| | | (#)Dim 1 Nov 2020 - 9:50 | |
| Les mains moites et le cœur qui bat à la chamade, je fais les cents pas, arpentant l'entrepôt désaffecté dans lequel je me trouve. C'est un endroit interdit, je le sais, mais ce que je m'apprête à faire l'est tout autant. Pas officiellement, certes, mais je ne donne pas cher pour ma peau si ma mère apprend que j'ai arrangé un rendez-vous avec la fille qu'elle a eu après moi mais qu'elle a décidé de laisser au père de cette dernière. J'avais un peu plus d'un an lorsqu'elle a accouché et qu'elle est rentré de l'hôpital les mains vides, j'avais 13 ans lorsqu'elle m'en a parlé pour la première fois et c'est, le jour de mes 15 ans, que j'ai décidé d'entrer en contact avec cette fille dont je ne connais que le prénom : Danika. Un prénom joli, original derrière lequel se trouve une inconnue à la personnalité forte et rafraîchissante. Après plusieurs mois pour trouver le profil correspondant à ma petite demi soeur et avoir communiqué pendant quelques mois sur une base quotidienne jusqu'à ce que, d'un commun accord nous avons décidé de nous retrouver aujourd'hui ici, dans cet entrepôt bien précis. Nous avons longtemps hésité sur l'endroit, aucune de nous ne voulant se retrouver prise au piège ou risquer de se faire découvrir par nos parents et donc la zone industrielle désaffectée nous semblait être l'endroit parfait.
C'est donc ici que je me trouve actuellement, dans ce vieux hangar, stressée au possible, mais surtout excitée d'enfin pouvoir voir ma demi sœur. J'avoue aussi que le fait de braver l'interdit parental à quelque chose de grisant et que ça ne rend la chose que plus intéressante. Un acte de rébellion comme j'en fait tant depuis quelques mois. Je test mes limites, mais aussi celle de ma mère, je tente de savoir jusqu'où je peux aller parce que, avouons-le, j'adore la voir sortir de ses gonds. Je l'aime beaucoup ma mère, il n'y a pas photo la dessus, mais elle n'est pas très futé, souvent trop naïve et surtout elle ne sait, elle non plus, pas ce qu'elle veut. La preuve est le fait que j'ai deux sœurs et un frère que nous avons tous un père différent. Alors, certes, ma mère et le père de Nathan sont en couple depuis la naissance de ce dernier, mais depuis la venue au monde de Joleen, Dana semble perdue dans sa vie. Et je m'en amuse grandement, je dois avouer !
Prenant une profonde inspiration, je m'immobilise face à une étagère rouillée puis me retourne vers la grande ouverture qui donne sur l'extérieur lorsque j'entends des pas sur le macadam. Mon regard se pose sur une silhouette féminine qui se dirige à pas incertain vers moi. Je pince un instant mes lèvres, souffle doucement, prend mon courage à deux mains puis vais à la rencontre de la jeune femme. Et lorsque enfin la luminosité est telle que je puisse apercevoir les traits de son visage, je me rend compte de nos similitudes. Non seulement au niveau de la couleur de notre peau mais aussi la forme de notre visage ou nos yeux. Il n'y a aucun doute, Danika est bien la fille de ma mère. «On reconnaît bien les préférences ethnique de Dana » que je lance sur le ton de la plaisanterie, faisant référence à nos deux pères qui doivent sans doute avoir une autre couleur de peau que celle de notre mère. « Bon, elle aime bien aussi les asiatique et les européens cela dit» reprenais-je en haussant les épaules «Enfin bref. Merci d'être venue, ça me fait plaisir de te voir enfin en vrai ! » @Danika Riley |
| | | | (#)Mar 3 Nov 2020 - 22:52 | |
