@swann mcgrath
- - - - - - - - - -

Tu avais mis quelques jours avant de prendre ce rendez-vous. Repoussant continuellement l’inévitable. Depuis l’arrêt du tournage en février, tu avais pris un rôle plus administratif à l’organisme d’Autism Queensland et cela voulait dire écrire beaucoup plus qu’à l’habitude, autant sur l’ordinateur que des fichiers à remplir à la main, et ton poignet, il n’appréciait pas la charge nouvelle de travail à laquelle tu te donnais depuis quelques mois. Si tu avais fait tes suivis de kiné avec Swann assez fréquemment dans les mois qui avaient suivi la fin du tournage, tu ressentais un certain malaise à retourner le voir après que des photos de Rory et toi se retrouvent en couverture de tous les journaux à potins australien possibles. Des copies et des copies de cette photo avec en titre bien gras une variation quelconque laissant croire à une histoire amoureuse existant entre le jeune Craine et toi. Des rumeurs toutes plus sordides après chaque article que tu t’étais pourtant promise de ne pas lire. Laissant les mots t’atteindre plus que de raison, te replongeant sans cesse à cette soirée dont tu ne voulais plus te souvenir mais qui semblait te coller à la peau, malgré tout, malgré toi. Si tu savais que Swann n’avait absolument rien à voir cette histoire, tu savais toutefois qu’il demeurait l’ex petit-ami de Rory et qu’il aurait sans doute une opinion sur toutes les rumeurs qui circulaient sans cesse depuis plus d’une semaine. Tu avais hâte que les rumeurs se tassent. Tu avais hâte que l’année se finisse. Tu avais hâte de te réveiller de ce cauchemar et réaliser que ce n’était que ça : un mauvais rêve. Mais il n’y avait pas de réveil en vue. Qu’une réalité à affronter jour après jour et ton poignet pour te rappeler que tu ne pouvais pas repousser ta thérapie plus longuement.

Tu avais songé à aller voir un différent kinésiologue. Après tout, il y avait plus d’un spécialiste à Brisbane. Mais tu n’avais pas envie de recommencer à zéro avec quelqu’un avec qui tu n’as jamais travaillé. Quelqu’un a qui tu devrais tout répéter, refaire un plan de traitement, expliquer les différentes faiblesses, possiblement des nouveaux scans pour étudier l’étendu des dégâts. Swann, il savait déjà tout. Il savait le pourquoi du comment et par dessus-tout, il savait comment t’aider. C’est donc avec une certaine appréhension que tu étais maintenant dans la salle d’attente  à espérer qu’une fois dans la salle avec le jeune Mcgrath, que le sujet s’en tienne à ton poignet. Tes doigts tapotent maladroitement la couverture d’un vieux magasine – dans lequel tu n’apparais pas, thank god – en attendant qu’on t’appelle. La salle d’attente est pratiquement vide, que toi et une autre jeune femme qui n’arrête pas de te dévisager, se demandant probablement si tu es vraiment qui tu es, un look auquel tu as dû t’habituer au fil des années. Le prix de la célébrité que ta mère te rappelle toujours, une fierté qui ne mourrait pas dans sa voix. Elle était et serait toujours ta plus grande fan, tu n’avais aucun doute là-dessus. On appelle finalement ton nom et le visage de la jeune femme assis face à toi s’illumine, comme si elle était si fière de t’avoir reconnue. Tu lui offres un sourire alors que tu passes à côté d’elle en direction vers la petite salle dans laquelle Swann travaille. Il n’est pas là alors tu prends place sur l’une des chaises, et n’attend qu’une minute ou deux avant qu’il n’entre à son tour. Tu te forces à sourire le plus naturellement du monde – un échec. « Swann, hey. Comment tu vas? » Faux air enjoué, c’est qu’on oublierait presque que tu es une actrice d’expérience, Penny. « Mon poignet me fait encore des misères. » que tu admets tentant de te détendre, tentant de prétendre que tout est normal, qu’il n’y a pas un gigantesque non-dit qui prend place entre vous. Après tout, il pourrait ne pas savoir. Il pourrait ne pas avoir vu les photos, ne pas se renseigner sur son ex petit-ami. Il pourrait vivre paisiblement dans l’ignorance. Et t’as vraiment envie de croire que c’est le cas. Optimiste, tu resteras éternellement.

Honnêtement, il se sent mal à l’idée d’être dans une relation qui le rend pleinement heureux mais de pourtant toujours ressasser le passé avec nostalgie, se demandant ce qu’il aurait pu arriver si jamais il n’avait pas quitté Rory. Il se dit qu’il aurait pu lui laisser une chance, finalement, tout comme il se dit qu’il n’aurait pas dû tant se rapprocher de la jeune Whitemore alors qu’il était encore en couple. Ce ne sont que des doutes et des remords qui s’ajoutent à la liste déjà infiniment longue mais pour côtoyer Lucia tous les jours et d’entendre encore régulièrement parler de Rory - de manière voulue ou non -, il est pourtant forcé d’avouer que cela ne l’aide en rien à passer à autre chose. Les récents photos parues dans la presse laissant sous entendre une idylle avec sa compagne à l’écran ne sont qu’une pierre de plus à l’édifice déjà bien assez douloureux à observer. Ils évoluent dans le même monde, ont le même âge, les mêmes centres d’intérêts. Ils sont les étoiles montantes que tout le monde adore et adule, rafraîchissant frénétiquement les pages Google lorsqu’ils cherchent leur nom, à la recherche des dernières nouveautés dans leur vie ou des photos d’eux lors de cérémonies en tout genre. Ce n’est pas une vie à laquelle Swann aspire, loin de là, mais il ne peut pas en dire autant pour leur complicité à l’écran de toutes sortes de caméra. Celle qui lui a fait le plus mal a inévitablement été l’instant volé par un paparazzi, on ne sait trop où, on ne sait trop quand. Ils étaient proches et ils étaient heureux, les gros titres sous entendaient une idylle naissante et l’anglais, lui, n’a pas voulu en lire plus. Pour peu il lui reprocherait de passer trop tôt à autre chose quand, de son côté, son couple avec Lucia date déjà de nombreux mois. Son argument restera que c’est pas pareil.

