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 (scarmy) closing walls and ticking clocks

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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyMer 28 Oct - 19:28


scarlett & tommy
closing walls and ticking clocks

Come out of the things unsaid, shoot an apple off my head and a trouble that can't be named, a tiger's waiting to be tamed, singing you are, you are confusion that never stops, the closing walls and the ticking clocks gonna come back and take you home, I could not stop that you now know. ☆☆☆



Parfois, particulièrement à l’issue de certaines journées de travail denses, Tommy sentait se réveiller dans sa nuque et le long de son omoplate gauche une douleur qui, si elle n’était pas insurmontable, était plutôt désagréable et le faisait grimacer d’un air mauvais en maudissant Dieu savait quelle personne qui, la dernière, avait eu le malheur de le contrarier. Et s’il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il avait exactement, ses notions en anatomie se limitant au peu qui ne se soit pas évaporé aussitôt enseigné de ses cours de sciences nat’ au lycée, il savait en revanche précisément depuis quand il en était ainsi. Mais de tous les souvenirs qu’il gardait de Race of Australia cette mésaventure en voiture la veille de son élimination restait le plus incertain, entouré d’une brume épaisse comme si son esprit s’évertuait à tenter de le gommer, et comme si cette douleur qui le tirait parfois en arrière n’était là que pour l’en empêcher. Dale avait fini par lui conseiller de pointer à la médecine du travail et de tenter de mettre cela sur le dos des charges trop lourdes qu’on leur faisait trimballer, mais si l’idée était tentante elle risquait bien trop de le faire remarquer – et Tommy n’aspirait qu’à se faire oublier. Lene l’avait raillé sur son grand âge pour mieux lui conseiller de voir un ostéo, mais c’était mal connaître Tommy que de croire qu’il avait le temps et les finances pour ce genre de fantaisies – comme si sa santé en était une. Au bout du compte bougonner en grimaçant (ou grimacer en bougonnant) était tout ce qu’il était disposé à en faire, et de retour aux vestiaires il s’était laissé tomber sur l’un des bancs sans retenir le soupir de lassitude qu’il gardait pour lui depuis une bonne demi-heure. Délasser ses chaussures de sécurité avait ressemblé à une épreuve, et s’extirper du jet d’eau tiède sous lequel il s’était réfugié l’avait tout autant été. Enfin, pourtant, il avait regagné son casier et récupéré ses affaires, se fendant d’un sursaut lorsqu’un autre gros bras de l’équipe de matinée avait fait irruption dans le vestiaire en beuglant « Warren ! Y’a une gonzesse pour toi sur le parking. » Plaît-il ? « Et une bien roulée, en plus. Petit veinard. » Arquant un sourcil, le concerné s’était bien gardé de faire remarquer qu’entre les deux phrases les chances que l’on attende effectivement après lui étaient passées de peu probables à très peu probables. Mais est-ce que Bozo en aurait eu quoi que ce soit à cirer ? Bien sûr que non.

Entassant malgré tout ses affaires à la va-vite dans son sac à dos et pressant le pas jusqu’à la sortie de l’entrepôt, il avait mis sa main gauche en visière pour sonder le parking tout en fouillant avec la droite à la recherche de ses lunettes de soleil, et reconnu Scarlett avant d’avoir mis la main dessus. Soit, il comprenait mieux le commentaire peu inspiré de son collègue – et un grognement désapprobateur lui avait de ce fait aussitôt échappé. « Scar ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Plus soucieux qu’enthousiaste, à première vue, Tommy avait rejoint sa sœur en quelques enjambées et jeté un regard autour d’eux avec une pointe d’inquiétude « Faut pas venir ici, tu pourrais avoir des problèmes. » Tout comme lui pourrait en avoir aussi, mais au point où il en était déjà il ne pensait pas vraiment que sa propre situation puisse empirer … Du moins il aimait à le penser. « Tout va bien ? » Ils n’avaient pas prévu de se voir – du moins pas qu’il s’en souvienne – et quand bien même sa cadette aurait subitement eu envie de lui accorder une visite surprise son boulot était un drôle d’endroit pour décider de le faire. L’air sentait plus le fioul que l’iode, et les rares bars des environs avaient plus l’habitude des piliers de bars imbibés que des hipsters fréquentant le DBD. À moins qu’il ne s’agisse pas d’une surprise, peut-être lui avait-elle passé un coup de fil ou envoyé un SMS … Mais pas des plus attaché à son cellulaire Tommy n’avait même pas songé à rallumer le sien, perdu au fin fond de son sac à dos depuis qu’il avait pris son shift à quatre heures et demie du matin.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptySam 14 Nov - 16:54

