Ce carnet, c’est totalement par hasard que tu l’as trouvé. Tu étais arrivée légèrement en retard à ton cours d’introduction à la sociologie, ce cours que tu prenais simplement pour ta culture générale, pour découvrir de nouvelles choses. Tous les semestres, tu suivais un ou deux cours en dehors de ton cursus scientifique pour ne jamais t’ennuyer. Arriver en retard, cela voulait dire ne pas prendre place sur ton siège habituel. Tu t’étais installée discrètement là où tu avais trouvé de la place. Dans ton empressement à attraper un stylo, tu le fis tomber et tu laissais échapper un petit juron avant de te baisser pour le ramasser. C’est là que tu avais trouvé le carnet. Pas vraiment étonnant que personne ne l’ait remarqué, il se fondait parfaitement au décor, comme si l’on avait voulu le camoufler. Tu le ramassais et demandais autour de toi si quelqu’un avait perdu son carnet mais tout le monde te répondit non. Haussant les épaules, tu le rangeais dans ton sac et te reconcentrais sur le cours. Ce n’est que le soir, tranquillement installée dans ta chambre que tu retombais sur le carnet en préparant ton sac pour le lendemain. Un air de musique dans les oreilles, tu l’ouvris et lus la première page. Tu ne savais pas vraiment à quoi tu t’attendais. Enfin si, tu t’attendais à trouver des prises de notes de cours qui te seraient incompréhensibles mais ce n’est pas ce qui se passa. Non, il fallut que tu lises plusieurs pages pour te rendre compte que ce carnet était bien plus précieux que cela. Ce que tu lisais n’était pas de la prise de note mais plutôt des phrases bien tournées, des idées jetées d’un côté ou de l’autre, des passages entiers d’histoires dont tu ne connaissais ni le début, ni la fin. Quand tu finis de parcourir le carnet, il était tard et tu le rouvris sur la première page pour voir s’il y avait un nom, quelque chose qui pourrait t’indiquer à qui il appartenait. Un petit sourire satisfait se dessina sur tes lèvres quand tu vis en haut à gauche, derrière la page de couverture un nom : D. Williams. Bon, ce n’était pas grand chose mais c’était déjà un début. Ta mère avait toujours dit que ta persévérance te perdra, il était temps de la tester. Mais dans un premier temps, tu avais fermé le carnet et tu t’étais couchée. Tu commenceras ton enquête le lendemain.

Ce que tu découvris le lendemain, c’est que Williams est un nom de famille plutôt courant. Tu faillis avaler de travers quand le nombre d’étudiant avec ce patronyme s’afficha devant tes yeux. Gosh … Bon, préférant ne pas perdre de temps, tu décidais de retourner près de l’amphithéâtre où tu avais trouvé ce carnet et demander à des gens si certains connaissaient un D. Williams. Ce fut d’abord plusieurs tentatives infructueuses entre tes cours, certes, mais finalement, un élève plus âgé que toi te confia qu’il avait un Damon Williams dans un de ses cours et qu’il gribouillait souvent des choses sur papier. Oui, comme si l’usage du papier lui était peu familier. Malgré ton amour pour la technologie, tu apprécieras toujours le papier. Maintenant que tu avais cette information, tu continuais à mener ton enquête. Il te fallut plusieurs jours avant de savoir où tu allais pouvoir trouver ce fameux Damon Williams car il fallut remonter la chaine des informations. Tu avais fini par le trouver dans l’annuaire des étudiants de l’université. Etudiant en sciences sociales, on t’avait assuré que c’était pourtant près du bâtiment des arts et de la littérature que tu avais le plus de chance de le trouver. Maintenant que tu avais vu une photo de lui sur l’annuaire, ce serait plus simple. Des amis à lui t’avaient assurée que tu le trouverais certainement dans les jardins près du bâtiment du département d’art. Ces jardins étaient de style anglais et très bien entretenus car ils pouvaient servir d’inspiration pour des cours. Tu connaissais peu cette partie du campus mais quand tu la découvris, tu fus émerveillée. C’était en effet très beau et un petit havre de paix au milieu de ce campus ayant parfois des dimensions impressionnantes. Le soleil était bien présent dans le ciel aujourd’hui en cette belle journée de printemps. La robe fleurie que tu portais épousait parfaitement tes formes et après avoir mis une mèche de tes cheveux derrière ton oreille, tu mis ta main en visière pour te protéger du soleil et voir si tu pouvais l’apercevoir. Un sourire se dessina sur ton visage quand tu le vis, assis sur un banc à l’ombre d’un arbre fruitier. « Damon Williams ? » Demandas-tu alors que tu approchais. Il leva immédiatement la tête et ton regard croisa le sien pour la première fois. Tu lui souris avant d’attraper le carnet que tu avais dans ton sac et de le lui tendre : « J’ai trouvé ce carnet il y a quelques jours par terre pendant un de mes cours. J’ai mis un peu de temps à retrouver ta trace mais je pense qu’il t’appartient. » Est-ce que tu devais lui dire que tu avais dévoré ses écrits et qu’il était très doué ? Peut-être mais pas tout de suite. Pas quand il te regardait d’un air suspect à l’inverse du regard rempli de reconnaissance auquel tu t’attendais …


@Damon Williams

sparks fly.

@ilaria mackenzie

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Les endroits où il était possible de trouver un petit peu de calme et de tranquillité au sein même de l’université étaient rares. Le nombre d’étudiants pesant chaque jour entre ces murs étaient impressionnant et à dire vrai, Damon ne s’attendait pas à ça en arrivant ici au début de l’année. Lui qui était pourtant habitué à fréquenter une université connue et peuplée, s’était dit naïvement qu’en arrivant de l’autre côté du globe terrestre il aurait à faire à un lieu d’apprentissage bien moins fréquenté. Mais la Queensland était une véritable fourmilière et il était parfois facile de réussir à s’y perdre, à se noyer dans la foule. Pour éviter ceci, Damon avait passé un temps considérable en début d’année scolaire à parcourir les lieux pour trouver son endroit, là où il réussissait à trouver un peu de tranquillité - là où cet élément était clairement absent du domicile familiale où il avait de nouveau posé ses valises dernièrement. Cet endroit, son endroit, c’était les jardins qui avaient été taillés et érigés près du département des arts. Lieu peu fréquenté par ses confrères des sciences sociales, même peu fréquenté des étudiants d’autres sections y compris l’art, Damon avait vu en ces lieux un petit havre de paix, quelque part où se ressourcer. Bien loin des étudiants avec qui il passait ses journées assis sur les bancs des amphithéâtres, il pouvait se permettre de laisser aller son stylo sur le papier sans qu’aucun regard quelque peu jugeur ou un brin trop curieux ne se fassent monnaie courant par dessus ses épaules.

« Damon Williams ? » Ou tout du moins, c’était ce qu’il pensait, pouvoir passer inaperçu et qu’on l’oublie pendant une heure ou deux. Mais apparement, c’était trop demandé pour un australien de ne pas se retrouver entouré pendant autant de temps. Fermant les yeux une seconde ou deux, soupirant pendant une durée égale - à peine de quoi être remarqué -, Damon finit par relever les yeux vers la voix qui venait de prononcer son nom. Il n’avait pas perdu de temps et avait, par la même occasion d’un geste réflexe, fermé son carnet sur lequel il allongeait ses pensées depuis le début de l’après-midi. « Lui-même ? » L’interrogation en fin de phrase n’était pas présente car le jeune homme doutait de son identité, mais simplement pour accélérer le processus et savoir ce que la jeune femme qu’il ne semblait avoir jamais croisé pouvait bien lui vouloir. Et, accessoirement, savoir qui elle était en retour car la blonde semblait être sûre d’elle dans ses pas et dans sa voix. Une fois arrivée à sa hauteur, les quelques derniers pas effectués afin de réduire la distance qui les séparait, elle vint finalement sourire puis plonger la main dans son sac. « J’ai trouvé ce carnet il y a quelques jours par terre pendant un de mes cours. J’ai mis un peu de temps à retrouver ta trace mais je pense qu’il t’appartient. »

A ce moment là, plusieurs émotions passèrent à la fois dans le regard et dans le coeur de Damon. Plusieurs émotions dont certaines qu’il ne saurait particulièrement identifier - mais il savait que la surprise fut celle prédominante dans le lot. Venant hausser les sourcils au dessus de ses yeux déjà écarquillés d’instinct, le coeur du jeune Williams vint d’abord louper un battement, avant de reprendre une course folle. Fuck. Comment avait-elle réussi à entrer en possession de ce carnet ? Car, il n’y avait pas à douter des paroles qu’elle avançait: il appartenait effectivement à Damon, il l’avait reconnu à peine ses iris posées sur ce dernier. « Tu l’as trouvé où ? » Par terre était le début de la bonne réponse, mais ça il avait déjà entendu la jeune femme le dire. S’il venait adresser cette question-ci à la demoiselle, cependant, c’était parce-qu’il était réellement surpris qu’elle puisse se retrouver en possession de l’un de ses carnets - car le jeune homme en possédait des dizaines et des dizaines en réalité. Sauf qu’une fois l’un d’eux mis dans sa poche, il ne s’en séparait pas et faisait toujours très attention pour ne pas qu’il tombe dans les mains de n’importe qui - en l’occurence, une parfaite inconnue par exemple. « Il est à moi oui, pourquoi tu l’as gardé s’il t’appartient pas ? » Malheureusement, la panique et le stress se mettaient à parler à sa place et l’italien venait réagir d’une façon bien trop brutale à cette découverte, alors que la blonde devant lui semblait simplement de bonne volonté à ramener un objet qu’il avait, manifestement même s’il n’envisageait pas cette solution présentement, perdu plus tôt dans la semaine.

