| (LOU & DANI) the midnight sky is the road I'm takin' |
| | (#)Dim 8 Nov 2020 - 22:55 | |
| Eté 2020
Elle était douée. Cela semblait toujours surprendre le public qui s’amassait autour du ring, peu habitué à la présence de femmes. Parfois elle perdait et même là c’était toujours au bout d’un combat acharné. Comme si elle aurait préféré crever que de donner la victoire à son adversaire. Elle se battait corps et âme, comme si sa vie en dépendait et si le public avait réellement fait attention il aurait vu ses yeux pétillants, le semblant de sourire qui parfois étirait ses lèvres. Parce qu’elle était heureuse sur ce ring, plus heureuse qu’elle ne l’avait été longtemps, parce qu’elle avait enfin l’impression de pouvoir respirer avec facilité. Parce chaque coup donné et chaque coup encaissé la poussait un peu plus loin. Elle allait gagner ce combat-là elle le savait. C’était son dernier de la soirée, elle était en sueur, son cœur tambourinant frénétiquement dans sa poitrine. Pourtant elle était calme, concentrée, prête à gagner. Et lorsque son poing s’abattit une dernière fois sur le visage du type en face d’elle et qu’on la désigna vainqueur, le rugissement des gens autour d’elle fut une mélodie à ses oreilles. Dans ce moment elle oubliait qui elle était, les années dernière elle. Il n’y avait qu’elle et le combat et elle avait l’impression de retrouver les rings bien plus officiels qu’elle avait fréquenté il y a quelques années de ça maintenant. Avant la maladie de son père et avant son fils. Il n’y avait plus que son cri de victoire et les gens qui criaient avec elle, ceux qui avaient parié sur sa victoire à présent qu’elle commençait à se faire un nom ici, dans cette salle secrète. Elle entendait en réalité surtout les battements de son cœur, le reste était flou, tout comme elle ne sentait pas la douleur du poing qu’elle s’était pris dans le visage et qui laisserait sûrement une belle trace violacée d’ici quelques jours. L’adrénaline effaçait tout et il n’y avait plus que ça.
Du moins jusqu’à ce qu’elle sortît du ring, qu’elle but une longue gorgée de sa bouteille d’eau et qu’elle prit conscience de l’endroit où elle se trouvait. Ce n’était pas une compétition. Ce lieu était tout sauf officiel, les personnes présentes tout sauf fréquentables. Elle grimaça comme si soudain l’illégalité des combats comme du lieu secret derrière ce bowling venait gâcher le moment. Elle n’eut cependant pas le temps d’y réfléchir qu’un homme se planta derrière elle.
« Nicky ? » Elle mit une demie seconde à se souvenir que c’était le nom qu’elle donnait depuis un mois dans ces lieux, n’ayant pas voulu donner son prénom et encore moins son nom. Elle avait choisi de prendre une des syllabes de son prénom et de les transformer en ce surnom comme si aux yeux du monde cela aurait pu la rendre anonyme. Si des gens l’avaient reconnue en tous cas, elle ne l’avait pas su. Après tout, le sommet de sa carrière sportive était loin et les gens qui venaient ici venaient surtout pour le spectacle et l’argent à gagner. Non elle était persuadée qu’elle n’était plus qu’une inconnue accrocs au ring, une parmi tant d’autre. Alors que lui voulait cet homme ?
« On veut te voir. » Elle leva un sourcil, curieuse. L’usage du « on » n’apportait aucune information, aucune idée de qui était la personne qui souhait la voir. Mais l’usage du ton employé, qui n’appelait aucune contestation, qui était un ordre et pas autre chose, lui fit comprendre que la personne était haut placée. Haut placée en ces lieux voulait surtout dire haut placée dans l’illégalité et donc pas spécialement le genre de personne que Danika avait envie de rencontrer. Son regard s’assombrit malgré une certaine curiosité. Elle hocha la tête pourtant, consciente du peu de choix qu’elle avait, se décidant à suivre l’homme vers l’endroit où il avait décidé de l’amener. Elle s’attendait à un homme, elle réalisa bien vite que c’était une femme. Elle s’attendait à une inconnue, elle reconnut au bout de quelques secondes le visage malgré les nombreuses années écoulées. « Aberline ?! » La surprise était totale, impossible à cacher, mais se mêlait sans problème avec le léger dégoût avec lequel elle avait prononcé les syllabes de son nom de famille.
@Lou Aberline
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| | | | (#)Lun 16 Nov 2020 - 20:48 | |
| | ► the midnight sky
Fire in my lungs, can't bite the devil on my tongue, I don't need to be loved by you
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Les pieds sur la table du booker, Lou ne voyait pas grand-chose au combat qui se déroulait. Elle n’en avait pas tant besoin. Parfois, la jeune femme ne traînait derrière les machines que pour l’atmosphère, le bruit, le son des quilles distribuées sur les pistes sous les cris d’encouragements des amateurs de sang frais, la mélodie des poings qui rencontraient la chair, les soupirs, les gémissements de douleur, les grognements victorieux. Elle pouvait fermer les yeux et se délecter de cette ambiance, deviner toutes les nuances de la scène qui était musique pour ses oreilles. Il y avait une odeur de sang mêlée au houblon des bières et à la sueur sur le plancher. Il y avait le crac d’une mâchoire, le coup sourd sur une joue, l’impact d’un genou à terre. Le piétinement des spectateurs, leurs épaules frottées les unes aux autres, les bousculades lorsque les esprits s’échauffaient. Le froissement des billets entre leurs doigts, l’annonce des mises, les pseudonymes scandés et qui pourtant ne traversaient pas le mur derrière lequel les clients du bowling ne se doutaient de rien. Oui, Lou trouvait fascinante l’ambiance qui régnait dans leur pseudo fight-club et aimait y perdre les dernières heures de sa soirée. Ce n’était pas un passe-temps de demoiselle, mais elle n’avait jamais coché ce genre de cases. Pas la place d’une femme, qu’on pouvait penser, pourtant c’était elle qui avait le dernier mot dans son antre, le ventre de la bête. Pas la place pour une combattante comme la Nicky qui honorait le ring de sa présence de plus en plus régulièrement. Une belle brune à la peau mate que la reine des abeilles avait repérée et reconnue sans jamais se dévoiler à elle. Elle l’avait observée, jaugée, sourire en coin, savourant toute l’ironie de la situation. La golden girl était là, chez elle. La petite championne, la compétitrice, venait trouver son shot d’adrénaline dans la Ruche sans se douter un seul instant que la paria de leur sphère commune en était à la tête. C’était quelque chose qu’elle pouvait savourer un long moment, peut-être même ne jamais se montrer pour la railler tant la victoire sur le destin était belle sans autre commentaire. Mais une idée vint sur le seuil des pensées de Lou. Une idée trop belle pour ne pas l’inviter à entrer. S’arrachant au combat avant la fin, la jeune femme se pencha à l’oreille d’un de ses hommes de main ; quand la confrontation eut un vainqueur, il se chargea d’escorter Nicky à l’arrière du bâtiment.