Il ne leur en veut pas d’être heureux, loin de là. Aujourd’hui Penny comme Rory sont deux amis et s’ils savent contenter l’autre dans sa vie alors il pense sincèrement que c’est une bonne chose. Ses propres sentiments n’ont pas lieu d’être, et pour une fois cela se rapproche bien plus de la vérité que de son déni habituel de la réalité. Il se tient aussi à l’écart des on dit, aussi plausibles puissent-ils être, parce que c’est son professionnalisme qui continue de l’emporter sur le reste et avec ce dernier, la relation patient / docteur qui prône avec Penny. Son rendez vous était pris avant que tout ne soit publié, de toute façon, et si même cela n’avait pas été le cas jamais il ne l’aurait pour autant accusée de vouloir enfoncer le couteau dans la plaie. Il l’accueille avec un large sourire sur les lèvres, bien plus franc que celui qu’il échange avec ses autres patients. Comme déjà dit, elle est aussi une amie. « Swann, hey. Comment tu vas? » Elle est une amie qui devient soudainement une bien pitoyable actrice, bien loin de ce dont il l’a vu être capable sur les plateaux de tournage qu’il a pu observer quelques fois. “Bien. J’imagine que si tu viens me voir, ce n’est pas ton cas cependant.” Égoïstement, il n’a pas envie de lui retourner la question pour qu’elle devienne aussitôt solaire et lui expose tous les bienfaits que lui apporte sa nouvelle relation. Pour les avoir déjà expérimentés, il les connaît bien. « Mon poignet me fait encore des misères. » Avalant sa salive en même temps que ses reproches enfantin, il reprend rapidement son sérieux et lui propos de s’asseoir sur le fauteuil approprié et lui laisser voir son poignet qu’il a désormais l’habitude de soigner et d’observer sous toutes les coutures.

Après quelques secondes silencieuses sans ne rien pouvoir observer d’alarmant au niveau de ses articulations, il lui pose une question sans même relever les yeux en sa direction. “Est ce que tu as été plus stressée que d’habitude, ces derniers temps ?” Et s’il avait pu ne pas lui poser une telle chose, croyez le qu’il s’en serait aisément abstenu. Ça revient à dire est ce que la publication de photos volées de ta vie intime et personnelle t’ont stressées, Penny ?, ce à quoi la réponse reste bien évidemment : oui. Il a étudié la médecine et non pas la psychologie (fort heureusement, grand Dieu), mais il sait pourtant que les deux sont bien plus liés que les gens ne veulent bien le croire. Un pique de stress aurait aisément pu ranimer de vieilles blessures. “Ou est ce que tu es sur un tournage en ce moment ? Tu as repris une activité physique intense ?” Si la raison de son mal est ailleurs, il en serait le premier ravi. Il est bien plus aisé de soigner le corps que la tête, bien souvent.

@swann mcgrath
- - - - - - - - - -

Tu es consciente que c’est complètement ridicule d’être aussi nerveuse à la simple idée de voir Swann. Swann qui oui, est l’ex de Rory, mais qui est aussi d’abord et avant tout – tu l’espérais du moins – un ami maintenant. Quelqu’un qui avait réussi à adoucir ta relation de travail avec Rory justement. Swann était d’ailleurs probablement celui qui avait fait en sorte que tu puisses être aussi proche du jeune Craine aujourd’hui. Mais pas proche comme le laisse entendre tous les articles bidons. Tu sais aussi que c’est Swann qui a pris la décision de laisser Rory, suite à ce qui s’est passé en février. Et si tu avais toujours ressenti une certaine culpabilité, ne serait-ce que parce que c’est ton secret que Rory s’efforce de garder depuis si longtemps, ce dernier t’avait rassuré qu’il y avait plus sous cette histoire que ce secret. Et tout ça, ça ne te regardait pas. Ça faisait partie de leur histoire à eux, de leur passé à eux et jamais tu n’avais tenté de presser ni l’un ni l’autre des hommes pour obtenir plus de détails sur ce qui s’était réellement passé. Alors pourquoi est-ce que tu te sentais si nerveuse à l’égard du jeune McGrath? D’autant plus que dans les faits, tu n’avais rien à te reprocher. Oui, les rumeurs disaient que Rory et toi étiez un couple, mais ce n’était que ça, des rumeurs. Inventées de toutes pièces, fabriquées à l’aide de photo prise dans un contexte qui reflète tout sauf que ce qui est mis de l’avant. Il te suffirait de lui dire ça, à Swann, et faire ainsi tomber tout le doute. Mais plutôt que de prendre le chemin rationnel, tu continuais de te tourmenter avec toute cette histoire, allant même jusqu’à te demander s’il t’en voudrait, le brun, d’oser ressentir quelque chose pour son ex. Comme si le Craine demeurait sa propriété, malgré les mois qui s’étaient écoulés.

Tu te demandes s’il est aussi nerveux que toi, McGrath, lorsqu’il rentre dans son bureau et t’offre un sourire. Si c’est le cas, il ne le laisse pas paraître, étant soudainement un bien meilleur acteur que tu ne pouvais l’être. « Bien. J’imagine que si tu viens me voir, ce n’est pas ton cas cependant. » T’as même pas idée. que tu penses, sans toutefois le verbaliser. Tu te contentes de hocher vaguement de la tête, amenant ton poignet devant toi pour lui faire part de la cause de tes soucis. C’est qu’un poignet qui fait mal semblait bien petit à côté de tout le reste, mais c’est bien le seul de tes problèmes avec lequel Swann peut t’aider. Il attrape ton poignet doucement, tourne ce dernier dans tous les sens, probablement dans l’espoir de voir ou de ressentir quelque chose d’anormal dans ce dernier. Tu fais une légère grimace lorsqu’il pousse ce dernier vers l’arrière, l’inconfort se faisant ressentir une fois de plus. Rien d’insupportable, juste assez pour être tannant, surtout dans les journées ou tu dois écrire beaucoup. « Est-ce que tu as été plus stressée que d’habitude, ces derniers temps? » Tu échappes un petit rire nerveux, sans même t’en rendre compte. Stressée n’est même plus le bon mot pour dire comment tu te sens, surtout depuis l’apparition des photos maudites. « Un peu. » que tu murmures, incertaine de véritablement vouloir te lancer dans cette discussion avec le jeune homme. Après tout, il n’avait rien dit en ce moment qui laissait croire qu’il avait lu les rumeurs ou vu les photos. Pour l’instant, tu pouvais vivre dans le déni. « Ou est-ce que tu es sur un tournage en ce moment? Tu as repris une activité physique intense? » Tu hoches négativement de la tête, les mots qui quittent tes lèvres avant que tu penses vraiment à ce que tu es en train de dire. « Non, pas de tournage depuis... » Eh merde. Moment de silence, petit malaise qui s’installe. Tu échappes un léger soupir avant de finir ta phrase. « … depuis février. » Tu sais, quand tu t’es séparé de ton ex, un peu par ma faute? Les doigts de ta main libre viennent trouver tes lèvres alors que tu commences machinalement à te ronger les ongles, mauvaise manie qui témoigne trop fort de ton anxiété. « Je sais pas si t’as vu.. » que tu commences, un peu maladroitement alors qu’il a le dos tourné. « Les photos, les rumeurs.. Sur Rory et moi. Y’a rien de vrai là-dedans. » C’est que tu as du mal finalement, à vivre dans le déni.