| J’hésite longuement à y aller. Je regarde mon dernier message pour la énième fois, celui qui marque mon accord sur le lieu de rendez-vous, sur l’heure, sur l’acceptation de cette rencontre que je redoute. J’ai l’impression de marcher à reculons, chaque pas me rapprochant pourtant un peu plus du lieu désaffecté, abandonnné qui nous a semblé être le lieu le plus adapté pour cette première rencontre. Quelques mois que je lui parle alors que je ne devrais pas. Quelques mois que ma curiosité m’a poussée à accepter sa proposition, à rencontrer Louisa. Elle est là, face à une étagère rouillée et mon cœur tembourine dans ma poitrine, me donnant envie de vomir. Je lutte contre l’envie de fuir en courant de faire marche arrière, mais c’est trop tard, elle se tourne vers moi, je sens son regard m’observer et je fais de même. «On reconnaît bien les préférences ethnique de Dana Bon, elle aime bien aussi les asiatique et les européens cela dit »
Elle plaisante Louisa. Un sourire n’arrive pas à percer la barrière de mon visage, je me contente de la regarder. La mention de Dana me fait l’effet d’un poignard qui me transperce la poitrine, la mention des autres hommes avec qui elle avait partagé sa vie aussi. Parce qu’elle est là la différence, des frères et sœurs qu’elle a eu avec d’autres hommes et qu’elle a décidé de garder. Moi par contre cela n’a pas été quelque chose qu’elle a envisagé. Je ne lui ai jamais parlé, je ne l’ai jamais vue. C’est finalement aujourd’hui que je m’approche le plus de cette femme qui est ma mère, en rencontrant celle qui est ma sœur. Enfin…demie sœur.
«Enfin bref. Merci d'être venue, ça me fait plaisir de te voir enfin en vrai ! » A cette mention je me force à hôcher la tête, à esquisser ce qui pourrait se rapprocher d’un sourire si mon visage n’était pas aussi tendu. Est-ce que je suis contente de la voir ? Au fond oui, mais j’ai dû mal à l’admettre, du mal à l’accepter, je suis autant curieuse qu’en colère. Je ne devrais pas l’être contre elle. Louisa n’y est pour rien mais elle est mon seul bouc émissaire.
« Ouais on reconnaît pas ses préférences d’éducation par contre. » Je lâche malgré moi. Parce que c’est facile de l’attaquer elle pour les choix de SA mère. J’observe son visage, à la recherche de simulatitudes, à la recherche de ce qui fait d’elle ma sœur. « Elle sait que tu es là ? Tu lui en as parlé ? » Je lui demande lentement, un peu froidement, les mains glissants dans mes poches. Je suis mal à l’aise, je ne sais pas me comporter face à elle maintenant qu’elle est en face de moi. Cela avait été autre chose de lui parler par message pendant ces derniers mois, la curiorisité m’ayant poussé à vouloir savoir qui était Louisa. Mais à présent qu’elle était en face de moi, c’était comme si une nouvelle barrière se dressait entre elle et moi, me rappelant doloureusement que si nous étions sœurs, nous étions deux inconnues et que ni mon père ni sa mère n’auraient approuvé de cette rencontre. Je me doutais de la réponse, pourtant je l’avais posée malgré tout. « T’es pas…comme je l’imaginais. » Comment avais-je peins dans mon esprit cette famille qu’une partie de moi avait diabolisé ? Evidemment qu’elle n’alllait pas être le diable incarné, à croire que je m’attendais à voir appraître des petites cornes sur le haut de son crâne. Louisa avait l’air d’une fille normale, elle était jolie. Je lui ressemblais. Est-ce que cela voulait dire que je ressemblais à Dana ?
@Louisa Fleming |
| | | | (#)Dim 8 Nov 2020 - 21:19 | |
| Les paroles de Danika ont l'effet d'une bombe et j'avoue que j'ai un mouvement de recul lorsqu'elle me crache à la figure qu'on reconnaît surtout la différence d'éducation. « ça veut dire quoi ça ?» demandais-je du tac au tac alors que la surprise laisse place à la colère à cause de l'injustice dont fait part la jeune femme. En temps normal j'aurais sans doute continuer à envoyer ma colère sur celle qui est ma petite demie sœur, formulant des hypothèses idiotes et controversées jusqu'à ce qu'on se déchire et que nous décidons de ne plus jamais nous revoir. Et ce n'est pas ce que je souhaite. Pas aujourd'hui, pas demain, jamais, alors que nous avons attendu tellement longtemps pour avoir le courage de sauter le pas et nous rencontrer.
