Cela faisait quelques semaines que la jeune femme partageait une colocation surprise avec Caelan, un jeune homme dont elle avait croisé la route à plusieurs reprises il y a plusieurs années, alors qu’il venait dîner avec sa femme dans le restaurant dans lequel elle était serveuse. Si la cohabitation avait été difficile les premiers jours, chacun ayant dû s’adapter à l’autre, la situation était plus facile aujourd’hui.
Ce jour-là, Helena ne rentra pas directement chez elle après le travail. Elle prit un bus jusqu’à Spring Hill et rejoignit l’appartement luxueux de son ami Evan. Elle avait toujours la clé qu’il lui avait prêté lorsqu’elle avait vécu quelques jours chez lui, au mois de septembre. Après avoir été cambriolée, la brunette n’avait plus osé dormir chez elle. Elle ne se sentait plus en sécurité dans l’appartement qu’elle avait pourtant occupé pendant dix ans, alors qu’un étranger avait réussi à pénétrer chez elle et à violer son intimité. Elle avait ainsi dormi chez plusieurs amis ainsi que chez son frère, et Evan avait fait partie de ceux qui avaient généreusement accepté de l’héberger.
La clé dans la main, elle hésita face à la serrure, mais préféra sonner et attendre que son ami vienne lui ouvrir. Elle n’était pas chez elle, et ne voulait pas s’imposer, même si sa visite était prévue. Helena attendit que le beau brun lui ouvre et se dirigea vers le salon, posant la clé sur la table basse.

« Bonjour ! Je la rends, je n’en aurais plus besoin, du moins pour l’instant. »

Elle lui sourit.

« Et merci encore de m’avoir hébergé. Je vais chercher mes affaires, j’arrive. »

Helena fila vers la chambre qu’elle avait occupé, et récupéra les quelques vêtements et livres qu’elle avait laissé chez Evan, fourrant le tout dans un gros sac. Elle retourna ensuite au salon en riant.

« Je ne pensais pas que j’avais laissé tant de choses chez toi ! Et que j’avais tant d’affaires ! J’ai l’impression de ne pas avoir encore fini de m’installer dans cette … colocation surprise. »

Et pourtant, elle s’y sentait bien. Mieux qu’elle l’aurait imaginé. Vivre avec quelqu’un lui faisait du bien et lui permettait de tromper la solitude. Et après le cambriolage dont elle avait été victime, une présence lui apportait un sentiment de sécurité.

« Comment tu vas ? »

Elle avait Evan régulièrement au téléphone, mais ça faisait plusieurs semaines qu’elle ne l’avait plus vu en personne. Elle était ravie de retrouver son ami, et avait hâte de partager ce qu’elle avait vécu ces derniers temps avec lui avec plus de détails que lors de ses appels téléphoniques.

Evan n’avait rien de prévu aujourd’hui, si ce n’est de travailler depuis chez lui. Il attendait la réception d’un nouveau meuble ainsi que la visite d’Helena, une amie rencontrée il y a quelques mois et qu’il avait hébergée durant quelques temps. Les deux s’entendaient réellement bien. Ils riaient ensemble et s’aidaient mutuellement. En effet, ils pouvaient parler de tout, ou presque. Il n’y avait aucune ambigüité jusqu’à présent. L’homme d’affaires ignorait ce à quoi mènerait cette relation amicale mais il adorait passer du temps avec Helena, et c’était là le plus important.