D. Williams … Il avait été une lettre avant d’être un prénom. C’est par hasard que tu avais découvert ce dernier grâce à l’étudiant qui avait enfin pu te renseigner. Damon. Cela sonnait un peu comme démon et tu t’étais demandé si le jeune homme que tu cherchais en était un. Si c’était le cas, ce sera un démon avec une très belle plume qui n’aura aucun problème à attirer dans son enfer bien des individus. Cette quête de l’auteur avait été éprouvante mais en même temps divertissante. Tu aurais pu ne même pas chercher à retrouver le propriétaire de ce carnet. Après tout, peut-être que ce dernier ne le cherchait pas. Mais après sa lecture, quelque chose t’avait poussé à persévérer. Ta curiosité naturelle, ça c’était certain mais aussi la certitude que ce carnet était trop précieux pour être perdu. Tu ne pensais pas trouver son propriétaire derrière le bâtiment d’art, dans ce petit hameau de verdure calme et à l’abri des regards. Tu avais essayé de ne pas trop l’imaginer, de ne pas lui donner des traits pour ne pas être déçue. C’était idiot d’être déçu parce qu’une personne ne ressemblait pas à ce que l’on avait imaginé, vraiment idiot … « Lui-même ? » Ce fut donc un soulagement quand tu pus mettre des traits sur le nom inscrit dans ce carnet. Maintenant, tu pouvais associer le nom de Damon Williams à un visage, un visage qui était fermé. Il était évident que tu troublais sa solitude et tu t’en serais presque excusée mais pour le coup, tu pensais avoir une bonne excuse. Tu pris le temps de l’observer, sa chevelure blonde mais pas complètement te rappelait la tienne. Tes copines lui auraient donné le titre de beau gosse sans hésitation si elles étaient là. Mais avant de lui décerner un quelconque titre, tu aimerais le voir sourire. Toutefois, cela ne semblait pas au programme car une fois le carnet tendu et tes paroles prononcées, son visage se ferma encore un peu plus. Tu ne pensais pas que c’était possible et tu fus tentée de faire un pas en arrière mais tu t’y refusais. La surprise était toujours inscrite sur ses traits et tu en déduisais que ce carnet n’aurait certainement jamais dû être perdu. Cependant, ce n’était pas de ta faute s’il l’avait égaré, tu n’avais fait que tomber dessus par pur hasard quelques jours plus tôt. « Tu l’as trouvé où ? » Tu fronçais légèrement les sourcils, agacée. Tu venais de lui dire que tu avais trouvé le carnet par terre, cela ne lui suffisait pas ? Ce n’est pas parce que tu l’avais ramassé que cela faisait de toi une voleuse. Le regard remplit de suspicion qu’il te jetait n’était pas difficile à interpréter. « Je l’ai trouvé dans un amphithéâtre du bâtiment des sciences humaines. J’avais un cours de sociologie. J’ai fait tomber mon stylo il était sous la table. » Dis-tu simplement avant d’ajouter : « C’est assez précis pour toi ça va ? » C’était plus fort que toi. Tu savais que c’était une mauvaise idée mais tu n’avais jamais fait partie de la catégorie de gens qui ne disent rien et tournent les talons. Tu aimerais des fois, ce serait plus simple mais là ce n’est clairement pas le cas. En général, quand on ramène à une personne une possession perdue, cette dernière est censée vous remercier non ? Apparemment merci ne faisait pas parti du vocabulaire de ton interlocuteur. « Il est à moi oui, pourquoi tu l’as gardé s’il t’appartient pas ? » C’est à ton tour d’être surprise. C’est quoi cette question ? Qu’étais-tu censée faire ? Le laisser par terre pour que les personnels de ménage le jettent ? Le carnet est toujours dans ta main et tu ne peux t’empêcher de le serrer un peu plus fort alors que l’agacement que tu as ressenti un peu plus tôt commence à se transformer en colère. Il était en train de t’accuser de plus ou moins voler son carnet, comme si tu n’avais que ça à faire ! La prochaine fois que tu te décideras à faire une bonne action, tu y réfléchiras à deux fois, c’est clair. « Si tu veux tout savoir, j’ai failli le jeter. Et j’aurais peut-être dû ça m’aurait évité bien des désagréments. » Parce que oui, tu avais passé du temps et de l’énergie à chercher son propriétaire et vu comment il t’accueillait, tu aurais peut-être dû le jeter. En même temps, tu restais persuadée que son contenu était trop précieux pour finir dans une poubelle mais tu n’allais pas complimenter le jeune homme en face de toi, non merci. « Je l’ai gardé car quand je l’ai lu je me suis dis qu’il manquerait certainement à son propriétaire. Il m’a fallu un peu de temps pour trouver qui se cachait derrière ‘D. Williams’. C’est un nom plutôt courant. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu déposais le carnet sur le banc à côté de lui, cet objet commençait à te brûler les mains. Ton regard croisa celui de Damon et tu ne pus t’empêcher de lui dire : « En général on dit ‘Merci’ quand les gens vous rapportent un objet perdu. Oui perdu car je ne m’amuse pas à voler les carnets des gens. Encore moins d’inconnus que je n’ai jamais croisés. » En tout cas, tu ne te souvenais pas de l’avoir un jour croisé dans ta vie. « Sur ce je te laisse. » Lui dis-tu en tournant les talons. Tu avais rendu son carnet à son propriétaire, mission accomplie. Tu avais espéré pouvoir discuter avec la personne qui avait écrit ces magnifiques lignes mais encore une fois, la réalité et l’imaginaire n’avaient pas grand chose en commun.


@Damon Williams

sparks fly.

@ilaria mackenzie

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Le regard perdu, tentant d’accrocher le moindre détail sur le visage de la jeune femme qui se trouvait face à lui. Il ne savait comment se sentir, présentement, Damon. L’idée qu’elle ait pu avoir accès à ce carnet sans que ce soit son intention à lui le déstabilisait. Il ne montrait ces carnets à personne - sous aucun prétexte. Bien des choses, même si elles n’étaient pas nécessairement personnelles, pouvaient se trouver à l’intérieur de ces pages. Si la plupart du temps, les écrits que Damon y recensait étaient purement fictifs, certaines tournures de phrases et d’histoires pouvaient se rapporter davantage à sa vie personnelle - et surtout, à sa vie chaotique. Cette dernière, il ne désirait pas l’exposer, à aucune occasion. Alors peut-être qu’il était un brin trop sec en s’adressant à la jeune femme, peut-être qu’il n’usait pas des mots attendus dans ce type de circonstances. Mais la surprise et la peur pouvaient vous changer un homme. « Je l’ai trouvé dans un amphithéâtre du bâtiment des sciences humaines. J’avais un cours de sociologie. J’ai fait tomber mon stylo il était sous la table. C’est assez précis pour toi ça va ? » Les mâchoires du Williams vinrent se serrer davantage, alors qu’il se retenait d’exploser un soupire las - et la conversation ne faisait que démarrer. Elle se sentait vexée, et il n’en avait que faire à dire vrai. Elle ne comprenait pas à quel point le contenu de ce carnet pouvait être important à ses yeux, et la façon dont il ne désirait pas venir tourner cette situation en ridicule.

Et pour lui, garder quelque-chose de cette importance qui ne lui appartenait pas défiait toute logique. Il ne s’en serait probablement jamais aperçu, Damon, qu’il avait perdu ce carnet si la demoiselle n’était pas venue le trouver en ce jour. Et ça aurait peut-être été pour le mieux: il préférait ne pas savoir plutôt que l’on vienne lui mettre la vérité sous le nez - quelle ironie. Mais elle avait décidé de faire tout et surtout son contraire, et cela le rendait des plus mal à l’aise. La question qu’il vint poser ensuite à la jeune femme lui renvoya la surprise, cependant, qui put désormais être lue sur son visage. « Si tu veux tout savoir, j’ai failli le jeter. Et j’aurais peut-être dû ça m’aurait évité bien des désagréments. » Il se retint de lever les yeux au ciel, absolument pas conscient que des deux, c’était lui qui en faisait des tonnes et non l’inverse. « Je l’ai gardé car quand je l’ai lu je me suis dis qu’il manquerait certainement à son propriétaire. Il m’a fallu un peu de temps pour trouver qui se cachait derrière ‘D. Williams’. C’est un nom plutôt courant. » Apparemment pas assez, car il n’avait pas réussi à se cacher bien longtemps. Ce ne fut pas cependant la partie qui le dérangea le plus dans la réponse de la jeune femme. Elle venait admettre qu’elle avait lu le carnet - et son coeur à lui se serra. Personne, ô grand jamais personne, n’avait pu poser ses yeux à l’intérieur d’un des carnets de Cosimo Williams. Pas ici en Australie, et encore moins de retour sur ses terres d’adoptions, sans parler de celle où il avait vu le jour. Personne n’avait pu avoir ce loisir là car il ne désirait partager avec personne d’autre le contenu de son imagination. La peur du jugement, en principal moteur, lui qui avait grandi avec des attentes de la part de son père bien plus grandes que le monde ne pouvait en supporter.

Et alors qu’il ne pipait toujours pas un simple mot, la blonde vint déposer le carnet sur le banc aux côté de Damon, qui suivit son mouvement des yeux, les mâchoires crispées. « En général on dit ‘Merci’ quand les gens vous rapportent un objet perdu. Oui perdu car je ne m’amuse pas à voler les carnets des gens. Encore moins d’inconnus que je n’ai jamais croisés. Sur ce je te laisse. » La couverture semblait intacte, les pages toujours à leur place. Le carnet fut rapidement de nouveau dans les mains du jeune italien alors qu’il feuilletait rapidement les feuilles d’une manière rassurante, comme une vieille habitude. Son coeur ne semblait pour autant pas des plus allégés, même en ayant retrouvé son bien. Les pas de la jeune femme rebroussant chemin se firent entendre et Damon mit un temps considérablement long avant de venir relever son regard pour la regarder s’éloigner. Fuck. Il était idiot sur tous les niveaux et une millier de questions semblaient vouloir affluer jusque ses lèvres désormais. Des autant cordiales que celles qu’il avait pu poser à la demoiselle - autant vous dire qu’elle risquait de ne pas prendre le temps d’y répondre -, et surtout d’autres beaucoup plus douces, plus intéressées. Il n’aimait pas l’idée qu’elle ait pu plonger son nez dans des affaires qui ne la regardaient pas, mais elle avait lu. Elle pourrait avoir un oeil avisé, chose dont il n’avait jamais bénéficier.

Fermant les yeux un instant, soupirant plutôt deux fois qu’une, Damon finit par remettre ses affaires d’un geste désordonné dans son sac à dos avant de passer ce dernier autour de ses épaules et de se mettre à courir dans la direction qu’avait pris sa co-étudiante. « Attends ! » Il ne l’avait pas encore en visuel, revenant dans des couloirs bien plus fréquentés que la partie de l’université où il s’était caché depuis le début de la journée, et Damon dut s’arrêter un instant pour venir scruter la foule. Tous les élèves semblaient se ressembler lorsqu’il allait repérer quelqu’un dont le visage vous était encore inconnu quelques minutes plus tôt. Pinçant les lèvres, soupirant, il mit une bonne minute avant de la repérer qui s’en allait faire une autre section de bâtiments. Se mettant à accélérer le pas à travers la foule, il vint finalement attraper le bras de la demoiselle pour venir l’attirer avec lui dans une salle de cours juste derrière qui semblait disponible et libre de toutes oreilles indiscrètes. Après un instant d’hésitation où ses dents vinrent martyriser ses lèvres, Damon prit enfin la parole en mettant sa peur d’être jugé de côté. « Merci. » Cela semblait être la moindre des choses que de commencer par ça. « Et désolé. » La deuxième partie la plus logique, celle qui tombait sous le sens. Celle qui permettait de montrer que, finalement, il n’était pas si mal élevé que ça - papa et maman serait fier de leur rejeton. Passant une main dans ses cheveux décidément trop longs ces dernières semaines, il vint finalement croiser ses bras sur son torse, jouant du bout de son pied avec un cailloux surement inexistant. « Ce que j’ai écris dans le carnet que t’as trouvé, c’était pas fait pour être lu. J’ai paniqué. Vraiment, désolé. »

