussitôt coupable. C’est un forceur, rien d’autre. Il s’est bercé d’illusions quant à ce qu’il voulait, sans prendre en compte ce qu’elle souhaitait. Et tout ce qu’il a cru comprendre n’étaient que des interprétations biaisées par ses propres envies – raisons de plus pour ne jamais les exprimer et continuer à se calquer sur celles des autres. S’il s’abstenait de s’écouter, il n’en serait pas là. Il a cru que ce carnet signifiait quelque chose, il a cru que ces messages étaient des signes ; il s’est trompé sur toute la ligne simplement parce qu’il ne pouvait accepter le fait qu’elle ne veuille pas de lui. Quel genre d’homme est-il ? Exactement celui que son ex décrivait. Et c’est peut-être ça qui fait le plus mal, en vérité.
Il ravale sa salive et pince les joues pour conserver un minimum de contenance alors que ce n’est plus son cœur brisé qui occupe toutes ses pensées, mais bien cette phrase qui tourne encore et encore dans son esprit ; tu es une vraie ordure, Kieran et il serait temps de l’accepter. Elle n’est pas de mon fait, seulement du sien et croyez-moi qu’il est alors impossible de la réduire au silence. J’essaie de l’atténuer, mais il ne voit, n’entend, ne ressent qu’elle. La voix d’Eve se fait à nouveau entendre et j’essaie d’attirer son attention sur celle-ci plutôt que la sienne, démon intérieur dont il n’arrivera jamais à se débarrasser. « Ivy ? » Il demande alors que c’est le seul prénom qui lui vient en tête – la seule personne dont il a affectivement pu se rapprocher même si les choses ne se sont pas faites sans mal. La seule qu’il affiche sur son profil instagram, la seule qui, à défaut de le comprendre, ne verbalise pas totalement que c’est sa faute si elle s’offusque de son manque de contact. « Enfin, je veux dire, oui. Bien sûr que tu parles d’Ivy. » Son regard se perd sur Eve. Ma voix le berce, alors qu’il est bien incapable de raisonner, trop blessé par ce qu’il vient de comprendre.
Elle l’avait sur instagram.
Et à cet instant, jouer le parfait idiot lui réussit plus que jamais, alors qu’il ne relève pas – comment pourrait-il comprendre la subtilité des temps utilisés dans une phrase, voyons.
Ce n’est pas tant qu’elle use de ce motif de rupture propre au siècle qu’ils vivent, c’est qu’elle accentue de plus en plus la distance qu’elle met entre eux alors même qu’il était persuadé qu’ils pourraient se rapprocher. Qu’est-ce que tout ceci voulait dire ? Les contacts prolongés, ses lèvres qui jouaient presque avec les siennes, ces photos envoyés, ce destin qui aurait pu être le leur et qu’elle ne pouvait lui confesser à l’oral. Est-ce qu’il est stupide à ce point ? Il s’en convainc alors que la phrase qui scintille dans sa tête laisse place à une seconde. T’es un imbécile en plus d’être une ordure, Kieran. « Ah ouais, ouais, celle-ci. » Il remplace ses lunettes sur son nez dans un tic nerveux, baisse le regard. Il ignore de quelle photo il est question en réalité, incapable de réfléchir à autre chose que la méprise dont il s’est rendu coupable depuis tant de jours. Il croyait avoir vu des signaux, il comprend qu’il s’est trompé, essaie de dévoiler ceux qui auraient pu lui éviter une telle déception. Mais il ne les trouve pas, Kieran et la tâche ne fait que lui prendre une énergie qu’il n’a plus. Il est épuisé par la vague des sentiments qu’il ressent pour elle et qui lui reviennent en pleine figure ; et par toutes les blessures qui découlent de ce déséquilibre. Il a perdu son cœur quelque part dans la chute, elle l’a récupéré, s’interroge probablement sur cette chose abimée, le fait glisser dans ses mains pour mieux l’identifier, lui provoque une douleur insurmontable à chaque fois qu’elle s’en saisit. Et pourtant, il le lui tendrait encore et encore.
« Tu-tu pouvais pas... savoir. » Il se reprend, affichant son sourire timide pour cacher son malaise derrière sa réserve habituelle. Il se pince l’intérieur de la joue pour ravaler l’humidité dans ses yeux, finissant par tenter de reprendre l’avantage, poussé par mes encouragements. Après tout, je me plains suffisamment de ses mensonges (bien que je le valorise à d’autres occasions, je comprends qu’il soit difficile de suivre mes désirs) pour néanmoins reconnaitre qu’il est très crédible lors de la création de ceux-ci, pourquoi aujourd’hui devrait faire exception à la règle alors qu’il en a besoin plus que jamais ? Il est vraiment bien avec, parce qu’il rêve de pouvoir prononcer cette phrase, peu importe la personne à laquelle elle le lie. Il est vraiment heureux, parce que là aussi c’est un rêve qu’il ne perd pas espoir de réaliser, raison pour laquelle il est aussi crédible quand il l’énonce.
