Elle a l'air d'une adolescente Chloe, affalée sur la table de travail, les jambes repliées en tailleur. Ses fringues sont du gros n'importe quoi, un hoodie chipé aux gars à la régie parce qu'elle avait froid, des joggings tachés de la peinture qu'elle a aidé Leslie à refaire chez elle le week-end dernier. Ce sont ses cheveux les pires acteurs dans cette scène, eux qui partent dans tous les sens quand elle n'arrive pas à se décider à savoir si elle préfère les ramener en une queue de cheval, en un chignon, ou juste les raser complètement tellement ils n'en font qu'à leur tête - littéralement.

Le doublage est probablement le truc avec lequel elle s'amuse le plus, ces derniers temps. Pas besoin d'être scrutée par des dizaines de caméras qui la suivent elle et ses moindres gestes. Elle ne fait que se planquer dans le studio d'enregistrement les écouteurs calés sur ses oreilles, et faire ce pourquoi on la paie sans prise de tête aucune avant de manger de la pizza avec l'équipe au montage une fois la journée terminée. À l'écran, on lui montre les dernières prises d'un jeu vidéo pour lequel on l'a postée au rôle du fidèle sidekick, l'alliée qui arrive toujours pour annoncer les pires moments et énièmes défis à surmonter. C'est une ambiance sci-fi comme elle les adore, un vieux western spatial aux allures de cyberpunk qui fait briller son regard au fur et à mesure des cinématiques qu'on lui projette sur l'immense pan de mur face à elle. Son texte n'est pas complexe et elle l'a appris en un tour de main, le gardant tout de même sous les yeux question d'avoir un minimum d'aspect professionnel vu sa dégaine discutable.

Dans ses haillons, elle ne s'est jamais sentie aussi confortable, mais bon dieu qu'elle est laide. Hilare d'une connerie qu'un des types derrière la console vient de lui murmurer à l'oreillette, elle replace son casque et se redresse, prête pour une nouvelle scène où elle doit encourager le personnage principal à grimper le long d'une immense parois de métal rouillé. Ses doigts jouent distraitement et en silence avec la canette de coca light à demie vide qu'elle laisse traîner à côté d'elle, ses jambes se balancent dans le vide quand elle reprend le relais des mots qu'elle doit aligner avec autant de naturel que de détermination.

Les mots qui sortent avec confiance pendant une seconde, qui perdent en rythme la suivante. Il fait quoi, ici, Jet? Son regard le croise quand elle l'entend entrer dans la salle d'enregistrement, là où elle devait être seule pendant toute l'heure qui suivait. Là où le type censé composer les musiques restantes du jeu devait passer quelques minutes pour prendre le pouls d'une partie typique et de l'histoire qui vient avec.

Il n'a rien à faire ici et oh - oh. « T'as pas ton pass qui précise ton rôle dans l'équipe. » elle montre le sien, passé autour de son cou, stipulant qu'elle est l'une des voix du jeu. Lui, il a une longueur d'avance et même si elle additionne les points, la confirmation de la bouche de Jet vaudra bien mieux que le reste de ses maigres doutes.



@jeremiah etish

J’ai un boulot ce matin. Vraiment bien payé. C’est étrange comme travail mais Sébastian m’a dit que c’était bon pour la visibilité, qu’on toucherait un nouveau public. Des jeunes, encore plus que les demoiselles qui crient devant la scène quand c’est à mon tour de chanter. J’ai pris la voiture qu’on m’a envoyé depuis la maison à quelques kilomètres de Brisbane. Je cherche l’inspiration, et il me semble que mes mélodies naissent plus facilement maintenant que je suis seul face à la mer et dans une maison bien trop grande pour que j’y vive tout seul.

La route n’est pas longue, et je profite de ces quelques minutes pour écouter quelques trucs que j’ai pu écrire avant de venir ici. J’ai les mélodies, pas encore les paroles. J’ai encore du mal à écrire les paroles en détail, et puis, je ne sais pas vraiment ce qui m’attend. Sébastian n’est pas du genre à donner toutes les informations dont on peut avoir besoin quand on nouveau travail s’offre à nous. Il a profité du fait que je sois en pause, que, pendant quelques jours, je n’ai pas de représentation à faire.

J’arrive et je me présente, on me donne un badge que je glisse dans une de mes poche, je préfère passer inaperçu et je dois avouer que mes yeux s’illuminent un peu quand je vois dans quoi j’ai été embarqué. Un univers de jeu vidéo assez sophistiqué, les trucs travaillés auxquels on a envie de jouer, les jeux qui ont du sens et une histoire qui vaut le coup de passer des heures sans bouger de devant sa télévision pour arriver au bout. Mon regard se perd sur tout ce qu’on me montre et je me prends au jeu des explication.

