Si Ethan s’était demandé pourquoi il serait allé au cinéma, il se dirait à lui-même que c’était pour le divertissement, pour la joie de regarder de beaux effets spéciaux, une belle action. Mais certainement pas pour ce qui allait se passer pendant la séance. Pas du tout. Ça, Ethan, s’en serait bien passé.
Le petit blondinet avait pensé pendant toute la semaine à sa séance de cinéma. Il avait repéré le film depuis 1 semaine. Le jour de sa sortie, on en avait parlé à la télévision et l’histoire avait bien tenté Ethan. Il imaginait déjà ce qu’il pourrait s’y passer. De l’action, de l’action et encore de l’action. Enfin, surement des courses poursuites, des cacades fantastiques et une belle fin malgré un début un peu désastreux. Dans l’histoire, pas dans l’aspect du film. Ethan aimait beaucoup les belles fins. Comme celle des contes de fées. Mais assez d’imagination et plus de patience.
La semaine était passé plutôt vite et enfin, le jour du film était arrivé. Le blond s’était préparé toute l’après-midi. Il ne s’était pas bien habillé, il n’allait qu’au cinéma après tout mais, il se recoiffait un peu et se parfuma. Ethan avait pris les transports pour aller au cinéma en demandant son chemin en route car, il venait à peine d’arriver et ne savait pas encore très bien où se trouvait tous les bâtiments et espaces intéressant.
Le cinéma trouvé, le billet acheté, le blond s’assoit et enfin le film commence. Cela avait bien commencé et l’imagination d’Ethan se mettait déjà en marche à quasiment chaque scène du film. Tout se passait bien et le jeune homme fut content de sa décision sur sa soirée. En plus, en venant au cinéma, il avait vu les lumières de la nuit et de la fête des lumières. Cela ressemblait à des petites étoiles et Ethan aimait beaucoup ça. Mais maintenant, il devait se concentrer sur le film. Du moins, une fois que la scène qui semblait se réchauffer entre deux personnages sera fini. Cela mis un peu mal à l’aise le blond. Il essayait de guérir de son traumatisme mais il aimerait ne pas à avoir à le voir dans une scène d’un film alors qu’il n’avait rien demandé. Ethan bougea sur son siège, ne sachant pas quoi faire.
- La scène ne devrait pas s’éterniser, pensa t’il.
Mais la scène continua et devient même encore plus intime. Alors qu’il ne l’avait pas voulu, les images du film se mélangeaient aux images qu’il aurait à tout jamais dans la tête à cause d’une mauvaise expérience. Ethan essaya de ne pas regarder l’écran mais le son faisait bien comprendre ce qui se passait. Les images de son traumatisme commençaient à vraiment remplacer celle du film et le blond commençait à avoir énormément chaud. Mais dans le mauvais sens.
N’en pouvant plus, le jeune homme prit ses affaires et s’en alla de la salle, le cœur serrait à bloc, une envie de pleurer se manifestant légèrement. Mais il ne voulait pas montrer cette facette au monde, il ne comprendrait pas. Le blond marcha donc, tête baissée, les yeux brillants en essayant d’oublier ce qu’il venait de voir et ce que cela lui avait fait souvenir.
Il se posa contre le mur, en dehors de la salle et essaya de respirer. S’il regardait le plafond en respirant, ça devra aller. On inspire, on expire, on inspire, on expire. Tout va bien.
Victoire se remet peu à peu de son accident, les douleurs ont presque disparues et elle est sortie d’affaire, mais ce n’est pas son corps qui a le plus besoin de guérir. C’est son âme et son esprit qui sont les plus douloureux et torturés. Mais Vic sent que cette fois-ci, elle est bien partie, elle vient d’obtenir son jeton des AA pour ses deux mois de sobriété. Ce n’est pas la première fois dans sa vie qu’elle obtient celui-ci mais c’est la première fois qu’elle en est fière parce qu’elle n’a pas menti pour l’obtenir, elle est vraiment sobre depuis 60 jours. La Française a l’impression qu’elle est enfin sur la bonne voie, ce n’est pas facile mais elle a même passé une soirée avec un ami du genre masculin dans un bar et elle n’a presque pas flippé. Elle a même réussi à profiter de la soirée. Alors, petit à petit, elle se donne des challenges, se pousse à faire des choses qu’elle n’aurait jamais faites auparavant.