Dans la quête du propriétaire de ce carnet, tu n’avais pas vraiment eu le temps de te demander comment se passerait la rencontre avec le propriétaire de ce carnet. Tu n’avais pas pris le temps d’y réfléchir parce que tu avais pensé, sans doute naïvement, que le propriétaire de l’objet serait heureux de te voir lui ramener son bien. Si tu perdais quelque chose, tu serais de ton côté heureuse qu’on te ramène l’objet perdu. C’était plutôt rare de vos jours que cela arrive, que les gens prennent le temps de retrouver le propriétaire d’un objet perdu. Dans le meilleur des cas, ils le déposaient au secrétariat, dans cette fameuse boîte ‘Objets trouvés’ alors que dans le pire des cas, ils le gardaient ou le jetaient en fonction de l’utilité que pouvait avoir cet objet pour eux. Toi, tu avais d’abord penser à jeter ce carnet. S’il avait contenu seulement des notes de prise de cours et des petites phrases à droite à gauche, tu ne te serais pas posé de question, cela aurait été poubelle directement. Mais ce n’était pas ce que ce carnet contenait. Et c’était parce que le contenu du carnet te semblait important que tu avais fait l’effort de partir à la recherche du propriétaire. Maintenant que tu l’avais devant toi, tu commençais à te demander si tout le mal que tu t’étais donné pour le retrouver valait vraiment le coup. Le visage fermé de Damon Williams et ses remarques qui masquaient à peine les reproches qu’il te faisait, tu t’en serais bien passée. Les mots que tu avais trouvé écris dans ce carnet t’avaient touchés mais leur auteur par contre semblait réellement imbuvable. Tu n’arrivais pas à comprendre pourquoi il réagissait ainsi. Clairement il aurait préféré que tu brûles son carnet plutôt que tu ne le lises. Cela te paraissait complètement fou … Ce n’était pas comme si tu avais photographié les pages de son carnet que tu comptais les publier sur internet ou quoi que ce soit de ce genre. Tu n’avais fait que lire les mots couchés sur le papier, rien de plus, rien de moins. Mais c’était déjà bien trop. Face aux accusations du blondinet, tu lui expliquais, toi-même agacée comment tu avais trouvé le carnet et pourquoi tu ne l’avais pas tout simplement jeté. Tu regrettais de ne pas l’avoir fait maintenant car cela t’aurait évité cette rencontre fort peu agréable. Peu importe ce que tu lui disais, chaque nouvelle explication de ta part semblait l’exaspérer un peu plus ou du moins semblait le braquer un peu plus. Dans ces circonstances, il n’y avait pas grand chose d’autre à faire que de prendre congés. C’est ce que tu fis après avoir déposé le carnet à côté de Damon sur le banc où il était assis. Tu ne savais pas pourquoi mais alors que tu tournais les talons, tu eus un dernier espoir qu’il te rattrape pour s’excuser mais ce n’était qu’un espoir futile. Il te regarda certainement t’en aller, certainement car tu ne te retournais pas, tu ne lui donneras pas cette satisfaction.

Tu retrouves la foule dans les couloirs. Apparemment, c’est l’heure du changement de cours. Les étudiants vont d’une salle à l’autre en se pressant et en manquant de se bousculer à chaque nouveau pas. Tu ne peux t’empêcher d’être légèrement agacée. Toi qui cherchais à faire une bonne action, tu allais être vaccinée pour un bon moment avec ce qui venait de se passer ! Finis l’idée de rendre service, merci bien. Il fallait l’avouer, tu avais été déçue de rencontre une personne qui ne correspondait pas à l’idée que tu t’en étais fait en lisant son carnet. Tu essayais de chasser ces pensées de ton esprit pour te reconcentrer sur ce qui t’attendait. La bibliothèque était ta prochaine destination, tu avais un devoir à rendre le lendemain que tu devais terminer. Alors que tu passais dans une nouvelle section de bâtiments, tu sentis une main se fermer sur ton avant-bras et t’entraîner dans une salle. Tu ne pus retenir un petit cri et ce n’est que parce que tu reconnus la chevelure sur laquelle tu posa immédiatement tes yeux que tu n’étais pas en train d’asséner un coup de coude au jeune homme. Il ne fallut que quelques secondes pour que vous soyez dans une salle, de nouveau seuls et face à face. « Non mais t’es un malade toi non ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui demander. Qu’est-ce qu’il te voulait maintenant ? « Tu as de la chance que je t’ai reconnu sinon tu serais par terre en train de te tenir le ventre. On attrape pas les gens comme ça sans prévenir ! » Le pire, c’était que tu ne rigolais pas. Ta mère avait très tôt décidé qu’il était essentiel que tu apprennes à te défendre et t’avait elle-même donné des cours d’auto-défense en plus des quelques séances que tu avais suivi en groupe. Mais les paroles que prononça Damon te clouèrent littéralement sur place. « Merci. Et désolé. » Tes yeux s’écarquillèrent et tu ne pus t’empêcher de te demander si tu ne venais pas de rentrer dans un monde parallèle. En trois mots, il venait à la fois de s’excuser de son comportement et de te remercier. Tu devais ressembler à un poisson hors de l’eau actuellement mais tu étais scotchée d’entendre ces mots sortir de sa bouche. Et apparemment il n’avait pas terminé. « Ce que j’ai écris dans le carnet que t’as trouvé, c’était pas fait pour être lu. J’ai paniqué. Vraiment, désolé. » Vraiment désolé ? Etait-il bipolaire ? C’était la seule raison que tu trouvais à ce changement de comportement brutal et si soudain. Un beau virage à 180 degrés pour le coup … Bon, tu comprenais un peu mieux qu’il n’ait pas accueilli ta confession sur la lecture de son carnet de la meilleure manière mais tu n’avais pas cherché à bafouer son intimité. Tu pensais sincèrement y trouver des notes de cours et ensuite, quand tu t’étais rendue compte que ce n’était pas le cas, tu t’étais laissée emporter. Soupirant un grand coup, tu passais une main dans tes cheveux avant de lui dire : « Bon, ok. » Son regard légèrement perplexe n’était pas une surprise. « J’accepte tes excuses, c’est pas bien grave. » Il en fallait vraiment beaucoup plus pour te faire peur mais ce n’était pas pour cela que tu oubliais. Il s’était excusé (et deux fois en plus), c’était déjà bien plus que ce que tu espérais de sa part. « Je t’assure que je n’avais pas de mauvaises intentions. Je pensais que je trouverais des prises de notes à l’intérieur. Et puis une fois que j’ai commencé, j’ai pas pu m’arrêter. Je sais pas si je suis censée m’excuser de ça … » Dis-tu légèrement pensive. Parce que c’était un peu un compliment aussi non ? Que ce qu’il avait écrit dans ce carnet ait assez attiré ton attention pour que tu n’arrives pas à décrocher. « Je m’appelle Ilaria au fait, au cas où cela t’intéresse. » Lui dis-tu un sourire amusé sur les lèvres. Parce que oui, tu ne t’étais pas encore présentée. Donc au moins il avait ton prénom. Il n’allait peut-être pas lui servir à grand chose mais cela permettrait de partir sur des bases plus sereines peut-être ?


@Damon Williams

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@ilaria mackenzie

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Il enchainait les manières maladroites de faire, Damon. Il n’aurait pas du réagir de la sorte lorsque la jeune femme était venue à sa rencontre pour lui rendre son dû qu’il avait perdu - il ne l’admettait toujours pas, mais c’était la réalité de la chose. Il n’aurait pas du lui parler de la sorte, enclencher sa défensive comme si elle avait montré les crocs la première. Il n’aurait pas du non plus venir l’attraper par le bras dans le couloir, sans lui demander son avis, comme si la situation lui était due. Il n’aurait pas du se laisser emporter par ses émotions à aucun moment de tous ceux mentionnés et pourtant, c’était ce qu’il avait fait  à chaque instant. « Non mais t’es un malade toi non ? » Presque pas, mais elle avait le droit de penser de la sorte, il ne s’en trouvait pas vexé. « Tu as de la chance que je t’ai reconnu sinon tu serais par terre en train de te tenir le ventre. On attrape pas les gens comme ça sans prévenir ! » Il vint quelque peu pincer ses lèvres, faire une moue désolée, laisser ses yeux fuir et revenir vers ceux de la demoiselle plus d’une fois. Damon était maladroit, présentement, et cette maladresse venait rendre la situation un brin malaisante. Tout sauf ce qu’il désirait donner comme image à une jeune femme qu’il ne connaissait, jusqu’alors, ni d’Eve ni d’Adam.

Alors, presque enfin, il vint lui présenter ses excuses. Elles n’auraient pas du exister pour commencer, mais elles auraient surtout dû être instinctives, automatiques, à peine s’était-il comporté comme un forcené. Et la réaction de la jeune blonde vint confirmer ce qu’il pensait - il avait agi comme un idiot. Elle était étonnée, de le voir venir agir comme tel. Ses yeux qui venaient s’écarquiller alors qu’il réitérait ses mots. L’étonnement qui venait parcourir le moindre de ses traits lorsqu’il vint terminer ses excuses. Il ne pouvait lui en vouloir, il aurait eu la même réaction si les rôles avaient été inversés - surement qu’ils n’auraient pu l’être et qu’elle aurait été bien plus polie et aimable que tout ce qu’il avait pu l’être. Tout ça pour un carnet, un idiot de carnet qui ne devrait pas venir prendre autant d’importance dans la vie du jeune homme. Un endroit où coucher ses pensées sur papier, tout le monde devait en avoir un en secret. Rien de honteux à ça, rien qui ne venait entacher son honneur - seulement, ce n’était pas de dévoiler ses pensées dont il avait peur Damon; c’était tout le reste qui se cachait là-bas.

« Bon, ok. J’accepte tes excuses, c’est pas bien grave. » L’italien ne vint pas cacher le soupire de soulagement qui n’attendait que de franchir la barrière de ses lèvres. S’il savait parfaitement jouer un jeu, parfaitement endosser un rôle, lorsque les circonstances se présentaient de la sorte à lui, ce n’était pas pour autant que c’était la façon qu’il préférait pour se présenter. Il jouait des jeux tout le long de l’année, lorsqu’il était invité aux diners mondains de ses parents - qui se faisaient cependant de plus en plus rares à mesure que les semaines et les mois avançaient -, lorsqu’il se trouvait au sein de la Michael Hills à prouver qu’il pouvait être aussi doué que l’était son père à son âge. Il jouait des rôles auprès de ses propres parents qui n’avaient jamais vu leur fils vraiment grandir, ou qui le considérait déjà comme un grand garçon avant l’heure. Il jouait à l’acteur lorsqu’il sortait pour un date, une rencontre au hasard, une nuit agitée. Il jouait en permanence un rôle et malheureusement pour elle, la demoiselle était tombée sur le seul moment où il avait été pris de cours et où il n’avait pas eu le temps de remettre en place son masque. Les émotions prenant le dessus, les réactions se trouvant quelque peu disparates.

Alors, oui, il venait souffler de soulagement lorsqu’elle lui concédait à accepter ses excuses.  Parce-qu’il n’était pas de genre là, Damon - de ceux qui préfèrent se la jouer vilain garçon auprès de personnes pleines de bonté de prime abord. « Je t’assure que je n’avais pas de mauvaises intentions. Je pensais que je trouverais des prises de notes à l’intérieur. Et puis une fois que j’ai commencé, j’ai pas pu m’arrêter. Je sais pas si je suis censée m’excuser de ça … » Cosco venait mettre toute la bonne volonté dont il disposait pour venir croire chaque parole et chaque mot qu’elle prononçait. Pour venir déceler l’once de vérité dans le fait qu’elle ne pensait en rien à mal. Ces écrits n’étaient pas faits pour être exposés à la vue de tous, ni lus par autrui de surcroit. Ils composaient là peut-être le secret le mieux gardé de Damon Williams - le secret dont il était au courant, le mieux gardé. Il était passionné, le jeune italien, passionné par l’écriture. Mais surtout passionné par quelque-chose qui ne serait trouver grâce dans le regard de son père - et cela devenait donc quelque-chose qu’il se devait de en pas partager. Cependant, les quelques mots que l’étudiante venait de lui dire ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd. Elle n’était pas désolée d’avoir lu ses écrits et pour la première fois, il ressentait quelque-chose de différent dans son coeur en entendant ça, Damon.

