in the still of the night
Lucia Whitemore & @Swann McGrath

L’épisode Lawrence dont nous ne reparlons presque plus est derrière nous - de ce que nous croyons en tout cas - depuis un peu plus d’un mois et je n’ai toujours pas bougé de chez lui ou démontré l’envie de le faire. Bien sûr, je pique parfois un tête à l’appartement, il n’est qu’à quelques mètres plus loin dans la même rue, pour passer la soirée en compagnie de Scarlett et qu’elle n’oublie pas mon existence, je paye aussi toujours scrupuleusement mon loyer et je fais des aller et venues pour aller récupérer des vêtements plus adaptés à la saison chaude qui se prépare, mais je suis bien chez Swann. Personne n’a jamais proposé à quiconque d’emménager, mais personne n’a jamais demandé à qui que ce soit de rentrer chez soit, alors je reste. Bien sûr, je cherche constamment dans le discours de mon petit ami un indice qui prouve qu’il aimerait retrouver son intimité sans oser me le dire mais je n’en trouve pas le moindre : au contraire, il semble vouloir tout faire pour que je me sente chez moi alors je prends mes aises. Il m’a libéré un tiroir, puis deux, puis tout un rack de la penderie (et c’est toujours bien trop insuffisant par rapport à la quantité de vêtements que je dépose ici et là). J’ai appris à utiliser la machine à laver, je connais sur le bout des doigts l’emplacement de chaque ustensile de cuisine et je remplis le frigo dès que l’envie me prend (souvent donc).

Lawrence n’est jamais revenu au Death Before Decath, et j’y ai de tout façon une brigade de protection : Deklan jette des coups d’oeil appuyés à la porte dès que le carillon retentit, et j’ai surpris Matt passer la tête depuis la cuisine pour s’assurer que tout allait bien à plusieurs reprises, lorsqu’il entend un client hausser le ton lorsque je suis en salle. Alterner entre mes deux boulots m’épuise et je commencer à songer à me concentrer uniquement sur mon travail auprès d’Evelyn, mais je n’ai pas envie de perdre cette famille, puisque Charlie avait raison, qui compose le DBD. « Ginny m’a dit qu’elle n’avait presque pas fait de gaffe quand elle t’a vue. Du coup j’imagine que “presque pas” c’est une nette amélioration par rapport à Ariane et Jill. Tu te fais une place dans ma famille aussi. » Ses bras entourent ma taille tandis que je prépare des pancakes pour notre désormais traditionnel brunch du dimanche matin ou de n’importe quel matin où nous sommes tous les deux à l’appartement et si je tourne la tête pour lui voler un baiser, je lui tape doucement la main d’un coup de spatule pour l’empêcher de voler de la pâte crue. « Je t’ai vu. » Je lui adresse un sourire avant de me reconcentrer. « Sors plutôt le presse agrume espèce de voleur. » Cela ressemble à un ordre, mais lorsque ça sort de ma bouche à moi tout a l’air d’une requête douce et tendre. Je réfléchis enfin à mon après midi avec sa plus jeune soeur, ma préférée et de loin. « Elle nous a donné l’autorisation pour fonder une famille, du coup je suppose qu’on peut dire que c’est une nette amélioration. » Je pouffe de rire en repensant aux propos de sa cadette, avant de blanchir comme un linge à mon tour de peur que mes propos ne soient mal interprété et qu’il se sente poussé à quelque chose qu’il est beaucoup trop tôt pour envisager. « Non pas que j’ai demandé hein. Elle parlait de grossesse, elle m’a demandé si je voulais une famille plus tard et elle s’est sentie obligée de se justifier. » Bien sûr que je suis curieuse et que je me demande s’il en veut une Swann, mais je n’avais pas du tout l’intention d’aborder le sujet. « J’explique n’importe comment. Crois pas que je suis en train de te demander de parler de ça... » Je rougis encore plus. « Même si ça serait ok si t’avais envie d’en discuter, tu sais, comme ça. » Tu t’enfonces Lucia, tu t’enfonces terriblement et je comprends enfin ce qu’a ressenti ce jour là. J’attrape un bout de pancake que je croque en espérant ainsi m'étouffer et me rendre muette. « C’est pas du tout du tout du tout ce que je voulais dire. » Me voilà rouge cramoisie et je ne sais plus où me mettre. « Si je te laisse tremper tes doigts dans la pâte, tu fera comme si j’avais rien dit ? » J’esquisse un sourire avant de me mordre la lèvre. « Elle est géniale en tout cas. Elle m’a promis de voler à mon secours la prochaine fois qu’Ariane la joue maman lionne ou que Jill fouille mon sac. » Formidables, les membres de sa famille.

