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 (camil) no answers for no questions asked

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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyDim 8 Nov 2020 - 21:37


camil & hassan
no answers for no questions asked

One step forward, making two steps back, my, oh my. Riding piggy on the bad boy's back for life, lining up for the grand illusion, no answers for no questions asked. Lining up for the execution, without knowing why. ☆☆☆



Face à une Sixtine véritablement navrée de l’avoir malgré lui mis dans une telle position vis-à-vis de Camil, Hassan avait fait au mieux pour se montrer philosophe et lui réassurer qu’elle n’avait pas à s’en vouloir. S’il lui avait en effet promis le silence à contrecœur il ne l’avait pas moins fait en toute connaissance de cause, et en sachant dès lors que le frère de la jeune femme et lui auraient un jour ou l’autre une conversation déplaisante. Lorsque la frêle blonde avait quitté son bureau, où elle était venue le mettre au parfum entre deux de ses cours quant au fait que Camil n’était plus dans l’ignorance de son état de santé, c’était cependant un soupir extrêmement las qui avait échappé à l’universitaire tandis qu’il enfouissait quelques instants son visage dans ses mains. S’il ne pouvait qu’imaginer le coup de massue qu’avait dû être pour l’homme politique l’annonce de la maladie de sa si précieuse petite sœur, ses propres souvenirs de la réaction de Qasim ou des Khadji lorsqu’il leur avait annoncé suffisaient à ce qu’il s’en fasse une vague idée. Et si après quelques minutes de perdition le regard du brun s’était posé sur son téléphone portable, et que l’idée d’envoyer un message à Camil faisait son chemin, l’enseignant avait finalement décidé de ne rien en faire … Ou pas maintenant, du moins. Pas encore. Et d’ailleurs peut-être valait-il mieux qu’il laisse l’américain venir à lui lorsqu’il serait d’humeur plutôt que l’inverse, option à laquelle il s’était finalement résolu avec la certitude naïve que son ami ne garderait pas le silence éternellement, peu importe son agacement et la densité de son emploi du temps toujours chargé.

Et puis cinq jours, dix jours, au bout du compte c’était deux semaines qui étaient passés sans que jamais le nom de Camil ne vienne s’afficher sur l’écran de son cellulaire, forçant Hassan à questionner sa stratégie de départ. Faire le premier pas ou laisser faire, crever l’abcès ou prendre le risque que le malentendu s’étende et que la fâcherie se creuse … Cette stratégie-là il l’avait déjà embrassée une fois, et elle avait bien failli lui coûter son amitié avec Sohan, pourtant la plus précieuse entre toutes. Indécis, c’était pourtant bien la volonté de ne pas faire la même erreur une seconde fois qui avait fini par prendre le pas sur ses hésitations, et par le pousser à rédiger ces quelques mots pour proposer à Camil de se voir quand bon lui semblerait, avec dans un coin de la tête malgré tout la crainte de ne simplement pas recevoir la moindre réponse. Mais elle était venue, sans doute un peu plus tardive qu’elle ne l’aurait été d’habitude, sans doute un peu plus laconique aussi, Hassan ayant préféré ne pas tourner autour du pot et admettre dès le départ que Sixtine l’avait mis au parfum … Finalement ils s’étaient donné rendez-vous quelques jours plus tard dans le bureau que le brun occupait pour encore quelques semaines sur le campus. À la rentrée suivante il quitterait son placard à balais pour prendre en même temps que le poste de doyen de la faculté de sciences politiques le bureau – bien plus avantageux – qui allait avec. Un autre des chamboulements qui occupait actuellement son esprit, un de plus.

Quelques cartons chargés de livres s’entassaient d’ailleurs çà et là, rendant paradoxalement moins fouillis la pièce dont les étagères débordaient d’ordinaire d’ouvrages en tous genres, et dont le tableau en liège se distinguait à peine sous la couche de paperasse punaisée sur chaque centimètre carré. Des plannings, des prospectus d’événements passés et à venir sur le campus, des cartes visites, quelques œuvres d’art au feutre de la main de ses neveux … Un joyeux bazar donnant de la vie à cette minuscule pièce qu’il occupait depuis plus d’une décennie, et qu’il fallait maintenant mettre en cartons. À l’approche de l’heure à laquelle il avait donné rendez-vous à Camil cependant il s’était laissé gagner par un brin de nervosité, incapable dès lors de ranger ou encore d’avancer dans la montagne de boulot qu’il avait encore à tenir avec la fin de l’année scolaire qui approchait et les partiels qui allaient avec. Surveillant sa montre toutes les deux minutes, il tournait dans son bureau comme un poisson rouge dans un bocal et avait mis la bouilloire en route par habitude plus que par réelle envie de boire un thé. L’ironie était qu’il estimait pourtant n’avoir rien à se reprocher, il entendait bien sûr la déception de Camil mais ce n’était pas dans le but d’admettre avoir commis une erreur qu’il l’avait fait venir … Il espérait simplement mettre les choses à plat. Lui donner un semblant d’explication, si tant est qu’il lui en donne l’occasion. Et puisque l’on venait de frapper à la porte il n’aurait probablement plus longtemps à attendre. « Entre, c’est ouvert. » L’américain était à l’heure. Ni en avance, ni en retard, exactement à l’heure, et bien qu’il n’attende pas après en recevoir un en retour Hassan lui avait offert un vague sourire et lui avait désigné le fauteuil en face du sien « Désolé pour le désordre … j’allais me faire du thé. Je t’en sers un ? » Le thé apaisait tous les maux, parait-il.
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyVen 27 Nov 2020 - 0:00