Au bout de quelques minutes je me retrouve dans la salle d’enregistrement, je dois rencontrer une des voix principale du jeu qui est en plein travail. Et, oh, surprise, je reconnais cette voix qui travaille mais je ne dis rien. Je n’échange pas de regard, je sors uniquement les mélodies que j’ai écrite qui iraient selon moi très bien avec ce jeu. J’ai accès à un piano et à un violon, comme je l’avais demandé. Tout devrait bien se passer donc. « T'as pas ton pass qui précise ton rôle dans l'équipe. » Elle ne m’a pas ignoré elle, et je me retourne en souriant. “Simple femme de ménage, on a pas besoin de passe.” Je hausse les épaules, pose ma main sur mes partitions. Finalement, on ne connait rien l’un de l’autre, je ne savais pas qu’elle jouait les voix de cartoon et elle ne savait pas que je faisais de la musique. Un membre du staff me me fait signe de mettre mon badge et je grogne. Je le mets, à contre coeur. Je l’observe face à moi et souris. “Tu m’as pas piqué assez de pulls t’es obligée d’aller en voler aux autres ?” Je pouffe de rire avant de suivre le reste de l’équipe. “Tu dois donner ton avis ?” Pas que je sois nerveux, mais ça risquerait de beaucoup me contrarier si elle n’aimait pas ce que j’ai écrit.

Elle s'éclate, elle s'amuse, elle se redresse sur sa table et allonge la nuque un peu plus. Puis sa réplique meurt sur ses lèvres, une seconde une seule avant de reprendre le flot comme elle seule sait si bien le faire. Elle est habituée à jouer Chloe, elle en a fait son métier. Aujourd'hui n'est qu'une occasion de plus de se glisser dans un rôle supplémentaire. Tant qu'elle ne l'oublie pas, tout ira parfaitement. “Simple femme de ménage, on a pas besoin de passe.” « Enfin, alors. On en avait besoin. » il se moque, alors elle aussi. Après avoir gobé la dernière gorgée qui restait dans sa canette de coca, la voilà qui la lui lance, le sourire aux lèvres et les fossettes au creux des joues.

“Tu m’as pas piqué assez de pulls t’es obligée d’aller en voler aux autres ?” Jet ne la voit pas alors qu'elle étrenne les tapis rouges. Il ne la voit pas tirée à quatre épingles pour la caméra non plus, maquillée, coiffée et habillée comme une petite poupée de porcelaine, de chair et d'os qu'on manipule à merveille pour la mouler exactement à ce dont on souhaite voir renvoyer sa présence à l'écran. Non, aujourd'hui elle est bien plus elle-même qu'elle ne l'a jamais été sous ses yeux, un hoodie volé à la fois. « J'ai improvisé. » elle hausse de l'épaule, se veut maligne, entend à l'oreillette qu'on lui annonce la prochaine scène à narrer. De suite, ses prunelles espiègles se détournent de son visage à lui, des instruments et partitions qu'il semble prendre d'assaut. Elle est là pour bosser Cohen, pas pour draguer. Et lui aussi. “Tu dois donner ton avis ?” « Ça te filerait le droit de me donner le tien ; je sais pas si j'ai envie d'aller par là. » une dernière pique, un dernier rire, et c'est comme s'il n'existait plus alors qu'à l'écran se joue la prochaine scène à laquelle on l'a associée.

C'est une nouvelle cinématique qu'on passe ensuite, une explosion de vaisseau, une perte de connaissance dans l'espace. Le corps du personnage principal flotte dans la voie lactée, Chloe prête sa voix à celle qui tente de le ramener à l'ici et au maintenant. Très dramatique comme tout, le spectacle doit être marrant à voir quand on détaille sa silhouette emmitouflée dans ses vêtements trois fois trop larges malgré l'air alarmé qu'elle mime parfaitement au fil de ses paroles d'encouragement. « Y'a à boire et à manger dans la régie. Les divans y sont plus confortables aussi. » pour une fois, sa voix n'est pas calée à quelques lèvres articulant à l'écran, mais bien dédiée à Jet qu'elle invite à aller ailleurs s'il s'emmerde le moindrement.

Je ferais une très mauvaise femme de ménage, et, comme prévu, la remarque fait légèrement rire Chloe. Je ne m’attendais pas à la croiser ici, mais je vais devoir rester professionnel. Après tout, je commence à côtoyer des gens célèbres, il va falloir que je m’habitue à croiser des actrices assez souvent. Je ne me doutais pas que Chloe faisait partie de cette élite. J’évite de justesse une canette qu’elle me lance à la figure, et je me retiens de la menacer et de faire la même chose en retour. Je ne le fais pas uniquement parce que certaines personnes du staff nous surveillent de loin et, étonnement, je reste le plus professionnel possible. Il faut dire que ce boulot me fait gagner pas mal d’argent, et je ne veux pas gâcher ça à cause d’une canette de coca vide qui aurait pu assomer la jeune femme. “A charge de revanche !” Et je hoche la tête d’un air sérieux en sortant mon badge.

