| | | (#)Sam 7 Nov 2020 - 4:55 | |
| La journée avait été courte et à la fois très longue. Comme c’était prévu dans son contrat avec Camil, à défaut de réellement travailler, elle se devait de se montrer citoyenne et investie. Elle avait donc passée sa journée dans une maison spécialisée pour personnes âgées à rendre visite aux plus délaissés. Aucun paparazzi pour témoigner de sa présence mais elle s’en fichait, elle savait que cette visite se saurait du grand public au moment voulu et sincèrement, ce n’était pas plus le plus important. La journée avait été longue parce qu’elle s’était retrouvée face à la solitude de ces gens laissés pour compte, face à la maladie aussi, souvent dégénérative. Pourtant, elle avait été courte parce qu’elle en redemandait encore. Les sourires, leur bienveillance envers elle, les histoires racontées, les instants de rire aussi avec le personnel soignant. Des instants de vie qu’elle se ferait un plaisir de réitérer comme elle leur avait promis. En attendant et en dépit de la soirée bien avancé, elle ne se dirigeait pas vers chez elle mais bel et bien chez Camil. Ça ne l’étonnait que peu qu’il lui demande à lui parler à cette heure-ci. C’était un homme très occupé, d’autant plus depuis que tout s’accélérait pour ses projets. Il n’était pas rare qu’il demande à la voir après ses journées chargées, une fois qu’il était au calme chez lui. C’était donc sans appréhension qu’elle trouvait une place où se garer proche de chez lui.
Quelques pas dans la rue, un bonsoir accompagné d’un sourire poli à Kuparr, le gardien de la résidence qui avait, dorénavant, l’habitude de la voir passer les portes. L’’ascenseur lui octroyait une petite pause dont elle profitait pour retirer ses talons dès maintenant et reposer ses pieds douloureux. Ses talons en main, elle traversait le couloir de l’étage, tapant quelques coups contre la porte de l’appartement avant d’entrer dans ce dernier. C’était une petite habitude qu’ils avaient prise : quand il lui demandait de passer, il laissait toujours la porte ouverte pour lui permettre d’entrer. « Camil ? C’est Debbie. » Comme d’habitude, elle laissait ses chaussures à l’entrée. L’appartement des Smith n’avait plus de secret pour elle, elle s’avançait donc sans crainte vers le salon de celui-ci. « Ah ! Te voilà. » son enthousiasme transperçait sa voix. Ce n’était que trop rarement que Deborah était de mauvaise humeur. Elle faisait donc le tour du canapé pour s’asseoir à ses côtés, constatant une bouteille de vin sur la table basse. « Depuis quand tu commences à fêter quelque chose sans moi ? » Si seulement elle savait… et elle s’en rendait vite compte quand elle posait enfin ses iris sur le visage de Camil, visiblement défait et pas seulement par la fatigue. « Hey… est-ce que ça va ? » soulignait-elle d’un geste tendre en posant sa main sur son épaule pour réellement capter son attention. |
| | | | (#)Dim 15 Nov 2020 - 10:34 | |
| Si Sixtine n’était plus là, alors son monde n’avait plus lieu d’être, voilà la conclusion à laquelle il était arrivé après des jours et des jours de réflexion. Ils vivaient ensemble depuis tellement longtemps, maintenant. Ils avaient développé une relation parfaite, où la confiance qu’ils plaçaient l’un en l’autre était primordiale. Ils formaient un duo soudé, quelque peu atypique — même si les binômes familiaux n’étaient pas rares, il était rare qu’ils concernent un frère et une soeur, surtout avec un écart d’âge si grand. Camil avait une confiance aveugle en sa petite-soeur, que ce soit dans le domaine professionnel ou personnel, et cette dernière le lui rendait bien. Ils se couvraient mutuellement, s’assuraient d’écarter les obstacles qui se présentaient sur le chemin de l’autre, et se confiaient volontiers l’un à l’autre. Ils étaient un tout, une entité.
Il était assis sur son canapé depuis de longues minutes, les jambes repliées sous son fessier. Son téléphone portable traînait sur la table basse qui était face à lui, et il regardait l’écran s’illuminer régulièrement sans être en capacité de réagir. Des appels, des notifications de mail, des textos ; qu’importe, puisque tout cela pourrait très prochainement prendre fin. Mais avant de prévenir ses collaborateurs les plus proches, il avait pris soin de demander à Deborah de passer dans la soirée. Il ne lui avait imposé aucun horaire — à quoi bon, de toute façon ? Il ne risquait pas d’aller se coucher dans la minute. Il ne dormait plus depuis des jours, et les cernes sous ses yeux se creusaient chaque jour davantage. Et ça ne risquait pas de s’améliorer de si tôt : Sixtine devrait prochainement être opérée. Deborah, qui venait d’arriver, n’en avait pas conscience. Comme toujours, elle fit preuve de politesse, de gentillesse et d’engouement. Elle ne lésinait pas sur les efforts — un talent que l’Américain lui reconnaissait volontiers — mais qui malheureusement ne suffirait pas, cette fois-ci.
Il pencha légèrement la tête, et bloqua la main de Debbie entre son épaule et sa joue. Bien sûr que non, ça n’allait pas. Et il n’était pas sûr que ça aille à nouveau un jour, à vrai dire. Mais pouvait-il vraiment lui dire ? Pouvait-il se montrer complètement honnête, alors qu’il n’était pas directement concerné par les tourments qui monopolisaient toute son attention ? S’il savait que Sixtine et Deborah entretenaient de bonnes relations, il ne connaissait pas pour autant leur degré de proximité. Sa soeur lui en voudrait-elle d’avouer son secret ? Et en même temps, comment justifier les décisions radicales qu’il avait en tête ? Il n’avait jamais caché son ambition dévorante, et il abandonnait tout du jour au lendemain ? Ça n’avait aucun sens, aucune logique. Il était perdu. Alors, foutu pour foutu, l’Australien libéra la main de Debbie et vint poser les siennes sur les joues de la jeune femme. Il fondit aussitôt sur sa proie, sans lui laisser le temps de réagir. Ses lèvres épousèrent les siennes avec habitude, et Camil ne dissimula pas son empressement. Il avait besoin de plus : de contact, de chaleur, de tendresse. Et, par dessus tout, il avait besoin d’oublier. Il se pencha sur sa prétendue compagne, posa une main inquisitrice sur son genou dénudé, et délaissa sa bouche au profit de son cou. Sans réfléchir. Machinalement. Mécaniquement. En fait, il n’était pas du tout à ce qu’il faisait : il n’agissait que par automatisme, sans la moindre envie. Comment avait-il pu en arriver là ? Quelques jours auparavant, il était encore attiré par Deborah. Et pourtant, aujourd’hui, son désir était réduit à néant. Sa libido ? Inexistante. Et sa morale et son bon comportement envers l’Irlandaise ? Envolé. Il était en train de se conduire comme un goujat avec elle, et elle méritait bien mieux que ça. Il se redressa brusquement, et retira ses mains des hanches de son officielle. « Excuse-moi. » Murmura-t-il, avant de baisser le regard. Il se sentait honteux, ridicule. « Excuse-moi. » Répéta-t-il avant de se redresser, et de commencer à faire les cent pas dans son salon, les bras croisés derrière la nuque. « J'aurais pas dû. »
@Deborah Brody |
| | | | (#)Lun 18 Jan 2021 - 12:16 | |
| Un geste tendre que Camil voulait prolonger, un instant suspendu où Deborah captait toute sa détresse sans être capable d’en déterminer la source. Elle ne le forcerait pas à parler mais ça n’empêchait pas son regard de chercher le sien et d’être interrogateur. Elle avait envie de lui dire qu’elle était là pour lui mais n’était-ce pas déjà évident ? Sa présence sur le canapé, sa main qui s’était naturellement retournée contre sa joue pour la balayer tendrement de son pouce. Evidemment qu’elle était là pour lui. Depuis le temps qu’ils faisaient semblant d’être un couple, elle avait amplement eu le temps de s’attacher réellement à lui comme à un ami. Elle se souciait naturellement de son état, loin d’être normal. Il était fatigué, sans aucune once de joie sur le visage, sans un seul mot passant le seuil de ses lèvres et pourtant avec ce besoin de contact qui semblait presque viscéral à cet instant. L’état dans lequel il se montrait, elle ne le connaissait pas et elle n’était pas à même de savoir comment réagir face à cela. Est-ce qu’elle devait l’interroger ? Juste se taire et le laisser se livrer ? C’était lui qui lui avait demandé de passer après tout, c’était bien qu’il avait besoin d’elle dans un sens, pour parler ou simplement en étant présente.