Aller chez le coiffeur, c'était s'exposer avec la même inéluctabilité aux ragots et à une déception que personne ne formulait jamais. Scarlett avait déjà fait le deuil de 10 cm de cheveux quand on lui avait demandé par politesse ce qui l'amenait au salon ce jour-là. Après tout, on ne l'avait que rarement surprise à prendre en compte son avis. Il était encore bien trop tôt, même pour un jour de semaine, et fatalement la jeune trentenaire se retrouvait coincée entre les mamies du quartier qui venaient rafraîchir leur permanente. Scar aurait bien mis sa coiffeuse dans la confidence, mais elle n'était pas certaine qu'elle soit la plus indiquée pour l'avertir dans 30 ans que la coupe qu'elle réclamait toutes les semaines n'était plus à la mode depuis que le mulet avait fait son retour aussi inattendu qu'accidentel à Hollywood. Elle se garda donc de se détacher du baratin habituel sur ses dernières vacances, dont la banalité avait rapidement coupé court à la discussion. De toute façon, elle était bien trop distraite par les diffamations que sa voisine de fauteuil babillait par-dessus la cacophonie des sèche-cheveux. « Olala c'est tout de même intolérable, on laisse n'importe qui faire de la télé maintenant. Quel exemple pour la jeunesse. » On lui avait aussitôt replacé la tête dans l'axe quand Scarlett avait entrepris de la tourner, avant de se dévisser les yeux dans une ultime tentative de lire les gros titres de la revue people que la vieille mégère tenait entre ses griffes peintes en fuchsia. C'était bien une photo peu flatteuse de Tommy qu'elle avait eu l'impression d'apercevoir du coin de l’œil, l'air renfrogné tant bien que mal dissimulé sous une casquette. Ces gens-là savaient y faire pour donner un peu d'épaisseur et de justesse à leurs propos insipides. « Je peux ? » commanda-t-elle en dissimulant son agacement, l'objet du délit pointé du bout du doigt. La vipère accepta sans grande difficulté de lui céder son torchon, très certainement ragaillardie à l'idée d'avoir une alliée avec qui critiquer le caractère subversif des nouveaux programmes de télévision. Son équilibre capillaire avait eu raison de sa colère, aussi s'empêcha-t-elle de bondir de son siège quand elle parcourut l'article infâme qui calomniait éhontément le passé criminel de son frère. Des gens étaient vraiment payés pour ça ? Quand elle l'avait laissé participer à cette émission, elle avait été loin d'imaginer que sa célébrité aussi éphémère que mesurée aurait pu lui porter préjudice. En vérité, aussi ravie avait-elle été pour lui, elle lui était aussi reconnaissante d'avoir ménagé son ulcère en échouant à des milliers de kilomètres de la récompense. Elle n'aurait pas supporté voir cet argent lui filer sous le nez. « Scandaleux. » s'était-elle exclamée en faisant voler le magazine loin de sa vue, sans même remarquer que sa nouvelle amie opinait les yeux levés au plafond. Sans surprise ses cheveux lui tombaient en cascade sur les épaules alors qu'elle avait seulement demandé à lui couper les pointes, et elle remercia sa bienfaitrice avec toute l'hypocrisie dont elle était capable. Jamais elle ne reviendrait ici. Elle aurait mieux fait de demander conseil à Lucia, ou même de la laisser lui couper les pointes elle-même. Elle rédigea un message bref à Tommy, bien déterminée à lui annoncer la nouvelle de vive voix avant qu'il ne se fasse dévisager sans rien comprendre dans la rue. Il n'y avait pas une âme sur les docks, et Scarlett sauta sur le premier homme qui avait eu la malchance de la croiser pour s'enquérir de la présence de Tommy. Enfin, c'était sans compter le regard lubrique qu'il avait jeté sur sa poitrine en tournant les talons, récompense qu'il s'octroyait à lui-même pour lui rendre ce service. Son frère émergea de l'ombre de l'entrepôt après plusieurs longues minutes. Entre temps, plusieurs de ses collègues étaient venus simuler une pause pour la reluquer entre deux bouffées de cigarette. Scar ignorait si son frère était simplement exténué ou s'il avait toujours cette mine accablée. Il n'avait pas l'air en grande forme, même si sa représentation de grand frère protecteur contribua à lui redonner un peu de contenance. « Oui tout va bien. Pourquoi j'aurais des problèmes ? Tes collègues sont pourtant si charmants » demanda-t-elle, à la fois interloquée et tout à fait lucide sur la question. Il devait s'en passer des magouilles par ici. Rien que pour ça elle aurait adoré que son frère gagne cette satanée émission. « Et toi ça va ? T'as l'air au bout de ta vie. » Savait-il déjà pour les rumeurs dont il était victime ? Avait-il dû composer avec les regards entendus de ses collègues, sans doute bien plus trempés dans l’illégalité qu'il ne l'était ? « J'avais envie de te voir c'est tout. Puis c'est sympa ici, ça sent la mer. » Enfin, plutôt cette mer qu'on ne voyait pas sur les cartes postales, où terminaient tous les déchets toxiques que l'humain ne voulait pas sur terre. « Quoi de neuf ? Nuit agitée ? »
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptySam 12 Déc - 17:27