Et il l’est, pendant une fraction de seconde, lorsqu’elle sautille jusqu’à ses bras, ses mains venant furtivement se poser au milieu de son dos, sa tête s’appuyant brièvement contre le sommet du crâne de la blonde. Le moment est furtif, pourtant il dure une éternité dans son imaginaire lorsqu’il peut sentir son souffle contre son torse et ses cheveux contre son cou. Il voudrait qu’il dure une éternité.
Et il est dévasté, la seconde d’après, quand elle s’éloigne et qu’elle s’excuse. Qu’elle presse encore un peu plus le cœur qu’il lui a déposé dans les mains. « T’en fais pas. J’apprends à aimer ça à nouveau. » Non. Il aurait voulu apprendre. Dans ses bras à elle et pas dans ceux qu’il imagine dans son esprit cabossé. Et au milieu des mensonges, une vérité. Il apprend à aimer ça à nouveau, signe qu’il n’a pas toujours été comme ça, signe que les choses lui ont échappé sans qu’il n’en soit conscient, sans qu’il ne puisse faire marche arrière avant qu’il ne soit trop tard. Indice que ça n’a jamais été contre elle, à aucun moment, et qu’il aurait tout donné pour la chérir comme elle le désirait. « Euh on s’est rencontré durant Race of Australia et... on est pas vraiment ensemble ensemble, mais... enfin, voilà quoi, c’est cool. On passe du temps les deux et ça me plait. » Ils passent du temps ensemble en toute amitié ; parce que là-aussi jamais Ivy ne pourra s’intéresser à un type comme lui. Il a bien compris, lorsqu’ils ont célébré son anniversaire, qu’ils n’étaient pas vraiment amis et qu’elle n’a pas la même considération pour lui qu’il n’a pour elle. Et j’ai beau essayer de le raisonner en lui faisant comprendre que les efforts déployés par la jeune femme pour que son anniversaire ne soit pas marqué d’un rejet est synonyme d’affection sincère ; mais il ne m’écoute pas. Tout ce qu’il prend en compte, c’est ce qu’on lui dit, c’est ce qu’il voit, et non les messages subliminaux. Ce sont ces messages, ces photos, cette déclaration par le biais de dessins, toutes ces choses partagées ces derniers jours et qui, pourtant, aujourd’hui, n’ont plus aucune valeur. Il n’en a pas plus, Kieran, alors comment a-t-il pu espérer que les choses changeraient ?
« Ah oui, oui... tu me l’as dit... » Dans cet échange par sms, tu t’en souviens, Eve ? Ou j’ai définitivement tout inventé dans ma tête ? Dis-moi qu’il y avait une part de vrai, je t’en supplie, dis-moi que je n’ai pas fait fausse route à ce point et que je ne suis pas cette personne qu’elle a décrit si longtemps. « Ça devait être chouette. Ça a l’air, en tout cas. » Le cou tendu, tête baissée, il profite de prétendre observer son écran pour ravaler une nouvelle fois sa salive et contrer la tristesse qui noue sa gorge. Il aurait pu ajouter « beau programme », « intéressant », « mais quelle bonne idée » et toute autre phrase terriblement banale, mais qui lui permet de répondre de manière mécanique alors que la lame perce un peu plus son être à mesure qu’elle expose son bonheur qu’il ne peut pas partager – juste dans son imaginaire. « Je suis content... » La mécanique, encore et toujours. Bien sûr qu’il est heureux d’avoir réussi à la convaincre de se soigner pour qu’elle soit encore plus en forme pour vivre sa grande histoire avec l’autre géant. Vraiment, il est ravi du rôle qu’il a tenu là-dedans, permettant à leur couple d’être encore plus soudé en partageant le pire comme le meilleur. « ... pour-pour vous, pour votre couple, pour toi, surtout. » Il se répète encore et encore.
Et il se tait, ferme les yeux un bref instant lorsqu’ils montent dans le manège, la gorge toujours nouée. Elle dit des mots qu’elle ne devrait pas dire, quand bien même elle se rattrape. Elle devrait juste arrêter de parler, il devrait juste fuir au plus vite. Mais il est bloqué, incapable de bouger au sens propre comme au sens figuré, alors que le mutisme devient à nouveau son cocoon dans lequel il se réfugie. « Ouais, bien sûr, ahah. » Le rire est forcé, nerveux, triste. Il a l’impression de représenter quelque chose pour elle, alors qu’en réalité il n’est rien du tout. Le manège démarre et jamais il n’a autant aimé les sensations fortes qui permettent à ses yeux de s’humidifier librement autant qu’à son cœur de remonter dans sa gorge.
