Je me réveille. Difficilement. Ma mémoire me joue des tours, je ne sais pas trop où je me trouve sur le moment. J’examine les lieux et reconnait les murs morbides blancs… Je suis à l’hôpital. Un souvenir amer d’un accident dont je me souviens à peine, sauf de ce qu’on a pu m’en raconter. J’essaye de bouger et pourtant une douleur atroce traverse mon corps. Je rage, intérieurement, en colère contre ces maux physiques mais aussi les autres que je peux avoir au fond de moi. Comment ai-je pu me trouver dans une telle situation ? Pourquoi ? Était-ce vraiment cette vague l’unique fautive de cet accident ? Mes pensées au moment de l’accident me revenaient, je pensais à mon père, à notre rencontre de la veille. Un moment d’inattention et votre vie bascule en un éclair. C’est ce qui s’est passé pour moi. Pourtant, je ne m’en sors pas trop mal, j’ai été amenée à l’hôpital à temps, Knox et Wim ont eu la réaction qu’il fallait : deux côtes cassées, une énorme ecchymose au niveau du thorax et une cheville bien amochée, qui m’obligera à porter une attelle pendant un temps. A ce moment-là, je me sens seule, dans cette chambre d’hôpital. Pourtant, la veille, j’ai eu plus de visites que voulu. Knox, bien sûr, Geo, Adam, des collègues de boulot… Et puis mon père. Que j’ai été incapable de regarder tout le long, à qui j’ai demandé de partir. Encore. Car même si j’ai eu peur pour ma vie, je suis incapable de lui pardonner. Pas encore. Il n’a pas été le seul dont la visite m’a chamboulé. Il y avait aussi celle d’Alec… Ma mine se décompose davantage en repensant à cette visite inattendue. Jamais je n’aurai pensé qu’il viendrait me voir. Ces dernières paroles me reviennent alors, résonnant dans ma tête : Dans une autre vie, jamais je ne t’aurais laissé partir. Un trop plein, un de plus et des larmes se mettent à couler. Je ravale, j’essuie d’un revers de main, mais rien à faire, ça s’écoule sans fin « Shit ». Je bouge, j’ai mal. Je sature. Je suis bloquée là pour trois jours m’a dit le médecin tôt ce matin lors de sa visite. Je me redresse, difficilement, et quelqu’un ouvre la porte « Dylane ? ». Je vois alors ma petite sœur de cœur faire irruption sur le pas de la porte. J’essuie de nouveau mes larmes, je n’ai pas envie de lui montrer que ça ne va pas. Je sais que l’ambulance qui m’a transporté à l’hôpital était la sienne, qu’elle a été là. Qu’elle m’a sauvé la vie. Mais je sais aussi le traumatisme que cela a pu être pour elle, lui rappelant indéniablement la perte de Tommy deux ans plus tôt. Je ne l’ai pas vu depuis, elle avait du repartir en intervention « Viens là ». J’ai réussi à me redresser, difficilement, mais je suis assisse, avec ma jambe gauche tendue dans son attelle. Je tends alors mes bras, là aussi ça me coûte, mais je prends encore sur moi pour la réceptionner et lui offrir une étreinte.
Si on avait dit à Dylane qu'un jour, elle serait amené à voir de nouveau une personne qu'elle aime au bord de la mort, elle se serait tirer une balle. Alors oui, quand elle a vu Mia, sa soeur de coeur, allongée sur le sable et ne respirant plus, le choc avait été présent. Si bien qu'elle n'a pas pu agir de suite et que si son collègue n'avait pas été réactif, elle ne serait peut-être plus là. Cette idée lui est insoutenable et même encore maintenant alors qu'elle la sait tirée d'affaires. Dés leur arrivée à l'hôpital, elle a fait des pieds et des mains pour pouvoir rester mais même pas une demi-heure après, elle était appelée sur une autre intervention. Pas question pour son boss de se passer d'elle. En temps normal, il l'aurait fait mais personne n'était disponible pour la remplacer et donc il n'avait pas eu d'autres choix que de refuser sa requête. Ho, son boulot, elle l'a fait correctement pendant tout le reste de la journée mais ses pensées étaient, elles, toutes dirigées vers la blonde. Elle a eu peur Dylane, peur à en crever de la perdre. Elle ne l'aurait, d'ailleurs, sans doute pas supporter. Ce n'est qu'en ayant l'appel de Wim lui disant que tout allait bien, qu'elle avait à nouveau pu reprendre son souffle. Soulagée, elle a terminé la journée et s'est rendue à l'hôpital de suite mais vu que celle-ci dormait et qu'elle avait besoin de repos, elle était rentrée chez elle non sans lui avoir déposer un tendre baiser sur le front. Le lendemain, elle n'avait pas pu se rendre à l'hôpital étant encore de garde et la même rengaine, celle-ci terminée, Mia dormait. Cette fois-ci, elle n'y était pas allé et avait téléphoné avant pour ne pas risquer de la réveiller. Par contre aujourd'hui, elle a réussi à s'échapper plus tôt, un de ses collègues ayant bien voulu prendre la relève plus tôt. C'est donc, avec un regard amère, qu'elle arpente les couloirs de l'hôpital. La dernière fois qu'elle a fait ce chemin, c'était pour son frère ... Car malgré l'explosion, il a été emmené ici, il paraît même que son coeur avait repris dans l'ambulance pour lâcher de nouveau à peine les portes franchies. Alors oui, Dylane devrait se réjouir de savoir Mia vivante mais elle ne peut s'empêcher d'avoir peur que tout bascule à nouveau, que tout ça ne soit qu'un artifice et qu'elle la quitte réellement. Arrivée devant la porte de la chambre, elle frappe un petit coup et la pousse doucement. « Dylane ? » L'entendre lui parler est la goutte de trop et des larmes perlent sur ses joues. « J'ai eu si peur » Avoue-t-elle tout en s'approchant reniflant comme une enfant. « Viens là » Sans se faire prier, elle tombe dans les bras de son amie. « Je suis désolée de pleurer comme ça mais j'ai cru que je t'avais perdue pour de bon et je ... je l'aurais pas supporté » Elle prend le temps de respirer son odeur et se relève doucement pour ne pas lui faire mal vu ce qu'elle a subi. Son regard se pose alors sur elle. « Comment tu te sens ? » Mais il y a surtout une question qui lui brûle les lèvres. « Comment t'as fait ton compte ? T'es pourtant une des meilleures surfeuses que je connaisse « Et si elle dit cela, ce n'est pas anodin. Elle aurait presque l'impression que son amie l'a fait exprès, que pendant un court moment, elle a voulu en finir avec la vie. Elle sait bien que ce n'est pas facile pour elle en ce moment avec Alec, le retour de son père, Jax mais de là à faire ça ? Bien qu'elle ne puisse pas la juger vu que cette idée lui avait déjà traversé l'esprit par le passé. Du moins, elle espère de tout son coeur se tromper et si non, elle sera là pour Mia, jour et nuit s'il le faut. Jamais, elle ne la laissera tomber, la blonde est bien trop importante dans sa vie. Elle fait partie de sa famille à part entière et ce sera toujours le cas quoiqu'il puisse se passer. Un lien comme le leur ne peut pas disparaître, non il est ancré dans le sol à vie et encore après.