Le rire précédant la réponse de Penny n’a rien de rassurant et bien loin de là, ce n’est qu’un rappel de plus pour le McGrath qui sait se trouver dans une position difficile avec cette amie et patiente. Il hoche la tête avec conciliance, pourtant, faisant passer sa santé avant toute chose, surtout ses propres histoires de coeur. Entre les murs du cabinet, il ne devrait jamais être question de lui même ou de ce qu’il peut bien penser ou ressentir. « Un peu. » A cela il comprend “beaucoup” mais n’en pipe mot, bien conscient que cela n’aiderait personne de la rectifier à voix haute. Pour l’avoir assez côtoyée, il sait à quel point elle est une bonne personne - peu importe à quel point il a pu se briser de l’intérieur en lisant ce qui était dit à propos d’une possible relation entre elle et Rory. Les journaux mentent, ils mentent toujours. Mais quand même, cela reste une possibilité. Après tout, leur couple n’allait pas bien à ce moment là déjà, il aurait pu ressentir le besoin de trouver du réconfort ailleurs, avec une personne qu’il côtoyait chaque jour depuis de longues semaines et autres mois. Cette personne n’aurait jamais pu être Swann.

« Non, pas de tournage depuis... » Elle n’a pas besoin d’aller au bout de sa phrase pour qu’il comprenne où elle souhaite en venir, c’est donc avec hâte qu’il hoche la tête pour ne pas que ses mots aillent plus loin. Une fois de plus, c’est un échec. « … depuis février. » Swann a beau tenter de toujours rester professionnel, cette fois-ci il a bien du mal à garder un visage de marbre. Ses muscles se crispent et se descrispent, ses dents mordent sa langue et ses lèvres. En face, Penny trahit tout autant son mal être. Ils ne sont que deux adultes mal dans leur peau, quand bien même chacun ne souhaite que le meilleur pour l’autre ainsi qu’aller de l’avant, tous ensemble. Si seulement c’était aussi simple à dire qu’à faire, ils n’en seraient pas là aujourd’hui. Le pire dans tout ça, c’est que ses réponses n’aident en rien à offrir une réponse pour un quelconque diagnostic, il garde donc son poignet entre ses mains, même si son esprit peine à rester concentré sur la tâche. « Je sais pas si t’as vu.. » Il déglutit, baisse le regard. Peu importe ce sur quoi elle veut l’interroger, la réponse est oui. Bien malgré lui, il suit toutes les actualités et toutes les nouvelles. Il se dédouanera en disant que ça fait la une des journaux et qu’il tombe dessus par hasard ; ceux qui le connaissent vraiment savent qu’il n’a jamais été du genre à regarder ce genre de nouvelles. « Les photos, les rumeurs.. Sur Rory et moi. Y’a rien de vrai là-dedans. » “Tu as mal constamment ou par période ?” Ses iris remontent, brillantes et suppliantes. Ne parle pas de lui s’il te plaît. Ne parle pas de vous. C’est encore trop tôt. Ca fait encore trop mal, surtout. Son coeur s’accélère encore lorsqu’il entend son nom et sa peau se souvient des marques qu’il y a laissé. C’est encore trop tôt pour tourner la page et leur souhaiter d’être heureux, peu importe à quel point Penny tente de le rassurer et les pseudo-journalistes, eux, d’enfoncer le couteau dans une plaie qu’ils ne soupçonnent même pas. “Ça ne me regarde pas, Penny, tu sais.” Il radoucit la chose quelques secondes plus tard, tentant de lui offrir un brin de sourire pourtant sincère. Il n’a pas son mot à dire, il ne l’a jamais eu, et c’est bien mieux comme ça. Il n’entend pas quand elle dit “y’a rien de vrai”, parce qu’il n’y voit qu’une tentative de sa part de s’excuser alors qu’elle ne devrait pas avoir à le faire. Ce n’est pas de sa faute, ni celle de personne. "Je suis juste ton médecin aujourd'hui, et si ça n'a pas rapport à ta santé alors je te souhaite simplement d'être heureuse."

@swann mcgrath
- - - - - - - - - -

La dernière chose que tu souhaitais en venant à ton rendez-vous, c’était de rendre les choses plus inconfortables que de raison avec le jeune McGrath. Mais plus tu voulais être à l’aise et faire semblant de rien, moins tu l’étais. Et s’il ne laissait rien paraître, tu le sentais par les silences qui s’installaient déjà entre lui et toi que la situation n’en était pas une des plus communes. Ça aurait pu être si simple pourtant. Ce n’était que des rumeurs après tout. Tu aurais pu ne pas te prendre la tête avec ça et en rire un bon coup dès le départ. Peut-être que ça aurait été plus clair ainsi. Au lieu de cette danse maladroite de non-dits et de silence lourd qui disaient le contraire de ce que tu souhaitais. Tu peinais à expliquer à ton entourage pourquoi ces rumeurs t’affectaient autant. Ce n’était pas la première fois qu’on te disait en couple avec une quelconque célébrité. Ce n’était pas non plus ton premier scandale. Mais c’était la première fois que la vérité sous les rumeurs étaient d’une horreur sans nom. Une horreur que tu trainais avec toi sans cesse. Une horreur que tu n’avais pas encore osé dénoncé, malgré le support et le soutien du jeune Craine. Alors comment expliquer à Swann que les rumeurs sont fausses si à lui non plus, tu ne peux pas tout avouer?