« Oh euh... » Des photos. Des preuves. Une belle histoire à raconter. Tout ce qu’il n’a pas en sa possession, alors que l’anxiété et le restant du manège le font tanguer. Il voit le panneau indiquer les toilettes, soupire de soulagement, se retourne vers Eve. « Attends... Excuse-moi deux minutes, le manège, je-. » Il désigne sa tête de sa main tremblante, ses yeux mouillés, tandis qu’il n’attend pas son autorisation pour fuir.
Les secondes qui le séparent d’un moment de répit lui semblent interminables et Kieran n’arrive pourtant pas à courir, son poids à peine supporté par ses jambes. Je ne peux rien pour lui, son corps refuse de m’obéir et ne réagit qu’aux émotions qui le traversent. J’essaie de calmer celles-ci, mais rien n’y fait : il n’y a plus personne aux commandes, alors que la nervosité d’être acculé de la sorte, mêlé à cette tristesse qui ne le quitte plus et ce malaise perpétuel l’obligent à s’enfermer dans un cabinet pour y rendre le peu de churros qu’il a daigné toucher. Il tire la chasse d’eau, se rend jusqu’à un lavabo où il passe longuement de l’eau sur son visage, puis se rinçant la bouche avant de fouiller son sac à la recherche d’un chewing-gum.
Tout va bien se passer, Kieran. Laisse-moi réfléchir.
Et la solution me paraît toute trouvée lorsqu’il sort son téléphone pour regarder l’heure. Qui est constamment collée à son smartphone ? Qui a des photos d’eux en sa possession ? Qui déteste suffisamment Eve pour l’aider à élaborer un plan que je ne juge pas nécessairement foireux ? Ivy. Tant mieux, c’est très exactement d’elle qu’il parlait, c’est très exactement d’elle dont il a besoin. Ses mains tremblantes tapent une série de messages à la va vite, poussé par ma personne, tandis que je me surprends à être croyant durant les instants interminables sans réponses. Et puis, la vibration miraculeuse et le contenu désiré ; des photos, prises durant son anniversaire. Les preuves du temps passé ensemble, un certain voyeurisme qu’il n’assumera pas auprès d’Eve mais qui reste à sa portée si besoin. Il passe encore un peu d’eau sur son visage, avale un deuxième chewing-gum, alors qu’il sort de sa cachette pour rejoindre la jeune femme.
« Je crois pas que la tour de la terreur soit une bonne idée, en fait. » Il se cache derrière l’humour pour justifier son teint blafard croisé il y a quelques secondes dans le miroir, ses yeux éteints et son énergie absente. « Et donc, on disait... Ah oui, Ivy. » Un sourire s’affiche sur ses lèvres, accentué par mes tentatives de le rassurer alors qu’il est incertain quant au manège qu’il s’apprête à lancer. Fais-moi confiance, Kieran. « Il y a pas grand-chose à dire, en fait. Juste deux amis qui sont devenus plus à force de traîner ensemble. » Non, Kieran. N’oublie pas que vous n’êtes pas amis. Mais au moins, dans cette réalité-là, vous êtes amants. « On est parti fêter nos anniversaires et... voilà, c’est tout, on s’est dit certaines choses. » Elle lui a fait la gueule parce qu’il n’a pas voulu l’embrasser le premier soir ; le récit est presque cohérent. Finissant par sortir son téléphone de sa poche, il s’empresse de chercher dans ses favorites celles qu’il a enregistrées quelques secondes plus tôt. « Enfin, tu l’as déjà aperçue durant Race of Australia, donc t’as pu voir de tes yeux qu’elle est magnifique. » Il sourit, imitant à la perfection l’amoureux transit – et là, le récit est parfaitement cohérent. « Ah ouais, ça c’est sur la bateau qu’elle a loué, pardon. » Il s’excuse lorsqu’il tombe sur une photo qu’il aurait utilisée en derniers recours, ne jouant pas même la fausse naïveté. « Voilà, voilà, quoi. » Il dit, rangeant rapidement son téléphone, sourire pincé sur les lèvres, le silence qui l’envahit, la gêne qui succède à la douleur.
« On fera un rencard à quatre comme dans les films. » Il rit nerveusement.
