Je m’allonge sur mon canapé. Encore. Ma routine, ces derniers jours est barbante : lit – canapé – lit. Je ne supporte plus de rester inactive. Surtout que cela ne m’aide pas à retrouver un peu le moral. Je rumine toute la journée, ressassant cet accident. Et indéniablement mes pensées se perdent et vont plus loin dans les souvenirs d’avant cet accident. Et je remets tout en question, me demandant ce que je vais faire après. Après ? Rien ne changera. J’ai failli crever et pourtant, je suis persuadée que je garderai la même vie actuelle, où certes, professionnellement, je suis épanouie… Mais personnellement ? Je suis détruite. Cela toujours à cause de l’homme à l’origine de ce mal être incessant en moi et ça depuis quinze ans : mon père. Père qui a refait irruption dans ma vie sans crier gare et qui m’a juste tellement mis mal que j’en ai perdu le contrôle. Contrôle de mes sentiments, de mes émotions, contrôle d’une chose que je maitrise normalement à la perfection. Et qui m’a fait avoir cet accident. Parce que je ne sais plus, je ne sais plus si c’est de ma faute ou de la sienne. Et voilà, je ressasse, indéfiniment. Le pire ? C’est que depuis sa visite à l’hôpital, je n’ai plus aucune nouvelle. Disparu, aussi vite qu’il est revenu dans ma vie. Lamentable. J’attrape la béquille qui est à proximité et la jette à travers la pièce. « Urrg ! » Et en plus je me fais mal. Il faut que j’arrive à canaliser cette colère grandissante de jour en jour… J’inspire, expire… j’attrape alors mon calpin qui ne me quitte jamais et mon stylo qui se trouve sur la table basse. Ecrire… C’est mon remède, ma thérapie personnelle. Mon stylo lâche alors quelques mots sur le papier… Et je m’apaise. Doucement. C’est alors que mon téléphone se met à vibrer. Jessian. Elle me dit qu’elle n’est plus très loin et qu’elle va arriver d’une minute à l’autre. Un sourire s’affiche alors sur mon visage. Sa visite va me redonner un peu de baume au cœur.
Dix minutes plus tard, j’entends quelqu’un toquer à la porte. Malin, je ne peux pas aller ouvrir, ma béquille est à l’autre bout de la pièce. Je peste et lâche alors, le plus fort possible « C’est ouvert ! ». Je vois alors sur le pas de ma porte la jolie brunette qui entre. Depuis que j’ai eu cet accident, je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont rendu visite. A l’appartement ou à l’hôpital, je me suis rendue compte à ce moment-là à quel point je suis entourée. A quel point je suis chanceuse d’avoir des amis sur qui compter en toutes circonstances. Même des collègues du Brisbane Times étaient venus en groupe l’autre soir, m’amenant des ballons et des beaux bouquets de fleurs qui ornaient encore mon appartement ici et là. J’ai reçu aussi des visites plus inattendues, dont une en particulier que j’essaye d’oublier tant bien que mal. Je reporte mon attention sur Jess’ « Désolé, je serai bien venue t’ouvrir mais ma béquille a décidé de se faire la malle » fais-je en lui montrant d’un signe de tête celle-ci qui se trouvait à proximité de la brunette. Je me redresse sur le canapé, obligé cependant de garder ma jambe gauche tendue avec ma cheville qui est dans une attelle. « Viens t’assoir… Et si au passage, tu peux me ramener la béquille voyageuse… ». Je plaisante pour mieux camoufler la vérité. Je la regarde s’approcher, lui laissant une place pour qu’elle s’installe « Je suis contente de te voir ».
L’accident de surf de Mia, tu en avais entendu parler par Tamsin. Cela faisait quelques temps que tu n’avais pas de nouvelles de ton amie et tu considérais souvent que pas de nouvelles signifiait bonnes nouvelles. Ce n’était pas le cas pour Mia qui avait eu un accident de surf qui avait manqué de lui coûter la vie. Apprenant la nouvelle, tu l’avais rapidement appelée et tu avais été rassurée d’entendre qu’elle ne s’en sortait pas trop mal même si elle allait devoir marcher avec des béquilles pendant quelques temps. Tu imaginais déjà à quel point cela allait agacer la jolie blonde mais il fallait bien mettre sa jambe blessée au repos. Elle te confia avoir pas mal de visites, tu décidais donc d’attendre un peu avant d’aller la voir. De ton côté, tu étais pas mal occupée ces derniers temps. Toi qui avais passé des journées à ne rien faire chez toi ces derniers mois, profitant des heures où Morgane était à l’école pour faire du ménage, du rangement ou te remettre au piano, désormais, tu étais très occupée. Le contrat que tu allais signer avec Finders Keepers était en cours de négociation et tu devais prendre l’avion pour Adélaïde la semaine prochaine pour le signer en personne. Ce contrat allait te permettre de souffler un peu pendant un an, de ne plus avoir peur de voir ta carrière de mannequin se terminer. Oh il y aura certainement des petites campagnes que tu pourras faire à côté mais tu signais un contrat d’exclusivité avec cette marque qui désirait que tu les représentes. C’était une nouveauté pour toi car jusqu’ici, tu n’avais jamais été égérie, tu avais surtout été une mannequin parmi tant d’autres. Voilà une perspective que tu pourrais fêter avec Mia tout comme son prompt rétablissement. Il y avait aussi d’autres nouveautés dans ta vie, comme la place que Dimitri avait pris ces dernières semaines et cette relation dans laquelle vous vous étiez lancés. Pour l’instant, très peu de personnes étaient au courant, vous profitiez de ces petits moments rien qu’à vous mais vous ne faisiez rien pour le cacher non plus. Toutefois, Mia était une très bonne amie de Tamsin, tu doutais qu’elle accueille favorablement cette nouvelle.
En partant de chez toi, tu t’étais arrêté chez le chocolatier de ton quartier qui faisait d’excellents chocolats pour lui en prendre quelques uns. Une après-midi entre filles sans quelques petites choses à grignoter, ce serait un sacrilège ! Tu avais plusieurs heures devant toi avant de devoir aller chercher Morgane et tu pris donc la direction de Spring Hill où Mia avait son appartement. Tu mis plusieurs minutes à pouvoir te garer, c’était toujours plus difficile de trouver une place en plein centre-ville. Par chance, quelqu’un sortait de l’immeuble quand tu y rentrais et tu n’eus pas à appeler Mia à l’interphone. Tu espérais qu’elle pouvait le déclencher de son canapé sinon cela devait être compliqué pour elle. Tu montais les marches doucement avant d’arriver devant la porte de l’appartement de ton amie et de frapper. « C’est ouvert ! » Tu n’hésites pas une seconde de plus et tu pousses la porte. Tu n’es pas surprise de trouver Mia installée sur le canapé. Tu fermes la porte derrière toi avant de t’avancer : « Salut toi ! » Lui dis-tu avant que Mia n’enchaine : « Désolé, je serai bien venue t’ouvrir mais ma béquille a décidé de se faire la malle. Viens t’assoir… Et si au passage, tu peux me ramener la béquille voyageuse… » Tu n’hésites pas à attraper la béquille qu’elle t’a désigné d’un signe de tête avant de réduire la distance et de t’installer sur le canapé aux côtés de la blondinette. Tu déposes sa béquille près de l’autre avant de déposer les chocolats sur la table basse. « Pas de problème, je comprends tout à fait ! » Mieux valait qu’elle se repose et qu’elle n’en fasse pas trop plutôt qu’elle essaie de trop en faire. Cela te surprenait d’ailleurs qu’elle ne soit pas en train d’essayer de se lever. « Je suis contente de te voir » Un sourire se dessina sur ton visage. Vous ne vous étiez pas vues depuis un moment et la prise de nouvelle par texto, ce n’était jamais pareil. « Moi aussi je suis contente ! Comment tu vas ? Ton rétablissement se passe bien ? » Lui demandas-tu curieuse d’en savoir un peu plus sur tout cette histoire. Comment était arrivé cet accident au juste ? Tu n’en savais rien mais peut-être que Mia t’en parlera. « Je t’ai amené quelques chocolats pour qu’on puisse se faire plaisir. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Par réflexe, tu ouvres ton sac à main et tu en sors ton téléphone portable que tu poses sur la table. Tu n’attends pas de messages en particulier mais tu as toujours peur de le laisser dans ton sac au cas où il y ait vraiment une urgence. « Tu veux quelque chose à boire ? Je peux nous préparer ça pour que tu te reposes. » Ce n’était pas trop ton genre de t’imposer chez les autres mais pour préparer deux boissons, tu allais devoir t’en sortir et tu doutais que Mia t’en tienne rigueur.