Alors qu’il travaillait dans son salon sur son ordinateur portable, Evan entendit le son de sa sonnette. Par automatisme, il abaissait légèrement son écran puis se rendit à l’entrée de son logement pour ouvrir la porte et accueillir la jolie brune qui s’empressait d’entrer pour y déposer le double des clés de l’appartement d’Evan. "Bonjour ! Je la rends, je n’en aurais plus besoin, du moins pour l’instant." Evan la laissait agir en la saluant à son tour. Elle semblait aller plutôt bien a priori, ce qui le rassurait toujours. « Et merci encore de m’avoir hébergé. Je vais chercher mes affaires, j’arrive. » Après avoir pris quelques affaires qu’elle rangeait immédiatement dans son sac, la brune revint dans le salon, sourire aux lèvres. "Je ne pensais pas que j’avais laissé tant de choses chez toi ! Et que j’avais tant d’affaires ! J’ai l’impression de ne pas avoir encore fini de m’installer dans cette … colocation surprise." Evan ne s’était même pas rendu compte qu’elle avait laissée tant d’affaires. Il n’était pas entré dans la chambre qu’elle avait occupée quelques temps et restait assez peu souvent dans son appartement. "Tu sais que tu es la bienvenue à tout moment." Elle n’avait même pas besoin de lui rendre les clés, il avait entièrement confiance en elle. "Comment tu vas ?" Les deux jeunes gens étaient amis et prenaient régulièrement des nouvelles de l’un et l’autre depuis qu’ils s’étaient rencontrés lors d’un malencontreux incident en pleine course. Elle n’était pas vraiment de son monde, ce qui provoquait parfois quelques décalages entre les deux sans pour autant impacter le respect et la sympathie qu’ils éprouvaient réciproquement. Ils pouvaient plus ou moins discuter de tout sujet même si Evan ne pouvait tout lui avouer sur ses agissements parfois limites, notamment envers Savannah.. "Je vais bien. Disons que j’ai juste quelques problèmes avec mon assistante. J’ai déjà dû t’en parler une fois ou deux.. Je crois qu’elle me déteste en ce moment même." Et qui aurait pu la blâmer pour cela ? Evan avait été exécrable avec elle, enchainant les mauvaises décisions et provoquant celle-ci jusqu’au point de la présenter comme étant son épouse alors qu’elle était déjà en couple, entre autres fourberies de l’homme d’affaires qui cherchait à tout prix à récupérer son amour. "Mais j’arrangerai ça. Comme toujours. Dis moi plutôt comment tu vas. Comment se passe ta collocation ? Je suis certain que t’as quelques histoires croustillantes à me raconter." Il la regardait très sérieusement même s’il employait un ton assez léger. Bien qu’elle était partie il y a déjà quelques temps, s’assurer de son bien-être avait finalement été la base de leur relation en quelque sorte. Et il savait ô combien comment une collocation pouvait être difficile à vivre si le colocataire rendait la tâche particulièrement ardue. Il avait eu quelques ébauches de cela avec sa femme lorsqu’il était aux Etats-Unis ; femme avec laquelle il n’avait toujours pas divorcé. "Je te sers quelque chose ? Il doit me rester quelques jus de fruits.." Evan avait toujours tellement peu de choses chez lui qu'il était toujours assez embêté quand un invité se pointait. Enfin, la brune avait conscience de tout ça et de cet appartement, certes luxueux et spacieux, mais peu accueillant au regard des habitudes de cet homme qui se considérait désormais comme célibataire.

@Helena Horowitz

Après avoir récupéré les affaires qu’elle avait laissé dans la chambre qu’elle avait occupé quelques temps dans l’appartement d’Evan, Helena rejoignit ce dernier dans le salon.

« Tu sais que tu es la bienvenue à tout moment. »

La brunette lui adressa un sourire sincère en s’installant sur le canapé, croisant ses jambes sous elle après avoir ôté ses chaussures d’un simple secouement du pied, preuve qu’elle était parfaitement à l’aise dans l’appartement du brun.

« Je te remercierai jamais assez de m’avoir accueilli. J’aurais jamais pu retourner chez moi. Et j’ai cru qu’après quelques jours de cohabitation avec mes parents, l’un de nous allait finir par tuer l’autre. »

Elle rit doucement : retourner chez ses parents quand on est adulte, qu’on a de nouvelles habitudes et de nouvelles règles, rendait la situation difficile. La brunette interrogea Evan. Comme souvent, quand on lui demandait comment il allait, sa réponse était liée à son travail. Etait-ce le boulot qui occupait une place si importante dans la vie du brun, ou bien cette fameuse secrétaire dont il lui avait déjà parlé ?

« Je vais bien. Disons que j’ai juste quelques problèmes avec mon assistante. J’ai déjà dû t’en parler une fois ou deux … Je crois qu’elle me déteste en ce moment même. »

Helena fronça les sourcils en détaillant Evan.

« Qu’est-ce que t’as encore fait, Campbell ? Balance ! »

Si la brunette était loin de savoir ce qui se tramait réellement entre Evan et son assistante, elle n’était pas totalement stupide. Elle soupçonnait quelque chose de plus profond entre eux qu’une simple relation professionnelle, et se basait de toute façon sur les mots du brun : si elle le détestait, c’était qu’il avait dû faire quelque chose. Sinon, il aurait dit que ça n’allait pas trop, ou que la situation était compliquée.