T’as presque l’impression de parler dans le vide alors que Swann évite ton regard. Son non-verbal cri toutefois, lorsque le prénom de Rory est mentionné. Tu la sens jusque dans le fond de ton ventre cette tension qui prend toute la place et tu ne peux t’empêcher de t’en vouloir de lui faire vivre ce moment particulièrement pénible. Peut-être aurait-il été plus sage après tout de recommencer tes traitements ailleurs. « Tu as mal constamment ou par période? » Tu déglutis difficilement. Ton poignet, il semble bien insignifiant dans le contexte actuel. Ta douleur physique moindre comparativement à la douleur émotionnelle que tu captes chez le jeune McGrath. Douleur émotionnelle que tu connais toi aussi trop bien, à ta manière. « Par période » que tu lâches, sans grande conviction alors que les doigts de ta main gauche viennent entourer ton poignet droit. « Surtout les journées où j’écris beaucoup. » Tu te doutes bien que la cause vient du mouvement répétitif, vaut mieux le mentionner. Aussi bien tenter de régler le problème alors qu’une discussion plus personnelle semble être impossible dans le moment. Et puis ses yeux se relèvent enfin vers toi et la culpabilité grimpe en flèche une fois de plus. Parce que tu sais que tu ne peux pas laisser la situation ainsi. Si t’es douée pour prétendre sur un plateau de tournage, t’as jamais été très bonne pour faire semblant de rien dans ton quotidien. Du moins, ça c’était avant. « Ça ne me regarde pas, Penny, tu sais. » Tu hoches légèrement la tête, mais t’es pas certaine que t’es véritablement d’accord avec ce qu’il dit. Non, Rory n’est plus son amoureux. Oui, ça fait un moment déjà. Non, ce n’est pas la rupture la plus houleuse ou la plus difficile qui soit. Mais Rory reste d’abord et avant tout la raison pourquoi Swann et toi êtes des amis. Et dans ton livre à toi, ça compte. « Bah un peu quand même. » que tu tentes maladroitement. « C’est important pour moi que tu saches la vérité. » que tu lâches finalement parce qu’au final, elle est là, la cause de tes angoisses. Tu veux simplement mettre les pendules à l’heure. Ou du moins, le plus possible. « Je suis juste ton médecin aujourd’hui, et si ça n’a pas rapport à ta santé, alors je te souhaite simplement d’être heureuse. » Tu commences à être agacée soudainement. Parce que t’es pas capable toi, de faire complètement la part des choses. De séparer l’ami du médecin. Pas envie de devoir le faire non plus. Et étrangement, ça n’avait jamais été un problème avant aujourd’hui. Tu l’avais vu plusieurs fois depuis février, et tu réalisais facilement que votre amitié serait compromise si tu venais à réellement être avec Rory, peu importe ce qu’il semblait en dire. « Il est là le problème Swann, t’es pas juste médecin et cette situation, elle ne me rend pas heureuse. » T’es un peu plus brusque cette fois. Pas parce que tu veux lui faire du mal volontairement, au contraire. T’as juste pas envie de compromettre votre amitié pour une histoire qui n’existe que dans les magazines à potins. « J’ai pas l’intention de te parler de lui pendant des heures ou rien. Mais malgré ce que les journaux disent, on est pas ensemble Rory et moi. » que tu répètes, avec plus d’envergure. « Et j’ai pas envie que chaque rendez-vous soit aussi maladroit à cause de ce que les paparazzis peuvent inventer. T’es mon ami Swann. » Emphase sur les derniers mois, en espérant qu’il s’ouvre un peu au dialogue, le McGrath. « Et puis t’as l’air heureux de ce que je vois, sur les réseaux sociaux... » Peut-être que tu n’aurais pas du dire ça. Peut-être que cette phrase va venir enlever tout le poids à ce que tu as dis auparavant, mais tu n’avais pas pu t’en empêcher. S’il avait tourné la page, le jeune médecin, alors pourquoi est-ce que ça semblait si pénible d’imaginer Rory en couple?

Il tente vraiment d’utiliser la carte du "professionnalisme" pour éviter les questions de Penny ad vitam aeternam mais il peine déjà à se mentir à lui même, le petit McGrath, alors le faire à une amie semble impossible. Il a beau tenter d’éviter son regard, déglutir et se concentrer sur la tâche du moment, force est de constater que son esprit est bien ailleurs et qu’il ne risque pas de revenir de si tôt. Elle a évoqué le sujet de Rory et lui, il est toujours incapable de laisser la simple évocation de son nom couler comme si de rien n’était. Il est tout sauf rien, justement, et Swann en vient parfois à penser que c’est le cœur du problème. « Par période. Surtout les journées où j’écris beaucoup. » Alors il voudrait lui dire de ne plus écrire autant, il voudrait lui dire qu’il ne peut rien faire de plus et qu’elle peut par conséquent sortir. Il voudrait être seul, Swann, parce que c’est le seul moment où il se sent le moins mal pour faire face à ses émotions et autres sentiments. Pourtant il a la carte du professionnalisme entre les mains, encore, et ce genre de pratique lui est interdite. Entre les scénarios les mêlant, elle et Rory, il tente tragiquement de trouver un diagnostique à la jeune actrice ou de quelconques conseils à lui prodiguer.

Elle reprend plus vite que prévu, pourtant, le délogeant avec force du déni confortable dans lequel il venait de trouver refuge. « Bah un peu quand même. » Non, je te jure que non est un mensonge qui reste bloqué dans sa gorge et n’arrive jamais à franchir la barrière de ses lèvres. Lui même ne sait pas pourquoi exactement, mais le sujet reste toujours aussi difficile à aborder. La culpabilité d’agir tel un éternel adolescente ne cesse de le ronger mais ce n’est pas pour autant qu’il arrive à quoi que ce soit de plus. Ses doigts se délogent finalement du poignet de Penny, maintenant qu’il comprend qu’ils s’apprêtent à parler de bien des choses si ce n’est sa santé. « C’est important pour moi que tu saches la vérité. » Lui a cessé de la chercher il y a bien longtemps, trop souvent confronté à des personnes qui refusaient de la lui montrer. Sa mère n’a jamais voulu lui donner l’identité de son père et cedit père n’a jamais voulu reconnaître sa paternité ; tel a été le cercle vicieux dans lequel il a grandi et a un jour cessé de vouloir vivre. Aujourd’hui, il est un adulte qui se contente d’aller au plus simple, parce que la plupart du temps cela suffit à repousser ses problèmes à une date indéterminée et c’est très bien ainsi. « Il est là le problème Swann, t’es pas juste médecin et cette situation, elle ne me rend pas heureuse. » Son sourire est douloureux à ce moment précis puisque la seule chose qui lui vient en tête c’est que même après avoir tenté de faire au mieux pour chacun, personne n’arrive à être heureux. Elle ne l’est pas alors que Rory a gardé son secret. Rory ne l’est sûrement pas alors qu’il est supposément dans une nouvelle relation et Swann ne l’est pas non plus alors qu’il l’a justement quitté pour tenter d’accéder à un bonheur plus viable. « J’ai pas l’intention de te parler de lui pendant des heures ou rien. Mais malgré ce que les journaux disent, on est pas ensemble Rory et moi. » Soit. Ils le seront tôt ou tard. Si ce n’est pas aujourd’hui à la une des journaux, ce sera sans doute demain dans l’intimité d’un de leurs deux lofts luxueux. Il n’est pas jaloux, Swann, il se dit simplement que c’est la vie dont il a longtemps rêvé et qu’il la voit aujourd’hui se dérouler avec une mauvaise co-star. Penny a tout pour être heureuse et il le lui souhaite, mais ce n’était pas supposé se passer ainsi. Voilà sa conclusion. « Et j’ai pas envie que chaque rendez-vous soit aussi maladroit à cause de ce que les paparazzis peuvent inventer. T’es mon ami Swann. » Elle l’est aussi. Il n’en a pas envie non plus. S’ils sont d’accord sur tant de sujets, alors pourquoi est ce que tout reste si compliqué et l’anglais si silencieux ?

