Il doit être prêt de vingt-et-une heure quand Saül te redépose chez toi. Parce que, non, ce n'est plus chez vous malgré ses tentatives de bien faire, de réparer l'irréparable, malgré son comportement absolument parfait, impeccable - qui soit dit en passant devrait assurément t'alarmer, mais non, tu te laisses berner comme tout le monde. Parce que, ouais, maintenant tu es du côté de ceux qui sont bernés au lieu d'être la complice. Oh ce que le retour à la réalité risque d'être brutale! Bien sûr qu'il essaie de rentrer, Saül. Mais la lumière à l'intérieur te pousse à refuser. Pas ce soir. Pas maintenant. Mais bientôt, oui. Il pourra reprendre cette place à la maison. Tranquillement, mais sûrement.

Il ne sait pas encore Damon que vous avez recommencé à vous voir tous les deux, qu'une deuxième chance pour votre mariage commence à être envisagée. Tu aurais voulu lui éviter cette incertitude, lui en parler quand ce sera plus officiel. Le truc est que les ragots courts sur ce fameux divorce. Des ragots indésirables, puisque les processus de divorce son sur la glace pour l'instant. Vous avez donc choisis de les faire taire le temps de prendre une réel décision dans tout ça. Les faire taire voulait aussi dire recommencer à s'afficher ensemble. Et ça voulait aussi dire mettre Damon au courant. Ça, c'est la partie moins fun. Il va en penser quoi, lui ? Et toi ? Tu vas faire quoi quand tu vas comprendre que la seule personne pour qui tu fais réellement tout ça n'en a absolument rien à faire ?

Il n'était pas encore rentré de ses cours Damon quand tu es partie pour la soirée avec Saül. C'est toutefois sur le canapé du salon que tu le retrouves quand tu rentres des heures plus tard. Là où tu ne mets pas de temps à le rejoindre. Ça te fait toujours aussi chaud au coeur chaque soir de voir qu'il est encore là, qu'il est bel et bien revenu à la maison, que ce n'est pas le fruit de ton imagination. Il va repartir si son père revient ? Ce serait quand même une très bonne motivation de lui refuser son retour à Saül. Parce que tu préfères nettement avoir Damon que lui ici. Ce qui est plutôt stupide, parce qu'il va finir par repartir voler de ses propres ailes. Probablement même plus rapidement que tu ne peux le penser. Ce n'est plus un petit garçon. Ce serait bien que tu t'en souviennes parfois   « Tu écoutes quoi ? » que tu lui demandes en venant piger dans son bol de croustilles.

@damon williams

and the world
turn sweet.

@elise williams

***
La maison était silencieuse et dénuée de présence humaine lorsque Damon rentra de l’université ce soir là. Poussant la porte, s’osant à demander à haute voix si sa mère était dans les parages, il ne s’était heurté qu’à son propre écho. Ne s’attardant pas sur ce genre de détails cependant, le jeune homme avait continué sa journée - plusieurs dossiers, à la fois pour l’université mais également pour le travail, requérait son attention dans des délais qui s’amenuisaient rapidement. Ce n’était pas la partie qu’il préférait, Damon, de ramener du travail à la maison préférant largement terminer ce qu’il avait à faire sur place avant de rentrer, mais les cours ne laissaient pas réellement d’autres choix que de travailler de temps à autres de chez lui. N’ayant cependant aucun retard ou aucune lacune dans les matières présentes dans son cursus, ses rendus furent vite bouclés et il put profiter ensuite du reste de la soirée.