« Salut toi ! ». Lorsque je l’entends et que je la vois apparaitre dans l’embrasure de la porte, un sourire apparait naturellement sur mes lèvres. Jess et moi c’est une amitié de longue date et qui n’a finalement que peu changer avec le temps. Car bien qu’il y ait eu une coupure dans celle-ci, nous restons aujourd’hui toujours aussi proche. Même sans se voir. Toujours un petit texto même rapide, un message sur les réseaux sociaux. Pourtant, je reconnais avoir laissé un peu de côté cette habitude entre nous ces derniers mois. Pour plusieurs raisons ma vie a été pas mal mouvementée autant professionnellement que personnellement. Mais je savais qu’avec elle, rien ne changerait même si nous restons sans nouvelle de l’autre pendant longtemps. Ça avait été le cas à la fin du lycée où nous avions perdu contact. C’est finalement quelques années après que nous nous sommes retrouvés à l’autre bout du monde. Et notre complicité est revenue naturellement, comme si nous nous étions quittés la veille. « Pas de problème, je comprends tout à fait ». Elle est désormais assise à mes côtés sur le canapé et m’a ramené la béquille que j’ai balancé quelques minutes plus tôt à l’autre bout de la pièce « Merci ». J’enchaine en lui disant que je suis contente de la voir et le sentiment est réciproque « Moi aussi je suis contente ! Comment tu vas ? Ton rétablissement se passe bien ? ». Je hausse les épaules, ce qui va en contradiction avec ce que je m’apprête à dire « A merveille, je vis les meilleurs jours de ma vie ». Je ris doucement, jaune car c’est bien le contraire « Je suis choyée comme tu peux le voir » je lui désigne alors les bouquets de fleurs qui décorent l’appartement « et Knox est aux petits soins avec moi. Mais sincèrement, c’est un enfer. Je n’en peux plus d’être coincé ici ». Je ne suis pas du genre à me plaindre, et bien souvent, je préfère camoufler mon agacement ou mes sentiments par l’humour. Jess le sait très bien pour me connaitre depuis le temps. « Je t’ai amené quelques chocolats pour qu’on puisse se faire plaisir ». Là, un sourire illumine à nouveau mon visage. La bouffe et moi c’est tout une histoire d’amour et encore plus avec le chocolat « Tu es la meilleure, merci hon’ ». Il ne manquait plus que quelque chose à boire pour compléter le tout et ainsi passer une bonne vieille après-midi entre copines à discuter de tout et de rien tout en s’empiffrant. « Tu veux quelque chose à boire ? Je peux nous préparer pour que tu te reposes ». Je souris alors, amusée ou plutôt désespérée « J’ai honte de te demander ça mais … ouais je veux bien que tu t’en charges. Autrement, le temps que j’arrive jusqu’à la cuisine l’après-midi sera passée ». Je lève les yeux au plafond, me disant que ça reste quand même un comble qu’un invité se doit de faire le service chez moi. Je sais qu’elle le propose de bon cœur et qu’elle fait ça pour moi. D’ailleurs, le fait qu’elle se soucie autant de mon bien-être me fait chaud au cœur et là encore me prouve que mes amis sont ceux que j’ai de plus précieux « On m’a apporté tout un assortiment de thé. Prends ce qui te botte, c’est dans le placard au-dessus de la bouilloire ». L’avantage dans cet appartement était que la cuisine donnée directement sur le salon et donc que je pourrais lui donner des indications si elle en avait besoin. Jess se rends à la cuisine et je continue cependant à lui parler « Et toi comment tu vas depuis le temps ? Tu sais qu’un collègue à moi, qui écrit pour la rubrique mode, à un bon contact avec une nouvelle marque sur Brisbane, je peux peut-être lui en toucher deux mots ? ». Je savais que sa situation pro a été un peu au point mort aux dernières nouvelles mais peut-être que sa situation a évolué depuis. Je joue avec mon style que j’ai gardé en main tout en observant par la grande baie vitrée. « Oh et Morgane comment elle va ? Ca fait longtemps que je ne l’ai pas vu ». Quand deux amies ne se sont pas vues depuis un moment et n’ont pas eu de nouvelles l’une de l’autre non plus, ça donne souvent ça. Des discussions à ne plus en finir, des questions qui fusent mais surtout beaucoup d’intérêt l’une pour l’autre.
Passer du temps avec tes amis, c’était important pour toi, particulièrement quand tu en avais encore le temps. Tu savais que la signature de ton nouveau contrat en plus de ton rôle de maman allait te prendre quasiment tout ton temps et c’était sans compter la relation que tu commençais avec Dimitri et qui avait besoin elle aussi de temps et d’attention. Tu ne savais pas encore comment tu allais gérer tout cela mais tu préférais ne pas te stresser à l’avance et voir sur le moment quelles solutions tu allais trouver pour faire face à tout cela. Ce n’était pas maintenant que tu retrouvais du travail que tu allais te plaindre ! Une qui allait se plaindre par contre, c’était sans aucun doute ta fille car tu allais être moins disponible pour elle. En arrivant chez Mia, tu fus rassurée de constater qu’à part les béquilles et sa jambe surélevée, elle semblait aller bien. Qu’elle soit en train de râler et qu’elle soit frustrée de la situation étaient deux signes que ton amie n’était pas en train de tomber en dépression ou de devenir une autre personne. Tu n’avais aucun problème te te laisser entrer dans l’appartement tout comme tu n’avais aucun problème à lui ramener sa béquille perdue. « Merci » Tu lui souris en guise de réponse avant de prendre place à ses côtés dans le salon. Bien sûr, la première chose que tu fis fut de prendre des nouvelles de la jolie blonde. Tu voulais savoir si elle allait bien et tu voulais savoir comment se passait son rétablissement. Même si tu n’étais pas venue la voir avant, cela ne voulait pas dire que tu ne t’étais pas fait du souci. « A merveille, je vis les meilleurs jours de ma vie » Le sarcasme qui coulait dans ses paroles te fit rire mais elle enchaîna avant que tu n’aies pu dire quoi que ce soit : « Je suis choyée comme tu peux le voir et Knox est aux petits soins avec moi. Mais sincèrement, c’est un enfer. Je n’en peux plus d’être coincé ici » Mia avait toujours été une femme qui avait besoin de bouger, qui avait besoin d’espace et qui avait besoin de voir du monde. Se retrouver enfermée dans son appartement devait la rendre complètement folle. Heureusement, elle allait bientôt guérir et allait pouvoir retrouver sa mobilité normale. « Tu ne peux même pas sortir te promener un peu ? Pour prendre l’air ? » Lui demandas-tu une moue sur le visage. Le point positif de cette situation était que Mia était au moins entourée et que son meilleur ami et colocataire était aux petits soins pour elle. « Je me doute que ce n’est pas facile mais cela ne va pas durer éternellement. Prend ton mal en patience, bientôt tout cela ne sera qu’un mauvais souvenir ! » Dis-tu pour essayer de lui remonter le moral. Ton but était de lui changer les idées, pas de lui faire penser à chaque minute de ta visite aux béquilles posées à ses côtés. Quand tu sortis la boîte de chocolats, le sourire qui s’afficha sur les lèvres de Mia te mit du baume au coeur, c’était déjà mieux comme ça ! « Tu es la meilleure, merci hon’ ». Et parce que vous alliez avoir soif en mangeant ces chocolats, tu proposais à la jolie blonde quelque chose à boire que tu lui proposais de préparer pour que cela ne soit pas trop contraignant pour elle et que cela aille plus vite. « J’ai honte de te demander ça mais … ouais je veux bien que tu t’en charges. Autrement, le temps que j’arrive jusqu’à la cuisine l’après-midi sera passée. On m’a apporté tout un assortiment de thé. Prends ce qui te botte, c’est dans le placard au-dessus de la bouilloire » Tu te lèves et tu te diriges vers la cuisine sans que Mia ne te perde de vue. C’est une même pièce séparée seulement d’un îlot central et c’est grâce aux directions de ton amie que tu mets l’eau à chauffer et que tu sors deux mugs de thé dans lesquels tu glisses deux sachets de thé aux fruits rouges. « Et toi comment tu vas depuis le temps ? Tu sais qu’un collègue à moi, qui écrit pour la rubrique mode, à un bon