« J'ai improvisé. » “Le style jogging trop grand et cheveux pas lavés ni coiffés depuis quelques jours c’est pas mal !” Je ne suis pas quelqu’un de superficiel, et jamais je ne lui dirais qu’elle n’est pas jolie parce qu’elle porte un sweat, bien au contraire. Je m’assois sur une chaise, sors mes affaires et attends qu’on me dise que c’est mon tour. J’attends au moins que quelqu’un vienne me donner des indications sur quel morceau jouer et quoi faire en attendant qu’on enregistre. Je fais tourner mon crayon entre mes doigts, prêt à écrire encore un peu si je n’ai rien d’autre à faire. On me fait signe de ne pas faire de bruit et je lève les mains en l’air en regardant Chloe s’éloigner et se rapprocher du micro. « Ça te filerait le droit de me donner le tien ; je sais pas si j'ai envie d'aller par là. » “Je me gênerai pas pour donner le mien.” Je hoche la tête en parlant un peu plus fort pour être sûr qu’elle m’entende et je la laisse travailler.

Les minutes s’égrainent et je n’écris rien. Je la regarde travailler. Elle bosse bien, elle est convaincante et, surtout, elle a l’air passionné. Je ne l’avais jamais vu comme ça, alors je profite de quelques minutes pendant lesquelles elle ne me surveille pas et où elle est concentrée. Je me tais, et je suis apparemment tellement silencieux que ça l’inquiète la blonde. « Y'a à boire et à manger dans la régie. Les divans y sont plus confortables aussi. » “Je préfère la compagnie du piano et du tabouret. Et j’entends bien mieux ici.” C’est faux, j’entendrais mieux en régie mais je ne bouge pas d’un pouce alors qu’elle recommence à travailler. Et j’attends, je donnerai mon avis plus tard, juste avant que ce soit à elle de voir comment je travaille.

“A charge de revanche !”
« Je suis terrifiée. »

Et elle ne l'est pas, pas du tout. Ses prunelles sont bien trop occupées à briller, son sourire est bien trop grand pour avoir l'air d'avoir peur de quoi que ce soit quand elle ne fait qu'anticiper avec amusement ce qu'elle sera, sa fameuse revanche. Elle n'a pas peur de grand chose Chloe, et ceux qui associent le tout à une certaine inconscience de sa part ont absolument raison. Elle est tête en l'air et prend des risques, trop, le premier étant de ne pas l'avoir chassé de la salle d'enregistrement dès qu'il y est entré. “Le style jogging trop grand et cheveux pas lavés ni coiffés depuis quelques jours c’est pas mal !” au moins, il ne risque pas de la draguer ou même de l'approcher tant elle a le pire look de l'histoire de l'humanité en l'instant. « Attends que j'y ajoute ma casquette des mauvais jours. Un hit. » et le pire, c'est qu'elle s'en contrefout Chloe. Elle n'a jamais été du genre à se tirer à quatre épingles dans la vie de tous les jours, bien trop occupée à l'être du moment où on lui attribue une équipe entière pour faire d'elle une égérie de tapis rouge. Non, le plus confortable elle peut être pour bosser aujourd'hui, le mieux. Les apparences surfaites l'ennuient. En attendant, elle travaille, donc. Rigueur. “Je me gênerai pas pour donner le mien.” un roulement d'yeux et un sourire plus tard, elle repasse ses écouteurs sur ses oreilles, dédient ses prunelles à l'écran sans faire le moindre effort supplémentaire. « Pourquoi ça m'étonne pas. » qu'il dise ce qu'il veut, elle sait qu'elle est douée. Cohen qui ne prend pas la peine de jouer de son égo pour grand chose dans sa vie sait pourtant là où elle est exactement à sa place, et ici est le cas. Ses pieds s'ancrent au sol et ses mots aux lèvres du personnage qui porte un minimum de ses traits. Et c'est reparti pour un tour.

Il est encore là, après ce qui pourrait être aussi bien une poignée de minutes qu'une poignée d'heures. “Je préfère la compagnie du piano et du tabouret. Et j’entends bien mieux ici.” et non, meilleure chance la prochaine fois Cohen. Il se replace et insiste, elle hausse des épaules se montrant désabusée alors qu'elle ne fait que tourner sans cesse dans sa tête la raison du pourquoi du comment elle ne l'a pas vue venir, celle-là. Force est d'admettre qu'elle contrôle peu de choses ces temps-ci quand il est dans les parages. « Jet, c'est quand t'es prêt. » oh, sauvée. Lorsque le producteur entre à son tour, Chloe était presque prête à lui renvoyer un nouveau regard de chien de faïence. Il est beau Jet, quand il la fait rager sur son lieu de travail. « Dommage, t'auras pas le temps de me donner ton avis. » c'est son tour de briller alors, dès lors que le producteur se penche sur ses écrits, lui repasse un moment à l'écran qu'il souhaite voir accompagné d'un des morceaux qu'il a à lui proposer.