Je décide donc de simplement prendre une profonde inspiration, souffler doucement et me calmer alors que Danika, le regard fuyant, semble presque aussi perdue que moi. Que dire ? De quoi devons nous parler ? Alors que les sujets de conversations fusaient lorsque nous écrivions, ici, en face à face nous ne sommes sans doute pas assez sereine. C'est fou comment un écran fait la différence ! « Non elle n'en sait rien.» avouais-je sur un ton moins enjoué qu'avant « Si je lui avais dis qui je voyais elle m'aurait enfermé dans ma chambre et ne m'aurait pas laisser sortir jusqu'à ce que je me repentisse.» j'hausse les épaules l'air détachée, avant d'incliner légèrement la tête sur le côté lorsqu'elle m'indique qu'elle ne m'imaginais tel que suis.
«Genre ...tu m'imaginais avoir le teint pâle comme 80% des australien ? Blanche, blonde et aux yeux bleu? » je laisse échapper un rire « Sorry de te décevoir dans ce cas » je me passe une main dans les cheveux puis la nuque avant de soupirer doucement et dévier le regard, observant les alentour du hangar dans lequel nous nous trouvons «Et toi ? Ton père sait que tu es ici ? Et avec qui ? » lui retournais-je la question, sincèrement curieuse de connaître sa réponse.
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| | | | (#)Mar 10 Nov 2020 - 16:22 | |
| « Ca veut dire quoi ça ? » Je la défis du regard, alors qu’elle recule. Gamine trop agressive c’est ce qu’un adulte aurait dit. Je n’ai aucune raison de l’être avec elle. Louisa est bien la seule personne de cette famille maternelle qui a souhaité me rencontrer, qui a voulu en savoir plus et braver l’interdiction formulée à demi-mot par nos parents respectifs. Pourtant pour la première fois devant moi, j’ai quelqu’un qui peut supporter la faute de ce que je ressens comme une injustice et un abandon. « Ca veut dire que si clairement elle aime bien aller faire des gamins à n’importe qui, pour les élever c’est pas pareil. Pour savoir si elle les garde, tu crois qu’elle lance une pièce pile ou face ? » Je crache mon venin comme une peste, des années de rancœur accumulées qui ressortent face à la jeune femme maintenant que je suis face à elle. Si je ne l’avais pas trop montré par message, si j’étais restée un peu distante, j’avais aussi fait preuve de curiosité et de l’envie certaine de la rencontrer. J’étais bien là, face à elle après tout. Alors pourquoi je l’agressais ? J’étais partagée entre des sentiments contradictoires sans arriver à y voir clair. Car en la regardant je ne vois que cette mère en commun. Tout ce qui nous rassemble et tout ce qui nous sépare et cette mère devient le centre de mes pensées.
« Non elle n'en sait rien. Si je lui avais dis qui je voyais elle m'aurait enfermé dans ma chambre et ne m'aurait pas laisser sortir jusqu'à ce que je me repentisse.» J’hôche la tête, mon regard se détournant. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle n’avait jamais souhaité me rencontrer ou me laisser rencontrer ses autres enfants. Tout comme je n’avais jamais compris pourquoi mon père avait toujours eu le même discours, ne sachant pas réellement qui des deux avaient commencé, qui était le méchant de cette histoire. Ou bien était-ce tout simplement les deux ?