Ma relation avec le jeune homme n’a pas toujours été sous les meilleurs hospices. Il faut dire que nous avions du mal à trouver notre dynamique. Quand j’ai appris qu’il avait une copine, je me suis sentie soulagée. Certains auraient pu s’attendre à de la jalousie, à de la haine même. Parce que pendant longtemps, j’ai été perdu sur ce que je ressentais envers le jeune homme. Au point où l’on aurait pu croire que j’avais joué avec ses sentiments. Mais en vérité j’avais avant tout joué avec les miens. Alors que Jacob était gardé par une amie parisienne, je suis allée m’asseoir seule sur les bords de Seine. Et j’ai réfléchi. Je devais admettre que je ne le faisais pas souvent, bien au contraire. Je me laissais régir par mes sentiments et je me retrouvais à ne plus savoir où j’étais. Quitte à en tomber malade et vouloir effacer mon existence de ce monde. Quelle pensée égoïste. Sauf que je ne pouvais pas me le permettre. Je ne pouvais pas penser à moi dans de pareils moments. Je devais me poser et voir ce qui était le mieux pour moi. Il était clair après ce que nous venions de vivre avec Zeke que nous étions à l’orée d’une très belle histoire. Il fallait donc laisser partir les fantômes. Et Kieran en était un.
Oui, il avait rallumé la flamme de ma vie, il m’avait permis d’avoir un élan de joie. Mais c’était Zeke qui en était l’instigateur. Mon compagnon n’en avait alors pas conscience mais il m’avait permis d’éprouver des sentiments nouveaux, inconnus et aussi de faire confiance à nouveau. J’avais besoin de faire confiance pour me jeter dans une pareille relation. J’avais besoin de me sentir entourée, chérie. Et comment l’être auprès de quelqu’un qui souffre autant que soi ? Que Kieran ? Je l’ai vu lors de notre première rencontre. La douleur qui était passée dans son regard et qui m’avait contrainte à voir. Je ne voulais pas lui infliger un quelconque tourment. Mais la question s’était posée en France. Saurions-nous être amis ? Bien que mon entourage en doutât fortement, je voulais y croire. Je ne voulais pas abandonner ce que le virtuel avait lié. Je voulais continuer. Mais comment ? En m’assurant qu’il n’avait plus aucun sentiment pour moi. Comme je n’en avais plus aucun pour lui.
« Je garantis pas de laisser ton cou intact, alors. » Je me tourne vers lui pour le fixer, fronçant les sourcils sans forcément en saisir le sens. Avant, je me laissais toucher par tout le monde. Mais je ne me suis jamais sentie comme ça. ils m’ont tous rejetés. Tous sans exception. Sauf Caleb qui était là avant. Mais les autres, ils ont tous fui mon contact. Et Zeke avait raison : les autres n’étaient pas importants. L’essentiel étant que lui acceptait ce que je lui offrais. La douceur, la tendresse. Ce que Kieran avait fui à de nombreuses reprises. Je me murai donc dans un silence qui ne me ressemblait pas mais qui me faisait du bien. Au contact de l’australien aux cheveux ébènes, j’ai appris à les apprivoiser. Et je commençai même à les maitriser. Je ne dirai pas que j’étais la plus qualifiée pour faire passer mes émotions par un simple regard mais j’ai appris à me taire. Et cette situation l’exigeait. Si bien que mon ami en vint à se justifier sur la phrase lancée plus tôt. Je pourrais lui dire que je savais que la chose était anodine. Mais c’est faux. Pas après ce qu’il m’a dit en juillet. Et alors que je fuyais son contact, sa chaleur, il semblait prompt à plaisanter avec la mienne. Je décide cependant de ne pas en prendre ombrage et de passer outre. De ne pas gâcher cette journée comme je l’avais fait avec la mienne.
Ivy donc. Je ne la connaissais pas. Et je n’avais aucune envie de le faire. Pas par jalousie mais parce qu’un fossé séparait la jeune femme de moi. Que j’avais peur de me faire attaquer pour une quelconque raison, par jalousie, par haine. Car les gens ne m’appréciaient jamais. Et tout comme je n’avais jamais présenté Zeke à Kieran pour séparer les deux sphères, je n’irai pas à la rencontre d’Ivy. Mais je me permets d’écouter ce que m’a dit mon psy. A savoir analyser le comportement du jeune homme. Et je ne le comprends pas. De nouveau mon comportement impétueux l’emporte sur ma raison alors que je me retrouve entre ses bras. Que son odeur si familière vient à me chatouiller les narines. Auparavant, cette odeur aurait eu le don de faire chavirer jusqu’au plus ancré de mes principes. Maintenant, je me surprends à ne plus rien éprouver. Mon cœur ne s’emballe plus, je n’ai plus d’élan de culpabilité. Et je décide donc de me confier. Comme je le ferai à un ami. à un véritable ami. quelqu’un qui saurait m’écouter sans me juger. Qui saurait être à mes côtés tout comme je le serai aux siens. Je voulais me bercer dans cette illusion que Kieran et moi pourrions garder ce lien unique. Cependant, je me relâche, je m’éloigne. « Je n’aime plus ça pour ma part. » C’est faux. Bien sûr que j’aime toujours le contact. Mais je n’aime plus ceux qui ne sont pas prodigués par Zeke. Je soupire donc pour passer ma main dans mes cheveux. « Laisse, ça fait parti de ma thérapie. » Savoir se détacher des gens, ne plus rien attendre d’eux et ne compter que sur soi. Ce que je ne faisais pas, bien entendu.