Je la regarde se mouvoir dans cette salle qu’elle a l’air de bien connaître. C’est une habituée des salles d’enregistrement. Son attitude et son badge me confirment qu’elle est réellement une actrice et je ne m’en suis jamais douté. On ne peut pas dire que je sois du genre à poser ce genre de questions et qu’elle aurait pu y répondre si jamais j’avais fait cette erreur. On apprend à se connaître par la force des choses, le hasard. C’est étonnant de voir à quel point le destin semble vouloir qu’on continue de se voir de notre plein gré ou non. « Attends que j'y ajoute ma casquette des mauvais jours. Un hit. » “Je paierais pour voir ça !” Je hoche la tête et la regarde à nouveau de haut en bas, sourire aux lèvres. On continue de jouer entre nous mais on sait très bien être professionnel quand on se retrouve face au reste du monde. Donc, elle retourne travailler, et je la regarde attentivement. « Pourquoi ça m'étonne pas. » Je hoche les épaules et reste silencieux encore de longues minutes.

Elle aurait voulu que je m’en aille, que j’arrête d’être seul dans un coin de la pièce à ne regarder et n’écouter qu’elle. « Jet, c'est quand t'es prêt. » Je grimace un peu, c’est à mon tour d’être professionnel même si elle est dans les parages. « Dommage, t'auras pas le temps de me donner ton avis. » “Je trouverai le temps plus tard.” Puisque maintenant on s’est dit qu’on avait le droit de se revoir et de prévoir ces rencontres. “Tu peux partir tu sais ! Y’a du café chaud et peut-être même des bouteilles de vin par là-bas.” Je peux toujours essayer de l’éloigner pour être sûr d’être totalement concentré. Mais je sais qu’elle va rester pour m’observer, et pour pouvoir donner à nouveau son avis. Je me tourne vers le producteur, la laissant derrière moi. “Je peux vous jouer celles que vous voulez, au piano puis au violon. Le violon ça apporte quelque chose d’un peu plus original à mon goût.” Je fronce les sourcils, soudain très concentré par ce que je dois faire quand le jeune homme me tend deux de mes partitions et une autre feuille d’une mélodie que je n’ai pas écrite.

“Je trouverai le temps plus tard.”
« Bien sûr. »
“Tu peux partir tu sais ! Y’a du café chaud et peut-être même des bouteilles de vin par là-bas.”
« Est-ce que t'essaies de me chasser de mon lieu de travail, Etish? Pas cool. »

C'est la guerre de celui ou de celle qui aura le dernier mot, et elle ne se gêne pas pour se convaincre qu'elle a réussi, du haut de son menton redressé et de ses prunelles brillantes de malice. Sa part du contrat à elle est terminée, bien sûr qu'elle balance ses jambes Chloe l'ingénue, prête à piquer pour la moindre petite remarque la voix qui chante et l'air avec. Elle reste dans les parages alors qu'elle pourrait rentrer, prendre une douche, retirer ses vêtements aussi confortables qu'affreux et profiter du vin qu'elle a dans ses réserves mille fois meilleur que la piquette que les gars ont achetée au supermarché en renflouant leurs coffres pour la journée, la soirée.

“Je peux vous jouer celles que vous voulez, au piano puis au violon. Le violon ça apporte quelque chose d’un peu plus original à mon goût.” mais quand Jet s'active et s'installe, elle, elle se cale dans son siège. Ramenant ses pieds sur la table, elle plie les genoux pour y poser son menton, scrutant le brun des yeux autant qu'il a bien pu le faire avec elle précédemment. Cohen est intrusive mais elle ne dit rien, elle abuse mais elle n'expire jamais plus fort que qui que ce soit. Enfant à qui on aurait toutes les raisons du monde de montrer la sortie, elle écoute chacune des notes qu'il aligne, retient chacue des mélodies jusqu'à attraper un crayon et un papier à proximité. Ce qu'elle note, ce sont des didascalies pour ses propres répliques, alignant ses textes avec les endroits où, elle est persuadée, le réalisateur décidera de garder les morceaux que Jet a composés. Petite workaholic qui attend le debrief entre les deux hommes pour sortir incognito de la pièce, une fois la musique terminée et les discussions de fond lancés.

Quand elle revient, le réalisateur a annoncé une pause de quelques minutes, avant de filer à la régie pour leur proposer les morceaux et déjà voir comment ils pourront les ajouter au montage. « Tu joues du violon depuis longtemps? » elle a récupuré la bouteille de vin, volé deux tasses à café vides et propres qu'elle remplit pour en garder une, lui tendre l'autre. « T'as le droit à une question perso à me poser toi aussi, après. Râle pas et réponds. » le genre d'arrangement qu'ils ont presque pris qui donne le ton, elle ne s'en soucie pas plus en haussant les épaules, riant au passage. « Cheers. » Cohen qui trinque, le vin rouge est amer et dégoûtant, les tasses sont à l'effigie d'un slogan ringard de publicités des années 90 mais elle, elle s'intéresse seulement à ce qu'il pourrait bien lui dire. S'y intéresse enfin.