Un sandwich rapidement englouti dans la cuisine vint composer son diner, n’étant pas d’humour à s’afférer derrière les fourneaux - ce n’était pas le manque de connaissances qui l’empêchait de se préparer quelque-chose digne de ce nom mais plutôt le manque d’envie, songeant plutôt à se laisser glisser dans le canapé devant la télévision à grignoter pendant le rester de la soirée. Et, sa mère n’étant pas rentrée et ne donnant pas signe de vie immédiat, cela ne regardait que lui les éléments qui composeraient son diner. Cependant, il trouvait ça étrange qu’Elise n’ait pas pris le temps de le prévenir si elle rentrait diner ou non, ne lui ayant pas parlé d’être invitée à l’extérieur. Le jeune homme n’avait tellement plus l’habitude de vivre avec sa mère qu’il en venait parfois à s’inquiéter pour des broutilles, là où lorsqu’il se situait à des milliers de kilomètres de la jeune femme, il ne portait pas la moindre attention à ses allers et venues.

Ce fut le bruit de la porte d’entrée venant s’ouvrir et des talons sur le sol de sa mère qui vint tirer Damon du demi-sommeil dans lequel il semblait s’être longé. Tournant le regard, la pendule vint lui montrer qu’il était neuf heures passées, et que le soleil avait déjà terminé sa course contre la montre. Il vint se frotter les yeux, se redressant sur le canapé, prenant un instant pour remettre ses idées en place alors que sa mère venait prendre place à ses côtés. « Tu écoutes quoi ? » Elle vint piocher dans le bol posé à même la table, il vint bailler une dernière fois avant de lui répondre. « A la base, c’était un document sur les élections américaines en cours, mais je crois que je me suis endormi et je sais pas ce qui était au programme ensuite. » Cherchant un instant la télécommande glissée entre les plaids et le fond du canapé, il vint mettre mute à l’écran, tournant un sourire vers sa mère. « Et toi, qui t’a volé à moi pour la soirée ? » La touche d’humour était perceptible dans sa voix, tout comme le grain de malice se reflétait dans ses yeux. Il n’était pas sérieux, Damon, lorsqu’il disait qu’on lui avait volé sa mère pour la soirée - mais c’était une façon plus agréable et mignonne pour venir lui demander avec qui elle avait disparue pendant les dernières heures.

« Et toi, qui t’a volé à moi pour la soirée ? » Ta tête se tournes doucement vers Damon, alors qu'un sourire en coin vient se glisser sur tes lèvres. On y est déjà, à cette discussion là ?  Ce serait facile de mentir. Ce serait facile de simplement placer l'une des nombreuses soirées mondaines auxquelles tu participes - moins qu'avant, mais elles sont encore là quand même. Mais non, le mensonge n'est pas une option envisageable là dessus, malgré la situation complètement flou et incertaine dans laquelle tu te trouvais avec Saül. « Ton père. » et c'est dit comme si c'était la chose la plus normale du monde, alors que ce ne l'est pas du tout. À l'heure que tu rentres, ce n'est clairement pas un rendez-vous avec un avocat.

« On a décidé de mettre le divorce sur pause le temps de bien réfléchir à ce qu'on veut vraiment. » que tu lui expliques. Ce divorce auquel il ne manquait désormais plus que la signatures des deux époux, celui qui juste avant la fin a été brusquement mis sur pause. Les avocats sont en rogne d'avoir mis autant d'effort pour que ça se termine en queue de poisson. Mais justement, ce n'est pas encore terminé. L'avenir de ses papiers sont sur la glace pour l'instant, mais ça ne veut pas dire que vous n'allez jamais les signer. Si ce n'est pas maintenant ce sera probablement plus tard. Il y en aura sûrement d'autres Ariane dans sa vie.Il faut dire que tu as du mal à y croire à ce soudain revirement de situation de la part de ton époux. Il a perdu ta confiance, mais il fait beaucoup d'effort pour la regagner. Il réussit à te convaincre un peu plus chaque jour. Après vingt ans de mariage, c'est la moindre des choses de se donner une deuxième chance, non ? Au fond, tu as finalement ce que tu voulais. Il t'a choisit au lieu d'elle. Pourquoi est-ce que tu es autant malheureuse alors ? Pourquoi est-ce que, malgré tous les efforts, ce n'est plus comme avant ? Pourquoi cette vie là, celle que tu as aspiré toute ta vie ne te suffit plus ?

