@chloe cohen
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La journée avait été longue. Le tournage avait commencé avant même que le soleil ne se lève et tu avais encore cette impression que la chimie ne coulait pas aussi facilement que voulu avec Rory. Tu n’étais pas certaine de comprendre ce qui bloquait, tu voyais bien que le jeune homme était plein de talents et tu essayais si fort – peut-être trop fort? – pour que ça coule entre vous, sans grand succès. Tu voulais croire que ça viendrait avec le temps, tu voulais croire que ça finirait par être naturel avec lui, comme ça le faisait généralement avec ceux que tu partageais l’écran. Chaque chose en son temps que tu t’efforces de te dire encore et encore alors que les scènes sont coupés, que les prises sont à recommencer, que les commentaires se font de plus en plus impatients de la part de Byers. Byers qui a d’ailleurs cette fâcheuse habitude de faire des commentaires qui te perturbe, surtout quand il n’y a personne pour entendre. Ou cette manière qu’il a de mettre sa main dans le bas de ton dos quand il veut te faire des commentaires, cette façon que tu as de sentir son souffle contre ton cou, rien d’agréable ou de désiré. Cette odeur de cigarette et d’aftershave qui te colle à la peau trop souvent après des journées sur le plateau, odeur que tu prétends ne pas remarquer quand il se fait trop pressant, trop avenant. Tu chasses les pensées qui se font de plus en plus envahissantes alors que les semaines sur le tournage filent, tente maladroitement de te convaincre que c’est seulement une part du métier, que tu dois prendre sur toi, que ça va passer. T’es probablement naïve, un brin idéaliste, mais tu n’allais certainement pas causer des vagues pour si peu. C’est ton premier rôle au grand écran, ta première vraie chance de faire connaître ton nom à l’international, te donner une chance de devenir une vedette en Amérique, ton rêve finalement à porter de mains. Tu te concentres sur ça et ça seulement. Tu y tiens. Si fort. Trop fort.

Tu te promènes sur le plateau en direction vers ta loge pour changer de ton costume du jour en quelque choe de plus confortable. Byers t’a demandé de rester dans les parages encore quelques heures, au cas ou il aurait besoin de toi pour quelques touch ups ou même un essayage de costumes pour les scènes qui seraient filmer dans les prochains jours. Tu voulais profiter de ce temps pour peaufiner certains de tes dialogues, pratiquer quelques mouvements de jeu qui ne te semblaient pas encore complètement fluides, et même peut-être profiter d’une petite pause pour appeler chez tes parents, prendre des nouvelles de ton frère. T’es un peu dans la lun alors qu tu passes devant les différentes loges et les différentes sections du plateau, ton nez encore dans ton script à revoir encore et encore les mêmes scènes que tu connais déjà par coeur. T’es une perfectionniste, il n’y a jamais trop de préparation dans ton livre. C’est du coin de l’oeil que tu aperçois une silhouette que tu reconnais mais qui est nouvelle dans cet environnement. Tu croises son regard et lui offre automatiquement un sourire. « Chloe, hey. » Tu ne peux pas dire que tu connais bien la jeune femme qui s’approche de toi, c’est plutôt une connaissance de vue et de nom, comme beaucoup d’autres qui font le même métier que toi. T’as entendu dire qu’elle avait fait les auditions avec Rory pour le rôle de Bonnie et tu ne peux t’empêcher de te demander s’il est possible qu’elle t’en veuille, la blonde, d’avoir eu le rôle à sa place. Si c’est pour cette raison qu’il semble si distant et froid avec toi, le Craine. Tu ne veux présumer de rien, même si ça te semble soudainement logique alors qu’elle te fait face, la belle Cohen. « T’es là pour voir Rory? » que tu demandes, pressant ton script encore ouvert contre ta poitrine. « Je pense qu’il avait encore quelques scènes à filmer avant d’avoir fini pour la journée. »

@penny stringer
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La légende disait que Rory s'emmerdait entre ses scènes, aujourd'hui. La légende étant au final simplement des messages textes renvoyés sans ponctuation, sans smiley, sans émotion aucune. Chloe connaît Craine depuis assez longtemps pour savoir lorsqu'il tourne trop dans sa tête, lorsqu'il oublie le moment présent à défaut des mondes qu'il se crée en s'enfouissant dans ses longues tirades mentales. C'est presque qu'investie de sa toute nouvelle mission de vie qu'elle se convainc elle-même que d'aller le voir une poignée de minutes changera tout, ou du moins, lui en donnera l'occasion. Elle n'est pas ingrate au point de penser être indispensable à la vie de l'acteur, elle est réaliste par contre. L'australienne sait que si son intuition ne se trompe pas et qu'elle a bel et bien une raison de s'inquiéter du moral de son pote, elle ne se pardonnerait jamais de ne pas avoir tout fait en son pouvoir pour venir calmer le jeu. Ce serait mentir de dire qu'elle est zen, de passer sur le plateau de The Trial's End. Les rumeurs vont bon train depuis que le rôle de Bonnie lui est passé sous le nez pour être offert à Penny Stringer, une ingénue aux joues de porcelaine sortie du monde de la télé. Byers l'a récupérée avec toute la délicatesse d'un chirurgien manipulant des instruments faits d'or pour la poser en tête de son nouveau projet. Byers d'ailleurs, qui ne devrait pas être dans les parages aujourd'hui, selon ce qu'Amber au maquillage a laissé savoir entre deux anecdotes de tournage et un café partagé alors que Chloe s'arrête pour discuter avec elle. Le monde est petit et Cohen connaît une large majorité des gens s'activant aujourd'hui sur les lieux où le film récupère ses scènes. Elle évolue dans ce monde depuis une éternité pour les gens du milieu et depuis de bien maigre années pour ceux qui y sont extérieurs. L'important en bref, c'est qu'elle sait faire agir ses contacts au creux de ses sourires le temps de s'assurer que tout est safe, aujourd'hui du moins.

Les rumeurs, donc. Celles qui disent que Chloe Cohen est furieuse depuis qu'on lui a volé le rôle de sa vie. Celles qui statuent par dizaines les raisons nébuleuses qui ont fait passer le scénarios des mains de son agente à celles de l'équipe en charge de Penny. Chloe n'en a rien à faire, de ne pas prêter ses traits à la gangster au béret iconique. Elle vit très bien avec le fait de ne pas passer ses journées à respirer le même air qu'un type qu'elle abjecte, qui l'a poussée à bout, qui lui a tout fait subir au compte-goutte pendant des semaines et des mois au point où elle s'est juste tirée un matin, a juste lâché prise et lâché sa carrière à travers. Depuis elle relativise, fait beaucoup de yoga et boit de l'eau, se donne l'aura d'une actrice en sabbatique qui choisit ses projets avec minutie en prétextant le besoin de changer de registre. Il faut dire qu'elle omet clairement que ce ne sont que les réalisateurs indépendants qui veulent d'elle et non plus les grands noms du cinéma tant Byers l'a salie à la seconde où elle a abandonné son studio par un beau matin de l'an de grâce 2018.