Aujourd’hui, elle a décidé d’aller au cinéma seule. Habituellement, ce n’est pas le genre d’endroit qu’elle fréquente, Victoire a toujours regardé ses films en streaming, légal ou non, sur son canapé, protégée du monde extérieur et bien souvent assommée d’alcool et de cannabis. Mais ça c’était avant, elle n’a plus touché à tout ça depuis l’accident et maintenant, elle va se tester . Voir un film entourée d’inconnus, dans une salle sombre, ça l’aurait terrifiée il y a quelques semaines, mais maintenant elle se dit qu’elle peut le faire. Tant que la salle n’est pas bondée et qu’elle n’a pas de voisins de siège, tant qu’elle ne tombe pas sur un pervers qui arpente les salles de cinéma pour draguer les femmes seules dans l’obscurité… Ça ne doit pas exister ça non ? Les gens sont malades mais quand même… Elle essaye de s’en convaincre pour arrêter la machine à angoisses qui tourne à plein régime dans sa tête, elle est devenue un peu plus efficace dans ce domaine même si elle a encore du boulot.
Finalement, elle a réussi à aller jusqu’au bout de son challenge, elle est assise dans une salle de cinéma. Elle a choisi un film d’action lambda comme elle en regarde des centaines depuis son canapé. Il y a une actrice très charmante à l’affiche, c’est ce qui l’a décidée, avouons-le. Elle a choisi une place stratégique, tout à gauche de la salle dans le petit carré de sièges très excentré de l’écran, là où personne ne va s’asseoir s’il a le choix. Elle prend la place côté couloir pour ne pas se sentir prisonnière contre le mur si jamais quelqu’un venait à s’asseoir sur la même rangée qu’elle, elle a son pot de pop corn sucré (toujours sucré) sur les genoux et elle attend le début du film en scrutant les arrivées. Personne ne vient se coller à elle, parfait, elle va pouvoir profiter du grand écran comme n’importe quel spectateur.
Le film commence sur les chapeaux de roue, puis arrive la sempiternelle scène de sexe, celle qui n’intéresse pas vraiment Vic, dont elle détourne souvent le regard. Mais cette scène est comme d’autres dans le cinéma mainstream, assez problématique. La jeune femme est une contre-espionne qui a été capturée par le héro, il la menace de la faire emprisonner, elle essaye de se trouver une porte de sortie mais elle ne domine clairement pas la négociation. Il a l’avantage, elle est à sa merci et ce rapport de force finit par mener à un baiser volé, la femme plaquée violemment contre le mur, les mains qui s’invitent sous ses vêtements. Elle ne résiste pas longtemps, mais elle résiste. La plupart des spectateurs n’y verront qu’une scène sexy que la brutalité rend plus croustillante, d’autres se diront que de toutes façons, elle l’a voulue, que c’est sa porte de sortie, que c’est son choix, qu’elle n’avait qu’à pas être dans l’autre camps. Vic y voit clairement un viol, pour l’avoir vécu et s’être trouvée dans cette position de dominée, se sentant forcée de subir. Elle se sent mal, elle ne peut plus regarder le film, ses mains tremblent et elle a l’impression d’étouffer dans l’obscurité. Elle se lève un peu dans la précipitation et renverse la moitié de son pop corn sur le sol. C’est alors qu’elle voit un garçon s’enfuir de la salle, il passe devant elle sans la voir, le visage fermé, regardant ses pieds. Victoire le suit, simplement car c’est le chemin pour sortir de la pièce et qu’elle ne peut plus voir ni entendre la scène qui lui fait revivre ses pires souvenirs.
Elle sort quelques secondes après lui, avec son pot de pop corn à moitié vide à la main, le visage blanc comme un linge et l’envie de vomir. Elle le voit du coin de l’œil, assis par terre à fixer le plafond en essayant de se calmer. Elle lui laisse de l’espace et part de l’autre côté de la porte, main appuyée contre le mur, légèrement penchée en avant comme si elle allait vraiment régurgiter sur la moquette rouge. Mais elle se contente de souffler et d’adopter la même technique que le jeune qui se trouve dans son dos à présent. Inspirer, expirer, inspirer, expirer. Elle ferme les yeux et trouve le chemin mental que lui a enseigné sa nouvelle psychologue, un chemin qui parfois peut lui permettre d’échapper aux images traumatiques. Au bout de quelques instants, elle a réussi à se débarrasser de l’angoisse et de la panique, elle n’est clairement pas au meilleur de sa forme ou de son moral mais elle n’est plus en crise. Alors, elle se redresse et se tourne lentement vers le garçon. Il a l’air dans le même état qu’elle, c’est à dire : mal. Victoire, en plus de son expérience personnelle, commence à avoir l’œil pour repérer les comportements de personnes traumatisées, elle en côtoie beaucoup dans l’association où elle est bénévole.