«Genre ...tu m'imaginais avoir le teint pâle comme 80% des australien ? Blanche, blonde et aux yeux bleu? Sorry de te décevoir dans ce cas. » Était-ce ce à quoi je m’attendais ? Peut-être un peu. Sûrement beaucoup. Je ne savais pas en réalité. J’aurais voulu qu’on ne se ressemble pas. Pas du tout. Qu’il n’y ait rien de commun à nos visages, rien qui ne m’indique que nous étions sœurs. Je me force cette fois-ci à répondre, d’une voix à peine audible. « Tu me déçois pas. » Je ne la regarde pas quand je dis ça. J’hausse les épaules, mes yeux se perdant également autour de moi. « Je pensais pas qu’on se ressemblerait. Et si on se ressemble, bah ça veut dire….que je lui ressemble. » Ca me brûle la gorge de l’admettre, je serre les poings, incapable de la regarder, comme si je n’assumais pas cette rencontre dans ce lieu désert. «Et toi ? Ton père sait que tu es ici ? Et avec qui ? » Cette fois je relève mon regard vers elle. Ma tête tournant de gauche à droite pour indiquer ma réponse avant même que je n’ouvre la bouche. Cette fois-ci un demi sourire étire mes lèvres, un peu triste. « Je crois qu’il me tuerait s’il savait. » Je ris mais il n’y a rien de drôle, je suis gênée, plus mal à l’aise au fur et à mesure que les minutes s’écoulent. « Il parle jamais d’elle. S’il parle d’elle c’est en mal. » J’hausse les épaules. « Tu es proche ? De tes autres frères et sœurs ? » J’aurais pu dire de « nos » autres frères et sœurs. Mais je ne les connais pas.
@Louisa Fleming
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| | | | (#)Mar 17 Nov 2020 - 22:09 | |
| Contre toute attente je laisse échapper un rire lorsque Danika décrit ma mère. Ce rire est sincère, amusé et montrant bien que je suis totalement de son avis. « Parfait, tu as compris rapidement comment tiquait Dana» souriais-je après m'être calmé au bout de quelques instants «je ne serais pas étonnée qu'elle ait fait un autre gosse avant moi encore » haussais-je les épaules « Le sujet 'Danika et son connard de géniteur', comme elle vous appelle, est un sujet extrêmement tabou. Elle avait un peu trop abusé sur le rhum arrangé de son mari actuel quand elle a laissé échapper le fait qu'elle ait eu un enfant un an après moi. » Je soupire doucement et secoue la tête, portant un regard compatissant sur Danika « Pour ce qui est du fait de garder l'enfant, je ne sais pas comment elle tique. Je veux dire, elle m'a gardé moi, alors que mon père est Canadien et qu'elle aurait tellement facilement pu se débarrasser de moi» j'hausse les épaules « Et je ...tant qu'à faire, je suis désolée de te l'annoncer comme ça, mais elle a gardé deux autres rejetons qu'elle a eu ...trois ans après toi» je pince les lèvres « Je pense que jamais on aura de réponses concrète pourquoi elle a décidé que tu n'auras pas droit à sa proximité et que moi j'y ai droit» je m'en veux un peu d'être aussi direct et de risquer de faire fuir ma demi sœur qui ne voudra sans doute plus jamais avoir à faire avec moi, mais au moins c'est dit. De toute manière elle l'aurait découvert tôt ou tard. « Si un jour tu voudras rencontrer Shiloh et Nathan, tu me le dis, mais pour l'instant ils ne sont pas au courant de ton existence. Et je ne leur annoncerais cela que si tu m'y autorise»
Restant sur la défensive, Danika continue en me disant qu'elle ne m'imaginait pas telle que je me présente et je me contente de rayer en exposant de nombreux clichées australien. Ça à au moins le don de la dérider un peu alors qu'elle me rassure que non, elle ne me dérange pas. A dire vrai, je ne peux que la comprendre : moi même je ne l'imaginais pas ainsi. Je ne pensais pas que maman Atkins pouvait avoir eu une autre aventure avec un homme noir. Mais il faut croire que c'est bel et bien le cas. C'est alors un petit sourire compatissant qui vient s'afficher sur mes lèvres «T'inquiète pas, tu ne lui ressemble en rien. Les gens ont même du mal à croire que je puisse être sa fille tant elle est blanche, que ses cheveux sont blond et raides et ses yeux sont verts. » haussais-je les épaules, essayant de rester rassurante.
J'apprends ensuite que son père a elle n'est pas non plus au courant du fait que nous nous voyons aujourd'hui. D'après Danika, il la tuerait sans doute. « Je vois que Dana et ton père sont au moins là sur la même longueur d'onde» soufflais-je avec un sourire en coin. Il faut croire que le sujet Atkins est tout aussi tabou chez les Riley que le sujet Riley chez les Atkins. On aura au moins ça en commun.