contact avec une nouvelle marque sur Brisbane, je peux peut-être lui en toucher deux mots ? » Le fait que Mia te propose son aide te touche énormément. Parce que même si tu vas décliner sa proposition, le fait qu’elle te la fasse et qu’elle soit prête à te dépanner pour débloquer ta situation te touche beaucoup. C’est donc appuyée sur le comptoir que tu plonges ton regard dans le sien pour lui dire : « C’est super gentil Mia mais il se trouve que j’ai trouvé quelque chose. Je m’envole pour Adélaïde la semaine prochaine pour signer un contrat avec Finders Keepers. Ils veulent que je sois leur égérie pour l’année à venir. » Annonças-tu à ton amie les yeux brillants. Tu avais encore du mal à te convaincre toi-même que cette opportunité était bien réelle. « Mais c’est vraiment très gentil de proposer. Je vais bien sinon, très bien même. » Entre ta carrière qui sortait de l’eau, ta fille qui se portait à merveille et ta relation naissante avec Dimitri, oui, tu pouvais sans mal dire que tu allais bien. « Et toi ? A quand ton prochain livre ? » Lui demandas-tu curieuse. Tu avais tous ses romans dans ta bibliothèque bien entendu et tu attendais le prochain avec impatience. La bouilloire se rappela à toi et tu remplis les deux mugs d’eau. Tu attrapais deux cuillères et du sucre avant d’emmener le tout sur un plateau dans le salon alors que Mia te demandait : « Oh et Morgane comment elle va ? Ca fait longtemps que je ne l’ai pas vu » C’est toujours un plaisir pour toi de parler de ta fille dont tu es très fière. Comme toutes les mamans le sont bien entendu. Elle est actuellement à l’école sinon tu n’aurais pas hésité à l’amener avec toi pour qu’elle voit ton amie. « Morgane va merveilleusement bien ! Elle se fait au nouveau mode de garde et elle continue de vivre sa vie de petite fille à trois cent à l’heure. En plus de l’équitation elle a commencé cette année la danse et elle adore ça ! » Dis-tu avant d’attraper ton portable pour montrer à Mia une vidéo. « Tiens, regarde-la s’entraîner à la maison. » Le spectacle de fin d’année approchait à grands pas et Morgane le prenait très au sérieux.
Je me plains parce que cela fait bien plus d’une semaine que je suis enfermée chez moi. Et ça ne fait QUE une semaine même. J’en avais encore trois à passer comme ça. Pourtant, j’ai déjà envie de retrouver un semblant de vie normale, pouvant aller me balader quand j’en ai envie, reprendre le chemin du travail. Sauf qu’il faut que je me rende à l’évidence : cela ne sera pas possible encore pour un petit moment « Tu ne peux même pas sortir te promener un peu ? Prendre l’air ». Ma tête tourne lentement de gauche à droite « Mon médecin a été catégorique, il aimerait que je reste dans l’idéal deux semaines totalement immobile. Je pourrais recommencer à sortir un peu après… Mais j’en ai au moins jusqu’à début novembre… ». Heureusement que je pouvais aller sur le rooftop de l’immeuble pour prendre l’air. Pour le moment, je m’y rendais quand Knox était présent, de sorte à ce qu’il m’aide pour marcher. Elle me connait Jessian, elle me connait même très bien et sait que je suis éternelle impatiente. « Je me doute que ce n’est pas facile mais cela ne va pas durer éternellement. Prend ton mal en patience, bientôt tout cela ne sera qu’un mauvais souvenir ». Et elle a raison. Il fallait juste que j’arrête de m’apitoyer sur mon sort et voit plus cela comme une mauvaise passe à passer. Mais il y en avait eu tellement ces derniers mois… J’acquiesce alors que je sais que ça ne va pas être évident tous les jours. Mais j’ai la chance d’être bien entourée, mes amis sont pratiquement tous venus me voir depuis. Et cela me redonne du baume au cœur.
Jessian fait partie de ces personnes que j’aime avoir dans mon entourage. Parce qu’on se connait depuis bien longtemps elle et moi et que je sais que je peux compter sur elle. Elle me le montre en venant me rendre visite, elle prend soin de m’apporter des chocolats, et là aussi, elle sait que je les aime. Pour accompagner ces derniers, elle se propose pour aller nous chercher à boire, et part pour la cuisine pour aller faire le thé. Et parce que j’en ai assez de parler de moi, je demande à Jess comment elle va. Cela faisait longtemps que nous n’avons pas eu le temps d’avoir une discussion de la sorte où on pouvait parler de tout et de rien ensemble. D’ailleurs, aux dernières nouvelles, elle n’avait toujours pas retrouvé de contrat dans le mannequinat, ce qui explique ma proposition. « C’est super gentil Mia mais il se trouve que j’ai trouvé quelque chose. Je m’envole pour Adélaïde la semaine prochaine pour signer un contrat avec Finders Keepers. Ils veulent que je sois leur égérie pour l’année à venir ». Même de là où je suis, je vois le regard pétillant de mon amie. Et je suis ravie d’apprendre qu’elle a trouvé un nouveau contrat car je sais que cela commençait à lui peser un peu « Mais pourquoi tu ne l’as pas dit avant ? Au lieu de prendre du thé on aurait sorti une bouteille pour fêter ça ». Je lui fais un clin d’œil complice « On le fera après. Mais je suis vraiment contente pour toi ma chérie. Tu vas devoir voyager du coup ? ». Car la carrière de mannequin de Jessian ne date pas d’hier et que je sais ainsi ce que cela pouvait impliquer. Mais j’étais sûre que quoi qu’il en soit, elle arriverait parfaitement à jongler entre sa carrière et son rôle de maman. Elle avait réussi jusqu’ici, il n’y avait pas de raison pour qu’elle n’y parvienne pas à nouveau. « Mais c’est vraiment gentil de proposer. Je vais bien sinon, très bien même ». J’arque alors un sourcil, suspicieuse. Est-ce qu’il y avait autre chose que son nouveau contrat de mannequin qui la mettait dans cet état ? « Ah oui ? Et qui est l’heureux élu ? ». Moi la première, lorsque je faisais ce genre de commentaires, c’était bien souvent le fait d’un homme. Autant, Jessian ne me dira rien, ce qui est possible à quatre-vingt-dix-neuf virgule neuf pourcents mais je tente ma chance tout de même. « Et toi ? A quand ton prochain livre ? ». Je l’observe s’afférer à nous servir le thé « Et bien, je pense que je vais avoir le temps pour l’écrire vu le temps qui s’offre à moi ». Je plaisante en disant ça mais au fond, je suis sérieuse. La preuve en est avant qu’elle n’arrive, j’écrivais déjà quelques mots dans ce carnet qui ne me quitte jamais, celui-ci étant toujours posé sur la table basse à côté de moi. Et puis écrire est pour moi aussi un bon moyen d’évacuer ce que je pouvais ressentir au fond de moi. Pour le moment, le prochain d’un second roman n’est pas à l’ordre du jour, le premier étant sorti en juillet. Je devais d’ailleurs voir le mois prochain pour en faire une promotion plus poussée à travers le pays… Mais visiblement, le destin en avait décidé autrement, tout se retrouvait bloqué pour le moment.
Jessian revient vers moi et je lui demande des nouvelles de Morgane, sa fille âgée de cinq ans. « Morgane va merveilleusement bien ! Elle se fait au nouveau mode de garde et elle continue de vivre sa vie de petite fille à trois cent à l’heure. En plus de l’équitation, elle a commencé cette année la danse et elle adore ça ». Je souris, visualisant le visage de la petite fille. Mes trois plus proches amies étaient toutes trois mamans, et je portais leur progéniture dans mon cœur au même titre que les jumeaux d’Adam. « Tout est parfait alors si vous allez bien toutes les deux. Tu lui feras des bisous de tata Mia ». J’étais la tata de pas mal d’enfants finalement. Excepté pour Maddox pour qui j’étais la marraine, mais même lui m’appeler comme ça. Elle me tend alors son téléphone pour me montrer ses talents de danseuse. J’observe la vidéo, sourire aux lèvres « Elle est douée, j’espère qu’elle m’a prévu une place VIP pour son spectacle ». Je ris doucement, en finissant de regarder la vidéo « Elle te ressemble de plus en plus, aussi belle que sa maman ». Cela faisait un moment que je ne l’avais pas vu, prise dans nos spirales respectives qu’était le quotidien et la vie. Je redonne alors le téléphone à Jess, sourire aux lèvres.