« Et je pensais qu’on pourrait peut être prendre quelques jours, tous les deux. » Je tourne la tête vers lui avec de grands yeux ronds. « Si t’arrives à te libérer et que ta boss me déteste pas de proposer des trucs au dernier moment. » J’ai envie de sauter comme une puce et de le prendre dans mes bras, les deux en même temps et je suis persuadée que le résultat serait catastrophique. Mon sourire s’étend jusqu’à mes oreilles et je crois que je ne peux cacher que j’en ai très envie. « Oh, ça dérangera pas Evelyn, elle m’a dit l’autre jour qu’il me restait quelques jours de congé à prendre avant la fin de l’année. » Je retourne le dernier pancake avant d’attraper l’assiette pour la déposer sur la table basse. « Nutella ? Confiture ? Choisis tes munitions. » Je propose mais, dans le placard, mes doigts se referment déjà sur le nutella, parce que je le connais et que de toute façon il n’y a même pas de question à se poser face à ce choix. « J’adorerais. Tu penses à quoi ? » De toute façon il pourrait me proposer de partir en vacances dans une prison désaffectée ou de camper au milieu d’un supermarché que l’idée me séduirait, puisque ce serait avec lui et qu’à présent j’ai le droit de lui dire que je l’aime.  

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Lucia Whitemore & @Swann McGrath

J’ai la sensation qu’il fait chaud tout d’un coup dans cette cuisine, il faut chaud non ? Je jette même un coup d’oeil distrait au thermomètre qui gère la température de l’appartement avant de me reconcentrer sur Swann et de parler des pancakes parce que je suis en train de m’enfoncer dans des justifications improbables quand je voulais simplement rapporter la conversation que j’ai eue avec sa soeur au blond, et pas amener sur le tapis une bien plus importante que j’envisageais avoir avec lui un jour, mais certainement pas aujourd’hui en même temp que je prépare des pancakes. Je lui jette un regard en coin pour tenter de jauger s’il a envie de prendre ses jambes à son cou ou plutôt d’exploser de rire et en voyant comme il me regarde, je me demande surtout si j’ai quelque chose sur le visage. « Je te dis pas non plus que je voudrais une famille, alors. Et je te dis pas que tu si tu veux en parler, je suis ok. » Il enfonce son doigt dans la pâte et je respire mieux, l’espace d’un instant en tout cas. Après ça, je ne serais pas moi si je ne me posais pas de questions : dit-il ça pour me rassurer : a-t-il réellement envie d’aborder le sujet ou bien me laisse-t-il la possibilité de le faire pour que je me sente mieux ? Mon esprit tourne à plein régime et j’ai peur de dire quelque chose que j’aurais envie de reprendre après parce qu’il aura été bien trop tôt et que j’aurais envoyé le mauvais message. Bien sûr que j’ai envie de fonder une famille : mais je n’ai nullement l’envie de mettre la pression à Swann, nous ne sommes ensemble que depuis quelques mois, il s’agit d’une envie pour mon futur, quand je serais prête, mariée et amoureuse de mon conjoint, de préférence lui si on me demande aujourd’hui. « J’ai le droit de dire que ça manque de sel, par contre ? » « C’est pour des pancakes sucrés. » est la seule réponse que j’arrive à formuler, bêtement et encore perdue. Il trempe son doigt à nouveau dans la pâte et j’espère ne pas lui avoir donné l’impression contraire : celle que moi je cherche un échappatoire parce que je n’ai pas envie de parler de ce genre de sujet.

Pourquoi suis-je devenue adulte déjà ? J’étais bien, coincée dans l’adulescence.

« Tiens, goûte. » J’entrouvre les lèvres mais ce n’est pas ce qu’il vise puisque de son doigt, il étale un peu de pâte sur mon nez. Surprise, j’éclate de rire avant de l’imiter mon étaler cette fois ci l’appareil à pancakes non pas sur son nez, mais sur son front en forme de coeur. Je sens qu’il me menace de faire de même et que la situation risque rapidement de devenir hors de contrôle, alors je lui fait des gros yeux et prends mon air sérieux le plus convaincant. « Rappelle toi juste que tout ce qui va sur mon visage ira pas dans ton assiette. » La menace de l’estomac elle marche normalement avec lui non ? Je trempe la louche dans le saladier pour étaler un nouveau pancake dans la poêle avant de rajouter, sans transition aucune. « Si on devait vraiment parler de ça, je dirais que j’ai toujours rêvé de la totale. » Le beau mariage avec une robe sublime, la maison avec jardin et pourquoi pas une piscine, un chien et un mari parfait (je vois d'ailleurs déjà très bien Swann dans le rôle, en incorrigible romantique qui s’emballe vite). « Et que je veux des enfants aussi, plusieurs. Mais quand le moment sera le bon. » Ca, c’est une phrase un peu passe partout pour dire ”je ne suis pas en train de te dire que mon horloge biologique tourne pour te mettre la pression.” « Je veux dire, j’ai le temps, mais c’est définitivement quelque chose dont j’ai envie pour mon avenir. » Et finalement, n’est-ce pas bien que nous en parlions puisque je n’imagine pas mon futur sans ? « Mais vraiment hein, si on devait en parler. » Alerte à toutes les unités, j’ai l’impression qu’on en parle là. « Et si on devait en parler, t’imagines ta vie comment ? » Je suis curieuse, vraiment, parce que je suis bien avec lui.