Il avait troqué ses habituels costumes et chemises au profit d’un jean et d’un pull noir. Aux oubliettes aussi, les chaussures en cuir, et place aux baskets sportswear qu’il affectionnait tant, mais qu’il ne se permettait jamais de mettre lorsqu’il exerçait en politique. Le domaine public est vieillot, peu moderne, et s’accorder des largesses vestimentaires n’était clairement pas au goût des politiciens qui tenaient encore les rênes du pouvoir. Ces mêmes politiciens qu’il avait entrepris de séduire et de convaincre, afin de pouvoir grimper les échelons qui le mèneraient tout droit vers de hauts sommets. S’il avait plutôt bien oeuvré et manoeuvré en coulisses pour se faire une place et se rendre indispensable sans en avoir l’air, auprès de ses proches, ses intentions avaient été nettement plus claires : être élu à la Chambre des Représentants d’Australie. Le challenge était de taille, pour lui : en tant que bi-national, né sur une terre lointaine et n’ayant pas vécu en Australie pendant la première partie de sa vie, comment pouvait-il se prétendre légitime pour ces élections ? Comment pouvait-il occuper le devant de la scène, alors que d’autres étaient plus légitimes et plus Australiens que lui ? C’était les principaux reproches que ses détracteurs, à la fois internes et externes au Parti Libéral, n’avaient pas manqué de lui faire. Mais il s’était accroché, Camil. Tapi dans l’ombre, à attendre que l’occasion parfaite se présente. En tant que directeur du cabinet du maire de Brisbane, il avait petit à petit prouvé son attachement à cette terre Australienne, prouvé qu’il était un travailleur pointilleux et acharné, prouvé qu’il était sérieux et digne de confiance. C’était un travail de longue haleine, une construction quotidienne, qui prenait des années. Il n’avait jamais failli, jamais flanché. Il avait été prêt, plus que jamais. Sa chance, elle était là, et il avait fait un pari osé pour la saisir.  Démissionner de ses fonctions, et se faire officiellement oublier pendant quelques semaines — pour mieux courtiser ses soutiens et autres alliés potentiels, tout en se forgeant une image de gendre idéal. Son avenir professionnel, il l’avait imaginé grand et glorieux, et rien ne pourrait l’arrêter dans ses projets. Il pouvait presque toucher la victoire du bout des doigts.


Et puis, l’impensable était arrivé. Et son monde s’était écroulé.


il avait déposé sa soeur le matin même à l’hôpital pour une série d’examens, et avait prétexté un rendez-vous urgent pour justifier sa courte absence. Il s’était penché, avait embrassé le front de Sixtine, et lui avait promis qu’il serait de retour le plus rapidement possible. Alors, pour honorer cette promesse et parce qu’il détestait l’idée que sa frangine soit seule trop longtemps dans un lieu aussi sordide que l’hôpital, il avait effectué le trajet jusqu’au lieu de rendez-vous en un temps record. Il arriva sur le parking de l’université et se gara au plus près de l’entrée. Il ne prêta pas attention aux quelques élèves qui s’étaient arrêtés de marcher pour regarder quel professeur se payait le culot d’arriver sur le campus avec une telle voiture de luxe, et enfila ses Wayfarer préférées. Camil se fichait bien de l’image qu’il pouvait renvoyer, depuis qu’il avait appris la vérité sur l’état de santé de sa petite-soeur. L’ordre de ses priorités avait changé, et la politique était désormais une parenthèse de sa vie qui était, pour le moment et jusqu’à ce que les choses s’améliorent, refermée. Il monta les étages, bifurqua tantôt à gauche, tantôt à droite, et slaloma entre les troupeaux d’élèves qui s’amassaient dans les couloirs sombres de l’université. Il arriva finalement devant le bureau du professeur, et jeta machinalement un coup d’oeil à sa montre : pile à l’heure, comme il en avait si rarement l’habitude. Ce qui lui laissait précisément une heure et demie pour retourner à l’hôpital, s’il voulait respecter la promesse faite à sa soeur — et ça, c’était non-négociable. Il frappa trois coups à la porte, et attendit d’avoir l’autorisation pour entrer. Il prit soin de refermer la porte derrière lui ; une petite voix lui soufflait que la discussion risquait d’être animée.