Elle travaille, et elle le fait bien apparemment. Je la regarde et je ne dis rien pendant de longues minutes. Je ne dis rien jusqu’à ce que le producteur ne m'interpelle. C’est à mon tour de travailler et de faire ce que je fais le mieux. Jouer de la musique et chanter. Pour le moment, je n’ai besoin que de jouer des instruments qu’ils ont mis à ma disposition. « Est-ce que t'essaies de me chasser de mon lieu de travail, Etish? Pas cool. » Je hausse un sourcil. “C’est toujours ton lieu de travail quand t’as fini ce que t’avais à faire ?” J’ai un air de défi au fond de mes yeux et un sourire qui né de nouveau au coin de mon visage. Je me concentre quelques minutes sur elle, sans penser à ce qu’il y a autour. Mais à partir du moment où je dois me concentrer sur ma musique il n’y a plus personne autour de moi.

Je travaille, mélange une partition avec une autre. Enregistre une partie au piano puis au violon pour voir comment les deux peuvent rendre combinées. Je me concentre pendant des minutes, des heures, je n’en ai aucune idée. J’ai posé rapidement ma voix sur une version, puis sur une autre. Les paroles ne sont pas vraiment recherchées, je ne les ai pas écrite mais je me dis que c’est pour un jeu vidéo, que le texte doit être cohérent avec ce qui se passe. Et finalement, j’aime les premiers résultats qu’on peut avoir. Mon regard s’est posé quelques fois sur Chloe qui est restée plus ou moins silencieuse dans un coin de la pièce, à prendre des notes même. Et je ne peux m’empêcher de me demander si ça lui a plu.

Elle s’en va, puis elle revient et je ne sais pas combien de temps il s’est écoulé. J’ai le droit à une pause et je compte bien trouver un endroit pour fumer. « Tu joues du violon depuis longtemps? » Un sourcil se hausse, pourquoi je devrais répondre à une telle question ? « T'as le droit à une question perso à me poser toi aussi, après. Râle pas et réponds. » Je réfléchis vraiment. “Je sais plus vraiment, je devais avoir 11 ou 12 ans. Je hausse les épaules, je suis entré dans une salle de musique par effraction pour la première fois quand j’étais dans ma première famille d’accueil, et après, j’ai appris. J’attrape la tasse de vin, je fronce les sourcils. C’est étonnant comme permission, c’est inattendu aussi. “T’as déjà eu des récompenses pour des films dans lesquels t’as joué ?” Je n’irai pas chercher par moi-même, je préfère qu’elle m’en parle si elle en a envie. « Cheers. » Nos tasses tintent l’une contre l’autre. Je grimace en buvant ce vin. “Comment ils peuvent acheter des trucs pareils ?” Il y a la cage d’escalier à côté de nous et un accès à l’extérieur. Je l’attrape par la main et l’entraîne avec moi vers l’extérieur. Et enfin, je peux sortir les cigarettes qui étaient dans ma poche depuis des heures déjà. “C’était quoi ta passion toi à 10 ans ?” Au fond, je lui ai donné la mienne, à voir si elle décide de se confier un peu plus ou non.

Ils sont seuls, ou du moins ils le sont dans la pièce. C'est là où la langue de Chloe se délie, elle qui n''aime pas être dérangée au boulot comme déranger les autres en plein travail. C'est une gamine la plupart du temps mais lorsqu'on l'engage, elle se coupe instantanément de toutes distractions.

Jet qui répond d'office et au taquet à sa question l'aurait fait hausser du sourcil, avant. “Je sais plus vraiment, je devais avoir 11 ou 12 ans." maintenant, il semblerait bien qu'ils en soit venus à un terrain d'entente, retirant pas mal d'épines de leurs pieds en commun. « Je t'imaginais pas musicien, à 11 ou 12 ans. » qu'elle nargue la blonde, ramenant la capuche de son hoodie sur ses mèches folles. L'a-t-elle vraiment imaginé enfant ou elle ne fait que se moquer pour la forme? On ne le saura jamais vraiment, elle la première. “T’as déjà eu des récompenses pour des films dans lesquels t’as joué ?” apparemment, le jeu des questions en est un qu'Etish aime bien. Encore une fois il l'étonne, presqu'autant qu'elle s'étonne elle-même d'entendre sa voix monter si facilement. « C'est arrivé oui. Je suis allée à Cannes une fois, c'était pas pour moi mais c'était tout comme. » c'était pour le film de Victor, pour ses idées à lui et pour son acting à elle. Le prix n'était pas à son nom mais il était à celui de l'équipe - ça compte qu'elle imagine. Pourtant, elle ne prend pas le crédit qui lui est attribué pour ça, ne le prend plus ; c'était le temps des galères. Ça appartient à avant. « Je fais dans dans l'indépendant, dans le moins connu. Ça me fera pas rager si t'as rien vu. » elle a reçu quelques prix pour des films envoyés aux festivals les plus intimistes du pays, d'ailleurs. L'un d'eux était partagé avec Rory, c'est à celui-là qu'elle additionne un sourire en coin, pensive mais pas trop. De dire qu'elle fait dans l'indie la sauve aussi, un peu, de justifier sa sabbatique d'une longue année.