Doté d’une paire d’yeux comme tout à chacun, et en bon état de marche comme la majorité de chanceux, Tommy n’était pas totalement ignorant de l’effet que le physique somme toute avantageux de sa cadette provoquait sur les hommes – et sur une partie des femmes, mais à ce sujet il était forcément moins calé en la matière. Pour autant, s’il avait fini par s’habituer aux rires gras et aux commentaires sans équivoques à l’égard de la gente féminine dont une partie de ses collègues étaient friands mais l’auraient tous beaucoup moins assumé devant leur mère, le brun était bien moins disposé à laisser couler si l’objet des convoitises se révélait être sa – précieuse – petite sœur … Que des inconnus puissent le faire à leur guise sur les méandres de la toile était déjà une pilule suffisamment difficile à avaler pour lui, bien qu’il ait fait au mieux pour cesser de se torturer à ce sujet. Mais les commentaires déplacés et les regards lubriques c’était bien le moins auquel s’exposait Scarlett en débarquant jusqu’ici à l’improviste, raison pour laquelle au moment de la rejoindre Tommy s’était montré un peu brusque, un peu moins emballé qu’il ne l’aurait été si elle était venue le chercher n’importe où ailleurs. « Oui tout va bien. Pourquoi j'aurais des problèmes ? Tes collègues sont pourtant si charmants. » Pour seule réponse il avait vaguement roulé des yeux, et passé son bras sous celui de Scarlett direction la sortie de la zone. Charmants, oui. « Et toi ça va ? T'as l'air au bout de ta vie. » Réajustant son sac à dos sur son épaule, il avait froncé le nez « Non ça va, c’est juste ce mal de dos qui passe pas depuis que je suis rentré. » Mais pour lequel il n’avait pas l’intention de faire quoi que ce soit parce que c’était comme ça que Tommy gérait la majorité de ses problèmes : en espérant qu’ils passent tous seuls. « J'avais envie de te voir c'est tout. Puis c'est sympa ici, ça sent la mer. » avait finalement repris Scarlett, non sans un brin de sarcasme qui avait au moins eu le mérite de dérider – un peu – son frère. « Ouais, une vraie carte postale. » Pour illustrer les ravages de l’activité humaine sur l’écosystème. « Envie de me voir, donc … C’est de vivre sous le même toit qu’une fanatique des pièces montées qui te rend si sentimentale, tout d’un coup ? » Oh il n’avait rien contre la colocataire en question, à vrai dire il ne l’avait même encore jamais rencontrée … Mais le contraste l’amusait. D’autant plus en étant le seul de la fratrie à être effectivement passé par la case mariage, aussi modeste avait-il été, et auquel sans surprise Scarlett avait été la seule des Warren à assister – et surtout la seule que Tommy n’avait pas invitée par pure obligation uniquement. « Tu es venue en voiture ? » Il ne disait pas non à la l’éventualité de ne pas avoir besoin de prendre le bus pour rentrer, si le trajet lui paraissait plutôt court le matin – un peu trop pour se permettre de s’assoupir et terminer sa nuit – l’après-midi il avait la sensation de mettre une éternité à regagner Hughton Avenue. Passés quelques instants, cependant, la sollicitude de Scarlett et ces questions anodines qui s’enchaînaient avec la fausse innocence dont faisait normalement preuve Beth à son égard avaient fini par mettre la puce à l’oreille de Tommy, et lorsqu’elle avait ajouté encore « Quoi de neuf ? Nuit agitée ? » le brun avait interrompu sa marche et jaugé sa sœur avec suspicion « Ok, crache le morceau, qu’est-ce qu’il y a ? T’as la même intonation que Beth quand elle essaye de te faire avouer un truc, je te jure que c’est flippant. » Du moins ça le devenait quand ce n’était pas utilisé par la reine de l’arrondissage d’angles, mais par celle des pieds dans le plat. Elle ne marchait pas sur des œufs, Scarlett, et c’était l’une des choses que Tommy préférait – habituellement – chez elle.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyMer 20 Jan - 15:29

Même avec l'habitude, la lubricité ostentatoire de certains regards était dérangeante. Scar faisait bonne figure, ne niait pas que l'intention était flatteuse, mais elle savait aussi garder le silence lorsque le contexte se prêtait peu à ses humeurs de suffragette. Si elle n'avait pas eu la certitude de la proximité de son frère, qu'elle s'attendait à voir débarquer d'une seconde à l'autre, elle aurait certainement tourné les talons, sans même un regard réticent au peloton qui s'alignait dans l'ombre des tôles qui couvraient le toit du hangar. Elle devait bien avouer que ses choix vestimentaires, souvent jugés provocateurs – mais après tout, elle estimait ne pas être la seule à devoir endosser cette erreur de perception – étaient parfois conditionnés par l'assurance d'être épaulée, soutenue, et qu'elle avait déjà remisé certaines tenues en projetant de rentrer seule après une soirée. Cette réalité avait beau l'indigner, la chagriner au plus profond de son essence féministe, elle était encore assez avisée pour ne pas tenter le diable et porter seule la croix de ses revendications. Quand elle déambulait éméchée dans les rues de Brisbane, elle n'était plus qu'une conscience isolée. Tommy l'avait senti, et si elle s'était appliquée à rester digne, la brune ne lui était pas moins reconnaissante de prendre son rôle de grand frère à cœur. Ce n'était d'ailleurs pas tant son rôle de grand frère que d'homme sensé et respectueux, qu'elle espérait sermonner ses collègues une fois que la pression serait retombée et qu'ils auraient oublié leurs travers machos. Il n'y avait malheureusement pas d'âge pour apprendre la décence. Son frère la tira de ce repère vicieux sans un mot, en agrippant joyeusement son bras comme s'il revendiquait le droit de la défendre. Elle eut beaucoup de mal à réprimer un petit sourire satisfait, alors qu'ils s'éloignaient sans se retourner, et surtout sans savoir où leurs pas les emmenaient. La question de son état fut rapidement déblayée, comme souvent lorsque Tommy préférait s'installer dans le confort du déni. « T'es plus de la première jeunesse mon pauvre Tom-Tom. Tu sais qu'il y a des gens dont c'est le métier, de remettre en place tes vieux os ? » Il avait bon dos... son dos. Ce métier n'arrangeait en rien ses affaires, mais Scar ne se sentait pas vraiment à sa place de lui donner des leçons de vie quand elle profitait impunément de la discrétion dont il faisait preuve à l'égard de ses propres choix. C'était un accord tacite assez défectueux, mais qu'elle n'était pas encore prête à bafouer. Il n'avait évidemment rien gobé de ses prétendus prétextes désintéressés, et s'était engouffré dans le boulevard de sarcasmes qu'elle lui avait offert sur un plateau. Elle roula des yeux à son tour, s'extirpant de sous son bras protecteur maintenant qu'ils étaient hors de la vue de ses pervers de collègues. « Mon Dieu, tu ris mais je crois que la colocation avec Lucia ne fait que me renvoyer tous les jours à la figure à quel point je suis difficile à vivre. J'essaye de faire des efforts. » confia-t-elle avec la conviction que Tommy saurait approuver sans ménagement. Plus ils s'éloignaient de la mer, plus ils s'approchaient de la ville et de la pollution automobile, et plus Scarlett avait l'étrange impression de respirer sainement. Elle opina silencieusement, sachant qu'elle n'avait pas besoin d'offrir ses services de taxi à son frère pour qu'il devine qu'elle était évidemment disposée à le ramener, et ainsi lui épargner l'épreuve des transports alors qu'il s'était levé avant le soleil pour travailler. Il s'arrêta brutalement, et Scar avec lui, comme s'ils venaient de heurter un mur invisible. C'était celui de la perspicacité, qui venait soudainement de le piquer. « Tu viens vraiment de me comparer à Beth ? » interrogea-t-elle faussement offensée. Il avait raison, la cadette des Warren était pourtant réputée pour son franc-parler. Elle n'avait pas tant voulu prendre des gants que tâtonner le terrain avant de lui annoncer la véritable raison de sa visite inattendue. « D'accord, j'ai bien quelque chose à te dire. Il se peut qu'un certain journal, plutôt un torchon qui ferait une merveilleuse serpillière pour nettoyer des chiottes publiques, si tu veux mon avis, ait écrit des choses à ton propos suite à ta participation à l'émission. Des choses concernant ton petit séjour correctionnel au Canada, plus précisément. Je voulais juste m'assurer que tu l'apprennes pas à tes dépens. » Figée, elle le toisait avec un regard de compassion. Il allait certainement s'énerver et, aussi impensable était-ce, ce serait à elle d'être la plus modérée des deux.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyDim 7 Mar - 7:17