« Et puis t’as l’air heureux de ce que je vois, sur les réseaux sociaux... » A cette phrase précise, pourtant, il remonte instinctivement ses yeux dans ceux de son amie et laisse son expression devenir plus dure. “Pourquoi est ce que t’en fais un reproche ?” Elle semble accuser alors il en fait tout autant. Il n’a partagé que des bribes de sa vie privée et voilà déjà que tout lui revient au visage tel un boomerang indélicat. “Tout le monde a l’air heureux sur les réseaux sociaux, Penny, c’est leur but.” Ses mots se font plus tranchants maintenant qu’il se sent attaqué en plein cœur par une personne qu’il estime pourtant beaucoup. Elle ne sait pas à quel point il a justement cherché à atteindre le bonheur toute sa vie durant ni même à quel point cette phrase, pourtant si simple, est comme une lame enfoncée en plein cœur. On lui reprochait de ne pas être quelqu’un d’assez joyeux et voilà qu’aujourd’hui on lui reproche de trop l’être ; c’est à se demander quand est ce qu’il arrivera à trouver la juste mesure des choses, lui qui a déjà touché la trentaine. “Tu veux que je cherche ton nom pour trouver toutes les soirées où tu es allées, les prix que t’as reçu et les photos faites avec des fans ? Je peux aussi aller chercher les photos des paparazzis, si t’as le temps, vu qu'apparemment tu souhaites vraiment en parler.” Il ne voulait pas aborder le sujet parce qu’il anticipait déjà réagir comme un animal blessé, préférant mordre plutôt que de comprendre la situation. “J’ai demandé la vérité y’a neuf mois et je l’ai pas eu. Maintenant tout ce qui en découle, ce ne sont plus mes affaires.” L’australien a préféré tenir sa langue et en toutes autres circonstances Swann aurait su apprécier sa loyauté à sa juste valeur. Ce soir-là, pourtant, cela n’a pas été le cas et neuf mois plus tard, cela ne l’est toujours pas. Parfois il se dit simplement que les journaux ont raison et que ce qu’il n’a pas voulu avouer était une tromperie avec Penny, que le coup de poing perdu avec Byers se résume à une histoire de jalousie. Il se dit que ça fait sens, parce que ce n’est pas le genre de chose que l’on peut avouer à son petit ami. Il se dit aussi que ce n’est plus son problème, donc, et peut être qu’un jour il agira réellement de manière à mettre en action toutes ses pensées plutôt que de réagir comme un enfant.

@swann mcgrath
- - - - - - - - - -

Tu n’es pas certaine d’aller quelque part avec ton monologue, les mots sifflés entre tes lèvres tous véridiques pourtant, mais peut-être un brin maladroit. Et puis le jeune docteur, il reste silencieux, presque passif alors que tu essayes pourtant si fort d’obtenir une quelconque réaction de sa part. Tu aurais dû savoir que ton poignet ne resterait pas le sujet central de la conversation, que tu le veuilles ou non. C’est un peu de ta faute toutefois si ça dévie autant. Si devant la caméra tu sais jouer la comédie avec un grand talent, t’as rarement été en mesure de transmettre ce talent à ta vie privé. T’as toujours eu besoin que la vérité soit mise de lavant, peu importe le coût. Ou du moins, c’était le cas avant l’agression avec Byers. Seule histoire que tu préférais garder pour toi. Secret qui avait coûter cher autant au jeune homme devant toi qu’à Rory. Tu le savais qu’il avait eu le cœur brisé, le Craine. Et t’avais fait de ton mieux pour être là, pour recoller les morceaux de son cœur alors qu’il tentait bien que mal de rafistoler les morceaux de ton être. Mais ça, tu ne pouvais pas l’expliquer au jeune McGrath, même si tu le savais que ça lui donnerait enfin la pièce du puzzle qui lui manque dans une partie de son histoire. Peut-être que t’étais égoïste au fond, de garder ça pour toi, mais tu ne savais plus comment faire autrement.

Et puis tu les dis, les mots de trop. Cette réplique qui vient changer complètement la tournure de cette conversation déjà plutôt malaisante. Tu n’avais aucune mauvaise intention alors que les mots franchissaient tes lèvres, mais il te suffit de croiser le regard de Swann pour comprendre le sous-entendu trop évident de ce que tu venais de dire. « Pourquoi est-ce que tu en fais un reproche? » T’as la bouche qui s’ouvre légèrement, mais aucun son ne traverse tes lèvres cette fois. Tu voudrais dire que non, ce n’était pas un reproche, loin de là, mais t’es figée sur place alors qu’il reprend la parole avant même que tu ne trouves quoi répondre. « Tout le monde a l’air heureux sur les réseaux sociaux, Penny, c’est le but. » Tu prends encore quelques secondes avant de redevenir quelque peu fonctionnelle et tu puis tu hoches la tête. Il a pas tort après tout, mais reste qu’il n’est plus tout seul, le McGrath. Qu’il a cette fille dont le nom t’échappe dans le moment qui semble heureuse de l’avoir lu, dans sa vie. « Je sais ça, c’était pas un reproche. Juste un commentaire. » que tu avances, un peu sur la défensive, mais tu le sais qu’il est déjà trop tard. Une ligne vient d’être franchie et il n’y a pas moyen de revenir en arrière. Faut que tu assumes maintenant, ce que tu as dis comme tout ce que tu voulais vraiment dire. Tu nies, mais il n’a pas complètement tort. Tu comprends pas pourquoi c’est si dramatique si lui, il a tourné la page. Pourquoi ça semble être la fin du monde alors que lui, il est déjà bel et bien ailleurs. C’est pas de tes affaires, qu’elle te dit, la petite voix dans ta tête. Celle de la raison, qui dit qu’il vaudrait mieux changer le chemin de cette conversation avant qu’il ne soit trop tard. Mais t’as plus le contrôle. La raison est bien loin. Vous êtes au cœur de ces émotions qu’on réprime trop souvent et maintenant, il faut vivre avec. Peu importe les conséquences.