Cigarette au bec, Lou entendit la clanche de la sortie de secours s’appuyer sur le battant et l’ouvrir d’un coup sec. Son regard se leva vers celle qu’elle avait bien reconnue à raison ; Danika. Celle-ci ne l’avait visiblement pas oubliée -ni le faux nom de famille qu’elle s’était elle-même attribué afin d’entériner la cission avec le reste de sa famille. Tout le monde avait cette manière de le prononcer qui était devenue systématique, avait-elle noté. Il y avait toujours une sorte de surprise, comme si elle ne se trouvait jamais là où l’on s’attendait à la voir. Mais surtout, il y avait surtout une méfiance, une appréhension, comme si elle était synonyme d’ennuis, de problèmes, de mauvaises nouvelles -et cela était souvent vrai. Aberline. “La seule et unique.” fit-elle en ouvrant grand les bras et en se penchant tel qu’elle le faisait à la fin de chacun de ses shows. La grande révélation ; oui, c’était elle qui l’avait demandée, et oui, c’était elle qui tenait les rennes. Lou lâcha un rire, savourant toujours sa position de force et la sensation d’avoir battu Dani sur un tout autre terrain. Puis elle tira sur sa cigarette en la détaillant. “Fais pas cette tête, on pourrait croire que t’es pas heureuse de me revoir et je pourrais me vexer.” Elle laissait planer la menace, sans avoir la moindre intention de toucher un cheveu de la tête de la brune, juste pour la sonorité. D’un signe de la main, elle fit signe à l’homme de main de s’en aller et de les laisser seules. Il demeurerait de l’autre côté de la porte ; on ne laissait pas la patronne sans défense face à la combattante qui en avait mis plus d’un K.O. “Tu leur en fais baver sur le ring, de ce que j’ai vu.” elle reprit, signifiant par là qu’elle avait eu tout le loisir de l’observer avant de l’approcher. Serait-elle venue malgré tout, Danika, si elle avait su que Lou dirigeait l’endroit ? Aurait-elle accepté de la rencontrer ? Elle en doutait, et c’était ce qui avait motivé ces quelques temps d’anonymat. “C’est pas un peu en dessous de ta ligue, princesse ?” ajoutait-elle, un brin moqueuse. Nul besoin d’avoir les détails pour deviner les grandes lignes de l’histoire ; Lou avait connu Dani la sportive avec une carrière brillante devant elle, elle avait eu écho de ses victoires en compétition, quelque chose avait donc coupé court à l’élan de cette étoile filante et la voici, désormais, en train de grignoter les miettes que le ring de la Ruche proposait dans l’espoir de retrouver un peu des sensations d’autrefois. Il ne manquait qu’une seule chose pour que la tragédie soit complète, et l’australienne était prête à le lui fournir sur un plateau de mauvaises décisions et de plans dangereux -ses deux grandes spécialités.
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| | | | (#)Lun 23 Nov 2020 - 23:41 | |
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« La seule et l’unique. »
Lou Aberline s’incline, comme l’actrice d’une pièce de théâtre sous les applaudissements de la foule. On entend un dernier écho des cris du public avant que la porte se referme étouffant la soif de sang des parieurs et combattants. Danika est incapable de cacher sa surprise. Incapable d’avoir pu imaginer que le maître de cette maison serait une femme, une femme qu’elle avait fréquentée à bien trop de soirées mondaines, une femme qui lui laissait un souvenir de dégoût et d’indifférence. « Fais pas cette tête, on pourrait croire que t’es pas heureuse de me revoir et je pourrais me vexer. » Elle n’aurait jamais pensé se sentir un jour menacée par Lou, a du mal à concilier l’image de l’adolescente droguée à la femme pleine d’assurance en face d’elle. Son regard cherche autour d’elle une échappatoire à cette conversation, une façon de sortir d’un pétrin dont elle peut entrevoir le danger. Elle suit du regard l’homme de main qui retourne à l’intérieur et Danika regrette immédiatement de l’avoir suivi en premier lieu. “Tu leur en fais baver sur le ring, de ce que j’ai vu. C’est pas un peu en dessous de ta ligue, princesse ?”