Sans que Tommy n’en soit véritablement surpris sa sœur avait pris exactement le même chemin que Lene lorsqu’il avait grimacé en se plaignant de son dos : son grand âge et la certitude que le mal en question ne disparaîtrait pas comme par magie tant qu’il ne s’adressait pas à un spécialiste. Et comme avec Lene le brun s’en était tiré d’un marmonnement bougon et intelligible, tout en sachant bien que sa sœur avait raison … Mais sans la moindre intention de faire quoi que ce soit pour y remédier. Laissant derrière eux la rangée d’entrepôts crasseux pour regagner la route qui les longeaient, il n’avait acquiescé à la prétendue envie soudaine de le voir avancée par Scarlett pour expliquer son irruption fortuite que dans le but de singer son meilleur regard faussement crédule, et la taquiner au passage sur le sentimentalisme derrière lequel elle entendait de cacher. « Mon Dieu, tu ris mais je crois que la colocation avec Lucia ne fait que me renvoyer tous les jours à la figure à quel point je suis difficile à vivre. » avait aussitôt rebondi la jeune femme, sitôt son frère ayant mentionné sa colocataire. « J'essaye de faire des efforts. » À vrai dire il n’en doutait pas, influencé sans doute par l’enfer que représentait à ses yeux le simple fait de vivre en colocation. Vivre avec sa fille ce n’était pas pareil, elle était la prunelle de ses yeux et surtout, il était le seul adulte et donc le seul à commander … Mais vivre sous le même toit que quelqu’un d’autre avec qui il convenait d’organiser un planning des tâches ménagères ou une répartition de l’espace du frigo ? Mweh. « Franchement ton boss exagère, déjà qu’il a mis fin à votre coloc du jour au lendemain, il aurait pu faire un effort sur le salaire pour que tu puisse te réinstaller seule. » Ne serait-ce que pour expier le nombre de fois où il avait dû profiter d'avoir Scarlett sous son toit pour se rincer l’œil – car c’était forcément arrivé.

Ils discutaient, ils plaisantaient, mais plus Scarlett et Tommy avançaient plus ce dernier se sentait submergé par cette impression que sa sœur ne lui disait pas tout. Elle avait cet air de tourner autour du pot et d’avoir quelque chose à dire sans trouver comment mettre le sujet sur le tapis. Un comportement auquel il était habitué avec Beth, leur sœur bien plus soucieuse de ne pas hausser le ton que leur frère, mais dont Scarlett n’était pas coutumière … « Tu viens vraiment de me comparer à Beth ? » s’en était d’ailleurs offusquée l’intéressée tandis qu’il décidait de couper court et de mettre les pieds dans le plat. « J’ai prévenu que c’était flippant. » Le fait néanmoins qu’elle ne cherche pas à réfuter l’accusation prouvait bien que Tommy avait vu juste, et ainsi découverte sa sœur n’avait pas cherché à nier plus longtemps, mettant à la fois fin au suspens … et au semblant de sérénité qu’il restait encore à son frère. « D'accord, j'ai bien quelque chose à te dire. Il se peut qu'un certain journal, plutôt un torchon qui ferait une merveilleuse serpillière pour nettoyer des chiottes publiques, si tu veux mon avis, ait écrit des choses à ton propos suite à ta participation à l'émission. » Des choses à son propos ? Semblait demander le regard incrédule de Tommy. « Des choses concernant ton petit séjour correctionnel au Canada, plus précisément. Je voulais juste m'assurer que tu l’apprennes pas à tes dépens. » Et médusé, en fin de compte, le brun avait écarquillé les yeux et serré la mâchoire, incapable d’une autre réaction que le silence le temps d'assimiler l’information et d’en mesurer la portée. « Qu’est-ce que … Comment ils ont … Mais je … » Un frisson lui remontant le long de la colonne vertébrale, il avait passé une main fébrile sur son visage et murmuré « Papa et maman vont me tuer. » Pourquoi était-ce la première chose à laquelle il pensait ? Il ne saurait le dire, et l’avait même regretté presque aussitôt … Trente-six ans et il arrivait encore à courber l’échine face à leurs parents. « J’en avais parlé à personne … À part vous personne n’est au courant. Comment je vais justifier ça … ? » Ça, son mensonge, ses actions passées, tout. Qu'allaient penser ses voisins, et le peu d'amis qu’il possédait ? Qu'allait penser Love, qui n’avait pas quitté ses semelles durant toute la durée de leur périple télévisé sans se douter de rien ? Et Norah ? Elle avait épousé un policier, jamais elle ne laisserait passer ça. Et Moïra ? « Si ça remonte aux oreilles d’un des profs de Moïra … » Ou aux oreilles de l’un de ses camarades de classe, d’ailleurs. Les enfants savaient être tellement cruels entre eux. Un juron lui avait rageusement échappé, en même temps que le coup de pied donné dans une canette vide ayant eu le malheur de se trouver sur son chemin. « Je peux dire adieu à l’idée de changer de boulot. » avait-il finalement marmonné, l’air maintenant totalement découragé. Ici on ne lui ferait pas d’histoire, la moitié de ses collègues dockers avaient un casier judiciaire – plus ou moins fourni. Mais ailleurs ? Il serait grillé.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyLun 15 Mar - 19:27