« Chloe, hey. »
« T’es là pour voir Rory? »
« Je pense qu’il avait encore quelques scènes à filmer avant d’avoir fini pour la journée. »

Penny aboutit d'un sens, Chloe arrivait de l'autre. Ça l'amuse, la brune devenue blonde il y a des années de ça, quand elle glisse ses mains dans les poches de son jeans délavé et qu'elle sent au même moment les regards des autres membres du team se vriller en chiens de faïence sur elles deux. Non, elle ne va pas sauter à la gorge de qui que ce soit, et non, elle ne va pas faire autre chose que de répondre au sourire de la tête d'affiche, de la plus naturelle et désabusée des façons. « Quel workaholic, c'est lassant. » elle se moque, ses fossettes creusant ses joues et sa remarque étant facilement associée à un faux reproche. S'il y avait bien quelque chose qu'elle encensait Chloe, c'était de prendre son boulot au sérieux. Le professionnalisme de Rory l'avait épaté à l'époque comme il l'épatait encore aujourd'hui, tout le monde savait ça. « T'as terminé toi? » alors qu'elle demande, son regard dévie une fraction de seconde d'alarme vers la gauche, croyant avoir vu Byers alors qu'il ne s'agit que d'un type avec la même physionomie. Tout ira bien Chloe, il est pas là aujourd'hui. « On vous traite comme des rois, j'ai vu un stand de tacos pas loin. Si t'as faim j'invite. » le kiosque à tacos en diagonale du set oui. Hors du périmètre de danger. Mieux.

@chloe cohen
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Tu étais habituée aux rumeurs. Ça faisait partie du métier, c’était quelque chose qui venait automatiquement avec un certain statut de célébrité. Tout ce que tu pouvais faire, c’est essayer de donner le moins de matériel possibles aux journalistes de pacotilles, ceux qui s’amusent à faire des unes de rien, rapportant du vent la majorité du temps. Des informations transformées selon leur bon-vouloir à partir d’une quote sur instagram ou d’une photo mal-prise ici et là.Tu n’y échappais pas, mais la plupart du temps, tu arrivais à faire fit de ses dites rumeurs, celles sans fond et sans substance. Tu n’étais toutefois pas passée à côté de la vague de rumeurs disant que Chloe Cohen était en colère contre toi, en colère que le rôle de Bonnie lui soit passée sous le nez. Ses mêmes rumeurs disaient aussi que c’est elle qui avait auditionné avec Rory et que si l’affaire semblait gagné d’avance, les choses avaient pris une toute autre tournure.Tu n’avais jamais cherché à confirmer si c’était vrai ou non, qu’elle avait fait les auditions avec Rory. Jamais même pensé à associer le comportement froid de ta co-vedette avec cette rumeur qui pourrait bel et bien avoir un fond de vérité. C’est ce qu’il y a d’intéressant avec les rumeurs – d’une certaine manière du moins – c’est qu’on reçoit parfois des parcelles de vérités, mais jamais ô grand jamais des vérités complètes. Quand ton regard croise celui de la blonde toutefois, tu doutes fort, trop fort. Mais tu fais de ton mieux pour ne rien laisser paraître, amenant rapidement le sujet à Rory qui semble être votre plus grand point commun, du moins dans l’immédiat. « Quel workaholic, c’est lassant. » Ça t’arrache un sourire, même si tu sais qu’une éthique de travail frôlant la perfection est pratiquement un prérequis dans ce métier qui ne réussit pas à tout le monde. « T’as terminé toi? » Tu hoches de la tête légèrement. « On vous traite comme des rois, j’ai vu un stand de tacos pas loin. Si t’as faim, j’invite. » Tu es surprise par l’invitation, peut-être parce qu’inconsciemment, tu t’étais laissée croire qu’elle te détestait pour vrai, d’avoir eu le rôle. Peut-être que ces rumeurs, contrairement à ce que tu étais venue à croire, n’avait aucun fond de vérité après tout. « Avec plaisir, c’est la première fois que je m’arrête assez longtemps aujourd’hui pour manger un petit peu. »

Tu fais quelques pas pour finalement briser toute distance entre la jeune Cohen et toi, hésite à dire quoique ce soit en lien avec le rôle pour lequel tu es toujours costumer. « Je suis désolée de.. » De quoi au juste? De lui avoir piquer le rôle? C’est pas comme si c’était toi qui avait pris la décision au final. Tu cherches encore les bons mots pour terminer ta phrase lorsque tu sens une main dans le bas de ton dos, de ce genre de contacts trop intime et intimidant. Tu raidis aussitôt, devinant trop facilement de qui il s’agit par la simple odeur de cigarette et d’aftershave trop prenant. « Penny, n’oublie pas de venir me voir avant de quitter, je voudrais qu’on repasse deux-trois petites choses ensemble. » Tu peux sentir son souffle dans ton cou tellement il est proche, son visage pratiquement dans le creux de ton épaule alors qu’il semble vouloir jeter un coup d’oeil à ton script, pourtant collé contre toi. Tu sais très bien que ce n’est pas ce qu’il regarde, Stringer. Tu te contentes de hocher de la tête légèrement lorsque Byers se redresse finalement, mais laissant toujours sa main sur ton corps, ce qui t’arrache un frisson d’inconfort. « Cohen, que nous vaut l’honneur de ta présence ici? » Tu peux trop facilement déceler le sarcasme dans la voix du réalisateur et tu ne peux t’empêcher de te demander quelle histoire se cache sous ce commentaire qui ne se gêne même pas d’être pleins de sous-entendus. Tu voudrais répondre, lui porter secours, à Chloe, mais t’es complètement figée sur place, ta parole et ton sens de la répartie complètement disparue. À la merci d’un homme qui sait trop facilement prendre un rôle de dominance sur toi, qu’il est droit de le faire ou non.

@penny stringer
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Rory est toujours sur le plateau et Penny elle, semble avoir envie d'aller se dégourdir les jambes. C'est tout ce qui suffit à Chloe pour lui proposer sans la moindre arrière pensée d'aller partager un morceau en attendant que l'homme de l'heure daigne accorder un peu d'attention off cam aux deux blondes ou au moins à celle d'entre elles qui est apparue comme une fleur sur un tournage qu'on lui a refusé il y a des mois de ça. Dire qu'elle était étonnée de la tournure que le casting avait prise quand Byers s'en était mêlé serait mentir et elle en a foutument marre, de mentir à cause de lui. La voilà donc qui laisse sa potentielle crainte de le croiser si tard dans les parages derrière elle pour troquer son air inquiet par une mine au sourire solaire. « Avec plaisir, c’est la première fois que je m’arrête assez longtemps aujourd’hui pour manger un petit peu. » « On va s'assurer que ça en vaille la peine, alors. » paradoxalement, elle joue toujours le rôle de mère avec ses potes, Cohen. Ce n'est qu'avec eux qu'elle se sent un instinct maternel quelconque, elle qui n'a jamais pensé une seule seconde à devenir mère quand sa carrière - ou actuellement son absence de - occupe son esprit à toutes heures du jour comme de la nuit.