« Euh on s’est rencontré durant Race of Australia et... on est pas vraiment ensemble, mais... enfin, voilà quoi, c’est cool. On passe du temps les deux et ça me plait. » Je me fige alors pour le regarder avec incompréhension. Le puzzle explose et s’éparpille en mille morceaux dans ma tête alors que je prends une profonde inspiration. « En gros, vous êtes… » Je ne saurai le dire car je n’avais jamais fait ce genre de choses de ma vie. Bien au contraire, je me suis toujours mise en couple. « Des amants ? Mais, il y a de l’affection derrière ? De la tendresse ou est-ce que vous couchez juste ensemble ? » Je ne saurai le dire. Après chacun vivait sa vie. Je décide donc de lever les mains en guise de reddition pour lui montrer que ce n’était pas mon problème. C’était le sien.
« ça m’a permis d’avoir certaines réponses surtout. » Comme de savoir ce que Zeke éprouvait pour moi. Nullement certaine que mon compagnon était réellement amoureux de moi. « Je sais maintenant. Qu’il est amoureux de moi. » je me permets de hocher un peu la tête, les yeux dans le vague pendant quelques minutes. Est-ce que c’est vrai Kieran ? Es-tu sincère ? Je ne l’interroge pas du regard, je me contente de lui faire un petit sourire.
Puis, je le regarde s’enfuir. En courant alors que nous sortons du manège. Je le regarde s’éloigner la bouche entrouverte avant de rester les bras ballants. Je décide donc d’aller chercher une bouteille de coca. Je prends deux gobelets pleins avant de voir de la guimauve. Le péché mignon de ma fille. J’en achète aussi pour me tourner et aller m’asseoir. Les minutes s’étirent, s’allongent à mesure de l’absence de mon ami. Que je vois revenir plus pâle que jamais. Un fantôme. Kieran est mon fantôme. Et je dois chasser les fantômes.
Mécaniquement, je lui tends un gobelet. « Bois, le sucre aide contre les nausées. » Je lui fais un petit sourire avant de prendre conscience de quelque chose. C’est la dernière fois que je le vois. Je me permets de hocher la tête à chacune de ses explications avant de me pencher pour regarder la photo. « Je ne l’ai jamais vu de ma vie. » Pour cause que j’avais gommé tout ce que j’ai vécu dans cette aventure. « Est-ce que tu pourrais arrêter… ? » Je me permets de déglutir. « De parler de cette aventure. On a compris avec mes médecins que c’est ça qui m’a rendu malade. » Ne pas manger pendant plusieurs jours, ne pas faire attention à soi. Je me penche de nouveau sur la photo d’eux. « Oh on a presque la même. » je décide de sortir mon téléphone pour lui montrer mon fond d’écran. j’ai envie de poser ma tête sur son épaule et de laisser le monde s’émerveiller autour de nous. Pour le laisser partir pour de bon. « Non Kieran. » Cette idée est mauvaise. Je prends doucement sa main dans la mienne pour en caresser le dos. Je ne parviens pas à m’en empêcher il semblerait. « Il faut que tu construises ta relation avant de proposer ça. » Mon regard se lève et rencontre le sien. « Je suis vraiment heureuse pour toi. » Mais ta copine me fait peur. Ça se lit sur son visage qu’elle me mangerait toute crue. « Et Zeke et moi nous ne sommes pas très sociables. » Ce qui est l’entière vérité. « Est-ce que… ? Quand t’es avec elle, est-ce qu’elle te fait te sentir le seul pour elle ? Est-ce que son contact te réchauffe le cœur ? Est-ce que ton cœur bat plus vite ? Et que tu te sens plus léger ? » Mes questions ne devraient pas se poser mais je savais à quel point, Autumn l’avait brisé. J’en avais pris conscience au fur et à mesure de nos discussions. « Kieran, tu dois trouver quelqu’un qui te fait te sentir tout ça. C’est ce qu’il me fait ressentir. D’être unique, belle et je peux être moi-même. » Je ne t’aurai jamais fait ressentir ça. Toi non plus. Je me redresse donc pour lâcher sa main. « On va aller faire la grande roue, ça va te calmer un peu. Et après, on ira manger un morceau. » Je lui fais un sourire. Un sourire innocent. Car même si c’était sans doute la dernière fois que je le voyais, je voulais que ce moment ne s’arrête jamais. Car je n’étais pas prête à lui dire adieu. A dire adieu à son amitié. Et à ce que nous avions construits.
