baby driver. @Ivy Waterhouse

Colleen ne savait pas ce qu’elle avait fait pour mériter ça, mais si le karma s’acharnait sur elle de cette manière cela signifiait sans doute qu’elle avait fait des trucs pas très nets dans une autre vie.

Tout avait pourtant si bien commencé. Après avoir passé une bonne partie du week-end à rattraper son manque de sommeil et à profiter un maximum du confort que lui offrait sa chambre d’hôtel – tout en demeurant volontairement le plus loin possible du bar – elle avait réuni son courage et décidé de participer à l’une des activités proposées ce week-end-là par la production. Le spa ne représentant pas vraiment un défi en soi, elle avait arrêté son choix sur la deuxième activité : les voitures de course. Pour elle que la vitesse effrayait et qui était en réalité une bien piètre conductrice – elle n’était pas près d’oublier les railleries répétées d’August à ce sujet – difficile d’imaginer qu’une telle expérience puisse l’attirer. Et pourtant… Depuis le début de l’aventure Race of Australia, l’Anglaise ne cessait de se dépasser et de tester ses limites. Elle n’était plus angoissée à la seule perspective de devoir lever le pouce pour solliciter l’aide d’un parfait inconnu, ou de passer la nuit à la belle étoile. Les expériences vécues en deux semaines de course lui avaient permis d’appréhender la vie sous un angle différent, et elle avait pris conscience que quitte à participer à une émission de cet acabit, autant vivre l’aventure à fond. Advienne que pourra.

Forte de son désir d’outrepasser encore une fois les limites qu’elle s’était depuis toujours imposées, elle avait proposé l’activité à Jack qui n’avait pas émis la moindre objection et avait décidé de la suivre dans son délire. Colleen mentirait en prétendant que ce comportement l’avait étonnée. Depuis le début, son binôme se pliait en quatre pour satisfaire le moindre de ses désirs, et jamais il n’avait ne serait-ce que remis en question les décisions qu’elle prenait pour elle – et parfois pour eux. Sa loyauté n’avait d’égale que sa bonhomie légendaire, et une fois de plus l’Anglaise avait intérieurement remercié la production de l’avoir associée à un personnage aussi attachant que le Canadien. Car si elle avait dû passer autant de temps avec un autre candidat, elle soupçonnait qu’elle aurait pris beaucoup moins de plaisir à vivre l’aventure.

Seulement voilà, les choses ne s’étaient pas du tout déroulées comme prévues. Arrivés au stand, le gérant avait proposé de mixer les candidats et de séparer Colleen de son fidèle allié. Pire, il l’avait associée à Ivy, la jolie blonde dont elle avait croisé le chemin dès la première semaine mais qu’elle s’évertuait à fuir comme la peste depuis, peu encline à en subir les foudres. Comme si cela ne suffisait pas, l’Italienne n’avait pas perdu une seconde et s’était installée derrière le volant, lui attribuant tacitement le siège passager. La place la plus exposée en cas d’accident. La place du mort.

Les paupières closes, la mâchoire crispée et le corps tendu, Colleen récita une petite prière intérieure. Quand elle ouvrit les yeux, elle agrippa la poignée de maintien en haut de la portière comme si sa vie entière en dépendait – et en vérité, c’était probablement le cas. « S’il-te-plait Ivy, vas-y doucement » Implora-t-elle quand la jeune femme à ses côtés démarra la voiture et fit rugir le moteur. « Je sais que j’ai presque quarante ans mais quand même, je suis trop jeune pour mourir ». Dire qu’elle n’était pas rassurée était un euphémisme.

Une nouvelle après-midi, une nouvelle activité. Je me retrouve sur un circuit de voiture. Et je sens que je vais pouvoir me défouler. Martin n’est pas venu avec moi, il a décidé qu’il resterait dans la chambre à consoler Loan pendant tout le temps du week-end. Il m’énerve, on aurait pu s’amuser un peu ensemble mais non il a décidé d’être chiant. C’est pas faute de lui avoir dit des dizaines de fois même si Loan était dans les parages. S’il n’est pas content c’est la même chose. Alors je m’occupe toute seule, et je me retrouve à regarder les voitures faires des cercles. Ca ne me parait pas si compliqué. Et je me demande pourquoi personne ne râle pour prendre le volant. Ils ont tous des conducteurs, et je trouve ça nul. Donc, bien évidemment je suis allée voir les responsables de l’activité, et qui ça étonne quand je dis que j’ai trouvé un moyen de me retrouver au volant d’une de ces voitures ?