« J’ai eu si peur ». Des mots qui me déchirent le cœur, qui réenclenchent automatiquement mes larmes qui perlaient déjà sur mes joues avant son arrivée. Elle est là et je vois par l’expression sur son visage qu’elle est inquiète, effrayée même. Elle pleure aussi, elle est mal et je m’en veux. Je m’en veux d’avoir eu cet accident, d’inquiéter tout mon entourage et tout particulièrement Dylane. Elle est comme la sœur que je n’ai jamais eue, la famille que j’ai choisi à défaut d’en avoir une, biologique, parfaite comme je l’aimerai. Pour Dylane, je suis capable de tout, je la protégerai toujours quoi qu’il m’en coute. Parce qu’elle est trop importante à mes yeux, parce que je l’aime plus que tout. Je l’ai prise sous mon aile, surtout à un moment de sa vie où elle en avait le plus besoin. Nous étions déjà fusionnelles avant ça mais nous le sommes devenues encore plus après la perte de son frère. Tommy. Je me rappelle de lui, je le côtoyais en fréquentant sa sœur. Il était tout aussi adorable qu’elle. Mais il a perdu la vie tragiquement … avide de vitesse, il faisait des courses de voitures. Et une d’elle lui a été fatale. J’ai vu Dylane dans tous ses états, elle est passée par toutes les étapes possibles et inimaginables. Sans faille, j’étais restée près d’elle. Je m’étais promis de tout faire pour qu’elle ne revive plus ça. Et pourtant, par mon accident, c’est ce que je lui faisais subir. Je l’invite à approcher, tendant mes bras même si je souffre en silence de ce geste. « Je suis désolée de pleurer comme ça mais j’ai cru que je t’avais perdue pour de bon et je… je l’aurais pas supporté ». Je la serre un peu contre moi, doucement car je ne suis pas capable de plus. Je lui dépose un bisou dans les cheveux « Ne t’excuse pas… je suis désolée de t’avoir effrayée, je ne le voulais pas… ». Non, je n’avais pas envie de la replonger dans des souvenirs difficiles. Et je voulais tout faire pour la rassurer. Elle s’éloigne cependant, sentant sûrement ma fragilité. « Comment tu te sens ? ». Je me replace un peu sur le lit, grimaçant légèrement « Pas trop mal… ». Je camoufle la vérité, volontairement, du moins je l’atténue. J’attrape alors sa main pour l’inviter à s’assoir au bord du lit. Parce que je sais qu’elle me posera forcément la question que beaucoup m’ont posé… « Comment t’as fait ton compte ? T’es pourtant une des meilleures surfeuses que je connaisse ». Je tourne le regard vers la fenêtre. Je l’ignore moi-même. J’inspire un bon coup, prends mon courage à deux mains pour lui répondre, reportant mes yeux sur elle… je ne sais trop quoi finalement « Une erreur stupide… J’ai été distraite une fraction de seconde. Le vent était violent, les vagues de ce fait aussi… Je me suis faite avoir… bêtement ». Je voyais le regard inquiet qui ne l’a pas quitté depuis qu’elle a passé le pas de la porte. J’attrape alors sa main, que je sers fortement pour la rassurer « Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Je sais que je t’ai fait peur et je m’en excuse sincèrement. Mais tout va bien… » Ou presque ; Je ne sais pas si je disais cela pour la rassurer elle ou moi finalement. Parce qu’au fond, je suis mal. Mais là encore, je ne veux laisser rien transparaitre « Je pense que le retour de mon père la veille de l’accident y est pour beaucoup… Je ne m’y attendais pas… Quinze ans que je ne l’avais pas revue… ». Ma gorge se serre, m’obligeant à m’arrêter, repensant à ma rencontre avec lui qui me replonge dans le même état d’esprit qu’avant l’accident.
Dans sa courte vie, Dylane avait perdu sa mère, qu'elle n'a pas connue vu que sa naissance a causé le décès de celle-ci, ensuite son frère devant ses yeux ... A croire qu'elle attire la perte de ses proches. Alors oui quand elle a vu Mia allongé sans aucun signe de vie, elle a eu peur et le mot est faible. En réalité, elle ne sait pas réellement mettre de mot sur ce qu'elle a ressenti à ce moment-là. Alors en entrant dans cette chambre d'hôpital et la voyant bel et bien sortie d'affaire, elle ne peut s'empêcher de craquer sous cette pression et de dire tout haut le stress qu'elle a ressenti. Elle ne reproche rien à Mia. C'est un accident non ?! Si elle avait du la perdre, Dylane ne l'aurait pas supporté, elle ne veut plus perdre personne qu'elle aime et cela vaut pour tout le monde, même ce flic. Et qui plus est Mia, qui est la soeur qu'elle n'a jamais eue, celle qui compte plus que n'importe quelle femme sur cette terre à ses yeux. Donc quand elle lui offre une étreinte, elle se blottit dans ses bras tout en s'excusant de son comportement qui peut paraître puéril ou enfantin. Cependant, elles avaient dit qu'elles ne cachaient plus rien et elle ne pouvait pas mettre de côté la crainte qu'elle avait eu et qu'elle avait, malheureusement toujours. « Ne t’excuse pas… je suis désolée de t’avoir effrayée, je ne le voulais pas… » Le geste d'affection de la blonde lui fait du mal et elle se recule ne voulant pas encore plus abîmé le corps de son amie qui a subit des dommages et même si elle dit aller pas trop mal, la brune hausse un sourcil. « Mia, c'est mon métier, je sais que physiquement, tu souffres » Un soupir se pose sur ses lèvres alors que son regard se pose sur elle et qu'elle ose poser la question qui lui démange les lèvres. « Une erreur stupide… J’ai été distraite une fraction de seconde. Le vent était violent, les vagues de ce fait aussi… Je me suis faite avoir… bêtement » Ce que Mia lui dit ne la rassure en aucun point et elle ne le cache pas. Son air est grave. Sa main attrape celle de son amie. « Justement, tu savais très bien que les conditions n'étaient pas réunies pour t'attaquer à ces vagues et tu y as été ... Ce n'est pas anodin » Souffle-t-elle la gorge serrée de penser que son amie, peut-être inconsciemment, s'est mise en danger de mort. « Je pense que le retour de mon père la veille de l’accident y est pour beaucoup… Je ne m’y attendais pas… Quinze ans que je ne l’avais pas revue… » Un regard compatissant se pose sur le visage de Dylane. Elle ne peut pas comprendre ce que ce retour peut faire à son amie mais elle peut l'imaginer. Cela a du être un fameux choc pour celle-ci. Un parent est une partie essentielle de la vie et elle en a manqué pendant trop d'années et sûrement sans explications pendant tout ce long laps de temps. « Je comprends que ça ne doit pas être facile. Tu dois être mitigée entre la colère et le bonheur de le retrouver. » Du moins, c'est comme ça que Dylane voit les choses et elle est certaine que si ce n'est pas ce que pense Mia, elle la corrigera. « Et il est venu te voir ? D'ailleurs je suis désolée de ne pas être venue plus tôt. Enfin je suis revenue le jour-même mais tu dormais et hier quand j'ai eu terminé, j'ai téléphoné et pareil, tu dormais déjà » Elle baisse un peu les yeux honteuse de ne pas avoir pu se libérer plus tôt. « Mon boss n'a pas su me libérer car nous sommes en sous-effectif, aujourd'hui j'ai eu plus de chance en m'arrangeant avec un collègue. » Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle serait restée au chevet de sa soeur du début à sa sortie d'hôpital. Mia est sa famille et donc c'est normal pour la jeune femme de penser comme ça. Elle est même plus importante que Lawrence, qui est son propre frère, car elle, elle est là et l'a toujours été. Maintenant c'est au tour de Dylane ne prendre soin d'elle et elle va le faire. Elle signerait de son propre sang s'il fallait pour honorer cette parole.