Changer de sujet, vaut mieux. Parce qu'il n'y a rien d'autre à ajouter de toute manière. Tu ne veux pas non plus donner de faux espoirs à ton fils - parce que c'est tout à fait logique dans ta tête qu'il veuille, lui aussi, retrouver cette petite famille parfaite que vous formiez tous les trois. Quelle bonne blague! « Tu as eu une grosse journée ? » Parce que la soirée est encore jeune et que lui, il dormait déjà sur le canapé. Sa journée à l'Université y est sûrement pour quelque chose.

and the world
turn sweet.

@elise williams

***
Ce n’était pas de la curiosité mal placée, lorsqu’il vint demander avec qui sa mère avait passé la soirée. La réponse à cette question l’intéressait réellement, et savoir que sa mère avait de la compagnie autre que lui le rendait réellement heureux. Il savait que les derniers mois n’avaient pas été de tout repos pour elle et, d’un côté, il s’en voulait - même si être revenu à ses côtés avait eu davantage d’effets positifs que négatifs, il fallait avouer. Ce n’était pas de sa faute mais il s’en voulait de ne pas avoir pu être plus présent à ses côtés. « Ton père. » Le sourire qui avait jusqu’alors paré son visage vint fondre comme neige au soleil en l’espace de quelques secondes, alors qu’il pensait ne pas entendre ces mots là dans un contexte comme celui ci avant de nombreuses années - voire jamais plus de sa vie. « Mon père ? » La surprise était de taille. Et s’il portait pour responsable Saül de en pas avoir pu passer plus de temps avec sa mère sur les dernières années, à l’envoyer étudier de l’autre côté de la frontière et en s’exilant par la suite en terres arides de l’autre côté du globe, il ne pensait pas qu’il serait le coupable pour la soirée se terminant également.

« Comment ça mon père ? » Il n’était pas sourd, Damon, simplement qu’il manquait un élément à sa connaissance pour donner un sens à cette réponse. « On a décidé de mettre le divorce sur pause le temps de bien réfléchir à ce qu'on veut vraiment. » Si cela aurait été physiologique, sa mâchoire se serait décrochée de son visage. Il se contenta cependant de venir hausser d’un coup d’un seul ses deux sourcils, gardant les yeux écarquillés un instant - et peut-être un autre supplémentaire de trop. La réalité de la situation lui échappait, la logique il ne se permettait même pas de la mentionner. Cela faisait des mois que les deux adultes se tiraient dans les pattes à cause de ce fameux divorce, qu’ils faisaient en sorte de venir récupérer les biens et propriétés les plus précieuses aux yeux de l’autre, pour finalement venir mettre pause sur tout ça ? Damon secoua la tête, venant désormais carrément éteindre la télévision - son feuilleton préféré se déroulait sous ses yeux désormais.

« Tu as eu une grosse journée ? » Il vint ouvrir puis refermer dans la seconde qui suivit sa bouche, quelque peu offusqué. « Oui, j’ai eu une grosse journée, mais là n’est pas le sujet. » Il sentait que le moment n’était pas le bienvenu pour creuser cette histoire, et que sa mère changeait délibérément de sujet. Il s’en voulait d’avance, Damon, de venir remuer le couteau dans cette plaie bien trop béante, mais il ne pourrait être un soutien réel pour sa mère si elle ne lui donnait pas un peu plus de matière à exploiter. « Maman… » Il soupira quelque peu, venant baisser le regard, jouant avec les peluches formées par l’usure du plaid jeté à la va-vite sur ses jambes l’instant avant qu’il ne sombre sous le poids de Morphée plus tôt dans la soirée. « Vous faites vraiment pause sur le divorce ? Pourquoi ? » Oh, ce n’était pas qu’il désirait voir son père loin de la famille pour de bon - Cosimo avait pris parti depuis des semaines désormais entre Elise et Saül -, mais il connaissait un peu trop par coeur les conséquences que cela pouvait avoir sur leur avenir, à sa mère et à lui. C’était pour cette dernière qu’il s’inquiétait, présentement.