Kieran Halstead
les cicatrices de la mémoire
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe. SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh). STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help). MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels. LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi). POSTS : 4054 POINTS : 200
TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡). ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022. CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown. RPs EN COURS : halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.
(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres) › ginny (fb) › cecilia › shiloh › wild › alfly #17 (ua) › danaë › olive #2 › greta #2 RPs EN ATTENTE : flora #3 RPs TERMINÉS :
kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.
Loin d’être socialement valorisé, le mensonge n’en demeure pas moins un excellent mécanisme de défense comme le démontre notre protagoniste. Bien sûr, il n’y excelle pas autant qu’avec la dissociation qui a permis mon existence, pour autant de la longue liste de ceux existant, ces deux-là semblent particulièrement lui convenir lorsqu’il s’agit de (tenter de) sortir de situations délicates dans lesquelles il se retrouve bien malgré lui. Tu vois, Kieran, si tu m’écoutais plus régulièrement et pas uniquement lorsque tu es acculé, il serait bien plus facile de réagir sans faire appel à de telles manigances ; et si j’ai conscience que ma présence puisse bouleverser ton quotidien, je me suis installé dans un coin de ta tête depuis bientôt un an, il serait temps de me céder plus de place. Que tu le veuilles ou non, nous sommes amenés à coexister et tant que tu n’accepteras pas la situation qui est la tienne, je ne compte pas fuir, ni te laisser à ton sort ; ce serait cruel en plus d’être un abandon de ma part. Et malgré le peu d’estime que tu m’accordes (je vous vois rire, chers lecteurs et vous moquer de la petite conscience qui réclame des droits, mais si nos situations étaient inversées, vos réclamations seraient les mêmes), je ne compte pas t’accorder ce que tu souhaites. Réfléchis un instant, gamin, comment aurais-tu réussi à berner Eve si je n’étais pas là pour t’aider et accorder tes violons de façon à être parfaitement crédible ? Oh, bien sûr, je ne vais pas enlever ses qualités à Kieran (il le fait très bien tout seul et là n’est pas mon but), c’est un excellent menteur derrière ses airs angéliques – ça, je n’en doute pas et je ne me serais pas permis de le faire. Mais voyez-vous, si malgré son anxiété constante il parvient à garder bonne figure pour se sauver les fesses, il n’en va pas de même avec sa réflexion qui s’échappe souvent (trop) loin lorsqu’il s’agit de peaufiner les détails de cette réalité qu’il déforme à qui veut bien l’entendre. Aussi surprenant que cela puisse paraître, s’il accorde une importance capitale aux détails dans le cadre de sa profession, sur le plan privé il n’en va pas de même et c’est très exactement à cause d’eux qu’il pourrait se vendre aujourd’hui. Or, nous ne le voulons pas, lui comme moi avons tout intérêt à parvenir à bercer Eve de cette douce illusion qu’il est parvenu à l’oublier, ou du moins suffisamment pour trouver du réconfort dans d’autres bras alors que son lit demeure désespérément vide et sa phobie de l’abandon n’a jamais été aussi handicapante qu’elle ne l’est actuellement. Elle ne le voit pas, derrière ce visage souriant bien que manquant cruellement de confiance, derrière cette presque assurance et cette conviction dans ces beaux récits contés, parce qu’il se plaît à y croire et qu’il parvient à mettre du cœur au conte ; mais le soir, je suis le seul qui reste avec lui lorsqu’il vient l’heure de rentrer chez lui, de se plonger dans un silence assourdissant et d’être envahi par toutes ces pensées qui ne visent qu’à lui faire comprendre l’importance toute relative qu’il a dans ce monde et la place qu’il ne trouvera jamais. Le monde est vaste, trop vaste pour l’être insignifiant qu’il est. Et aux côtés d’Eve, il avait l’impression d’être un peu moins minuscule. Ce qu’il comprend, pourtant, c’est qu’il est devenu aussi invisible qu’elle ne pensait l’être à ses yeux, alors même qu’il en voit qu’elle depuis le premier jour. Et tout ceci l’inquiète, alors qu’il comprend s’être bercé d’illusions, sans même le vouloir. D’ordinaire, son imaginaire s’échappe pour satisfaire son besoin de nier la réalité, mais cette fois-ci il n’en avait pas besoin : la réalité lui semblait si belle, si accessible pour la première fois depuis longtemps. Il s’est fourvoyé et Kieran peine à s’en remettre, peine à accepter surtout ce rôle que Méduse avant l’allemande lui rejetait sur les épaules ; celui d’un homme qui ne considère pas non comme une réponse. Il a toujours cru être respectueux, je l’ai conforté dans cette idée et même ma voix qui tente d’accentuer cette opinion bien arrêtée de ma part n’a guère de pouvoir sur les propres pensées de Kieran. Ironique, comme celles-ci se réveillent alors qu’ils ne devraient plus leur accorder la moindre place, alors que j’essaie de le convaincre de ne pas le faire. Il a peut-être l’impression d’avoir les faits en main ; j’ai la vérité – celle-ci ne devrait pas être plus importante que les premiers ?