Je tente de la rassurer au maximum, dissimulant la vérité sur mes véritables douleurs, deux jours après cet accident. Je sentais mes côtes qui, limite, traversaient ma chair à chaque mouvement, m’arrachant une grimace, électrisant mon corps subitement. Ma cheville me lançait, et ne parlons pas de l’ecchymose que j’avais. Une douleur constante, que je pouvais sentir rien qu’en respirant. Bref, j’ai connu des jours meilleurs. Mais là, devant Dylane, je n’ai pas envie de lui montrer à quel point je souffre car je ne veux pas lui faire subir ça. Je me dois de la protéger et c’est tout ce que je fais quand je lui réponds que je ne vais pas trop mal. Cependant, en faisant ça, je ne respecte pas ce pacte que nous avons passé depuis son agression en août dernier. Pacte que j’avais moi-même instauré car elle ne m’avait prévenu de ce qui lui était arrivée. Je m’étais fait un sang d’encre à ne plus avoir de ses nouvelles et après avoir vu des posts sur ses réseaux sociaux qui ne présageaient rien de bon. Désormais, plus de secrets entre nous, même des petites choses sans importance. La moindre chose que l’on pouvait ressentir, la moindre chose qui dérangeait chez l’autre. On devait tout se dire « Mia, c’est mon métier, je sais que physiquement, tu souffres ». Mais de toute manière on se connaissait trop bien pour pouvoir se mentir bien longtemps, même si c’était pour le bien de l’autre. Surtout que dans ce cas-là, en tant qu’ambulancière, elle était la mieux placé pour savoir que je ne vais pas bien. Au bout de deux jours, après un accident pareil, ce n’était pas possible autrement. Je baisse alors le regard, je ne peux plus nier, je soupire et même ça, ça me fait mal. Je ne préfère pas en rajouter alors je ne fais qu’acquiescer simplement, le regard triste. Et puis vient le moment où elle me demande des explications sur mon accident. Comment était-ce possible. Une stupide erreur voilà tout « Justement, tu savais très bien que les conditions n’étaient pas réunies pour t’attaquer à ces vagues et tu y as été… Ce n’est pas anodin ». J’arque alors un sourcil « Qu’est-ce que tu entends par là Dylane ? Tu penses que je l’ai fait exprès ? ». Un doute s’installe finalement en moi. Et si… Puis je m’enlève très vite cette idée de la tête « Oui les conditions n’étaient pas réunies, mais autant moi que Knox et Wim nous sommes jetés dans ses vagues que nous savions dangereuses. Mais pas insurmontables ». Involontairement ou non, j’hausse un peu le ton. Je n’ai pas envie qu’elle pense que j’ai tenté de me suicider alors que ce n’était pas le cas. Je sais que ma vie présentement est très compliquée… Mais pas à point d’y mettre fin.
Je lui explique que cette faute d’inattention, qui a causé cet accident, selon moi, n’est que le fruit de mes retrouvailles avec mon père la veille de l’accident « Je comprends que ça ne doit pas être facile. Tu dois être mitigée entre la colère et le bonheur de le retrouver ». Mon regard s’assombrit car la colère que j’ai contre lui est toujours présente. « Je suis plus en colère contre lui… Il revient, comme si rien n’était, me demandant de lui pardonner. Qu’il est revenu pour moi car j’étais ce qu’il avait de plus important… » Ma gorge se serre à nouveau, des larmes perlent sur mes joues. J’essuie d’un revers de main « Il m’a dit les raisons de son départ… Pour mon frère… ». Une bombe qu’il m’a balancée comme ça et qui m’a fait fuir, ne voulant pas en savoir davantage… « Et il est venu te voir ? D’ailleurs je suis désolée de ne pas être venue plus tôt. Enfin je suis revenue le jour-même mais tu dormais et hier quand j’ai eu terminé, j’ai téléphoné et pareil, tu dormais déjà ». Elle semble s’en vouloir je lui attrape alors la main pour l’assurer tout en l’écoutant « Mon boss n’a pas su me libérer car nous sommes en sous-effectif, aujourd’hui j’ai eu plus de chance en m’arrangeant avec un collègue ». Je lui caresse doucement sa main que je tiens dans la mienne, l’incitant à me regarder à nouveau « Hey, tu n’as pas à t’excuser ou t’en vouloir. Je le sais très bien, le plus important c’est que tu sois là maintenant. Et je sais que même si tu n’étais pas là physiquement, tu ne m’as pas oublié pour autant ». J’ai envie de la prendre à nouveau dans mes bras pour la rassurer, car je m’en veux de l’avoir inquiétée à ce point « Et pour répondre à ta question, oui il est venu. Mais… je ne voulais pas le voir et je lui ai demandé de partir… » Je le blâmais de ce qui venait de m’arriver et en même temps, le voir alors que je venais d’avoir mon accident avait été rassurant. Et pourtant, je l’ai repoussée. Tout était flou, j’étais complètement paumée. Des larmes coulent sur mes joues encore… je ne cherche plus à les camoufler « Ca me déchire le cœur d’agir comme ça avec lui… Mais je ne peux pas faire autrement ». Je cherche uniquement à me protéger… peut-être aussi à me venger de tout le mal qu’il m’a fait subir…
Même si elle n'est pas médecin, contrairement à son paternel qui s'est reconverti la dedans après sa carrière de basketteur, d'ailleurs elle le trouve très courageux d'avoir continué ses études en parallèles, Dylane sait pertinemment que Mia souffre physiquement, c'est même une certitude alors elle a beau lui dire que ça va, cela ne passe pas auprès de la brune qui lui fait savoir. Elle n'est pas ambulancière pour rien après tout et heureusement autrement elle n'aurait rien à faire dans ce métier. Mais ce n'est pas ce mensonge qui l'ennuie le plus car elle sait que si Mia lui dit ça, c'est pour la rassurer après ce qu'il s'est passé, après ce drame ... Non ce qui la taraude c'est les raisons qui l'ont poussées à se jeter dans ces vagues meurtrières alors qu'elle connaissait les risques et elle ne peut se taire plus longtemps. « Qu’est-ce que tu entends par là Dylane ? Tu penses que je l’ai fait exprès ? » La jeune fille la regarde sans rien dire vu qu'elle savait très bien où elle voulait en venir. Il y a certains moments les mots sont trop lourds à dire alors qu'un regard fait toute la différence et là était un moment du genre. « Oui les conditions n’étaient pas réunies, mais autant moi que Knox et Wim nous sommes jetés dans ses vagues que nous savions dangereuses. Mais pas insurmontables » Si elle est sûre d'elle pourquoi est ce qu'elle hausse le ton ? Voilà ce que Dylane pense mais elle ne fait que soupirer en premier voulant peser les mots qu'elle va dire le but n'étant pas de descendre son amie ou encore d'aller dans le mauvais chemin. « C'est juste que vu de l'extérieur ça fait penser que ... « Elle ne termine pas sa phrase les mots ne sortant toujours pas. « Enfin désolée si c'est pas ça ... Je voulais pas te rendre mal » Souffle-t-elle en baissant le regard mal à l'aise d'avoir pu penser ça. La peur peut nous faire penser tellement de choses et cette situation, tout ce qui l'entourait est tellement subjective que oui, elle a douté des intentions de Mia mais qui ne l'aurait pas fait à sa place ?!