« Je m’appelle Ilaria au fait, au cas où cela t’intéresse. » Un peu maladroitement, il vint lui tendre une main en avant pour venir serrer celle de la jeune femme. C’était idiot, mais c’était une façon comme une autre de venir acter la paix également là où il avait lancé les hostilités quelques instants plus tôt. « Enchanté, Ilaria. Damon. » Et, réalisant, il vint avoir un petit rire et un sourire en coin. « Mais tu le savais déjà, en réalité. » Il avait donc réussi l’incroyable exploit de se tourner en ridicule deux fois, en moins d’une heure de temps, devant la même personne. Pour sûr, elle aurait une histoire plutôt hilare à raconter lors du diner, Ilaria. « Joli prénom. » De ceux qu’on entendait que trop peu, de ceux qui pourraient parfaitement venir illustrer un de ces écrits qu’il étalait dans les moindres recoins de ses carnets. Il ne disait pas qu’il gardait en mémoire le prénom de la jeune femme dans un coin de ses pensées pour le réutiliser plus tard dans une histoire qu’il réussirait à former grâce aux mots, il disait juste que l’idée de lui emprunter pour un écrit pourrait venir lui chatouiller l’esprit plus rapidement qu’il ne le voudrait.

Venant passer une nouvelle fois une main dans ses cheveux, Damon prit un instant cependant avant de venir poser la question qui brulait ses lèvres. Ouvrant légèrement la bouche une première fois, puis se contentant de venir étirer un petit sourire, ses deux mains finirent dans les poches de son jeans là où il arrêtait de jouer nerveusement avec ses doigts. « Encore merci, pour le carnet. Et vraiment, désolé. Je réagis pas comme ça, d’habitude. Tu m’as pris un peu de cours. » Il vint hausser quelque peu les épaules. « Je vais pas t’embêter plus longtemps, t’as déjà assez perdu de temps à cause de moi aujourd’hui… » Les lèvres qui vinrent se pincer en une ligne fine, les fossettes qui se creusèrent sur ses joues, les yeux qui vinrent dévier du regard d'Ilaria. Il agissait comme un idiot depuis le début et il continuait de paraitre comme tel, à sembler se balancer quelque peu sur ses pieds, comme si une question ne lui brûlait pas les lèvres quand aux paroles précédentes qu'elle avait pu lui dire, Ilaria. Mais il était on ne peut plus sérieux dans ses dires, l'italien. Elle avait assez perdu de temps avec lui pour aujourd'hui et tout le reste ne lui importait qu'à lui dans toute cette histoire.

En toute franchise, tu n’avais pas imaginé une seule seconde que le jeune homme à qui tu avais ramené son carnet te poursuive dans les couloirs. Vu l’accueil qu’il t’avait réservé, tu pensais que vous vous étiez déjà tout dit et tu ne voyais pas ce qu’il pouvait rajouter. Autant qu’il ne rajoute rien si c’était pour que tu t’énerves un peu plus. Tu avais autre chose à faire que de passer ton énergie sur une personne qui préférait t’accuser de tous les maux alors que tu lui rapportais un objet perdu. Mais au lieu de te laisser partir, il avait décidé que la meilleure manière de te rattraper c’était d’attraper ton poignet et de t’attirer dans une salle de cours vide. Avec n’importe qui d’autre, tu aurais certainement fait une petite blague mais cette fois-ci, ce n’était pas le cas. Il avait de la chance que tu l’aies reconnu en te retournant sinon tu l’aurais mis par terre en quelques secondes au milieu du couloir bondé. Toutefois, même si le jeune homme était désagréable et malpoli, il n’avait pas l’air d’être quelqu’un de méchant ou de vicieux et puis, il n’était jamais trop tard, tu savais te défendre en toute circonstance. C’est devant tes yeux écarquillés qu’il s’excusa de son comportement et ce ne serait pas mentir que de dire que tu ne l’avais pas du tout vu venir celle-là. En même temps, tu ne connaissais pas Damon Williams. Est-ce que la manière dont il t’a reçu avec son carnet était sa manière habituelle de rencontrer des inconnus ? Probablement pas mais il t’avait fallu faire cette hypothèse de départ n’ayant aucune autre données avec qui la comparer. C’est sans trop d’hésitations que tu acceptais ses excuses parce que même si tu étais rancunière et que Damon t’avait agacée, il ne t’avait pas blessée réellement. C’était un avantage quand on ne connaissait pas la personne, c’était bien moins blessant de les voir se comporter de manière peu civilisée. Tu n’étais pas une experte et tu ne t’attendais pas à un miracle mais un ‘Merci’ aurait suffit. Et c’était quand tu ne l’attendais plus qu’il était arrivé. Observant le jeune homme devant toi, tu remarquais son soulagement et tu remarquais aussi qu’il ne semblait pas vraiment à l’aise. C’était très étrange pour toi parce qu’à première vue, quand tu t’étais approchée de lui avant de l’aborder, tu avais eu le pressentiment que ce jeune homme dégageait une forme d’aisance qui t’avait fait penser que ses questions, plus que de la panique comme il les décrivait, étaient surtout de la prétention, comme si tout lui était dû.

Ne voulant pas laisser le silence s’installer entre vous et parce qu’il ne t’en avait pas laissé la possibilité avant, tu te présentais. La main du jeune homme se tendit vers toi et tu l’acceptais sans hésiter. Bonne ou mauvaise idée ? Tu n’en savais rien mais tu pouvais lui laisser une chance de te montrer qu’il n’était pas la personne peu aimable qu’il t’avait montrée jusqu’ici. « Enchanté, Ilaria. Damon. Mais tu le savais déjà, en réalité. » Un petit sourire amusé se dessina sur tes lèvres car oui, son prénom tu le connaissais déjà voilà pourquoi il t’avait semblé normal de lui donner le tient. « Joli prénom. » Le prénom que tu portais n’était pas courant, tu le savais et c’était quelque chose que tu appréciais. Tu n’avais jamais été très douée pour te fondre dans la masse et même si ton prénom n’était pas unique, il l’était plus que pour d’autres. Tu n’avais jamais demandé à ta mère pourquoi ton père et elle l’avaient choisi d’ailleurs. « Merci. » Lui répondis-tu ne te sentant pas assez à ton aide pour lui demander d’où venait son prénom à lui. Damon n’était pas un prénom courant et tu ne l’avais jamais entendu avant aujourd’hui mais c’était la beauté des prénoms, il y en avait tellement que le vôtre pouvait être quasiment unique. Après avoir passé une main dans ses cheveux, signe d’une nervosité que tu avais du mal à comprendre, ton interlocuteur prit une inspiration et ouvrit la bouche avant de la refermer. C’est amusée que tu le regardais débattre avec lui-même, hésitant apparemment beaucoup sur ses prochaines paroles. Quelque chose te disait que sans le savoir, tu avais mis les pieds sur un territoire que le jeune homme n’avait pas l’habitude de partager. Finalement, il sembla se décider et te dit : « Encore merci, pour le carnet. Et vraiment, désolé. Je réagis pas comme ça, d’habitude. Tu m’as pris un peu de cours. Je vais pas t’embêter plus longtemps, t’as déjà assez perdu de temps à cause de moi aujourd’hui… » Tu t’attends à ce qu’il se décale légèrement, qu’il te laisse la voie libre pour prendre la direction de la sortie mais cela n’est pas le cas. Il te regarde, hésitant, ne sachant pas sur quel pied danser et se battant toujours avec les questions qu’il n’osait pas te poser. Alors qu’il avait été très désagréable, désormais il semblait s’embarrasser de pincettes pour ne plus te froisser. C’était inutile, tu n’étais pas aussi fragile que cela et puis vous ne vous connaissiez pas, le risque qu’il te blesse réellement était faible. Il ne te connaissait pas, il ne savait pas où appuyer pour te faire du mal et tu ne voyais pas quelles raisons il pourrait avoir de le faire. Attrapant ton sac qui pesait sur ton épaule, tu le posais sur un bureau près duquel tu étais debout. « Pas qu’aujourd’hui, retrouver ta trace n’a pas été facile. Mais je suis rassurée de voir que retrouver ce carnet te fait un peu plaisir. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu ne bougeais pas cependant et plongeant ton regard dans le sien, tu lui dis : « Pose-moi ta question. » Ton ton est légèrement autoritaire parce que cela ne sert à rien de tourner autour du pot. Tu ne sais pas ce qu’il veut savoir mais avec un peu de chance, tu pourras lui répondre et soulager cette petite ride anxieuse que tu peux lire sur ton front. « Du moment que ta question ne sous-entend pas que je suis une voleuse, je ne devrais pas mal le prendre. » Oui parce que l’inquisitoire du jeune homme et ce qu’il avait sous-entendu était ce qui t’avait énervée. T’appuyant légèrement contre le bureau derrière toi, tu attendais que Damon se décide. Peut-être ne le ferait-il jamais mais au moins tu lui auras laissé la possibilité de le faire. Tu ne le connaissais pas assez pour savoir ce qui le faisait hésiter ainsi. Etait-ce une question personnelle avec laquelle il avait peur de te blesser ? Tu en doutais, il ne semblait pas très intéressé par le fait d’en savoir plus sur toi. Alors quoi d’autre ? Tant qu’à avoir passé tout ce temps à le retrouver, autant aller jusqu’au bout de la démarche et le laisser te poser ses questions.


@Damon Williams

sparks fly.

@ilaria mackenzie

***
Il ne désirait pas lancer ce sujet de conversation qui lui brulait les lèvres, Damon. Il avait assez embêté la jeune femme pour la journée et ne souhaitait pas venir lui voler davantage de son temps. Elle avait déjà été assez gentille et patiente avec lui - à la vue de la réaction qu’il avait spontanément eux en la rencontrant quelques instants plus tôt, son carnet à la main -, il était hors de question qu’il vienne entacher sa journée en la retenant sur place un instant de plus. Pourtant, ses gestes étaient en totale contradiction avec ses paroles, ne bougeant pas d’un millimètre d’où il se tenait. Ses yeux dérivaient vers des endroits divers et variés, mais loin des prunelles de la demoiselle. Ses pieds restaient ancrés dans le sol telles deux ancres amarrées au port. « Pas qu’aujourd’hui, retrouver ta trace n’a pas été facile. Mais je suis rassurée de voir que retrouver ce carnet te fait un peu plaisir. » Une petite moue désolée si glissa sur les lèvres du jeune italien, comme si cela pouvait venir excuser quelque-chose. Il était vrai qu’il n’avait en rien fait exprès de perde ce carnet - même s’il soutiendrait toujours être quelqu’un de précautionneux et faisant attention à ses affaires, il commençait doucement à accepter l’idée qu’un tel geste ait pu être commis par lui-même -, mais il était tout de même embarrassé du temps qu’Ilaria avait perdu pour le retrouver et lui rendre. Son comportement n’avait pas été à la hauteur, et il ne méritait sans aucun doute absolument pas toute l’attention qu’elle lui avait porté.