« Oui, j’ai eu une grosse journée, mais là n’est pas le sujet. » Et c'est un échec totale pour le changement de sujet. Il vient éteindre la télévision Damon pour se concentrer pleinement sur la minuscule petite phrase que tu viens de prononcer. C'est juste une série de monde sans importance qui font l'effet d'une bombe dans la tête de ton fils. Ce serait stupide de croire qu'il ne s'est pas rendu compte à quel point le processus de divorce était houleux, même si tu as essayé de la préserver de tout ça le plus possible. Ce n'est pas son combat. Ce n'est pas de ses affaires ce qui se passe entre Saül et toi. Mais ça le devient quand la possibilité qu'il revienne dans vos vies est évoquée.

« Maman… » Okay, pourquoi tu as l'impression de te faire gronder par ton fils de vingt ans ? Peut-être parce que c'est le cas. Il n'y comprends rien Damon. Et honnêtement, toi non plus tu n'y comprends rien. Tu comprends pas le soudain revirement de Saül. Il y a une petite voix dans ta tête qui te crie qu'il est revenue parce que sa femme numéro l'a largué, mais tu ne l'écoutes pas du tout cette voix. Tu l'ignores complètement et te concentre plutôt sur les millions d'effort qu'il fait pour revenir. « Vous faites vraiment pause sur le divorce ? Pourquoi ? » « C'est pas si facile Damon de faire une croix sur vingt ans de mariage. » Non. Ce n'est pas une page qui se tourne facilement. Même si la fin est désastreuse. Même si le grand amour n'a jamais véritablement été au rendez-vous. Peut-être qu'il pourrait l'être dans les prochaines années à venir. Peut-être qu'en mettant de véritable effort - ce que vous n'avez jamais fait par le passé - ça pourrait être différent. C'est là dessus que tu te raccroches. Retourner à ce que vous étiez avant ne t'intéresse plus. « On a rien à perdre d'essayer une dernière fois. » Quelques semaines, quelques mois, de plus ou de moins à ses vingt-deux ans de vie commune, c'est rien. Dans le pire des cas, vous finalisez le divorce et tournez la page. « Fais toi juste pas trop d'attente. Peut-être que ça ne fonctionnera pas. » que tu ajoutes, l'idiote qui essaie encore de se convaincre que c'est ce que son fils souhaiterait; voir ses parents à nouveau réunis. Et toi ? Tu ne sais pas trop ce que tu voudrais réellement. Le fantôme de Jack n'est jamais bien loin dans tes pensées. Voilà ce qui bloque un peu tout le reste.

and the world
turn sweet.

@elise williams

***
Il préférait pour le moment garder son regard baissé sur ses mains, ces dernières jouant avec les peluches du plaid sur ses genoux. Il savait qu’il verrait, dans le regard de sa mère, des choses qui n’étaient jamais prononcées à haute voix lorsqu’il était dans les parages. Et pour le moment, il préférait se concentrer sur les mots plutôt que sur les regards. « C'est pas si facile Damon de faire une croix sur vingt ans de mariage. » Sur ce point là, il n’avait en réalité aucun de mal à venir la croire. Vingt ans, ce n’était pas rien. Vingt ans, c’était même le temps que Damon avait passé sur terre et autant de temps que ses parents avaient partagé une vie à trois. Il comprenait que ce n’était pas si simple de venir faire une croix sur tout les éléments qui avaient été constants ces vingt dernières années dans sa vie, à Elise, mais ce qu’il voyait également c’était qu’il n’y avait pas eu que du beau, que du joli, pendant toutes ces années.