Mia en vient alors à se confier sur le retour de son paternel. Même si Dylane en a entendu parler, elles n'en ont jamais discuté ouvertement et elle écoute alors son amie. « Je suis plus en colère contre lui… Il revient, comme si rien n’était, me demandant de lui pardonner. Qu’il est revenu pour moi car j’étais ce qu’il avait de plus important… » Dylane ne peut qu'imaginer vu que son père est toujours dans les parages même si leur relation n'est pas au beau fixe depuis la perte de Tommy. « Il m’a dit les raisons de son départ… Pour mon frère… » Son regard se pose sur la blonde et elle se mord la lèvre. « Tu veux en parler ? » Car si non, elle n'allait pas la forcer, elle est déjà dans un état déplorable et elle n'a pas envie d'en rajouter une couche. Le choc est présent qu'elle le veuille ou non et elle va devoir prendre son mal en patience pour se remettre et ça autant physiquement que mentalement bien que le mental soit la partie la plus compliquée de toute et Dylane est bien placée pour le savoir. « Hey, tu n’as pas à t’excuser ou t’en vouloir. Je le sais très bien, le plus important c’est que tu sois là maintenant. Et je sais que même si tu n’étais pas là physiquement, tu ne m’as pas oublié pour autant » L'ambulancière attrape sa main et la serre doucement. « Tu n'as pas quitté mes pensées et ça à aucun moment. Quand je suis venue le jour J te voir au soir, tu avais l'air si paisible sur ce lit » Tellement que cela aurait presque fait peur à Dylane et qu'elle ne l'avouera pas mais elle a regardé à plusieurs fois si elle respirait bien que la machine lui dise que tout était bon. « Et pour répondre à ta question, oui il est venu. Mais… je ne voulais pas le voir et je lui ai demandé de partir… » Un léger soupir sort d'entre ses lèvres. » Tu sais, je n'ai pas mon mot à dire et je comprends ta colère mais la famille est ce qu'il y a de plus important sur terre alors laisse lui une chance même une petite » Et malheureusement, on ne s'en rend compte que quand on les perd ... « Ca me déchire le cœur d’agir comme ça avec lui… Mais je ne peux pas faire autrement » Elle opine du chef sans lâcher sans main qu'elle caresse de son pouce. » Je sais que tu l'aimes dans le fond et que tout ça te fait du mal. Mais lâche prise, lâche tout » Oui, elle lui demandait de balancer tout ce qu'elle avait au fond d'elle car ça ne pourrait lui faire que du bien. Et s'il fallait qu'elle pleure toutes les larmes de son corps, Dylane sera là pour les éponger encore et encore. C'est ça être soeurs, être là l'une pour l'autre à jamais.
Savoir que Dylane pense que j’ai souhaité mettre fin à mes jours me met mal. Parce qu’au fond, qu’est-ce qui dit qu’inconsciemment je n’ai pas lâché prise ? Perdu dans cette spirale infernale, accumulant des déceptions dans ma vie, n’arrivant pas à avoir une situation personnelle stable comme je l’aimerai. Me retrouvant à coucher avec mon meilleur ami de toujours parce qu’en partie, j’étais mal suite à cette relation finie beaucoup trop subitement, qui m’avait laissé une sensation d’inachevée avec Alec… Me rappelant que le bonheur n’était que de courte durée dans ma vie ? Et finalement, à quoi rythmait-elle ? Entre soirée, alcool et histoire sans lendemain. Même dans ces dernières, je me perdais… Et puis, ce frère dont j’ai ignoré l’existence depuis toujours, encore un secret bien gardé par mes géniteurs. Comment pouvais-je les appeler encore mes parents quand je vois le mal qu’ils ont pu me faire ? Bref, une accumulation qui peut semer le doute sur mes intentions. Pourtant, même si je subis tout ça, je ne serai pas capable d’une telle chose… Ce n’est pas ce que je voulais… Je crois… « C’est juste que vu de l’extérieur ça fait penser que… ». Elle ne termine pas sa phrase et je comprends très bien ce qu’elle veut dire. Je hausse le ton car je ne veux pas qu’elle pense ça, je veux qu’elle s’enlève cette idée de la tête tout comme moi j’essaye de le faire. « Enfin désolée si c’est pas ça… Je voulais pas te rendre mal ». Me rendre mal non mais me mettre devant le fait accompli oui… Je n’ajoute rien, car je ne veux pas lui faire part de ses doutes qui s’installent. Peut-être pour rien, sûrement même.