Colleen est à côté de moi? On a pas vraiment eu l’occasion de discuter. Je suis occupée par Jack quand elle est dans les parages en général. Et on ne peut pas dire que je l’ai trouvé vraiment intéressante au premier abord. Donc je ne me suis pas présentée, et je ne lui ai pas demandé de le faire non plus. Elle a déjà l’air paniquée et ça me fait rire, je ne vais pas lui dire que j’ai payé le type pour avoir mon permis du coup. Et qu’ils ont dit qu’on ne pouvait pas être filmé parce que c’était pas une conductrice confirmée qui était au volant. “Où est le fun si je vais doucement ?” Ce n’est pas la première voiture de course que je conduis, ni le premier circuit que je fais. Je devrais gérer. “Je suis pas un danger public.” Et je démarre la voiture, je fais un bruit monstrueux et je souris comme une gamine. “T’es prête ?” Oh non elle n’est certainement pas prête pour ça.

Ivy n’avait pas l’intention d’y aller doucement. Ivy n’avait pas l’intention de la ménager. Apparemment, conduire doucement sur ce circuit n’aurait rien de fun, mais ça c’était son point de vue à elle. Car Colleen, de son côté, aurait donné n’importe quoi pour parcourir ledit circuit sur un rythme de croisière. Elle ne considérait pas la vitesse comme fun mais plutôt comme particulièrement dangereuse. Elle n’avait jamais été attirée par les sensations fortes, et si la raison qui l’avait amenée à se rendre à cette activité était de repousser ses limites, elle n’en avait plus très envie à présent et songeait même au spa avec envie. En présence d’un conducteur chevronné ou de Jack, les choses auraient été différentes : elle ne doutait pas de la maîtrise du premier et plaçait une confiance aveugle au second. Mais avec Ivy, les choses étaient différentes… Elle ne la connaissait pas suffisamment pour appréhender aisément ses réactions, et son instinct la poussait à s’en méfier. Leurs chemins s’étaient croisés à plusieurs reprises au cours de l’aventure, mais jamais Colleen ne s’était sentie en confiance en sa présence. Elle la considérait comme assez immature et capricieuse, et qu’une fille pareille puisse avoir son destin entre les mains lui donnait froid dans le dos. Elle avait beau lui assurer qu’elle n’était pas un danger public, Colleen peinait à lui accorder sa confiance.

Quand elle lui demanda si elle était prête, Colleen déglutit péniblement. Elle avait la certitude de ne pas l’être, mais maintenant qu’elle était installée sur ce fichu siège elle pouvait difficilement faire marche arrière, n’est-ce pas ? Cramponnée à la poignée de maintien, la brune serra les dents et riva ses yeux sur le circuit. Elle tenta vainement de se donner du courage en se rappelant les motivations qui l’avaient poussée à rejoindre le casting de Race of Australia, et finit par acquiescer. « Ok c’est parti Schumacher… Enfin, en espérant ne pas finir dans le même état que lui hein ». Après avoir fait rugir une nouvelle fois le moteur de l’engin, la blonde lança le véhicule sur la piste à pleine vitesse, son pied écrasant la pédale d’accélération. « Rassure-moi Ivy… Tu as ton permis au moins ? ». A bien y réfléchir, Colleen aurait sans doute pu lui poser la question avant…

@Ivy Waterhouse

Je suis prête à partir, mes deux mains sont sur le volant et je joue avec les pédales. Je pensais faire les tours toute seule, mais on met quelqu’un sur la place de passager. C’est Colleen, je l’ai déjà croisé plusieurs fois sur la route entre deux villes et deux étapes. Je ne lui ai jamais parlé, elle n’est pas très intéressante, ou trop calme, ou les deux. Mais je souris en entendant le bruit que fait le moteur, peut-être que je suis en train de la terrifier mais je m’en fiche. Je vais m’amuser, et ça ne sera qu’un mauvais moment passé pour elle si elle n’aime pas l’adrénaline. J’attends que le mec se prépare devant moi, qu’ils donnent le top départ et pendant ce temps j’accorde un regard à la brune qui a l’air complètement paniqué. Quoi ? J’ai l’air d’une inconsciente ?