Se retrouver immobilisée pour une personne aussi active en temps normal que Mia devait être une torture. Malheureusement, il n’y avait pas grand chose que vous pouviez faire pour l’aider. Vous n’étiez pas dans Harry Potter, l’infirmière ne pouvait pas lui faire avaler une potion pour que ses os se réparent en une nuit. Donc il allait falloir attendre que ses os se réparent tous seuls. Et pour cela, il fallait apparemment qu’elle reste immobile au maximum pendant plusieurs semaines : « Mon médecin a été catégorique, il aimerait que je reste dans l’idéal deux semaines totalement immobile. Je pourrais recommencer à sortir un peu après… Mais j’en ai au moins jusqu’à début novembre… » Une petite grimace apparut sur tes lèvres à ces paroles. Début novembre … Tu comprenais mieux pourquoi Mia se plaignait et pourquoi elle avait balancé sa béquille que tu lui avais ramenée. Elle pouvait certainement un peu sortir sur le toit de l’immeuble ou le balcon mais ce n’était pas pareil, tu le savais très bien. Encore une fois, tu aimerais pouvoir faire plus mais malheureusement, ce n’était pas le cas. « Je suis désolée de l’apprendre, si tu as besoin de quoi que ce soit tu me dis d’accord ? » A part de la compagnie tu ne pouvais pas lui offrir grand chose d’utile mais c’était déjà ça non ? Tu lui fis ensuite remarquer qu’il fallait peut-être qu’elle envisage cette période comme une mauvaise passe mais juste une passe, elle n’était pas vouée à rester enfermée pour toujours, sa blessure allait guérir. Elle sembla agréer vu qu’elle hocha la tête et tu lui fis remarquer que tu avais amené des chocolats. Cela sembla lui remonter le moral plus qu’autre chose et tu proposais de vous préparer quelque chose à boire pour accompagner ces sucreries. De ton côté, tu n’allais pas en manger plus d’un, dans ton métier, on ne mangeait jamais totalement ce qu’on voulait mais Mia pourrait manger le reste de la boîte sans problème. Alors que tu préparais vos thés, ton amie te proposa de t’aider à décrocher un nouveau contrat. Le passage de flottement dans ta carrière était connu de tous tes proches et tu fus touchée de la proposition qu’elle te fit. Toutefois, tu n’en avais pour le coup pas besoin. « Mais pourquoi tu ne l’as pas dit avant ? Au lieu de prendre du thé on aurait sorti une bouteille pour fêter ça. On le fera après. Mais je suis vraiment contente pour toi ma chérie. Tu vas devoir voyager du coup ? » Tu amènes vos deux mugs de thé sur la table, un sourire sur les lèvres. C’est agréable de savoir que tes amis sont heureux pour toi, cela ne vient que rajouter un peu de baume au coeur. Ce contrat n’avait pas été facile à décrocher mais tu y étais enfin parvenue après de longues négociations. « On sort le champagne que si tu as le droit de boire. » Lui dis-tu très sérieuse. Tu en savais pas si elle prenait un traitement ou pas mais tu ne voulais pas qu’elle se mette en danger pour rien. « Et merci beaucoup. Je vais devoir voyager un peu mais rien d’extraordinaire. Il y aura quelques voyages à l’étranger dans l’année mais je ferai principalement des allers-retours avec Adélaïde la plupart du temps. Je ne leur ai pas caché l’existence de Morgane donc ils savent que je ne pourrai pas voyager constamment. » C’était quelque chose à quoi tu tenais. Tu ne voulais pas que ta fille grandisse entourée de nounous en tout genre. Tu voulais être là pour elle et tu ne voulais pas la laisser trop longtemps à son père. Même si Abel avait fait bien des progrès ces dernières années, tu n’étais pas complètement en confiance pour l’instant. Répondant à sa question, tu lui dis que tu allais très bien ce qui était la vérité. Mia leva un sourcil et te demanda : « Ah oui ? Et qui est l’heureux élu ? » Si en temps normal, tu aurais pu te confier sans crainte à ce sujet, tu ne te sentais pas prête de le faire dans ce cas-là. Parce que l’heureux élu, Mia le connaissait. Et tu doutas qu’elle soit ravie d’apprendre que l’homme qui faisait battre ton coeur un peu plus vite était Dimitri, l’ex de sa meilleure amie et accessoirement le père de sa fille. Tu avais plus ou moins compris quand Tamsin était revenue que Mia espérait voir les deux anciens amants ensemble et tu étais un obstacle à cette réalisation. De plus, tu savais que la nouvelle plairait peu à Tamsin quand elle l’apprendrait. Du coup, tu esquivais légèrement la question. « Il est bien trop tôt pour que je te le dise, on avance à petits pas, je ne veux pas trop en dire pour l’instant. Je préfère être prudente. » Ta plus grosse crainte était que Dimitri se réveille un matin et se rende compte qu’il avait fait une grosse erreur. C’était assez ridicule de penser que cela pouvait arriver car Dimitri n’était pas le genre d’homme à prendre ce sujet à la légère mais cela te terrifiait. Tu préférais ne pas te montrer trop optimiste et puis c’était aussi une manière de profiter de Dimitri sans le regard et l’avis des autres. Ce fut ton tour de prendre des nouvelles du boulot de Mia et notamment de son prochain roman : « Et bien, je pense que je vais avoir le temps pour l’écrire vu le temps qui s’offre à moi » Un léger rire s’échappa de tes lèvres. En effet, si Mia était inspirée, elle pourra profiter de ce moment immobile pour écrire son prochain livre ou le commencer tout du moins. Mais elle devait aussi faire la promotion de sa dernière sortie donc cela allait faire pas mal de choses à faire dans les prochaines semaines.
Ton amie prit ensuite des nouvelles de ta fille et tu les lui donnais sans hésiter. Tu sortis même ton portable pour lui montrer une vidéo de Morgane en train de préparer son spectacle de fin d’année. « Tout est parfait alors si vous allez bien toutes les deux. Tu lui feras des bisous de tata Mia » Tu n’y manqueras pas bien entendu même si cela voudra dire entendre ta fille bouder qu’elle n’ait pas pu voir la jeune femme elle-même. « Elle est douée, j’espère qu’elle m’a prévu une place VIP pour son spectacle Elle te ressemble de plus en plus, aussi belle que sa maman » Tes joues s’empourprent à ces paroles. Malgré le fait que l’on te complimente souvent, tu as toujours du mal à les recevoir. « Merci c’est gentil. Et nous te réserverons un billet pour le spectacle. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Tu tends la main pour attraper ton téléphone et c’est alors que tu le récupères que ton écran s’illumine d’une notification. Les yeux de Mia sont immédiatement attirés par cette dernière, assez naturellement, mais tu aurais préféré que cela ne soit pas le cas car l’expéditeur du message n’est autre que Dimitri et son message dont tu n’as pas eu le temps de lire le contenu se termine avec un émoji en coeur. Et merde … Ton téléphone est désormais dans tes mains mais tu ne bouges pas, incapable de bouger pour l’instant, figer sur place comme si le temps allait s’arrêter et que tu n’allais pas avoir à faire face à la réaction de Mia.
« Je suis désolé de l’apprendre, si tu as besoin de quoi que ce soit tu me dis d’accord ». Je gratifie Jessian d’un sourire, acquiesçant d’un signe de tête parce que je sais que je peux toujours compter sur elle. Mais je ne réponds pas pour autant car je n’ai pas envie non plus d’emmerder mon monde avec mon accident, à me morfondre auprès d’eux et montrer l’image d’une nana qui est juste au fond du trou. Non, je préfère garder ça pour moi, je le sais, à tort. Le seul que j’ose réellement appeler au secours est Knox, parce qu’indéniablement, en vivant ensemble, on ne peut pas se cacher grand-chose. Et puis, notre amitié date depuis toujours donc nous nous connaissons par cœur.