Et s’il décide qu’on ne doit finalement pas en parler je ne lui en tiendrais pas rigueur mais j’ai l’impression qu’il m’a tendue une perche, une qu’une fille comme moi est obligée de saisir. J’installe les deux assiettes à table une fois ma montagne de pancakes bien trop haute pour deux terminées, et j’attaque mon petit déjeuner avec appétit.  

« Tu sais ce van qu’a Dek et qu’il se plaint de ne jamais pouvoir faire rouler ? »
« Tout le monde a entendu parler du van de Dek qu’il ne peut jamais faire rouler. » Moi je suis certaine qu’il dit ça pour obtenir plus de jours de congés. On trouver quelqu’un prêt à partir avec lui, ça dépend de l’auditoire.
« Je suis sûr que si on promet de bien s’en occuper, il pourrait nous le prêter quelques jours, le temps de longer la Gold Coast ou de faire ce que tu veux. Si on remplace la roue de secours par un stock de nourriture alors ça peut le faire, je pense.  »

Je l’observe et je fond littéralement devant l’idée. Je suis rompue aux vacances façon retour aux sources depuis cet été, et il est inutile de préciser que l’idée de partir dans un van aménagé avec Swann m’excite bien plus que d’aller camper avec mes parents dans les Blue Montains et de passer mes journées à pêcher avec mon père. « C’est un grand oui. Et descendre la côte c’est très bien, on peut aller jusqu’où tu veux. T’es déjà allé à Byron Bay ? Je crois que c’est encore la saison à laquelle on peut apercevoir les baleine au large. » Dans ma tête, un plan se dessine déjà pour que nous puissions être tous les deux. « On pourrait changer d’air, comme ça. » Je perçois le sérieux dans sa phrase, le vrai besoin de changer d’air derrière sa proposition, et je ne pourrais pas plus être sur la même page que lui. « C’est vraiment une bonne idée. J’envoie un message à Evelyn tout à l’heure, mais elle y verra aucun inconvénient. » Quant à moi me voilà déjà en train de penser à ce que je vais mettre dans mon sac. « Et du coup… Tu comptes prendre le chien à ton retour ? » Le chien qui a déjà environ 124883 gamelles, des harnais de toutes les couleurs et plus de laisses qu’on ne peut en ranger dans l’appartement.

Ils n’en parlent pas vraiment mais ils en parlent quand même, au final, et le blond essaye de jouer au plus stupide pour ne pas avoir à se poser pour réellement parler de choses sérieuses à ses côtés. Non pas qu’il ne veuille pas lui parler, lui cacher quelque chose ou quoi que ce soit allant en ce sens, mais il se trouve surtout trop stupide à l’idée de toujours autant paniquer dès lors qu’il s’agit d’avoir des responsabilités. Il n’est plus un enfant et, justement, il est désormais en âge d’en avoir. « Si on devait vraiment parler de ça, je dirais que j’ai toujours rêvé de la totale. » Son sourire n’a rien de faux, surtout pas alors qu’il relève les yeux vers elle, prêt à retarder la dégustation des pancakes de quelques précieuses minutes supplémentaires. La vérité c’est qu’il rêve lui aussi de la totale, depuis toujours. Il n’a jamais rien fait pour se poser avec une personne et envisager un futur à deux, mais maintenant qu’ils osent en parler, il se rend compte qu’il a toujours rêver fonder la famille qu’il n’a jamais connu. Il a toujours rêvé du modèle familial avec lequel il n’a pas grandi, ce qui rend plus difficile encore ses tentatives de comprendre comment tout fonctionne et par où débuter. « Et que je veux des enfants aussi, plusieurs. Mais quand le moment sera le bon. » A cela il ne sait que hocher vivement de la positive, bien heureux qu’elle parle du “bon moment” qui n’est sans aucun doute pas “là maintenant tout de suite”. Il veut des enfants, bien sûr, mais pas maintenant. Il veut construire un futur avec elle, et c’est déjà un début bien assez difficile pour déjà se concentrer sur autre chose. Ce n’est pas être avec Lucia qui est compliqué, bien loin de là, c’est de devoir passer une à une les étapes de la vie d’adulte à deux tout en essayant de ne jamais se brûler les ailes. Jusque là il n’a jamais été véritablement doué pour rester loin des problèmes. « Je veux dire, j’ai le temps, mais c’est définitivement quelque chose dont j’ai envie pour mon avenir. » Du temps. C’est une bonne réponse, ça. Il l’aime bien. Il s’y reconnaît bien dedans, aussi, parce qu’elle ne se doute pas d’à quel point il en a tout autant besoin - quand bien même ce n’est même pas lui qui ne portera aucun enfant. « Mais vraiment hein, si on devait en parler. » Comme si le pire était passé, il prend sa main dans la sienne tout en se replaçant contre le fond du canapé, serein. « Et si on devait en parler, t’imagines ta vie comment ? » Avant de justement, ne plus être serein du tout. Ses doigts finissent par jouer avec les siens alors qu’il tente de trouver les mots appropriés pour lui faire part de ce qu’il désire en même temps de tous les doutes qui ne cessent de l’abriter. “J’aimerais être père.” Assurément. Pour ça, il n’a pas besoin de beaucoup réfléchir. Il aime les enfants, est pédagogue, sait les comprendre. Il est doux et attentionné et nul doute qu’il sera un bon père - ça, il est le seul à encore en douter - mais il y a un mais, il y en a toujours un. “Mais je me suis promis de jamais faire les mêmes erreurs que mes parents et ça veut dire … Ça veut dire que je veux prendre mon temps.” Il veut être certain que son couple est fait pour durer, il veut habiter dans une maison ou peut être même un appartement qui sera assez grand, il veut avoir assez vécu pour être certain de ne rien regretter de s’être posé ensuite. Il veut leur créer un environnement parfait pour qu’ils puissent grandir heureux. Ils. “C’est pas quelque chose qui se décide tout seul, de toute façon.” Et bien que ce soit justement pour cette raison qu’ils abordent le sujet maintenant, ça devient finalement la raison pour lui de clore maladroitement la discussion. C’est ironique de parler enfant avec Lucia quand on sait qu’ils ne se touchent même pas. Il ne lui en veut pas, il le lui a dit, et jamais il ne cherchera à la forcer d’une quelconque manière, mais cela signifie qu’ils ne sont pas prêts de brûler les étapes. Pour la rassurer elle autant que lui, il l’embrasse finalement sur la joue. Ensuite ce sera trop tard et il aura du Nutella de partout sur le visage, de toute façon.