« Mais j’arrangerai ça. Comme toujours. »

Et voilà qu’Evan confirmait ses soupçons. Il devait réparer les choses, pas elle. Et visiblement ce n’était pas la première fois.

« Tu fais encore tourner une pauvre fille en bourrique ? Et a priori, plusieurs fois ? »

Le brun botta rapidement en touche, renvoyant la balle à Helena. Il ne voulait peut-être pas rentrer dans les détails, étant relativement secret sur certains points. Ou bien était-ce simplement la dynamique de leur relation, depuis leur rencontre : il veillait sur elle, comme toujours.

« Dis moi plutôt comment tu vas. Comment se passe ta colocation ? Je suis certain que t’as quelques histoires croustillantes à me raconter. »

La brunette rougit immédiatement et se concentra sur un fil imaginaire sur son pantalon. Depuis son emménagement avec Caelan il y a un peu moins d’un moins, Helena avait eu Evan au téléphone à plusieurs reprises. Il savait qu’elle avait eu un petit coup de cœur pour son colocataire, après une cohabitation qui avait démarré difficilement. Mais la jeune femme n’était pas entrée plus dans les détails. Pourtant, contrairement à Evan, elle n’était pas très secrète. Au contraire, elle accordait facilement sa confiance, et révélait aisément des détails de sa vie, demandeuse de conseils. Cette fois-ci ne fit pas exception.

« On a couché ensemble ! »

Les mots étaient sortis rapidement, comme s’ils devaient être exprimés. Helena attrapa un coussin du canapé et se cacha le visage dedans.

« Je suis foutue ! Il me plait vraiment, et je ne sais pas ce que lui ressent. »

La jeune femme ôta le coussin de son visage alors que son regard se posait sur la clé sur la table basse.

« Finalement, je vais peut-être encore avoir besoin de venir chez toi. »

Elle adressa un sourire triste à son ami, attendant les conseils, ou les remontrances, qui ne tarderaient pas à venir. Evan était plutôt franc, et ne se gênait pas pour dire ce qu’il pensait d’une situation.

« Je te sers quelque chose ? Il doit me rester quelques jus de fruits. »

La brunette hocha la tête alors qu’elle le regardait s’éloigner vers la cuisine.

Helena n’avait pas perdu ses marques au sein de l’appartement d’Evan et s’installait confortablement, presque comme si elle n’était jamais partie. Elle le savait très bien, il serait toujours prêt à l’accueillir si jamais elle avait besoin. "Je te remercierai jamais assez de m’avoir accueilli. J’aurais jamais pu retourner chez moi. Et j’ai cru qu’après quelques jours de cohabitation avec mes parents, l’un de nous allait finir par tuer l’autre." Il comprenait parfaitement la situation. Il aurait été également impossible pour l’homme d’affaires de retourner chez son père, d’autant plus que celui-ci résidait encore aux Etats-Unis, là où Evan avait passé la plus grande partie de sa vie. Il lui parlait ensuite brièvement de Savannah qui le détestait sans aucun doute à l’heure actuelle. Il avait été exécrable avec, à multiples reprises. Il pourrait essayer de se convaincre que ses intentions étaient bonnes mais il savait pertinemment qu’elles étaient purement égoïstes et qu’au fond de lui, savoir Savannah dans les bras d’un autre lui donnait envie de vomir. Cela dit, il était sûrement un meilleur homme que lui, surtout après tout ce qu’il avait fait enduré à la pauvre assistante.. « Qu’est-ce que t’as encore fait, Campbell ? Balance ! » Il prit un air coupable, regardant son amie avec un air gêné, ayant peur qu’elle le jugerait sévèrement si elle apprenait les moindres détails de cette relation. "Tu fais encore tourner une pauvre fille en bourrique ? Et a priori, plusieurs fois ?" Il aurait aimé lui répondre, par respect mais ce n’était pas un sujet qu’il voulait aborder. Il pourrait presque effrayer Helena s’il lui avouait tout ce dont il avait été capable de faire pour tenter de récupérer son assistante. Evan avait quelques caractéristiques de psychopathe par moments. Par chance, il savait se contrôler et peu de personnes pouvaient s’en rendre compte. A l’heure d’aujourd’hui, seules sa future ex-femme et son ex-amante avaient pu déceler cette part de son être. Et heureusement pour lui. Il feignait donc un sourire puis chercha à rebondir rapidement sur un sujet plus intéressant, concernant directement Helena.