La nonchalance était la même, quand Tommy et Scar cherchaient à éluder les sujets pour lesquels ils savaient leur argumentation précaire. C’était sans doute aussi une forme de déni, ou une simple concession que leur fierté gardait muette. En tout cas, elle n’avait pas grand chose à rétorquer concernant les abus de Matt, dont elle ne prenait conscience que lorsqu’on les agitait devant son nez avec plus ou moins de condescendance. La vie en colocation lui paraissait néanmoins plus attrayante, surtout quand elle repensait aux appartements qu’elle avait pu se permettre dans sa courte carrière. À choisir entre se voir imposer un silence introspectif et les conversations parfois totalement futiles de Lucia, Scarlett préférait de loin la compagnie. La seule qui pouvait vraiment la comprendre était Beth, mais elle avait décidé de se focaliser sur leurs différences plutôt que sur les petits détails qui pouvaient les rapprocher. Avec Moira à sa charge, son frère n’était plus tellement légitime à parler d’indépendance. Il troquerait bien temporairement ses impératifs de père célibataire, mais se retrouverait bien vite face à des démons dont sa fille le distrayait la plupart du temps. Seule, Scar n’était plus qu’un condensé de tout ce qu’on lui reprochait d’être. Lorsque Tommy la compara à leur sœur, elle s’offusqua ironiquement de constater qu’elles se ressemblaient parfois, et dut bien admettre que son anticonformisme était bien plus un moyen de garder une certaine individualité que de la contrarier. Jouant la fille choquée, Scar s’insurgea seulement en apparence. Elle n’avait pas le moindre mot pour le contredire, aussi se décida-t-elle à en venir au fait. À ce moment, Tommy n’était plus qu’une cocotte qui menaçait d’exploser. La pression des yeux badauds l’avait peut-être dissuadé. Ou était-ce le choc ? De fait il demeura interdit un instant, se mordant certainement la langue pour s’empêcher de vociférer des injures justifiées. Dans les yeux de Scarlett, une pointe de commisération. Comme un caméléon, son frère passa par toutes les émotions : l’incrédulité, le dégoût, la colère, comme en témoignaient les quelques mots qu’il balbutia, ne sachant qu’elle réaction était la plus appropriée. Face à lui Scarlett  restait compatissante. « Je suis désolée Tom-Tom. Je suis sûre que personne ne lit ça. » dit-elle un brin obligée, pourtant tout à fait consciente que c’était faux. A la vitesse à laquelle filait l’information, elle serait sans doute relayée partout sur internet le lendemain, et ferait un sujet tout à fait anodin à aborder à un dîner de famille. « Et est-ce que tu pourrais pas les poursuivre pour diffamation ? Ils ont pas le droit de faire ça. » Scar essayait tant bien que mal de rester rationnelle alors qu’elle ne connaissait rien au sujet. Pour des conseils avisés, Tommy ferait mieux de s’en remettre à ses aînés. En revanche, il ne pouvait pas être mieux entouré pour entendre des lapalissades réconfortantes. « Comment ils ont pu savoir ? Tu crois que quelqu’un a vendu la mèche ? » demanda-t-elle naïvement. Ce n’était bien entendu dans l’intérêt de personne, si ce n’était du journaliste qui avait passé des semaines à potasser sur son cas, jusqu’à mettre le doigt sur l’information la plus compromettante. C’était un métier, apparemment. Détruire des vies, des carrières et des familles au nom de la gloire d’un buzz éphémère. « Tommy, les gens s’en foutent. Ok je vais pas te cacher que ça va être compliqué pour trouver un patron compréhensif, mais les gens pour qui ça compte vraiment s’en foutent ou le savent déjà. T’as payé ta dette, c’est fini. » avait-elle conclu avec plus d’assurance cette fois.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyMer 21 Avr - 2:50