Elle n’est pas vraiment du genre à aller aborder un inconnu comme cela mais elle ne veut pas le laisser dans son mal-être ainsi. Alors elle s’avance doucement vers lui. « Ça va ? » Une entrée en matière assez nulle, assez bateau et si la question est presque rhétorique, elle est pourtant universelle. Bien sûr que non, il ne va pas bien, pas plus qu’elle. Elle s’assoit contre le même mur que lui, tout en gardant une bonne distance entre eux pour son confort autant que pour le sien. « Je regrette vraiment d’avoir payé aussi cher pour voir cette merde... » C’est vrai après tout, Vic n’a pas envie de faire gagner de l’argent à des producteurs, réalisateurs, scénaristes qui entretiennent la culture du viol de la sorte. Payer pour se prendre son trauma en pleine face dans un lieu public, il y a mieux comme plan pour un samedi après-midi. Elle tend le bras pour poser le pot de pop corn entre eux deux : « Ça m’a coupé l’appétit, mais peut-être que le sucre te fera du bien à toi... » Elle essaye d’engager la conversation le plus naturellement et subtilement possible. Elle ne compte pas lui demander de but en blanc ce qui l’a fait fuir de la salle sombre, ni lui demander s’il a été victime d’agression sexuelle frontalement. Ce serait le meilleur moyen de le faire fuir. Non, elle veut juste qu’il se sente moins seul et peut-être qu’elle veut aussi se sentir moins seule en l’aidant, après tout c’est pour aller mieux et faire le bien autour d’elle qu’elle s’est engagée dans cette association.
Spoiler:
Désolée du pavé je me suis laissée aller! Je viens de voir que t'as posté depuis le 9! Heureusement que tu m'as parlé du RP dans la CB sinon je l'aurais jamais vu
Le cinéma. Tout le monde en parle comme d’un endroit où malgré le noir constant, on s’y sent en sécurité. Et cela est vrai. Mais juste parce que les films sont absorbants. Enfin la plupart du temps. Les films d’actions qui te donnent envie de partir battre un méchant, les films d’auteur qui t’endorment, les films étrangers qui te permettent la plupart du temps à apprendre une autre langue. Ou encore les films d’amour qui te donnent envie d’embrasser la première personne qui t’intéresse. Enfin, après une ballade dans les fleurs. Ethan aimait bien tous ces genres de films, cela le faisait rêver. Il vivait toutes les émotions citées. Enfin presque toutes parce qu’il essayait d’éviter jusqu’à peu, les films d’amour car cela se finissait souvent avec une scène osée que personne n’avait demandé. C’est pour cela d’ailleurs qu’il avait choisi un film d’action. Il était quasiment sûr de n’avoir rien à craindre de ce côté-là. Mais qu’est-ce qu’il pouvait être naïf parfois. Dans la société dans laquelle il vit, tout est sujet à cette forme d’intimité, même dans un film d’action apparemment. Il avait pourtant regardé la bande-annonce avant de venir. Pour être sûr qu’il n’y avait rien qui pouvait le trigger. Alors du coup, soit il avait sauté le passage dans la bande annonce, soit on lui avait fait à l’envers. Mais le fait que la jeune femme se fasse embrasser presque de force et bien qu’elle semblât l’approuver à présent, commencer à coucher avec cet homme, ça, le blond ne l’avait pas vu venir. Que c’est bien pensé quand même.