Je lui explique que le retour de mon père en revanche y est clairement pour quelque chose. Et par l’annonce qu’il m’a faite concernant l’existence de mon frère « Tu veux en parler ? ». Je soupire, mon regard se perd encore, je fixe un point inexistant face à moi. « A quoi bon ? Je ne ressens que du dégoût à leur égard… » Je faisais référence à mes parents et au fait qu’ils m’aient caché ça pendant plusieurs années. Je retourne alors mon regard sur Dylane et lève le bras pour pointer mon index en parlant. Mais même ça me fait mal. Je grimace mais poursuit quand même « Le pire ? C’est que mon père blâme ma mère en disant que c’est elle qui n’a pas voulu m’en parler ». Et je me trouvais donc ballotter entre les deux, qui se renverrait certainement la balle lors d’une éventuelle confrontation. « Bref, je n’ai pas la force d’être en colère… » Et donc d’en parler. Je souffre suffisamment physiquement sans en rajouter moralement, même si celui-ci est déjà bien entaché. Dylane s’excuse de ne pas être venu avant et je ne lui en veux pas du tout, comprenant parfaitement qu’elle ait été prise par son travail « Tu n’as pas quitté mes pensées et ça à aucun moment. Quand je suis venue le jour J te voir au soir, tu avais l’air si paisible sur ce lit ». Elle m’attrape la main et je lui souris. Je ris même un peu à sa dernière remarque, même si j’aperçois une pointe de tristesse sur son visage « Tu m’étonnes, ils m’ont tellement shooté avec les médocs ». Jouer l’humour était une manière d’apaiser un peu l’ambiance. Je ne voulais plus qu’elle se fasse de souci pour moi mais je sais que cela allait être compliqué pour le moment. « Tu sais, je n’ai pas mon mot à dire et je comprends ta colère mais la famille est ce qu’il y a de plus important sur terre alors laisse lui une chance même une petite ». Lorsqu’elle prononce ces paroles, je ne la quitte pas des yeux, l’écoutant attentivement. Je me prends une sorte de claque car ce qu’elle dit est tellement mature et réfléchi. Et elle a raison « Le chemin va être long pour que je parvienne à lui pardonner… ». Parce que, même si j’avais dit à mon père que jamais je ne le pardonnerai, cela avait été prononcé sur le coup de la colère. Ce que Dylane venait de me dire me faisait réfléchir évidemment… « Il m’a dit qu’il me laissait revenir vers lui… » La balle est dans mon camp et finalement le sort de notre relation ne dépends plus que de moi. J’avoue cependant à ma sœur de cœur que ça me fait du mal d’agir ainsi avec lui, surtout dans un moment où j’ai le plus besoin de lui… « Je sais que tu l’aimes dans le fond et que tout ça te fait du mal. Mais lâche prise, lâche tout ». Je sens ses caresses sur ma main et mes larmes se mettent à couler. Mes pensées sont mélangées, floues, entre tout ce qui me tombe dessus… « Je… n’en peux plus Dylane… J’accumule tout et je n’y arrive plus…». Elle connaissait mieux que quiconque mon histoire et les déceptions que j’avais connu. « Je ne fais que retomber de mon petit nuage à chaque fois, ma vie personnelle n’est que désillusion. Mon père, Jesse, Lukas, Alec… Le schéma ne fait que se répéter et je ne sais plus quoi faire pour m’en sortir… ». Mes paroles n’ont rien de rassurante, et je le sais. Au grand jamais je n’avais pensé parler de la sorte devant ma petite protégée. Pourtant, là je suis dans un état déplorable, autant physiquement que mentalement, et tout fini par sortir. « Il est venu me voir lui aussi… » j’ajoute alors que je tente de contenir mes sanglots. « Tard, le premier soir… Il semblait inquiet… » J’ai du mal à enchaîner plusieurs mots à la suite « Je sens qu’il me cache des choses Dylane et que c’est à cause de ça qu’il ne veut pas aller plus loin avec moi… Il m’a dit en partant que dans une autre vie, il ne m’aurait jamais laissé partir ». Et ces derniers mots résonnaient encore dans ma tête depuis…
Même si Dylane voit bien qu'elle vient de faire du mal à son amie et qu'elle s'en excuse, elle ne peut pas totalement exclure cette idée de ses pensées. Elle connaît trop bien son amie et quelque chose cloche. Et cela même si c'est inconscient, quelque chose l'a amenée à entrer dans ces vagues trop folles, à mettre sa vie en péril le temps d'une fraction de seconde. Et ça lui fait peur. Alors même si elle ne dit rien de plus, elle compte bien veiller sur la blonde et pas qu'un peu. Quitte à la coller h24 et elle en est capable. Elle préfère se mettre Mia à dos que de la perdre totalement. C'est ça aussi aimer une personne. Et elle l'aime Mia. Elle est sa soeur, son tout, celle qui la fait rire, qui lui remonte le moral même quand le sien n'est pas au haut, celle qui sait tout, ... Alors oui, Dylane ferait tout pour elle quitte à lui donner sa vie si cela pouvait changer quelque chose.
Elle apprend ensuite que le paternel de son amie est dans l'équation et cela ne fait que confirmer un peu ses doutes. Il a du mettre Mia dans une situation qu'elle n'a pas pu gérer ce qui est compréhensible. « A quoi bon ? Je ne ressens que du dégoût à leur égard… » Les mots sont forts et lourds de sens même si dans le fond, Dylane sait bien que c'est la colère qui la fait parler. Ils restent ses parents malgré tout et peut-on réellement haïr ses géniteurs ?! « Le pire ? C’est que mon père blâme ma mère en disant que c’est elle qui n’a pas voulu m’en parler » Là, c'est d'un autre ressort par contre et la brune hausse un sourcil. « Tu devrais peut-être avoir une discussion avec ta mère « Être entre les deux n'est pas une bonne idée. Ce sont leurs histoires et elle ne doit pas en pâtir. « Bref, je n’ai pas la force d’être en colère… » A part que la colère est présente mais Dylane n'insiste pas hochant la tête simplement tout en serrant la main de son amie tout en lui disant être passée le soir même et l'avoir vu dormir. Cette vision hante d'ailleurs toujours ses pensées. « Tu m’étonnes, ils m’ont tellement shooté avec les médocs ». Un léger sourire se pose sur ses lèvres. « Tu sais, j'ai pensé que tu ne te réveillerais pas en te voyant comme ça. C'était une drôle d'impression » Avoue-t-elle en haussant les épaules. Néanmoins, Dylane ne peut s'empêcher de revenir sur le sujet des parents de la blonde car la famille est importante et on peut la perdre à tout moment et elle le sait mieux que quiconque. « Le chemin va être long pour que je parvienne à lui pardonner… » Ce qui est normal, cela ne se fait pas en un claquement de doigt. » Pas à pas ma belle et ça ira ... Mais ne ferme pas la porte » Car elle le regrettera à un moment donné. « Il m’a dit qu’il me laissait revenir vers lui… » Ses lèvres se pincent « Prends le temps de réfléchir mais là surtout tu dois penser à toi et te reposer » Il fallait qu'elle se ménage pour guérir physiquement aussi et ce n'est pas étant mal qu'elle y arriverait. Dylane voit bien que son amie ne lui dit pas tout et qu'elle a ce besoin de craquer, de tout sortir alors elle l'encoure à le faire. « Je… n’en peux plus Dylane… J’accumule tout et je n’y arrive plus…» Voir Mia pleurer est un supplice mais elle en a besoin alors la brune reste là sans lâcher sa main et l'écoutant sincèrement. « Je ne fais que retomber de mon petit nuage à chaque fois, ma vie personnelle n’est que désillusion. Mon père, Jesse, Lukas, Alec… Le schéma ne fait que se répéter et je ne sais plus quoi faire pour m’en sortir… » Ho, elle ne parle pas du tout de son père là, et bizarrement la brune se doute du nom qui va sortir. Cette homme qui a fait chavirer son coeur alors que cela n'était en rien prévu. « Il est venu me voir lui aussi… (...) Tard, le premier soir… Il semblait inquiet… » Et voilà le couperet tombe. « Alec n'est-ce-pas ? » Dit-elle d'une voix douce qui se veut sans amertume même si elle en a envers lui de faire subir tout ce mal à son amie. « Je sens qu’il me cache des choses Dylane et que c’est à cause de ça qu’il ne veut pas aller plus loin avec moi… Il m’a dit en partant que dans une autre vie, il ne m’aurait jamais laissé partir » Cette dernière phrase est tellement lourde de sens. Un soupir sort d'entre les lèvres de l'ambulancière. « Je sais que tu tiens à lui ma belle mais laisse le partir ... Je sais que tu as mal mais s'il t'a dit ça, c'est qu'il y a des raisons. » Elle ne tient pas à dire à sa soeur ce qu'elle doit faire mais c'est sûrement le mieux actuellement. « Et un jour, tu tomberas sur la bonne personne, tu ne la connais peut-être juste pas encore. Tu mérites plus que personne d'être heureuse alors je veux que tu te rentres ça dans le crâne. Tu es une des personnes les plus merveilleuses que je connaisse et ce sont eux les cons à te laisser. Ils ne savent pas ce qu'ils loupent » Dit-elle tout en essuyant de son pouce les larmes roulant sur les joues de Mia.
