La nuit a été un véritable cauchemar.

Mon parcours m’a mené jusque chez Oakley sans que je ne sache réellement pourquoi. J’ai trouvé refuge sous son toit le temps de quelques heures. Elle s’était à peine endormi que déjà je prenais la fuite. Portable charger au maximum, soleil qui pointait à peine le bout de son nez à l’horizon. Je suis retournée à l’immeuble, toujours à pied, incapable de retrouver l’endroit où j’ai bien pu garer ma voiture. J’ai fouillé mon appartement, puis suis allé frapper à celui qui fut le sien pendant des mois. Pas de réponse. Pas de mouvements, rien. Six heures du matin, me revoilà dans les rues à la recherche d’un fantôme qui a pris la pire des apparences. Mon corps tremble encore à l’idée de savoir Ailis seule avec elle. Ma fille qui doit être si désorientée. Elle avait six mois lorsque sa mère est partie, elle a un an aujourd’hui et je me doute qu’elle se souvienne d’elle. Est-ce qu’elle se demande si je l’ai abandonné ? Tout me paralyse, tout me donne envie de hurler, de tout casser autour de moi. Je tourne en rond dans cette ville de dingue sans jamais la trouver, sans jamais où aller la fois suivante. Je n’ai pas fermé les yeux, mon corps tout entier est tendu, j’ai mal de partout. Alors je marche, je m’arrête dans les cafés qui commencent à ouvrir, je fouille les ruelles, me fait une liste mentale de tous les hôtels qu’il va falloir que j’appelle. J’allais retourner au commissariat lorsque je réalise que je suis à quelques rues de l’immeuble de mon meilleur ami. Lui qui m’a vu partir en furie de la réunion et qui n’a reçu qu’un bref message texte depuis. À bout de souffle, épuisé et sur le point de baisser les bras, je me rends chez lui.

Je frappe doucement à la porte, ne voulant pas réveiller les enfants. À cette heure-ci, Thomas est en train de prendre son café dans la cuisine, je le sais. D’ailleurs, je l’entends marcher jusqu’à la porte. Attendre un peu, probablement jeter un coup d’œil par l’œilleton et finir par ouvrir la porte. Le simple regard qui me lance me force à me mordre la lèvre jusqu’au sang. Je ne craquerai pas, pas maintenant. « Je savais pas où aller. » que je lui dis simplement, entrant dans cet appartement que je considère comme une deuxième maison, faisant face à cet homme qui sera a jamais comme un frère pour moi. « Je l’ai pas trouvé. » Et je deviens fou.

@thomas beauregard

Dire que je ne m'inquiète pas pour Cian serait mentir, bien au contraire. Depuis qu'il a quitté la réunion tellement rapidement, je n'ai eu qu'un seul sms me prévenant qu'Eavan a kidnappé sa fille et depuis plus rien. J'ai tenté de le joindre à plusieurs reprises, mais mes messages et mes appels sont restés sans réponses. La nuit, elle, fut courte. Mes enfants sont chez moi cette semaines et j'ai passé la soirée avec Alex devant un film de son choix alors que Clara et Arthur étaient déjà profondément endormit. J'ai pensé que regardé la télé me changerait les esprits, mais au final, c'est Alex qui a engagé la conversation. N'ayant aucun secret pour mes enfants, j'ai décidé de lui expliqué ce qui me tracasse et cet aveux a engendré une discussion qui a été maintenu pendant de longues heures. Et en me couchant à minuit passé j'étais bien plus serein.

La nuit fut malgré tout bien courte étant donné que mon horloge interne ne connaît pas les jours de permissions, les confondant avec les jours de travail pendant lesquels je me réveil à 5h du matin. C'est donc, avec seulement 4h de sommeil dans les pattes, que je me retrouve dans la cuisine avec mon café et mon journal, bien décidé de me tenir informé des dernières nouvelles. Mais lorsqu'on toque à la porte, c'est une nouvelle peur qui me rattrape. Je sais bien que le seul qui peut débarqué aujourd'hui à cette heure-ci c'est Cian. Et s'il arrive maintenant, sans me prévenir, c'est que ses recherches n'ont pas portées leurs fruits.