Il se fichait royalement du désordre qui se trouvait dans le bureau de son ami ; la décoration des lieux ne l’intéressait aucunement. Ce que Camil était venu chercher, c’était des réponses. C’était essayer de comprendre pourquoi cet homme, en qui il avait placé sa confiance, n’avait pas jugé bon de l‘appeler pour le prévenir que la dernière Smith allait mal. Il ne comptait pas lui faire de cadeau ; son ami l’avait trahi, peut-être de la pire des façons qui soient. Hors de question de le laisser s’en tirer à si bon compte, sans lui dire le fond de sa pensée. « Je ne suis pas venu pour boire le thé avec toi, Hassan. » Siffla l’Américain, agacé que cette pensée saugrenue traverse l’esprit son interlocuteur. Et puis quoi encore ? Manger des petits gâteaux, et parler des derniers résultats sportifs ? Comme si de rien était ? La colère de Camil était sourde, et pourtant lisible sur chacun de ses traits. Les lèvres pincées, les yeux noirs, et les bras croisés sur son torse : le politicien était là pour en découdre. « Je ne suis pas venu pour qu’on ait une conversation cordiale. » Ajouta-t-il sur un ton acerbe, avant de faire les cent pas dans le bureau encombré d’Hassan. Puis, soudainement, il s’arrêta. Le temps était comme suspendu ; on aurait pu entendre une mouche voler. Camil releva les yeux vers son ami — s’il pouvait encore le qualifier ainsi — et demanda : « Comment toi, qui me connais si bien, tu as pu me faire un truc pareil ? »

@Hassan Jaafari
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyJeu 7 Jan 2021 - 7:08

Il n’y avait pas trente-six manières dont pouvait se dérouler cette conversation, et si Hassan tentait de forcer son optimisme en préparant son thé il connaissait suffisamment Camil pour savoir qu’il était impossible à raisonner lorsqu’il était en colère. Et il l’était, suffisamment en tout cas pour que sa sœur ait jugé nécessaire de le mettre en garde à ce sujet, confuse d’être malgré elle la responsable de la situation. Au sourire que le brun avait forcé sur son visage il n’était donc pas surpris de n’avoir reçu en retour qu’une expression glaciale lorsqu’enfin l’américain s’était manifesté, délesté de son habituel uniforme d’homme politique pour un jean et un pull qui lui auraient presque permis de se fondre dans la masse du corps professoral du campus. Sans un bonjour, le blond avait décliné tant l’invitation à s’asseoir que la proposition d’une tasse de thé d’un « Je ne suis pas venu pour boire le thé avec toi, Hassan. Je ne suis pas venu pour qu’on ait une conversation cordiale. » acerbe, et soupirant d’un air las le professeur avait répondu d’un haussement d’épaules en forme de comme tu voudras. Foutu pour foutu, il avait tout de même pris le temps de verser deux cuillères de thé noir dans sa théière et d’y verser l’eau de la bouilloire avant de retourner s’asseoir derrière son bureau. Camil pouvait bien rester debout si cela lui chantait. « Et je n’ai pas pour habitude de recevoir dans ce bureau autrement que cordialement. » avait-il simplement fait remarquer d’un ton calme, sans nécessairement attendre de réponse et ajoutant donc presque aussitôt « Je t’écoute. » Bien plus stressé par l’appréhension de la conversation que par la conversation en elle-même, Hassan avait retrouvé un calme olympien qui tranchait avec la manière dont il tournait en rond dans la pièce avant que son ami – parce qu’ils étaient toujours amis, pas vrai ? – ne frappe à la porte. Si Camil avait pour projet de vider son sac sans autoriser qu’on l’interrompe il le laisserait volontiers le faire, s’il avait des questions il y répondrait sans faire de détours … en clair, il souhaitait s’assurer qu’aucun des non-dits provoqués par le secret dont il s’était malgré lui fait le gardien ne subsiste plus d’ici à la fin de la discussion. Abandonnant les cent pas qu’il faisait à travers la petitesse de la pièce, l’américain avait fini par s’immobiliser et planter son regard dans le sien « Comment toi, qui me connais si bien, tu as pu me faire un truc pareil ? » Mentir, même par omission, donc. Mais au fond ce qui comptait ce n’était pas d’avoir menti, c’était sur sur quoi il avait menti, c’était tout ce qui pesait derrière et qui il concernait – surtout ça. Et plutôt que de s’en excuser Hassan avait répondu d’un ton calme « Parce que ce n’était pas à moi de te le dire, Camil. » Frustrant, mais affreusement simple. Et avant que le politicien ne rebondisse il avait repris « Et je sais que tu ne vas pas aimer ce que je m’apprête à dire, mais : là il n’est pas question de toi. » La frustration, la colère et le sentiment d’avoir été trahi Hassan les entendait, et si la perspective l’attristait beaucoup il était prêt à les accepter néanmoins sans broncher … Mais en réagissant de la sorte Camil faisait avant tout de la place à ses propres problématiques, plutôt qu’à celles qui occupaient sa précieuse petite sœur. « J’ai fait de mon mieux pour tenter de la convaincre qu’elle avait tout intérêt à t’en parler, mais au bout du compte ça restait sa décision, pas la mienne. Et ce n’était pas à moi de décider à sa place quand et comment elle choisirait de te l’annoncer. » Avait-elle seulement fini par le faire, d’ailleurs, ou bien Camil l’avait-il découvert autrement que de la bouche de Sixtine ? Hassan n’avait pas osé poser la question à la concernée, et ne comptait pas plus s’y risquer face à son aîné. Et au fond ce n’était pas le plus important. « C’est déjà d’une violence affolante de voir ton propre corps te faire défaut, alors tu imagines un instant la violence que ça peut être de ne même pas avoir le contrôle de la manière dont les personnes à qui tu tiens le découvrent ? Et là je te parle en connaissance de cause. » Ils n’en avaient jamais vraiment parlé tous les deux, des ennuis de santé qui avaient ébranlé le monde d’Hassan quelques années en arrière. L’un n’en avait jamais ressenti le besoin, l’autre avait eu la pudeur de ne pas questionner en retour, et au bout du compte Hassan avait toujours mis beaucoup de soin à ce que ses relations plus récentes ne soient pas entachées par le spectre du cancer comme avaient pu l’être bon nombre de ses relations plus anciennes. Aujourd’hui néanmoins il se disait qu’il aurait peut-être dû, et que les incompréhensions et les peurs de l’américain auraient été moins nombreuses, et moins exacerbées. Parce qu’il avait peur, Camil – Hassan parvenait presque à le déceler derrière le masque de colère et de déception qu’il lui réservait.
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyLun 15 Fév 2021 - 23:50