« Tu devrais peut-être avoir une discussion avec ta mère ». Je tourne lentement mon regard vers Dylane lorsqu’elle fait référence à ma mère. Elle le sait ma relation avec elle est conflictuelle. Et depuis quinze ans, elle aussi j’essaye de passer le moins de temps avec elle et lui parler le moins possible même si nous vivons dans la même ville. Elle est passée à l’hôpital me voir le premier jour. Knox n’avait pas été celui qui l’avait appelé mais l’hôpital l’avait fait étant donné qu’ils voulaient forcément prévenir la famille. Je me souviens lorsqu’elle est rentrée dans la chambre, après que j’ai demandé à voir Knox à mon réveil. Je l’ai rassurée, rapidement, je ne voulais pas m’éterniser et ai prétendu que j’avais besoin de dormir. Tout ça pour qu’elle parte au plus vite, alors que je voyais bien sur son visage à quel point elle était inquiète et avait eu peur elle aussi. Mais, au fond de moi, je n’arrivais pas à ravaler ma fierté, à ravaler ma rancœur et passait à autre chose… Même quinze ans après « Je sais… ». Je le savais, je devrais vraiment pouvoir discuter avec ma mère ; Mais là aussi avec ce que j’avais appris, je sais que la conversation n’irait pas dans le bon sens. D’ailleurs, je ne lui en avais pas encore parlé. Peut-être était-elle au courant que je savais, sûrement par mon père. Encore faut-il qu’ils aient eu un contact depuis. Je n’en savais rien puisque de toute manière, je ne leur parlais pas et que ça ne m’intéressait pas. J’avoue alors à Dylane que je n’ai pas la force pour le moment d’être en colère et donc de déblatérer pendant des heures avec eux. Les règlements de compte viendraient plus tard.
« Tu sais, j’ai pensé que tu ne te réveillerais pas en te voyant comme ça. C’était une drôle d’impression ». Ce qu’elle me dit là me fait frissonner. Et encore une fois, me fait remonter la culpabilité de lui avoir fait aussi peur. Au point qu’elle est cru pouvoir me perdre définitivement. Elle semble pourtant apaisée lorsqu’elle me fait cette remarque mais je sais qu’au fond, cela a dû l’effrayer. Je lui attrape alors la main fortement et lui redis à nouveau, accompagné d’un sourire cette fois « Tu ne te débarrasse pas de moi aussi facilement. Crois-moi ». Je préfère jouer le ton de l’humour pour détendre un peu l’atmosphère. Cela est déjà bien difficile comme ça. Le sujet de mes parents revient sur le tapis, Dylane m’incite à arriver petit à petit à pardonner à mon père. Car je ne peux pas rester indéfiniment à lui en vouloir. Alors qu’il essaye de revenir vers moi, qu’il fait des efforts, m’a dit encore lors de sa visite à quel point il m’aimait et tenait à moi… « Pas à pas ma belle et ça ira… Mais ne ferme pas la porte ». La leçon de morale vient finalement de la part de ma petite sœur de cœur, ce qui en temps normal m’aurait fait grimacer mais dans ces conditions, je reconnais qu’elle a raison et que je devrais un jour ou l’autre parvenir à lui pardonner. Comme me l’avait bien dit Geo cinq ans plus tôt, je risquais un jour de le regretter amèrement. « Prends le temps de réfléchir mais là surtout tu dois penser à toi et à te reposer ». Elle a raison. Chaque chose en son temps. J’acquiesce alors, me remémorant les paroles le matin même « Je vais avoir ce temps là… Je suis bonne pour rester un mois chez moi sans bouger et avec mes nouvelles amies… ». Je fais un signe en direction d’un coin de la chambre pour lui montrer les béquilles qui accompagneront tous mes déplacements désormais « …je n’aurai jamais aussi bien porté le surnom de mamie ». Je souris un peu même si cela me désole. Vaut mieux peut-être en rire finalement…
J’ai beau sourire cependant, il y a toujours ce mal être qui subsiste depuis l’accident, bien avant celui-ci même. Un mal être qui me ramène à mon passé, le départ de mon père bien sûr mais aussi les événements qui ont suivi et qui me font sans cesse replonger la tête la première à l’eau. Sans mauvais jeu de mots… « Alec, n’est-ce pas ? ». Oui, il faisait partie de la liste de ceux qui m’ont une nouvelle fois mis sur un piédestal, laissait penser que le bonheur pouvait exister… pour mieux me laisser tomber ensuite. J’acquiesce. Et je lui raconte alors sa visite, ce qu’il a pu me dire, ce que j’ai retenu aussi… Pour moi, Alec ne s’est pas joué de moi comme beaucoup peuvent le penser. Non, il me cache quelque chose qui l’oblige finalement à s’éloigner de moi. Je le sens de plus en plus comme ça et les dernières paroles qu’il a prononcé en quittant ma chambre conforte cette idée « Je sais que tu tiens à lui ma belle mais laisse-le partir… Je sais que tu as mal mais s’il t’a dit ça, c’est qu’il y a des raisons ». Je soupire alors, mes larmes coulent sur mes joues. Elle a raison, je dois me détacher de lui, ne plus chercher aucune explication rationnelle. Et me dire surtout que c’est comme ça et pas autrement. Je suis encore tombée sur le mauvais, c’est tout. Je les enchaîne de toute façon… « Et un jour, tu tomberas sur la bonne personne, tu ne la connais peut-être juste pas encore. Tu mérites plus que personne d’être heureuse alors je veux que tu te rentres ça dans le crâne. Tu es une des personnes les plus merveilleuses que je connaisse et ce sont eux les cons à te laisser. Ils ne savent pas ce qu’ils loupent ». Son pouce vient essuyer mes larmes. Les rôles sont totalement inversés aujourd’hui entre nous, d’habitude je suis celle qui la console. Ses paroles me touchent énormément. Je reporte mon regard dans le sien, tente un mince sourire « Merci… ». Je prends sur moi et la tire légèrement vers moi pour lui faire un câlin. Même si encore une fois j’ai mal, je m’en fiche, j’en ai besoin. Pour la remercier d’être là, pour la remercier de tous ces mots qu’elle prononce. Pour la rassurer également même si l’état dans lequel je me trouve n’aide pas. Je relâche mon emprise doucement « Bon, tu n’as pas des choses croustillantes à me raconter ? J’en ai marre de pleurer depuis tout à l’heure ». J’essuie les dernières larmes qui restent sur mes joues et je la regarde en riant doucement. Peut-être qu’à son tour, elle a des choses à me dire. Je suis prête à tout attendre, tant que ça me permet de me changer les idées.