Jess se dirige vers la cuisine pour nous préparer deux boissons chaudes pour accompagner les chocolats qu’elle a apporté. Elle m’annonce alors qu’elle a décroché un contrat avec une marque de vêtements. Finalement, on aurait pu troqué le thé par une coupe de champagne pour fêter ça, surtout que cela faisait un petit moment qu’elle attendait ce genre d’opportunités. « On sort le champagne que si tu as le droit de boire ». Je grimace alors, voyant son air sérieux « On dirait entendre ma mère » et elle savait que mes relations avec elle était toujours autant tendu, et ça depuis le divorce de mes parents à mes quinze ans. « J’ai le droit si je suis raisonnable et m’en tient à un verre ». Si seulement elle savait que la veille j’ai bu une bouteille de vodka avec Pete’ qui est venu me rendre visite et avec qui je me suis apitoyée sur mon sort. Pas sûr qu’elle apprécie mais pour ma gouverne, j’ai justement omis de prendre mes médocs pour pouvoir boire. Je ne suis pas inconsciente à ce point « Et merci beaucoup. Je vais devoir voyager mais rien d’extraordinaire. Il y aura quelques voyages à l’étranger mais je ferai principalement des allers-retours avec Adelaïde la plupart du temps. Je ne leur ai pas caché l’existence de Morgane donc ils savent que je ne pourrai pas voyager constamment ». Je suis heureuse pour elle, et surtout je suis contente de voir qu’elle parvient toujours à trouver un juste équilibre entre sa vie pro et sa vie perso. Sourire aux lèvres, qui se veut sincère, j’ajoute alors « Si tu as besoin pour Morgane, tu n’hésites pas. Je m’occuperai d’elle avec plaisir ». Parce qu’une amie se doit d’être là, que les services vont toujours dans les deux sens comme elle me l’a proposé plus tôt. Et parce que je sais aussi que ce n’est pas toujours évident avec le père de Morgane et qu’elle sera peut-être plus apaisé en la sachant avec une amie proche à qui elle peut faire confiance, de temps en temps. Je vois d’ailleurs que Jessian est épanouie, elle a les yeux qui pétillent, le sourire immense. Mais je sens que ce n’est pas uniquement dû à sa carrière. Non, il y a forcément autre chose et pour moi, ça ne peut être qu’un homme qui est derrière tout ça. « Il est bien trop tôt pour que je te le dise, on avance à petits pas, je ne veux pas trop en dire pour l’instant. Je préfère être prudente ». Dur pour moi et ma curiosité mais j’accepte… à contre cœur « Ok… Je comprends… ». Puis un sourire taquin apparait sur mon visage « Même pas un petit indice » je la supplie du regard telle une gamine mais je sais que ça ne fonctionnera pas. Je laisse échapper un petit rire avant de reprendre la parole « Tout ce que j’espère c’est que c’est quelqu’un qui prendra soin de toi. Et de Morgane. Tu le mérite ». Parce qu’en amour, ce n’était jamais facile et que je suis la première à le savoir que trop bien.
Je demande des nouvelles de Morgane à mon amie qui me montre alors une vidéo d’elle sur son portable. La petite fille est tout autant épanouie que sa mère, tout autant passionnée par la danse que sa mère par le mannequinat. Elle est son portrait craché, aussi belle que sa mère « Merci c’est gentil. Et nous te réserverons un billet pour le spectacle ». Je la gratifie d’un sourire, je ne doute pas une seule seconde que ce sera le cas. J’ai beaucoup d’amis qui ont un enfant et j’ai la chance d’avoir un bon rapport avec chacun d’entre eux : les jumeaux d’Adam, la fille de Tamsin, le fils de Danika qui n’est autre que mon filleul et bien sûr Morgane, la fille de Jessian. Tout ce beau monde autour de moi pourrait me donner à mon tour de fonder une famille. Mais pour le moment, c’était loin d’être d’actualité. Je rends alors le téléphone à Jessian qui tend la main pour le récupérer. Son écran qui s’était éteint, se rallume, signe qu’elle vient de recevoir un message. Instinctivement, mon regard se porte sur celui-ci… apparait alors devant mes yeux le nom de Dimitri… le contenu du message n’est pas vraiment lisible mais le petit cœur en emoji, lui par contre est bien visible. Mes sourcils se froncent alors que je retire ma main de son téléphone. Mon regard se pose alors sur elle, en silence, un bref instant « C’est donc lui ? C’est pour ça que tu penses qu’il est trop tôt pour m’en parler ? Ou en fait, il ne sera jamais temps pour m’en parler ? ». Mon ton est neutre, un brin accusateur, peut être un peu déçu aussi. Dimitri et Jess ? Vraiment ? Jessian était amie avec Tamsin pourtant et connaissait très bien leur histoire qui est compliqué « Dimitri… sérieux Jess ? ».
C’était un plaisir pour toi d’annoncer à ton entourage qu’après des mois de galère et de remise en question, tu avais enfin décroché un nouveau contrat. Tu sais que tes proches seraient heureux pour toi et c’est bien ce que tu lis sur le visage de Mia. Qu’elle veuille fêter cette nouvelle ne te surprenait pas mais avec les médicaments qu’elle devait prendre, il était sans doute plus sage de rester au thé pour l’instant. Quand elle ne prendra plus de traitement, vous pourrez aller fêter ça comme il se devait. « On dirait entendre ma mère. J’ai le droit si je suis raisonnable et m’en tient à un verre » Il fut un temps où ce genre de remarques t’aurait affecté mais ce n’était plus le cas aujourd’hui. Tu étais une maman et cela avait changé pas mal de choses pour toi. Tu savais que Mia ne s’entendait pas toujours bien avec la sienne mais elle semblait au moins avoir sa santé à coeur si elle avait pris cette précaution. « Il est plus sage d’attendre que tu puisses boire un peu plus, je doute que l’on s’arrête à un verre. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Il suffisait de regarder vos anciennes sorties pour savoir qu’un verre ne suffirait certainement pas. Attendre quelques jours voir quelques semaines ne serait pas trop difficile normalement. Cela ne faisait peut-être pas plaisir à ton amie mais c’était pour le mieux. Tu répondis ensuite aux questions de Mia sur ce que ce nouveau job allait vouloir dire pour toi, notamment en termes de voyage. Et oui, tu allais devoir voyage mais entre Brisbane et Adélaïde et jamais pour longtemps. C’était un des plus de ce contrat mais cela voulait dire laisser Morgane à tes proches plus souvent qu’actuellement. « Si tu as besoin pour Morgane, tu n’hésites pas. Je m’occuperai d’elle avec plaisir » Tu hoches la tête dans un premier temps pour remercier Mia. Tu as de la chance d’avoir des amis qui sont là pour toi et qui n’ont aucun problème à te dépanner. Il fut un temps où tu laissais Morgane chez tes parents mais désormais, ce n’était plus une option et tu ressentais ce manque plus que jamais. « Merci beaucoup Mia. Morgane sera ravie de passer du temps avec toi. » Ta fille avait été habituée assez tôt à être gardée par d’autres personnes que toi et quand c’était de courte durée, elle était plutôt contente de devenir le centre du monde de tes proches pendant quelques heures. Après avoir rapidement parlé du prochain roman de Mia, cette dernière se montra curieuse au sujet de ta vie amoureuse mais à ce sujet, tu ne voulais pas trop en dire. Les raisons de ce silence étaient multiples, encore plus avec Mia qui connaissait l’homme en question. « Ok… Je comprends… Même pas un petit indice ? » Tu secoues la tête. Non, pas d’indice parce que si tu lui en donnes, elle va trouver et tu n’as pas spécialement envie de connaître sa réaction. Tu ne te fais pas d’illusions, elle sera loin de sauter au plafond. « Tout ce que j’espère c’est que c’est quelqu’un qui prendra soin de toi. Et de Morgane. Tu le mérite » Pour le coup, tu n’avais aucun doute, mais vraiment aucun sur le fait que Dimitri prendrait soin de toi et de Morgane. Il le faisait déjà avec toi et c’était une sensation à laquelle tu commençais à t’habituer. Tu avais dû tout faire toute seule pendant si longtemps, c’était étrange. « Merci. Ne t’en fait pas, il prend déjà très bien soin de moi. » Confirmas-tu pour ton amie car il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Le mystère que tu entretenais autour de cette relation n’avait rien à voir avec cela.