Le politicien arqua un sourcil en croisant les bras sur son torse, alors que son ami lui faisait remarquer que les conversation qui se déroulaient dans l’enceinte de son bureau se devaient d’être cordiales. Que s’imaginait-il ? Qu’il ferait preuve de gentillesse et de souplesse à son égard ? Qu’il se montrerait doux, clément, et compréhensif ? Qu’il allait le féliciter d’avoir gardé le secret de sa soeur ? C’était au-dessus de ses forces. Camil était en colère. Plus que cela, même : il était hors de lui. Depuis des jours, des jours entiers. Il avait besoin d’un coupable — et si Hassan n’y était pour rien dans l’état de santé fragile de sa soeur, il était néanmoins coupable, aux yeux de Camil, de l’avoir tu pendant trop longtemps. « À défaut de me le dire clairement, tu aurais pu me mettre sur la voie. » Répliqua le politicien, sur un ton sans appel. « Tu aurais dû me mettre sur la voie. » Rectifia-t-il, faisant porter une responsabilité imméritée à Hassan. Il n’était pas tendre à l’égard du professeur. Il n’était pas juste non plus, d’ailleurs : son manque de discernement l’avait poussé dans ses retranchements. Et il était complètement submergé.


« C’est vrai, il ne s’agit pas de moi. Mais tu n’as pas l’impression que cet événement vient  complètement bouleverser ma vie ? » D’un point de vue strictement professionnel, il avait prévu d’annoncer sa candidature aux élections de 2022 pour la Chambre des Représentants quelques jours plus tard ; avec la maladie de Sixtine, il avait bien évidemment reculé cet événement — tout en gardant bien à l’esprit qu’en fonction de l’évolution de la maladie, cette annonce n’interviendrait peut-être jamais. Sa soeur était souffrante, et il comptait être présent à ses côtés. À chaque seconde, à chaque instant, dès qu’elle aurait besoin de lui. Il l’accompagnerait à ses rendez-vous médicaux, lui accorderait tout le temps qu’elle voudrait, et s’assurerait qu’elle ne manque de rien. « Sixtine vit chez moi. » Rappela-t-il en frissonnant. Même son corps laissait transparaître son inquiétude. Il était trahi, à tout niveau. « Je suis responsable d’elle, Hassan. Elle est venue à Brisbane parce que ma famille savait que je prendrais soin d’elle. Que je veillerais sur elle. » Et il avait échoué, lamentablement. Les discussions familiales avaient été âpres ; comme à son habitude, Camil s’était rangé du côté de sa petite-soeur. Si elle souhaitait venir le rejoindre et tenter sa chance en Australie, alors qu’elle le fasse. Pour ses parents, mais aussi pour Calen, les choses n’avaient pas été aussi claires, aussi limpides. Sixtine avait une santé fragile. Elle devait être médicalement surveillée. Scolairement accompagnée. Et personnellement chaperonnée. L’aîné des Smith avait accepté chacune de ces trois conditions. Et aujourd’hui, tout déconnait à plein tube. « Et elle est malade. » Conclue-t-il en secouant la tête. La vérité était cruelle. Pourtant, il avait toujours su que c’était un risque. Que cette maladie héréditaire pouvait se réveiller à tout instant, et causer des dégâts conséquents. Le savoir était une chose ; l’accepter était, en revanche, inconcevable.


« Elle n’a pas eu le contrôle, Hassan. Elle ne me l’a pas dit. » Non, il l’avait découvert. Par le plus grand des hasards, parce qu’il était entré dans sa chambre pour lui parler d’une broutille quelconque en pensant qu’elle était là, et qu’il avait découvert un dossier médical bien trop épais pour être rassurant. Parce que son ordonnance de médicaments traînait négligemment sur le lit et que sa curiosité, trop forte, l’avait poussé à y jeter un coup d’oeil rapide. « Et je ne sais même pas si elle me l’aurait dit, si je ne l’avais pas découvert. » Aujourd’hui encore, il se demandait comment elle avait pu lui cacher un truc pareil. Bien sûr, il avait remarqué quelques changements : elle mangeait moins, elle paraissait plus fatiguée que d’ordinaire, et elle avait moins d’entrain pour les activités sportives. Mais lui, naïf qu’il était (à moins que ce ne soit plutôt aveugle ?), il avait naturellement mis ces différents symptômes sur le compte du stress. Sixtine cumulait les activités, et elle avait besoin de repos. Il s’était lourdement trompé, et la culpabilité le grignotait de l’intérieur. « Vous êtes différents ! » S’exclama le politicien, le regard noir. Il savait pertinemment ce que son ami était en train de faire : il comparait leurs deux situations, et s’apprêtait à lui étaler les similitudes. « Sixtine est sous ma responsabilité. Elle n’a même pas vingt-cinq ans ! » Rappela-t-il avec véhémence. Alors que lui, il était déjà plus âgé lorsqu’il était tombé malade. Plus mature.