« Je suis désolée de.. » « Hm? » ses prunelles noisettes se braquent au creux de celles de Penny, elle attend sans vraiment la presser. Perdant le fil à la recherche d'une raison qu'elle ne trouve pas pour que la jeune Stringer lui présente de potentielles excuses, elle est conne et elle est idiote et elle est inattentive, l'australienne, quand elle ne repère pas de suite la silhouette de Matthew apparaître dans l'angle. Le serpent qui se faufile sans un bruit, lui qui pue la clope et le parfum bon marché suffisants à eux seuls pour que la respiration de Chloe se bloque au creux de son plexus. « Penny, n’oublie pas de venir me voir avant de quitter, je voudrais qu’on repasse deux-trois petites choses ensemble. » sa voix, sa putain de voix nasillarde, elle l'a de tatouée sur la peau à tous les endroits où ses doigts de malheur se sont égarés. « Cohen, que nous vaut l’honneur de ta présence ici? » elle déteste comment il prononce son nom, elle déteste sentir son coup d'oeil braqué sur elle. Et elle se déteste aussi, beaucoup, de rester muette une seconde de trop avant de redresser le menton et de le fixer sans ne jamais détourner la tête. Pour une fois qu'elle y arrive.

« J'étais juste dans les parages, j'pars aussi vite que je suis arrivée. »
« Ça va devenir une habitude, à force. »

Un an ou presque, qu'elle n'a pas été face à lui. De longs mois passés à tenter d'oublier toutes ces fois où il est allé presque trop loin, où il a presque franchit les limites. Elle avait fait un boulot impeccable à se tirer de son film et à se tirer de la ville, parfois même du pays rien que pour mettre le plus de distance entre elle et lui. Pourtant aujourd'hui il gomme tout l'espace qu'elle avait savamment placé au compte-goutte, il s'amuse à piquer sur leur passif sans que jamais Cohen ne le croit capable de lâcher le morceau. À défaut de l'étrangler ou de lui crever les yeux, les doigts de la blonde s'enfoncent un peu plus profondément dans les poches de son jeans délavés, lorsqu'elle hausse les épaules d'un air désabusé. Ce qui aurait pu se traduire par un majeur bien haut et bien levé se résume par un signe de tête poli, elle qui invite d'un regard Penny à la suivre vers le foodtruck dans l'angle des studios. Elle regarde plus d'une fois par-dessus son épaule pour s'assurer qu'il ne les a pas suivies, qu'il ne s'est pas pris d'un élan de manger des tacos lui aussi, fin rat de gouttière qu'il est. « Et un aller simple pour le Mexique, direct. » les bières n'étaient pas suffisantes, elle reporte donc ses billets sur un pichet de margaritas qui aidera ses nerfs à se détendre. Les commandes sont prises, elle sirote son verre après en avoir servi un bien plein à Stringer lorsque sa respiration reprend un rythme normal. Avec un peu de chance, Penny oubliera d'aller le voir et s'en sauvera pour aujourd'hui ; la voilà, la nouvelle mission du jour de Chloe.

@chloe cohen
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« On va s’assurer que ça en vaille la peine alors. » Un sourire, un autre. Elle a une simplicité qui te fait du bien, la Cohen. Le genre de personnalité qui fonctionne merveilleusement bien avec la tienne en temps normal, et tu voulais croire que ça se pouvait entre vous deux, le normal. Vous étiez toutes les deux des actrices après tout, vous aviez toutes les deux le même rêve, les mêmes aspirations. Tu irais même jusqu’à dire que vous aviez toutes les deux des obstacles similaires, et si seulement tu savais, tu verrais bien que tu es encore plus proche de la réalité que tu ne l’imagines. Mais tu ne peux t’empêcher de vouloir placer des mots sur les non-dits, sur les peut-être, sur les rumeurs qui sont peut-être quelque chose, ou alors rien du tout. Mais tu ne trouves pas les mots alors qu’on t’arrête dans ton élan. « Hm? » Tes yeux ne quittent pas le visage de Chloe alors que la présence du réalisateur t’envahit, te donne l’impression de suffoquer. Tu ne sais pas ce que tu lis sur les traits de la jeune Cohen, mais tu en comprends rapidement qu’il existe un passé entre  la jeune femme et l’homme, un passé qui ne semble pas des plus simples. Tu te souviens avoir lu quelques articles parlant d’un rôle que Chloe aurait dû avoir dans un film de Byers, autre projet qui n’aurait pas eu la fin imaginée. Est-ce que le malaise que tu ressens aurait quelque chose à voir avec ça? Tu essayais de te souvenir des détails des articles, mais tu en étais tout simplement incapable, ton esprit embué par le malaise qui grandit seconde après seconde. « J’étais juste dans les parages, j’pars aussi vite que je suis arrivée. » La main de Byers se presse davantage dans le bas de ton dos et tu peines à garder une mine sans expression, le dégoût qui t’habite soudainement puissant. « Ça va devenir une habitude, à force. » Tu ne comprends pas ce qu’il veut dire, mais t’es contente de sentir sa main se défaire finalement de ton dos. T’as l’impression de pouvoir respirer à nouveau alors qu’il s’éloigne aussi rapidement qu’il est arrivé. Soulagement qui habite ton visage, alors que tu te laisses tirer par Chloe jusqu’au foodtruck en face. « Qu’est-ce qui vient de se passer? » que tu murmures, incertaine qu’elle ait pu t’entendre, la Cohen.

Tu échappes un long soupir alors que devant vous se place un pichet de margaritas, la couleur pétillante du breuvage qui te donne méchamment envie après cette journée, mais surtout après cette interaction des plus inattendus. « Et un aller simple pour le Mexique, direct. » Elle te tend un verre bien plein et tu attends qu’elle ait fait de même avec le sien avant de relever ton verre dans sa direction. « Salud! » que tu t’exclames, sans grande conviction alors que vos verres se frappent l’un contre l’autre, et tu ne mets pas plus longtemps pour ramener le drink à tes lèvres, laissant l’alcool couler le long de ta gorge, la sensation pas désagréable du tout, surtout après ce qui vient de se passer. « J’avais oublié que tu avais déjà travailler pour lui. » que tu admets alors que vous attendez toujours vos repas. Tu te doutes que c’est un sujet plutôt délicat, mais ta personnalité curieuse de nature prend le dessus alors que les questions s’empilent dans ton esprit. « Ça ne s’est pas bien terminé je présume? » Tu ne veux pas répéter les rumeurs, les choses qu’on peut lire dans les journaux à potins ou les titres sont tous plus scandaleux les uns que les autres ne serait-ce que pour obtenir le plus de clics possibles. Tu veux entendre de sa bouche ce qui s’est passé, si elle veut bien te le dire, évidemment. « C’est un homme.. particulier. » que tu avances maladroitement alors que la serveuse place finalement deux assiettes bien remplis de tacos devant vous.