Les mots hérissent les poils sur sa peau. Princesse. Ca lui donnerait envie de détruire les belles dents de la femme avec ses poings. Poings qu’elle enfonce dans les poches de son blouson pour ne pas qu’on remarque à quel point ils se sont serrés. Elle n’avait jamais apprécié Lou et elle avait le terrible sentiment que ce sentiment n’allait pas changer maintenant que ce n’était plus une adolescente en face d’elle mais une femme. Elle force ses muscles à se relâcher. Elle se force à esquisser un léger sourire en haussant les épaules. « Faut bien se détendre de temps en temps» Elle prononce les mots avec désinvolture, comme si ce n’était rien. Comme si elle n’avait pas l’impression d’être un animal pris au piège. Comme si elle n’avait pas honte d’être ici, de fréquenter ce ring, quand elle aurait dû être sur un ring bien plus officiel, bien plus réglementé. La honte d’avoir été surprise ici, de savoir que Lou savait sûrement depuis longtemps qu’elle venait ici la mettait mal à l’aise, comme une faiblesse à la lumière du jour. Elle était tombée bien bas à vrai dire. Plus bas qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. Dans c’est dans ces bas-fonds elle retrouvait Lou, ce qui n’était pas une grande surprise, Aberline ayant fréquenté les bas-fonds bien avant elle et aujourd’hui elle semblait être la reine des lieux.
«Du coup toi, t’es passée de te laisser crever dans ta drogue à…. » Elle regarde le bâtiment, ne connait que le ring, se demande s’il y a plus que ce ring, plus que des simples paris sur un fight club illégal. Son regard se repose sur Lou, observant son visage. « vouloir regarder des gens se taper dessus pour le plaisir ? » et pour le fric. Mais ça, pas besoin de le sous-entendre. Elle comprend mal la logique. Il lui manque trop d’épisodes pour comprendre comment la gamine droguée a terminé à la tête d’un fight club caché derrière un bowling. Ca n’a pas de sens à ses yeux. Mais rien dans cette situation n’avait de sens. L’étoile de la boxe australienne n’avait rien à faire à l’arrière de ce bowling et si elle avait dû imaginer le futur de Lou Aberline à l’époque elle aurait sûrement parié sur un corps mort d’une overdose dans un coin de rue. Il fallait croire qu’elle avait réussi à s’élever dans les bas-fonds et ce bien plus haut que Danika pouvait l’envisager.
Elle se force à ne pas fuir le regard de la femme en face d’elle, face à un prédateur on n’incline pas le regard. « Tu voulais me voir ? » Son ton est détaché, comme si elle pouvait prétendre être à l’aise dans cette situation qui ne lui disait rien de bon. Elle sort son paquet et son briquet, s’allume une cigarette pour occuper ses mains, pour calmer les battements de son cœur, pour retrouver un sentiment de contrôle sur une situation qu’elle ne maîtrise en rien. La question sous-entendue est évidente : Pourquoi Aberline s'intéressait-elle à elle hors le fait qu'elle prenait sûrement un malin plaisir à ces retrouvailles ?
@Lou Aberline
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| | | | (#)Lun 14 Déc 2020 - 20:03 | |
| | ► the midnight sky
Fire in my lungs, can't bite the devil on my tongue, I don't need to be loved by you
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Elle fulminait intérieurement, Danika. Elle ressemblait toujours à l’adolescente que Lou avait un jour connue. Face à elle, les années s’effaçaient, le temps remontait. C’était il y a, combien, dix ans, quinze ans ? Cette dernière fois qu’elles s’étaient vues, ce jour où elles imprimèrent l’image finale l’une de l’autre dans leur mémoire. Dani était destinée au succès, Lou à mourir dans une ruelle sombre dans les années suivantes. Et elles étaient finalement à des kilomètres, l’une et l’autre, de l’avenir qu’on leur prêtait à l’époque. Etait-ce ce qui contrariait Danika ? Que cet orgueil gros comme une planète lui avait fait regarder de haut une Lou visiblement en position de force ? Que les succès, ou simplement la survie de celle-ci, mettaient un peu plus en relief sa chute ? Cela n’avait pas tant d’importance aux yeux de Lou ; l’éclat transparaissant dans le regard de la jeune femme suffisait amplement à son bonheur. Elle jubilait et ne s’en cachait pas. « Faut bien se détendre de temps en temps. » déclarait Danika avec désinvolture, arrachant un rire ironique à la jeune femme. Elle aussi, elle appréciait de défouler ses nerfs en détruisant des choses, cependant elle ne faisait pas le poids face à la grande majorité des humains dont elle voudrait refaire le portrait. De grands élans de rage, par le passé, l’avaient poussée à briser quelques os ; en dehors de ces rares exceptions, elle laissait aux autres le soin de se salir les mains. “Je peux pas te contredire, j’adore te voir venir casser des gueules chez moi.” répondit-elle avec un large sourire. Etait-ce pour la qualité du combat ? Pour la sueur, le sang et le brouhaha des encouragements ? Lou se délectait surtout de la vision de cette rivale à qui tout avait souri un jour, désormais tombée à son propre niveau, partie intégrante d’un univers qu’elle méprisait. Un univers dans lequel Lou s’était imposée. « Du coup toi, t’es passée de te laisser crever dans ta drogue à…. vouloir regarder des gens se taper dessus pour le plaisir ? - Entre autres. » Lou haussa les épaules, le sourire mutin. Les combats derrière les machines étaient loin de rapporter autant que le trafic de drogue, il s’agissait presque d’argent de poche pour le plaisir, en effet. Dani ne semblait rien savoir du reste des activités dissimulées derrière la façade banale du bowling, et donc, de ce que les dollars brassés par ses victoires finançait à terme. La chute débutait tout juste, donc, et Lou avait l’honneur de la tirer un peu plus vers le bas.