« Pose-moi ta question. » Et qu’elle continuait, apparement, de lui porter. Soit il n’avait su être discret quand à la question qui lui taraudait l’esprit, soit elle avait un sens aiguisé de l’analyse - et à la vue générale de la situation dans laquelle ils se trouvaient, les deux options semblaient envisageables sans trop de soucis. « Du moment que ta question ne sous-entend pas que je suis une voleuse, je ne devrais pas mal le prendre. » Ses lèvres vinrent se pincer en une ligne fine, alors qu’il osait enfin relever le regard vers la demoiselle. Pour ça aussi, il s’en voulait - même si le peu d’éléments qu’il avait sur le moment lorsqu’elle s’était pointée avec son carnet en main justifiait, à ses yeux, une telle réaction. Mais la question qu’il avait à lui poser, ou qu’il hésitait à lui poser surtout, ne relevait pas de ses capacités à détourner les objets de leur propriétaire. Elle était toute autre, bien plus personnelle, et c’était pour ça qu’il hésitait tant à venir formuler ce que ses pensées ne cessaient de lui rabâcher. Car avant elle, personne n’avait eu accès à ce carnet - à ces carnets. Elle était la seule personne à avoir pu jeter un coup d’oeil, plus que prolongé, à ce qui se tramait dans l’esprit de Damon Williams. Et autant, ça lui faisait acquérir une certaine fierté de savoir qu’il avait été lu, ce n’était pas le sentiment prédominant dans la situation. Présentement, Cosmo était plus incertain et gêné qu’autre chose. De tous les ressentis qu’il aurait pu avoir en cet instant, c’étaient ces deux derniers qui menaient la course.

Alors, après avoir laissé le silence s’installer pendant au moins une bonne minute, laissant largement le temps à la jeune femme de venir rendre son séjour imprévu au sein de cette salle de classe plus confortable, Damon décida enfin à s’exprimer. « C’est idiot. » Cela commençait bien. Il soupira, ajoutant à ce dernier un petit rire gêné. « Et t’es pas obligée de répondre à ma question, vraiment, je t’en voudrais pas. Dans la situation, t’es celle qui a quelque-chose à en vouloir à l’autre et non l’inverse. » Il tournait autour du pot, jouait toujours autant avec ses doigts qu’il allait finir par se briser une articulation, et si on regardait de bien plus près il y avait une certaine couleur rosée qui apparaissait sur ses pommettes. Un enfant de quinze ans aurait été plus assuré que lui en cet instant, et il n’était même pas en train de demander à Ilaria de l’accompagner au bal. « Tu as dit que tu n’avais pas su t’arrêter de lire le carnet. » Il se racla aussi discrètement que possible la gorge. « C’est que le contenu t’as plu ? » Damon avait l’assurance d’un nouveau né découvrant le monde et s’il n’avait pas été aussi pathétique, il en aurait été presque mignon. En revanche, il était on ne peut plus sérieux avec sa question. L’avis d’Ilaria, le premier et le seul qu’il aurait et pourrait avoir sur les lignes qu’elle avait lu, l’intéressait vraiment. Si l’écriture était un exutoire qu’il utilisait au quotidien et qu’il adorait maîtriser, il n’avait aucune idée de la qualité des pages qu’il venait noircir jour et nuit. Il n’avait que son avis et son esprit critique pour faire en sorte que le carnet suivant soit meilleur que celui d’avant, et cela s’arrêtait là. Alors, quitte à ce qu’elle l’ait lu sans qu’il ne soit au courant, autant lui demander son retour sur la chose.

Décidément, cette rencontre ne finissait pas de te surprendre. Quand tu étais persuadée que Damon ne pourrait pas te réserver plus de surprises, il y arrivait malgré tout. Son attitude actuelle tranchait tellement avec celle qu’il t’avait réservé quand tu lui avais tendu son carnet que tu ne pus t’empêcher de te demander qui était vraiment Damon Williams. Pour l’instant, tu avais l’impression que c’était une girouette et tu n’arrivais pas à trancher. Etait-il plutôt ce jeune homme froid et cassant que tu avais rencontré ou alors ce jeune homme peu sûr de lui qui semblait hésiter à chacune de ses paroles ou alors aucun des deux ? Tu n’en savais rien mais cela t’intriguait. Sans le vouloir, Damon était en train de devenir une équation insoluble, de celles que tu aimais passer des heures à décortiquer pour en trouver la solution. Résoudre une équation, tout le chemin pour arriver à cette résolution était bien plus satisfaisant pour toi que le résultat final et quelque chose te disait que cela pourrait s’appliquer à la situation actuelle. Tu ne pus t’empêcher de mentionner que tu n’avais pas donné de ton temps qu’aujourd’hui pour essayer de le retrouver, cela t’avait pris plusieurs jours parce que chercher un ‘D. Williams’ dans une université de la taille de la Queensland University, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Alors qu’il te donnait la possibilité de lui fausser compagnie, ses gestes eux disaient tout le contraire. C’était comme si une partie de lui aurait préféré que tu partes alors qu’une autre cherchait à te retenir, comme s’il se forçait à ne pas te poser une question qui lui brûlait les lèvres. Cela était incompréhensible pour toi qui n’avais jamais peur de dire ce que tu pensais, toi qui ouvrais souvent la bouche avant de réfléchir à tes paroles. Cela te jouait souvent des tours mais tu ne semblait pas pouvoir t’en empêcher … Parce que tu sentais qu’il avait besoin d’un coup de pouce, tu posais ton sac sur un bureau près de vous avant de l’inciter à te poser sa question. Que tu l’interpelles ainsi le surprit, il n’y était certainement pas habitué mais tu n’étais pas du genre à supporter longtemps l’hypocrisie ou les faux-semblants. S’il y avait quelque chose à dire, tu le disais, c’était aussi simple que cela. Ta mère trouvait que tu vivais tout trop intensément mais tu étais incapable de faire autrement. « C’est idiot. Et t’es pas obligée de répondre à ma question, vraiment, je t’en voudrais pas. Dans la situation, t’es celle qui a quelque-chose à en vouloir à l’autre et non l’inverse. » Vu comment les choses s’étaient déroulées depuis votre rencontre, tu commençais à te faire du souci par rapport à ce qu’il allait te demander. Tu étais curieuse de savoir ce qui pouvait l’intéresser car tu doutais qu’il se montre curieux sur toi en temps que personne ou sur ta vie. Tu lui avais imposé ton prénom alors qu’il ne te l’avait pas demandé. Mais si ce n’était pas le cas, qu’est-ce qui l’intéressait ? « Tu as dit que tu n’avais pas su t’arrêter de lire le carnet. C’est que le contenu t’as plu ? » A la manière dont il semblait incapable d’arrêter les petits gestes traduisant sa nervosité, tu compris soudain que ce carnet était bien plus personnel que tu ne l’avais imaginé. Et tu comprenais un peu mieux désormais sa première réaction. Ce n’était pas un journal intime, du moins pas comme les petites filles avaient l’habitude d’en écrire mais cela devait s’en rapprocher malgré tout. Pour une fois, tu compris que les mots que tu allais prononcer étaient importants et qu’il pouvaient avoir un réel impact sur ce que Damon Williams déciderait de faire de ce passe-temps ou de cette passion qu’était l’écriture. Tu te sentis presque nerveuse pour le coup et tu décidais de prendre quelques minutes avant de lui répondre. Tu ne voulais pas faire un faux pas, pas quand le sujet était trop important. « Je n’ai pas pu m’arrêter de lire parce qu’il n’a fallu qu’une page ou deux avant que je ne sois embarquée dans les petites histoires ou anecdotes couchées dans le carnet. » Commenças-tu par dire. Tu n’étais pas une critique littéraire, tu étais une scientifique avant tout alors il faudra qu’il t’excuse du manque de profondeur de ton analyse. « Il y avait une justesse dans le ton, quelque chose qui faisait qu’il était facile de s’y rattacher. Parfois drôles, d’autres fois tristes, c’était … très agréable à lire. » Ajoutas-tu avec un sourire que tu espérais sincère et rassurant. Tu espérais qu’il continuerait à écrire, tu ignorais ce qu’il étudiait, s’il voulait faire de l’écriture plus qu’un hobby mais dans tous les cas tu avais apprécié l’expérience. « Je suis désolée si j’ai mis le nez dans des choses personnelles, ce n’était pas voulu. Et je ne sais pas si mon avis compte pour grand chose, j’étudie la biologie sous-marine, pas la littérature. » Dis-tu en haussant les épaules. autant être honnête jusqu’au bout. Encore une fois, tu venais d’imposer à Damon une information sur toi sans qu’il ne t’ait rien demandé et certainement qu’il s’en fichait mais s’il voulait avis plus construit, il devra aller le trouver ailleurs. « Tu étudies la littérature ? » Lui demandas-tu. Quoi ? Tu avais le droit toi aussi de te poser des questions non ? Et puis si tu avais déjà mis le nez, sans le savoir, dans son jardin secret, ce qu’il étudiait ne devait pas être une information intime non plus.


@Damon Williams

sparks fly.

@ilaria mackenzie

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Il y avait mille et une situation où Damon aurait été bien plus à l’aise. D’ordinaire, même, il n’agissait pas de la sorte. Il avait été élevé dans les faux-semblants et dans le paraitre, dans l’idée même de jouer un rôle au quotidien et d’autant plus en présence d’autres personnes dans la pièce. Il jouait un rôle auprès de ses propres parents alors que ces derniers en faisaient de même l’un envers l’autre. Aucun des Williams ne pouvait prétendre être droit dans ses basket quand il s’agissait de l’image qu’ils renvoyaient - et c’était dans cette illusion presque parfaite que le jeune italien avait grandi. Il connaissait les meilleures façons de rendre son comportement on ne peut plus vrai même lorsque rien n’était issu de sa vraie personnalité. En revanche, aujourd’hui et devant Ilaria, il était des plus vrais. Aucun masque, aucun filtre, aucune prétention d’être quelqu’un d’autre. Elle était venue gratter à l’endroit même où il fallait pour faire tomber toutes les apparences trompeuses lorsqu’il s’agissait du jeune Williams - et ce, sans même être au courant de quoi que ce soit. C’était pour ça qu’il ne savait réellement comment se tenir, comment se comporter, et surtout comment composer avec les émotions qui le traversaient actuellement. Il n’était pas habitué à être autant gêné face à quelqu’un, car d’ordinaire, personne n’avait accès à ce type de jardin secret qu’il gardait, justement, secret.

Alors, même lorsqu’elle vint finalement prendre la parole, Cosimo ne sut relever son regard proprement vers Ilaria. Il ne sut venir attraper ses yeux, à défaut de savoir en revanche attraper ses mots. Il appréhendait ce qu’elle s’apprêtait à lui dire autant qu’il était curieux de le découvrir. « Je n’ai pas pu m’arrêter de lire parce qu’il n’a fallu qu’une page ou deux avant que je ne sois embarquée dans les petites histoires ou anecdotes couchées dans le carnet. » Là, les doigts du jeune homme arrêtèrent de se torturer un instant, son souffle venant se suspendre un instant également, avant qu’il ne réussisse à tourner son regard un brin vers la jeune femme. Il s’attendait à beaucoup de choses, concernant la réponse qu’elle allait lui donner. Si elle s’y penchait assez et qu’elle étudiait dans le domaine, peut-être même qu’elle aurait pu percevoir certains failles de son caractère à travers son écriture - c’était souvent le cas lors des analyses des grandes ouvres, de réussir à comprendre l’écrivain à travers les mots utilisés et les tournures de phrases empruntées. Elle aurait pu réussir à le découvrir lui, Damon Williams, là où il s’appliquait à le cacher au monde entier.