@Hassan Jaafari
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptySam 3 Avr 2021 - 19:39

Camil était-il réellement venu chercher des réponses à des questions, des explications à ses incompréhensions, ou bien avait-il seulement fait le déplacement dans l’optique de pouvoir – enfin – passer ses nerfs et sa rancœur sur quelqu’un ? Quelqu’un qui ne serait pas sa sœur, dans une trop fâcheuse posture pour que l’on puisse à la fois la blâmer et garder bonne conscience. C’était la question que se posait Hassan tandis que, tel un lion dans sa cage, son ami faisait les cent pas d’un bout à l’autre du petit espace du bureau en tentant de contenir son ressentiment. « À défaut de me le dire clairement, tu aurais pu me mettre sur la voie. » avait-il rétorqué, se corrigeant aussitôt d'un « Tu aurais dû me mettre sur la voie. » dégoulinant de reproche et sans réaliser le caractère un peu surréaliste de ses exigences. « Vraiment, jouer un sujet aussi sérieux aux devinettes ? » Cela n’avait aucun sens, et s’il n’avait pas été aussi fâché Hassan était certain que Camil aurait été du même avis. Et si la position était aussi délicate que la situation déplaisante, le brun n’entendait pas pour autant plier à la volonté de l’américain de lui faire admettre qu’il avait eu tort … Tout n’était qu’affaire de conscience, et celle d’Hassan se portait mieux d’avoir fait ce qui lui semblait juste, autrement dit respecter une promesse faite en connaissance de causes. Lorsque Camil avait repris « C’est vrai, il ne s’agit pas de moi. Mais tu n’as pas l’impression que cet événement vient  complètement bouleverser ma vie ? » et questionné en pure rhétorique, néanmoins, l’enseignant avait affiché un rictus agacé. Pour quelqu’un qui admettait qu’il ne s’agissait pas de lui, il semblait tout de même s’en inquiéter beaucoup. « Et elle l’aurait moins été si tu l’avais appris de ma bouche ? » Bien sûr que non, le résultat aurait été exactement le même. « Tu te trompes d’ennemi Camil. » D’ennemi et même de combat tout en entier, mais au moins n’étaient-ils ni l’un ni l’autre là pour compter les points. Les mots semblant soudainement buter un peu avant de quitter sa bouche, le blond avait tremblé de manière presque aussi brève qu’imperceptible, et faisant mine de ne rien voir Hassan l’avait laissé reprendre le fil de sa tirade – de ses reproches. « Sixtine vit chez moi. Je suis responsable d’elle, Hassan. Elle est venue à Brisbane parce que ma famille savait que je prendrais soin d’elle. Que je veillerais sur elle. Et elle est malade. »« Et ce n’est pas ta faute. » Et il aurait fallu être bougrement mauvais pour lui reprocher quelque chose sur lequel ni lui ni personne n’avait le moindre contrôle … Mais Hassan n’avait jamais rencontré aucun autre Smith, alors qui sait s’ils n’étaient pas de ce (mauvais) genre-là. « Elle n’a pas eu le contrôle, Hassan. Elle ne me l’a pas dit. Et je ne sais même pas si elle me l’aurait dit, si je ne l’avais pas découvert. » Découvert ? Il aurait bien aimé savoir ce que le politicien entendait par là, mais bien qu’elle lui ait brûlé les lèvres le brun n’avait pas pu se résoudre à la poser … Il ne voulait pas aggraver son cas, et au fond la réponse ne le regardait probablement pas. Toute cette situation ne le regardait pas, en réalité, et pourtant here was he, à rejouer dans un autre camp la partie déjà disputée – ou presque. Pas de cet avis cependant Camil s’était emporté « Vous êtes différents ! » faisant imperceptiblement sursauter Hassan et sa tasse de thé. « Sixtine est sous ma responsabilité. Elle n’a même pas vingt-cinq ans ! » Oh, Camil. « Mais ce n’est plus une enfant non plus. » Qu’elle tristesse cependant que pareille réalisation lui vienne dans d’aussi désagréables circonstances. « T’étais déjà expatrié à l’étranger à son âge, t’étais capable de prendre tes décisions et de te gérer tout seul, et ne me dis pas que ça n’est pas comparable. » Reposant sa tasse sur son bureau en soupirant, le brun s’était appuyé sur le dossier de son fauteuil et avait accroché le regard de son ami avec sérieux. « Je suis désolé. Vraiment. Et je comprends que tu m’en veuille, mais c’est sa santé et ta sœur est assez grande pour décider seule de quand et comment elle veut gérer la situation. Que je sois d’accord ou non avec sa façon de faire j’ai pas à interférer là-dedans, encore plus si j’ai promis de ne pas le faire. » Reste que cela lui serrait le cœur de devoir ainsi mettre en porte-à-faux une amitié à laquelle il tenait pour pouvoir s’en tenir à ses principes … Mais c’était peut-être justement dans ces moments-là que les dits principes prenaient tout leur sens.
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyVen 23 Avr 2021 - 21:55