« Tu voulais me voir ? » s’impatientait la brune sur la défensive, mains dans les poches, les hanches balancées furieusement. Si Lou avait pu avancer ce face à face au premier jour où Danika avait passé les portes du bowling, elle avait préféré attendre, observer, voir si elle allait revenir. Et elle était revenue. Pour l’argent ? L’adrénaline ? Ce qui était certain, c’était qu’elle avait avancé droit dans la gueule du lion. Et elle ne réalisait pas à quel point elle s’était enfoncée jusqu’au cou dans un environnement qui la dépassait totalement. “Ouais, savoir comment tu vas depuis le temps, prendre des nouvelles…” Non, et re-non. Le récit de la vie de Danika ne l’intéressait pas, elle n'achèterait pas son autobiographie, et sa manière de triturer ses ongles comme la parfaite petite peste de cour de lycée traduisait la véritable direction de ses pensées. “...et te proposer un job.” elle ajouta en dodelinant de la tête. Elle était en position de supériorité à ce point face à sa vieille amie, au point d’être la main qui donnait à manger. La main que Danika ne pouvait pas mordre sans se faire corriger. Car il n’y avait pas plus de proposition qu’un piège, un ordre, une épée de Damoclès au-dessus de sa tête maintenant qu’elle était dans la ligne de mire de la reine des abeilles. “Le bowling m’appartient, dévoilait enfin Lou. Et “l’organisation” qui gère le bowling aussi. Le genre d’organisation qui a régulièrement besoin de faire casser des gueules hors ring.” Elle n’avait pas besoin d’en dire plus ; Danika la connaissait assez pour faire le calcul et comprendre que la jeune Grimes ne s’était pas améliorée avec le temps. Le type de travail que la jeune femme avait à proposer n’avait donc rien de légal. Et surtout, Lou n’avait jamais su accepter un “non” pour réponse.
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| | | | (#)Dim 20 Déc 2020 - 20:41 | |
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« Je peux pas te contredire, j’dore te voir venir casser des gueules chez moi. » Chez moi. Si la preuve d’avoir été convoquée avec simplicité dans cet endroit n’était pas déjà la preuve que Lou est à la tête de cet endroit, cette fois-ci il n’y a plus aucun doute. Cela fait des semaines qu’elle combat sur les rings de Lou, qu’elle fait gagner de l’argent à Lou indirectement, qu’elle participe à un business tout sauf légal. En l’occurrence ce dernier détail ne l’avait pas tant que ça gênée toutes les fois où elle était venue en découdre sur les rings. Mais de savoir qu’Aberline était celle qui profitait des paris et des combats, cela horripilait la brune plus qu’elle ne pouvait l’admettre. Un frisson de dégoût fait se raidir chacune parcelle de sa peau. Car c’était ça qu’elle était en train de faire, casser des gueules. La championne olympique réduite à des pulsions de violence sous les encouragements de gens prêts à parier sur chacun de ses gestes. Tant de principes bafoués pour quelques minutes de sensations fortes. Danika serre la mâchoire. Mais le pire est sans doute cette semi défaite face à la vie, le fait de retrouver Aberline ici bas, quand tout les avait séparées, quand Danika aurait dû être bien meilleure que ça.
« Entre autres. » Lou hausse les épaules, Dani fronce les sourcils, tirant sur la cigarette qu’elle a allumé. Ces mots ne lui laissaient que supposer une chose à vrai dire. Qu’il y avait bien plus que ces rings, bien plus que les combats illégaux et les paris qui allaient avec. Si elle devait se fier à ce qu’elle avait connu de Lou elle n’aurait parié que sur une seule chose. La drogue.
Lou avait trop attendu, des semaines qu’elle l’observait sans rien dire, comme un chat tournant autour de la souris et si aujourd’hui elle s’était enfin décidée à se montrer ce n’était pas seulement pour profiter de la vue et de la chute d’une personne qu’elle avait toujours peu – pas - apprécier. Non il y avait plus que de la jubilation dans son regard, mais un but, un but qui elle devinait n’allait faire qu’accélérer sa chute et élargir le sourire de la femme au sourire qui lui donnait envie d’encastrer son poing dans le mur. « Ouais, savoir tu vas depuis le temps, prendre des nouvelles.. » Un ricanement glacial sort de ses lèvres cette fois, bien sûr elle y croyait. Elle avait oublié comme chaque geste de Lou pouvait l’agacer avec facilité, comme sa manière de triturer ses ongles, la joie presque cruelle qu’elle voyait dans ses yeux. « …et te proposer un job. »Le ricanement s’arrête aussi vite qu’il a commencé et la surprise autant que la méfiance se lisent sur son visage. « Un job ? C’est quoi ici un centre de recrutement ? » Elle ne doute pas une seule seconde que la main tendue est empoisonnée, que ce n’est qu’une énième manigance de Lou pour obtenir ce qu’elle veut. Ce qu’elle n’arrive cependant pas à savoir c’est ce que la jeune femme cherche à obtenir.
« Le Bowling m’appartient. Et “l’organisation” qui gère le bowling aussi. Le genre d’organisation qui a régulièrement besoin de faire casser des gueules hors ring. » Son corps se fige, son regard vient se planter dans celui de Lou sans arriver à s’en détacher alors qu’elle comprend l’ampleur de cet endroit. Elle n’était pas naïve, Danika s’était doutée que l’organisation qui gérait ce bowling devait être tout sauf nette mais elle avait du mal à imaginer le petit bout de femme en face d’elle à la tête d’une telle entreprise. Comme quoi là encore, elle l’avait sous-estimée. Mais jamais au grand jamais elle n’aurait été prête à descendre aussi bas en acceptant la proposition qu’elle venait de lui faire. Danika la regarde avec dégoût, un rire silencieux venant secouer ses épaules. « Et tu crois quoi ? Que je vais tomber à genou en te disant merci pour cette offre si généreuse ? » Elle crache les mots, son animosité retrouvée avec facilité. Une bouffée de plus sur sa cigarette qui ne calme en rien ses nerfs. « C’est hors de question. Je pense que la drogue t’a peut-être un peu trop attaqué le cerveau si tu t’as imaginé une seule seconde que j’allais accepter. » Elle assène avec sarcasme sans prendre conscience que le choix n’existe pas. Pas réellement.