Le début de son explication venait quelque peu rassurer le jeune homme - même si son coeur battait toujours à mille à l’heure. « Il y avait une justesse dans le ton, quelque chose qui faisait qu’il était facile de s’y rattacher. Parfois drôles, d’autres fois tristes, c’était … très agréable à lire. » Il le vit, le sourire qu’elle vint étirer sur ses lèvres. Machinalement plus que tout autre mécanisme, Damon vint étirer un sourire presque similaire sur les siennes, de lèvres. Parce-qu’elle lui donnait les explications qui concordaient avec la réalité, Ilaria, et il le entendait résonner au plus profond de lui. Ressenti étrange auquel il n’était guère habitué. « Je suis désolée si j’ai mis le nez dans des choses personnelles, ce n’était pas voulu. Et je ne sais pas si mon avis compte pour grand chose, j’étudie la biologie sous-marine, pas la littérature. » Il vint ouvrir la bouche, pour finalement la refermer et commencer par hausser les épaules. Que pouvait-il lui dire, réellement, désormais ? Il aurait surement eu une réaction probablement semblable à la sienne, avec le recul nécessaire pour y réfléchir désormais. Il ne l’avouerait pas à haute voix après le comportement qu’il lui avait présenté, mais l’idée avait fait son bout de chemin dans son esprit.

« T’as pas à t’excuser. » Il vint hausser les épaules une nouvelle fois, avant de venir s’appuyer contre le rebord de la table de classe la plus proche à son tour. Si les quelques paroles qu’elle venait de prononcer l’avaient un peu rassurer, cela lui permettait de venir arrêter de gesticuler dans tous les sens même par des gestes minimes - mais ce n’était pas assez pour autant pour qu’il n’ait plus la jambe qui arrête de marteler le sol, de façon presque discrète. « Enfin, tu aurais pu ne pas lire le carnet, mais… » Il ne voulait pas lui reprocher encore une chose de plus alors qu’il était celui des deux qui avait eu l’attitude la moins adaptée à la situation. Il l’avait, après tout, traité de voleuse là où elle avait juste voulu lui rendre service. « J’aurais pu faire pareil, à ta place. Vraiment, je confirme que c’est à moi de m’excuser ici. » Ses parents lui avaient parfaitement appris à se tenir droit et à afficher un sourire de façade en toutes circonstances, le mensonge étant prioritaire sur ce que vous pouviez ressentir réellement, mais ils lui avaient également appris à être un petit garçon poli - et c’était un point qui lui tenait à coeur, à Damon, une fois que les malentendus pouvaient être dissipés.

« Tu étudies la littérature ? » Un petit sourire, cette fois-ci un brin amusée, vint se faufiler jusqu’aux lèvres du jeune homme. Il vint secouer légèrement la tête, avant de relever réellement son regard vers Ilaria - entendre ici qu’il vint rester plus de quelques secondes ses pupilles accrochées aux siennes, à défaut de venir les croiser à peine l’espace d’un instant depuis qu’ils s’étaient retrouvés dans la salle de classe. « Non, non, loin de là. » La littérature aurait été, avec la réflexion nécessaire, un parcourir qui lui aurait grandement plu. Ca, et l’histoire de l’art ou quelque-chose se rapprochant des matières qu’il aimait pratiquer au quotidien. Mais cela impliquait une réflexion et surtout un libre arbitre sur le choix de ses études dont il avait été privé avant même de savoir qu’il allait devoir étudier. « J’étudie les sciences politiques. Bien moins intéressant que la littérature. » La jeune femme n’en avait probablement rien à faire de son avis réel sur la filière dans laquelle il se trouvait, mais c’était pourtant ce que Damon pensait. Certes, il apprenait des choses intéressantes au quotidien, mais s’il n’avait pas eu besoin d’impressionner son père de la sorte, ces informations apprises ne l’auraient jamais été. « La littérature et… l’écriture, pour le coup… » Oh, de nouveau une couleur rosée qui venait parsemer ses joues. « … c’est juste un passe temps, mais pas quelque-chose que je fais au quotidien. » Pas dans le cadre de ses études, en tous cas, car il écrivait en revanche quotidiennement dans ces carnets qu’il collectionnait autant que d’autres collectionnaient les timbres.

Egalement, étant donné qu’il avait été formaté pour ne pas pouvoir penser qu’une filière artistique était quelque-chose d’abordable en tant que carrière sur le long terme pour un Williams - son père s’était toujours appliqué à citer personne d’autre que son propre frère, Auden, comme exemple parfait à cette situation -, Damon se sentait toujours obligé de se dédouaner dans le fait d’aimer la littérature et l’écriture. De venir minimiser la chose, de faire en sorte que ça ne puisse pas être le centre de la conversation. Pour la peinture, il s’était résigné et avait compris qu’en pratiquant dans son coin ou autour de personnes qui pouvaient le comprendre - Auden en exemple, le retour -, il s’en accommodait bien. L’écriture, il n’en était pas arrivé jusque là. Et même s’il avait été curieux sur l’idée que s’était faite Ilaria des quelques lignes qu’elle avait pu lire à travers le carnet égaré, il ne désirait pas renchérir sur la question encore bien longtemps et préférait attraper le sujet des études au vol pour orienter ce dernier vers celles de la jeune femme. « La biologie sous-marine, c’est un domaine loin des sciences humaines par contre, non ? » Après tout, c’était dans ce coin là de l’université qu’elle en était venue à retrouver son carnet, et pourtant les deux sujets ne semblaient pas avoir de lien entre eux.

credit to Jordy j'ai quatre ans et j'suis tout petit:

Ton esprit scientifique avait parfois du mal à comprendre les comportements humains. Il serait tellement plus facile de pouvoir poser un diagnostique sur chaque comportement mais cela voudrait dire qu’un sourire sur les lèvres avait la même signification pour tous les êtres humains et ce n’était pas le cas. Tu aimerais pouvoir disséquer les raisons qui avaient poussé Damon à se mettre sur la défensive puis te repousser puis ensuite te courir après pour te poser des questions sur le contenu de ses carnets. S’il y avait bien une matière à laquelle tu ne comprenais pas grand chose c’était la psychologie et tu ne t’y intéressais que très peu, prenant à peine le temps de connaître les principes de base. Mais plus tu observais le jeune homme, plus tu te disais qu’il serait peut-être temps que tu t’y mettes. Tu l’avais d’abord pris pour un beau prétentieux, prenant son rejet initial comme de la supériorité. Désormais, tu avais surtout l’impression qu’il avait surtout été sur la défensive. Elles étaient loin les petites remarques merdeuses alors qu’il te demandait, presque à demi mots si tu avais aimé ce que tu avais lu. Le jeune homme en face de toi semblait rempli de paradoxes. Il était plus grand que toi, grand et musclé mais tu avais l’impression d’être la plus grande de vous deux à cet instant précis et surtout, tu avais le pouvoir de lui faire mal. Il n’était pas difficile de comprendre qu’il appréhendait autant tes paroles qu’il désirait les entendre. Tu aurais pu vouloir te venger, vouloir lui faire du mal mais cela ne te ressemblait pas. Son attitude défensive te laissait penser qu’il ne devait pas faire lire ses écrits à beaucoup de monde et tu n’avais pas envie d’être la raison pour laquelle il s’arrêterait d’écrire. Voilà pourquoi tu choisis de répondre honnêtement. Une réponse que tu pus faire en plongeant ton regard dans le sien, lui permettant d’y lire, tu l’espérais, la sincérité de tes paroles. Malheureusement pour lui, tu étais loin d’être une experte en littérature et tu étais incapable de mettre le doigt sur ce qui t’avait poussé à vouloir en lire toujours un peu plus mais cela avait bel et bien été là. Tu fus rassurée de voir que tes paroles permettaient à ton interlocuteur de se détendre, de faire naître un timide sourire sur ses lèvres. S’il ne voulait pas que les gens sachent qu’il écrivait, tu ne le dirais à personne, tu n’avais rien à gagner à divulguer l’information. « T’as pas à t’excuser. » Cette fois, c’est un sourire amusé qui se dessina sur tes lèvres alors qu’il haussait les épaules. Toi tu haussais un sourcil parce qu’en une trentaine de minutes, il avait radicalement changé de position à ce sujet. Peut-être que finalement, la lecture de ce carnet allait s’avérer bénéfique autant pour lui que pour toi. « Enfin, tu aurais pu ne pas lire le carnet, mais… J’aurais pu faire pareil, à ta place. Vraiment, je confirme que c’est à moi de m’excuser ici. » Il s’était déjà excusé et tu avais été sincère, tu n’étais pas du genre rancunière pour si peu. Et puis en toute honnêteté, tu ne savais pas si tu reverrais le jeune homme un jour. Tu le recroiseras certainement mais il était évident que vous n’évoluiez pas dans les mêmes cercles. Certes, tu avais été légèrement blessée de son comportement mais il en fallait plus pour te perturber. « Je suis contente que tu l’admettes, les humains sont curieux de nature, tout le monde aurait lu ce carnet. » Dis-tu simplement avant de dire : « Pas besoin de t’excuser encore une fois, je ne suis pas en sucre. » Tu aimais des fois faire croire aux gens que tu étais cette petite chose fragile qu’ils imaginaient en posant les yeux sur toi. Ce n’était que plus satisfaisant de les voir réaliser au moment opportun qu’il n’en était rien.