A défaut de parler enfants ils peuvent au moins tenter de prévoir les jours et les semaines à venir et les égayer autant qu’ils le peuvent. Ils sont encore jeunes et des rêves plein la tête, autant en profiter. Il sourit en miroir à Lucia, rassuré que l’idée semble lui plaire avant même qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit. « C’est un grand oui. Et descendre la côte c’est très bien, on peut aller jusqu’où tu veux. T’es déjà allé à Byron Bay ? Je crois que c’est encore la saison à laquelle on peut apercevoir les baleine au large. » Son sourire ne fait que devenir plus grand et immense encore alors qu’ils semblent être passés à autre chose et parler d’un projet on ne peut plus excitant pour l’anglais. “J’ai jamais vraiment bougé de Brisbane, en fait.” Il devait venir à Brisbane et, finalement, il est resté à Brisbane. Ce nom ne lui est que vaguement connu et si elle parle de Byron Bay avec autant d’excitation alors il est certain que la découverte lui plaira à son tour. Quoi qu’il en soit, le simple fait de passer des heures sur la route aux côtés de Lucia lui convient parfaitement - et ne parlons même pas du fait qu’ils pourront faire du feu pour griller des chamallows chaque soir. J’adorerais.” Qu’il finit par avouer, ses yeux lorgnant déjà sur le tas de pancakes fumant sur la table. Il adorerait aller à Byron Bay ou n’importe où ailleurs. Elle pourrait lui proposer de rouler jusqu’à Moscou qu’il serait enjoué, quitte à transformer le van en engin aquatique ou n’importe quelle connerie dans le genre. Alors le projet est accepté, Evelyn bientôt prévenue et eux, bientôt sur la route. Lucia hésite quel tee-shirt prendre dans sa collection de rouge (elle persiste à dire que les teintes sont différentes mais il commence à croire qu’il est peut être daltonien) et lui se demande laquelle de ses deux paires de chaussettes noires il s’apprête à emmener avec lui (peu importe combien de temps ils peuvent bien partir, une paire fera l’affaire).

Alors qu’il avait déjà piqué sa fourchette dans le pancake, son geste devient infiniment plus lent lorsqu’elle le questionne sur un tout autre sujet. « Et du coup… Tu comptes prendre le chien à ton retour ? » Il déglutit lentement, devient son regard pour ne pas observer les gamelles derrière elle ni même le premier jouet acheté il y a peu. “C’est que … je sais pas si c’est le bon moment, parce que s’il s’habitue à ce qu’on soit tous les deux à l’appart et qu’ensuite on reprend le boulot, il va se sentir seul. Et si je l’adopte alors qu’on a repris le boulot, il se sentira seul dès le départ, tu vois.” Il parle d’un ‘on’ parce que tant que le retour dans la collocation de Lucia n’a pas été abordé, il est plutôt heureux de penser qu’elle va continuer de vivre avec lui et qu’ils pourront faire des pancakes tous les jours. “Tu veux du sirop d’érable sur les tiens ?” Reprenant subitement un intérêt certain pour la nourriture, il sert Lucia de deux pancakes avant d’attendre sa réponse pour savoir de quoi les accompagner. Un pancake, au moins, ne demande aucune sorte de responsabilité. C’est un pancake qu’il veut adopter, pas un chien. “J’ai juste pas envie qu’il soit malheureux.” Il hausse les épaules, désolé. Il veut tellement tout réussir à la perfection que bien trop souvent, il ne fait rien. “Je sais que c’est stupide, mais j’ai toujours très envie d’en avoir un quand même. Il pourrait rester avec toi quand tu rentres plus tôt, aussi.” Ce ne serait pas seulement son chien à lui mais bien le leur. Sur ça, il ne se voile pas la face.