@Lou Aberline
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| | | | (#)Mar 5 Jan 2021 - 21:01 | |
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Fire in my lungs, can't bite the devil on my tongue, I don't need to be loved by you
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La proposition était sur la table, glissée entre les lignes des vagues explications de Lou à propos du bowling et de ses secrets, laissée à la compréhension et à la réflexion de Danika. Les rangs de la Ruche grandissaient chaque jour, et ce dont la reine des abeilles ne manquait pas, c’était de dealers. Mais les revendeurs ne faisaient pas des soldats, et dans sa croisade contre le Club, dans sa volonté d’écraser toute forme de concurrence se dressant devant elle, c’était de têtes brûlées, de casse-cous, de pros de la salade de phalanges dont elle avait besoin. Du muscle. Et contrairement aux apparences, au premier coup d'œil, Dani faisait partie de cette catégorie de sbires qui manquaient à ses légions. Ceux qui permettaient de boucler des deals en cassant un bras, ceux qui allaient récupérer les intérêts en dents des mauvais payeurs, ceux qui dissuadaient les kamikazes de s’attaquer au reste de ses associés. Mais au-delà de la nécessité, Lou était motivée par le pur plaisir de mettre Dani à son service. Ce petit bout de vengeance au goût sucré glissait sur le bout de sa langue à l’idée de tirer la jeune femme à son niveau, la traîner dans un monde où elle serait, pour la première fois, plus forte qu’elle, plus puissante qu’elle. Pour sentir sa nuque sous son pied tandis qu’elle se débat contre son autorité en vain. « Et tu crois quoi ? Que je vais tomber à genoux en te disant merci pour cette offre si généreuse ? - Ça peut être un bon début.” Juste un début. Puisque Lou avait plus d’un tour dans sa manche, et si Dani ne la remerciait pas pour l’offre, il était certain qu’elle tomberait à genoux pour d’autres raisons. « C’est hors de question. Je pense que la drogue t’a peut-être un peu trop attaqué le cerveau si t’as imaginé une seule seconde que j’allais accepter. » A dire vrai, le tout n’aurait pas été aussi drôle ni aussi satisfaisant si Danika n’avait pas grogné de la sorte, et Lou avait espéré qu’elle lui donne un brin de fil à retordre. “Et t’as sûrement pris trop de coups sur le coin du crâne pour imaginer que je vais accepter cette réponse, Nicky.” fit-elle avec un fin sourire, la tête délicatement penchée, ironie et cynisme faisant briller son regard malicieux. Perchée au sommet de ses orteils, Lou attrapa la cigarette de Dani entre ses doigts et lui subtilisa une bouffée. “Je résume. Tu utilises mon ring comme défouloir personnel, tu te fais quelques billets au passage, et tu oses me cracher au visage quand je te propose de faire exactement la même chose mais avec un but et plus d’argent à la clé ? Franchement…” Sa langue claqua contre ses dents, récusant les faits énoncés. Au fond, toutes les personnes qui passaient la porte de la salle des machines lui étaient redevables, et aucune n’avait le droit de lui dire non. Rares étaient ceux qui débouteraient l’argent qu’elle avait à proposer en revanche, cependant l’orgueil de sa vieille amie n’était à ses oreilles que la réminiscence d’une scène qu’elles avaient déjà jouée par le passé bien des fois. “Mais pire encore, j’offre cet environnement dont tu es bien contente de profiter, mais quand je demande un juste retour, tu crois que tu peux t’accorder le privilège de refuser ?” Si Danika refusait de reconnaître la générosité de Lou, elle pouvait au moins constater sa propre ingratitude -telle qu’elle existait du point de vue de la jeune femme. “Non, Dani, non… Ce n’est pas comme ça que ça marche.” La poigne de Lou se referma sur le poignet de la jeune femme. La cigarette précédemment dérobée vint s’écraser sur le dos d’une main de Dani -son outil de travail- et demeura là, appuyée, calcinant la peau puis la chair durant de longues secondes. “Je vais te dire, moi, comment ça marche.” reprit-elle, maintenant qu’elle s’était assurée d’avoir toute l’attention de la brune et souligné avec ô combien de sérieux elle devait prendre ses paroles. “Soit tu me rends quelques faveurs de temps en temps de bon gré et je te paye généreusement. Soit tu feras de toute manière ce que je veux mais en sachant que je peux révéler ton passe-temps ici à qui veut l’entendre juste parce que je me suis levée du pied gauche.” Adieu sa réputation, le polish sur les souvenirs de sa carrière, l’honneur derrière le nom de sa famille et du dojo dont elle avait hérité ; même son vieux père se retournerait dans sa tombe à n’en pas douter. “Pas sûr qu’on te laisse la garde de ton fils.” conclut Lou en haussant les épaules, l’air de rien. Elle porta la cigarette toujours fumante à ses lèvres et inspira profondément. Entre l’odeur de chair brûlée et le goût de porc au barbecue, c’étaient bien des souvenirs du Club qui remontaient à la surface tandis que l’australienne continuait d’emboîter le pas de Mitchell.
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| | | | (#)Lun 1 Fév 2021 - 9:43 | |
| « Ca peut être un bon début. » Elle n’avait jamais été faite pour s’écraser, bien trop indomptable pour cela. Elle n’acceptait l’autorité que sur un tatami et même là elle avait la volonté de gagner, de dominer ce terrain de jeu qui était le sien. Alors la simple idée de tomber à genou devant Lou Aberline relevait d’un cauchemar de très mauvais goût. Un ricanement secoue ses épaules pendant quelques secondes. Le pire c’est que la femme semblait persuadée que Danika accepterait son offre, comme si elle aurait été prête à participer à sa petite organisation qui ne touchait apparemment pas qu’aux combats illégaux dans la salle arrière d’un bowling. Le refus est immédiat, ponctué d’un énième rappel qu’elle ne la considère que comme cette gamine droguée qui ne mérite aucune attention.