Mon client n’est pas un délinquant, c’est simplement un homme perdu qui a pris de mauvaises décisions et qui en a conscience. C’était à peu de choses près la rhétorique qu’avait choisi d’utiliser l’avocat commis d’office dont avait hérité Tommy lorsque son méfait avait été découvert, et qu’il s’était retrouvé face-à-face avec des actes qu’il n’avait même pas cherché à nier. Il avait joué et il avait perdu, on aurait presque pu dire qu’il avait l’habitude, lui dont les problèmes d’argents découlaient justement du fait d’avoir trop joué – et tout perdu. Mais qu’il n’ait jamais cherché à minimiser ou à effacer ses bêtises ne signifiait pas pour autant qu’il était prêt à être sans cesse ramené à cela, et à son retour à Brisbane il avait fait au mieux pour tenter de laisser tout cela derrière lui … Quitte à s’assurer que personne n’en sache jamais rien. Sa décennie canadienne avait fini par devenir une parenthèse qu’il n’évoquait plus, un amas de souvenirs tous liés à la mère de Moïra qu’il gardait précieusement pour lui et qui servaient de paravent pour cacher les autres souvenirs, moins reluisants ceux-là. Et tout ça, ces mensonges par omission et ces pirouettes pour arranger la vérité, n’avait finalement servi à rien … et pire, ils risquaient désormais de lui retomber dessus. « Je suis désolée Tom-Tom. Je suis sûre que personne ne lit ça. » Offrant une mine compatissante, Scarlett faisait de son mieux mais ne semblait elle-même pas vraiment croire à ce qu’elle racontait, et l’air un peu las le brun avait fait remarquer avec un fond d’amertume. « Tu l’as bien lu, toi. » Et leur mère le lirait probablement, ou l’une des perruches à brushing qui composait son cercle d’amies, ce qui revenait au même. « Et maintenant il suffit de taper un nom sur Google de toute façon. » Autrement dit il était grillé, pour de bon. Tout ça pour vendre un torchon qui finirait probablement en cornet à fish and chips. « Et est-ce que tu pourrais pas les poursuivre pour diffamation ? Ils ont pas le droit de faire ça. » N’en avaient-ils vraiment pas le droit ? Tommy n’en avait pas la moindre idée. Beth saurait peut-être, elle travaillait dans les médias après tout, elle devait être un peu au fait de ce genre de choses … Mais quand bien même, il faudrait engager un avocat, et les finances du brun n’étaient pas taillées pour une bataille de ce genre. Lorsque sa sœur avait repris « Comment ils ont pu savoir ? Tu crois que quelqu’un a vendu la mèche ? » néanmoins, il avait là trouvé au moins une question à laquelle il possédait une réponse, et ses lèvres s’étirant en un rictus cynique il avait marmonné « Ça par contre j’ai ma petite idée sur la question. » d’un ton mauvais. « C’est cette greluche de Glitters, je suis sûr que c’est elle. Marius lui a dit. » Et quel besoin leur frère avait-il eu d’aller baver à propos des soucis judiciaires de son cadet, ça, c’était encore une autre problématique – il lui faisait confiance. Il ne devrait pas. « Elle m’a déjà fait un sale coup pendant le tournage. » avait néanmoins ajouté Tommy, encore amer de l’huile que May avait tenté de jeter sur le feu entre Marius et lui en utilisant Colleen. Mais soit, il règlerait ses comptes plus tard … Pour l’heure il avait cessé de s’agiter, les épaules s’affaissant dans un soupir résigné. Il ne quitterait jamais plus ces entrepôts crasseux, plus personne n’accepterait de l’embaucher désormais. « Tommy, les gens s’en foutent. Ok je vais pas te cacher que ça va être compliqué pour trouver un patron compréhensif, mais les gens pour qui ça compte vraiment s’en foutent ou le savent déjà. T’as payé ta dette, c’est fini. » Mais les gens qui comptaient n’étaient pas ceux qui faisaient passer les entretiens d’embauche, et aucun patron sain d’esprit ne prendrait le risque d’engager quelqu’un qui avait déjà piqué dans la caisse. Il était reconnaissant envers sa sœur d’essayer de le rassurer, mais à ce sujet il ne se faisait pas trop d’illusions … Et se dispensant donc de rebondir à ce sujet il avait posé sa main sur la portière côté passager de la voiture de Scarlett, et laissé échapper un soupir en croisant son regard par-dessus le toit du véhicule. « J’ai besoin d’un verre. » N’importe qui d’autre lui ferait remarquer qu’il était probablement un peu tôt pour cela, mais Scarlett n’était pas n’importe qui et il comptait surtout sur elle pour lui emboîter le pas. « Peut-être deux. » Tout pour repousser le moment d’allumer son téléphone et d’y découvrir les probables appels en absence de leur mère, en somme.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyMer 28 Avr - 12:18