« Tu veux que je cherche ton nom pour trouver toutes les soirées où tu es allées, les prix que t’as reçu et les photos faites avec des fans? Je peux aussi aller chercher les photos des paparazzis, si t’as le temps, vu qu’apparemment tu souhaites vraiment en parler? » « Pardon? » que tu t’exclames aussitôt, prononçant chaque syllable trop fortement parce que tu peines vraiment à croire les mots qui s’échappent de la bouche du brun. « T’es vraiment en train de comparer ce que TU choisis de poster volontairement sur les réseaux sociaux avec les rumeurs que je me tape depuis des mois? T’es sérieux là? » Tu bouilles Penny, et le sujet est glissant, dangereux. T’as les poings qui se serrent et les bras qui viennent se placer sous ta poitrine alors que ta respiration se fait plus rapide. « TU as le contrôle de faire croire ce que tu veux. Alors viens pas faire comme si t’étais la pauvre victime dans toute cette histoire, le rôle ne te va pas bien du tout. » Tu le penses pas vraiment. Tu le sais qu’il a eu sa part de moments difficiles dans les derniers mois, mais tes mots dépasse ta pensée et tu continues sur cette lancée parce que tu ressens le besoin de te défendre jusqu’au bout. « J’aimerais bien te voir réagir quand tu réalises que des moments de ton intimité te sont volés pour être analysés sur la place public. Et que quand t’essayes de t’expliquer auprès de tes proches, on met ta parole en doute. Tu vas voir, c’est super agréable. » Tu prends une grande respiration, t’as l’impression que tu vas exploser tellement ça vient te chercher. T’as l’impression de bien peu connaître le jeune homme qui te fait face. Comme si votre amitié, au final, ne tenait qu’à votre lien respectif avec Rory. « J’ai demandé la vérité y’a neuf mois et je l’ai pas eu. Maintenant, tout ce qui en découle, ce ne sont plus mes affaires. » Tu ne peux t’empêcher d’échapper un rire sarcastique. Ça en revient toujours à ça. À ton putain de secret. « La vérité c’est que tu te cherchais un moyen de te sortir de cette relation et t’as décidé de me mettre ça sur le dos plutôt que d’avouer que ton cœur était plus avec Rory. » Tu dis n’importe quoi, mais n’importe quoi pour ne plus ressentir la charge sur ton dos. « Tu connais Rory assez bien pour savoir qu’il a pas frappé ce mec sans raison valable. Si ça t’en prend plus, bah ça, c’est pas mon problème. » que tu dis finalement, levant les mains au ciel.

How the fuck did we get here?

Commentaire ou reproche, il ne voit plus vraiment la différence, Swann. Le fait est que ces mots n’auraient jamais dû exister ni même franchir la barrière de ses lèvres parce que Lucia n’a pas à être mêlée à toute cette histoire. C’est bien ce dont il est question, non ? Elle est la seule présente sur ce foutu réseau social, elle est la seule qui dénote du trio formé par lui et les deux acteurs il y a de ça une vie. Elle est la seule qu’il a tenue à l’écart de tout ceci, la seule dont il n’a religieusement pas parlé pour ne pas risquer de la perdre d’une façon aussi mystérieuse et douloureuse que ce fût le cas pour Rory. Et aujourd’hui, à son tour, elle se voit propulsée sur le devant de la scène.

Il sait avoir à son tour franchi la ligne rouge lorsqu’elle répond d’un pardon ? déjà lourd de sens et tout autant de conséquences. Swann a tenté de rester professionnel parce qu’il se doutait bien être incapable de rester de marbre si tôt ce rôle relégué au second plan et c’est finalement ce qui est en train de se passer. Il voudrait lui dire de ne pas plier son poignet ainsi parce que ce n’est pas bon, mais finalement il enrage à son tour en entendant tout ce dont elle a à lui faire part. Il sait que ses mots étaient aussi maladroits qu’inappropriés et que leurs deux situations ne sont pas comparables mais ce qui a été dit ne peut déjà plus être corrigé, peu importe à quel point il le voudrait vraiment. « T’es vraiment en train de comparer ce que TU choisis de poster volontairement sur les réseaux sociaux avec les rumeurs que je me tape depuis des mois? T’es sérieux là? » Ce qu’il se dit, pourtant, le petit blond égoïste au cœur brisé, c’est qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Il se dit qu’à vivre pendant des mois avec les mêmes personnes, il y a forcément des liens qui se créent. Il se dit qu’il ne les connaissait peut-être pas aussi bien qu’il le pensait et juste après il se déteste de tant ternir leur mémoire ; tout comme il déteste Penny de débarquer dans sa vie et la chambouler aussi facilement et brutalement. Adoptant la même attitude que son amie, il revient se caler au fond de sa chaise, les bras croisés et le regard haineux. « TU as le contrôle de faire croire ce que tu veux. Alors viens pas faire comme si t’étais la pauvre victime dans toute cette histoire, le rôle ne te va pas bien du tout. » Le rire qui s’ensuit est gras, faux, blessé. “Tu ne me connais pas.” Le rôle de la pauvre victime lui sied à merveille, au contraire, et il n’a pas besoin d’être devant la caméra pour commencer à jouer un rôle qui n’est pas le sien. Pourtant ce n’est ni le moment ni le lieu de lui prouver une telle chose et il voudrait que les décibels reviennent à leur niveau d’origine et que leur ego cessent de parler à la place de leur cœur. La pauvre victime aux rêves enfantins, voilà tout ce qu’il a toujours été, derrière les apparences.

« J’aimerais bien te voir réagir quand tu réalises que des moments de ton intimité te sont volés pour être analysés sur la place public. Et que quand t’essayes de t’expliquer auprès de tes proches, on met ta parole en doute. Tu vas voir, c’est super agréable. » Dos au mur, dans tous les sens du terme, l’anglais souffle. A cela il n’a rien à répondre et même en faisant semblant de mal interpréter ses paroles, il sait pourtant qu’elle a raison. Son regard se radoucit moindrement et de ses lèvres pincées il tente d’être un adulte qui essaye de calmer le jeu. Penny était son amie avant toutes choses et il ne veut pas la perdre non plus au profit d’une guerre dont il ne connaît même pas les fondements. Elle ne mérite pas qu’il lui tourne le dos à son tour et qu’il préfère croire des tabloïds plutôt que sa parole propre. Et pourtant il est bien là le problème, dans toute cette histoire : les tabloïds ont au moins une histoire à proposer, eux. Ils mettent tous leurs lecteurs dans la confidence et pas simplement les deux stars, laissant les autres sur le bas côté de la route sans leur laisser entrevoir une part de vérité. Il fonctionne aux contes de fées et aux histoires sordides, Swann, et face à lui Penny ne lui propose rien de tout cela. Sans boussole pour lui indiquer le nord, il se voit contraint d’écouter les charlatans et diseurs de bonne aventure. En se répétant assez de fois que ce sont eux qui disent la vérité, il finira peut-être par le croire lui-même.