Soupirant doucement, je repose ma tasse sur la table puis me dirige vers la porte. Pas un salut, pas un 'ça va', tout de suite un « je savais pas où aller » suivi par un « je ne l'ai pas trouvé » prononcé avec tout le désespoir du monde. Hochant doucement la tête, je me décale et, silencieux, l'invite à entrer. Refermant la porte, j'indique la cuisine où nous nous installons. Toujours sans parler, je me prend encore le temps de prendre une nouvelle gorgé de mon café puis me pince l'arrête du nez et me masse les paupières dans l'espoir de pouvoir chasser un peu de fatigue avant de relève mon regard sur Cian  «Je sais pas quoi te dire » soufflais-je, le cœur serrer avant de me redresser. Je me lève ensuite, fouille un tiroir puis reviens avec une cartes de Brisbane, un stylo et un carnet.  «Tien, dis moi où t'as déjà été» dis-je en étendant la carte devant mon meilleur ami  «Et soit précis » que je reprend en attrapant le stylo près a écrire toutes les informations utiles et nécessaires et même les futiles.

C'est par instinct que je me retrouve devant la porte de l'appartement de Thomas. Je ne savais pas où aller, incapable de me retrouver seul avec mes pensées. Il est là mon refuge, juste entre les mains de celui qui me connaît par coeur. Il est probablement le seul qui pourra me faire entendre raison quand mon être tout entier est déjà voué a mener une guerre sans merci à Eavan. J'ai bien trop erré, mon crâne semble être sur le point d'exploser, j'ai cruellement besoin de retrouver celui qui a toujours été mon roc. Et bien sûr qu'il ouvre la porte sans même poser de questions. Il semble fatiguer Thomas et je m'en veux de ne pas avoir pris le temps de lui donner des nouvelles. En rien, il ne me le reproche, me laissant tout l'espace pour le suivre à l'intérieur. Tout est calme, les enfants dorment encore et c'est sans bruit que je le suis jusque dans la cuisine. La simple familiarité des lieux m'apporte la paix dont j'avais besoin depuis des heures. Je prends un instant pour souffler longuement. Mes yeux, brûlés par les larmes que je ne cesse de retenir, luttent pour ne pas plier sous la fatigue. « Mon portable avait plus de batteries. » que je tente de justifier en vain tant Thomas est déjà en train de prendre sa dose de caféine et tant je vois les rouages de son esprit se mettre en fonctionnement. J'attends qu'il m'éclaire, trop perdu pour trouver un raisonnement dans tout cela.

« Je sais pas quoi te dire. » Un haussement d'épaule en guise de réponse. Personne ne sait quoi dire. Le pire des scénarios est en train de se dérouler. Le signalement à la police devrait permettre à ce qu'elle ne quitte pas le territoire avec ma fille, pour le reste, c'est le flou artistique. Chacune des barrières que je n'avais cessé d'établir sont en train de céder tel un barrage submerger par les flots. Mais il sait s'y prendre Thomas. Il garde la tête froide, concentré sur l'objectif, il passe en mode militaire et je sais que dans ces cas-là, plus rien ne l'arrête. En quelques secondes, il glisse une carte sous mes yeux. « Tiens, dis moi où t'as déjà été et sois précis. » Rien ne l'arrêtera.