Et parce que la curiosité faisait parti de tes qualités (ou de tes défauts, cela dépend toujours à qui on le demande), tu posais une question à ton interlocuteur. Il était évident qu’il aimait écrire alors tu fis l’hypothèse qu’il étudiait la littérature. Une hypothèse que tu testais de la manière la plus simple possible, en lui posant la question. Cela sembla l’amuser et tu compris un peu mieux pourquoi quand il secoua la tête avant de te dire : « Non, non, loin de là. J’étudie les sciences politiques. Bien moins intéressant que la littérature. » Ça, tu n’étais pas vraiment capable de le dire. A tes yeux, tout était intéressant jusqu’à un certain point. Il y avait des sujets et des domaines que tu trouvais parfaitement inutiles mais que tu prenais la peine d’étudier malgré tout, au moins pour en avoir les bases et te cultiver. Et aussi parce que ton cerveau avait besoin d’être abreuvé de nouvelles connaissances très régulièrement. Mais la manière dont il avait tourné sa phrase te faisait comprendre que s’il avait eu le choix, il aurait choisi la littérature et non pas les sciences politiques. « La littérature et… l’écriture, pour le coup … c’est juste un passe temps, mais pas quelque-chose que je fais au quotidien. » Un passe-temps qui semblait être un secret bien gardé. Tu réfléchis à ce que tu faisais au quotidien de ton côté et qui pourrait être un passe-temps et tu te retrouvais à dire, sans réellement savoir pourquoi : « Un passe-temps pour lequel tu es bien plus doué que je ne le suis au karaoké. Crois-moi, tu ne veux pas voir ça. » L’assuras-tu de manière catégorique. L’autodérision n’était pas un problème pour toi. Tu savais que tu chantais comme une casserole, humer une chanson juste était déjà un exploit pour toi. Redevenant plus sérieuse, tu lui dis : « C’est dommage que tu n’étudies pas ce qui te passionne vraiment. » Incompréhensible à tes yeux, une perte de temps et de talent mais tu savais que tout le monde n’avait pas la chance d’avoir une famille aussi tolérante que la tienne. « Je suis la seule personne à t’avoir lu pour l’instant ? » Oui, le ‘pour l’instant’ était essentiel car même si Damon te disait aujourd’hui qu’il comptait ne jamais faire lire ses écrits à qui que ce soit, tu doutais que cela reste vrai à jamais. Mais il n’y avait pas que toi qui te montrais curieuse finalement car le jeune homme te demanda : « La biologie sous-marine, c’est un domaine loin des sciences humaines par contre, non ? » D’abord confuse, tu ne compris pas pourquoi il associait tes études aux sciences humaines jusqu’à ce que tu te rappelles que tu lui avais confié être en cours de sociologie quand tu avais trouvé son carnet. En général, quand tu parlais de cours que tu suivais en dehors de ton domaine, personne ne faisait attention ou ne questionnait réellement cela. L’attention au détail de ton interlocuteur était bien plus affutée que tu n’aurais pu l’imaginer. « Je prends un ou deux cours par semestre en dehors de mon domaine de prédilection. Mon cerveau fonctionne bien plus vite que celui de la plupart de mes camarades et il a besoin d’être nourri constamment. Alors cela m’amuse, je touche un peu à tout et ce semestre c’est la sociologie. » Tu ne savais pas encore ce que serait celui du semestre prochain, l’économie peut-être ou alors tu continueras la sociologie encore un peu. Tu ne te fermes aucune porte pour l’instant, tu décideras au dernier moment, au gré de tes envies comme d’habitude. « Tu n’as pas la possibilité de prendre un cours de littérature à côté de tes cours de sciences politiques ? » Tu préférais poser cette question plutôt que de lui demander de but en blanc pourquoi il avait choisi les sciences politiques alors qu’il avait un don pour l’écriture. Talent gâché, tu en étais certaine …


@Damon Williams

sparks fly.

@ilaria mackenzie

***
Il venait minimiser l’importance de l’écriture dans sa vie car c’était l’objectif vers lequel il avait toujours tendu, Damon. Il n’avait jamais été habitué à être encensé pour quelconque passion ou quelconque talent, si ce n’était celui à obéir à ses parents et à être un bon petit garçon. Et, même si elles étaient mauvaises, les habitudes avaient la peau dure. « Un passe-temps pour lequel tu es bien plus doué que je ne le suis au karaoké. Crois-moi, tu ne veux pas voir ça. » Le petit sourire un brin amusé qu’il abordait jusqu’alors vint s’étirer davantage. Il ne savait comment la jeune femme avait pu faire un parallèle entre sa passion pour l’écriture et la sienne pour le karaoké, mais cela l’amusait. Il vint, par ailleurs, hausser un brin les épaules de nouveau. « Peut-être que ça me plairait, de voir ça. » Il taquinait un petit peu, osant une réplique qu’il aurait eu si leur rencontre n’avait pas été des plus chaotiques. Peut-être qu’il passerait un bon moment à regarder la jeune femme s’exercer au karaoké, comme elle avouait avoir passé du bon temps à lire la moindre ligne de ce carnet qui n’était pas destiné à un autre public que Damon lui-même.

« C’est dommage que tu n’étudies pas ce qui te passionne vraiment. » Les traits d’Ilaria s’étaient parés d’une ombre plus sérieuse, et ceux du Williams vinrent les imiter à la presque perfection. Il était on ne peut plus d’accord avec ce qu’elle avançait, cependant ce n’était pas son avis qui importait dans cette situation. Son père lui avait toujours rabâché l’importance des études et de la place que ces dernières pouvaient apporter dans la société de nos jours. Il avait fait en sorte de formater le petite enfant qu’était Cosimo à comprendre qu’un jour, il devrait exercer une place au moins aussi importante que la sienne - et le pire, c’était qu’une partie de Damon croyait malgré tout encore à ce charabia. Un jour, il se déferait de cette empreinte sur lui. Un jour, peut-être même qu’il enverrait tout valser - mais en attendant, il se contentait de venir hausser les épaules lorsque des personnes en arrivaient à lui faire la même remarque qu’Ilaria venait de faire. « L’important c’est de pouvoir avoir un carrière stable derrière. » Ses mots semblaient assurés, là où il n’en pensait pas réellement un seul. Encore un talent inculqué par ses parents et par leur comportement de cérémonie ficelé à la perfection. Il se détestait, à agir de la sorte, Damon; et pourtant il ne savait s’en empêcher. « Je suis la seule personne à t’avoir lu pour l’instant ? » A cette question là en revanche, il n’eut clairement pas besoin de venir sortir un tissu de mensonges préparé en avance, et se contenta de venir hocher la tête un peu trop rapidement et avec un peu trop de vigueur à son goût. « Et surement la dernière avant un bon bout de temps. » Parce-que cela resterait de l’ordre du passe-temps, de l’idée d’un instant de détente. Il ne comptait pas venir publier le moindre écrit ou quoi que ce soit, et que quelqu’un ait réussi à venir lire ses lignes était un exploit. Cela devait rester, s’il ne voulait pas subir le regard de déception, de l’ordre du secret.

Et ce fut pour cette raison et pour mille autres également, qu’il vint changer de sujet, préférant venir s’enquérir sur les études de la jeune femme plutôt que lui laisser une autre brèche pouvant permettre de creuser son penchant pour les mots étirés sur le papier. Dans un premier temps, Ilaria ne semblait pourtant pas voir où il voulait en venir, et il vit finalement dans son regard qu’elle vint faire le même rapprochement qu’il avait fait en premier dans ses idées. « Je prends un ou deux cours par semestre en dehors de mon domaine de prédilection. Mon cerveau fonctionne bien plus vite que celui de la plupart de mes camarades et il a besoin d’être nourri constamment. Alors cela m’amuse, je touche un peu à tout et ce semestre c’est la sociologie. » Tout dans les paroles de la jeune femme lui semblait à la fois étonnant et incroyable. Elle venait de lui mettre en pleine figure, en l’espace d’à peine une minute, tout ce qu’il ne pourrait jamais faire - et il ne pouvait s’empêcher de respecter et de jalouser, presque, sa position. « Wahou. » Qui vint s’échapper un peu trop rapidement d’entre ses lèvres, une réaction qu’il n’avait anticipé et pour laquelle il se trouvait un brin idiot désormais présentement. « Je veux dire, c’est impressionnant de vouloir suivre en parallèle des cours comme ça. » Décidément, il ne savait faire les choses correctement aujourd’hui. Avait-il perdu toutes ses capacités à interagir avec d’autres humains de façon normale ? « La biologie sous-marine doit déjà être quelque-chose de complexe, et pour suivre quelques cours de cette branche je sais que les sciences humaines sont pas une mince affaire non plus. » Car, de son côté, certains cours de cette filière là lui étaient obligatoires afin de compléter son cursus. « Tu n’as pas la possibilité de prendre un cours de littérature à côté de tes cours de sciences politiques ? » Retenant un petit soupire un brin las, Damon vint secouer la tête. « Pas vraiment, non. » Notamment parce-que si son père l’apprenait, il était un homme mort, et surtout parce-que son emploi du temps ne lui permettait pas de rajouter une telle charge à ce dernier. La première raison, il n’était pas un grand fan d’en discuter ouvertement de la sorte - d’autant qu’il préférait fermer les yeux sur l’influence qu’avait Saül sur lui -; la seconde, en revanche, s’expliquait plutôt facilement. « Je suis en alternance dans une entreprise en parallèle des cours, et un nouveau cours ajouté à tout ça ne rentrerait pas dans mon emploi du temps. » Il vint étirer un petit sourire un peu déçu, avant de se racler discrètement la gorge. « Et ça ne viendrait pas m’aider à être plus performant sur le terrain, alors… » Alors rien du tout, c’était la raison officielle de toute cette mascarade, rien de plus.

Tu oubliais parfois que les passe-temps de certains étaient des domaines dans lesquels ils excellaient. Ce n’était pas vraiment ton cas. Tu n’excellais pas au chant et tu n’excellais plus dans le domaine sportif depuis longtemps. Tu te souvenais des compétitions gagnées en natation synchronisée mais depuis que tu étais passée au surf, tu ne cherchais plus à exceller mais à t’amuser. Il était évident que Damon avait un certain talent pour l’écriture, un talent qu’il en considérait pas comme tel. Pour lui, ces carnets n’étaient qu’un passe-temps … Quel dommage … « Peut-être que ça me plairait, de voir ça. » Un de tes sourcils se leva alors que le jeune homme haussait les épaules. Oh vraiment ? Cette conversation ne cessera donc jamais de te surprendre … Un coup il te crie dessus, un coup il s’excuse, ensuite il te taquine. Damon Williams n’étaient pas une personne comme les autres c’était certain. « Si par miracle cela arrivait, tu ne pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenu. » Lui dis-tu avec un grand sourire sur le visage. Tu ne voyais pas comment une telle situation pouvait être possible mais tu avais appris que dans la vie, rien n’était tout à fait impossible. Et puis peut-être que Damon fréquentera un jour un bar où il y aura une soirée karaoké et que vos chemins se croiseront de nouveau qui sait ? Alors qu’il te parlait de ses études, tu ne pus t’empêcher de lui faire remarquer que c’était dommage qu’il n’étudie pas ce qu’il aimait vraiment. Peu importe ce qu’il te disait, il mettait son coeur et son âme dans ses carnets et vu sa réaction quand tu le lui avais rapporté, il y tenait plus qu’il ne voulait l’admettre. Tu remarquais qu’il ne contredit pas ton observation qui s’était donc avérée juste mais tu ne t’attendais pas à ce qu’il te dise : « L’important c’est de pouvoir avoir un carrière stable derrière. » Tes yeux s’écarquillèrent car tu ne t’attendais pas à une telle réponse. Oui, vous faisiez des études pour avoir une carrière derrière mais stable à quel prix ? Pour toi, il était important de chercher une certaine stabilité dans quelque chose que l’on aimait. Tu pouvais comprendre la peur de se lancer mais les vrais passionnés finissent toujours par s’en sortir. « Si c’est ce qui est important pour toi. » Dis-tu en haussant les épaules. « Je pense que c’est quand même plus agréable de faire carrière dans quelque chose que l’on aime. Moi j’ai choisi la biologie sous-marine parce que j’adore l’océan et les animaux. Je ne sais pas si j’aurai une carrière stable mais au moins je ne m’ennuierai pas. » Tu ne t’imaginais pas une seule seconde subir un métier que tu n’aimais pas et que tu n’aurais pas choisi. Tu ne pouvais même pas l’envisager. Mais il fallait accepter que chacun ait ses priorités et Damon n’avait apparemment pas les mêmes que les tiennes. Par contre, il ne tarda pas à te confirmer que tu étais la seule à avoir lu ses écrits : « Et surement la dernière avant un bon bout de temps. » Tu ne pus empêcher une moue de se dessiner sur ton visage. Tu trouvais cela tellement dommage … Bon, tu n’étais pas une grande critique littéraire mais ce que tu avais lu t’avait beaucoup plu et pourrait plaire à d’autres également. Toutefois, tu ne pouvais pas forcer le jeune homme à partager son talent. « Je trouve ça vraiment dommage mais bon, c’est ton choix. » Viendra peut-être un jour où il sera prêt à partager ses écrits, à partager une petite partie de lui-même parce que tout le monde laisse une partie de lui dans un écrit.