« On a rien à perdre d'essayer une dernière fois. » Il vint hausser les épaules, jouant du bout des dents avec sa lèvre inférieure. « Fais toi juste pas trop d'attente. Peut-être que ça ne fonctionnera pas. » Cela faisait déjà des semaines et des mois que Damon ne se faisait plus trop d’attentes. Il avait encore le regard bercé d’illusions lorsqu’il était arrivé en Australie, au début de l’année. Il avait vite déchanté en voyant l’état réel des choses et le pourquoi sa mère avait besoin de lui à ses côtés. Saül, son père, n’était que trop peu présent dans sa vie à lui mais était tout autant absent de celle de son épouse, et c’était ce qui venait briser le coeur de Damon le plus dans cette histoire. Il avait appris à grandir avec seulement l’ombre de son père, à distance, bien présente mais toujours de loin. En revanche, l’idée que les choses ne puissent pas tourner rond entre ses parents, c’était quelque-chose de nouveau dans ses constantes et avec laquelle il tentait tant bien que mal de composer son quotidien désormais.

Finalement, il vint laisser échapper un petit soupire, relevant une légère moue dubitative vers sa mère dont il osa enfin venir croiser le regard après de longues minutes à être venu l’éviter. « Est-ce que j’ai le droit de te retourner la pareille ? » Ses mots étaient hésitant, l’enfant marchant sur des oeufs présentement. Il n’avait pas sa place dans les conflits qui régnaient entre Elise et Saül, en revanche il était tout à fait en droit de venir s’inquiéter pour sa mère. « J’ai pas envie que ça te rende… malheureuse. » Cosco rendait son père responsable de toutes ces histoires, et même si ce n’était pas l’exclusive vérité de tout ça, il préférait cette version là des faits que toute autre impliquant la responsabilité de sa mère également. Dans ses yeux, elle ne méritait pas les événements qui s’enchainaient dans sa vie et surtout ne méritait pas de voir son coeur piétiné une énième fois. Elle avait été à ses côtés, elle, pendant vint ans. Elle avait été son pilier, pendant tout autant de temps.

Il a la tête basse Damon. Il a le regard qui fuit peu importe le nombre de tentative que tu fais pour le retrouver. Bien sûr qu'il ne s'attendait pas à un tel revirement de situation. Toi non plus pour tout dire. Tu ne croyais pas qu'une deuxième chance pourrait avoir lieu pour ton mariage. Tu as beau l'avoir longtemps espéré, que l'épisode de la maitresse ferait son temps, qu'il finirait par en avoir marre de sa Ariane, que tout reviendrait comme avant. Il a eu toutes les chances du monde pour revenir ici Saül. Ces chances se sont toutes effacées quand l'annonce avait été fait à votre fils. Ça t'enrage de le lui avoir dit au vue de comment les choses tournent. Tu aurais pu l'épargner de tout ça. Tu voudrais encore aujourd'hui pouvoir le faire. Mais vous ne pouvez pas simplement faire taire les rumeurs du divorce en le tenant à l'écart de cette possible réconciliation. Ce n'est encore qu'une possibilité. Rien n'est acté encore.

« Est-ce que j’ai le droit de te retourner la pareille ? » Ton regard retrouve enfin le sien après de trop longues minutes à ton goût. Sa voix est hésitante. Tu n'aimes pas le timbre de sa voix. « J’ai pas envie que ça te rende… malheureuse. » « Ne t'inquiètes pas pour moi. » Qu'il ne s'inquiète pas pour toi. La possibilité de cet échec ne te rendra pas malheureuse. Tu ne vois pas comment Saül pourrait te rendre encore plus malheureuse - oh ce qu'il réussit toujours à te surprendre ton cher époux. Là, tout est beau. Plus que ça ne l'a jamais été. Mais dès que les portes de la maison lui seront à nouveau ouvert, les mauvaises habitudes reviendront rapidement. Elles reviendront même pire qu'avant. Quand il cumulera les bouteilles et les nuits dans son bureau. Quand tu comprendra qu'il ne veut pas vraiment être ici, mais que tu feras comme si tu ne voyais rien. Jusqu'à ce que tout explose en millions de petits morceaux irréparables.