Il me faut un instant pour souffler, pour reprendre mes esprits. D'un regard, je lui demande l'autorisation de prendre un peu de café. Je vais en avoir besoin pour rester éveiller, pour rester concentrer. La minute d'après, pencher au-dessus de la carte, je commence à retracer mon parcours. « Je suis allé à l'appartement, à son ancien appartement. Là où vivait le père d'Ailis. Chez des amies à elle, ici, ici et là. » A chaque nouveau lieu énoncer, je laisse une croix sur la carte. « J'ai fini au commissariat, j'ai porté plainte. » que je lui annonce de manière clinique. « Je suis allé faire le tour des bars qu'elle fréquentait souvent. » Et au fur et à mesure de nouvelles croix s'ajoute encore et encore pour former un cercle qui mène tout droit chez Thomas. « Elle répond pas à mes appels, ni à mes messages. J'ai pas été menaçant, ni rien, je lui demande juste de me dire comment va Ailis. » J'ai pas cherché à lui soutirer des informations ou quoique ce soit. Je connais Eavan, je ne dois pas la braquer. « Maintenant ce qui me terrifie, c'est qu'elle quitte le territoire. » Et je crois que là, je ne répondrais plus de rien.

Je ne pensais pas retrouver mon meilleur ami ici. Surtout pas dans ces conditions là en vrai. Il ne mérite pas cela, personne ne mérite d'être témoin du kidnapping de son enfant. Je ne peux que me mettre dans sa peau et imaginer ce qui est entrain de passer par sa tête. Cian a toujours été du genre impulsif, a agir avant de réfléchir et surtout à laisser la panique et la pression prendre régulièrement le dessus sur son cerveau. Aujourd'hui il me prouve encore une fois qu'il suffit d'un simple grain de sable pour enrayer la machine et c'est en panique, le cerveau engourdit par les bien trop nombreuses questions qu'il me fait face là. Il ne peut pas réfléchir correctement, alors je le fais pour lui.

C'est avec mon calme légendaire que je m'avance vers une armoire, que j'ouvre le tiroir et que j'en sors une carte de Brisbane ainsi qu'un stylo. Posant le tout devant lui, je lui demande d'indiquer en détail tous les endroits où il a déjà été. Sans parler, je l'observe énumérer les endroits, mettant des croix en même temps sur la carte. A la fin, lorsqu'il me dit qu'il a vraiment peur qu'Eavan quitte le territoire avec sa petite, je relève le regard

 « Je ne pense pas que ce soit possible pour elle de quitter le continent» affirmais-je sans l'ombre d'un doute  «Tu dis que tu as porté plainte, pas vrai ? » je lance un coup d'oeil vers la carte  « Le kidnapping d'enfants est en général prit de manière vraiment sérieuse. Même si les policiers te semblaient peut-être détachés, je suis persuadé qu'ils sont entrain de remuer toute la ville et appeler leur collègues de Sydney, Melbourne, sans doute aussi Perth ou Adelaïde pour qu'il garde un œil ouvert. Aussi, je pense que les agents des aéroport ont été prévenu et qu'Eavan ne passera pas la sécurité avec Ailis » hochais-je la tête  « De toute manière, elle est très mauvaise comédienne et ne sait pas mentir» sauf quand t'es aveuglé par l'amour que tu lui porte étais-je tenter d'ajouter pour une petite touche humouristique et sarcastique, mais vu la panique dont Cian fait preuve, je ne pense pas que ce genre de paroles soient les bienvenues.

 « Bon» reprenais-je en me penchant en avant pour attraper la carte et la ramener vers moi  « Du coup, d'après ce que je vois là, tu n'as fait qu'une petite partie de la partie sud de la ville. » je me gratte la tête  « Je te propose qu'on appelle du renfort. Rhea et Sam aideront sans sûrement, Nathan pareil et Louis peut-être aussi. Je suis persuadé que même Sullivan sera prêt à venir nous porter main forte» je me redresse et attrape mon portable  «Je vais les appeler. En attendant …. » je me lève, fait quelques pas vers le plan de travail de la cuisine puis revient et dépose mon ordinateur devant Cian  «Crée une affiche avec une photo récente d'Ailis. Ecrit toutes les informations nécessaires, ce qu'elle portait, son âge, sa taille, une description physique détaillées, tes contacts et les miens, bref tout ce qui te semble primordial. On imprimera le tout en beaucoup d'exemplaire et on les affichera un peu partout en ville  »

Ce disant, je me dirige vers la sortie. Mais, passant à côté de mon meilleur ami, je m'immobilise et pose une main rassurante sur son épaule  « On la retrouvera» dis-je en hochant la tête  «Je t'en fais la promesse » et il sait le sait ça, que je faillis jamais a mes promesses.