«yep, je m'entend très bien avec eux » hochais-je la tête « Shiloh et Nathan ont 11 ans, ils sont toujours fourré l'un avec l'autre. J'adore Nathan, il est génial comme gamin, tu peux tout faire avec lui et tout lui faire faire, c'est magique» je laisse échapper un rire «iShiloh elle ...elle est un peu ...je sais pas, j'arrive pas très bien à la cerner et je la trouve même un peu naïve. Ça me plait pas trop en vrai, il faut qu'elle s'assume un peu plus. Mais hey, elle a que 11 ans, elle a encore un peu de marge pour devenir une femme forte et indépendante » haussais-je les épaules avant de sourire à nouveau «T'as des frères et des sœurs toi ? » lui retournais-je la question. @Danika Riley |
| | | | (#)Lun 23 Nov 2020 - 23:44 | |
| Elle est sincère Louisa. Ca se ressent dans sa voix comme dans son rire. Elle tente de désamorcer une situation avec humour et pourtant les mains de l’adolescente que je suis se serrent dans les poches de sa veste. Danika et son connard de géniteur. L’emploi de ce genre de mots ne devrait pas me choquer, mon père a la fâcheuse tendance à employer le même genre de termes peu flatteurs lorsqu’il parle de cette mère que je n’ai jamais connue, dont je n’ai n’y photos et dont je n’ai jamais entendu la voix. Il y a trop de facteurs inconnus et les mots de Louisa ne devraient pas me blesser, je devrais en rester détachée.
Je ne comprends pas comment elle peut parler de ça avec autant de légèreté comme si la possibilité qu’elle ait pu aussi se débarrasser d’elle ne la choque pas. Je ne comprends car pour mon père je suis la prunelle de ses yeux, le centre de son monde comme il est le centre du mien. Je mords ma lèvre inférieure, le regard fuyant alors que je l’écoute parler. Trois ans après elle a gardé ce que je devine être des jumeaux. Je relève mon regard vers Louisa et mon visage se ferme. Parce que je ne pensais pas avoir d’attentes et pourtant j’en ai.
Elle est directe Louisa, honnête, sincère, des qualités que j’apprécie et pourtant aujourd’hui j’aurais préféré qu’elle le soit moins, qu’elle n’écrase pas les faibles espoirs que j’avais avant même de pouvoir les exprimer à voix haute. Parce que j’aimerais n’avoir aucune attentes envers la mère qui ne m’a pas élevée et pourtant j’en ai bien trop. Peut-être que j’aurais souhaité que Louisa efface ce sentiment d’être un secret hideux et non assumé, peut être que j’aurais voulu qu’elle insinue l’espoir d’avoir compté malgré tout pour Dana, d’avoir mon importance. Mais Louisa ne promet rien, n’offre aucun espoir juste une vérité. Une vérité écrasante pour une gamine de quinze ans, une gamine déjà trop fière pour montrer sa douleur, trop volontaire pour se laisser abattre par quoique ce soit.
« T’es toujours aussi honnête ? » Je lâche avec un petit rire, peut-être un peu mal à l’aise mais qui me permet de garder la tête haute. « J’ai pas envie de les rencontrer. » Je parle trop vite, je prononce les mots trop violement, je mens, mais pour l’instant l’idée de rencontre Shiloh et Nathan me serre un peu trop le cœur, accélère un peu trop ma respiration. Je tente de me rattraper comme je peux. « Enfin, pas tout de suite. » J’adoucie mes propos, ne fermant pas totalement la porte.