Il fit claquer sa langue à son palais, agacé par la réponse de son ami. En réalité, il n’avait jamais été question de jouer aux devinettes en ce qui concernait la maladie de Sixtine, mais plutôt qu’il lui dise la vérité d’emblée. Hassan tenta de raisonner le politicien, qui s’obstinait et préférait lui dire toute la rancoeur qu’il éprouvait à son égard. « Bien sûr que non, ça n’aurait pas été plus facile à accepter ou à vivre ! » S’exclama l’Américain, alors que ses yeux roulaient d’agacement. Il savait que l’universitaire était un homme intelligent, et qu’il faisait exprès de lui répondre de la sorte pour lui faire prendre conscience de l’irrationalité de son comportement et de ses réactions. En vain ; Camil n’en était pas à ce stade. « Mais j’aurais pu passer plus de temps avec elle. J’aurais pu être à ses côtés, l’accompagner à ses rendez-vous, prendre soin d’elle. » Être un véritable grand frère plutôt qu’un colocataire, en somme. Malheureusement, ses activités professionnelles avaient occupé l’essentiel de son temps, au cours des derniers mois. Il avait été peu présent, souvent absent, continuellement absorbé par des dossiers importants. Ça l’avait rendu aveugle, et il culpabilisait plus que jamais. « Je devais me déclarer candidat aux élections pour la Chambre des Représentants. Sixtine devait faire partie de ma team. Et j’ai fait passer ça avant tout. » Confessa-t-il en secouant la tête. Il se sentait bête, aujourd’hui. Bête, et coupable. « J’avais bien remarqué qu’elle avait perdu un peu de poids, et qu’elle semblait plus fatiguée qu’avant. » Admit-il, alors que ses poils se dressaient sur ses avant-bras. S’il avait su… « Mais elle venait de se séparer de son copain, et ses études lui prenaient beaucoup de temps… » Alors forcément, il avait mis ça sur le compte d’une mauvaise passe. « Quel con. » Constata-t-il avec amertume.


« On est toujours le bébé de quelqu’un. » Répondit aussitôt le politicien. Avec ironie et amertume, il songea que Sixtine n’était pas réellement le sien — mais plutôt celui de son frère, Calen. Une information que Camil se garda bien de partager, y compris à l’universitaire : même s’il était visiblement digne de confiance, l’Américain s’obstinait à garder un secret qui le rongeait depuis des années. Un secret qui avait définitivement ruiné la famille Smith. Un secret qui avait certes préservé la petite réputation des parents, mais qui avait détruit leur fils cadet. Et l’aîné, plongé au milieu de tout cela, n’avait simplement pas eu son mot à dire. « Il ne t’a pas échappé que nous avons quelques années d’écart. » Déclara le politicien, tentant de justifier ses propos précédents. « Hassan… Je l’ai tenue dans mes bras pendant des heures. » Avoua Camil, alors que des bribes de souvenirs surgissaient. Il la revoyait, riant à gorge déployée alors qu’il la chatouillait. Il pouvait presque encore l’entendre scander « plus haut, plus haut ! » alors qu’il la poussait sur la balançoire. « Je l’ai bercée quand elle ne voulait pas s’endormir, je l’ai relevée quand elle est tombée, je l’ai réconfortée quand elle était triste, je l’ai rassurée quand elle avait peur. » Et quand elle avait grandi, il l’avait accueillie les bras ouverts à Brisbane quand elle avait voulu le rejoindre. Parce que c’était elle, parce que c’était lui, parce que c’était eux, tout simplement. Ils avaient une relation fusionnelle, et Sixtine était une des rares personnes en qui Camil avait une confiance absolue. « C’est ma soeur. Ma toute petite soeur. » Murmura-t-il, alors que l’injustice de cette situation lui avait explosé en plein visage, quelques jours plus tôt. « Ce n’est pas pareil. » Rétorqua le politicien en secouant la tête, refusant obstinément l’argument avancé par son ami. Déjà, Camil était un homme ; et même s’il détestait l’admettre, il devait bien reconnaître que les choses étaient plus faciles pour la gent masculine. Il y avait moins d’embûches sur leur chemin. Ils accédaient plus facilement à des postes avec des responsabilités. Ils étaient moins emmerdés, de manière générale. « Et contrairement à elle, je n’avais pas une santé fragile. » Ajouta l’Américain, dont le regard balayait désormais le sol. Même si, psychologiquement, il n’avait pas toujours été au top. C’était d’ailleurs son incapacité à se remettre des attentats de New-York qui l’avait poussé à venir ici, dans cette patrie paisible, qui était aussi la sienne. Mais ça n’était pas pareil ; la situation n’était en rien comparable avec celle de Sixtine. « Elle pourrait ne pas survivre, Hassan. » Avoua le politicien du bout des lèvres, alors qu’il se laissait finalement tomber sur une chaise. Ses coudes se posèrent sur ses genoux, et ses mains passèrent et repassèrent dans sa nuque, semant en même temps la pagaille dans ses cheveux blonds. « Qu’est-ce que je vais faire, si elle n’est plus là ? » Parce qu’au fond, il était là le fond du problème : Camil ne pouvait pas vivre sans sa soeur.
@Hassan Jaafari
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyMar 29 Juin 2021 - 22:07