« Toi, tu peux me promettre de lui laisser une chance ? Il fait beaucoup d'effort tu sais. » Tu sais parfaitement que la relation entre Damon et Saül a toujours été plus houleuse. Il sera sûrement plus difficile pour lui de lui laisser reprendre sa place aussi facilement - difficile, mais pas impossible. « Il va revenir ici. Juste le temps que ton grand-père sera ici. » Le temps que ce soit votre tour d'en prendre soin. Juste quelques jours après il repart. Parce qu'il n'est pas encore officiellement le bienvenue ici. La vérité est qu'il va rester juste assez longtemps pour détruire cette famille à petit feu.

and the world
turn sweet.

@elise williams

***
« Ne t'inquiètes pas pour moi. » Elle avait beau y mettre toute sa bonne volonté et tout l’amour qu’elle avait pour son enfant dans cette phrase, Elise, cela ne viendrait en rien changer le point de vue de Damon sur la situation. Il ne saurait faire autrement que de s’inquiéter pour celle qui avait veillé sur lui pendant toutes ces années. Son coeur serait toujours là à faire en sorte que tout dans sa vie à elle soit un peu mieux - et si cela devait se passer par sa simple présence à ses côtés, alors il resterait là encore un instant, encore quelques temps.

« Toi, tu peux me promettre de lui laisser une chance ? Il fait beaucoup d'effort tu sais. » En revanche, ce qu’elle lui demandait ressemblait presque à une montagne. Cela devait faire des semaines que père et fils ne s’étaient pas retrouvés au même endroit, ou en tous cas ne s’étaient pas retrouvés sous le même toit. Ils se croisaient régulièrement au sein de la Michael Hills, mais les choses étaient toutes autres là-bas. Les faux semblants étaient d’autant plus importants lorsqu’il s’agissait du travail. Mais ils n’avaient pas eu l’occasion de réellement se retrouver avec l’un, en compagnie de l’autre, les deux hommes Williams. Alors, à ces premières paroles, Damon vint se contenter de venir hausser les épaules - pour le moment. « Je peux te promettre de faire de mon mieux. » Il pinça ses lèvres un instant en une ligne fine. « Mais ça dépendra davantage de lui que de moi, sur ce coup là. » Il lui en voulait, à son père, mais même l’enfer était pavé de bonnes intentions - alors peut-être qu’il désirait vraiment se repentir parmi les siens. Peut-être qu’une nouvelle chance était la chose la plus logique à offrir à son père.

Ce qu’il n’avait en rien prévu, le jeune homme, ce furent les mots de sa mère qu’il vint entendre à la suite. « Il va revenir ici. Juste le temps que ton grand-père sera ici. » Replongeant ses yeux dans ceux d’Elise, les deux topazes vinrent s’écarquiller plus d’un instant. La surprise était de taille - même si elle aurait pu être évitée par une simple logique de réflexion. Si ses parents tentaient de remettre le couvert, il en découlait de façon plus que logique qu’ils devaient se tenir de nouveau autour de la même table. « Même si… » Ce ne sont pas tes affaires, Cosimo, que venait lui souffler une petite voix dans son esprit. Il vint alors reprendre sa phrase pour en sortir une bien plus appropriée. « Même lorsque grand-père ne sera pas chez nous, ou que quand il y sera ? » Il tentait de déterminer la durée du séjour de son père sous son propre toit, et surtout de savoir si son arrivée était bien plus imminente que ce qu’il avait bien pu penser.

« Je peux te promettre de faire de mon mieux.  Mais ça dépendra davantage de lui que de moi, sur ce coup là. » Qu'il fasse de son mieux, c'est tout ce que tu demandes. Ça te soulage que la porte ne semble pas tout-à-fait fermée pour Saül du côté de Damon non plus - ou c'est ce qu'il veut te faire croire et tu crois ce que tu veux croire. « Je ne t'en demande pas plus. » Tout le monde devra mettre du sien pour que ça puisse de nouveau fonctionné vous trois. Mais c'est possible. Tu as confiance. Tu es assez naïve pour croire que les efforts de Saül soient honnêtes et présagent une toute nouvelle ambiance familiale. Une ambiance sans façade. Ce n'est plus ce que tu veux désormais. Pour avoir goûté à autre chose. Non. Tu ne retournera pas à la vie d'avant. Vous pouvez être heureux pour de vrai, non ? Non. Tu vas rapidement tomber en bas de ton nuage qui n'existe même pas.