“Comment ils peuvent acheter des trucs pareils ?”
« Ici, ils prônent la quantité pas la qualité côté bouffe et rafraîchissements. »

Elle pouffe Chloe, voyant comment Jet a l'air de détester la vie presqu'autant que le vin qu'il ingère. Elle a à peine le temps de leur piquer une autre bouteille au hasard et un sac de chips à la saveur douteuse qu'il l'entraîne dehors. L'air est frais et bon, il l'empeste avec sa clope la seconde d'après sans qu'elle ne grogne. D'habitude elle la lui aurait piquée dès la première bouffée ; mais pour l'heure, elle n'y touchera pas. Si elle doit encore enregistrer des voix, autant ne pas brouiller la sienne. “C’était quoi ta passion toi à 10 ans ?” il s'installe de son côté, elle prend place contre un mur de briques qui lui râperait le dos si elle ne portait pas une infinité d'épaisseurs de fringues. « Les échecs. » une croustille plus tard - c'est à quelle saveur, vraiment, ce truc? - et une gorgée de vin avec, elle laisse aller un rire en attrapant ses prunelles à lui des siennes à elle. « Rigole pas. » le simple fait qu'elle le lui demande la fait pouffer de plus belle. « Mon père m'a appris à jouer quand je savais même pas encore écrire. » petite nerd en devenir, petite calculatrice depuis le berceau. « Et non, je jouerai pas contre toi. » la règle est claire et celle-là, contrairement à toutes les autres qu'ils se sont mises entre les pattes rien que pour les bafouer, elle ne sera jamais délogée.

« Y'avait que deux instruments à l'intérieur. Ce sont tes préférés ou tu joues juste de ça? » à question égale vient interrogatoire et tout le reste, finalement.

Je ne pensais pas vraiment qu’on pourrait avoir une discussion de ce genre tous les deux. Elle pose des questions et je réponds, sans qu’il n’y ait forcément d’obligation pour elle de répondre à mes questions. Je ne réfléchis plus autant qu’avant quand je suis avec elle, et j’ai l’impression que c’est pareil de son côté. « Je t'imaginais pas musicien, à 11 ou 12 ans. » “Je t’imaginais pas faire des voix d’enfants à 30 ans !” Je pouffe de rire, la bouscule légèrement, je ne sais même pas vraiment quel est son âge. On ne connait que peu de choses l’un de l’autre. Comme quoi, il n’y a pas besoin de poser mille et une questions le premier soir pour créer un lien quel qu’il soit.

Une question qui vient d’elle, puis une qui vient de moi. Les réponses qui viennent aussi, plus sincères à chaque fois. Il n’y en a aucun qui essaie d’éviter, et ça c’est une première. Nos règles nous permettent d’apprendre à nous connaître de cette manière. A poser des questions et avoir une vraie réponse. A se donner rendez-vous en sachant que l’autre viendra parce qu’on a dit qu’on passait en premier. C’est nouveau, c’est intéressant, et ça m’amuse jusque là. « C'est arrivé oui. Je suis allée à Cannes une fois, c'était pas pour moi mais c'était tout comme. » Je hoche la tête. “Je t’imagines pas être tirée à quatre épingles pour sillonner les tapis rouges de France.” Je penche la tête, c’est certainement pas comme ça que je pourrais l’imaginer en robe et talons aiguilles. Je ne m’en plains pas, mais je n’imaginais pas voir deux personnes en une seule. « Je fais dans dans l'indépendants, dans le moins connu. Ça me fera pas rager si t'as rien vu. » “Le prends pas pour toi j’ai jamais trop aimé le cinéma.” On est différent sur beaucoup de points à l’extérieur, et pourtant si similaire sur d’autres à l’intérieur. “Tu me donneras le titre d’un ?” Et peut-être qu’alors je prendrai le temps de me poser devant un ordinateur pour regarder un de ses film.