Même si Dylane connaît très bien la relation tumultueuse entre Mia et sa mère, la seule façon qu'elle mette les choses au clair est de lui parler. Bien que celle-ci pourrait mentir ou nier tout ce que le paternel de la blonde a dit. Mais il le faut et Mia le sait bien. « Je sais… » Dylane n'insiste pas en paroles mais son regard veut dire qu'elle comprend la situation de Mia. Ce n'est jamais simple d'être en froid avec ses parents et encore moins de se retrouver au milieu d'une guerre dans laquelle elle n'a rien demandé. Mais ils restent tous les deux ses parents et ça, ça vaut de l'or. Dylane préférerait avoir une mère avec qui cela clash que de ne pas en avoir une du tout.
Même si elle voit que son amie est bien vivante et sortie d'affaires, elle ne peut s'empêcher de repenser à ce soir là quand elle l'a vu endormie et en fait part à la blonde. « Tu ne te débarrasse pas de moi aussi facilement. Crois-moi » Elle lui fait un mini sourire et serre sa main. « Sans toi, je pourrais pas » Mia est dans la vie de Dylane au même titre que ses frères. La perdre lui est inconcevable. Elle l'aime bien de trop. « Et puis maintenant je vais te surveiller » Dit-elle sérieusement alors qu'elle est beaucoup plus jeune. « Et je te laisse pas le choix » Et quand la brune dit ça c'est rarement pour rire. Elle serait capable de la suivre comme son ombre. Bon peut-être pas mais de prendre des nouvelles plusieurs fois par jour totalement. Le sujet de son père revient sur le tapis et Dylane essaie de lui dire d'y aller doucement mais de ne pas se fermer complètement. Et surtout de penser à elle actuellement car elle en a plus que besoin. « Je vais avoir ce temps là… Je suis bonne pour rester un mois chez moi sans bouger et avec mes nouvelles amies… » Son regard se tourne vers le fameuses béquilles ce qui la fait grimacer. « …je n’aurai jamais aussi bien porté le surnom de mamie » Dylane se pince les lèvres pour ne pas rire. « Une mamie sexy alors » Elle se tourne pour vérifier que la porte est bien fermée. » D'ailleurs, il y a un infirmier sexy dans le couloir, enfin je dis ça comme ça » Tu parles, elle appuie sur la sonnette en même temps pour le faire venir » Oops mon doigts a glissé » Dit-elle en jouant l'innocente. Fallait bien qu'elle fasse rire son amie dans tout ce drama.
Alec vient sur le tapis et Mia se lâche. Elle pleure enfin et la voir comme ça fait mal à Dylane mais elle sent bien qu'elle en a besoin et qu'elle ne peut plus tout garder pour elle. Comme elle peut, elle essaye de la réconforter par des mots mais pas en l'air. Non, elle est sincère dans tout ce qu'elle dit. Mia est une fille formidable et qui mérite le bonheur et surtout d'être aimée à sa hauteur. « Merci… » Elle secoue la tête tout en lui faisant un câlin. » Ne me remercie pas. C'est juste la vérité et il y a bien un homme sur terre qui pensera comme moi. Si ça se trouve il n'est pas loin mais tu ne l'as encore remarqué » Dit-elle sans se douter de ce qu'il s'est passé entre son amie et Adam. « Bon, tu n’as pas des choses croustillantes à me raconter ? J’en ai marre de pleurer depuis tout à l’heure » Elle se remet sur sa chaise se bougeant délicatement et se pince les lèvres. » Humm ... Tu vois le flic ... Il m'a embrassée et puis il est parti ... J'ai rien compris » Dit-elle tout en haussant les épaules se voulant transparente bien qu'elle ne l'était pas du tout. Et c'est là le plus croustillant qu'elle pouvait raconter à la blonde.
J’utilise l’humour pour détendre l’atmosphère et surtout rassurer Dylane. Mais je sais à quel point mon accident l’a inquiétée et elle me le montre encore par les paroles qui suivent « Sans toi, je pourrais pas ». Cela me touche, m’émeut au plus profond. Parce que je l’aime tout autant et que, sans elle, je ressentirai un vide dans ma vie. Qu’elle est ma petite protégée, la petite sœur que je n’ai jamais eu la chance d’avoir, moi qui avais pourtant réclamé à mes parents à maintes reprises d’en avoir une… Sa main resserre la mienne et je souris, un sourire empli de tendresse et de reconnaissance qu’elle fasse partie de ma vie depuis cinq ans déjà… « Et puis maintenant je vais te surveiller. Et je te laisse pas le choix ». Cela me fit rire doucement « Hey, n’en profite pas pour inverser les rôles ». Mon regard est toujours tendre à son égard, je redeviens un peu sérieuse avant d’ajouter « Je t’aime ma puce… Merci d’être là » Car j’aurai pu comprendre aussi qu’elle aurait préféré fuir, par peur de souffrir, elle qui avait déjà suffisamment souffert dans sa si jeune vie.