Scarlett était bien placée pour compatir. Si la peine de son frère, dans tous les sens du terme, était incommensurable, elle l'avait partagée avec lui du mieux qu'elle avait pu. Elle avait pris l'avion à plusieurs reprises à l'époque, et son cœur s'était déchiré à chaque fois qu'elle avait dû l'abandonner à son triste sort. L'imaginer seul et isolé dans sa cellule aussi froide que l'hiver canadien lui nouait l'estomac. Comment pouvait-elle se réjouir de voir Moïra grandir quand elle avait la conviction de voler à son père des instants qui auraient dû lui appartenir ? Scar comprenait comme il avait été difficile pour Tommy de tirer un trait sur ce chapitre sombre de sa vie. Le chagrin qu'elle éprouvait à l'évocation de ces souvenirs était teinté de colère. Elle détestait être ramenée à ce passé révolu autant que lui. Elle détestait que quelques lignes dans un magazine avaient suffi à raviver des sentiments enfouis. Qu'on puisse balayer le travail d'une vie en un fragment de seconde était d'une terrible injustice. Voilà pourquoi elle avait pris autant de pincettes avec son frère. Le temps de quelques minutes, elle avait endossé ce rôle de sœur prodigue auquel les drames de Tommy la contraignaient. Et ce dernier était encore assez humble pour accepter ce soutien auquel les obligeait naturellement leurs liens fraternels. Que pouvait-elle bien lui dire d'autre que des demi vérités vides de sens ? S'il y avait bien une situation dans laquelle Scar consentait à un discours conventionnel, c'était pour ménager son frère préféré. « Par hasard... mais t'as sans doute raison. Ça n'empêche que les gens s'en fichent. Ils oublieront au prochain buzz d'une autre émission. » répondit-elle avec assurance cette fois. Les vedettes d'un jour étaient les anonymes d'un autre. En un clignement d’œil Tommy ne serait plus qu'un visage comme un autre croisé dans la rue, qui s'effaçait au gré des rencontres. Et son passage à la case prison une anecdote dont seuls les admirateurs se souviendraient. « Celle de la télé ? Elle y gagne quoi là-dedans ? C'est drôle, j'avais jamais pensé que les gens de la télé avaient une vie à côté. » avait-elle rétorqué en visualisant le visage impeccablement maquillé de May Glitters réciter son script face caméra. Comment faisaient ces gens quand ils étaient confrontés à la spontanéité de l'ordinaire ? Comme le diable, et en parfait bouc émissaire de toutes les tragédies de la vie de son frère, le nom de Marius avait été invoqué. Quoique Scarlett adorait Tommy de tout son être, elle le savait partial, et quand bien même Marius aurait eu l'étourderie de révéler ce secret à des oreilles indiscrètes, elle l'accuserait d'être maladroit plutôt que sournois.  « Marius a beau être très instruit, il est quand même souvent socialement stupide. Mais on peut lui laisser le bénéfice du doute, non ? Tu crois que c'est dans son intérêt de mettre Moïra en porte-à-faux juste pour le plaisir de se venger ? Parce que ça peut tout aussi bien s'ébruiter chez les parents d'élève. » Loin d'elle l'idée d'affoler son frère, mais c'était une réalité à prendre en compte dans son procès d'intention. Chez les Warren, on avait tendance à prendre l'intrusion pour un affront plutôt qu'une marque d'affection. Peut-être existait-il un autre versant à cette histoire. « Quel coup ? » demanda-t-elle en plissant les yeux, alors qu'ils arrivaient à la voiture. Résigné, peut-être aussi un peu excédé, Tommy avait décrété l'ivresse matinale. Pas choquée le moins du monde, Scar avait échappé un rire sardonique. « Tu veux vraiment un verre, ou une flasque fera l'affaire ? Me demande pas pourquoi j'ai ça dans ma voiture. Des fois les bars c'est surfait. Et c'est une fille qui bosse dans un bar qui te le dit. » dit-elle en désignant la boîte à gants.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyMar 29 Juin - 22:02

Les années passaient, les circonstances aussi, mais Scarlett restait la seule personne à se ranger de son côté sans condition aucune. Pas la moindre objectivité dans tout cela, bien sûr, mais Tommy lui-même admettait sans mal n’en avoir aucune lorsqu’il était question de sa cadette, et en cela il lui était infiniment reconnaissant d’en faire de même avec lui. D’ordinaire pas du genre à ménager ses pairs, la jeune femme prenait pourtant le temps de le faire avec lui alors qu’il tentait sans grand succès de digérer la mauvaise nouvelle qu’elle était venue lui apporter – elle forçait l’optimisme, sans doute pour compenser le pessimisme avec lequel lui-même accueillait la question. « Par hasard ... mais t'as sans doute raison. Ça n'empêche que les gens s'en fichent. Ils oublieront au prochain buzz d'une autre émission. » Les gens qu’ils ne connaissaient pas s’en fichaient probablement, c’est vrai, et bien sûr qu’ils auraient oublié dès la prochaine broutille, peut-être même avant cela … Mais les gens qu’il connaissait ? Eux n’oublieraient pas, et Tommy ne pourrait plus faire comme s’ils n’étaient pas au courant, et comme si cette partie peu reluisante de son passif n’était jamais arrivée. Il ne pourrait plus se conforter dans son propre déni, et c’était probablement ce qui le contrariait le plus. « J’aurais mieux fait de me casser une jambe le jour où je me suis inscrit à ce truc débile. » avait-il alors simplement marmonné, leur piètre parcours à Love et à lui n’ayant pas de quoi faire rêver lui non plus … Comment réagirait la jeune femme, d’ailleurs ? À cette idée le brun avait ravalé sa salive avec difficulté. La seule chose dont il était certain, au bout du compte, c’était que la responsabilité de cette mauvaise farce ne pouvait incomber qu’à une seule personne : May Glitters. « Celle de la télé ? Elle y gagne quoi là-dedans ? C'est drôle, j'avais jamais pensé que les gens de la télé avaient une vie à côté. » Si elle en avait eu une suffisamment remplie elle n’aurait pas passé le temps en montant la tête de Marius avec ses mensonges, pour commencer. « Marius a beau être très instruit, il est quand même souvent socialement stupide. Mais on peut lui laisser le bénéfice du doute, non ? Tu crois que c'est dans son intérêt de mettre Moïra en porte-à-faux juste pour le plaisir de se venger ? Parce que ça peut tout aussi bien s'ébruiter chez les parents d'élève. » Trop brusquement pour qu’il n’ait le temps de penser à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, un « Tu crois que je le sais pas ? » agacé lui avait échappé et laissant échapper un soupir le brun avait secoué la tête avant de se raviser « Excuse-moi. » Elle essayait d’aider (et serait probablement la seule), il était injuste. « Je pense pas que Marius l’ait fait pour se venger de quoi que ce soit. » avait-il alors repris, plus posément. « C’est son amie, il lui fait confiance. Il a pas l’air de se rendre compte qu’elle se moque des dommages collatéraux. » Même si le dommage collatéral en question se trouvait être la nièce à laquelle son grand ami Marius semblait si attaché … Qu’elle ait déjà tenté de semer la zizanie entre les deux frères en utilisant Colleen en était déjà la preuve. « Quel coup ? » avait d’ailleurs questionné Scarlett avec suspicion lorsque son frère avait osé un sous-entendu à ce sujet, et hésitant un court instant Tommy avait vaguement roulé des yeux avant d’admettre « Elle lui a dit que j’avais profité des week-ends off sur le tournage pour inviter Colleen dans ma chambre. » Et leur frère, bien entendu, avait sauté à pieds joints dans les conclusions hâtives qu’espérait son « amie » May plutôt que de laisser à son cadet le bénéfice du doute – si Tommy l’avait déjà fait une fois il était probablement prêt à le refaire une seconde fois, pas vrai ? « J’ai de la chance que Marius m’ait laissé donner ma version avant de m’en coller une plutôt que l’inverse. » Mais ça, le brun était à peu près certain qu’il ne le devait qu’à Moïra et au fait qu’elle aurait pu passer la porte de l’appartement à tout moment. Résigné, un peu las et passablement découragé, Tommy avait estimé que sa sœur et lui avaient suffisamment pris racine et s’était engouffré le premier dans la voiture de Scarlett pour mieux se laisser tomber sur le siège passager en proposant d’aller boire un verre. Laissant échapper un éclat de rire, la jeune femme avait questionné « Tu veux vraiment un verre, ou une flasque fera l'affaire ? » et sorti du même coup une flasque de sa boîte à gants en ajoutant « Me demande pas pourquoi j'ai ça dans ma voiture. Des fois les bars c'est surfait. Et c'est une fille qui bosse dans un bar qui te le dit. » Le gars qui avait bossé plusieurs années dans un bar ne pouvait qu’approuver lui aussi, et se saisissant de la flasque en question il l’avait inspectée quelques instants avant de répondre « Si tu nous trouves un paysage un peu plus engageant que cette place de parking, je devrais pouvoir m’en contenter. » Boire à même la voiture face à la mer, cela avait son charme … Boire à même la voiture coincés entre des entrepôts et des hangars, c’était fait clignoter le mot « glauque » en lettres néon au-dessus du véhicule. « J’sais pas si ça suffira à me dissuader de demander pourquoi tu as ça dans ta voiture, tho. » avait-il finalement ajouté d’un ton narquois, baissant sa vitre pour pouvoir s’accouder à la fenêtre tandis que Scarlett démarrait.
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Message(#)(scarmy) closing walls and ticking clocks EmptyDim 1 Aoû - 19:53