Mia prit ensuite des nouvelles de Morgane et tu lui montrais la dernière vidéo de ta fille en train de répéter la chorégraphie pour le spectacle de fin d’année. Cette vidéo fit sourire ton amie et c’est alors qu’elle te tendit de nouveau le téléphone qu’une notification avec un message de Dimitri fit son apparition sur ton écran. Tu te figeais immédiatement car vu l’étonnement sur le visage de ton amie, il était impossible qu’elle ne l’ait pas vu et qu’elle n’ait pas vu le petit coeur qui le terminait. Un certain nombre d’émotions se dessinèrent sur le visage de Mia et tu n’arrivais pas toutes à les identifier mais le ton accusateur de ses paroles ne trompait pas : « C’est donc lui ? C’est pour ça que tu penses qu’il est trop tôt pour m’en parler ? Ou en fait, il ne sera jamais temps pour m’en parler ? » Tu soupires légèrement en passant une main dans tes cheveux. Non, tu n’avais pas imaginé cacher ta relation avec Dimitri à Mia, cela te semblait impossible surtout si les choses avançaient dans le bon sens. Mais oui, si cela n’avait pas été Dimitri, tu serais déjà en train de lui raconter les détails de votre week-end en amoureux … « Dimitri… sérieux Jess ? » Tu comprenais l’incrédulité de Mia, tu savais qu’elle connaissait Tamsin depuis bien avant toi et tu savais aussi qu’elle voyait cela comme une trahison. Pour toi, cela n’en était pas vraiment une pourtant. Tamsin était certes ton amie mais Dimitri l’avait été avant elle et ce n’est pas comme si tu avais prémédité la chose, c’était arrivé un point c’est tout. Posant ton téléphone sur la table, tu finis par dire : « Oui, Dimitri, sérieusement. » Marquant une petite pause, tu ajoutais : « En vérité, je n’en parle à personne parce que pour l’instant on préfère prendre notre temps et profiter l’un de l’autre sans les interférences de notre entourage. Je n’ai jamais eu l’intention de ne jamais t’en parler mais le fait que ce soit Dimitri complique les choses. » Avec elle seulement parce qu’elle le connaissait et que Tamsin était sa meilleure amie. « Je sais ce que tu penses mais c’est arrivé comme ça, je … » Tu ne savais pas comment te justifier parce qu’il n’y avait pas vraiment de bonne excuse. Tu tombais amoureuse, un peu plus tous les jours et le fait que cela puisse blesser Tamsin ne te touchait que de loin. après tout, C’était elle qui était partie alors que Dimitri lui aurait offert tout ce qu’elle désirait si elle était restée non ?
« Il est plus sage d’attendre que tu puisses boire un peu plus, je doute que l’on s’arrête à un verre ». Je ne peux qu’approuver les paroles de mon amie et surtout j’en ris doucement. Parce qu’elle a totalement raison en disant qu’on ne se contentera jamais que d’un seul verre et que clairement, on n’avait suffisamment passé de soirées ensemble pour en être certaine. En ce moment surtout, je sais que, personnellement, un seul verre ne sera pas suffisant. En plus de l’accident, tant de choses m’étaient tombés dessus que je peinais à tenir le cap. Je pourrais d’ailleurs en parler à Jessian mais je préfère m’abstenir. Pour ne pas l’embêter mais aussi et surtout parce que j’ai besoin de me changer les idées et de ne pas penser à tout ça. Sa présence a exactement cet effet alors je ne compte pas changer la donne. « Merci beaucoup Mia. Morgane sera ravie de passer du temps avec toi ». Et il en sera de même pour moi. Je n’avais pas d’enfants mais garder ceux de mes amis étaient une habitude. Je prenais toujours un plaisir, et eux aussi. Surtout quand je leur accordais tout ce qu’il voulait parce que j’étais tout simplement incapable de ne pas céder devant tant de mignonneries. Je souris alors à Jessian en guise de réponses. Elle savait très bien qu’elle pouvait m’appeler à n’importe quel moment et que je serai toujours là si elle a besoin d’aide. Les conversations s’enchaînent et on finit par discuter de la vie amoureuse de Jess. Parce que je reconnais ses yeux pétillants qui veulent en dire long. Elle a l’air heureuse. Elle ne veut cependant pas dévoiler l’identité de celui qui semble la rendre épanouie, ce que je respecte. Je lui souhaite en tout cas que cet homme prenne bien soin d’elle et de Morgane « Merci. Ne t’en fais pas, il prend déjà très bien soin de moi ». Je suis ravie de l’entendre et j’espère avoir un jour l’occasion de le rencontrer, sûrement aussi pour voir si en effet, il était suffisamment bien pour elle.
Alors que le téléphone de Jessian était encore dans mes mains, l’écran s’allume, la jeune femme venant de recevoir un message. Le nom de Dimitri apparait et même si je n’en lis pas le contenu, je remarque le petit smiley cœur à la fin de celui-ci. Il faut peu de temps dans ma tête pour que tout se connecte et que je comprenne pourquoi elle ne tenait pas à me révéler l’identité de l’homme qui la rendait si radieuse. Parce que Dimitri n’est pas n’importe qui, que je le connais très bien, étant donné qu’il est l’ex à ma meilleure amie Tamsin. Il est aussi devenu un ami proche après le départ de Tam’ à Melbourne. Jessian est elle-même proche de cette dernière. Le fait de savoir qu’elle sort avec lui, me surprend. Je la regarde déposer son portable calmement sur la table. « Oui Dimitri sérieusement. En vérité, je n’en parle à personne parce que pour l’instant on préfère prendre notre temps et profiter l’un de l’autre sans les interférences de notre entourage. Je n’ai jamais eu l’intention de ne jamais t’en parler mais le fait que ce soit Dimitri complique les choses ». Et pour cause. Jessian sait très bien que je prendrai la défense de Tamsin parce que je sais que cette dernière aura du mal à accepter que Dimitri et Jessian soient ensemble. Surtout quand la jeune femme est une amie à elle. Alors je me mets à sa place et ma réaction n’est pas des plus accueillantes « Je sais ce que tu penses mais c’est arrivé comme ça, je… ». Elle s’interrompt et ne poursuis pas sa phrase. Un sourcil s’arque alors comme si je cherche à savoir la suite, à la deviner. Un moment de silence s’installe avant que je ne finisse par répondre « C’est que je ne pensais pas que tu étais devenue aussi proche de Dimitri. Puis merde Jess, je ne sais pas, je me mets à la place de Tamsin. Qu’est-ce que tu penses qu’il va se passer quand elle l’apprendra ? Tu connais leur histoire en plus… ». Mais en même temps, leur histoire était aussi terminée désormais. Il y aura forcément toujours ce pincement au cœur entre eux s’ils voient l’autre avec quelqu’un, mais je ne suis pas persuadée que les deux pourraient se remettre ensemble. Je soupire alors, ne regardant plus Jess dans les yeux « Puis tu es proche d’elle malgré tout. Tu aurais dû m’en parler, au moins ne serait-ce que pour cette raison ». Parce que je me doutais qu’elle n’avait pas fait exprès de tomber dans les bras du Dimitri. Mais j’aurai aimé qu’elle est suffisamment confiance en moi pour m’en parler. Que je ne le découvre pas comme je venais de le faire. Je me retrouverai encore une fois entre les deux, et je sais que ce ne serait pas une partie de plaisir « Ecoute Jess… Je vais pas te jeter la pierre pour t’être rapproché de Dim’… Mais tu devras être honnête avec Tamsin avant qu’elle ne l’apprenne comme moi je viens de l’apprendre ».