@penny stringer
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« Qu’est-ce qui vient de se passer? »
« T'en fais pas avec ça. On bouge? »

Elle n'est pas là pour faire plus de vagues, Cohen. Contrairement à Byers qui s'est fait un malin plaisir d'étaler ses frasques à la moindre petite et minime occasion, Chloe n'est pas du tout fan de l'idée de faire une scène sur le plateau de tournage qu'on lui a refusé par la faute du même type qui vient de la balayer du revers d'un air mauvais de plus. Rien ne sortira de sa bouche aujourd'hui certainement pas ici et surtout pas à l'intention de Penny qui n'a absolument rien demandé de tout ça. Entre la crainte de se retrouver à nouveau associée à des rumeurs au sujet du réalisateur s'ajoute l'inquiétude que la plus jeune se mette à douter de la légitimité de sa place sur ce set ce qui est complètement hors de question. Les journaux ont parlé, maintenant ils se taisent et Chloe aussi. Vaut mieux.

Qu'elle commande l'alcool en premier aurait dû souffler la puce à l'oreille à Penny, grand bien leur en fasse à toutes les deux que la blondinette ne tacle pas son homologue à ce sujet non plus. « Salud! » leurs verres tintent l'un sur l'autre. L'alcool piquant se mélange au citron vert sur la langue d'une Chloe qui respire déjà bien plus facilement alors que Byers est oublié, laissé las derrière elle au sens littéral comme au figuré. Les tacos crépitent et le fromage grille, Rory terminera ses scènes bientôt et elle pourra quitter cet endroit de malheur où elle n'aurait jamais dû tenter le démon en premier lieu. La journée va bien, maintenant, et une gorgée de plus ne fait que le souligner. « J’avais oublié que tu avais déjà travailler pour lui. » bite me. Sa langue d'ailleurs, qu'elle mord, l'intérieur de ses joues aussi. Elle prend le temps de renvoyer une mèche de cheveux rebelle de l'autre côté de son crâne, Cohen qui gagne de précieuses secondes en sachant très bien que tout ça rend la réponse bien plus attendue qu'elle ne le devrait. Garder son cool est un art qu'elle tente de maîtriser au quotidien ces jours-ci. Oh, l'ironie. « Y'a un moment, oui. » un an et des poussières. 2018 avait été une année merdique en tous points et celui-là gagnait sa place sur le podium sans aucun doute. « Ça ne s’est pas bien terminé je présume? » non, du tout. Chloe s'est barrée, il l'a salie, on en a parlé pendant quelques articles et au moins sur la une d'un journal et puis, un autre scandale avait suivi. C'est la vie qu'ils ont tous choisie, après tout. « Les magazines à potins se sont chargé de dresser le portrait global de la chose, si je me souviens bien. » son sourire s'excuserait presque pour elle. De ne pas avoir envie de parler de cette histoire et de ses détails, encore moins ici et avec elle. C'est de ça dont Chloe est désolée.

« C’est un homme.. particulier. » un connard ouais, particulièrement un raté. Les tacos sont servis et l'australienne prétexte fuir le regard de Penny strictement pour trouver celui aux crevettes et l'autre au ceviche qu'elle a commandés l'eau à la bouche - ou du moins, ce qu'elle est arrivée à faire passer comme tel. Être actrice a dû bon au final, dans ce genre de situation. « Tu dois être impeccable en entrevue. T'as jamais pensé à faire de la politique? » elle se moque, elle sourit aussi, un véritable sourire franc, lorsque ses prunelles noisettes retrouvent les iris de Stringer. Particulier est gage d'autant de positif que de négatif, mais le ton avec lequel elle l'a prononcé clash déjà avec la potentielle admiration qu'elle pourrait avoir envers son réalisateur. Et donc, quelque chose cloche. Elle est bien placée, pour le savoir et le remarquer, Chloe. Par contre, elle sait aussi exactement comment Penny peut se sentir, à ce moment précis. Elle ne dira rien contre lui, il y a beaucoup trop de raisons et de justifications qui l'en empêcheraient d'office. Pourquoi le ferait-elle de toute façon? « Il veut parler de quoi, tu penses? » alors elle tâte, Cohen. Elle lui propose une porte d'entrée comme de sortie, un terrain neutre où elle aura toute la latitude de faire dans la diplomatie sans se foutre dans la merde devant une potentielle collègue. Mais surtout là où d'autres oreilles déplacées pourraient venir s'incruster.

(c) ethereal

@chloe cohen
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« T’en fais pas avec ça. On bouge? » Tu hoches vaguement la tête, suit ses pas rapidement alors que tu n’oses pas retourner la tête. Tu sens son regard dans ton dos alors que la destination approche rapidement, soudainement en sécurité. C’est seulement à ce moment que tu réalises à quel point l’inconfort que tu ressens lorsque le réalisateur approche est fort.Trop fort. Et il n’y a qu’à voir le regard sur le visage de Chloe pour comprendre que tu n’es pas la seule à vivre ou avoir vécu avec ce malaise qui semble grandir jour après jour sur le plateau. Il y a soudainement tellement de choses que tu remets en question, mais tu peines à te concentrer alors que tu t’efforces de retrouver un rythme cardiaque normal. L’alcool qui vient prendre place devant vous aide, il n’y a pas de doute là-dessus. Tu poses une question et tu sens déjà la réticence de Chloe. Peut-être que tu aurais mieux fait de ne rien dire, de faire comme si l’interaction avec Byers n’avait pas eu lieu. Peut-être que tu aurais dû te mêler de tes affaires après tout. Tu détestais quand on te posait des questions sur les différentes rumeurs à ton sujet – qu’elles aient un fond de vérité ou non – et tu ne pouvais qu’imaginer que ce soit la même chose pour la blonde. Tu avais osé pourtant, et maintenant, tu ne pouvais qu’attendre et espérer qu’elle ne regrette pas son invitation.