Ce dont, en revanche, elle ne s’attendait pas, c’était bien la tournure que prenait son envie de la voir. A peine lui libérait-il la main, qu’il entourait son visage des siennes pour mieux venir l’embrasser. D’abord interdite parce que surprise par le geste si soudain, elle ne tardait pas à répondre au baiser, ses mains se glissant sur ses avant-bras, presque comme pour l’empêcher de s’échapper. Il n’avait pas pipé mot et elle ne se rendait compte de rien. Contrairement à lui, Debbie continuait de ressentir cette tension sexuelle qui était présente entre eux depuis le début et principalement son envie souveraine de l’assouvir. Elle chatouillait ses reins, éveillait davantage ses sens quand le blond quittait ses lèvres pour s’aventurer dans son cou, sa main curieuse contre son genou provoquant de délicieux frissons. Nul doute qu’elle avait envie de lui, comme c’était le cas depuis longtemps. Trop longtemps parce que ça finissait par l’aveugler, à l’instar de ses paupières qui s’étaient naturellement fermées sous l’assaut de ses baisers à la naissance de son décolleté. Aveugle face au mal-être de l’Australien qui finissait par se manifester et leur exploser en pleine figure. Plus rien. La chaleur de son corps si proche du sien avait disparue, ne laissant derrière elle qu’un courant d’air de regrets rapidement exprimé par le principal concerné. Il se confondait en excuses. C’était pourtant son attitude qui parlait davantage que ses mots. Cette façon qu’il avait de ne pas la regarder, la manière dont il se redressait avant de faire les cent pas dans le salon. Elle comprenait rapidement que ce baiser fiévreux n’avait été qu’un moyen de défense contre ses pensées, une belle utopie pour les évincer. Raté.
« Ne t’inquiètes pas, ce n’est pas grave, il n’y a pas de mal. » Parce qu’elle aurait pu lui en vouloir sur l’instant, parce qu’elle aurait aisément se braquer à l’idée qu’il l’ait fait venir juste pour se défouler, oublier ou autre chose. Elle aurait pu ne retenir que ça et lui en vouloir de l’avoir envisager mais elle n’était pas comme ça, encore moins quand il s’agissait de faire face à la détresse de ses amis. Sa réaction avait été nulle, certes, elle n’allait pas dire le contraire mais il n’agissait pas de façon normale alors elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle ne lui en tenait tellement pas rigueur qu’à l’instant où il passait assez proche du canapé, elle se mettait debout sur ce dernier et tentait le bras vers lui, attrapant l’une de ses mains pour l’attirer elle. « Viens là. » Naturellement plus grande que lui, elle profitait de cette situation physique trop rare pour l’envelopper de ses bras, presque comme pour le cacher aux yeux du monde dans une étreinte pleine de compassion et de chaleur humaine. Un instant volé au temps, l’horloge semblait avoir arrêté sa course quand elle ouvrait enfin ses lèvres. « Je ne sais pas ce qu’il se passe et je ne sais pas si tu souhaites en parler ou non mais tu sais que si c’est le cas, je suis toute ouïe pour toute la nuit s’il le faut. » L’une de ses mains dans sa nuque, elle la balayait, une nouvelle fois, de son pouce parce qu’elle avait cette sensation qu’il était tendu et qu’il avait juste besoin de ça, à ce moment précis, pour se détendre, pour relâcher une pression invisible mais tellement palpable dans l’air. Le détendre, juste ça : « Et si tu as pas envie de parler, je suis aussi libre toute la nuit pour qu’on se bourre la gueule jusqu’à pas d’heure mais une seule bouteille sera pas suffisante, je te préviens. » Une petite plaisanterie et surtout un léger sourire attentionné. Simplement une façon de lui faire savoir que peu importe quelle option il allait choisir, elle était là pour lui. Là pour lui comme une amie parce qu’au fond, c’est qu’il voulait à lui demandant de venir, pas vrai ? |
| | | | (#)Mer 10 Fév 2021 - 5:00 | |
| Il hésita à répondre à son invitation, mais la gentillesse dont elle fit preuve parvint à le convaincre. Il avait envie de goûter, pendant une seconde, à un moment de douceur. Il se laissa donc happer par la chaleur de sa prétendue petite amie, tandis qu’elle refermerait ses bras autour de ses épaules. « Deborah… » Murmura-t-il après de longues secondes de silence, après avoir niché la tête dans le creux de son cou. Il ne savait pas vraiment s’il avait prononcé son prénom dans le but d’initier un semblant de conversation, ou si ces trois syllabes n’avaient été qu’un moyen de manifester son profond désarroi Tout, dans ses gestes, dans sa voix, dans son attitude, laissait supposer que quelque chose ne tournait pas rond. Tout, absolument tout, trahissait l’incertitude et la fragilité qui l’animaient. Il n’avait plus rien du vantard confiant, du séducteur acharné, du vautour volant autour de sa proie. Camil avait perdu tout sa superbe, et il se montrait sous un angle nouveau — un angle qui, il le savait, le rendait vulnérable. Ses adversaires politiques, s’ils le voyaient dans cet état, se feraient un plaisir de l’abattre sur le champ. « Sixtine est malade. » Finit-il par lâcher, incapable de garder ce secret pour lui plus longtemps. Il avait besoin de s’en délivrer, au moins partiellement. Il pensait que ça lui ferait du bien ; malheureusement, il n’en était rien. Ces quelques mots ne faisaient que rendre sa maladie plus réelle encore. Il ne s’étendit pas davantage ; si sa soeur voulait en parler à la brune, elle le ferait directement.
S’il avait d’abord été hésitant quant au fait de prévenir Deborah en priorité, à ce moment précis, il ne regrettait pas une seule seconde de l’avoir fait. Depuis que Sixtine lui avait appris sa maladie, il avait tourné comme un lion en cage. Dans sa tête, les mêmes questions revenaient sans cesse : pourquoi elle ? Pourquoi si jeune ? Pourquoi les médecins ne se montraient pas plus rassurants et plus volubiles ? Avaient-ils conscience de quelque chose qu’ils préféraient garder pour eux ? Quelles étaient réellement les chances, pour sa petite-soeur, de remarcher un jour ? De survivre à cette opération délicate ? Sixtine payait-elle les mensonges que les Smith s’étaient évertués à proférer, tout au long de ces dernières années ? Le karma avait-il quelque chose à voir dans tout ça ? Tant de questions auxquelles il n’aurait jamais la moindre réponse. S’apitoyer sur son sort jusqu’à ce que mort s’en suive lui semblait être un besoin, une nécessité, mais il devait avant cela être au clair avec son entourage. « Je ne vais pas pouvoir continuer tout ça. » Avoua-t-il à voix haute, alors que ses mains passaient de son dos au creux de ses reins. Il exerça une légère pression sur le corps voluptueux de Deborah, perdu dans une quête de réconfort et de tendresse. Un geste de pure possessivité, pour la retenir encore un peu et lui permettre de se souvenir — se souvenir que, hier encore et contrairement à aujourd’hui, il avait tout. Et tout ça, c’était elle, c’était lui, mais c’était surtout eux. Leur mascarade avait été amusante et divertissante, même pour lui. À vrai dire, il avait même pris un certain plaisir à jouer la comédie — il faut dire que la compagnie de Deborah n’avait rien de désagréable. Ils avaient appris à se connaître, avaient ri en faisant du shopping, s’étaient montrés tactiles devant les photographes et avaient flirté plus que de raison. Camil ne garderait que de bons souvenirs de cette coopération, mais il devait y mettre un terme. « Tu peux reprendre ta liberté dès ce soir. » Murmura-t-il, sa tête se décollant pour la première fois de son cou. Il leva les yeux vers elle et remarqua qu’elle avait légèrement froncé les sourcils. Surprise, sans doute, d’entendre de pareils mots s’échapper des lèvres de celui qui était, finalement, son employeur. Sans trop savoir comment, il trouva la force d’esquisser un maigre sourire. « Tu pourras dire à qui veut l’entendre que je n’ai pas été un homme bien avec toi. » De toute façon, il en était persuadé, personne ne serait surpris. Alors, à quoi bon tenter de trouver une justification à leur soudaine séparation ? Il y a quelques jours à peine, ils s’affichaient main dans la main, plus rieurs et complices que jamais. L’Irlandaise avait rempli son contrat à la lettre, à la perfection même. Il saurait s’en souvenir. « Ça n’a plus d’importance, de toute façon. » Cette phrase là, il se l’était répétée des centaines et des centaines de fois. Hier encore, il pensait que l’avenir lui appartenait. Le chemin à parcourir pour accéder à des nouvelles strates du pouvoir était encore long, mais aucun obstacle ne se dressait sur son chemin. Il allait gagner, il le savait déjà. Et puis, finalement, l’impensable était arrivé. Et tout ce qui constituait l’essentiel de ses journées n’avait désormais plus lieu d’être. En une heure, tout avait été balayé par une discussion-tempête. Il inspira profondément, comme pour s’imprégner une dernière fois de l’odeur vanillée — à moins que ce ne soit autre chose ? — de sa meilleure comparse. Ses lèvres se posèrent avec une douceur inégalée sur sa peau laiteuse, s’autorisant par-là une ultime caresse. « Je ne veux pas te retenir plus longtemps. » Déclara-t-il finalement, au bout d’un temps qu’il ne parvenait pas à quantifier. Et pour qu’elle ne passe pas une seconde de plus à le regarder d’un air abattu, il préféra broder. Mentir, pour éviter que la pitié ne vienne envahir les traits familiers de sa désormais ex petite amie. « J’ai eu une dure journée, et j’ai besoin de me reposer. » Jolie façon de congédier quelqu’un à qui on a expressément demander de venir. S’il avait été un peu plus malin, et surtout un petit peu plus lucide, il aurait veillé à ce que ses gestes ne viennent pas contredire ses paroles. Parce qu’à l’instant même où il lui demandait de partir, les doigts de sa main droite s’étaient refermés sur le poignet de Deborah. @Deborah Brody |
| | | | (#)Dim 11 Avr 2021 - 9:20 | |
| Avait-elle vraiment besoin de lui dire qu’elle était là ? De toute évidence, non, ce n’était pas nécessaire. Niché entre ses bras, son prénom au bord des lèvres, Camil n’était pas bien et elle l’avait compris en quelques secondes. Ils commençaient tant à se connaître que c’était évident pour elle que quelque chose n’allait pas et que ce quelque chose était très important. Rien ne terrassait Monsieur Smith, il était plus fort que ça. Alors stratégiquement, pour lui faire comprendre qu’elle était prête à tout entendre et à être présente pour lui pour le reste de la nuit – et plus s’il le demandait, c’était à son bon vouloir – elle resserrait légèrement son étreinte, comme si elle cherchait à lui transmettre de la force pour parler et très certainement un peu de paix dans un cœur trop tourmenté. Tourmenté par la maladie de sa sœur qu’il venait de lui dévoiler sans quitter ses bras, caché aux yeux du monde, peut-être pour ne pas se montrer trop cassé par cette nouvelle, trop vulnérable quand bien même il n’y avait que Deborah pour le regarder. Dans l’instant, elle ne savait pas vraiment quoi dire, coincée entre l’idée qu’il avait peut-être envie d’en parler sans savoir le faire et celle qu’au contraire, il lui disait le principal sans vouloir développer. Elle n’allait pas lui demander si c’était grave, bien sûr que ça l’était pour que ça le mette dans cet état et c’était assez pour transcrire une inquiétude et de la tristesse dans les traits de la brune. Avec Sixtine, même si c’était naturellement moins intense qu’avec son frère, Deborah avait développé de la complicité avec elle, comme une petite sœur qu’elle n’avait jamais eue finalement dès lors qu’elles étaient amenées à se fréquenter. Elles n’avaient pas besoin de se voir tous les jours pour avoir la sensation de s’être quittées la veille à chaque entrevue. C’était devenu naturel pour elles et forcément, apprendre qu’elle était malade ne pouvait pas mettre en joie Debbie. Néanmoins, elle ne se permettait pas d’étaler ses états d’âme sur l’instant, déjà parce qu’elle n’était pas de ce genre et surtout, Camil passait en premier. Il était le plus toucher dans la situation et il était celui à réconforter, celui à qui il fallait insuffler de l’espoir pour ne pas le voir s’écrouler.