Annoncer ta relation avec Dimitri à ton entourage, c’était quelque chose auquel tu avais réfléchi mais que tu n’avais pas vraiment envisagé pour l’instant. Dimitri et toi, vous préfériez prendre votre temps. Avant que tout le monde ne vienne mettre son nez dans vos affaires, vous aviez envie de vivre votre histoire pour vous et rien que pour vous. Car ils pourront tous dire ce qu’ils veulent, tu sais très bien que tout le monde ira de son commentaire, de sa petite remarque bien intentionnée ou non. Il y aura des gens qui seront heureux pour vous et d’autres moins. Dans le cas de Mia, tu ignorais dans quelle catégorie s’inscrirait la jeune femme. Peut-être dans les deux ? Une chose était certaine en tout cas, elle ne sera jamais totalement heureuse pour toi, pas si Tamsin ne l’était pas pour Dimitri et ça, tu doutais que cela soit pour tout de suite. S’il y avait un sujet dont vous parliez peu avec Tamsin, c’était justement du père de sa fille et c’est ce qui t’avait amenée à découvrir que c’était Dimitri des mois et des mois après que tu aies rencontré ce dernier. D’ailleurs, tu l’avais même rencontré avant la jeune maman. Tu ne savais pas si elle comptait renouer avec Dimitri, si elle espérait reconstruire une famille avec lui. Tu avais surtout eu l’impression qu’elle essayait de le tenir éloigné d’Ava le plus possible tout en l’incluant dans la vie de sa fille. A ce sujet, tu ne la jugeais pas, tu savais à quel point c’était compliqué. Cela l’était toujours avec Abel de ton côté. Tu avais peur qu’à tout moment il veule la garde partagée de Morgane, comme ça, sans prévenir. Tu savais que vous vous dirigiez vers ce mode de garde depuis des mois déjà mais tu n’étais pas prête à l’instaurer de suite et il semblait l’avoir compris pour ton plus grand soulagement. Tu espérais qu’il prendrait bien la présence d’un homme dans ta vie et un jour peut-être dans celle de Morgane mais il avait l’avantage de ne pas avoir de lien avec Dimitri. Le regard que te jetait Mia n’avait plus rien de sympathique. Tu savais que tu la mettais le cul entre deux chaises avec cette histoire et cela n’avait pas du tout été ton intention. Tu n’étais pas venue la voir pour parler de Dimitri, tu aurais préféré ne pas en parler du tout s’il n’y avait pas eu ce message sur ton portable. « C’est que je ne pensais pas que tu étais devenue aussi proche de Dimitri. Puis merde Jess, je ne sais pas, je me mets à la place de Tamsin. Qu’est-ce que tu penses qu’il va se passer quand elle l’apprendra ? Tu connais leur histoire en plus… » Non, contrairement à ce que pensais Mia, tu ne connaissais que peu l’histoire de Dimitri et Tamsin. Tu en connaissais les contours, assemblant les pièces du puzzle qu’ils t’avaient l’un comme l’autre donné sans trop le savoir. Mais aucun des deux n’avait trop voulu te parler de son ex et tu n’avais pas cherché à les pousser à la confidence. Tu avais surtout retenu que Tamsin était partie, qu’elle avait abandonné Dimitri alors qu’elle était enceinte. Et maintenant que tu connaissais aussi bien le beau brun, tu n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle avait fait une chose pareille. Il était évident que Dimitri était fait pour être père et aurait sauté au plafond en apprenant la nouvelle … « Puis tu es proche d’elle malgré tout. Tu aurais dû m’en parler, au moins ne serait-ce que pour cette raison » Tu connaissais Mia depuis des années mais Tamsin, tu ne la connaissais que depuis quelques mois. Oui, elle était ton amie mais tu ne lui étais pas redevable non plus. Ce n’était pas comme si tu t’étais lancée dans une relation extra conjugale avec son mari. « Je ne sais pas comment Tamsin le prendra parce que je ne sais pas si elle a encore des sentiments pour lui ou non. J’ose espérer qu’elle l’acceptera à défaut de se réjouir de la nouvelle. » Parce que la dernière chose que tu voulais c’était que Tamsin prive Dimitri de sa fille à cause de toi. Par contre tu ne te faisais pas d’illusions, elle n’allait pas sauter de joie, c’était certain. « Ce que je sais c’est qu’elle l’a abandonné sans se retourner il y a cinq ans. Je n’ai pas été voler son homme et si elle le voit comme cela, ce n’est pas de ma faute. Je n’ai appris leur lien qu’en juillet, j’ai rencontré Dimitri avant de rencontrer Tamsin. » Tu n’avais jamais vraiment dit à Mia quand et comment tu avais rencontré le beau brun, elle avait juste accepté que tu le connaissais. Oui, tu étais en train de te justifier mais tu refusais d’être peinte comme la méchante dans cette histoire. « Ecoute Jess… Je vais pas te jeter la pierre pour t’être rapproché de Dim’… Mais tu devras être honnête avec Tamsin avant qu’elle ne l’apprenne comme moi je viens de l’apprendre » Posant ton téléphone sur la table basse, tu poussais un soupir avant de te passer la main dans les cheveux. Aller parler à Tamsin ne te dérangeait pas et tu savais qu’à un moment ou à un autre tu devras le faire. Toutefois, tu n’étais pas persuadée que c’était de ta bouche qu’elle devait l’entendre en premier. « Ce n’est pas à moi de le lui annoncer mais à Dimitri. En premier en tout cas. » Dis-tu dans un premier temps avant d’ajouter : « Nous aimerions tous les deux éviter que Tamsin prenne mal la situation et refuse de confier Ava à Dimitri. Il n’est pas prévu pour l’instant que nous affichions notre relation devant sa fille ou la mienne. Le temps viendra peut-être pour cela mais ce n’est pas le moment. » Vous n’étiez pas totalement inconscients. « J’ai bien l’intention de discuter de la situation avec Tamsin mais ce n’est pas à moi de le lui annoncer. » Tu n’en avais pas discuté avec Dimitri encore mais tu te doutais que c’était ainsi qu’il préfèrerait gérer la situation.
Je considère que Jess et moi sommes suffisamment proches pour tout nous dire. Au départ, elle prétend qu’elle ne veut rien me dire sur sa nouvelle relation par peur car c’est tout nouveau et en quelque sorte, elle ne souhaite pas se porter la poisse en s’avançant trop vite. De peur aussi d’en parler et que sa relation finisse par être un échec. C’est un choix que je respecte même si ma curiosité a fait que j’ai essayé de lui tirer les vers du nez. Pourtant, lorsque je découvre la véritable raison de son secret, la véritable raison qui la pousse à ne rien me dire, j’avoue mal le prendre. J’ai l’impression que son excuse n’est pas sincère et que surtout, elle n’a pas voulu m’en parler, parce qu’il s’agit de Dimitri. Jess n’a certainement pas voulu rentrer dans les détails, craignant ma réaction, craignant que je prenne position pour l’une ou pour l’autre. Car oui, Dimitri n’est autre que l’ex de ma meilleure amie Tamsin… Une relation qui s’est précipitamment achevée lorsque Tam’ a décidé de fuir alors qu’elle a appris être enceinte de Dimitri. Un choix que j’ai respecté de sa part, même si je ne l’ai pas toujours compris. Parce qu’il me semblait un homme bien qui aurait été capable d’assumer cet enfant. Alors, peut-être qu’en apprenant cette relation naissante entre Jess et Dimitri, je pense tout de suite à Tamsin. Parce que Jess et Tam sont aussi amies et que j’ai peur de me retrouver au milieu, à devoir choisir entre les deux, car je suis persuadée que cela finira par mettre une distance entre les deux jeunes femmes. Peut-être qu’aussi, je me met à la place de Tam’, me disant que je n’apprécierai peut-être pas de voir une de mes amies sortir avec un de mes ex. Mais finalement, je n’étais peut-être pas la mieux placé pour défendre ce dernier argument. « Je ne sais pas comment Tamsin le prendra parce que je ne sais pas si elle a encore des sentiments pour lui ou non. J’ose espérer qu’elle l’acceptera à défaut de se réjouir de la nouvelle ». Et c’est exactement ce que je craignais « Je l’espère aussi… » je laisse échapper dans un soupir. Même si je pense que Tam est passée au-delà de son histoire avec Dimitri, je sais qu’elle peut mal le prendre tout de même ou du moins que cela lui fasse un petit quelque chose. Je ne peux pas répondre à sa place. « Ce que je sais c’est qu’elle l’a abandonné sans se retourner il y a cinq ans. Je n’ai pas été voler son homme et si elle le voit comme cela, ce