Ils avaient eu peu l’occasion de discuter depuis son départ et était réellement curieux d’en apprendre plus sur sa colocation avec ce cher Caelan. "On a couché ensemble !" Woaw ! La brune ne se fit pas prier et lui annonça directement la couleur. Evan ne s’attendait pas à ça mais ne put s’empêcher d’afficher un grand sourire en apprenant cette nouvelle. Il se mit même à frapper des mains comme pour l’applaudir. "Eh bien, je te félicite ! Je comprends mieux pourquoi tu sembles être ravie d’être partie de chez moi." Il éclatait de rire. Il était trop difficile de se retenir. Il ne s’attendait vraiment pas à ce qu’Helena lui confesserait cela. C’était assez drôle sur le moment même s’il fallait admettre que, coucher avec son colocataire, était rarement une très bonne idée. Paressant honteuse, la brune se cachait le visage avec un coussin, balbutiant alors quelques mots au travers de celui-ci. "Je suis foutue ! Il me plait vraiment, et je ne sais pas ce que lui ressent." Il aurait été difficile de la contredire. Bien que cela amusait Evan, il comprit rapidement la situation dans laquelle elle venait de se mettre. Au-delà du fait qu’elle avait couché avec lui, elle était maintenant torturée à l’idée de savoir quels étaient ses sentiments. Il avait un peu peur que ce cher individu profiterait uniquement d’Helena comme passe-temps. Il ne le connaissait pas personnellement mais connaissait parfaitement les hommes, pour en être un lui-même. Et malheureusement, homme et femme ne voyaient pas toujours les choses de la même manière.. "Finalement, je vais peut-être encore avoir besoin de venir chez toi." Bien qu’il l’accueillerait à nouveau avec grand plaisir, cela ne semblait être guère la solution à ce problème qui resurgirait d’une manière ou d’une autre. Si elle était amoureuse, elle devait éclaircir la situation. Toutefois, avant d’aller plus loin, ils avaient tous deux besoins de s’hydrater. Evan s’éloignait quelques instants, revenant une minute plus tard avec deux verres de jus de fruits, qu’il posait sur la table basse du salon. "Helena.. Tu as sacrément déconné là. Cela ne te ressemble pas." Il se trompait peut-être mais avait toujours vu la brune comme une fille plutôt romantique, qui respectait quelques règles comme avoir des rencards, etc. mais d’après ce qu’il en apprenait, cela ressemblait plutôt à une relation d’amis avec bénéfices. "Je ne le connais pas mais fais attention à toi. Si tu ne veux pas souffrir, tu dois clarifier la situation au plus vite." S’il était, ne serait-ce qu’un peu comme Evan, elle était dans de beaux draps. "Je te donnerai un seul conseil. S’il n’est pas prêt à s’engager avec toi de manière plus officielle, tire un trait sur ce mec. Alors c’est simple, avoue-lui ce que tu ressens et si ce n’est pas réciproque, tu arrêtes tout." Ce n’était sûrement pas le meilleur des conseils mais il ne tenait vraiment pas à voir son amie souffrir à cause d’un homme qui jouerait avec elle. C’était assez paradoxale qu’il pense ainsi tout en ayant conscience lui-même de faire partie de ces gars qui faisaient souffrir la gente féminine. "Et dis-moi, qu’est-ce qui te plait tant chez lui ? Dis-moi pourquoi tu penses qu’il vaut le coup." Il ne voulait pas le juger trop sévèrement sans le connaître.. Après tout, il était peut-être quelqu’un de bien. Il voulait sincèrement en savoir plus à son sujet. Peut-être que ça l’aiderait à mieux comprendre les sentiments de la brune.

@Helena Cohen

Alors que la brunette tentait de tirer les vers du nez de son ami, essayant d’en apprendre plus sur ce qu’il avait pu faire subir à son assistante, celui-ci prit un air coupable. Helena pencha légèrement la tête sur le côté en l’observant, fronçant les sourcils : pourquoi Evan affichait-il cet air-là ? Qu’avait-il donc bien pu faire ? Helena, qui était une personne fondamentalement gentille et pensait que le monde était bon, était cependant persuadée que les agissements d’Evan ne devaient pas être si graves. Pourtant, son ami ne lui répondit pas, tentant de s’en sortir par une pirouette -ok, parler de Caelan, ça fonctionnait bien, pour attirer l’attention d’Helena. La jeune femme fronça cependant les sourcils une dernière fois avant de laisser tomber, sachant à quel point Evan pouvait être secret.