Swann ne doute jamais parce qu'il remet en question son envie ou non de faire les choses, mais bien sa capacité. Le problème est éternel, vieux comme le monde et visible à chaque instant de son existence.

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Lucia Whitemore & @Swann McGrath

« J’aimerais être père. » Et ça, c’est un soulagement puisque je ne sais pas comment j’aurais réagi dans le cas contraire. Bien sûr, nous n’en sommes pas là, nous en sommes même très loin, mais je suis attachée à Swann, amoureuse même et j’ai envie de construire quelque chose avec lui. Mais aurait-ce été prudent de continuer dans cette voix si j’avais découvert aujourd’hui que nous étions incompatible ? Qu’avancer avec lui, c’est renoncer petit à petit à des rêves que j’ai nourri aussi loin que je m’en rappelle ? Assurément pas, alors même s’il ne les aura peut-être pas avec moi ses hypothétiques enfants au bout du compte, je suis quand même contentes que nos aspirations ne s’opposent pas. « Mais je me suis promis de jamais faire les mêmes erreurs que mes parents et ça veut dire … Ça veut dire que je veux prendre mon temps. C’est pas quelque chose qui se décide tout seul, de toute façon. » « Tu ferais un papa génial. » C’est la seule chose intelligente que je trouve à dire tout de suite. La seule qui m’échappe sans que je n’ai le temps d’y réfléchir parce qu’elle a pour moi des allures d’évidence. Parce que je ne peux rester là sans rien dire quand il doute de lui alors qu’à mes yeux, il a toutes les qualités requises. « … Quand tu l’auras décidé. » Encore une fois je ne veux pas qu’il ait l’impression que je lui mets la pression alors que nous n’avons même pas passé le cap de l’intimité. Je veux simplement qu’il puise dans mon regard amoureux pour y trouver toute l’estime que j’ai de lui et un peu de confiance en lui. C’est ironique puisque, me concernant, j’en manque également cruellement.

Cette conversation gênante pour nous deux, parce que nous ne savons sur quel pied danser pour ne pas brusquer l’autre ou lui donner l’impression de lui mettre la pression se termine enfin et si je ne m’attendais pas à déclencher ça en lui racontant ma rencontre avec sa soeur - c’était prévisible pourtant, si j’y avais réfléchi un peu j’aurais vu le gros symbole Warning - je suis contente que nous l’ayons eue. Parce qu’il me rassure Swann, et je réalise que je parle avec lui de choses dont je n’ai jamais eu envie de parler avec Lawrence en trois ans de relation. « J’ai jamais vraiment bougé de Brisbane, en fait. J’adorerais. » J’écarquille les yeux en entendant la première partie de sa phrase. « Jamais ? » Alors c’est décidé, il me montrera l’Europe, je lui ferais découvrir l’Australie et déjà, je fais des plans sur la comète. « T’es pas allé à Sydney ? T’es pas allé voir les Blue Montains ? Tu t’es pas baladé au National Park de Springbrook ? Il faut y aller la nuit, il y a une cave remplie de vers luisants et c’est une expérience magique. T’es pas allé à Moreton Island ? Et Mount Barney ? » J’enchaîne les lieux à voir sans aucune logique géographique aucune, écarquillant un peu plus mes yeux à chaque fois qu’il secoue la tête. « Il faut faire une liste. » Que je rajoute, avec le plus grand sérieux du monde puisque, les listes, c’est à la fois ma religion et ma plus vieille histoire d’amour.