En dépit de son apparente assurance, Scarlett peinait à convaincre. Résigné, Tommy avait conclu avec pessimisme qu'un coup du sort lui aurait été favorable. Si elle en doutait, Scar demeurait silencieuse, hochant les épaules avec une incertitude résolue qu'elle lui concédait par charité, et pour leur éviter un débat stérile. Avec une jambe cassée, il aurait ruminé l'occasion manquée d'une victoire, et de tout ce qu'aurait pu représenter cet argent pour lui et sa fille. Dans tous les cas il se serait senti bafoué, le bouc émissaire d'un destin qui lui refusait toute chance au bonheur. « Si tu savais le nombre de choses que j'aurais aimé faire différemment. C'est fait maintenant, pas de retour en arrière. » avait-elle finalement admis, elle aussi résignée à composer avec toutes les conséquences de ses échecs présumés, ou de ses choix contestables. Comme elle, Tommy avait le sang chaud et disait souvent des choses qu'il regrettait l'instant d'après. Avec un peu de recul, il finirait par trouver quelques avantages à cette aventure, une fois que serait retombée la colère d'une nouvelle qu'elle avait tenu à lui apporter précisément pour en être la cible. Il aurait été désastreux pour son image déjà écorchée que son frère donne raison à une presse qui n'avait pas pris la peine de gratter bien loin pour rallier la peur injustifiée de ses lecteurs. Lorsqu'il monta au créneau, Scarlett ne fut pas plus surprise que vexée. Elle laissa couler, et s'étonna même de le voir se fendre si rapidement d'excuses qu'elle n'avait même pas besoin d'entendre de sa part. « Les choses sont pas forcées de se passer mal. Il existe des gens qui sont plus cléments que d'autres. Tu devrais te concentrer sur ces gens-là. Et que les autres aillent se faire foutre. » C'était un bon mantra, songeait-elle. Si elle trouvait évidemment la réaction de Marius excessive, elle ne pouvait pas le blâmer d'avoir encore quelques réserves en amour. On ne sortait pas indemne d'une trahison telle que celle qui avait pourtant permis la naissance providentielle de Moïra. Elle le trouvait parfois si indulgent et humble, de la considérer non pas comme le produit de son bonheur perdu, mais plutôt d'un amour qui s'était trouvé envers et contre tous. « En fait Tommy, je suis désolée de te le dire mais t'as le caractère idéal pour ce genre d'émissions et cette harpie n'a rien fait d'autre que son boulot. C'est-à-dire fouiller la merde pour faire parler de ses programmes. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais je crois que ta meilleure arme aurait été l'indifférence. » avait-elle affirmé pour le distraire, et fermer la parenthèse d'une guerre fraternelle à laquelle elle avait toujours refusé de prendre parti. Il s'étaient alors engouffrés dans la voiture, laissant sur le bitume tous leurs soucis, et poussant à l'unisson un soupir aussi fataliste que libérateur. « Je connais l'endroit parfait. » avait-elle répondu en allumant le contact. Le moteur avait vrombi comme un vieux tas de ferraille asthmatique sans les inquiéter le moins du monde. « C'est pas une histoire extraordinaire. J'ai juste besoin de courage liquide avant d'aller chez les parents. Je suis sûre que tu comprends. » Il faisait une chaleur atroce dans l'habitacle. Tommy avait baissé sa fenêtre sans se faire prier, et l'odeur nuisible du gazole avait remplacé celle des entrepôts. « Allez en route. On a quelques heures pour oublier tout ça. » La voiture s'élança aussitôt, insouciante.
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