Le blond ne lui laissait pas le temps de le faire. Dès l’instant où il prononçait l’idée de ne pas pouvoir continuer, le doute était venu titiller les pensées de Deborah et elle a eu à peine le temps d’y réfléchir, qu’à contrario de ses mains possessives, il prononçait des mots on ne peut plus clairs. Instinctivement ses sourcils s’étaient froncés d’incompréhension et de surprise aussi. Au fond, elle se doutait ce qu’il voulait dire, elle avait tout simplement du mal à croire que ça puisse être possible. Il abandonnait tout et notamment ce eux qui représentait une importance capitale dans la suite de sa carrière et c’était surtout ça le problème. Elle comprenait qu’il renonçait à ses projets en politique, qu’il envoyait tout balader parce que sa sœur était malade et qu’en tant que grand frère, elle n’en doutait pas une seconde, il souhaitait être là pour elle au lieu d’avoir la tête prise ailleurs. Deborah ne pouvait que comprendre, elle qui était elle-même très famille, elle qui était venu en Australie parce que la confiance qu’elle avait en son frère était inébranlable. Bien sûr qu’elle comprenait mais elle n’était pas d’accord pour autant. « Tu racontes n’importe quoi. » avait-elle à peine le temps de dire lorsqu’il sous entendait qu’elle pourrait raconter ce qu’elle voudrait si des journalistes venaient à lui demander la raison de leur séparation. Bien sûr qu’elle n'irait jamais dire qu’il était mauvais avec elle non seulement parce qu’elle était bien assez douée pour inventer autre chose si c’était vraiment son désir de tout arrêter mais en plus de ça, et surtout, c’était complètement faux. Elle avait même rarement fréquenté un homme aussi gentil envers elle. Elle ne voyait pas l’intérêt de ternir ainsi son image même si visiblement l’homme n’en avait plus rien à faire et qu’il finissait même par l’inviter à s’en aller alors que son récent baiser contre sa peau et sa tendance à s’accrocher à elle disaient tout le contraire.
Sans aucune hésitation, elle hochait négativement la tête, portant sa main libre à son visage, l’obligeant ainsi à l’affronter, captant son regard du sien. « Je pense pouvoir dire sans me tromper que je te connais assez pour savoir que tu ne veux rien de tout ça. Tu ne veux pas tout abandonner, tu t’y sens obligé. Tu ne veux pas que je m’en aille non plus, tu es juste déboussolé et trop peu habitué à dire ce que tu ressens. » Un sourire compatissant traversait son visage, un court instant, parce qu’elle refusait qu’il puisse croire qu’elle le prenait en pitié, c’était faux. « Je suis ton amie, Camil… ou en tout cas, pour moi, tu es mon ami et je pense sincèrement que tu m’as fait venir parce que tu as besoin d’en parler avant tout. » Avant de tout balancer, avant de croire que tout est terminé sans même laisser une petite chance à la parole de se libérer et peut-être de le soulager et de lui mettre les idées au clair. « Je suis pas celle qui va chercher à te convaincre de ne pas prendre cette décision si c’est vraiment ce que tu souhaites mais il est pas question pour moi de quitter cet endroit sans en parler avec toi, sans chercher à t’aider, à soulager ta peine, tu comprends ça ? Je ne veux pas que tu regrettes ensuite parce que tes émotions ont pris le dessus et qu’il est trop tard. » Pendant une fraction de seconde, elle haussait une épaule, persuadée des dires qui allaient suivre. « Je suis peut-être pas la première à te le dire, peut-être même que ça va t’énerver d’entendre encore ça mais je la connais assez pour savoir que ce n’est pas ce que ta sœur voudrait, que tu abandonnes tes projets. » Elle ne lui dira pas parce qu’elle ne souhaitait pas le blesser mais dans son esprit c’était clair : Sixtine était malade et elle ne serait sûrement pas en capacité de guérir s’il lui faisait porter, malgré lui, cette culpabilité qui risque de la ronger. Parce qu’elle-même avait eu son frère entre la vie et la mort il y a quelques années, elle connaissait les émotions vives qui traversaient Camil et parfois, elles étaient trop vives pour prendre sur l’instant les bonnes décisions, elle était bien placée pour le savoir.
@Camil Smith |
| | | | (#)Ven 16 Avr 2021 - 6:33 | |
| « Non. » Répondit-il aussitôt, sans même chercher à comprendre pourquoi elle réagissait de la sorte. Pensait-il qu’il mentait ? Qu’il cherchait un moyen de se débarrasser d’elle ? Il n’en avait jamais eu l’intention. Et même lorsqu’il l’avait appelée tout à l’heure pour lui demander de passer, il ne savait pas du tout à quoi ressemblerait leur conversation. Ni même comment il allait réagir. Il connaissait les problèmes de santé de Sixtine depuis toujours, et il savait que sa petite soeur était particulièrement suivie à ce sujet. Elle était sérieuse et vigilante. Mais ça n’avait pas suffi ; le crabe l’avait à nouveau pincée. Plus fort et plus sournoisement que les médecins n’avaient pu le prévoir. « Tu comprends pas, Deb. » Laissa échapper le politicien en fermant les yeux pendant une fraction de seconde. Il fallait qu’il tienne bon, il fallait qu’il soit fort. Il ne pouvait pas s’écrouler — pas maintenant en tout cas. Pas devant Deborah, et encore moins au cours des prochaines semaines, lorsqu’il serait aux côtés de sa petite soeur.
« A quoi bon ? » Demanda-t-il en haussant les épaules, alors que son interlocutrice lui suggérait de parler. De se confier. Un exercice auquel l’Américain ne se prêtait jamais, désireux de garder pour lui ses plus sombres secrets et ses peurs les plus grandes. Camil était un solitaire, qui s’était construit tout seul. Il parviendrait donc à s’en sortit tout seul ; il n’y avait pas de raison. À moins que, cette fois-ci, le fardeau ne soit trop lourd à porter. « En parler, ça ne changera rien au fait que ma soeur est malade. » Il faisait l’autruche, et il le savait pertinemment. Il bottait en touche, pour gagner du temps et éviter de parler de ce qui lui faisait mal, de ce qui le terrorisait. Camil , à l’instar de la plupart de ses collègues en politique, n’était pas courageux. « Regretter ? » Répéta-t-il en fronçant les sourcils. Cette idée était à des années lumières de son esprit. Quand il avait décidé de tout arrêter, en dépit des retours excellents qu’il avait eu jusqu’à maintenant, il n’avait jamais songé à l’après. Soudainement, et bien que l’Irlandaise ne soit pas rehaussée sur des talons, Deborah ne lui paraissait plus si petite que cela. Au contraire ; Camil avait presque l’impression qu’elle grandissait, prenait de l’ampleur, alors que lui se tassait au fur et à mesure que les mots s’échappaient de sa bouche.