Alors que la brunette avouait avoir couché avec son colocataire, son ami applaudit.

« Eh bien, je te félicite ! Je comprends mieux pourquoi tu sembles être ravie d’être partie de chez moi. »

Helena lança un coussin au visage d’Evan avant de cacher le sien dans un autre coussin, tentant de cacher sa gêne. Caelan et elle avaient fait une connerie, elle en était persuadée, mais ils en avaient réellement envie. La tension entre les jeunes gens était telle depuis leur emménagement qu’il était impossible de ne pas céder. Et pourtant … Helena était une romantique, une amoureuse de l’amour, alors, fidèle à elle-même, la voilà qui développait des sentiments pour l’homme avec qui elle devait partager son quotidien.
Finalement, Evan cessa de rire et, lorsqu’il revint avec deux verres de jus de fruits, plus aucune trace d’amusement n’était perceptible sur son visage.

« Helena … Tu as sacrément déconné là. Cela ne te ressemble pas. »

La brunette enfouit à nouveau brièvement son visage dans le coussin puis le reposa enfin sur le canapé en soupirant.

« Je sais … Je ne fais pas ça, d’habitude, mais là, c’était … si électrique. »

Elle regarda Evan avec des yeux désolés, ceux d’une petite fille qui craignait les remontrances qui suivraient bientôt.

« Je ne le connais pas mais fais attention à toi. »

Finalement, le Evan paternaliste était plutôt sympa. Ou bien peut-être était-il ce grand frère qu’elle n’avait jamais eu, elle qui était entourée de trois sœurs.

« Si tu ne veux pas souffrir, tu dois clarifier la situation au plus vite. Je te donnerai un seul conseil. S’il n’est pas prêt à s’engager avec toi de manière plus officielle, tire un trait sur ce mec. Alors c’est simple, avoue-lui ce que tu ressens et si ce n’est pas réciproque, tu arrêtes tout. »

Helena dévisageait Evan, tentant d’assimiler son conseil. En effet, ça semblait simple, dis comme ça, mais …

« Mais on se connait depuis si peu de temps … Et si c’était trop tôt pour lui, tout simplement. Si je le braquais et transformais son « peut-être plus tard » en « non jamais » en étant trop … insistante ? »

La brunette, elle, s’emballait toujours vite, trop vite. Son amie Jessian avait même inventé une expression : « faire sa Helena ». Elle connaissait à peine son colocataire, et pourtant les battements de son cœur s’accéléraient lorsqu’elle était en sa présence.

« Et dis-moi, qu’est-ce qui te plait tant chez lui ? Dis-moi pourquoi tu penses qu’il vaut le coup ? »

Le regard de la brunette se perdit dans le vide un instant.

« Il est gentil, très gentil. Très drôle aussi. J’adore son humour, et on s’amuse beaucoup. Il aime le sport et les balades, comme moi. Il est … Il est prêt à faire des concessions et des efforts, notamment pour que la colocation fonctionne. Il n’abandonne pas à la première difficulté, il discute, et tente d’arranger les choses. »

Elle voudrait en dire plus, lui dire qu’il lui a fait suffisamment confiance pour lui confier son plus lourd secret : il a violé sa femme. Mais elle ne peut pas, elle ne s’en sent pas capable. Pas maintenant. Ce n’est pas son secret, mais celui de Caelan. Et surtout, elle est convaincue qu’Evan le jugerait, le détesterait, et demanderait à Helena de déménager. Alors elle se contente de rougir légèrement et de boire quelques gorgées de jus de fruits, afin de cacher sa gêne.