Alors il souffle une fois de plus, il prend sur lui, il agit enfin comme un adulte qui prêche le faux pour connaître le vrai et entrouvre la bouche pour prononcer un “je suis désolé” sorti du fond du cœur. Et pourtant, tout son plan ne va pas plus loin que dans son esprit. « La vérité c’est que tu te cherchais un moyen de te sortir de cette relation et t’as décidé de me mettre ça sur le dos plutôt que d’avouer que ton cœur était plus avec Rory. » Oiseau touché en plein vol, il ne s’attendait pas à une remarque de la sorte pour être capable de s’en remettre de si tôt ni même rebondir dessus. Du noir de la colère, ses yeux se parrent désormais d’un voile gris et absent. Il a un demi sourire blessé dans son incompréhension alors qu’il comprend enfin à son tour ce que c’est que de voir de fausses raisons être associées à sa personne. Si en effet il connaissait déjà Lucia à l’époque et la trouvait aussi charmante qu’intéressante, n’en reste pas moins qu’il n’aurait jamais été plus qu’un ami avec elle si Rory, lui, était resté son petit-ami. Les deux n’ont pas à être mis en opposition, pas alors qu’ils comptent tant au cœur de l’anglais, chacun à sa manière. “Va-t-en.” Elle n’était pas là, ce soir-là. Elle n’était pas là quand sa mâchoire lui faisait mal à force d’être serrée, interdite. Elle n’a pas vu la paume de ses mains portant les stigmates d’une lutte acharnée contre ses ongles, seul moyen pour lui de faire passer ses sentiments autre part que via son visage. Elle n’a pas vu les larmes qui ont menacé de couler à plusieurs reprises. Pourtant ce qu’elle a vu, c’est le nombre de fois où il l’a aimé en secret autant sur les tournages que ce soir-là. Elle a vu, ça, parce qu’ils lui faisaient finalement tous deux confiance et qu’en sa présence ils ne se cachaient pas. Elle a vu et aujourd’hui elle nie comme s’il n’y avait rien de plus facile, comme si Rory n’avait été qu’une distraction de plus dans la vie de l’anglais. Si elle avait observé avec attention, Penny n’aurait jamais pu, dû, en venir à une telle conclusion. « Tu connais Rory assez bien pour savoir qu’il a pas frappé ce mec sans raison valable. Si ça t’en prend plus, bah ça, c’est pas mon problème. » Il avait besoin de l’entendre de sa bouche. Il avait simplement besoin d’un mot, d’un seul. Il l’aurait cru peu importe les conséquences, il l’aurait soutenu dans ce moment comme dans tant d’autres et il ne serait jamais reparti, ni le lendemain ni tous les jours qui ont suivi. Un mot, c’est tout ce qu’il demandait. Pas des excuses pour être resté silencieux. Le silence n’a jamais rien amené de bon dans sa vie, encore moins l’omission. Ses douleurs du passé reprenaient peu à peu forme et il est la seule raison pour laquelle leur couple n’a pas fonctionné : à aucun instant il ne rejette la faute sur Rory et encore moins sur Lucia. “Tu le connais mieux que moi maintenant, tu vas pouvoir m’expliquer son fonctionnement dans les moindres détails. J’en serai très heureux.” Il y a des mots qu’il retient encore une fois, s’en voulant même d’oser les agencer dans son esprit blessé. Il y a déjà trop de mots qu’il regrette dans toute cette discussion alors Swann fait ce qu’il sait faire de mieux : fuir. Dans ce cas présent, c’est plutôt Penny qu’il force à fuir. “Je t’enverrai vers un autre collègue. Maintenant bonne journée.” Va-t-en, donc, comme il l’a déjà énoncé. La porte est désormais littéralement grande ouverte, tenue entre ses doigts blanchis par toute la force qu’il utilise sans raison autour du bois qui n’a rien demandé. Ses yeux ne lâchent pas le visage de l’actrice, et encore une fois il a l’impression d’avoir tout perdu.

@swann mcgrath
- - - - - - - - - -

Tu avais eu raison d’avoir tes inquiétudes face à ce rendez-vous. Raison d’appréhender cette rencontre. Raison de croire que malgré les mois qui avaient coulé demeurait une blessure entre Rory et Swann. Blessure dont tu semblais être en partie responsable, bien qu’aucun des deux hommes n’oserait te le dire de la sorte. Si tu savais que ça pouvait être malaisant, jamais tu ne t’étais préparée à ce que la conversation devienne blessante, d’un côté comme de l’autre. Les paroles sont dites toutefois et si les mots dépassent parfois ta pensée, il est impossible de faire marche-arrière ou de prétendre encore qu’il s’agit ici d’un simple suivi médical. L’éléphant entre vous deux a été pointé du doigt et il est impossible de l’ignorer plus longuement.  « Tu ne me connais pas. » Tu pinces tes lèvres ensemble. Et il est peut-être là, le vrai problème. Votre relation n’a pas de vrai fond comme la relation que tu as avec Rory, ou celle que Swann a eu – a encore? – avec le jeune Craine. Si Swann a joué un peu l’entremetteur et facilité ta relation avec Rory au début du tournage, il fallait avouer que les tables avaient tourné depuis. Swann, d’abord ton médecin, ensuite ton ami, tu te demandais si votre amitié existait réellement si Rory ne se trouvait pas entre vous deux. Et maintenant que tout portait à croire que Rory penchait plus de ton côté que du sien, la balance n’était plus. L’harmonie impossible. « Et c’est pas parce que tu lis des magazines avec mon nom sur le front page que tu me connais plus. » Il possède peut-être tes antécédents médicaux. Il connaît peut-être tes petits bobos physiques. Mais il a absolument aucune idée de ce qui se passe à l’intérieur. Aucune idée de la douleur que tu traînes depuis des mois. Le traumatisme que t’as vécu, ce soir-là il y a neuf mois. Amitié de surface. Amitié de bien-paraître. Amitié qui n’est plus?