« Je ne pense pas que ce soit possible pour elle de quitter le continent. » C’est tout ce que je voulais entendre. Il le sait, Thomas, je n’ai pas besoin de lui parler pendant des heures, pour qu’il comprenne, qu’en rien, je ne fais semblant et que c’est une vraie panique qui s’est emparée de moi depuis hier. Il est si sûr de lui dans ses mots que j’arrive à souffler un peu. Ce n’est pas le soulagement le plus total, mais je sais qu’il ne me mentirait pas. Pas lui, jamais. Qu’importe si ce qu’il à dire pourrait me blesser, Thomas choisira toujours la vérité. « Tu dis que tu as porté plainte, pas vrai ? » « Oui, hier. » Et c’est Charlie qui a totalement gérer cela tant j’avais la sensation de vivre l’expérience complètement en dehors de mon corps. Ce ne fut pas simple, mais c’était ce qu’il fallait faire, consigner tout cela auprès des autorités, une bonne fois pour toute. Et il repart dans une explication tout ce qu’il y a de plus rationnel, c’est tout ce qui me rassure, tout ce qui me fait espérer que cette folle histoire pourrait se finir rapidement. C’est tout ce que j’espère en tout cas.

De manière méthodique, on passe la carte de la ville au peigne fin. La formation militaire prends le dessus, tout se doit d’être consigné et analyser. Aucun détail ne doit nous échapper. C’est Thomas qui prend les rennes de l’opération et une fois encore, je me laisse complètement guidé, comme incapable de savoir prendre le dessus. J’ai l’impression d’être coincé dans un cauchemar permanent et j’ai beau vouloir tout donner, je ne suis qu’à moitié présent. « Je te propose qu'on appelle du renfort. Rhea et Sam aideront sans sûrement, Nathan pareil et Louis peut-être aussi. Je suis persuadé que même Sullivan sera prêt à venir nous porter main forte. » Je hoche la tête doucement, je prendrais toute l’aide que l’on voudra bien me donner. « J’ai appelé Sullivan hier. Avant qu’on portable se décharge. » Il n’avait pas répondu mon supérieur et je crois que je suis bien incapable de me souvenir du message vocal que j’ai bien pu lui laisser. « Je sais même plus ce que j’ai dit. » que j’avoue quelque peu bredouille alors que Thomas continue à être dans l’action en me tendant son ordinateur pour que je crée une fiche de disparition que l’on ira placarder dans les rues. C’est pas le cauchemar de tout parent ça ? Elles sont où les caméras ? J’ai la nausée, mais déjà, je sors mon téléphone pour uploader une photo récente d’Ailis où l’on voit bien son visage.

Je sursaute presque lorsque mon meilleur ami vient poser sa main sur mon épaule. « On la retrouvera. Je t'en fais la promesse. » Je ravale ma salive avec difficultés, tentant de combattre les larmes qui menacent de tomber à tout moment. « Il faut qu’on la retrouve. » Parce que je ne saurais faire sans elle. Il le sait, je n’ai pas besoin de lui en dire plus.

L’affiche est prête et imprimée en quelques exemplaires. J’ai appelé une imprimerie pas loin qui s’occupe du reste, on doit aller les chercher dans moins d’une heure. « On commence par où ? » Il faut qu’il me dise, je ne saurais plus par où débuter. « Tu crois que je dois continuer à essayer de l’appeler ? »

Tout ce que je lui dis à Cian, je le pense sincèrement. Je ne suis pas du genre à lui faire de faux espoirs, il le sait ça, plus que quiconque. Alors lorsque j'assure que Eavan ne pourra jamais sortir du territoire Australien avec Ailis, il sait que je ne mens pas et je suis persuadé à 100% de ce que j'avance. Je n'exclue, malheureusement, pas qu'elle puisse sortir du Queensland, mais je sais que les autorités australienne prenne les kidnapping vraiment au sérieux. Donc même si elle a put trouver un moyen de quitter la ville, elle restera bloqué dans les 7 692 060 km² de l'Australie. C'est énorme, certes, mais c'est toujours plus restreint que si elle a pu sortir du pays.