Elle me parle alors je garde ma tête tournée vers elle, mes deux mains toujours posées sur le volant. “Je vais faire en sorte qu’on tienne au moins 2 tours de piste avant de mourir.” Je suis pas du tout rassurante mais ça m’amuse. Elle va paniquer, mais elle ne peut plus sortir de la voiture. Oups. Je pouffe de rire avant de regarder de nouveau vers la route. Ils sont terriblement long et je fronce les sourcils. Je vais finir par partir sans que personne ne m’ait donné l’autorisation, mais je risquerais de tuer des gens sur ma route. “Peut-être bien.” J’ai mon permis, mais on ne peut pas dire que je l’ai réellement passé. Je l’ai acheté, mais ça, elle n’a pas besoin de le savoir. “Si ça peut te rassurer ce n’est pas la première fois que je suis au volant.” Ca ça devrait peut-être la rassurer un peu. A peine. Parce que mon sourire carnassier s’agrandit quand on me donne le top départ.

Que lui était-il passé par la tête quand elle avait accepté de se rendre sur ce circuit ? Et surtout, pour quelle raison avait-elle accepté de s’installer sur le siège passager, à côté d’une Ivy peu rassurante ? Colleen s’en mordait les doigts à présent. Avant même que le véhicule ne soit lancé à pleine vitesse sur la piste, elle se mit à angoisser à la perspective de partager cette course avec la jolie Italienne. Elle n’avait jamais aimé la vitesse, elle était plutôt du genre à contrôler son panneau de bord toutes les dix secondes lorsqu’elle se tenait derrière un volant, pour vérifier qu’elle ne dépassait pas la vitesse autorisée. A vrai dire au plus elle restait éloignée des voitures, au mieux elle se tenait. Ce qui rendait son inscription à Race of Australia presque ironique, en fin de compte, dans la mesure où elle devait traverser l’Australie d’Ouest en Est en se reposant uniquement sur la maîtrise de conducteurs qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Toutefois, jamais elle n’avait autant appréhendé un tour en voiture qu’en cet instant-là, à côté d’Ivy. Aussi, quand cette dernière la taquina en mentionnant les deux tours de piste, Colleen secoua la tête. « Rassurant. Très rassurant » S’agaça-t-elle avant de contracter la mâchoire. Devant elles, la voiture de course qui les précédait s’apprêtait à démarrer, ce qui signifiait une seule chose : l’imminence de leur propre départ. Alors que l’Anglaise aurait tout donné pour figer le temps, celui-ci sembla s’accélérer et avant même qu’elle ait le temps de reprendre son souffle, la voiture de devant filait à toute vitesse devant ses yeux ébahis. Impatiente, Ivy écrasa alors la pédale d’accélération et Colleen pensa enfin à lui demander si elle avait vraiment son permis. La blonde resta évasive, avant de confirmer que ce n’était pas la première fois qu’elle conduisait. Ah. Toujours aussi rassurante. « Eh bien, assure-toi que ce n’est pas la dernière fois non plus, mmh ? ». Accrochée à la poignée de maintien, la brune crut bien faire en fermant les yeux les premières secondes, mais les mouvements brusques de la voiture couplés à son incapacité à deviner comment Ivy se débrouillait la firent renoncer et elle rouvrit les yeux aussi vite. Elle jeta un coup d’œil à l’aiguille qui indiquait la vitesse sur le tableau de bord et, paniquée, elle lança le premier truc qui lui passait par la tête d’une petite voix effrayée. « J’ai une fille, Ivy. Une fille qui a eu dix-huit ans pendant l’aventure. Si tu nous tues, je mourrais en n’ayant jamais pu lui souhaiter un joyeux anniversaire ». Comme en réponse à ses supplications, Ivy prit un nouveau virage à toute vitesse. « Punaaaaaaise, Ivyyyyy !! » Hurla Colleen, le teint livide.