« Ma soeur… » Commença-t-il d’une voix éteinte. Sa soeur, qui d’ailleurs n’était pas réellement sa soeur. Sa nièce, en réalité. Dire qu’il allait devoir prévenir son frère de la récidive de la maladie de Sixtine lui donnait envie de se jeter par la fenêtre. Mais c’était son rôle, son devoir. En acceptant d’accueillir Sixtine en Australie, l’aîné des Smith avait promis au reste de la famille de les tenir informés. Des bonnes nouvelles, comme des mauvaises. Il avait promis de veiller sur elle, d’être présent en dépit de son emploi du temps chargé. Il avait cru y être parvenu. Mais l’ordonnance médicale, puis la discussion qu’il avait eue avec sa cadette lui avait appris qu’il s’était fourvoyé. Elle n’allait pas si bien, en réalité. Et ça n’allait pas aller en s’améliorant. « Ma soeur ne sait pas ce qu’elle dit. » Finit-il par murmurer en secouant la tête. « Elle est têtue et obstinée et… » Il se tut, parce qu’il comprit que sa soeur n’était pas très différente d’une personne qu’il connaissait bien : lui-même. « Si je n’arrête pas cette course infernale et qu’elle… » Meure, mais c’était bien trop difficile à dire. C’était inenvisageable, pour Camil. Ça rendait la maladie, et sa dangerosité, beaucoup trop réelle. La situation était tellement injuste ; il aurait tout donné pour être à sa place. « Qu’elle n’est plus là, je m’en voudrais éternellement de ne pas lui avoir consacré tout mon temps. » Jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la dernière seconde. « Tu comprends ? » Demanda-t-il, alors qu’il collait sa paume sur la main de Deborah, qui n’avait jamais quitté sa joue. Il pressa légèrement dessus, espérant que ce geste suffirait à lui transmettre un peu de chaleur, un peu de réconfort. « Les prochaines semaines ne vont pas être faciles à vivre, et je m’en voudrais de t’imposer ça. » Confia l’Américain à voix basse. @Deborah Brody |
| | | | (#)Jeu 13 Mai 2021 - 14:47 | |
| « A quoi bon ? » Deborah répétait ce qu’il disait, comme pour lui faire réaliser ses dires. « Tu te poses vraiment la question ? Ecoute-toi parler, regarde-toi agir. Tu ne vas pas bien et c’est normal. » Sa voix avait perdu de son éclat et de sa détermination, il tentait de la fuir en la renvoyant chez elle ou en évitant son regard, il cachait ses émotions derrière une carapace qui semblait si épaisse qu’il n’arrivait même pas à réaliser lui-même qu’il se devait de la retirer, ne serait-ce qu’un instant, pour son propre bien en s’ouvrant un peu, pour soulager ses épaules et déposer un peu de sa peine sur celles de Deborah. « Tu m’as pas fait venir ici pour rien, j’en suis persuadée. Tu ne t’en es peut-être pas rendu compte. Tu as peut-être envoyé ce message sur un coup de tête ou forcé par ton instinct ou une autre connerie comme ça mais c’est évident que tu as besoin d’en parler. Alors oui, je te l’accorde, ça ne changera rien pour ta sœur mais ça changera peut-être tout pour toi. » Parce qu’un esprit allégé est capable de mieux penser et de prendre de meilleure décision, il était évident pour la brune qu’il en avait besoin. « Tu peux faire ce que tu veux. Tu peux rompre notre accord, tu peux me gueuler dessus si ça peut te soulager, tu peux juste pleurer si tu en as envie mais je ne bougerais pas de là quoi que tu fasses. Enfonce-toi bien dans le crâne que je suis là en tant qu’amie, Camil, et qu’il est hors de question de t’abandonner quand tu en as visiblement le plus besoin. » Elle avait déjà fait cette erreur avec Joseph et elle l’avait tant regretté par la suite qu’elle en avait retenue une leçon douloureuse. Pas question de recommencer.
Alors elle l’écoutait, pour le peu qu’il parvenait à lui raconter. Il était peiné mais surtout il avait peur. Peur de perdre cette petite sœur tant aimée et choyée. Peur de regretter de ne pas avoir consacré son temps à elle pour la sauver. « Bien sûr que je comprends. » disait-elle en balayant sa joue de son pouce dès lors qu’elle sentait la pression de son visage contre sa main. « Mais tu n’es pas médecin, tu n’es pas elle. Tu ne peux pas combattre à leurs places et encore à la place de Sixtine. Je comprends entièrement que tu veuilles l’aider autant que tu peux, essayer de la soulager d’une quelconque manière mais ce n’est pas complètement de ton ressort et ça ne le sera jamais. » Elle savait que ce n’était pas facile à entendre parce qu’elle devinait aisément que Camil ferait tout son possible pour être à la place de sa sœur et prendre une partie de sa souffrance mais c’était impossible malgré la force accordée à ce souhait. « Je ne dis pas que tu dois rien faire et rester les bras croisés. Bien sûr que tu peux l’aider, bien sûr que tu peux lui accorder une partie de ton temps mais tu ne peux pas et tu ne dois pas te sacrifier entièrement. C’est elle qui s’en voudra que tu le fasses et je pense sincèrement que tu le sais. » Oui, Sixtine est têtue, Sixtine est obstinée, Sixtine est comme son frère. Aucun n’accepterait que l’autre se sacrifie entièrement. Peut-être que Deborah le concevait plus facilement parce qu’elle avait une vision extérieure et qu’elle n’était pas directement impliquée dans leur relation familiale quand bien même elle savait ce que ça pouvait faire d’avoir une telle relation, celle-là même qu’elle entretenait avec Benjamin. « Tu ne m’imposes rien, je suis assez grande pour faire mes propres choix et choisir de rester. Tu n’es pas tout seul. Tu n’es pas obligé de tout porter. Je suis là et probablement que d’autres seront là aussi pour elle. » La blondinette est bien entourée. Par Camil certes mais aussi par des amis, une famille de cœur qu’elle s’est choisie, une famille qui peut aussi prendre le relai sur celle de sang quand il est nécessaire que chacun retrouve un peu de son temps, un pan de vie normale, un peu éloignée de la maladie.
Instinctivement, elle prenait alors sa main dans la sienne, l’entraînant de nouveau avec elle vers le canapé. Assis l’un à côté de l’autre, elle reprenait la parole, dans l’espoir, peut-être, de mettre de la lumière dans ce qu’elle venait de dire et pour ça, quoi que mieux qu’un exemple personnel et vécu ? « J’ai un frère aîné qui était ici, il y a quelques années. C’est parce qu’il était là que je suis arrivée en Australie, c’est parce qu’il a toujours été mon pilier que je me suis tournée vers lui quand je me sentais couler. Il a toujours tout fait pour que je sois bien, même dans mes pires conneries, il a toujours tenté de me couvrir comme il le pouvait. Exactement comme tu le fais avec Sixtine finalement. Et un beau jour la situation s’est complètement retournée. Il a eu un grave accident de moto et on a passé des heures en salle d’attente sans savoir s’il allait s’en sortir ou non. » Pendant un instant, elle s’arrêtait dans son récit pour reprendre un peu de contenance. Le raconter était toujours douloureux pour elle. Ce soir-là, elle avait cru perdre le seul capable de la comprendre et de la supporter telle qu’elle était. Ce soir-là, elle avait été paralysée par la peur dans sa voiture, incapable d’aligner des mots pour soulager sa peine, exactement comme Camil à l’instant. « Il a fini paraplégique. Alors comme toi, je me suis dit que j’allais me sacrifier, que je lui devais au moins ça après tout ce qu’il avait toujours fait pour moi. Je passais plus de temps chez lui que chez moi pour l’aider au quotidien et avec son fils. J’ai arrêté de travailler pour être disponible, pour l’emmener là où il voulait. Je prenais de mon temps libre pour bosser discrètement dans son cabinet d’avocats pour assister son associé et l’aider à la hauteur que je pouvais pour éviter la faillite. J’avais plus vraiment de vie sociale parce que je m’en voulais de ne pas être là si jamais il avait besoin de moi, parce que je ne voulais rien louper, je ne voulais rien lâcher. Au final, il m’a longtemps supporté derrière lui et c’est lui qui m’a dit d’arrêter parce que j’ai fini par l’étouffer. C’était juste trop. Parce qu’il tenait à moi autant que tu tiens à Sixtine, c’était hors de question pour lui de devenir un poids pour moi quand bien même je ne le considérais pas comme ça. Juste hors de question de sacrifier ma propre vie pour la sienne. » Tendrement, avec compassion, elle posait alors sa main sur son avant-bras. « Ne fais pas la même erreur que moi. N’oblige pas Sixtine à te dire de lui lâcher la grappe alors que ce n’est pas plaisant à dire non plus. Soulage-la si tu veux mais laisse-la gérer comme elle l’entend, c’est le mieux que tu puisses faire. »
@Camil Smith |
| | | | (#)Mer 19 Mai 2021 - 7:20 | |