Cian me confirme ensuite qu'il a porté plainte avant que je ne lui demande d'occuper son esprit avec une carte sur laquelle il devra montrer où il a été. C'est ainsi que je me rends compte que malgré tout l'esprit militaire de mon meilleur ami a réussi à fonctionner : il a été méthodique dans ses recherches et c'est déjà un très bon point ! J'étudie longuement la carte avant de relever mon regard et informer Cian que je vais appeler des renforts. Les premiers noms qui me viennent à l'esprit sont ceux de nos collègues et de nos apprentis respectifs.

Alors, tandis que j'indique à mon meilleur ami de faire une affiche avec photoshop sur mon ordinateur, je passe dans la pièce annexe pour appeler ceux que je connais. Comme je m'en doutais un peu, Sullivan est dans l'incapacité de venir, mais Sam, Rhea, Louis et Nathan répondent présent. J'appelle aussi Ida pour lui expliquer le problème et lui demander de venir garder les enfants, ce qu'elle accepte sans problème. Notre supérieur à toutefois dit que si besoin il y avait il pourrait nous envoyer du renfort plus tard dans la journée. Le remerciant pour sa générosité et sa gentillesse, je retourne dans le salon où Cian vient tout juste d'envoyer l'affiche à une imprimerie. Sans me laisser le temps de lui faire un rapide compte rendu, il me demande pas où on commence et s'il devait continuer d'essayer de l'appeler  « T'as plus de batterie» lui rappelais-je doucement avant de hausser les épaules  «Mais non, je pense que ça risque d'être encore plus contre productif » avouais-je  «Mais va voir dans le tiroir là-bas, j'ai une batterie externe que tu pourras utiliser si tu veux, juste au cas où on te contacterait  » ce disant, je vérifie à mon tour combien il me reste de batterie, avant de monter à l'étage pour m'habiller un peu plus décemment.

 «On va attendre ici, le temps qu'Ida vienne parce que je peux pas partir en laissant les enfants seuls ici » expliquais-je en attrapant mes lunettes de soleils  « puis on va chez l'imprimeur pour récupérer les affiches ensuite on rejoint Rhea, Sam, Louis et Nathan a Spring Hill. De là on se séparera en petit groupe pour accrocher les affiches un peu partout et demander aux gens s'ils n'ont pas vu Eavan et Ailis» je m'adosse contre la table face à Cian, croisant les bras  «Et si tu as des choses qui te reviennent tu le dis, ok ? Chaque détail compte » je lui adresse un sourire serein  « Sullivan ne pourra pas nous rejoindre, mais il a dit qu'il pourra nous envoyé du renfort en fin d'après midi en cas de besoin » et je conclue mon plan dans un hochement de tête, jouant un peu avec les clefs de ma voiture.