« Même si… Même lorsque grand-père ne sera pas chez nous, ou que quand il y sera ? » À la base, ce n'est qu'une question d'apparence. Vous aviez convenu que Saül viendrait à la maison pendant les séjours de son père, parce que ni toi, ni lui, ne souhaitait que le père Williams sache le chemin houleux que votre mariage est en train de traverser. Ne pas dire à personne pour le divorce tant que la vraie décision n'est pas posée. Au finale, si vous laissez aller l'annonce du divorce, ce sera quand les papiers seront officiellement signés. Pas avant. À quoi bon crier au loup si finalement le divorce n'a pas lieu. « Pour l'instant, que quand il sera là. Après… on verra si ça se passe bien. » La porte ne lui est qu'à demi-ouverte à Saül. Mais il suffit de l'ouvrir qu'un peu pour qu'il vienne y prendre ses aises, pour que tu le laisses les prendre.

« Je suis désolé que tu te retrouves au milieu de tout ça. J'aurais aimé t'épargner. » Pour une fois, tu aurais aimé qu'il soit dans une de ses foutus écoles de riches à l'autre bout du monde. Comme ça, vous ne lui aurez jamais parlé d'un potentiel divorce avant de revenir sur votre décision et de possiblement y revenir encore. C'est la première chose qui t'as fâché quand Saül a voulu revenir. Il ne pouvait pas dire à Cosimo que vous vous sépariez avant de finalement changer d'avis. Pour toi, ce mariage était mort de chez mort quand vous lui avez annoncé à votre fils. Faut croire que Saül est encore un meilleur manipulateur que tu le pensais. Devenir une victime de ses manipulations, ça non plus, tu ne le vois pas venir du tout. Tu as toujours été sa complice. Toi et lui contre le reste du monde. Depuis quand tu es devenu le reste du monde ?

and the world
turn sweet.

@"elise williams"

***
« Je ne t'en demande pas plus. » Il pouvait l’entendre, le soulagement dans la voix de sa mère. Et rien que pour l’entendre une fois de plus et de nouveau, il viendrait faire les efforts nécessaires, Damon. Il n’était pas enchanté de les faire, mais pour sa mère il ferait ce qui était en son pouvoir. Ensuite, si son père n’était pas prêt à venir faire sa part dans cette situation, ce ne serait plus des son ressort.

Mais apparemment, le fait que Saül veuille revenir vivre dans cette maison qui n’avait plus l’air d’un foyer depuis longtemps, montrait qu’il était prêt à faire des efforts également. Cela sonnait comme étrange aux oreilles du garçon, mais après tout, il n’était pas celui en position pour juger. Il vint tout de même s’enquérir d’une réponse auprès de sa mère. « Pour l'instant, que quand il sera là. Après… on verra si ça se passe bien. » Les lèvres du jeune italien étaient toujours pincées en une ligne fine, mais ces dernières vinrent se détendre un brin alors que l’idée de voir son père naviguer au sein de cette maison de nouveau faisait son chemin dans son esprit. Après tout, il était plus que logique avec les nouvelles informations qui lui étaient fournies. Si ses parents tentaient de recoller les morceaux, et si son grand-père prenait ses quartiers de temps à autres ici, Saül se devait de faire partie du décor. « D’accord. » Il n’avait pas son accord ou non à donner, mais il souhaitait tout de même verbaliser à haute voix à sa mère qu’il embarquait dans cette aventure à ses côtés, malgré tout. C’était pour cette raison qu’elle avait souhaité lui en parler avant que les actions ne se déroulent, non ?