« Y’a un moment, oui. » Un moment. Tu essayes de te souvenir si tu as vu la jeune femme dans quoique ce soit récemment, si tu as entendu un nouveau rôle qui lui a été offert, mais tu ne penses à rien. Soit tu n’as pas porté attention aux dernières nouvelles du monde cinématographique – ce qui pourrait ne pas être complètement faux puisque tu as été plutôt submergée dans le tournage dans les dernières semaines – ou il n’y a rien qui semble venir pour la jeune Cohen, chose que tu peines à t’expliquer. Certes, elle aurait pu être Bonnie. Elle aurait pu être celle qui offre la réplique à Rory jour après jour. Mais certainement, le fait que tu avais eu la rôle ne pouvait pas avoir tout gâcher pour elle, non? Tu doutes, mais tu ne formules pas la question à voix haute, te contente de prendre une autre longue journée de ton drink, échappant un autre soupir alors que le verre cogne lourdement contre la table. « Les magazines à potins se sont chargé de dresser le portrait global de la chose, si je me souviens bien. » Tu hoches légèrement la tête, un sourire gêné qui se place sur tes lèvres. « Les journaux ont tendance à raconter n’importe quoi, y’a longtemps que j’ai arrêté de croire tout ce que j’y lis. » que tu admets finalement, repensant aux diverses rumeurs qui avaient été dites à ton sujet dans la dernière décennie. « Mais je comprends si t’as pas envie d’aller-là. » De revivre des souvenirs qui semblent douloureux. De tourner le couteau dans une plaie qui pourrait être encore ouverte. Tu es curieuse, mais tu sais mieux que personne que tu risquerais seulement de te la mettre à dos si tu pousses trop fort. Surtout qu’en ce moment, t’es pas encore convaincue d’être du bon côté losqu’il s’agit de Chloe Cohen.

Les assiettes se placent finalement devant vous et vous vous concentrez toutes les deux sur la nourriture encore brûlante devant vous plutôt que de vous attardez plus longuement l’une sur l’autre. Comme si vous étiez persuadées de pouvoir lire quelque chose dans le visage de l’autre qui prouverait des soupçons que de ton côté, tu refuses de voir en pleine face. Tu te diriges sur un terrain glissant pourtant, en parlant de Byers, une faute qui pourrait te coûter cher si tu ne fais pas attention. « Tu dois être impeccable en entrevue. T’as jamais pensé à faire de la politique? » Un rire s’échappe comme un sifflement d’entre tes lèvres. Ça fait longtemps que tu as appris à jouer minutieusement avec les mots. Être en mesure de dire pleins de choses sans dire quoique ce soit. « Je ne peux pas être citer sur ce que je n’ai pas dit. » Après tout, les murs ont des oreilles, surtout dans un endroit aussi bondé que le plateau de tournage, ou il était trop facile de partir des rumeurs. Il n’en reste pas moins que ton non-verbal parle fort sur ce que tu penses vraiment de Byers. La manière dont tes lèvres se pincent, dont tu te raidis complètement dès qu’il passe trop proche de toi. « Il veut parler de quoi, tu penses? » Tu hausses vaguement les épaules, la réalité, c’est que tu n’en as pas la moindre idée. Il a pris cette mauvaise habitude dans les dernières semaines, le réalisateur, de trouver un prétexte comme un autre de te garder derrière à la fin des longues journées de tournage. « Je sais pas. Il dit qu’il aime bien faire un wrap-up avec moi en fin de journée. Comme c’est mon premier long-métrage et tout ça. » C’est le premier film du grand écran de Rory aussi, non pas que tu aies déjà vu Byers l’accoster comme il fait avec toi. Mais mieux vaut prétendre ne rien remarquer, pas vrai?

@penny stringer
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Le but, c'était simplement de passer sur le plateau, d'attraper Rory au vol, de le tirer de là de la plus naturelle et vitale des façons. De s'organiser une petite course autour du plateau, de lui dégourdir les jambes, de changer d'air pour elle comme pour lui avec. Elle s'improvise cavalerie Chloe quand il ne lui a jamais rien demandé, elle est pourtant là à traîner avec Penny en espérant que son ami sache la trouver aussi vite et aussi efficacement que l'a fait Byers. Elle aurait dû y penser, elle aurait dû remettre en doute ses impressions de l'espérer hors du set, elle aurait dû simplement appeler son pote et convenir d'un rendez-vous après sa journée de boulot - pas pendant. Elle aurait dû faire bien des choses Chloe, mais la voilà qui propose de bouger et d'aller manger et ça, aux yeux qui reprennent en étincelles de Penny, ça semble être une solution qui plaît à chacune des parties impliquées. « Les journaux ont tendance à raconter n’importe quoi, y’a longtemps que j’ai arrêté de croire tout ce que j’y lis. » ça fait mal, au début. On cherche du vrai dans tout ce qui est noir sur blanc, les Une deviennent un peu ce qui teinte les conversations entre tous et surtout entre eux. Chaque article et chaque publication prend un fond de vérité quand la grande majorité n'est qu'un ramassis de téléphone arable conçu pour faire plus de mal et de publicité que tout le reste. « Tu les lis encore, toi aussi? » Chloe a arrêté pendant un temps. Avant ça, avec Victor, ils se moquaient de tout ce qu'on pouvait dire sur eux en inversant les informations et en annonçant toujours la mauvaise réponse en entrevue, donnant un point différent à une question similaire. En 2018, la presse l'avait salie presque autant que Byers - aujourd'hui, on parlait d'elle à peine. La transition faisait étrangement autant de mal que de bien.

« Mais je comprends si t’as pas envie d’aller-là. » elle soupire Cohen, son verre de Margarita ayant le rôle ingrat de camoufler ses inconforts au fur et à mesure qu'elle se tend elle-même des pièges. Penny tente et c'est tout à son honneur, mais ce serait mentir de dire qu'elle est à l'aise d'en parler ici comme qu'elle est à l'aise d'en parler tout court. Elle n'a jamais été très douée pour laisser sa vie privée prendre le relais sur le reste Cohen, parfaitement à l'aise dans le rôle de l'huître qui se referme à la moindre brise un peu trop brusque. Parler de ça ici correspond à aborder un vent d'ouragan. « C'est pas que j'ai pas envie. Y'a plusieurs choses dont j'ai envie, le concernant. » elle est allée trop loin, ajoutant un roulement d'yeux censé désamorcer les différentes techniques de torture qu'elle aimerait tester sur le réalisateur. Techniques qui resteront secrètes tant ses lèvres se pincent de force la seconde qui suit. « Mais ça vaut pas la peine de ressasser quoi que ce soit. C'est fait, c'est fini, c'est réglé. On passe à autre chose. » la vengeance ne lui apportera rien, le ressentiment non plus. Autant avancer - sans lui.