Je l’entraine dehors et je profite rapidement de l’air frais avant de sortir une cigarette. Une seule, parce que si elle veut fumer elle ne se gênera pas pour l’enlever d’entre mes lèvres. Les inspirations s’enchaînent et une nouvelle question est posée. « Les échecs. » Je tourne ma tête vers elle, étonné. « Rigole pas. » Trop tard, je ne retiens plus l’éclat de rire qui s’additionne au sien. « Mon père m'a appris à jouer quand je savais même pas encore écrire. » “T’étais la petite bizarre à lunettes avec un regard de psychopathe ?” Je hoche la tête, ça ne m’étonnerait pas une seule seconde. Elle a beaucoup de facettes la jeune femme, et, étonnement, je commence à m’intéresser à chacune d’entre elle. « Et non, je jouerai pas contre toi. » “T’aurais été sûre de gagner !” Je n’ai jamais fait partie de ces personnes qui aimaient faire travailler leurs cerveaux, je n’en ai jamais eu l’occasion non plus.

« Y'avait que deux instruments à l'intérieur. Ce sont tes préférés ou tu joues juste de ça? » Je réfléchis, et je ne compte plus le nombre d’informations qu’elle me donne avant d’en donner à mon tour. “Mes deux instruments préférés. Mais je touche un peu à tout.” La musique, c’est toute ma vie. Et j’ai appris au cours du temps à savoir jouer de tout. “Je fais beaucoup de guitare aussi.” Et pour une fois je n’ai pas emmené la mienne avec moi. “Tu sais jouer de quelque chose ?”

“Le prends pas pour toi j’ai jamais trop aimé le cinéma. Tu me donneras le titre d’un ?”
« Si t'aimes pas le cinéma ça sert à rien, non? »

Chloe qui joue, mutine, le sourire aux lèvres et les fossettes au creux des joues. Elle lui donnera un titre, peut-être, un jour. Se doutant que ce qu'elle aime ne soit pas du tout ce qu'il apprécie. Fût un temps elle ne jurait que par son cercle d'amis et de relations proches, ceux avec qui elle partageait la scène et le devant comme le derrière de la caméra. L'élite d'avant a éclaté avec le temps, les différences d'opinions, les coeurs brisés. Aujourd'hui, elle se moule à d'autres, sort de son entourage pour son bien-être à elle. Jet est au centre d'un univers qu'elle connaît à peine.

Dehors, il fume, elle grignote, boit un peu. “T’étais la petite bizarre à lunettes avec un regard de psychopathe ?” « Celle-là même. » elle n'était pas si pire, mais si ça amuse Etish de l'imaginer ainsi alors soit. Son accoutrement du jour devrait lui confirmer qu'elle n'en a rien à faire au final, de son apparence. Oh, l'ironie quand on est payée presqu'exclusivement pour être jolie. “T’aurais été sûre de gagner !” aux échecs, il lui laisse la victoire et le dernier mot. Intéressant. « Y'a pas de défi alors. » lui autant qu'elle sait bien que c'est la partie qui est intéressante, pas la finalité.

“Mes deux instruments préférés. Mais je touche un peu à tout.” sa clope lui fait envie, mais elle résiste, bonne petite actrice. “Je fais beaucoup de guitare aussi.” quand elle hoche de la tête, apparemment Jet y voit une question de plus à greffer à leur conversation qui coule de source. “Tu sais jouer de quelque chose ?” « J'ai appris à jouer de la guitare pour un rôle. Jouer, c'est un grand mot. Je connais que deux chansons, en fait. » comme elle est fière, la blondinette qui fronce du nez pour ajouter au sérieux de son point. Parlant de sérieux d'ailleurs, il est temps de rectifier quelque chose. « C'est pas du doublage pour enfants, okay. C'est un jeu vidéo sérieux. » le vin est aussi dégueulasse après la cinquième gorgée, en passant. « Si je te dis ce que j'ai pensé de ta musique tu me diras ce que t'as pensé de mes voix? » la voilà, qui reprend du nerf de la guerre, consciente qu'au passage ils sont étrangement devenus collègues.

« Si t'aimes pas le cinéma ça sert à rien, non? » Je l’ai dit, je ne ferai pas de recherches sur elle. “Si tu donnes rien je verrai rien.” Ca sonne presque comme une promesse entre nous deux. Si elle ne veut pas que je vois ses films je ne les verrai pas. Je ne vais pas me mettre à devenir un grand fan de cinéma parce que je viens d’apprendre qu’elle était actrice. On est deux personnes différentes, avec des centres d’intérêts plutôt opposés. Et je n’ai pas l’habitude d’être avec des gens aussi différents. Comme quoi, même à mon âge on peut continuer d’évoluer.