Son silence continue de t’achaler plus qu’il ne le devrait, et c’est peut-être pour ça que tu continues de tourner le couteau dans la plaie. De gratter sur cette blessure qui n’est pas guérie, blessure infectée. Toi, tu cris pratiquement, ta voix qui résonne dans le bureau, probablement à l’extérieur aussi. Tant pis, t’as pas nécessairement envie de faire plus subtil. « Va-t-en. » Tu ris, encore. Rire mauvais, rire sarcastique, rire rempli d’une douleur que tu ne parviens plus à dissimuler. T’as envie de partir, de prendre tes jambes à ton cou, de fuir ce moment qui est bien trop lourd. Tu penses à Rory et tu ne peux t’empêcher de te sentir mal face à ton ami. Tu sais que ce que t’es en train de faire là, ça va se rendre jusqu’à lui et la dernière chose que tu veux toi, c’est de faire plus de drama que nécessaire dans sa vie. T’as déjà assez donné dans ce domaine. Mais tu ne bouges pas, tu restes là, à lui faire face, lui assis dans sa chaise, toi debout. Tu ne quittes pas son regard, tes yeux sombres, les siens aussi. « Tu le connais mieux que moi maintenant, tu vas pouvoir m’expliquer son fonctionnement dans les moindres détails. J’en serai très heureux. » Tu roules des yeux. Tu détestes le ton qu’il utilise, comme si c’était lui contre toi et qui pouvait se vanter de mieux connaître ou mieux comprendre Rory Craine. Jamais que tu n’oserais prétendre le connaître mieux que Swann. Tu ne pouvais pas comparer leur relation, tout comme il ne pouvait pas prétendre comprendre la vôtre. Mais si c’était ce qu’il voulait croire, alors tu allais lui donner une bonne raison de le croire. « J’te ferais un manuel si tu y tiens tant que ça. Avec une section bien détaillée sur comment il me fait l’amour, puisque tu sembles tant vouloir que ce soit vrai, lui et moi. » Tu te diriges finalement vers la porte qu’il tient grande ouverte, prêt à te mettre dehors. « Je t’enverrai vers un autre collègue. Maintenant bonne journée. » Tu sors de la salle sans même te retourner, tu croises le regard curieux de la secrétaire qui te regarde avec des grands yeux. Elle a sûrement entendu une bonne partie de la discussion, mais tu t’en fiches. Elle n’arrête pas de te fixer et ça t’agace, toi qui est déjà bien pompée. « Si tu veux ma photo t’as qu’à ouvrir un magazine, bordel! » que tu cris dans sa direction, et elle fuit ton regard la secrétaire alors que tu sors en trombe, le coeur qui bat trop fort dans ta poitrine. Tu arrives toujours pas à croire que ça vient de se passer, tout ça.

Ils en sont venus à ce moment de la discussion où ce n’est plus la raison qui a le dessus mais bien l’envie (le besoin) de faire autant de mal à l’autre qu’il n’a pu en faire à soi. Il est blessé, Swann, bien sûr qu’il l’est. Ce n’est pas sa mâchoire qu’il garde fermée et serrée qui pourrait laisser penser le contraire. Dans cet état, il ne trompe personne, et surtout pas lui même. A son sens ce n’est qu’une raison de plus pour arrêter cette discussion avant qu’elle n’aille trop loin et qu’il en vienne à regretter un nombre incalculable de mots et autres paroles, ce qui commence déjà à être plus ou moins le cas. « Et c’est pas parce que tu lis des magazines avec mon nom sur le front page que tu me connais plus. » En face Penny grogne et mord à son tour, il ne sait plus qu’avoir des yeux toujours plus fondre, ses pupilles ne faisant plus qu’un avec ses iris noisettes qui n’ont plus rien de brillant désormais. “Ne me fais pas me répéter.” Ils sont dans un face à face, mais pas ensemble. C’est comme si chacun parlait à une autre personne au sujet d’une discussion bien différente. Le ton de leur voix se dénote l’un de l’autre, Penny criant là où Swann se fait fureur pour garder le contrôle. Il a passé toute sa vie à faire profil bas lorsqu’il n’y avait pas de raison de briller, il est habitué à ce genre de spectacle et ne risque pas de se faire prendre au piège. Il n’en a pas le droit. « J’te ferais un manuel si tu y tiens tant que ça. Avec une section bien détaillée sur comment il me fait l’amour, puisque tu sembles tant vouloir que ce soit vrai, lui et moi. » C’est paradoxalement avec ses paroles qu’il commence à envisager la possibilité qu’il n’existe rien entre elle et Rory et pourtant la simple idée de réellement les imaginer coucher ensemble (faire l’amour), sans doute dans ce même lit qu’il a lui même connu durant tant d’années, ne peut en rien arranger la situation dans laquelle ils se trouvent. Ses doigts s’ancrent un peu plus dans le bois et y trouvent leur ancrage, aussi inconfortable puisse-t-il être, et il juge ne pas avoir assez souffert comme ça. “N’oublie pas les détails sur ses positions préférées.” Ses mots sont de glace. Il les avait retenus, une fois, mais puisqu’elle a abordé le sujet d’elle même alors il y fonce désormais tête baissée. Le cabinet tout entier a le droit à leur dispute digne d’un vieux couple qui ne sait plus comment s’aimer mais ce n’est pas pour autant qu’il peut totalement rester muet. Après tout, cela le regarde autant qu’elle - ou c’est ce qu’il persiste de croire, en tout cas, malgré les mensonges. Cela ne devrait plus le concerner, mais il s’obstine, l’enfant têtu.

De sa hauteur, il ne quitte pas Penny du regard, pas même au moment où elle se décide enfin à avancer et à sortir de là, ni même quand elle hurle inutilement sur la secrétaire qui n’avait rien demandé. « Si tu veux ma photo t’as qu’à ouvrir un magazine, bordel! » Swann souffle, agacé que leur histoire se répercute sur des personnes qui n’ont rien demandé. “Penny !” Il réprimande tel un père qui sera royalement ignoré dès la seconde qui suit. Au mieux, il sait qu’il aurait récolté un doigt d’honneur sans même qu’elle ne prenne la tête de se retourner. Quoi qu’il en soit, si le cabinet tremble une première fois lorsqu’elle en claque la porte d’entrée, il tremble une seconde lorsqu’il en fait de même avec sa salle. Ses mains entourent son crâne et se posent dans ses cheveux alors qu’il tente de se calmer de lui-même, priant simplement pour que Rory n’apprenne rien de leur entrevue puisqu’il ne mérite pas qu’ils parlent ainsi de lui.