« Une mamie sexy alors ». La réaction de Dylane lorsque je lui dis que je vais devoir utiliser des béquilles et que je vais ainsi bien porter mon surnom de grand-mère comme elle aime parfois m’appeler, me fait rire doucement. « D’ailleurs, il y a un infirmier sexy dans le couloir, enfin je dis ça comme ça ». Et je la vois alors appuyer subtilement sur la sonnette pour appeler ledit infirmier « Mais ! » « Oops, mon doigt a glissé ». Je suis bouche bée qu’elle ait osé. Surtout que je n’ai pas de raison à appeler l’infirmier à ce moment même « Qu’est-ce que je vais… » lui dire ? Je ne sais pas mais en tout cas le fameux infirmier sexy arrive dans la chambre. Je passe alors ma main dans les cheveux pour les arranger mais j’ai trop mal pour arriver à quelque chose de potable « Tout va bien Mademoiselle McKullan ? ». Je souris bêtement au bel homme qui se trouve devant moi, une carrure impressionnante, brun aux yeux d’un vert perçant, un sourire à en faire tomber plus d’une. Je sens le regard de Dylane sur moi qui me met mal à l’aise « Je… ». Merde faut que je trouve quelque chose en plus l’infirmier en question m’interroge un peu plus du regard « La douleur au niveau de mes côtes est vive à nouveau ». Il s’approche alors, contrôle l’heure de ma dernière injection « Pourtant, cela ne fait pas encore quatre heures… ». Je le sais et j’ai envie à ce moment même de me glisser discrètement sous la couverture pour me cacher, sentant le malaise de plus en plus omniprésent « Je pense que vous devriez moins bouger, je ne me souviens pas vous avoir vu dans cette position tout à l’heure ». Et en plus je me fais remonter les bretelles, merci Dydy ! Un sourire apparait sur le visage de l’infirmier « Reposez-vous Mia, je pense que vous avez déjà suffisamment souffert pour vous en rajouter une couche ». Je le gratifie d’un sourire pour son inquiétude et il quitte alors la pièce. Je ne perds pas une seconde pour reprendre la parole « Tu vas me le payer ! ». Ma voix est menaçante, mon air sérieux. Et pourtant, je finis par sourire « Cela dit, c’est vrai qu’il est … pas mal du tout ». Ce n’est pas comme si je ne l’avais pas déjà remarqué en plus.
Mes émotions ces derniers jours sont comme des montagnes russes. Un coup je ris, un coup je pleure, un coup je suis en colère. Si nous plaisantions quelques minutes plus tôt, je me retrouve maintenant à pleurer parce que j’enchaîne les déceptions dans ma vie. Amoureuse ou non « Ne me remercie pas. C’est juste la vérité et il y a bien un homme sur terre qui pensera comme moi. Si ça se trouve, il n’est pas loin mais tu ne l’as pas encore remarqué ». Ses mots font écho en moi et me renvoie indéniablement à ces deux dernières semaines passées avec Adam… Une relation sans étiquette où nous passions du bon temps ensemble sans réellement nous poser de questions… Une relation à laquelle j’ai mis fin parce que les raisons de mon rapprochement avec lui sont égoïstes et que jamais je ne pourrais le faire souffrir à son tour. Car il est bien trop précieux à ma vie et que je ne peux me permettre de le perdre… Alors lorsque Dylane prononce ces mots, mon regard se ferme à nouveau. Je n’argumente pas et ne réponds pas. Je n’ai pas envie de lui en parler maintenant, bien que je me sente obliger de le faire à un moment donné. Alors, je préfère amener la discussion sur elle « Humm… Tu vois le flic… Il m’a embrassé et puis il est parti… J’ai rien compris ». Je suis bouche bée, mon sourcil s’arque cependant curieuse « Attends, attends. Aux dernières nouvelles, vous n’étiez pas en froid ? Tu m’avais dit que vous ne vous parliez plus ? Il s’est passé quoi entre temps ? ». Ce qui me plaisait moins cependant c’était qu’il l’avait embrassé et qu’il soit parti « Et quel mec embrasse une nana et disparait ensuite ? Il s’est pris pour Cendrillon ou quoi ? ». L’allusion au conte de fée pouvait paraitre drôle mais j’apprécie moyennement que ce flic puisse s’amuser de ma petite sœur de cœur.
« Hey, n’en profite pas pour inverser les rôles » Dylane tire la langue à la blonde car bien entendu qu'elle allait le faire. Bon elle n'allait pas la coller non plus mais être présente du mieux qu'elle le pouvait et dés qu'elle le pourrait. Car son amie a besoin d'elle, a besoin des personnes qui l'aiment actuellement et bien plus que d'habitude. Ce qu'elle traverse n'est pas facile du tout et Dylane tient à être là comme elle l'a toujours été pour elle que ce soit dans les bons ou les mauvais moments. « Je t’aime ma puce… Merci d’être là » La brune vient lui faire un bisous sur la joue. » Je t'aime aussi et c'est normal » Ce genre de déclaration n'est pas courant pour la brune mais là, elle en avait besoin. Elle devait lui dire qu'elle l'aimait aussi même si en général ces trois petits mots sont proscrits de son vocabulaire.
Voulant la faire sourire un peu, l'ambulancière lui parle d'un infirmier sexy et en même temps appuie sur le bouton d'appel pour le faire venir. Et bien entendu il ne faut pas longtemps pour qu'il rapplique. Et c'est une Mia gênée et qui doit trouver une raison qui est là devant lui. Dylane se pince les lèvres pour ne pas rire tout en regardant la scène. Elle réclame de la morphine mais heureusement que l'infirmier fait bien son boulot et ne lui en donne pas préférant qu'elle se repose et se mettre dans une autre position. Il repart et Dylane la regarde avec un petit air angélique. « Tu vas me le payer ! » Elle prend un faux air outré. « Je n'ai rien fait voyons » Dit-elle en faisant une moue pour ensuite éclater de rire. « Cela dit, c’est vrai qu’il est … pas mal du tout ». Son regard s'illumine. « Tu veux que je le rappelle ? Noooon je plaisante me tue pas sur place » Dit-elle en lâchant le bouton d'un coup et levant les mains en l'air » Je serais sage »
Et les voilà à parler d'Elias, chose que la brune n'avait pas prévue mais Mia demandait du croustillant donc elle ne pouvait pas faire autrement et puis dans tous les cas, elle aurait fini par lui dire. « Attends, attends. Aux dernières nouvelles, vous n’étiez pas en froid ? Tu m’avais dit que vous ne vous parliez plus ? Il s’est passé quoi entre temps ? » Elle glisse une main dans ses cheveux et hausse les épaules. » Baaah oui c'était le cas au début de la soirée et puis ... Avec lui tu sais c'est compliqué » Car même elle ne savait pas sur quel pied danser et puis ils sont pareils. Si un avance l'autre recule alors peut-elle vraiment lui reprocher. « Et quel mec embrasse une nana et disparait ensuite ? Il s’est pris pour Cendrillon ou quoi ? » Elle pouffe de rire et secoue la tête. » Nan il m'a pas laissé sa chaussure » Autant en rire que d'en pleurer même si elle se pose un tas de questions. L'heure avance et mine de rien, Dylane va devoir y aller car l'infirmier entre de nouveau et dit que Mia a besoin de repos. La brune dépose un baiser sur son front » Je repasse demain après mon service, je suis du matin, fais attention à toi » Et puis elle se tourne vers l'infirmier » Et vous, prenez soin d'elle et dans le sens que vous le voulez » Et hop, elle file avant que Mia la fusille du regard.