“Et t’as sûrement pris trop de coups sur le coin du crâne pour imaginer que je vais accepter cette réponse, Nicky.” Son regard prend une teinte plus sombre dès le moment où Lou attrape la cigarette qu’elle tenait entre ses lèvres pour en subtiliser une bouffée. Le corps de la brune s’est tendu imperceptiblement, comme consciente d’un danger imminent, d’une présence dans son espace vital qui ne disait rien de bon. “Je résume. Tu utilises mon ring comme défouloir personnel, tu te fais quelques billets au passage, et tu oses me cracher au visage quand je te propose de faire exactement la même chose mais avec un but et plus d’argent à la clé ? Franchement…”
Face au regard malicieux de Lou, celui de Danika est teintée d’une lumière de défi, d’un égo et d’une fierté qui refuseront d’être écrasées par la menace déjà sous entendue. Le ring n’est qu’un passe-temps qu’elle souhaite garder secret. Un vestige d’une vie qui n’est plus la sienne, un simple moyen de retrouver cette adrénaline nécessaire à sa survie. « T’as tout compris. » commente-t-elle avec froideur entre ses dents, la mâchoire serrée. Mais Aberline ne semble pas en avoir terminé, elle semble même ne faire que commencer. “Mais pire encore, j’offre cet environnement dont tu es bien contente de profiter, mais quand je demande un juste retour, tu crois que tu peux t’accorder le privilège de refuser ?” La tension présente dans cette allée est palpable, hérisse le poil de Danika dont le regard ne peut s’empêcher de chercher autour d’elle un danger qui accompagnerait la menace perceptible dans le ton employé par Lou. Peut-être qu’elle aurait dû simplement regarder devant elle, peut être que le danger irradie simplement de la femme en face d’elle qui n’est plus la gamine droguée qu’elle a connue. « Non, Dani, non… Ce n’est pas comme ça que ça marche. » La main de Lou se referme sur son poignet, au même instant son poing se lève prêt à réagir dès le moment où la cigarette vient s’écraser sur sa peau, brûler la chaire lui arrachant une grimace de douleur. « Qu’est ce-que tu fo— » Il aurait suffi d’une demie seconde pour qu’elle réplique, pour qu’elle vienne écraser ses phalanges sur le visage d’Aberline, pour qu’elle vienne briser cette main qui agrippe son poignet. Pourtant elle se fige, comme consciente de ce qui découlerait immédiatement de cette réponse. L’homme qui se trouve derrière la porte ne mettrait pas longtemps à arriver et elle se doutait qu’il n’hésiterait pas une seule seconde à planter une balle entre ses deux yeux si nécessaire. La tête brulée qu’elle était n’était pas stupide et surtout elle avait une famille qui avait besoin d’elle. Alors le poing levé reste bloqué dans sa montée sans venir trouver de cible avant de retomber le long de son corps. La cigarette brûle toujours sa chaire et à présent son regard reste ancré dans celui de Lou, elle ne cherche pas à dégager sa main, se contente de supporter la douleur en serrant les dents. Elle a déjà connu pire. “Je vais te dire, moi, comment ça marche. Soit tu me rends quelques faveurs de temps en temps de bon gré et je te paye généreusement. Soit tu feras de toute manière ce que je veux mais en sachant que je peux révéler ton passe-temps ici à qui veut l’entendre juste parce que je me suis levée du pied gauche. » Sa peau se glace et pour la première fois un frisson de peur parcoure son échine. Il ne lui reste plus que ça. La réputation d’une combattant passée. La révélation de ces combats était le genre d’information qui aurait pu l’empêcher jamais de remonter sur un podium. Cela pourrait impacter son dojo, l’honneur de sa famille et de son nom. « Pas sûr qu’on te laisse la garde de ton fils. » C’est la mention de son fils qui l’a fait vriller, qui mêle la colère à la peur, qui réveille l’instinct de protection qui est en elle. Une haine sans nom brille dans ses yeux contre cette femme qui ose la menacer, alors qu’elle porte la cigarette à ses lèvres, Danika vient l’attraper et la jeter par terre, s’approchant, menaçante. « Tu mentionnes mon fils encore une fois et j’en ai rien à foutre de ce qui pourrait m’arriver, je te ferais bouffer cette cigarette. » crache-t-elle sans réfléchir, sans comprendre qu’il n’y a pas de rébellion possible, qu’elle ne gagnera pas, pas ce soir, qu’elle sera écrasée dans cette ruelle par sa vieille amie. Elle a la terrible impression d’être prise au piège, qu’il n’y a pas d’autres options possibles. « T’es en manque de petits soldats ? et tu crois que m’embaucher moi c’est une bonne option ? T’as pas quelqu’un d’autre à qui proposer ton putain de sale boulot ? Qu’est ce que je vais pouvoir t’apporter ? » crache-t-elle avec violence, comme si Aberline n’avait pas encore pris sa décision, comme si Danika était dans une position de négocier. Elle a reculé malgré tout, observant une instant sa peau brûlée, serrant les poings, réalisant lentement qu’elle ne pourra pas se sortir de cette situation, qu’il y a bien trop en jeu. Mais surtout, la mention de l’argent à gagner mine de rien a fait son chemin, parce que les dettes accumulées sont bien trop nombreuses, qu’elle est sous l’eau depuis des mois déjà. Sans la regarder elle demande malgré elle : « On parle de beaucoup d’argent ? » Et juste comme ça, la graine d’acceptation est plantée dans son esprit, venant empoisonner chacun des principes que son père lui a un jour enseignés.