« Je ne peux pas être citer sur ce que je n’ai pas dit. »
« Du génie. »

Elle a du nerf, Stringer. Elle fait encore ses marques dans le domaine mais mine de rien, Chloe ne s'inquiète pas pour elle. Et si jamais, Rory ne la laissera pas tomber. C'est un gars de sports Craine, un gars d'équipe. Il lui prêtera manis fortes si elle a besoin ; mais au fur et à mesure que la conversation avance, autant Chloe doute que Penny ne soit pas capable de naviguer dans cet univers toute seule. Elle est belle à voir. « Je sais pas. Il dit qu’il aime bien faire un wrap-up avec moi en fin de journée. Comme c’est mon premier long-métrage et tout ça. » alors elle assure ses arrières d'une question fourbe de plus. « Ça fait du sens. » elle détestait ces rencontres, détestait les justifications qu'il faisait passer comme normales à ces moments. Elle le détestait et le déteste aussi, c'est tout comme, mais ce 'est pas le sujet. « Et ça se passe comment? Le premier film, j'veux dire.  » elle précise, lui offre une occasion de ne pas être citée sur ce qu'elle n'a pas dit. Brillant. « Tu peux rester vague, très politique encore. Pas besoin d'entrer dans les détails ou de me dire que Rory t'énerve au plus haut point. » qu'elle pouffe. le secret professionnel et blablabla. Jamais rien de ce qui se dira à cette table ne sera entendu par qui que ce soit d'autre que les tacos et les restes de miettes de quesadillas.

Une bouchée et une autre. Puis, on en vient à ça. « C'est okay tu sais. Toute l'histoire autour du rôle. »

@chloe cohen
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« Tu les lis encore, toi aussi? » C’est le toi aussi qui t’arrache un léger pincement parce que ça te rappelle que tu n’es pas toute seule. Que les rumeurs, les potins, le trash talk dans les magazines, journaux et plus encore, ça ne te touche pas que toi. Chaque personne qui ose à se mettre devant la caméra, même derrière parfois, se risque à des critiques, des intrusions de la vie privée. De vouloir faire ce que vous plaît le plus, de jouer la comédie pour l’amusant des autres, c’est pratiquement de signer un contrat disant que tu acceptes que le moindre de tes faits et gestes puissent être analyser parce que le public moyen s’emmerde et n’a rien de mieux à faire de son temps. De ne pas lire, c’est de risquer de passer à côté de quelque chose d’important, mais de lire, c’est aussi de s’arracher le coeur au quotidien, de perdre le peu de foi qu’il te reste en l’humain. Alors tu fais moitié-moitié, sachant surtout que si quelque chose de gros sur toi est publié, on risque de t’en parler. Même les gens les plus proches de toi ne peuvent s’empêcher de potiner, faut croire que c’est seulement la manière dont l’homme fonctionne. « Le moins souvent possible. » que tu admets finalement, même si tu sais que c’est impossible de mettre cette partie de ton métier complètement de côté.

T’as l’impression que le non-verbal de la blonde est bien plus éloquent que les mots qu’elle ose t’offrir et tu en comprends rapidement que tu as touché une corde sensible, que cette petite scène entre elle et Byers est quelque chose auquel tu n’aurais probablement pas dû assister. T’es curieuse oui, mais pas au point de te mettre la Cohen a dos juste pour avoir des informations. Après tout, si t’as appris une chose dans ce métier, c’est de mettre une ligne claire et délimitée entre ce qui est de la curiosité et ce qui est de la pure médisance. Pas question que tu tombes dans le deuxième lot, pas après avoir fait trop souvent le frais de la curiosité mal-placée des autres. « C’est pas que j’ai pas envie. Y’a plusieurs choses dont j’ai envie, le concernant. » Et si tu te fies au ton de voix de la blonde et le brin de discussion que tu as vu entre eux, tu te doutes que les choses qu’elle a envie le concernant n’ont rien de positives. « Mais ça vaut pas la peine de ressasser quoi que ce soit. C’est fait, c’est fini, c’est réglé. On passe à autre chose. » Tu te contentes de hocher vaguement de la tête. Tu ne pousses pas plus loin, elle t’a clairement fait comprendre qu’elle avait tourné la page, ou du moins, qu’elle voulait tourné la page. Mais si c’était une page du même livre que tu étais en train de lire? Mais si elle savait, pour Byers? Si c’était pour ça? Des questions que tu n’oses expliciter qui restent sans réponse à défaut de pouvoir lire dans ses pensées. Tu ne l’as connais pas assez pour comprendre toutes les nuances de ce qu’elle dit non plus. Tu en viens donc à la conclusion qu’il y a des choses qui ne peuvent être dites à voix haute, et c’est probablement mieux ainsi.

« Du génie. »
« De la logique. » que tu reprends, avec un rire.

Elle a cette prestance qui est autant intimidante qu’elle est rassurante, Chloe. Avant aujourd’hui, tu appréhendais un peu le moment ou vos chemins seraient amenés à se croiser à nouveau. Mais il n’y avait aucune trace de cette animosité ou cette jalousie que tant décrivaient sur papier et c’était rafraîchissant, de pouvoir parler franchement – malgré les quelques réserves de part et d’autres – avec quelqu’un qui avait été là. Quelqu’un qui savait et qui n’avait pas totalement peur de dire les choses telles qu’elles étaient. « Ça fait du sens. » Si elle le dit, ça doit être vrai, non? You’re overthinking this Stringer. « Et ça se passe comment? Le premier film, j’veux dire. » Il y a un sourire qui se place sur ton visage parce que même si Byers agi comme un nuage sombre au dessus de ta tête, le reste de l’expérience est comme une journée ensoleillée à la plage en plein été. Il n’y a même pas de mots pour expliquer comment tu te sens bien dans cette expérience, malgré les accrochages ici et là. « J’adore. Le film est brillant. L’équipe sait ce qu’elle fait. Ça change définitivement des téléfilms au petit budget. » que tu dis avec un rire. Autant tu avais apprécié chacune de tes expériences, tu savais que tu étais définitivement une coche au dessus sur ce tournage. « Tu peux rester vague, très politique encore. Pas besoin d’entrer dans les détails ou de me dire que Rory t’énerve au plus haut point. » Ton rire se joint au tien, parce qu’il ne t’énerve pas Rory, au contraire. Mais tu n’es pas certaine que lui pourrait en dire autant à ton sujet. « Pas du tout, je pense plutôt que c’est l’inverse même. » que tu dois, sans arrière pensée, mais seulement parce que tu penses qu’elle peut peut-être t’aider, la Cohen. Après tout, elle est assez proche de lui pour venir le voir en plein tournage. « C’est okay tu sais. Toute l’histoire autour du rôle. » Tu lui offres un sourire avant de prendre une bouchée de ton enchiladas. T’es contente de l’entendre dire ça, de pouvoir arrêter de te prendre la tête sur ce qui s’est passé, arrêter de faire le tri du vrai et du faux sur tout ce qui est écrit à ce sujet. « J’crois que c’est plutôt ton partenaire qui vit mal de ne pas t’avoir sur le set. » que tu rajoutes, ramenant une fois de plus le sujet sur Rory. « T’aurais pas des trucs à m’offrir d’ailleurs, pour que je tombe dans ses bonnes grâces? »