Louisa essaye de me rassurer sur l’absence de ressemblances entre Dana et moi. Je devrais en être assuré, mais je sais que j’ai pris ses yeux verts, même si je n’ai pas pris le reste. Je sais que ma peau est bien plus pale que celle de mon père. Et une part de moi est presque déçue de ne pas lui ressembler plus, comme si j’aurais été blessée de lui ressembler comme de ne pas lui ressembler, tant tout ce que je ressens est contradictoire quand je pense à cette mère qui n’en est pas une. « Tant mieux. » Ma réponse est amère. Je n’aurais jamais crue être aussi perdue en rencontrant cette sœur et pourtant c’est le cas. Je lui explique que mon père partage le même sentiment que Dana sur cette rencontre et cette fois un sourire en coin apparait aussi sur mon visage, miroir du sien. « Et un point positif ! » Je ris tout doucement, prudemment. Mais il valait peut-être mieux en rire que se morfondre sur cette situation.
Je suis jalouse quand elle parle de Shiloh et Nathan. Jalouse de ce que je n’ai pas eu et ce qu’elle a eu, jalouse de savoir que j’aurais pu grandir un peu moins seule entourée de ces frères et sœurs, jalouse de cette complicité que je discerne dans les liens qui les unissent. Elle me retourne la question et de nouveau mon regard la fuit. « Non…Mon père ne s’est jamais remarié ou quoi. Ca a toujours été que lui et moi. » Je tape dans un caillou avec ma chaussure. « Ca doit être sympa, d’avoir des frères et sœurs. »
@Louisa Fleming |
| | | | (#)Sam 5 Déc 2020 - 10:22 | |
| J'ai toujours été très direct, ce qui est autant une merveilleuse qualité qu'un sacré défaut. Je ne peux rien faire contre cette nature et souvent j'assume totalement mes paroles, et pourtant aujourd'hui je m'en veux un peu d'être aussi sincère. En vrai, j'aurais préférée être plus concernée par cette situation et ne pas pouvoir en parler avec autant de désinvolture. Mais serais-ce une bonne chose que de me montrer sous un autre jour auprès de Danika ? Serais-ce réellement nous rendre service que d'écraser cette nature profonde qui m'abrite ? Je ne pense pas. Je suis même persuadé que ça sera contre productif. Alors autant me présenter telle que je suis tous les jours. Ce sera plus facile pour Danika de décidé si elle m'aime ou si elle me déteste.
Lorsqu'elle me demande avec un petit sourire si je suis toujours aussi honnête j'hausse innocemment les épaules «Toujours » assurais-je « Mais en général je fais preuve d'un peu plus de tact quand même» continuais-je en grimaçant légèrement, pinçant les lèvres avant d'hocher la tête lorsqu'elle m'annonce de but en blanc ne pas vouloir rencontre Shiloh ou Nathan, temporisant toutefois en ajoutant rapidement un petit 'pas tout de suite' « Je comprends» assurais-je en enfonçant mes mains dans les poches de mon jeans « J'imagine que ça ne doit pas être évident d'être là à apprendre toutes ces informations d'un coup. Je pense qu'à ta place je n'aurais pas non plus envie de rencontrer tout de suite les autres»
Nous venons ensuite à parler de ce que nous avons en commun : Dana et le fait que les deux parties haïssent l'autre. Comme le dit si bien Danika, c'est un point commun, et non des moindre. Peut-être a-t-il un arrière goût amère, mais dans tous les cas j'ai l'impression que ça nous rapproche, avant que la suite de ses paroles ne nous éloigne à nouveau : son père ne s'est jamais remarié, elle a grandit seule et j'ai l'impression de ressentir une pointe de jalousie dans sa voix lorsque, baissant le regard, elle annonce que le fait d'avoir des frères et sœurs devait être vraiment cool.
«ça l'est, oui » répondais-je avec honnêteté «Parfois oui, parfois non, mais en somme je me suis toujours senti privilégié sur ce point » je déglutis puis soupire doucement «D'autant plus que j'ai aussi une famille au Canada et que j'y ais passé la plupart de mes vacances scolaires » j'hausse les épaules puis incline légèrement la tête sur le côté « Tu veux bien me parler un peu de ton père ? » demandais-je, mon éternelle curiosité refaisant subitement surface. @Danika Riley |
| | | | (#)Mar 8 Déc 2020 - 22:17 | |
| « Toujours. » J’aimerais que ça ne fasse pas aussi mal, mais malgré tout j’apprécie cette honnêteté
Malgré le pincement au cœur que ces mots provoquent, l’honnêté est une qualité que j’apprécie. Et je me reconnais un peu aussi dans ce manque de tact, ce rentre dedans immédiat et un sourire étirerait presque le coin de mes lèvres, parce que je peux m’accrocher au fait que cette relation ne sera ni une façade ni un mensonge, que peut être qu’on pourrait s’entendre elle et moi.