@Lou Aberline
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| | | | (#)Jeu 11 Fév 2021 - 22:54 | |
| | ► the midnight sky
Fire in my lungs, can't bite the devil on my tongue, I don't need to be loved by you
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Danika continuait à essayer de se battre contre l’inéluctable, sans réaliser que ses efforts pour débouter l’offre de Lou étaient vains. Car l’offre n’en était pas une et la menace était réelle ; la jeune femme n’avait jamais prétendu tout haut quelque chose qu’elle ne serait pas capable d’appliquer, et c’était cette parole qu’il fallait craindre. C’était l’épée de Damoclès qu’elle révélait au-dessus de la tête de l’ancienne championne, la mise en péril de sa réputation, de son dojo, et la stabilité de sa famille. Constituer ses troupes avec un couteau sur la gorge n’était certes pas la meilleure des stratégies, mais la petite brune n’avait guère d’autres moyens de se faire prendre au sérieux avant de s’être fait un nom. Elle l’espérait, le jour où l’on viendrait rejoindre ses rangs avec sourire et bonne volonté, où elle serait entourée de plus de personnes de la trempe de Jeremiah et de Solas, mais en attendant elle se faisait respecter par la crainte, et le goût n’avait rien à envier à tout autre genre de victoire. Ce ne fut donc que lorsque Lou mentionna le fils de Danika que celle-ci comprit le piège qui s’était refermé sur elle. Cela lui avait remis les pieds sur terre peut-être plus efficacement que la brûlure sur sa main. La réaction fut immédiate, et avec un léger sursaut, l’australienne assista à la capture de la cigarette et son vol plané vers le bitume dans un geste brut de la combattante. « Tu mentionnes mon fils encore une fois et j’en ai rien à foutre de ce qui pourrait m’arriver, je te ferais bouffer cette cigarette. » La jeune femme haussa un sourcil. Elle avait entendu des menaces plus imagées dans la bouche d’individus plus terrifiants que Dani. Les paroles passaient au-dessus de sa caboche. Le plus naturellement du monde, elle se pencha afin de récupérer la cigarette désormais éteinte. Et dans le même élan, une fois redressée, elle déposa le mégot au fond de sa langue, ferma la bouche et le goba comme un vulgaire comprimé d’aspirine. “C’est tout ?” souffla-t-elle avec un petit rire. Le goût de la cendre et du filtre usé s’éveilla au fond de sa gorge et avait de quoi filer la nausée, mais elle avait prouvé son postulat ; Danika ne lui faisait pas peur. Elle n’avait rien pour la menacer, rien pour se débattre. Elle était au pied du mur, et la satisfaction de le savoir valait bien la cancérette droit dans l’estomac.
« T’es en manque de petits soldats ? Et tu crois que m’embaucher moi c’est une bonne option ? T’as pas quelqu’un d’autre à qui proposer ton putain de sale boulot ? Qu’est ce que je vais pouvoir t’apporter ? » Non, non, non et rien du tout ; forcer la main à la jeune femme était une pure victoire personnelle, une petite vengeance dont la réussite allait illuminer son quotidien. A chaque fois qu’elle verrait la jeune Riley, Lou aurait la joie de se répéter qu’elle était sous son joug, qu’elle l’avait battue. “Pourquoi je voudrais proposer le job à qui que ce soit d’autre que ma vieille bonne copine Danika ?” fit-elle avec son plus bel air innocent, l’ironie modulant le ton de sa voix perchée dans les aigus. Elle pinça ses lèvres et haussa les épaules, la tête penchée sur le côté comme si elle contemplait un chiot en vitrine. “Et puis, tu prends le problème à l’envers, sweetie, elle reprit avec un peu plus de sérieux. Pense plutôt à ce que moi je peux t’apporter. L’argent, la sécurité de la Ruche…” Lou n’était pas toujours la meilleure des patronnes, elle ne supportait pas l’idée de jouer les mères de substitution d’une bande d’âmes en perdition, mais elle prenait soin des membres du gang malgré tout. “Les gens te respecteront ici. Tu seras plus qu’une combattante du dimanche aux abois. Tu seras quelqu’un à nouveau.” Celle qui pourrait mettre n’importe quel merdeux au tapis, celle qui ferait trembler les clients avec des dettes et dissuaderait les autres de devenir mauvais payeurs. N’y avait-il pas meilleure sensation que celle de forcer un silence de crainte et de respect dans une pièce dès qu’on y mettait les pieds ?
« On parle de beaucoup d’argent ? » Le sourire de Lou s’étira. Voilà ce qu’elle voulait entendre. Les casseurs de nez ne pouvaient pas être payés de la même manière que les dealers qui avaient un pourcentage de leurs ventes. Cependant, ils n’étaient pas en reste ; régler des comptes par la force était plus risqué et moins discret que de faire passer des pochons dans un coin de rue sombre. Un dealer risquait néanmoins plus de temps derrière les barreaux s’il se faisait prendre. Un équilibre devait être respecté à la hauteur des enjeux des uns et des autres. Le calcul se fit rapidement dans un coin de la tête de la jeune femme. “Deux mille par semaine. Tu pourras arrondir les fins de mois en dealant un peu si ça te chante, tu te feras dix pour cent. A vue de nez, je dirais que si tu te montres raisonnable, ça te fera rapidement assez d’argent pour te sortir de ton minuscule appartement, acheter une belle voiture...” A dire vrai, ce que Danika ferait de l’argent lui importait peu. Lou, elle, avait opté pour une multitude de comptes en banques qui dispatchaient son humble petite fortune à travers la ville. Elle n’avait pas encore décidé d’un investissement pour rendre ces sommes pérennes, mais elle comprenait pourquoi Strange s’était lancé dans le business de la pierre. Puisque la brune semblait quasiment convaincue, l’australienne sortit son téléphone et afficha sur l’écran le portrait d’un homme -simple mauvais payeur qui avait besoin qu’on lui rappelle que tout ce qu’il s’injectait dans les veines avait un prix. “Tu vois ce type ? C'est ton premier job. Sol te filera les détails.” De la poche arrière de son short, elle dégaina ensuite une liasse de billets. “Et voilà de quoi t’encourager un peu.” Les dollars firent une cloche dans l’air afin de passer de main à main. Ils sentaient bon les possibilités et l’absence de tout souci. Une senteur qui avait le pouvoir de corrompre même les plus récalcitrants.