n’est pas de ma faute. Je n’ai appris leur lien qu’en juillet, j’ai rencontré Dimitri avant de rencontrer Tamsin ». Je la regarde un moment sans rien dire, pensant au reproche qu’elle venait de faire sur le départ notamment de Tam cinq ans plus tôt. Jess l’ignorait mais j’étais bien plus au courant que je ne voulais le prétendre, dont notamment sa grossesse dont elle m’a fait promettre de ne rien dire. Une chose que j’ai dû cacher à Dimitri, alors que nous étions amis, qu’il s’est confié à moi sur le mal qu’il a pu ressentir face à cet abandon de la part de la brunette à l’époque. Encore aujourd’hui, il ignore que je suis au courant… Mais je sais que s’il finit par l’apprendre, il m’en voudra énormément. Jessian aura sûrement sa position là-dessus, je n’en sais rien à vrai dire. Je me contente donc d’acquiescer, sans rien ajouter de plus. Si ce n’est lui dire que je ne compte pas lui en vouloir, mais qu’elle devra le dire à Tamsin pour ne pas qu’elle l’apprenne par quelqu’un d’autre. « Ce n’est pas à moi de le lui annoncer mais à Dimitri. En premier en tout cas. Nous aimerions tous les deux éviter que Tamsin prenne mal la situation et refuse de confier Ava à Dimitri. Il n’est pas prévu pour l’instant que nous affichions notre relation devant sa fille ou la mienne. Le temps viendra peut-être pour cela mais ce n’est pas le moment ». J’espérais sincèrement que Tam’ n’en arrive pas à ce point. Surtout pour une raison pareille « Je ne pense pas que c’est ce qu’elle ferait » parce que je connaissais quand même mon amie et que je ne pense pas qu’elle agirait de la sorte parce que la relation entre Jess et Dim ne lui plait pas « Je comprends que vous preniez votre temps pour les petites. C’est votre manière de les protéger aussi et je trouve que c’est bien de faire par étapes ». Je comprends bien que tout est nouveau entre eux deux et finalement, mon énervement de plus tôt n’est plus réellement justifié. C’était une colère exprimée sur le tas, sans y réfléchir, comme cela m’arrivait bien souvent « J’ai bien l’intention de discuter de la situation avec Tamsin mais ce n’est pas à moi de le lui annoncer ». J’acquiesce « En tout cas, ce qui compte pour moi c’est que tu sois heureuse Jess ». J’attrape sa main, comme pour signifier ma sincérité et peut-être aussi un geste pour m’excuser de ma réaction d’un peu plus tôt « Et si c’est avec Dimitri, alors qu’il en soit ainsi. Il mérite aussi d’être heureux ». Je me sens un peu coupable parce que je sais qu’il a souffert, encore plus lorsqu’il a découvert enfin l’existence de sa fille. Car je me sens un peu responsable de ne rien lui avoir dit. « Et bien évidemment, je ne dirai rien à Tamsin sur votre relation, il en va de soi. Et si je dois la raisonner parce qu’elle prend une décision un peu trop catégorique, je tâcherai d’essayer de la raisonner ». Un sourire sincère apparait sur mon visage alors, retrouvant ainsi une atmosphère un peu plus détendue. Ce sourire devient un peu plus amusé alors que je jette un coup d’œil à la boite de chocolat qu’elle m’a apporté plus tôt « Bon… Maintenant, tu me fais passer les chocolats ? ».
Il serait faux de dire que ta relation avec Dimitri était toute neuve. Cela avait été vrai et même si elle était encore récente, plus le temps passé et moins c’était le cas. Plus le temps passait et moins vous pouviez vous cacher derrière le fait de dire que vous vouliez prendre votre temps et ne pas brusquer les choses. Ni l’un, ni l’autre ne pensiez que la situation que vous viviez actuellement où vous étiez tranquilles et où personne n’était là pour vous juger ne serait éternelle. A un moment ou à un autre, vos proches et vos différents entourages devront être mis au courant. Malgré vous, c’était ce qui se faisait petit à petit, par hasard la plupart du temps ou par nécessité quand tu avais besoin que ta soeur te garde Morgane. Une chose était certaine, ce n’était pas comme cela que tu avais prévu d’annoncer la nouvelle à Mia. Tu connaissais son attachement à Tamsin et tu n’avais pas voulu la blesser ou lui faire croire que tu cherchais à faire mal à Tamsin. Ce n’était absolument pas le cas. Tamsin était une femme de qualité, une femme sans doute merveilleuse mais elle avait manqué sa chance et tu étais tombée amoureuse de Dimitri, vraiment amoureuse. Tu devinais les étoiles dans tes yeux quand vous étiez ensemble et tu avais souvent du mal à croire qu’il puisse retourner tes sentiments mais cela semblait être le cas et tu refusais de te priver de ce bonheur pour une vieille relation que tu n’avais jamais vu se dérouler et qui avait pris fin plusieurs années plus tôt. « Je l’espère aussi… » Les paroles de Mia n’étaient pas très encourageantes mais bon, tu ne t’attendais pas à des voeux de bonheur de la part de Tamsin. Tu doutais qu’elle serait ravie d’apprendre que Dimitri avait refait sa vie, tout ce que tu espérais c’était qu’elle ne le lui ferait pas payer en le privant d’Ava, voilà quelque chose que tu ne supporterais pas. Dimitri aimait sa fille plus que tout au monde et tu comptais bien le pousser à aller faire valider une mode de garde devant un tribunal pour s’assurer qu’il ne soit jamais dépendant de la bonne volonté de son ex-compagne. « Je ne pense pas que c’est ce qu’elle ferait. Je comprends que vous preniez votre temps pour les petites. C’est votre manière de les protéger aussi et je trouve que c’est bien de faire par étapes ». Pour toi aussi il était essentiel de ne pas brusquer les choses. Avant de mêler vos filles à votre relation, tu voulais t’assurer que vous étiez un couple solide, que les étincelles qui vous avaient fait sauter le pas seraient toujours là dans quelques mois. Tu avais été marquée au fer rouge par ta relation avec Abel durant laquelle, tu l’admettais aujourd’hui, tout avait été trop vite. A l’heure d’aujourd’hui, vous seriez déjà mariés … Mais pour l’instant, tu étais plutôt confiante, il ne se passait pas un jour où ton affection pour Dimitri ne continue de grandir. « En tout cas, ce qui compte pour moi c’est que tu sois heureuse Jess. Et si c’est avec Dimitri, alors qu’il en soit ainsi. Il mérite aussi d’être heureux. Et bien évidemment, je ne dirai rien à Tamsin sur votre relation, il en va de soi. Et si je dois la raisonner parce qu’elle prend une décision un peu trop catégorique, je tâcherai d’essayer de la raisonner » Un petit sourire se dessina sur ton visage alors que tu sentis le noeud dans ton estomac se défaire un petit peu. Tu avais besoin d’entendre ces mots même si tu ne voulais pas l’avouer. Oui, tu étais rassurée que Mia semble heureuse pour toi et n’essaie pas de te dissuader de mettre fin à ta relation avec Dimitri. Et tu lui étais reconnaissante de ne rien dire à Tamsin. Vous alliez le faire, c’était inévitable mais il fallait que cela vienne de Dimitri ou de toi mais de personne d’autre. Tu ne doutais pas que quand elle apprendrait que Mia était au courant, Tamsin vous en voudra mais cela avait été un accident. « Merci Mia, je … Merci de ton soutien, ça me fait plaisir. » Dis-tu dans un premier temps avant d’ajouter : « Et merci pour Tamsin. Nous ne comptons pas faire traîner l’annonce de toute manière, elle sera bientôt au courant. » Peut-être pas d’ici la fin de l’année pour ne pas gâcher les fêtes mais en 2021, quand les fêtes seront passées, quand Dimitri et toi fêteriez vos six mois ensemble, ce sera le moment de le faire. Le bon moment ? Tu doutais qu’il y ait un bon moment mais ce sera en tout cas celui que vous aviez choisi. « Bon… Maintenant, tu me fais passer les chocolats ? » Laissant échapper un petit rire, tu tendis la main pour attraper la boîte de chocolats qui était trop loin pour ton amie. « Et voilà pour mademoiselle, un chocolat pour soigner vos blessures, il paraît qu’ils sont magiques. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Tu déposais la boîte devant Mia avant de prendre une gorgée de thé. Ce n’était pas l’après-midi que tu avais imaginée avec ton amie mais tu ne regrettais rien, il fallait bien que Mia l’apprenne un jour ou l’autre et elle s’était montrée bien plus compréhensive que ce à quoi tu t’étais attendue.