J’ai envie de soupirer de soulagement lorsqu’elle me dit qu’elle comprend que je n’ai pas envie de rencontrer ni Shiloh ni Nathan. Je tourne leur prénom dans ma tête, j’essaye de me les approprier, d’imaginer leurs visages, de me dire qu’eux aussi partage une partie du même sang que moi et que peu importe ce que je veux, ils resteront mon frère et ma sœur, au même titre que cette jeune fille en face de de moi.
Je suis bien trop fière pour la remercier de tout mon cœur de comprendre, de ne pas m’en vouloir ne n’avoir aucune envie de rencontrer des personnes qui lui sont chères mais pour l’instant j’en suis incapable. Alors j’hoche la tête et j’espère qu’elle le voit à mon regard que je fais au mieux, que j’ai besoin d’avancer doucement.
Nos parents se détestent et dans ce hangar abandonné j’ai l’impression que c’est ce qui nous lie, ce qui nous rapproche malgré des années d’absence. Comme une conspiration, un secret qu’on partage. On ne pourrait pas avoir été élevées de façon plus différente. Elle entourée de frères et de soeurs, une famille présente et de l’autre côté moi et mon père seuls contre le monde. Elle me demande de parler de lui d’un ton curieux et j’hésite consciente qu’il va falloir que je m’ouvre mais que ce n’est pas dans ma nature. Je me bats avec l’envie de partir en courant depuis que je suis arrivée. J’ai envie de dire que c’est mon héros. Mais à quinze ans on ne dit plus ça.
« On est très proches. » Je souffle et le mot pourtant ne suffit pas à décrire toute l’affectation que j’ai pour lui. « Ca a toujours été que lui et moi contre le reste du monde tu vois ? Il m’a emmené au dojo depuis que je sais marcher et je crois que ça a toujours été moi et lui et les arts martiaux. Je l’aime beaucoup. » J’avoue, en croisant les bras avec un petit sourire, malgré le fait qu’une part moi lui en veut de m’avoir caché cette famille que j’aurais pu connaître. J’observe le visage de Louisa avant de demander toute doucement, sans la regarder dans les yeux, un peu hésitante « Ta mère est comment ? » Je ne dis pas notre mère car elle a démontré qu’elle ne voulait pas l’être. Mais je suis tentée d’appeler Louisa « ma sœur » dans mon esprit et si pourtant aujourd’hui sonne faux, je sais que je pourrais m’habituer à ce mot et à l’associer à ce visage accueillant.
@Louisa Fleming |
| | | | (#)Mer 9 Déc 2020 - 18:32 | |
| Plus nous parlons, Danika et moi, plus j'ai l'impression que nous nous ressemblons bien d'avantage que nous ne l'aurions imaginé. Et pourtant, au fur et à mesure que l'échange avance, je me demande si un jour la retenue que ma demie sœur présente face à moi prendra un jour fin. Je sais bien qu'il n'est jamais évident de rencontrer quelqu'un avec qui nous n'avons eu aucun contact pendant près de 16 ans et qui pourtant est de la même famille. Je me dois donc d'être patiente et de ne pas brusquer la jeune femme. J'avoue que je me fais déjà maintenant violence quant au fait de devoir lui laisser le temps dont elle a besoin. Toutefois, dans le fond, j'espère sincèrement qu'elle n'aura pas besoin de trop de temps. Car il faut dire ce qu'il en est : en arrivant ici, j'espère rencontrer la sœur qui deviendra avant tout une amie. J'adore Shiloh, mais nous sommes beaucoup trop différente. Peut-être que Danika me ressemblera plus ? Peut-être trouverais-je en elle une copine d'aventure ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que j'espère que Danika m'accepte, moi et ma présence dans sa vie.