Je me fais la réflexion que c’est dommage que nous n’ayions pas déjà le chien - nous, c’est devenu le nôtre dans mon esprit et je n’y fais même pas attention - parce que les randonnées sont différentes avec un chien, puis je me rappelle qu’un chiot se fatiguerait vite et que nous partons en van, alors je calme mes ardeurs mais ne peux m’empêcher de relever l’absence du canidé pourtant attendu depuis des mois. « C’est que … je sais pas si c’est le bon moment, parce que s’il s’habitue à ce qu’on soit tous les deux à l’appart et qu’ensuite on reprend le boulot, il va se sentir seul. Et si je l’adopte alors qu’on a repris le boulot, il se sentira seul dès le départ, tu vois. » Il a l’air bien trop perturbé pour une histoire de chien et, circonspecte, je fronce les sourcils. « Tu veux du sirop d’érable sur les tiens ? » Je hoche la tête doucement : bien sûr que je veux du sirop d’érable mais tu ne m’auras pas aussi facilement Swann McGrath. « J’ai juste pas envie qu’il soit malheureux.  » Les rides entre mes yeux se creusent un peu plus et je penche la tête, en essayant de comprendre. « Je sais que c’est stupide, mais j’ai toujours très envie d’en avoir un quand même. Il pourrait rester avec toi quand tu rentres plus tôt, aussi. » « Mais pourquoi il serait malheureux avec nous ? » Avec toi, c’est avec toi que je devrais dire pour ne pas donner l’impression que je m’impose. « On pourrait le promener ensemble le matin et le soir ou alterner. Et on pourrait rentrer chacun notre tour le midi pour passer du temps avec lui et s’occuper de lui. Peut-être même que tu pourrais l’emmener au cabinet le jour des enfants. » Je réalise que je fais des plans pour nous, que je nous projette dans un quotidien dont je ne suis même pas certaine qu’il veuille. « Enfin, tant que je suis là bien sûr. Tant que je t’agace pas trop et que tu me demandes pas de rentrer chez moi. » Puisque, le plus naturellement du monde, j’ai pris mes aises et je me suis installée. Et si je serais peinée qu’il ait besoin d’air, je rentrerais à l’appartement sans lui en vouloir ou lui en tenir rigueur : je supposerais que cela vient de moi. « Mais y’a pas d’urgence tu sais. De toute façon, on lui a même pas trouvé de nom. » Et le voilà, ce nous qui revient puisque je ne sais pas m’en empêcher.

« Tu ferais un papa génial. » Ce ne sont que quelques mots et une simple phrase mais la spontanéité et la sincérité de Lucia le touchent sincèrement. Il n’attendait rien en retour de sa confession mais elle sait toujours trouver les mots justes pour le rassurer, quand bien même il tente éternellement de se persuader qu’il n’y a jamais aucun problème. S’il est effrayé d’être père à son tour cela n’a rien à voir avec son propre passé, non, bien sûr. Ce n’est qu’une peur banale qu’on retrouve au fond de chaque individu, n’est ce pas ? Hein ? Certains ont peur de rentrer dans une routine et perdre le goût de la vie et d’autres … ont simplement peur de tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la parentalité ou toute responsabilité concernant une autre personne vivante. Cela compte aussi pour les relations amoureuses (lesquelles n’ont, justement, jamais rien eu d’amoureuses à deux exceptions près), familiales, amicales, professionnelles … et même pour la possession d’un animal de compagnie. Autant vous dire que posséder un Tamagotchi était, en son temps, un véritable supplice. « … Quand tu l’auras décidé. » Lucia ferait une mère formidable. C’est ce qu’il se dit, ce sont les mots exactes qui traversent son esprit à ce moment là mais il est lâche, Swann, et il ne veut pas ramener le sujet sur le tapis. Avec lui ou avec un autre, tant pis, Lucia serait vraiment une très bonne mère. Elle est douce et attentionnée, elle donnerait à un bambin tout ce dont il peut avoir besoin et plus encore. Il se dit que peut être elle saura comprendre tout ça à travers le sourire qu’il lui tend de ses lèvres fines - il a arrêté de croire au Père Noël assez tard.

Bien sûr qu’en comparaison, parler du voyage qu’ils s’apprêtent à faire est un véritable jeu d’enfants. Il peut parler de tous les restaurants qu’ils vont pouvoir tester, de tous les snacks d’autoroutes qu’ils vont acheter sans même s’en vouloir (ou pas lui, en tout cas), de toutes les grillades qu’ils pourront improviser en bord de route et en toute illégalité surtout. Il pense aussi à des choses qui n’ont rien à voir avec la nourriture, parfois, c’est promis. Il se demande s’ils pourront bien voir les étoiles de là où ils seront, il se demande s’il doit prévoir des couvertures en plus dans le van parce que peut être qu’elle aura plus froid que lui et peut être qu’il lui volera toute la couette en bougeant pendant la nuit. Il se demande aussi pourquoi il ne lui a pas proposé plus tôt, parce que la vérité c’est qu’il l’apprécie bien plus qu’il ne lui a jamais laissé croire. « Jamais ? T’es pas allé à Sydney ? T’es pas allé voir les Blue Montains ? Tu t’es pas baladé au National Park de Springbrook ? Il faut y aller la nuit, il y a une cave remplie de vers luisants et c’est une expérience magique. T’es pas allé à Moreton Island ? Et Mount Barney ? » Tout ça à la fois ? C’est beaucoup pour le Swann qui était déjà fier d’avoir presque habité à Spring Hill pendant un temps, d’avoir son cabinet à Logan City et d’aller courir à Bayside, le tout en habitant à Fortitude Valley. Il pensait être quelqu’un de présent en assez d’endroits à la fois mais oui, bien sûr, si elle dresse la liste de tous les endroits incontournables du pays qu’il n’a jamais vu alors cela risque d’être bien long. “Si tu veux rompre c’est trop tard, je te préviens.” Si elle voulait vraiment rompre il la laisserait vivre sa vie, bien sûr, mais autant dire qu’il aurait besoin de bien meilleurs arguments que ceux qu’elle est en train d’avancer. De toute façon, il est déjà en train de rigoler, preuve du peu de sérieux qui entoure son annonce. “Si je te dis que j’ai travaillé sur le Mont Uluru à l’école, ça rattrape un peu les choses ?” Certainement pas, parce qu’il n’est pas allé là bas non plus, mais l’important reste encore d’y croire. Il pense encore que son sourire peut le sauver, à défaut de n’avoir aucun argument sous le coude. “Mais je suis pas contre y aller, tu sais.” Et bien au contraire. Il pourrait aller n’importe où à la seule condition qu’elle le veuille ; ça lui suffirait amplement. C’est sans doute bien trop niais, mais si cela peut la rendre heureuse alors c’est un assez bon argument. « Il faut faire une liste. » Elle est organisée et il ne l’est pas du tout. En même temps, elle parle beaucoup et ça lui donne tout le temps du monde pour voler des pancakes. Leur alchimie est belle, ainsi. “Classe par priorités. Garde-en pour les prochains voyages.” Ils ne sont pas partis une seule fois déjà qu’il pense à la suite. Pour la première fois depuis longtemps, il s’autorise à rêver.