| Il secoua la tête, obstinément. Qu’elle lui renvoie ses propres contradictions en plein visage ne lui faisait ni chaud ni froid ; il ne manquait ni de culot, ni de mauvaise foi pour s’enfoncer dans son marasme. De toute façon, ce soir, il avait déjà la tête sous l’eau ; alors à quoi bon se débattre ? Il s’épuiserait dans cette bataille, qu’il ne savait ni comment gérer, ni comment appréhender. Il devait juste tenir, tenir bon — pour Sixtine. Mais ce soir, l’Américain s’autorisait une parenthèse pour oublier, et agir en bon égoïste. Ce soir, puisque sa soeur était retenue par les services hospitaliers pour une batterie de tests, il avait le droit de se laisser aller. Demain serait un autre jour. « Non, je ne veux pas en parler. » Il persistait, et signait. Pas question pour lui de s’épancher sur ses problèmes et ses angoisses. Il s’était montré suffisamment loquace en lui avouant la maladie de sa soeur à Deborah. Même s’il faisait confiance à cette dernière pour taire ce secret, il se trouvait faible d’avoir réclamé sa présence ce soir. « T’es malade. » Murmura-t-il en baissant les yeux, alors que Deborah énumérait les comportements odieux qu’il pourrait avoir à son égard pour tenter de soulager sa peine, et qu’elle accepterait sans broncher. « Ou t’aimes être maltraitée. » Dit-il en haussant les épaules. En d’autres circonstances, il aurait probablement ironisé ou cherché à titiller l’Irlandaise à ce sujet ; mais ce soir, il n’était pas d’humeur pour les grivoiseries et autres sous-entendus scabreux. « Alors quoi ? Tu vas rester à mes côtés toute la nuit pour t’assurer que je ne pète pas un câble ? » Demanda-t-il, alors qu’il esquissait un pas en direction du placard où il conservait ses meilleurs bouteilles d’alcool. Il hésita pendant une fraction de seconde, et tendit finalement la main vers son péché mignon : un bourbon, qui avait plusieurs années d’ancienneté. Il se servit généreusement, dépassant largement la dose recommandée. « Et me traîner au lit lorsque je serai trop ivre pour pouvoir y aller moi-même ? » Il ricana sans joie, et plongea finalement ses lèvres dans le liquide ambré. Délicieux, évidemment. Mais ce soir, il n’en profiterait pas : il voulait juste boire, boire et finalement oublier. « Excuse-moi, je manque à tous mes devoirs. Tu veux quelque chose, peut-être ? »
S’il refusait de parler de l’état de santé de sa soeur, il parvint cependant à lâcher quelques mots concernant l’horrible sentiment d’impuissance qui l’avait complètement submergé. Camil était un homme d’anticipation : il prévoyait, supposait, et oeuvrait ensuite pour que ses pires craintes ne se réalisent jamais. Si, jusqu’à maintenant, il avait plutôt réussi à appliquer cette méthode dans sa vie professionnelle et sa propre vie privée, il prenait désormais conscience qu’il n’avait aucune ascendance, aucune marge de manoeuvre dans la vie d’autrui. Le constat d’échec était à la fois cruel, et amer : pour une fois, il devrait vivre les événements au jour le jour, sans avoir la moindre assurance. « Comment veux-tu que j’aille au bout des projets qu’on avait échafaudé ensemble… Si elle n’est plus là ? » Demanda Camil en secouant la tête, alors qu’une main passait machinalement dans ses cheveux désordonnés. À vrai dire, Sixtine lui avait déjà fait savoir qu’elle voulait qu’il poursuive sa vie comme avant, sans tenir compte de sa maladie. La requête était, aux yeux de Camil, tout bonnement irréalisable. Et déraisonnable. « Sixtine, c’est ma personne de confiance. Elle sait tout de moi, et elle me connait mieux que quiconque. » Même si, il devait bien l’admettre, Deborah ne se débrouillait pas trop mal sur le sujet. C’était l’avantage (ou l’inconvénient, cela dépendait du point de vue que l’on avait) quand on fréquentait trop souvent la même personne, dans des circonstances aussi diverses que variée. « J’ai prévenu mes parents. Et mon frère. » Son père, songea-t-il avec tristesse. Leur secret de famille pesait lourd sur ses épaules, et il se demandait si, un jour, Sixtine apprendrait la vérité. « Ça a été horrible. » Des larmes silencieuses, tandis que la dévorante impuissance venait tout ravager sur son passage. Et Camil, à Brisbane, qui cherchait à rester le plus neutre possible.
La main de Debbie glissa dans la sienne, et il se laissa entraîner jusqu’au canapé sans broncher. Tous deux s’installèrent l’un à côté de l’autre, et l’Irlandaise entreprit de lever un voile sur son passé. « Je suis désolé. » Murmura-t-il du bout des lèvres, alors qu’il apprenait que le frère de Deborah avait été grièvement blessé lors d’un accident. « Je comprends, mais… » Commença Camil, avant de réfléchir une seconde sur les propos qu’il s’apprêtait à tenir. Il ne voulait ni vexer ni blesser son interlocutrice par des mots mal choisis, qui seraient maladroits. « La situation était inversée. C’est celui qui a toujours pris soin de toi qui, soudainement, ne pouvait plus tenir sa position. C’est toi, la reine des boulettes, qui s’est retrouvée à son service. » Il soupira, se plongea la tête dans ses mains, et se laissa aller contre le dossier du canapé. Il savait qu’il n’y avait pas de bonne solution. « Qu’est-ce que je peux faire pour elle, alors ? » Demanda le politicien, complètement perdu.
@Deborah Brody |
| | | | (#)Jeu 20 Mai 2021 - 0:40 | |
| Elle ne lui donnait en réponse qu’un petit hochement de tête. Il ne voulait pas en parler, elle n’allait certainement pas le forcer. Peut-être le ferait-il plus tard. Dans quelques heures, dans quelques jours, quelques semaines ou peut-être même des mois. Ou pas du tout. A force de le fréquenter, elle le connaissait assez pour savoir qu’il valait mieux le laisser aller à son rythme et ne rien précipiter. Il le ferait en temps voulu s’il en avait besoin. « Peut-être un peu des deux pour être ton amie. » disait-elle, un sourire légèrement amusé sur le visage. Elle ne forçait pas plus la plaisanterie parce que ce n’était pas le moment et qu’elle n’avait servie qu’à détendre l’atmosphère en le taquinant un peu. Sans grand étonnement, Deborah le regardait se servir un alcool fort. C’était toujours ainsi lorsque Camil prenait un verre. Hormis en mangeant, elle l’avait rarement vu – pour ne pas dire jamais – prendre un alcool doux. Ce soir, cet alcool avait un arrière-goût d’amertume. Elle se doutait bien qu’il ne se servait pas un verre pour le plaisir. « Si tu as besoin de péter un câble, je ne t’en empêcherais pas. Pareil pour l’ivresse, je t’arrêterais seulement si c’est vraiment trop mais si tu as besoin de t’enivrer jusqu’à plus savoir tenir debout, ouais, je serais là pour te traîner dans ton lit. » Evidemment qu’elle ne le laisserait pas se faire du mal d’une quelconque façon ou le laisser s’enfoncer dans un potentiel coma éthylique – elle se doutait que ce n’était pas son but non plus, elle savait pertinemment qu’il comptait bien être en forme quoi qu’il arrive pour sa petite sœur – mais elle l’accompagnerait ce soir, quoi qu’il advienne. « Non merci, ça va, je vais me contenter de la bouteille déjà sur la table. » Celle qu’il n’avait pas ouverte probablement parce qu’il était tout seul jusque-là et que boire seul, c’était franchement pas l’idéal. « Cela dit, si tu comptes boire jusqu’à te rouler par terre, je te déconseille de boire ce bourbon. Non seulement ça serait du gâchis de le boire dans ce seul but mais en plus tu vas t’en dégoûter jusqu’à ne plus savoir en boire, tu peux me croire. » Elle avait quelques cuites avec certains alcools et aujourd’hui, rien que l’odeur peut lui donner envie de vomir. Ça serait bête de liquider une bouteille d’un alcool de très bonne qualité pour se mettre la tête à l’envers quand on pouvait faire la même chose avec une daube de supermarché pas trop cher.
« Elle est toujours là. C’est peut-être ce que tu oublies un peu trop. Ne réfléchis pas avec des « si », fais avec le présent. » Faire avec sa présence. Sixtine était malade mais elle n’était pas condamnée pour autant. Il voulait avorter des projets qui pouvaient très bien se faire en dépit de la maladie. Il s’imaginait de suite devoir vivre sans elle, faire les choses avec la tristesse du deuil dans le cœur mais pour Deborah, il envisageait trop loin. En connaissance de cause, il ne fallait jamais se projeter avec la maladie, tout peut tellement basculer du jour au lendemain, de façon positive comme négative. Il fallait qu’il apprenne à vivre pas à pas, au jour le jour, avec les progrès et les régressions de la maladie, même si ça allait être une tâche difficile pour lui, l’homme sur-organisé qu’elle ne connaissait que trop bien. « Est-ce qu’ils vont venir vous voir ? » Autant Sixtine que lui, pour les soutenir tous les deux, pour soulager leur peine en famille mais aussi pour se tirer vers le haut, les uns les autres, pour franchir cette difficile étape ensemble. Debbie ne concevait pas la famille autrement que dans ce sens-là. Elle n’imaginait pas une seconde que quiconque puisse en vouloir à Camil de ne pas avoir compris la maladie de sa sœur plus tôt quand bien même Debbie ignorait entièrement la gravité de cette dernière.