Alors je m'intéresse à elle, lui pose des questions sur son père, sincèrement curieuse de savoir ce qu'il en est de cet homme. J'apprends ainsi que les deux sont très proches, que pendant des années ça n'a été que elle et lui contre le reste du monde et surtout je me rends compte qu'elle pratique les arts martiaux. «Oh génial ça » soufflais-je, impressionné, imitant la jeune femme en croisant, à mon tour, mes bras devant mon torse. « C'est cool d'avoir une telle personne dans la vie» assurais-je en hochant doucement la tête, mon sourire étirant à nouveau la commissure gauche de mes lèvres.
Lorsque Dani souhaite savoir comment est 'ma' mère, je me mordille légèrement la lèvre inférieure, réfléchissant «Elle est ...naïve. » hochais-je la tête « Facilement impressionnable aussi. Elle est infirmière depuis toujours, mais n'a jamais vraiment eu beaucoup d'ambitions. Elle change souvent d'avis et n'a jamais vraiment eu une vie très stable. Elle ne m'a jamais retenue de faire ce que j'aimais, mais elle ne m'a pas non plus poussée à me dépassé. Toutefois, elle reste quelqu'un de très gentil et elle a bon fond. » haussais-je les épaules, ne sachant pas vraiment quoi dire de plus. Je ne souhaite pas descendre ma mère face à Danika, mais je refuse aussi de la placer sur le pédestrale qu'elle ne mérite pas. «C'est une bonne mère » c'est juste moi qui suis un peu trop ingrate ces derniers temps ajoutais-je pour moi-même. @Danika Riley |
| | | | (#)Lun 14 Déc 2020 - 13:54 | |
| Dana est naïve, facilement impressionnable. Je ne peux m’empêcher de me dire qu’au moins on a rien en commun, qu’on ne pourrait pas être plus différente. J’ai été élevé par un père qui au contraire m’a poussé chaque jour un peu plus loin, nourrissant mes ambitions et mes rêves et m’assurant que je serais capable de tout avec de l’entraînement et de la volonté. Peut être était-ce aussi parce que mes rêves ont toujours été similaires aux siens ? Peut-être en aurait-il autant si j’avais eu une toute autre passion que le dojo. Quand j’entends le portait de Dana je ne peux m’empêcher de tout comparer, de la mettre en face à face avec ce père que j’idolâtre. J’aimerais peut-être que Louisa me dise tout ses défauts et tout ce qui aurait fait d’elle une mauvaise mère. Mais le constat est là, Dana est quelqu’un de très gentil, elle a un bon fond et c’est une bonne mère. Ce n’est juste pas ma mère.
Je me frotte les bras comme si j’essayais un peu de me réconforter. J’ai beau me dire que la faute est répartie, que mon père est tout aussi responsable qu’elle pour cette situation, je me sens privée d’une enfance que j’aurais dû avoir, d’une mère que je n’ai pas eu, de frère et sœurs que je ne connais pas. Je regarde Louisa comme si on m’avait volé quelque chose. Et on me l’a volée elle, cette sœur que je n’ai pas eu, cette sœur que je connais à peine.
Cette sœur qui est enthousiaste à l’idée de me rencontre, qui n’hésite pas une seule seconde à m’ouvrir la porte de cette relation. Je reste un long moment silencieuse puis lentement je secoue la tête de droite à gauche. « Je peux pas Louisa. » J’affirme soudain, faisant un pas en arrière. « Désolée. Je…Je vais y aller. »
Et peut être qu’une prochaine fois sera différente. Peut-être qu’une prochaine fois je ne fermerais pas la porte sur cette sœur. Peut être que ça sera moi qui l’appellerais cette fois et peut être que doucement on arriverait à se connaître et que le manque et les regrets s’apaiseront.
Mais pour l’instant j’ai quinze ans et aucune envie d’affronter ces émotions qui se bousculent en moi. Alors je fuis parce que c’est plus simple, tournant les talons, n’attendant pas vraiment de réponse de sa part.
@Louisa Fleming |
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