Le sujet du chien arrive entre eux et cette fois-ci, Swann est bien moins enclin à sourire. « Mais pourquoi il serait malheureux avec nous ? » Et pourquoi pas ? Tout le monde voit toujours le bon côté avant d’envisager le pire mais son cerveau à lui ne fonctionne définitivement pas de la même manière. Ce n’est que dans le pire qu’il essaye de trouver quelques sources de lumière et d’espoir. Lucia est là pour contrebalancer le tout, il écoute donc son plan avec attention et se note mentalement chacune de ses idées. Elle est douce et gentille, c’est déjà acté, mais elle est aussi bien plus socialement intelligente qu’il ne le sera jamais. Elle arrive à voir des solutions là où il ne voit que des impasses, raison pour laquelle ses yeux quittent enfin la nourriture pour simplement se poser énamourement dans les siens. Il pourrait même garder le chien tous les jours avec lui au cabinet ; peu de patients s’en plaindraient et beaucoup en seraient heureux. « Enfin, tant que je suis là bien sûr. Tant que je t’agace pas trop et que tu me demandes pas de rentrer chez moi. » Aussitôt son bras passe autour de ses épaules pour la ramener près de lui un bref instant. Le geste ne veut sans doute pas dire grand chose mais il souhaite lui prouver à sa manière qu’elle n’a jamais rien eu d’un intrus et qu’elle n’en sera jamais une. “Tant que tu ne me voles pas de la nourriture en cachette, tu ne risques pas de m’agacer.” Et quand bien même, il lui pardonnerait à la seconde même, bien trop amoureux. Tout ça pour dire qu’elle ne l’ennuiera jamais et l’agacera encore moins. « Mais y’a pas d’urgence tu sais. De toute façon, on lui a même pas trouvé de nom. » “On peut l’appeler Pancake. C’est presque mignon, je trouve.” Il a un nom, des gamelles, un tapis. Il a sa maison et fort à parier qu’il aura sa laisse demain. Il ne manque plus que lui et l’échéance se rapproche toujours un peu plus. A force, il le jure, il panique à chaque fois un peu moins pourtant. “Ça serait un peu notre chien à tous les deux. Parce que tant que toi t’as pas envie de partir, moi, j’ai pas envie que ce soit le cas non plus.” Elle est bien ici, Lucia. Ils sont bien, tous les deux, ensemble. Il ne la poussera jamais vers la sortie parce qu’il n’en a pas le moindrement envie et pouvoir la serrer contre lui chaque soir suffit à le rendre heureux. “Ça fait beaucoup de conversations sérieuses en pas longtemps, ça. Je propose qu’on parle de tout ce qu’on va pouvoir manger sur la route. T’as déjà goûté des Wine Gums ? Moi aussi je veux faire une liste.”

in the still of the night
Lucia Whitemore & @Swann McGrath

Je n’ai pas besoin qu’il me retourne le compliment, qu’il me rassure quand à mes qualités de potentielle futur parent comme je viens de le faire pour lui : je n’ai que peu de confiance en moi, je doute de beaucoup de choses mais pas de ça. J’ai toujours eu un contact facile avec les enfants et c’est naturellement que j’ai su très jeune que j’en voudrais, que je n’aurais pas l’impression d’être une adulte accomplie et complète sans. Si je sais qu’il sera parfait, c’est d’observer comme il se conduit avec moi autant que d’avoir eu l’occasion d’assister à des match de son équipe de football australien. Le sourire toujours accroché aux lèvres dans la défaite comme dans la victoire, il est parfait avec ces enfants et c’est ce qui me rend si sûre qu’il sera encore plus parfait avec les siens.