Bouteille ouverte, verre de vin dans les mains, elle y trempait ses lèvres à présent qu’ils étaient de nouveau sur le canapé pour discuter. « Ne sois pas désolé, il va bien. » disait-elle en secouant négativement la tête. Son frère s’était fait à sa vie d’aujourd’hui et il n’était pas mort, toujours en capacité de se déplacer – sur roues, certes – et son cerveau était intacte. C’était là le plus important. « Au premier coup d’œil, c’est vrai mais pas tant que ça finalement. Il prenait soin de moi mais je prenais soin de lui aussi et ça passait par l’idée de le laisser faire même quand je n’en avais pas envie parce qu’il en avait lui-même besoin. On prend soin l’un de l’autre comme c’est certainement le cas entre toi et Sixtine. » Les frères protecteurs sont parfois trop étouffants mais parce qu’eux-mêmes sont incapables de faire autrement, les petites sœurs encaissent sans trop broncher pour leur faire plaisir, pour leur laisser ce rôle qu’ils se sont donnés. Donnant, donnant. « Ecoute-la, c’est important. Si elle te dit non, c’est non, ne force pas les choses. Soit un soutien pour elle, n’essaie pas de faire à sa place si elle tient à le faire elle-même, ça ne sert à rien. » Debbie se montrait directrice, implacable dans ces propos. « Tu peux lui faire à manger si tu vois qu’elle n’y arrive pas, par exemple. Tu peux te montrer disponible pour la conduire et l’accompagner à ses rendez-vous ou accepter d’appeler un taxi pour elle si elle ne veut pas que tu sois là. Tu peux la prendre dans tes bras quand elle a besoin ou la laisser seule si elle le demande. Tu peux l’aider pour les soins à domicile ou t’assurer qu’elle a les meilleures infirmières qui viennent. Tu peux lui proposer les meilleurs médecins que tu peux trouver grâce à tes contacts mais aussi accepter qu’elle n’en veuille pas. » Ce n’était que des exemples mais elle voulait lui montrer que l’important était d’écouter sa sœur sur ses désirs, sur la façon dont elle voulait procéder sans jamais la forcer. C’était sa maladie, son corps, pas ceux de Camil. Elle devait garder de l’énergie pour guérir et non pour entrer en guerre avec un frère trop sur elle même si ses intentions sont toujours de bien faire. « Reste-toi même, je pense que c'est ce qu'elle veut. » Que son frère ne devienne pas l'ombre de lui-même, qu'il reste à sa place, qu'il la soutienne oui mais sans jamais dépasser les limites du raisonnable.
@Camil Smith |
| | | | (#)Lun 31 Mai 2021 - 5:30 | |
| « Garce. » Répondit-il avec un ricanement sans joie. Ce n’était d’ailleurs pas son genre ; toujours enclin à taquiner Deborah, il ne parvenait même pas à donner le change. Il soupira. Il avait espéré que ses propos indélicats pousseraient l’Irlandaise vers la sortie, mais en réalité, c’était l’inverse qui s’était produit. Elle était là pour lui, et resterait — en dépit de ses idées sombres, et de ses projets peu reluisants. Comment pouvait-elle être si tolérante à son égard ? Était-ce ça, l’amitié, la vraie ? Ne jamais être seul, même (et surtout, d’ailleurs) dans les moments les plus difficiles ? Avoir une épaule sur laquelle se reposer, et ne pas craindre d’être jugé ? Depuis quand Camil n’avait-il pas ressenti ça, eu une pareille sensation ? Des mois, des années peut-être. « Je te souhaite bon courage ; je ne suis pas un petit gabarit. » Tentative d’humour, partiellement avortée. Ce soir, il manquait d’entrain et de légèreté pour plaisanter. Et même s’il laissait sous-entendre qu’il allait boire jusqu’à l’ivresse la plus totale, il savait déjà qu’il mentait partiellement ; s’oublier dans l’alcool jusqu’à ce que mort s’en suive, ce n’était tout simplement plus de son âge. « On verra bien. » Dit-il en haussant les épaules, alors que l’Irlandaise lui déconseillait de se dégoûter d’un alcool qu’il prenait habituellement du plaisir à boire. « Je n’en suis pas à ce stade. » Confia-t-il, avant de porter le verre à ses lèvres.
Deborah avait raison, bien sûr : il devait se ressaisir, se concentrer sur le moment. Sa soeur était encore là, encore consciente, encore déterminée. Elle n’avait pas abandonné, et ne le ferait probablement jamais : l’optimisme de Sixtine Smith était à toute épreuve, ou presque. Et Camil savait mieux que quiconque que le jour où sa petite-soeur flancherait, pour une raison ou une autre, il serait derrière elle pour la relever. Comme il l’avait littéralement fait, quand elle était encore si petite. « C’est plus fort que moi. » Avoua-t-il du bout des lèvres. « Je sais que la vie n’est pas tendre, et qu’il se passe plus d’horreurs que de miracles. » Même si sa soeur n’était pas condamnée par la maladie, les médecins ne se montraient pas forcément optimistes. La tumeur était localisée à un endroit délicat, où il serait difficile — et même dangereux — d’aller opérer. Sixtine devait d’ailleurs s’entretenir prochainement avec son chirurgien, qui creusait diverses options et pistes envisageables. « Je ne sais pas. » Répondit-il en haussant les épaules. En matière de communication, les Smith n’étaient pas à la pointe. Parmi eux, Sixtine détonnait. « Nos parents sont âgés. » Et la situation sanitaire étant ce qu’elle était, ils restaient sur leur garde — et si Sixtine ne les blâmerait sans doute pas pour cela, ce n’était pas le cas de Camil. « Mon frère fera peut-être le déplacement. » En tout cas, l’Américain l’espérait ; après tout, il était le père biologique de Sixtine. Mais ça, bien sûr, c’était un secret de famille bien gardé — qui ne les empêchaient pas, Sixtine et lui, d’avoir une relation fusionnelle.
« Je… Je vais essayer. » Ce qui ne signifiait pas qu’il y parviendrait ; en tant que control-freak, il aimait tout anticiper, et avoir un regard attentif sur tout ce qui devait se dérouler. Et, surtout, lâcher du lest n’était pas dans ses habitudes. Voire même carrément contraire à ce qu’il avait l’habitude de faire. « Est-ce que… » Commença-t-il, avant de chercher ses mots. Il ne voulait pas que Deborah ait l’impression qu’il surveillait sa soeur par des moyens détournés. « Tu pourrais, de temps en temps, t’assurer qu’elle va bien ? » Demanda-t-il à voix basse. « Je sais que vous vous entendez bien, et je suis sûre qu’il y a certaines choses qu’elle te confierait peut-être plus facilement qu’à moi. » Expliqua-t-il en haussant les épaules. « Je ne te demande pas de me répéter ce qu’elle te dit. » Il voulait juste que sa soeur sente qu’elle puisse, si elle en ressentait le besoin, se reposer sur quelqu’un d’autre. Ou parler de choses plus futiles avec quelqu’un d’autre, pour se sentir « normale ». Camil s’allongea finalement sur le canapé, et déposa sa tête sur les genoux de l’Irlandaise. Il s’accordait finalement un moment de repos qui, il le savait pertinemment, serait de courte durée. Bientôt, il serait rattrapé par ses obligations professionnelles. Il serait submergé par ses soucis personnels. Parviendrait-il à gérer et à conjuguer ces deux pans de sa vie ? Réussirait-il, ou exploserait-il en vol ? Aujourd’hui, il n’en avait pas la moindre idée. Toutes ses certitudes s’étaient envolées, et il naviguait désormais dans le noir. Il resta silencieux pendant de longues minutes, les yeux obstinément ouverts, et posa finalement sa paume sur le genou de la brune. « Tu veux bien rester, ce soir ? » Demanda-t-il à voix basse. Aveu de faiblesse ? Pas vraiment ; pour être franc, il avait surtout envie d’avoir une présence réconfortante à ses côtés. Son index dessina des formes inconnues sur la peau de Deborah et, pour la rassurer quant à ses intentions, il précisa avec un pâle sourire : « Je te jure de garder mes mains pour moi. » Il n’avait pas la tête à ça, de toute façon — et ça, quand on connaissait bien Camil Smith, ça n’était pas anodin. Le politicien n’était pas du genre à louper une occasion, et encore moins quand elle se présentait sur un plateau d’argent. Il se redressa, se mit debout, et tendit une main à son interlocutrice. « Viens. » Dit-il à voix basse. Il l’entraîna à sa suite et ne lâcha sa main que lorsqu’ils furent dans la chambre de l’Américain. Il fit glisser de part et d’autre deux panneaux, qui révélèrent une salle de bain parfaitement équipée. Camil se délesta de son tee-shirt, et ouvrit l’eau chaude du robinet. Il patienta quelques secondes, glissa ses mains dessous, et se frotta ensuite le visage. Comme si ce simple geste pouvait l’apaiser, le purger de ses erreurs. Il aurait pu rester des heures comme ça, mais la présence de Deborah le ramena sur terre. « Je vais te donner de quoi te changer. » Dit-il, alors qu’il constatait que son amie n’avait pas pris d’affaires pour rester. Il ouvrit un tiroir de son dressing, et en retira un vieux tee-shirt, estampillé du logo de l’université d’Austin — qui était l’université dans laquelle il avait étudié. « Vintage. Et garanti large et confortable. » Assura l’Américain.