« Je suis désolé que tu te retrouves au milieu de tout ça. J'aurais aimé t’épargner. » A ces dernières paroles, ce fut cette fois-ci un petit sourire amusé qui vint parer ses lèvres, au jeune homme. « Maman… » Le ton de sa voix s’était quelque peu détendu de son côté, également. « Je ne suis plus un enfant, tu sais. » Même s’il avait toujours apprécié le fait qu’elle daigne épargner son quotidien, en pensant à son bonheur à lui plutôt qu’au sien parfois, Elise devait se rendre compte que le petit garçon qu’elle avait tant bien que mal élevé n’en était plus un depuis belles lurettes. Il vint finalement attraper la main de sa mère, déposant un baiser sur le revers de cette dernière, ne la lâchant pas pour autant par la suite. « Et je suis capable de comprendre comment ça se passe entre vous, tu sais. » il disait ça présentement, Damon, parce-qu’il lui était facile de prétendre de si belles paroles lorsque tous les éléments de l’arrangement entre Elise et Saül ne lui étaient pas communiqués. Il aurait un discours un brin différent, lorsque la vérité lui serait communiquée, pour sur.

« Maman… » Le ton de sa voix laisse presque présager que c'est lui l'adulte entre vous deux. Peut-être que c'est le cas. Peut-être qu'en ce moment c'est lui le plus mature. Parce qu'il ne traîne pas un énorme fardeau qui l'empêche de réfléchir et d'agir convenablement - pas encore, ça viendra. « Je ne suis plus un enfant, tu sais. » « Je sais… » que tu laisses en suspens. Tu le sais même si tu agis complètement à l'opposé. Ce n'est pas parce qu'il n'est plus un enfant qu'il mérite d'être spectateur des déboires de ses parents. Il mérite de la stabilité. Ce n'est clairement pas ce que vous lui offrez en vous séparant, puis en revenant ensemble à peine quelques semaines plus tard. Damon vient attraper ta main pour y déposer un baiser. C'est ton rôle de le rassurer. Et non l'inverse. « Et je suis capable de comprendre comment ça se passe entre vous, tu sais. » Tu ne sais rien du tout mon garçon. Tu aurais presque envie de rire. Il ne sait rien du tout. Vaut mieux qu'il ne le sache jamais. Tu veux encore moins qu'il comprenne comment ça se passe entre vous. Pour le comprendre, il faudrait qu'il le vive. Tu ne lui souhaites pas ça. Tu lui souhaites d'être heureux, de partager sa vie avec une fille qui le fera se sentir bien. Tu lui souhaites tout ce qu'il désire.

« Tu devrais monter te coucher. Tu as l'air fatigué. » Parce qu'il s'est affaissé sur le sofa bien avant ton arrivée, qu'il a apparemment eu une grosse journée et qu'il a cours demain. C'est sûrement pas pour changer de sujet. Surtout pas. De toute façon, il n'y a rien à ajouter pour l'instant. Seul l'avenir vous dira comment cette histoire va se terminer - ou se poursuivre si tout se passe bien. « Et moi aussi. » Et cette soudaine fatigue est strictement dû à ton retour à la maison tardif - pas si tardif en vrai - bien sûre. Tu n'es certainement pas en train d'éviter une conversation que tu n'avais pas vraiment envie de commencer. Pas du tout. « Bonne nuit. » que tu ajoutes sourire en coin juste avant de perdre un baiser dans ses cheveux. C'est toi la première qui monte à l'étage. Damon fera bien ce dont il a envie. Du haut de ses vingt trop nombreuses années, ce n'est clairement plus à toi de lui dire quand aller au lit, même si tu peux encore le lui suggérer. Il n'avait qu'à pas revenir s'il veut pas que tu te mêle de ses affaires. Il savait parfaitement à quoi s'attendre. Quoique depuis le temps, il a peut-être oublié c'est quoi de vivre avec toi, avec vous deux éventuellement.