Il reste pragmatique Thomas, il ne s’épanche pas durant des heures. C’est son côté militaire, c’est la rigueur qui prend le dessus pour gérer la situation. Cela a toujours été comme cela entre nous. Je suis celui qui se laisserait bouffer par ses émotions – surtout lorsqu’il s’agit de colère – il est celui qui sait garder la tête froide, celui qui m’amène vers le droit chemin sans jamais (trop) hurler. On concède d’un plan, on agit comme si Sullivan venait de nous donner une ultime mission. Tout se doit d’être méthodique et calculer. Il me demande d’arrêter d’exploser la messagerie d’Eavan et je l’écoute sans discuter. C’est lui qui sait quoi faire, je ne suis plus vraiment capable de réfléchir de manière censée tant tout cela m’atteint bien trop profondément. « On va attendre ici, le temps qu'Ida vienne parce que je peux pas partir en laissant les enfants seuls ici. Puis on va chez l'imprimeur pour récupérer les affiches ensuite, on rejoint Rhea, Sam, Louis et Nathan à Spring Hill. » Je hoche de la tête fasse a toutes ses informations et perds le fil a un moment donner. Bien sûr qu’ils ont tous répondu présent et je sais qu’aucun d’entre eux n’arrêtera tant qu’il n’y aura pas eu un minimum de résultat. « Et si tu as des choses qui te reviennent, tu le dis, ok ? Chaque détail compte. » Nouveau hochement de tête et soudain la réalisation. « Il faut que je rappelle Martin ! » Il était là lui, il l’a vu. Elle ne lui a pas parlé, enfin je ne crois pas, mais il pourrait parler d’une direction, d’une voiture, de n’importe quoi. « Il l’a vu lui. » Et il s’est pris toute ma colère démultiplié par mille. Je me dirige vers le tiroir que m’as indiquer Thomas pour y attraper la batterie et faire charger ce foutu portable. Il y a pas de temps à perdre et aucun détail à épargner.

Elle arrive aussi rapidement que l’éclair Ida. Elle m’offre une douce étreinte de maman et nous pousse dehors assurant qu’elle resterait avec les enfants autant de temps qu’il le faudra. Clara sort de sa chambre pour nous donner un câlin et c’est tout ce qu’il me fallait pour retrouver un peu de force. « Je sais même plus où j’ai abandonné ma voiture. » que je réalise dès l’instant où je m’installe sur le siège passager du véhicule de mon meilleur ami. C’était probablement devant chez Oakley ou ailleurs. Je repense aux quelques heures que j’ai passées avec la jeune femme et un frisson me prend. « Je suis allé voir Oakley. » C’était dans mes recherches, c’était pour avoir des informations, enfin je crois. « Je lui ai fait peur Thomas… » Et il sait, un peu, parce que je lui en avais déjà parlé de la jeune femme sans jamais trop m’épancher sur son passé. « Putain je suis vraiment un con. »

La disparition d'enfant est un sujet des plus important et je sais que si j'avais été à la place de Cian, celui-ci m'aurait aidé comme je suis entrain de l'aider. C'est pour cela que je me dois d'être tranquille et calme, de ne pas hausser la voix et de ne pas paniquer pour ne pas décupler la sienne. C'est pour cela que je parviens à rester pragmatique et a me concentrer sur l'essentiel sans pour autant oublier les détails qui ont leur importance. J'apprends ainsi que Cian a rencontré Martin qui a vu la tragédie se dérouler sous ses yeux et je grimace un peu, me doutant parfaitement que cet homme a du s'en prendre plein la gueule, mais je ne dis rien et me contente d'exposer le plan.

Ida arrive rapidement, nous promet de s'occuper de nos enfants en attendant, Clara sort de sa chambre pour remonter le moral à son parrain avant que nous ne nous en allions. Montant dans ma voiture, mon regard se tourne vers Cian qui prend place sur le siège passager et j'arque un sourcil lorsqu'il me parle de Oakley qui fut une des premières chez qui il a débarqué hier et qu'il lui a sans doute fait peur. Je fronce légèrement les sourcils, me demandant ce qu'il veut bien dire par là, mais décide que ces questions ne sont pas importante pour l'instant et que nous aurons tout le temps d'en parler plus tard.

Rapidement, nous arrivons à Kangooroo point où Nathan, Rhea et Louis nous attendent déjà. J'explique de manière concise quelle procédure nous suivront dorénavant, je distribue les flyers, donne l'horraire à laquelle nous nous retrouvons à nouveau ici et rappelle encore une fois l'importance de rester en contact et, une fois les groupes formés, nous nous éparpillons. Moi, je reste avec Cian car je suis sans doute le seul à savoir le gérer dans ce genre de situation.  «On va la retrouver » que je répète une dernière fois avant de me mettre en route d'un pas décidé.