@Deborah Brody |
| | | | (#)Dim 6 Juin 2021 - 7:38 | |
| Elle comprenait bien que ce n’était pas avec des mots qu’elle allait faire changer Camil. Il était toujours surprotecteur avec sa cadette et ce n’était pas maintenant que ça allait changer, le contraire allait même sûrement se produire. Pourtant Deborah tentait de lui remettre les pieds sur terre par quelques mots. Il ne devait pas supposer le futur sans Sixtine, il se devait de vivre au présent et d’appréhender chaque journée en fonction d’hier et non le futur sur supposition. Elle savait d’avance que ça serait bien compliqué pour lui, tellement habitué à l’organisation, à ses plannings mais elle le savait bien assez fort pour pouvoir gérer tout ça de front, elle n’avait aucun doute là-dessus. « Si vous vous entendez bien, ça serait bien qu’il vienne. » Son frère. Elle n’avait idée de la relation qu’ils entretenaient – ni même du secret familial – mais elle ne doutait jamais de la complicité et l’unicité de la famille contre l’adversité. Pour sûr qu’ils sauraient faire front ensemble et se soutenir mutuellement. Ça ne serait sûrement pas de trop dans tout ce processus qui allait rapidement se mettre en place. Elle en était néanmoins soulagée de constater qu’il ne faisait pas que l’écouter, que ce qu’elle disait n’entrait pas par une oreille pour ressortir par l’autre. Il allait essayer de suivre ce que Sixtine voulait et c’était sûrement là la meilleure chose à faire. « Bien sûr que je serais là. La question ne se pose même pas. » Disait-elle tendrement en posant sa main sur son avant-bras en signe de soutien. Comme il l’avait si bien souligné, les deux filles s’entendaient à merveilles. Même sans Camil, Deborah se serait montrée présente pour la jeune femme alors forcément, si on ajoutait le blond à l’équation de cette amitié, ça lui semblait plus qu’évident qu’elle serait là.
Sans chercher à s’y opposer, la brune accueillait la tête de Camil sur ses genoux, ses doigts fins jouant instinctivement avec ses cheveux, dépassant quelques fois sur les contours de son visage pour lui prodiguer quelques douces caresses, à peine appuyées, pour l’apaiser. Le silence, c’était lui qui le brisait de nouveau, lui demandant si elle pouvait rester ce soir. La délicatesse – par sa voix basse – avec laquelle il avait posé la question ne pouvait trouver qu’une seule réponse. « Je ne doute pas une seconde que tu garderas tes mains pour toi. » Une façon de lui dire qu’elle acceptait sa proposition. Elle lui avait promis de rester là pour lui, elle n’avait pas changé d’avis alors elle le suivait sous sa demande, sa main ne lâchant la sienne que lorsqu’ils passèrent le pas de sa chambre. C’était la première fois qu’elle venait ici alors forcément ses yeux curieux se posait un peu partout. Sans surprise, la chambre était décorée avec beaucoup de goût, elle était à l’image de Camil, très masculine avec cette pointe de délicatesse. Son regard ne revenait sur son interlocuteur que lorsqu’il s’apprêtait à ouvrir un placard… qui se trouvait être les portes coulissantes de sa salle de bain privée. Deborah ne disait pas un mot mais elle n’en pensait pas moins : ils ne venaient définitivement pas de la même classe sociale et un petit bout d’elle le jalousait un peu, quand bien même elle ne doutait pas qu’il méritait ce train de vie, il donnait tout pour ça.
Sa concentration ne revenait vraiment que lorsqu’il s’approchait d’elle, t-shirt en main, lui garantissant confort pour la nuit. Deborah saisissait le vêtement, le remerciant d’un merci sincère mais pour le moment, elle se contentait de le poser sur le lit. « Aller viens, j’ai besoin d’une douche, tu as besoin de te détendre, on va associer l’utile à l’agréable. Déshabille-toi. » Non, ce n’était pas une proposition mais bel et bien un ordre. Sans vraiment lui demander son accord, le zipper de sa robe se faisait entendre et cette dernière se retrouvait à ses pieds plus vite qu’il ne fallait de temps pour le dire. Ses sous-vêtements subissaient le même sort dans la salle de bain, juste avant qu’elle n’entre dans la douche et n’en découvre le fonctionnement. La nudité ? Une formalité pour elle. Si la plupart des gens associaient nudité à sexualité, ce n’était pas le cas de la brune. Un corps était un corps et on pouvait le regarder sans pour autant ressentir du désir pour ce dernier. Elle n’était donc pas gênée pour un sou de se retrouver entièrement nue devant Camil sans aucun but sexuel. « Dépêches-toi sinon je te tire tout habillé ici. » ou si elle ne parvenait pas à le faire bouger, elle pouvait toujours lui sauter dessus maintenant qu’elle était mouillée. Elle n’aurait pas à le faire. Le blond la connaissait assez pour savoir qu’elle était une tête de mule alors il la rejoignait. « Tu es quand même vachement grand quand je suis pas perchée sur mes talons. » Bon, ça allait encore qu’elle était elle-même grande et qu’elle n’allait pas faire trop d’effort non plus. « Tournes-toi. » Armée du shampoing, elle ne tardait pas à en mettre dans la paume de sa main avant de d’abord lui laver les cheveux puis de transformer cela en massage crânien. Concentrée sur sa tâche, elle ne disait pas un mot pendant plusieurs minutes, simplement dédiée au bien-être du blond tandis que ses mains s’échappaient dans sa nuque puis sur ses épaules, insistant un peu sur les zones tendues. Finalement, c’était elle qui n’avait pas gardé ses mains pour elle, en quelque sorte. « Je pourrais continuer dans le lit si ça peut t’aider à t’endormir, si tu veux. »
@Camil Smith |
| | | | (#)Mar 8 Juin 2021 - 7:32 | |
| « Deb, je… » Commença-t-il, avant de se retourner vers elle pour lui faire comprendre qu’il n’était pas d’humeur. Si habituellement, il était plutôt adapte de la fameuse expression « joindre l’utile à l’agréable », ce soir, il s’en sentait tout bonnement incapable. Il n’était pas d’humeur à flirter , à badiner, et encore moins à s’envoyer en l’air. Il ne se fit pourtant pas prier pour observer le profil harmonieux et voluptueux de l’Irlandaise, qui se faufila sous la douche sans plus attendre. « C’est bon, c’est bon. » Concéda-t-il en levant les yeux au ciel, alors que Deborah le menaçait de venir le chercher. Prendre une douche tout habillé ? Très peu pour lui. Il s’empara de son téléphone portable, vérifia qu’il n’avait reçu aucune nouvelle de la part de sa soeur (le reste pouvait bien attendre), et le posa finalement sur le rebord du lavabo. Il se débarrassa de son tee-shirt, qu’il laissa tomber au sol avec une négligence propre à celle dont il faisait habituellement preuve après une journée harassante. « J’arrive. » Ses mains firent glisser son short et son boxer le long de ses jambes et, machinalement, il mit un coup de pied dans le tas de vêtements qui s’amoncelait au pied de la douche. Il débarrasserait plus tard. Pour le moment, il avait besoin de se vider la tête de tous ses tracas, et ce ne serait pas chose aisée. « J’avoue qu’en d’autres circonstances, l’idée qu’une sirène me tire sous la douche ne me déplairait pas. » Fit-il remarquer, alors qu’il s’insérait à son tour dans la douche. Ses lèvres se posèrent sur l’épaule dénudée de son amie, et il se décala d’un pas pour se glisser sous le jet d’eau chaude. Il soupira de bien-être quand, finalement, l’eau vint frapper sa peau pâle. « Enfin, tu le reconnais. » Dit-il en ouvrant un oeil, pour croiser le regard presque perplexe de Deborah. Visiblement, elle ne s’était pas attendue à ce retour de la part de Camil. « Je n’arrête pas te de le dire, mais tu t’obstinais à prétendre le contraire. » Expliqua le politicien en haussant les épaules. Mais c’était difficile de nier l’évidence ; une fois déchaussée, la tête de l’Irlandaise n’arrivait plus qu’au haut du torse de l’Américain. Forcément, être amputée de dix bons centimètres ne jouaient pas en sa faveur. « Ma petite naine. » Ajouta-t-il, alors que ses lèvres s’étiraient en un mince sourire moqueur. L’eau devait avoir un pouvoir apaisant, puisqu’il retrouvait finalement le goût de la plaisanterie. Mais il marchait sur un fil tendu, qui menaçait de rompre à tout instant. L’équilibre était précaire, et il se demandait s’il parviendrait à tenir — et si oui, combien de temps il tiendrait. Ne risquait-il pas d’exploser en plein vol ? « Qu’est-ce que… » Commença-t-il en arquant un sourcil, avant de comprendre où la Brody voulait en venir. Il s’exécuta sans piper mot et, une seconde plus tard, sentit des mains étrangères fourrager dans ses cheveux clairs. Il posa une main sur le carrelage noir de l’habitacle de la douche, et pencha la tête en arrière pour faciliter le massage crânien de Debbie. Il ferma les yeux, et soupira de bien-être. « Je crois que c’est exactement ce dont j’avais besoin. » Murmura-t-il, alors que l’Irlandaise passait et repassait ses doigts fins dans ses cheveux blonds. De la douceur. De la tendresse. La sensation que quelqu’un l’épaulerait, tout au long de ce parcours compliqué. La plénitude de ce moment. Il attrapa une des mains de sa prétendue petite amie, qu’il bloqua dans la sienne. Il la fit glisser lentement, de sa tête jusqu’à son épaule, et tourna légèrement la tête. Il déposa ses lèvres sur cette main qu’il retenait en otage avec délicatesse : « Merci d’être là. » Souffla-t-il à voix basse, alors qu’il réalisait soudainement, presque brutalement, qu’il était chanceux. Parce que dans son malheur, il avait trouvé une véritable personne de confiance. Et il avait compris, en une fraction de seconde, qu’il ne serait jamais seul. « Merci d’être restée, surtout. » Précisa-t-il, avant de libérer la main de l’Irlandaise. Les jours, les semaines, et peut-être même les mois à venir seraient compliqués. Camil le savait, et il avait eu la décence de prévenir Deborah. Et malgré cela, malgré les obstacles qui se dresseraient immanquablement sur leur chemin, elle avait choisi de se tenir à ses côtés. Fidèle soldat. Ou plutôt, fidèle amie. @Deborah Brody |
| | | | (#)Mer 9 Juin 2021 - 7:32 | |
| « C’est drôle comme ça m’étonne pas du tout de toi. » disait-elle en se moquant gentiment de lui et de sa tendance à séduire les femmes – et donc à se laisser tenter quand ces dernières en font autant avec lui. « Enfin à ta place, j’éviterai de suivre une quelconque sirène, elles sont bien connues pour noyer les marins égarés… si ce n’est pas pire. » disait-elle en frissonnant quelque peu sous le baiser du grand blond. A la différence que ce soir, Brody ne comptait pas le draguer. Le contexte n’était franchement pas idéal pour ça. A la place, elle comptait sur cette douche pour un moment salvateur, rien de plus, rien de moins. Juste un instant de complicité comme il a pu en exister beaucoup entre eux et comme il en existera certainement encore. Un rire franc passait alors le seuil de ses lèvres lorsqu’il évoquait la taille de Debbie, en comparaison à la sienne. « Je ne suis pas naine. C’est toi qui es trop grand. Je suis grande, voire très grande pour une fille tu sais. Je suis même plus grande que ta sœur alors qu’elle a clairement tous les gênes pour être immense. » Mauvaise comparaison compte tenu des problèmes de santé de sa sœur mais Deborah en y ignorait la nature et ses effets. Peut-être qu’elle aurait dû être plus grande encore qu’elle ne l’est déjà. Peut-être que ça n’aurait rien changé. Elle n’en savait rien. « Je suis bien tentée de me venger en ne portant plus de talons quand je suis avec toi, tu vas moins rigoler de devoir te pencher tout le temps. » Parce que si leur différence de taille ne posait pas de souci dans le privé, ça pourrait vite devenir agaçant pour lui sur le plan public quand ils sont censés être un couple.