@penny stringer
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« Tu les lis encore, toi aussi? »
« Le moins souvent possible. »

C'est une conclusion qui a bel et bien des allures de commencement quand on y pense. Ni Penny ni Chloe ne ment là-dessus, en sachant très bien que c'est une habitude malsaine qui fait autant de mal que de bi- non, du mal, juste du mal. La curiosité est un vilain défaut lorsqu'elle s'immisce à l'intérieur, qu'elle nous donne l'impression d'avoir besoin de tous les éléments du puzzle, quand les miettes qui viennent de la bouche des journalistes en sont souvent des erronées, des malsaines, des difficiles à digérer. Pour l'heure, elles soufflent un peu. Le foodtruck à tacos rend la vie plus belle, plus douce, et pas seulement parce qu'il abrite pléthore de légumes sautés et de fromage grillé. Les guirlandes de drapeaux de toutes les couleurs décorant le camion volent au vent. Les mèches de Chloe n'en ont pas finit de s'en prendre à sa salsa verde au point où à un moment elle en a jusque sur les joues. Quand Stringer rit, quand elle dédramatise, alors Chloe rigole aussi. « De la logique. » on en vient à savoir parler aux médias ou du moins parler tout court, dans ce domaine. Les raccourcis deviennent des mots de passe, les alibis des alias. Elle ne compte plus le nombre de fois où avec Victor ils en ont fait des jeux, de toute cette mascarade. Il lui manque d'ailleurs, son partenaire de crime. Il lui manque tout le temps ces jours-ci, et elle fait comme si ça l'étonne. Il n'y avait rien de plus prévisible que ça, eux qui ont été scotchés l'un à l'autre pendant tant d'années jusque là.

Penny est brillante, elle sait lire la pièce en un seul coup d'oeil. Assez pour comprendre que Byers doit rester loin, le plus loin possible. Dans tous les sens du terme. « J’adore. Le film est brillant. L’équipe sait ce qu’elle fait. Ça change définitivement des téléfilms au petit budget. » alors elles parlent du film. Le fameux film que Chloe devait rager d'avoir perdu, le fameux qu'elle est soulagée d'avoir vu lui être retiré d'entre les mains plutôt. La machine à rumeurs qui se gâte à dire qu'elle enrage et elle qui laisse les potins parler pour elle. Ce serait bien trop suspect si elle démentait, presqu'autant que si elle revenait sur le film de 2018, et sur toutes les merdes qu'elle a dû encaisser jusqu'à quitter le plateau. On disait qu'on n'en parlait plus hen, Chloe? Continue sur cette voie, veux-tu. « Pas du tout, je pense plutôt que c’est l’inverse même. » alors Rory est sa wild card, son éternel golden ticket. « J’crois que c’est plutôt ton partenaire qui vit mal de ne pas t’avoir sur le set. » la voilà qui redresse les yeux et le menton, essuyant ses lèvres d'une serviette de papier qu'elle attrape au vol quand la brise décide de s'en mêler. « T’aurais pas des trucs à m’offrir d’ailleurs, pour que je tombe dans ses bonnes grâces? »

Pauvre blondinette qui gratte ce qu'elle peut. Chloe est attendrie, jamais elle ne la prendra en pitié par contre. Elle sait bien à quel point un plateau peut être un véritable calvaire lorsque sa co-star n'est pas sur la même longueur d'ondes qu'on peut l'être. « Ah ouais, si j'avais su je t'aurais fait des flashcards, de quoi bien réagir rapidement tout dépendant de la situation. » un fin sourire vient marquer ses lèvres, elle essaie d'adoucir le sujet en sachant qu'elle n'a pas la vérité infuse, même si elle doit bien être en mesure de trouver deux ou trois pistes qui pointeraient Penny dans la bonne voie. « Il prend son temps pour apprivoiser les gens, Rory. C'est ce que j'aime le plus chez lui je pense. » sans trop en dévoiler non plus. Elle a une fidélité intense et stricte Chloe, elle est ancrée à son cercle peu importe les gens qui peuvent l'en sortir. Elle y revient toujours, paradoxalement prête à le quitter. Mais Rory, lui, elle le protégerait sur sa vie. « Même si tu sais comment il prend son café ou c'est quoi sa couleur préférée, c'est pas ce qui va changer l'ambiance sur le plateau du jour au lendemain. » c'est probablement pour cela qu'elle creuse un peu plus que les bases. « Montre-lui qu'il peut avoir confiance en toi. » dévoiler sans trop en dire, aider sans trop en faire. C'est un art qu'elle maîtrise parfaitement pour elle, une tactique qu'elle tente d'adapter au mieux pour le profit de son ami. « Si t'es loyale il le sera lui aussi. » c'est la base ça, finalement.


(c) ethereal

@chloe cohen
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Quand le sujet passe de Byers au long-métrage, sans sous-entendu et sans arrière-pensée, t’as l’impression de respirer un petit mieux. Parce que c’est facile de lui dire combien tu prends plaisir à jouer Bonnie Parker. À quel point tu apprends de te retrouver finalement sur un plateau de cette grandeur. Comme si chacune de tes expériences jusqu’à maintenant t’avait préparé exactement pour ça. Et tu ne voulais pas que ça arrête. Et surtout, tu n’avais pas envie de laisser Byers rendre l’expérience moins belle, moins enrichissante. Et tu n’allais certainement pas laisser Rory Craine rendre le tout plus difficile non plus. Si les rapports n’étaient pas encore particulièrement chaleureux entre vous, il n’en demeurait pas moins qu’il savait rester professionnel et à son affaire (comparativement à un certain réalisateur dont tu avais décidé de ne plus mentionner le nom). Toutefois, tu aurais aimé que vos rapports soient plus cordiaux, plus faciles, ne serait-ce que pour faire croire à cette chimie qui était essentielle à tes yeux entre Bonnie et son Clyde. Tu ne sais pas si tu fais la bonne affaire en demandant conseils à Chloe, mais tu te dis que tu n’as rien à perdre après tout. Si tu peux faire quoique ce soit pour aider à une relation harmonieuse entre Rory et toi, tu vas le faire. « Ah ouais, si j’avais su je t’aurais fait des flashcards, de quoi bien réagir rapidement tout dépendant de la situation. » Ton rire joint le sien. Tu sais qu’elle plaisante, mais tu les aurais pris, ces flashcards. T’es persuadée qu’elles seraient très pratique. « Si jamais tu trouves le temps... » que tu ajoutes, un sourire aux lèvres, le ton à la blague malgré le fond de vérité. Tu prends une autre bouchée de ton repas, essuie un peu de salsa laissé derrière sur le bord de tes lèvres. La vent de cette journée d’hiver se lève sur le plateau Il ne fait pas froid, loin de là, mais la présence du vent frais témoigne du temps qui passe, du mois de juillet qui achève.