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| | | | (#)Jeu 18 Fév 2021 - 19:26 | |
| Lou se baisse pour attraper le mégot de cigarette, le portant à sa bouche l’instant, d’après, l’avalant. Danika l’observe avec un rictus de haine, l’envie d’attraper la petite brune de l’étrangler était palpable. Elle se disait même qu’elle aurait dû le faire quand elles étaient gamines. « C’est tout ? » Aberline n’a pas peur, à vrai dire pourquoi elle aurait peur en étant à la tête de l’organisation qu’elle mentionnait. Bien sûr physiquement Danika l’aurait emporté, mais elle n’aurait rien pu faire contre un flingue et n’aurait pas tenu bien longtemps contre le garde du corps de la femme qui faisait deux fois sa taille. Elle réalise lentement qu’une quelconque menace ne servira à rien. Elle est piégée dans une situation qu’elle a cherché en allant sur ces rings. La femme qui se trouve en face d’elle n’a rien à voir avec la gamine qu’elle connaissait. Elle commence seulement à s’en rendre compte. “Pourquoi je voudrais proposer le job à qui que ce soit d’autre que ma vieille bonne copine Danika ?” L’intérêt pour Lou est donc de se complaire dans l’idée de savoir que la jeune femme est prise au piège. Elle l’aura battue, c’est elle qui tient l’épée de Damocles au-dessus de sa tête, c’est elle qui sortira vainqueur du ring de cette ruelle. Le regard de Dani se fait noir de haine, chaque seconde qui passe la fait la détester un peu plus. “Et puis, tu prends le problème à l’envers, sweetie, elle reprit avec un peu plus de sérieux. Pense plutôt à ce que moi je peux t’apporter. L’argent, la sécurité de la Ruche…” « Les emmerdes…la prison. » contrebalance-t-elle avec un sarcasme glacial. Mais elle n’a pas tort pour ce premier point. L’argent lui sera au rendez-vous. L’argent dont elle manque désespérément.
“Les gens te respecteront ici. Tu seras plus qu’une combattante du dimanche aux abois. Tu seras quelqu’un à nouveau.” Aberline la prenait pour qui, pour un chien en manque de viande fraiche ? « J’ai pas besoin de tabasser des gens pour me faire respecter. » réplique-t-elle avec froideur, le contrairement à toi, plus que sous entendu dans son regard. Mais il y avait un certain attrait dans ses paroles. Le fait de redevenir quelqu’un sur ces rings était bien plus attrayant qu’elle ne voulait l’admettre. Mais surtout, elle savait que ce qui l’attirait était l’adrénaline, la sensation de danger qui faisait battre son cœur bien plus vite et qui en même temps la rendait un peu plus vivante.
“Deux mille par semaine. Tu pourras arrondir les fins de mois en dealant un peu si ça te chante, tu te feras dix pour cent. A vue de nez, je dirais que si tu te montres raisonnable, ça te fera rapidement assez d’argent pour te sortir de ton minuscule appartement, acheter une belle voiture...”
Elle fuit son regard, faisant les calculs dans son esprit. Deux mille par semaine. C’est bien plus qu’elle ne gagnera jamais ailleurs. Sortir de son appartement, acheter une belle voiture ne seraient pas la priorité pas quand elle devait des sommes astronomiques aux créanciers de son père. Ce n’est pas à Lou qu’elle allait s’étendre sur ça.
Mais deux milles par semaine à quel prix ? Elle s’était toujours battue pour le goût de la compétition, le goût de l’art martial ou de la boxe. Elle ne se battait pas pour blesser. Lou, ce soir, lui demandait d’utiliser des talents renforcés chaque jour depuis sa naissance pour tabasser les mauvais payeurs ou toute autre personne qu’elle l’aurait décidé.
« Je deal pas. » affirme-t-elle soudain. Elle n’a pas dit non à son autre proposition. Mais peut-elle vraiment se permettre de dire non quand Lou pourrait détruire sa vie entière ? elle est prise au piège dans cette allée et il n’y a aucune possibilité de sortie.
La brune tente de se convaincre que les types le mériteront, que quiconque achète la marchandise d’Aberline méritait certainement de se prendre une raclée, qu’elle ne touchera qu’à des gens qui le méritent, mais elle se ment à elle-même. Alors elle serre la mâchoire, .
Lou sort son portable, lui montre l’image d’un type et Danika pâlit, se rendant compte que le travail commence ce soir. “Tu vois ce type ? C'est ton premier job. Sol te filera les détails. Et voilà de quoi t’encourager un peu » Elle sort les dollars de sa poche et le son des billets brassant l’air sonnent comme la fin de son honneur.
Tant pis pour son honneur, tant pis pour ses principes, Danika serre les dents, attrape les billets et accepte ce nouveau monde dans lequel elle vient d’entrer pour ce qu’il est : la seule possibilité de survie.
@Lou Aberline
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| | | | | | | | (LOU & DANI) the midnight sky is the road I'm takin' |
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