Mais elle n’y pensait déjà plus lorsqu’il se retournait pour la laisser faire, bien trop concentrée sur son massage crânien moussant. Quelques minutes de silence, loin d’être pesante, jusqu’à ce qu’elle propose de continuer dans le lit s’il le souhaite, au moment voulu. Un sourire tendre étirait ses lèvres lorsque Camil lui avouait en avoir eu besoin de ce massage. Elle était contente d’avoir fait ce bon choix et son sourire ne s’en allait pas quand il la remerciait, une fois de plus, avec un baiser sur la main. « Je t’en prie, c’est normal. » Parce que ça l’était, pour elle, normal. Elle qui le considérait comme un ami depuis longtemps déjà ne se voyait pas déguerpir au pire moment. Bien au contraire. Elle se devait d’être à ses côtés et elle y tenait, sans que ça ne soit une quelconque question de devoir mais bien une envie réelle de le soutenir. « Ferme les yeux. » lançait-elle en prévention du rinçage de ses cheveux. Une fois cette mission accomplie, elle ne se gênait pas pour lui mettre une petite fessée agrémentée de quelques mots. « Aller sors de là petit cul, il faut que je me lave. Je te rejoins après. » Il ne fallait pas se leurrer : si Camil ne s’était pas gêné pour la mater un instant, elle ne s’était gênée non plus pour en faire de même. Ni une, ni deux, elle s’armait alors du gel douche pour se savonner. La sensation de frais laissée sur sa peau par le gel mentholé la faisait un peu frémir. Sans trop tarder, elle finissait par sortir de la douche – après avoir profité deux minutes des jets massants ! –, se sécher et revenir dans la chambre pour enfiler de nouveau son shorty et le t-shirt généreusement prêté par Camil. Le gel douche, la lessive… C’était étrange de littéralement sentir Camil sur elle mais pas désagréable. « Monsieur a-t-il besoin de quoi que ce soit que je pourrais lui fournir ? La suite du massage peut-être ? Une oreille attentive pour se confier davantage ? Que je me taise pour jouer mon rôle de doudou grandeur nature à la perfection ? Les trois à la fois ? J’écoute. »
@Camil Smith |
| | | | (#)Sam 26 Juin 2021 - 1:31 | |
| « Je compte sur toi pour me tirer de l’eau avant que je ne sois complètement immergé. » Répondit-il en souriant légèrement. Après tout, n’état-ce pas ce qu’elle venait de faire, ce soir ? N’avait-elle pas été cette main tendue, providentielle, qui l’avait empêché de sombrer ? Il retint un ricanement qui n’aurait pas manqué d’éveiller, à défaut des soupçons, la curiosité de Deborah. Si les gabarits de Calen et Camil étaient proches, celui de la mère de Sixtine était bien différent. Mais ça, évidemment, le politicien ne pouvait pas le dire. Puisque théoriquement, tous deux avaient la même mère. « Ça doit sauter des générations. » Quelle ironie, songea-t-il avec un certain mépris pour lui-même et les erreurs passées qui avaient été commises. « Tu connais le dicton : tout ce qui est petit et mignon. Tu te mettrais tout le monde dans la poche. » Dit-il en haussant les épaules. Qu’elle abandonne les talons hauts au profit de chaussures plates ne lui posait pas de problème. Mais il ne comptait pas la laisser s’en tirer à si bon compte. « Mais tu seras obligée de me masser les cervicales pour compenser. C’est donnant-donnant. » Le grand retour du Camil négociateur ; il n’allait pas se laisser faire si facilement.
« Pourquoi est-ce que tout n’est pas plus simple ? » Demanda-t-il, alors qu’il exécutait docilement les ordres que lui donnait la brune. Il savait que cette question était sans réponse, que rien n’aurait pu laisser présager de tels chamboulements. Il soupira, alors que les mains de Deborah lui rinçaient les cheveux avec application. Il pouvait sentir ses doigts se balader dans ses mèches blondes, avec une tendresse et une délicatesse toute nouvelle. Loin de leurs habituels échanges espiègles et moqueurs. Il fronça les sourcils en sortant de la douche, faussement offusqué, alors que Deborah se permettait un geste qui, en d’autres circonstances, l’aurait encouragé à quémander davantage. Mais aujourd’hui était un jour spécial, particulier, unique, et les (mauvaises) habitudes de Camil s’étaient comme envolées. Il ne restait plus que lui, terrassé, mis à nu — dans tous les sens du terme. « La prochaine fois, je te laisserai tâter. » Promit le politicien, alors qu’il enroulait son bassin dans une serviette éponge. Il se positionna devant le lavabo, face au miroir, et jeta machinalement un coup d’oeil à son téléphone portable. Au cas où Sixtine ait appelé, ou eu l’occasion de lui écrire un message pour le tenir informé de sa journée. Il n’en était rien ; sans doute était-elle éreintée par la batterie d’examens qu’elle devait subir. Il se fit la promesse d’aller la voir demain en fin de journée — il ferait annuler ses rendez-vous pour pouvoir s’accorder un peu de temps en tête à tête avec sa soeur. « Mais seulement si tu es sage. » Ajouta-t-il finalement, reprenant le fil de sa conversation avec Deborah. Il déposa, pour cette dernière, une serviette qu’il fit pendre d’un côté et de l’autre de la paroie vitrée de la douche. « Prends ton temps. » Déclara-t-il simplement, avant d’enfiler un boxer et d’aller se laisser tomber sur son lit. Le poids qui pesait sur ses épaules était considérable, mais Deborah l’en avait délesté d’une partie en jouant le rôle de la confidente. Elle ne tarda pas à le rejoindre, et se glissa à son tour sous les draps. « C’est bizarre. » Dit-il, alors que ses lèvres s’étiraient en un sourire presque malicieux. Il se tourna légèrement, et se hissa sur ses coudes pour faire face à l’Irlandaise. « Tu sens moi. » Commenta-t-il, alors qu’il vérifiait ses soupçons en collant son nez contre le cou de la brune, et qu’il inspirait profondément. « Enfin, presque comme moi. » Corrigea-t-il en relevant la tête vers Deborah, en quête de son regard. Après l’avoir trouvé, il ajouta : « Mais pas meilleur que moi, pas la peine de prendre la grosse tête. » Du grand Camil, dans toute sa splendeur. Le sourire qui n’avait pas quitté son visage était sincère, et il était heureux que l’Irlandaise ait accepté de rester là, ce soir. Qu’elle ait, en réalité, accepté de s’occuper de lui et de l’épauler dans ces moments difficiles. Il se pencha au-dessus d’elle, embrassa chastement sa joue, et laissa finalement sa tête retomber sur son oreiller. « Le massage, dans un premier temps. » Répondit le politicien, avant de tâtonner le drap, jusqu’à trouver la main de Debbie. Il la déposa sur le sommet de sa tête, tandis que ses yeux se perdaient sur la vue imprenable qu’il avait sur la ville de Brisbane. La nuit était noire, et seules quelques lumières dans certains appartements venaient illuminer ce paysage morne. Habituellement, il était fasciné par ce spectacle, et s’interrogeait sur les activités nocturnes des habitants de la ville. Mais ce soir, ces points tanguaient devant ses yeux. « Puis le doudou géant. » Confessa-t-il en bougeant légèrement. Il cherchait la meilleure des positions pour faciliter le travail de son amie, tout en restant parfaitement à l’aise. @Deborah Brody |
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