Je lève les yeux au ciel, pourquoi Colleen vient faire cette activité si elle panique autant à l’idée d’être en voiture ? Je suis une conductrice hors pair et je n’ai rien à envier à ces cascadeurs qui prennent en charge les autres participants à ROA. Elle devrait s’estimer chanceuse d’être avec moi, elle est certaine de s’amuser le plus possible. Si elle continue à râler et à inonder la voiture avec ses ondes de stresse je vais m’arranger pour qu’elle soit éjectée de la voiture pendant le premier tour de piste. “Faudrait songer à te détendre” Je soupire, excédée par son comportement. J’ai presque envie d’ouvrir la fenêtre pour leur dire d’enlever ce boulet de ma voiture. Elle me donne un conseil, et je hausse les épaules. Bien plus intéressée par ce qui se passe devant moi que par la jeune femme qui est encore en train de paniquer.

“Faut bien mourir un jour non ?” Je hausse les épaules, j’adore la faire paniquer. Elle ne va pas sortir de cette voiture, c’est trop tard. Le décompte commence, et, à peine terminé, j’appuie à fond sur l’accélérateur. Elle me parle de l’anniversaire de sa fille alors que je tiens nos vies entre nos mains. Je grogne. “C’est le cadeau le plus important, j’espère que tu lui en as fait un en avance au cas où.” Je pouffe de rire mais n’échange aucun regard avec la jeune femme qui s’accroche à la poignet de sécurité comme si sa vie en dépendait. Bon, sa vie en dépend un peu, à peine. Je prends un nouveau virage et les pneus crissent contre la route. J’accélère au maximum et prends tous les risques, je ne réfléchis même pas à ce qui pourrait arriver. “Si tu continues de hurler je me débrouille pour que ta portière s’ouvre.” Elle la déconcentre, mais Ivy continue de s’amuser.

Si Colleen avait été croyante et pratiquante, sans doute aurait-elle été tentée de faire le signe de croix et d’énoncer une petite prière avant leur départ. Car au plus elle y songeait, au plus elle réalisait à quel point elle avait eu tort de se lancer dans une activité pareille, et aux côtés d’Ivy de surcroît ! Avec Jack, la situation aurait été différente… Mais non, bien sûr, il avait fallu que ses plans changent au dernier moment et que l’instructeur décide de mixer les binômes ! Colleen avait comme l’impression qu’elle n’était pas au bout de ses peines avec la jeune Waterhouse. Alors que cette dernière lui demandait de se détendre, la brune n’avait qu’une envie : détacher sa ceinture de sécurité, ouvrir la porte et quitter la voiture de course. Parce que même lancée sur la piste, elle avait sans doute moins de chances de mourir en se propulsant de cette manière plutôt qu’en restant dans l’habitacle du véhicule. Elle soupira de plus belle quand la jolie blonde se moqua gentiment, affirmant qu’il fallait bien mourir un jour. « Oui, enfin le plus tard possible c’est bien aussi » Répliqua-t-elle, le visage impassible. Elle évoqua alors sa fille, espérant que la confidence lui attirerait la sympathie de la conductrice et qu’elle se calmerait enfin sur la pédale d’accélération. La tentative naïve tomba bien évidemment à l’eau puisque de la sympathie, Ivy n’en éprouvait probablement aucune. Elle grommela que c’était le cadeau qui importait dans un anniversaire, et qu’elle espérait qu’elle lui en avait fait un en avance. Au cas où. Colleen lui glissa un coup d’œil en biais, les sourcils froncés. Ivy avait quoi… Vingt ans ? Vingt-cinq ans ? Un peu plus peut-être ? Quoiqu’il en soit, elle était sans doute un peu trop vieille pour être sa mère, pourtant en cet instant précis elle aurait rêvé lui faire une petite leçon de moral – alors même qu’elle en faisait rarement à sa propre fille. Elle ne savait pas comment avait été élevée Ivy, mais tout portait à croire que son éducation comportait quelques lacunes. « Son cadeau sera ma réussite dans cette aventure » Répondit-elle, sans une once de conviction. « … Sauf si tu me tues avant ». Le virage suivant la força à se taire, et Colleen sentit son visage devenir livide quand elle glissa un coup d’œil à l’aiguille qui indiquait la vitesse du véhicule. « Mais t’es complètement malade ! » S’exclama-t-elle. « Ralentis Ivy ! Ralentis bon sang !! » La supplia-t-elle alors que la voiture faisait un dérapage à moitié contrôlé sur la route. Ils dépassèrent la voiture qui les précédait et elle sentit Ivy jubiler à côté d’elle. « ET J’HURLE SI JE VEUX, OK ? ».