L’idée qu’il n’ait rien visité du pays dans lequel il vit pourtant depuis des années maintenant me choque - c’est écrit sur mon visage - mais elle me ravit plus que je ne le déplore. A mes yeux, cela fait plus de choses qu’il pourra découvrir à mes côtés et je suis ravie de me dire que j’observerai le sourire sur son visage quand il découvrira toutes ces choses pour la première fois : je me sens presque comme une privilégiée. « Si tu veux rompre c’est trop tard, je te préviens. » Je lui fais les gros yeux avant de secouer la tête et de taper doucement le dos de sa main. « Dis pas de bêtises comme ça. » Je ne veux pas entendre ce mot là, même pas pour rire. « Si je te dis que j’ai travaillé sur le Mont Uluru à l’école, ça rattrape un peu les choses ? Mais je suis pas contre y aller, tu sais. » J’éclate de rire avant de passer distraitement ma main dans sa nuque et de l’y laisser puisque finalement elle est très bien où elle est. « Tout le monde a étudié le Mont Uluru, ça compte pas. » Je fais la grimace en prévision de la suite. « Mais l’ascension est interdite depuis 2019, on ne peut plus monter en haut c’est trop tard. » Ai-je fais partie de ces touriste inconscients qui ont détruit le site années après années, poussant même la communauté aborigène à se battre pour interdire l’accès au public ? Assurément. Et j’en garde d’ailleurs des souvenirs magnifiques. « Classe par priorités. Garde-en pour les prochains voyages. » « Oui chef ! » La vérité, c’est que j’ai déjà commencé dans ma tête et que je suis pressée de coucher ça sur papier dans une bullet list. Je vais même y dédier une page du carnet que m’a offert Gabrielle l’an dernier et coller tout plein de sticker (est-ce le carnet dans lequel j’ai déjà accolé mon prénom au nom de famille de Swann pour voir comment ça rend ?. Je ne répondrai à cette question que sous la torture).

Le fait est que, bien que ce soit largement prématuré de parler de famille et de tout ce qui va avec, je me sens bien avec lui. Assez bien pour avoir envie de rester dans son appartement pourquoi pas un jour d’y emménager plus officiellement. Bien sûr, je n’oserai pas lui poser la question mais je lui tends tout de même une perche au cas où il voudrait la saisir pour me dire que je me suis assez imposée, que l’épisode Lawrence commence à dater et qu’il aimerait retrouver son intimité. « Tant que tu ne me voles pas de la nourriture en cachette, tu ne risques pas de m’agacer. » « J’ai des principes ! Je partagés toute la nourriture, ça devrait même devenir le premier décret de la constitution de cet appartement. » Constitution qui n’existe pas encore mais que nous commençons à alimenter avec des projets pour ce chien dont nous parlons si longtemps. Je commence à comprendre que Swann a peur de toute forme d’engagement, mais n’a-t-il pas déjà pris la décision vu toutes les fournitures qu’il a déjà achetées ? « On peut l’appeler Pancake. C’est presque mignon, je trouve. » « C’est mieux que Swann Junior. » C’est même parfait parce que j’ai le sentiment qu’il met un peu de nous dedans. « Pancake McGrath. C’est un nom parfait. » ...Pour un chien hypothétique. « Ça serait un peu notre chien à tous les deux. Parce que tant que toi t’as pas envie de partir, moi, j’ai pas envie que ce soit le cas non plus. » Est-elle là, ma demande plus officielle ? Je n’ai pas envie de me faire des idées pour rien et je me dis que dans le cas présent, le statut de squatteuse à durée indéterminée me convient tout autant. Je continuerai à payer mon loyer 303, mais cela n’étonnera personne si je passe désormais tout mon temps au 407 : d’ailleurs je ne rentre plus que pour récupérer des affaires pour les entasser chez Swann. « Pancake Whitemore-McGrath alors ? C’est pas mal, plutôt classe. » Et c’est aussi ma façon de lui dire que rien ne me ferait plus plaisir, et que je n’ai pas envie de partir non plus. « Ça fait beaucoup de conversations sérieuses en pas longtemps, ça. Je propose qu’on parle de tout ce qu’on va pouvoir manger sur la route. T’as déjà goûté des Wine Gums ? Moi aussi je veux faire une liste. » C’est vrai, c’est beaucoup pour les deux adulescents inconscients que nous sommes et pourtant j’ai la sensation que les choses se sont faites avec tout le naturel du monde. Bien sûr, j’ai senti son embarras et j’ai subis le mien lorsqu’il a été question d’enfant mais je sens que, doucement, nous avançons vers un équilibre qui nous appartient, à nous et à nous seuls. « Jamais. Je te nomme grand responsable de lalistedecequonvamanger. » Moi je m’occupe du trajet, lui des provisions, chaque couple à son équilibre et il semblerait que nous avons trouvé le notre. « Tant qu’il y a des chamallow qu’on pourra faire griller dessus. » Parce qu’aucun cliché n’est assez cliché à mes yeux tant qu’il s’agit de romantisme.