« Il prend son temps pour apprivoiser les gens, Rory. C’est ce que j’aime le plus chez lui je pense. » Tu hoches la tête, et tu te demandes soudainement s’il n’y aurait pas quelque chose de plus entre Rory et Chloe. Après tout, tu ne connais pas ni un ni l’autre de manière très personnel, et les deux ne sont pas du genre à se pavaner en public ou être très volubile sur leurs vies privées, chose que tu respectes puisque tu es pareille à ce niveau-là. Le moins tu vois ton nom dans les journaux, le mieux tu te portes. « Même si tu sais comment il prend son café ou c’est quoi sa couleur préférée, c’est pas ce qui va changer l’ambiance du jour au lendemain. » Elle n’a pas tort après tout, mais tu te dis que ça ne peut pas te nuire. « Mais chaque attention va m’aider, tu ne crois pas? » Si tu montres que tu t’intéresses à lui, certainement il va finir par comprendre que ce n’est pas de ta faute si tu as obtenu le rôle plutôt que la Cohen. Tu peux qu’espérer que tu as gagné le rôle de manière honnête, mais le monde du cinéma étant ce qu’il est, tu ne pouvais savoir à cent pour cent. « Montre-lui qu’il peut avoir confiance en toi. » Tu comprends ce qu’elle essaye de te dire la Cohen, mais ce n’est pas vraiment quelque chose que tu puisses faire concrètement. « Si t’es loyale, il le sera lui aussi. » Le temps alors. Le temps allait prouver si Rory pouvait te faire confiance ou non. S’il allait finalement accepter de s’ouvrir à toi ou non. Pas de formule magique, pas de petits mots tout préparé d’avance. T’es presque certaine que t’es sur le point de te mettre les pieds dans les plats avec la question qui te brûle les lèvres, mais tu oses, parce que la curiosité, bien qu’elle soit un vilain défaut, elle gagne toujours avec toi. « D’ailleurs, toi et Rory... » que tu commences maladroitement, tes doigts tapotant contre ton verre à moitié vide. « C’est seulement un ami, ou bien…? » Elle a utilisé le mot j’aime après tout, c’est une question légitime, non?

@penny stringer
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Elle n’en fera pas, des notes, ni même un guide 101 de Rory pour le non-initiés. Elle n’en voit pas l’utilité surtout lorsqu’elle sait que sur un plateau, une fois qu’il a pris ses marques, Craine est celui dont on n’arrive jamais à décrocher les yeux tant il est charismatique, tant il met tout le monde à l’aise. Elle saura apprendre à le lire Penny, elle saura réussir à se faire une place dans sa vie. Il lui semble difficile d’approche simplement parce qu’elle a peur de faire une erreur, qu’elle a peur d’aller trop vite ou trop mal dans la mauvaise direction. Chloe sert strictement à la rassurer. Il faut qu’ils se développent des routines bien à eux, des insides, des secrets. Ce que Chloe a avec son ami est extrêmement différent de ce que Penny aspire à construire avec lui et c’est tant mieux. Personne n’aime faire dans le copier-coller, personne n’aime non plus qu’on dévoile ses secrets à quelqu’un qui n’a pas encore fait preuve de pouvoir les mériter. Elle joue les avocats du diable Cohen, le rôle lui va à merveille à défaut d’en avoir un vrai de rôle, à jouer.  « Mais chaque attention va m’aider, tu ne crois pas? » « Noir, avec un trait de miel. Et je l’ai jamais entendu se plaindre de porter du bleu. » la voilà qui cède, petit à petit, morceau par morceau. À Penny de tester alors, de voir si elle dit vrai. Qu’elle en fasse un jeu, une vérité pour un mensonge, ou un truc du genre.

La margarita n’est plus, les tacos ne sont pas loin derrière et la journée avance, elle aussi. Quand Chloe décide d’en donner un peu plus et d’expliquer le fonctionnement de Rory à Penny, les hochements de tête et l’air concentré de la blonde l’attendrissent. Elle note vraiment, mentalement, elle en garde une trace. Son avis ne compte en rien à Chloe, elle n’a pas la prétention de croire qu’elle peut dire au brun avec qui elle veut le voir traîner et avec qui elle pose son veto pour qu’il mette les voiles, autant qu’elle ne l’autoriserait jamais à avoir pareil discours avec elle. Pourtant, elle a soudainement confiance en Penny autour de celui qu’elle considère comme l’un de ses plus proches amis. « D’ailleurs, toi et Rory... » oh, qu’elle la voit venir. « C’est seulement un ami, ou bien…? » l’envie de laisser planer le mystère rien que pour que Stringer se sente un point mal à l’aise d’avoir posé la question est bien trop forte pour qu’elle laisse l’occasion passer. Relevant la tête, elle vient planter son regard dans celui de la plus jeune, ajoutant une seconde de plus et encore une au compteur. Le carnage ne s’arrête que lorsqu’elle finit par laisser ses fossettes se creuser une place sur ses joues de porcelaine. « T’en penses quoi? » c’était son jeu préféré, d’entendre ce que les gens se racontaient en la voyant elle, seule ou accompagnée. Elle préférait bien plus leurs versions à la sienne, de toute façon. La vérité est nulle et la vérité fait mal. La vérité c’est qu’elle n’a d’yeux que pour un gars qui l’a sans doute aimée avant mais qui ne l’aime plus du tout maintenant. Un gars parti à l’autre bout du globe quand elle avait plus besoin de lui que de quoi que ce soit d’autre, un gars qui la connaît par cœur mais qui n’a pas été en mesure de voir que l’égo de Cohen lui cachait bien plus que juste une déception cuisante camouflée derrière un okay, bien sûr que je pense comme toi le jour où ils ont annulé leur mariage. Depuis, elle triture son annulaire un peu moins, depuis elle a appris à se dire que c’était pour le mieux et à force, elle arriverait presque à y croire. Presque. « On a jamais été plus proches que ce qu’a montré la caméra. » elle finit par lâcher dans un rire, jugeant que Penny a eu assez de temps pour flipper et se faire tous les scénarios possible dans sa tête avant que la vérité ne vienne se mettre entre elles deux. Et juste pour s’assurer que sur ce sujet-là elles sont à nouveau sur la même longueur d’ondes, Chloe précise, se levant une seconde ensuite du banc. « T’as le champ absolument libre. » un clin d’œil et un malaise en prime, elle file le rejoindre, Rory. Dans l’angle elle l’a vu apparaître sur le plateau, beau comme un cœur, épuisé comme pas un.

(c) ethereal