Et comme souvent, je n’existe plus lorsque la frêle silhouette d’Eve se retrouve dans ses bras, qu’il profite de cet instant qui lui semble trop court. L’aisance qui était la sienne auparavant avec les contacts ne lui est toujours pas revenue (je le perçois de par ses muscles tendus), pour autant le simple fait de savoir qu’Eve n’a pas pris peur malgré tout, qu’elle concède à le chercher de cette façon le rassure autant qu’elle accentue son incompréhension. Que sont-ils ? Et surtout, que sont-ils censés devenir à l’issue de cette journée ? Elle s’éloigne, brise encore un peu plus son cœur ; après tout, elle n’est plus à un piétinement près. Ce n’est qu’une certitude de plus qui s’effondre, pas de quoi le mettre à terre – et Dieu sait qu’il ne comprend pas et qu’il est effondré, à l’intérieur, malgré son mensonge balancé avec conviction. Elle n’aime plus ça. Ça fait partie de sa thérapie. Il n’y croit pas, voudrait la reprendre en précisant qu’elle n’aime plus ça avec lui et ce simple constat lui fait du mal autant qu’il ne fait qu’accentuer ce dont il est persuadé : il n’est pas un homme bien. Et j’essaie, avec toute la conviction qu’il m’accorde, de mettre un terme à cette idée farfelue, mais Kieran ne voit plus que les preuves qu’il veut bien voir. Et comme toujours, lorsqu’il est blessé, c’est un sourire qui s’affiche sur ses lèvres : un sourire vaut mille réponses, elle en voudra une à défaut de faire entendre sa voix qui, assurément, se serait craquelée sous cette douloureuse prise de conscience.
« Euh, ouais. C’est ça. » Il reprend contenance face à sa question, sa gêne néanmoins cohérente quant au fait d’évoquer son intimité avec autrui. Elle se reprend, mais Kieran n’arrive pas à se taire. Ce n’est pas qu’il veut partager ces détails pour la rendre jalouse (bien que ce serait mon idée, il n’est pas d’accord), néanmoins il préfère accentuer son mensonge. « Il y a de la tendresse, oui. C’est juste qu’aucun de nous n’est prêt pour quelque chose de sérieux, pour l’instant. » Des détails qui ne concernent pas sa vie privée, mais qui en sont quand même ; de façon à peaufiner le mensonge avec des petites précisions anodines pour lui donner de la valeur, de la cohérence. Ça lui permet de gagner quelques instants lorsque son talon s’écrase toujours un peu plus sur son cœur comme une cigarette à l’arrêt récalcitrant ; « c’est génial. » Il le dit, il le répète, tout est génial. Tout est absolument génial entre Eve et son géant, il pourrait presque être jaloux s’il n’était pas aussi heureux pour eux. Faux. Il avait oublié son anniversaire, il ne lui parlait pas ; mais il l’aime, alors forcément, ça excuse tout. Loin d’arriver à suivre tout ce qui les concerne lui et la jeune femme, il peine aussi à suivre le fil de sa relation de cette dernière avec son petit ami. Tout ce qu’il sait – ce que j’accentue, en réalité – c’est qu’il le pigeon de cette histoire. Je l’accentue et pourtant, très vite il s’en veut d’en arriver à cette réflexion ; car encore une fois il ne peut pas forcer Eve à l’aimer autant qu’il ne peut lui reprocher de ne pas le faire. Mais moi je le fais, car encore une fois ce ne sont pas ses sentiments que je juge, mais bien sa façon d’avoir joué avec ceux de Kieran simplement parce qu’elle n’arrivait pas à obtenir ce qu’elle voulait de ceux de son officiel.
C’est le dernier coup avant qu’il ne s’effondre ; et si le manège lui permet de rougir ses yeux sans aucune honte ou de blanchir sans avoir une justification au bout des lèvres, ses jambes peinent à le supporter plus longtemps alors qu’il s’excuse à la hâte avant de disparaître quelques instants. Cette anxiété est devenue trop importante pour qu’il ne puisse la supporter. Ces coups portés à l’estomac sont trop douloureux pour qu’il ne réagisse plus, cet enchaînement de mauvaises nouvelles n’est plus supportable et ses belles attentes sont trop piétinées pour qu’il puisse prétendre ne pas en être dérangé. Bien sûr qu’il l’est, il est dérangé par tout ce qui se passe aujourd’hui, il est simplement dérangé, qu’il se dit et croyez-moi que si je possédais des mains, l’une d’entre elle viendrait frapper avec vigueur l’arrière de son crâne dans l’espoir de lui ôter cette idée-là de la tête.