Evan adorait passer du temps avec Helena, ils ne s’ennuyaient jamais ! C’était simple, avec elle, il se passait toujours quelque chose ou elle avait de beles histoires à lui raconter. Aujourd’hui ne faisait définitivement pas exception même s’il aurait été préférable que ce soit qu’une vaste blague. Bien que cela le fit rire aux premiers abords, l’inquiétude d’Evan pour son amie reprenait peu à peu le dessus. Il ne jugeait en aucun cas Helena, il ne pouvait se le permettre. Il était simplement surpris et voulait simplement éviter qu’elle se perdre avec elle-même. Il était important de rester soi-même après tout, même lorsque certaines circonstances poussaient à la faute.. Mais que s’était-il donc passé pour que la brune cède ainsi ? « Je sais … Je ne fais pas ça, d’habitude, mais là, c’était … si électrique. » Elle se sentait presque honteuse d’avouer cela. Avec un ton assez sérieux, Evan lui fit simplement comprendre qu’elle devait faire attention à elle, si elle ne voulait pas souffrir émotionnellement. Un homme est capable de bien des choses ; la pire d’entre celles-ci étant de faire souffrir la gente féminine. C’était presque un sport chez certains.

Même s’il bénéficiait d’une expérience du mauvais côté du miroir, Evan affichait une certaine assurance quant au conseil qu’il lui donnait. Il espérait qu’elle le prendrait en compte même si, lorsque nous sommes amoureux, nous sommes rarement peu enclins à suivre de quelconques conseils ou autres discours un brin moralisateurs. Au final, si Helena devait faire cette erreur, c’est-à-dire tomber amoureuse d’un homme potentiellement peu fiable, elle le ferait. Pour autant, elle avait probablement besoin d’entendre ça, que cela lui soit utile ou non. « Mais on se connait depuis si peu de temps … Et si c’était trop tôt pour lui, tout simplement. Si je le braquais et transformais son « peut-être plus tard » en « non jamais » en étant trop … insistante ? » Il comprenait Helena en un sens même si elle réfléchissait bien trop. Se prendre la tête était une spécialité féminine et Helena en était la championne. Même si ses interrogations étaient légitimes, Evan voyait les choses de manière un brin plus simple. "S’il n’est pas capable de ressentir cette passion que tu sembles avoir pour lui.. Peut-être ne devrais-tu pas t’engager sur cette voie ? Il n’est jamais trop tôt lorsque l’on est amoureux. N’aies pas honte de ce que tu ressens et ce que tu souhaites avec lui." Le brun préférerait qu’elle éclaircisse la situation au plus vite afin qu’elle ne perde son temps avec lui s’il s’avérait à jouer avec elle. Toutefois, il ne le connaissait pas et cette conversation était d'ailleurs l’opportunité d’en savoir un peu plus sur cet homme. « Il est gentil, très gentil. Très drôle aussi. J’adore son humour, et on s’amuse beaucoup. Il aime le sport et les balades, comme moi. Il est … Il est prêt à faire des concessions et des efforts, notamment pour que la colocation fonctionne. Il n’abandonne pas à la première difficulté, il discute, et tente d’arranger les choses. » En résumé, il semblait être un homme idéal pour la brune. Il était malgré tout difficile, en deux phrases, pour Evan de se faire une idée sur lui, d’autant plus qu’Helena idéalisait ce qu'il était réellement. L’ultra méfiance d’Evan, par nature, l’empêchait réellement de s’emballer pour Helena même s’il lui souriait. Il devait simplement la soutenir après tout. C’était son rôle en tant qu’ami. "Oh il aime le sport ? À lui aussi tu lui as fait le coup de l’entorse pour qu’il prenne soin de toi ?" Il se moquait gentiment d’elle, en rapport à leur première rencontre. Il essayait juste de détendre l’atmosphère. "Et j’espère sincèrement que votre collocation continuera pour le mieux. Cela m'arrangerait. Il m’était impossible d’amener une fille chez moi lorsque tu vivais ici. Un enfer !" Il lâchait un léger rire puis prit ensuite une gorgée de son verre en lançant un regard des plus amicaux à la brune. À dire vrai, il n’était pas du genre à ramener les filles dans son appartement mais il appréciait savoir qu’il pouvait le faire même s’il plaisantait, de toute évidence. Helena avait bien évidemment la priorité sur la plupart des filles qu’il pourrait éventuellement se dégoter. "En tout cas, sache que je suis là si t’as besoin de me parler de lui." Il reprit soudainement un ton neutre mais rassurant à la fois. Il voulait simplement qu’elle ait conscience qu’il pouvait être une épaule sur laquelle pleurer si elle ressentait le besoin, ou tout simplement un ami avec qui partager son amour fou pour ce fameux colocataire.

@Helena Cohen Désolé pour l'attente, encore une fois..