Finalement, il n’y avait pas que toi qui étais curieuse d’en apprendre plus sur l’autre, Damon finit par te poser quelques questions et en particulier sur tes études. Tu n’avais pas fait attention au fait que le cours que tu avais suivi en sciences humaines n’avait rien à voir avec la biologie sous-marine mais Damon l’avait soulevé. Pour toi, avoir des cours qui touchaient à tout c’était devenu une habitude qui venait elle-même d’une nécessité. Ta réponse surprit ton interlocuteur qui dit : « Wahou. » Tu sentis le rouge te monter aux joues et tu baissais les yeux quelques instants, incapable de soutenir son regard. Voilà pourquoi tu ne parlais que peu de tes capacités qui étaient bien meilleures que celles de la plupart des gens. Tu n’étais pas à la recherche d’admiration ou quoi que ce soit de ce type. Mais Damon avait partagé avec toi, sans le vouloir certes, une partie de lui alors tu pouvais bien faire la même chose. « Je veux dire, c’est impressionnant de vouloir suivre en parallèle des cours comme ça. La biologie sous-marine doit déjà être quelque-chose de complexe, et pour suivre quelques cours de cette branche je sais que les sciences humaines sont pas une mince affaire non plus. » Tu hausses les épaules car tu peux comprendre comment cela semble impressionnant pour certaines personnes. Pour toi, c’est un moyen de toujours avoir quelque chose à faire, de toujours donner de nouvelles informations à ton esprit en quête de connaissances. Les sciences humaines et les sciences dures sont deux domaines bien différents mais cela te permet également de ne pas trop te laisser gagner par le pragmatisme et la logique, de garder tout de même un esprit plus ouvert qu’un esprit purement scientifique. Relevant les yeux, tu répondis à Damon : « Ce n’est pas si impressionnant que ça. C’est plus un jeu pour moi, comme un loisir en quelques sortes. Peu de personnes le savent de toute manière, c’est juste pour moi. » Tu haussais les épaules parce que tu préférais diminuer l’exploit qu’était vraiment ce que tu faisais. Tu ne le vivais pas comme tel et tu avais toujours détestée être considérée comme un petit génie. Oh tu l’étais, un peu en tout cas car tu arrivais toujours première de ta classe mais tes camarades interprétaient cela comme de l’intelligence naturelle, ils n’avaient pas besoin de savoir que ça allait plus loin. Tu demandais alors à Damon s’il ne pouvait pas suivre un cours de littérature en parallèle des siennes et il secoua la tête en disant : « Je suis en alternance dans une entreprise en parallèle des cours, et un nouveau cours ajouté à tout ça ne rentrerait pas dans mon emploi du temps. Et ça ne viendrait pas m’aider à être plus performant sur le terrain, alors… » Oh … Tu ne l’avais pas vu venir celle-là … Tu oubliais que certaines personnes ne vivaient pas pour leurs études comme tu le faisais, que certains avaient déjà un pied dans la vie professionnelle. Une vie qui ne semblait pas passionner ton interlocuteur qui semblait la subir plus qu’autre chose. « Tu fais quoi comme alternance ? Pour quelle entreprise ? » Tu étais curieuse parce que pour le coup, c’était un monde que tu connaissais mal avec une mère avocate et un beau-père vétérinaire avec son propre refuge. Et tu ne savais pas si tu travaillerais pour une entreprise ou un autre type de structure à la sortie de tes études. « Tous les cours que je prends à côté ne m’aideront pas à être une meilleure biologiste. Mais on est jamais trop cultivé à mon avis, surtout si c’est sur un sujet qui nous tient à coeur. » Dis-tu avec un petit sourire sur les lèvres avant d’ajouter : « Ma mère m’a toujours poussée à faire ce qui m’intéressait avant toute chose, j’oublie des fois que c’est pas pareil pour tout le monde. » Un peu en guise d’excuse parce que tu avais cette chance mais cela ne semblait pas être le cas de Damon …


@Damon Williams

sparks fly.

@ilaria mackenzie

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« Si c’est ce qui est important pour toi. » Ce n’était en rien ce qui était important pour Damon, mais c’était ce pour quoi il avait été formé - et même formaté. D’être le meilleur dans sa filière, de suivre la vie bien rangée qui était attendue pour lui, de ne pas faire de vague. Il n’avait pas toujours été bon pour suivre les démarches, mais il s’y était efforcé au maximum. « Je pense que c’est quand même plus agréable de faire carrière dans quelque chose que l’on aime. Moi j’ai choisi la biologie sous-marine parce que j’adore l’océan et les animaux. Je ne sais pas si j’aurai une carrière stable mais au moins je ne m’ennuierai pas. » Et elle ne s’ennuierait jamais, non, à vivre de ce qui la passionnait. Damon n’avait pas encore terminé de compléter ses études qu’il ne pouvait déjà presque plus voir en peinture ce pour quoi il apprenait tous les jours. Ce qui risquait, il le savait d’avance, d’être un soucis pour son avenir. Il pouvait prétendre pendant longtemps que ce qu’il faisait était dans les clous et lui plaisait, mais il ne savait pas s’il saurait tenir les quarante prochaines années. « Je trouve ça vraiment dommage mais bon, c’est ton choix. » Pour toute réponse, il vint se contenter d’étirer légèrement ses lèvres en un sourire étriqué. Il trouvait ça tout autant dommage mais aujourd’hui n’était pas le jour où il admettrait à haute voix cette vérité - et surtout pas devant la jeune femme alors qu’ils ne se connaissaient pas quelques poignées de dizaines de minutes plus tôt.

Ce que Damon n’avait aucun de mal à admettre, en revanche, c’était l’admiration pour la parcours que Ilaria venait de lui décrire. Ce n’était pas rien de suivre une filière correctement, mais venir y ajouter des cours supplémentaires par plaisir et envie atteignait un autre niveau. « Ce n’est pas si impressionnant que ça. C’est plus un jeu pour moi, comme un loisir en quelques sortes. Peu de personnes le savent de toute manière, c’est juste pour moi. » Il ne saurait dire présentement si elle prenait toute la situation à la légère, n’y accordant que peu d’importance, ou si elle ne se rendait réellement en rien compte de ce qu’elle avançait - dans tous les cas, cela ne le regardait pas; il se contenta donc de venir étirer un énième petit sourire, un bien plus aimable que toute attitude qu’il avait pu avoir au début de leur rencontre envers la jeune femme. « Tu fais quoi comme alternance ? Pour quelle entreprise ? » D’instinct, il vint ouvrir la bouche pour commencer à répondre, avant de venir pincer doucement ses lèvres. Lui expliquer l’entreprise pour laquelle il travaillait serait lui donner des informations sur sa vie quotidienne et surtout sur son entourage proche - sa famille, en l’occurence -, avec qui et pour qui il travaillait. C’était lui donner des détails avec lesquels elle pourrait faire des rapprochements, des liens, et il était hors de question que Ilaria en vienne un jour à pouvoir divulguer ce qu’elle avait découvert aujourd’hui - tu vas trop loin, Damon. Il vint retenir un soupire, s’empêcha de secouer la tête sans raison devant la blonde avec qu’il remettait ses idées en place. Il partait beaucoup trop loin - quel serait l’intérêt pour Ilaria de venir jusqu’à rencontrer son père au sein de l’entreprise pour laquelle ils travaillaient tous les deux pour lui parler d’un carnet d’écriture de son fils ? Aucun intérêt, respire Cosimo. « Pour la Michael Hills. » Il n’y avait que dans son monde à lui, que ce nom là faisait aussi facilement écho. « Une entreprise qui gère des joailleries. » Qu’il vint faire simple - le reste n’était pas très intéressant de toutes façons. « Je suis dans les bureaux, je passe mes journées en costard. » Et, à l’image de Ilaria lorsqu’elle était venue lui expliquer pourquoi elle ajoutait des cours si différents à son cursus, il vint hausser les épaules de façon nonchalante - comme s’il se contentait de parler d’une routine intégrée et acceptée, là où le contraire était le dominant de l’histoire.

« Tous les cours que je prends à côté ne m’aideront pas à être une meilleure biologiste. Mais on est jamais trop cultivé à mon avis, surtout si c’est sur un sujet qui nous tient à coeur. » Il ne saurait venir réfuter ce qu’elle avançait là - même son père ne saurait être en désaccord avec un tel principe. « Ma mère m’a toujours poussée à faire ce qui m’intéressait avant toute chose, j’oublie des fois que c’est pas pareil pour tout le monde. » A l’instar de la jeune femme, Damon vint étirer un petit sourire sur ses lèvres. En réalité, si ça n’avait été que sa mère et lui contre le reste du monde, le jeune italien aurait surement eu son mot à dire dans tout cela. Elise lui aurait surement laissé un choix - même qu’un seul, ça aurait été plus que ce qu’il avait eu en réalité -, et il aurait pu avoir un avenir bien différent. Cependant, ça n’avait jamais été uniquement sa mère et lui contre le monde, mais plutôt le montre s’évertuant à agir contre eux. « Tu as de la chance. » Ses yeux vinrent s’ancrer un instant dans ceux de la jeune femme. « D’avoir une mère qui te soutient comme ça. » La sienne était pieds et poings liés dans la relation avec son mari, de trop en tous cas pour faire entendre la voix de leur fils auprès de l’ainé Williams. Damon avait, contre son gré et bien malheureusement, compris tout ça des années plus tôt et savait que rien ne pourrait y être changé désormais. Il se consolait dans l’idée que ses parents avaient préféré l’envoyer dans un autre pays, soi-disait pour lui donner l’opportunité d’une meilleure éducation, et lui avait ainsi lâché un peu la grappe pendant quelques années. « Je suis sure qu’elle a raison d’agir comme ça. » Autant parce-qu’au moindre coup d’oeil, il était facile de comprendre que Ilaria se devait d’être rigoureuse dans ses études - il n’y avait qu’à voir l’énergie et la concentration qu’elle avait dévoué pour retrouver Damon et lui rendre son carnet -, mais également parce-que d’une façon étrange, il arrivait à le lire dans son regard.

Regard qu’il vint d’ailleurs finalement lâcher, alors qu’il s’éclaircissait légèrement la gorge. Elle avait également une façon étrange de le faire se sentir différent, en sa présence, Ilaria. Là où il aurait déjà tenté de jouer le beau à plusieurs reprises aux côtés de n’importe qui d’autre, après s’être fait remettre dans le droit chemin, Damon se trouvait être sage et presque gêné d’avoir une conversation pourtant on ne pouvait plus normale avec elle. En regardant de plus près, on pourrait presque même entrapercevoir une nuance quelque peu rosée sur les joues de l’italien. « Merci, en tous cas. D’avoir pris le temps de me rendre mon carnet. » Dit-carnet qu’il ne lâcherait ni des mains ni des yeux avant un bon bout de temps, désormais - celui là et les autres qui viendraient à sa suite également; il ne ferait pas deux fois la même erreur et ne laisserait pas une seconde personne entrer dans son intimité de la sorte.