De vous deux, ce n’est pas toi le plus dérangé, Kieran.
« Merci. » Il revient près d’elle, affiche son plus beau sourire qui contraste avec la pâleur de sa peau, le cœur toujours aussi brisé, mais l’assurance que son mensonge pourra être concrétisé avec l’aide d’Ivy. Ses doigts tremblants entourent le gobelet dont il vide presque la totalité du contenu avant de relever la tête vers Eve, les photos qui défilent sur son téléphone, un sourire sincère sur les lèvres alors qu’il a l’impression de ne pas lui laisser totalement l’avantage. Il fronce les sourcils quand elle prétend ne jamais l’avoir vu de sa vie, autant qu’il ne comprend pas lorsqu’elle lui demande d’arrêter. « Oh. Oui, je vois. Pardon. » Il s’excuse, comme il s’est excusé de milliers de fois auprès d’elle et je ne peux contenir ma colère ; ne vois-tu donc pas qu’elle continue encore et encore, à te manipuler, Kieran ? Un jour, c’est toi qui la rends malade. Le suivant, c’est ce jeu. La réponse change au gré de son humeur, au gré de la personne dont elle doit se jouer. Elle n’a plus d’intérêt à se servir de toi, à quémander ta pitié, alors pourquoi serais-tu responsable de son état, quand c’est bien à cause de toi qu’elle voulait s’effacer ?
Il aurait voulu garder pour lui la photo qui suit ; il le voudrait encore plus lorsqu’Eve s’empresse de lui en montrer une similaire d’elle et son géant. À la différence que l’amour qui les unit est sincère, contrairement à celui qu’il prétend avec Ivy. « Jolie photo. » Phrase mécanique, courte, pour ne pas que sa voix trahisse tout le bonheur qu’elle lui jette aux yeux. Oh, pourtant, tu le jalouses, ce bonheur, Kieran, pas vrai ? Il le jalouse autant qu’il s’en rend malade à prétendre ne pas l’être, à ce que toute cette situation est normale, parfaitement normale, alors qu’il y a encore une semaine c’est vers lui qu’elle se tournait, alors qu’il y a quelques semaines c’était pour lui qu’elle semblait avoir des sentiments.
C’est à ne rien y comprendre. Ça tombe bien, il ne comprend absolument rien.
Alors c’est une plaisanterie de bien mauvais goût qui s’échappe d’entre ses lèvres pour briser le silence qui s’installe. Il n’en croit pas un traître mot – tant mieux, car je pense qu’il m’aurait été difficile d’être délicat pour lui faire comprendre que c’est une putain de mauvaise idée (excusez la vulgarité, elle me semble nécessaire à cet instant). Vous voyez, elle continue de quémander son attention alors même qu’elle parle de sa relation parfaite avec son petit ami parfait. Il reste silencieux tandis qu’elle prétend qu’ils ne sont pas très sociables, ils ne le sont pas avec toi, Kieran, elle ne l’est plus avec toi. Elle pose des questions, trop de questions et je le sens qui est déstabilisé, conscient que son mensonge ne pourra pas perdurer plus longtemps si cet interrogatoire ne s’arrête pas très vite, il n’arrivera pas à maintenir la façade qui s’effrite toujours plus. La situation qu’elle décrit est celle qu’elle vit avec Ezechiel, celle qu’il ne vit pas avec Ivy, qu’il ne peut même pas prétendre vivre avec qui que ce soit ; il est seul, délibérément seul. Et il la déteste, oh qu’il la déteste quand elle lui fait comprendre qu’avec lui, elle n’a jamais pu être lui-même. Qu’elle ne s’est sentie ni unique, ni belle. Qu’elle a voulu disparaître, comme il voudrait disparaître à cet instant. Son sourire mécanique ne quitte pas ses lèvres, mais aucun son ne s’échappe d’entre ses lèvres, si ce n’est un : « ne t’inquiète pas pour moi » murmuré après quelques instants de silence, qui confirme par la même occasion la tenue du plan qu’elle propose.
Parce que cette journée serait belle, il l’a promis à Eve, c’est ce qu’elle attend, c’est ce qu’elle veut. Peu importe ce que lui veut, ça n’a pas plus d’importance aujourd’hui que ça n’en a eue les trente années précédentes. Alors un jour de plus ou un jour de moins, Kieran arrive à faire semblant que tout va bien autour de lui alors qu’intérieurement, il ramasse les morceaux de sa fierté, de sa loyauté et, surtout, de son cœur.