Camil s’agaçait, Camil s’agitait. Camil cherchait un responsable, aussi, mais bien que tentant mollement de faire valoir ses arguments Hassan ne parvenait pas véritablement à en vouloir à son ami de l’utiliser comme cible de ses frustrations. Probablement parce qu’à mesure que le blond déroulait à voix haute le fil de ses pensées il devenait de plus en plus évident que la personne à laquelle il en voulait le plus, au fond, c’était d’abord lui-même. De n’avoir pas vu, de n’avoir pas fait, de ne pas avoir été là ou pas comme il l’aurait été s’il avait su, totalement sourd à l’adage qui disait qu’avec des « Si » on pouvait refaire le monde. « J’avais bien remarqué qu’elle avait perdu un peu de poids, et qu’elle semblait plus fatiguée qu’avant. » avait-il finalement admis, d’un ton que l’on devinait amer. « Mais elle venait de se séparer de son copain, et ses études lui prenaient beaucoup de temps … Quel con. » Et qu’il le veuille ou non tous ces paramètres avaient probablement arrangé les affaires de sa sœur lorsqu’il s’était agi de garder son secret loin des yeux et des oreilles de son frère. « Tu as cru ce qu’elle avait envie que tu crois. Tu pouvais pas deviner. » L’américain tout du moins lui avait toujours fait l’effet de quelqu’un d’optimiste – pas le genre, donc, à sauter directement sur la pire des hypothèses … Et de toutes les raisons qui auraient pu expliquer les brusques changements dans le comportement de Sixtine, il y en avait probablement des tas qui lui seraient venue à l’esprit bien avant celle qu’elle puisse lui cacher quelque chose d’aussi sérieux. « On est toujours le bébé de quelqu’un. » avait-il en tout cas protesté lorsque le brun avait tenté de lui faire entendre raison quant au fait que sa sœur était belle et bien une adulte, à ce titre capable de prendre elle-même les décisions relatives à sa santé. « Il ne t’a pas échappé que nous avons quelques années d’écart. » Bien sûr. Et il comprenait que la tâche soit d’autant plus ardue, cependant … « Hassan … Je l’ai tenue dans mes bras pendant des heures. Je l’ai bercée quand elle ne voulait pas s’endormir, je l’ai relevée quand elle est tombée, je l’ai réconfortée quand elle était triste, je l’ai rassurée quand elle avait peur. C’est ma soeur. Ma toute petite soeur. » La voix devenue un murmure à mesure que les mots lui échappaient, Camil avait marqué une pause et dégluti en silence, se fendant finalement d’un « Ce n’est pas pareil. Et contrairement à elle, je n’avais pas une santé fragile. » qui contredisait son ami tout en résumant sa pensée. Et Hassan, finalement, n’avait pas eu le cœur à tenter de le contredire à nouveau tant il s’agissait de toute façon là de ressentis qui ne se déferaient pas en l’espace d’une conversation. Et surtout il avait malgré tout conscience de ne pas avoir toutes les cartes en main, et de ne connaître de la relation qui unissait Camil à sa jeune sœur que la portion que l’américain souhaitait bien partager avec autrui.

Se laissant enfin tomber sur la seconde chaise avec désespoir, le politicien avait murmuré « Elle pourrait ne pas survivre, Hassan. » d’une voix étouffée. « Qu’est-ce que je vais faire, si elle n’est plus là ? » Reposant sa tasse de thé sur le bureau, l’enseignant avait laissé échapper un soupir compatissant et passé une main dans sa barbe pour se laisser le temps de choisir ses mots. « Ça ne sert à rien de te torturer avec ce genre de questions. Elle est là, et les jours où ça n’ira pas bien elle aura besoin que tu sois optimiste pour deux, même si c’est de la comédie … » Allait-il oser la plaisanterie ? « C’est votre domaine, à vous les politiciens, la comédie, uh ? » Le sourire ne durant qu’une demi-seconde à peine, cependant, le brun avait aussitôt retrouvé un air sérieux et tendu la main vers l’un des tiroirs de son bureau pour y chercher quelque chose. Et lorsqu’enfin il avait mis la main dessus, il avait tendu à Camil un prospectus – un peu froissé – comme l’association Beauregard en laissait à disposition à plusieurs endroits de l’hôpital, y compris en pédiatrie où Hassan donnait un peu de son temps. « L’hôpital travaille régulièrement avec eux. Ils ont l’habitude d’accompagner les proches de malades, tu devrais les appeler à l’occasion … Ils font du bon boulot. » Ils sauraient le conseiller pour l’empêcher de commettre certaines erreurs souvent commises en pensant bien faire, aussi … Et rendre le jargon médical plus accessible, moins anxiogène. « Je vais t’épargner le couplet du « ça va aller » et du « faut pas t’inquiéter » parce que j’en sais rien du tout … Mais le temps que tu estimes avoir perdu parce que tu ne savais pas, tu ne le récupèreras pas, alors ça ne sert à rien de te lamenter à ce sujet. L’important c’est le temps et l’énergie que tu vas lui consacrer à partir de maintenant. » Qu’en était-il du reste de leur famille, d’ailleurs ? Hassan se l’était demandé, mais sans oser poser la question. Au lieu de cela, et après avoir laissé passer un bref silence, il avait repris d’un ton calme « Et si à l’occasion tu as besoin d’une oreille, ou d’un ami à qui vider ton sac … Tu as mon numéro. » Quand il décolèrerait – s’il décolérait. Le brun n’était pas rancunier, et surtout il savait se montrer patient. D’ici là, il saurait s’en tenir à souhaiter à distance le rétablissement de la jeune étudiante.
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Message(#)(camil) no answers for no questions asked EmptyDim 17 Oct 2021 - 22:16