Cette brune arrive à me mettre de mauvaise humeur alors que je fais quelque chose que j’adore faire. Les dents se serrent alors qu’elle râle encore. « Oui, enfin le plus tard possible c’est bien aussi » “Qu’est ce que tu fais là si tu n’aimes pas les sensations fortes ?” Je fronce les sourcils mais continue de regarder la route et les virages qui me font face. Je ne surveille pas ma vitesse, je n’en ai pas besoin. Je pourrais crier de joie tant les sensations sont plaisantes, mais je suis obligée de prendre en compte le fait que cette jeune femme n’a pas l’air d’apprécier l’expérience. « Son cadeau sera ma réussite dans cette aventure… Sauf si tu me tues avant »  Je lève les yeux au ciel mais ne lève pas le pied de l’accélérateur une seule seconde. “Je suis pas un danger public. Fallait pas monter si t’aimes pas ça.” Je serre les dents mais me reconcentre vite sur mon plaisir et mes envies. Je n’ai pas envie d’écouter la brune, elle va réussir à me gâcher ma folie si je continue de l’écouter.  « Ralentis Ivy ! Ralentis bon sang !! » “Sérieusement ?” Elle a cru qu’on allait faire un petit trajet à 50 km/h pour visiter les environs ? Je regarde autour de moi et elle se met à hurler de terreur, à hurler parce que je lui demande d’arrêter de hurler. Ca y est, je suis énervée. Je pile sur le frein et gare la voiture sur le bord de la route. Je me tourne vers la brune, des éclairs dans les yeux. Je soupire et regarde autour de nous. “Est ce que ça a l’air d’être une promenade de santé ?” Mes mains montre l’entièreté du circuit. Je hausse les épaules. “Donc soit t’arrêtes de la jouer gamine peureuse soit tu sors.” Les portes sont déverrouillées, elle peut s’en aller si elle compte continuer de me faire chier.

Que faisait-elle là ? C’était une bonne question. Et par là, elle ne sous-entendait pas sur le tournage de Race of Australia, mais bien dans cette voiture avec Ivy. Elle avait voulu se persuader qu’elle pouvait y arriver, qu’elle pouvait apprécier les sensations fortes que lui procureraient cette activité. Et quelque part, elle y serait sans doute parvenue avec quelqu’un d’autre. Mais lui demander de se détendre alors qu’elle n’avait pas du tout confiance en Ivy relevait de la mission impossible. Elle était crispée, nerveuse et effrayée à la perspective de passer plusieurs minutes dans cette position. Elle sentait bien que sa nervosité commençait à agacer la jeune conductrice, mais qu’y pouvait-elle ? Elle n’allait tout de même pas prétendre passer un moment agréable alors que ce n’était pas le cas ! Car l’Anglaise n’avait désormais plus qu’une hâte : quitter ce véhicule le plus vite possible, en vie de préférence, et retrouver sa chambre d’hôtel afin de se remettre de ses émotions.

Ivy lui affirma ne pas être un danger public, tout en appuyant de plus belle sur la pédale d’accélération. Colleen secoua la tête, les yeux rivés sur la route, ses ongles s’enfonçant dans la paume de ses mains. Ils dépassèrent la voiture qui les précédait et, sentant la leur déraper de façon incontrôlable sur le bitume avant de se redresser de justesse, elle se mit à hurler. Il n’en fallut pas plus à Ivy pour perdre définitivement patience, et passé le prochain virage, elle pila brusquement pour arrêter le véhicule et lui proposer de sortir. Tremblant comme une feuille, Colleen peina à retrouver ses esprits. Non, ce n’était pas une promenade de santé. Oui, elle savait à quoi s’attendre en montant en voiture. Mais elle avait clairement surestimé sa capacité à prendre du plaisir dans ce genre d’activité. Alors elle pivota vers Ivy, planta son regard dans le sien et à contrecœur, accepta l’abandon. « Je sors » Fit-elle, implacable. « Je ne suis pas sûre de pouvoir en supporter plus. Amuse-toi bien » Et essaye de rester en vie. La brune s’extirpa de la voiture, et quand elle vit celle-ci repartir en trombe sur le circuit, poussa un soupir de soulagement. Elle n’était peut-être pas courageuse, mais au moins était-elle en vie.