Je l’imagine petite et elle fait la même chose avec moi. C’est aussi amusant qu’étrange de jouer à ce jeu là. « Celle-là même. » Je l’imagine vraiment, la petite blonde à lunettes avec deux petites nattes se mesurant à de vieux joueurs d’échecs. La petite prodige qui n’a pas fait sa vie dans les domaines où on a besoin de réfléchir mais dans ceux où il vaut mieux être beau qu’intelligent. Plus je pose des questions sur la jeune femme, plus j’ai envie d’en poser d’autres parce qu’on met en avant de nouvelles zones d’ombre. Mais je tire sur ma clope, avale une nouvelle gorgée de vin affreux et j’aurais presque envie d’éliminer les personnes qui ont été capable de produire un truc pareil. « Y'a pas de défi alors. » Aucun si elle compte essayer de m’affronter aux échecs. “Vaut mieux pas que tu saches.” Je laisse planer le doute, je préfère ne pas avouer totalement qu’elle aurait le dessus sur moi.

On parle musique, et bien évidemment que je me perds sur le sujet. Je pose des questions et je réponds avec des phrases trop longues. « J'ai appris à jouer de la guitare pour un rôle. Jouer, c'est un grand mot. Je connais que deux chansons, en fait. » Je hoche la tête en souriant. “Et t’as aimé apprendre ?” Je n’ai jamais vraiment donné de cours de musiques, mais je pourrais peut-être faire des exceptions pour Chloe.

Et elle, elle revient sur le sujet des voix, et du jeu vidéo. « C'est pas du doublage pour enfants, okay. C'est un jeu vidéo sérieux. » Je hoche la tête, un air faussement sérieux ancré sur le visage. “C’est ta voix qui donne un ton enfantin alors ?” Mon sourcil se hausse, je me moque, il faut bien que je continue de la taquiner entre quelques sujets sérieux. « Si je te dis ce que j'ai pensé de ta musique tu me diras ce que t'as pensé de mes voix? » Je me tourne vers elle et jette la cigarette terminée sur le balcon. Je m’assois à sa hauteur. “Tu commences.”

“Et t’as aimé apprendre ?” il s’intéresse, elle aussi. C’est étrange comme dynamique de les voir à deux se relancer comme s’ils avaient véritablement une conversation d’adultes et tout ce que ça implique. Ils ne sont pas ensemble, ils ne l’ont pas décidé ainsi. Ils se voient, ils apprennent à se connaître, elle n’est plus autant sur ses gardes qu’elle l’était d’office. Et tout devrait aller pour le mieux, sur papier du moins. « Ouais. C’est pas si compliqué. » elle fait dans la fausse modestie, se rappelant surtout du moment où ses doigts étaient en sang à force d’avoir trop gratté les cordes tant elle voulait être parfaite et réaliste, à l’écran. Les deux foutues mélodies qu’elle avait apprises au point où même en plein silence et des jours après le tournage, elle les avait encore mémorisées parfaitement en tête. Quel bordel. Mais elle sourit Cohen, pianote du bout de l’index et du majeur sur la bouteille de vin qu’elle lui reprend des mains, non sans le regretter une gorgée plus tard.

Et elle parle de son travail à elle, d’office. “C’est ta voix qui donne un ton enfantin alors ?” la voilà qui roule des yeux la blonde, contentée par la blague mais surtout par la pique qu’il lui a si facilement lancée. Son boulot est probablement la chose qu’elle protège le plus malgré ce qu’on peut bien dire d’elle dans les magazines à potins – ce qu’on a pu dire d’elle, au final. Avant qu’on l’oublie. Maintenant elle remonte doucement la pente Chloe, on lui ouvre peu de portes mais celles qui sont encore accessibles trouvent en elle une bosseuse d’arrache-pied comme il ne s’en fait plus. “Tu commences.” c’est qu’il se fait lâche, Jet. À lui passer le relais de l’initiative, à avoir peur d’aborder son idéation à elle ou en préférant plutôt s’inspirer de ce qu’elle dira sur lui. « Ça change, le violon. » qu’elle commence, pensive, songeant encore une seconde à lui piquer sa clope avant de finir par strictement glisser ses doigts sous ses cuisses, docile petite actrice. « Le piano fait un peu trop dramatique, par contre. Le refrain est bon, mais le dernier couplet est trop lourd pour l’ambiance qu’ils veulent amener. Faudrait l’alléger, sinon avec la cinématique ça va donner un drôle d'effet en décalé à la fin. » elle donne son avis constructif, elle parle en véritables termes et prend le tout au sérieux, le plus possible. « Après, c’est toi qui voit. Mais je sais qu’ils vont te questionner sur ça. » elle connaît son équipe par cœur, constitue sûrement pour Jet une alliée de taille pour s’assurer de remplir sa part du contrat à la perfection.

« On recommence dans 10 minutes. » part du contrat qui reprendra dans 10 minutes top chrono donc. Elle se lève déjà Chloe, à la suite du chargé de projet qui est venu les avertir entre temps. « Va falloir que tu gardes tes commentaires pour toi jusqu’à ce que je te les redemande. » on dirait aussi qu’elle égare ses lèvres sur les siennes, furtivement. Avant de laisser leur solitude derrière elle pour filer au studio dans l’élan.