« C’est ce qu’on se dit pour se rassurer, ça. » Répondit Camil en roulant des yeux. Au fond de lui-même, il savait qu’Hassan était probablement dans le vrai. Qu’il ne lui mentait pas, et qu’il ne lui disait pas ça pour l’épargner ou le dédouaner d’être passé à côté d’un élément aussi important, aussi crucial. « Mais franchement, je ne suis pas sûr que ça m’aide à relativiser. » Avoua Camil, la voix légèrement vacillante. Comment pourrait-il se pardonner un jour ? Il tenta de prouver par a + b à son ami qu’il était blâmable en tout point, mais Hassan, en gardant le silence, lui signifiait son désaccord. Si le politicien avait été moins blessé, moins inquiet, et moins dans l’affectif, il aurait pu se ranger à l’avis de son ami. Il aurait compris qu’il avait raison, qu’il avait été aveuglé par la poudre aux yeux que sa soeur avait jeté, et que se flageller ne servait à rien. Il aurait compris qu’il devait se reprendre, se ressaisir, et avancer pour deux.


« Tu crois ? » Demanda-t-il, piquant. Il savait pertinemment que l’annonce tonitruante de sa soeur allait lui apporter quelques nuits sans sommeil. Il avait des centaines de questions qui tournoyaient en boucle dans sa tête, et aucune réponse. Pire encore : aucune certitude, rien qui ne lui permettait d’être confiant. La vie était si cruelle, parfois. « Oh, la ferme. » Commenta Camil, alors qu’un léger sourire glissait sur ses lèvres pâles. Il n’y avait, en réalité, aucune insulte à l’égard d’Hassan dans ses propos ; simplement le constat que son ami n’était pas tout à fait tombé à côté de la plaque avec sa remarque sur les politiciens. « Je la connais ; elle va m’envoyer chier. » Grommela l’Américain, alors qu’il s’était déjà mentalement promis de se plier en quatre pour Sixtine. Il l’avait presque toujours fait, d’ailleurs. Après avoir hurlé sur son frère cadet en le traitant d’incapable inconscient, après avoir dit à ses parents tout le mal qu’il pensait de leur prétendue brillante idée, et après avoir rejeté cet enfant qui n’était pas encore né, Camil s’était fait avoir à son propre piège. En même temps, comme aurait-il pu résister à cette petite tête blonde angélique, qui lui souriait avec tant de tendresse, et qui riait aux éclats sans savoir qu’il avait tenu des propos monstrueux à son égard ? Il exaucerait ses souhaits et voeux, abandonnerait tout si elle lui en faisait la demande. Mais Sixtine restait Sixtine, et Camil avait des doutes ; même malade, elle était capable de lui botter le derrière si le coeur lui en disait. Même malade, elle refuserait tout ce qu’elle percevrait comme étant un sacrifice. Même malade, elle s’assurerait (de loin) qu’il n’envoie pas tout promener dans un excès de rage ou d’impuissance. « Je ne suis pas sûr d’avoir besoin… » Commença Camil, avant de se reprendre : « D’avoir envie de ça. » Pourtant, il conserva le flyer que son ami lui avait gentiment tendu. Mais pour le moment, il refusait de s’allonger sur un divan, et de répondre aux questions d’un médecin à la réputation plus ou moins sérieuse. Il refusait d’être le sujet de l’attention — ou, plus exactement, de cette attention précise. Il ne voulait pas que quelqu’un vienne creuser sa vie, ses angoisses, ses projets, ses peurs, ses traumatismes. Derrière son assurance et sa confiance quasi inébranlable en lui-même, Camil cachait une part d’ombre qu’il taisait. Personne n’avait besoin de connaître ses failles, et encore moins à cet instant précis, alors qu’il s’apprêtait à se lancer dans une campagne électorale qui s’annonçait passionnante et trépidante. « Je donnerai tout pour être à sa place. » Admit-il en haussant les épaules, avant de poser son index et son majeur sur ses tempes, pour les masser légèrement. Il resta silencieux quelques secondes, les yeux clos. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, et finalement, il déclara à voix basse : « Mais ce n’est pas possible. » Et c’était, pour Camil, aussi terrible qu’insupportable. Contrairement à Sixtine, et à Hassan, il n’était pas courageux. Il se redressa, abandonnant la chaise sur laquelle il s’était laissé tomber. La tête baissée, l’échine courbée, Camil semblait avoir pris une dizaine d’années en quelques minutes à peine. « Je saurai m’en souvenir. » Murmura l’Australien, alors qu’il faisait un pas en direction de la porte du bureau d’Hassan. Avant de quitter les lieux, il prit néanmoins le temps de se retourner : « Si jamais elle te dit quelque chose de plus, qui concernerait sa santé… » Il hésita, et ajouta : « Par pitié, ne m’épargne pas. » Il croisa le regard compatissant d’Hassan, et s’éclipsa. Il devait s’occuper de sa soeur.

@Hassan Jaafari
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