Il avait essayé. On ne pourra pas dire qu’Ethan était parti à la première difficulté. Il avait essayé de rester, il avait essayé de, juste, ne pas regarder l’écran, d’oublier ce qui se passait à l’écran comme dans sa tête. Mais cela n’était plus possible. Il ne savait même plus quoi ils faisaient à l’écran car ses yeux s’étaient fermés comme pour bloquer les images. Sans succès. C’est pour ça qu’il est parti aussi. Il fallait qu’il sorte, il fallait qu’il respire. Alors, la sortie s’offrait à lui. Il s’était assis par terre, regardant le plafond. Pourtant, il vit une ombre passait devant lui. Quelqu’un était sorti aussi, juste après lui. Dans sa grande détresse, il se demanda si c’était pour lui mais en réalité, la personne semblait aussi n’avoir pas eu envie de voir la scène. A peine quelques respirations plus tard, la femme vint à sa rencontre. Elle lui posa une question assez rhétorique par laquelle le blond haussa juste les épaules.
Le blond n’était pas en état de parler. Il savait que s’il devait ouvrir la bouche, il finirait peut-être par pleurer et malgré son petit et inutile espoir de bonté de quelqu’un, la femme, envers lui, il n’avait pas vraiment envie que quelqu’un le voit dans cet état. Après tout, selon la société, il est un homme donc aimer ce genre de scène. Mais non, non, pas quand on a eu un traumatisme. Mais que dit ‘il. C’est un homme, il ne peut pas avoir eu de traumatisme intime de ce genre. Il n’avait rien dit mais ses yeux et ses paupières disait tout pour lui. Enfin, qu’il était en pleine réflexion intérieure. Entre temps, la dame s’était assise à côté de lui. Elle commença à critiquer le film.
Dans un effort, le blond tourna sa tête vers la salle. Mais les images reviennent à lui. Il ferma les yeux et se tourna vers sa camarade. Elle lui proposait son pop-corn. Ethan regarda la boite. Il avait faim c’est vrai mais il avait peur de ne pas réussir à le manger. Malgré tout, il prit la boite en remerciant la dame.
- Ça craint de sortir de la salle pour une seule scène n’est-ce pas ?
Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça. D’abord parce que la dame aussi était sorti mais surtout parce qu’elle ne savait peut-être pas que c’était à cause de la scène osée qu’il était sorti. Et puis, qui engage la discussion comme ça. Ethan essaya de se rattraper.
- Enfin, je veux dire. Il y avait des scènes que personne ne demande et… Ethan sentit qu’il disait n’importe quoi. Laissez tomber.
Pour se forcer à se taire car il disait vraiment n’importe quoi, Ethan commença à manger dans la boite de pop-corn. Peut-être que la nourriture ne passera pas mais au moins, il se taira comme ça. C’était peut-être le mieux pour le moment.
Vic est encore tremblante quand elle vient s’asseoir à côté du jeune garçon qui semble avoir été choqué par la même scène qu’elle. En temps normal, elle se serait probablement sentie bête, elle s’en serait voulue de prendre les choses toujours aussi violemment, de ne pas réussir à simplement détourner le regard. Mais là, elle est en colère, en colère que ce film lui ai balancé son traumatisme en plein visage sans crier gare. Et puis, elle fuit ce sentiment d’angoisse en reportant son attention sur le jeune inconnu qui a fui lui aussi la salle obscure. Elle lui dépose le paquet de pop corn, comme une offrande, une main tendue, et il la saisit. « Ça craint de sortir de la salle pour une seule scène n’est-ce pas ? » Il se sent probablement stupide ou ridicule, Vic connaît bien ce sentiment, elle passe son temps à se fustiger, une petite voix intérieure s’amuse à critiquer chacunes de ses réactions, de ses actions, de ses paroles… « Non, ce qui craint c’est qu’ils mettent pas de putain de trigger warning en début de film ! » s’agace-t-elle, mais elle sait que c’est peine perdue, pour les producteurs du film la scène n’est assurément même pas une scène de viol, alors que si.
Son interlocuteur s’agite à ses côtés, il a l’air embarrassé par ses propres mots et cherche à se justifier. « Enfin, je veux dire. Il y avait des scènes que personne ne demande et… Laissez tomber. » Elle lui jette un regard presque maternel, comme si elle se trouvait face à un mini-elle, bafouillant après en avoir trop dit, se sentant bête et enfournant du pop-corn dans son bec pour ne plus l’ouvrir. « J’ai bien compris, la scène de viol c’était vraiment pas nécessaire à leur intrigue d’espionnage à la con... » rage-t-elle autant pour elle-même que pour il sache qu’elle comprend, qu’elle sait. Même si elle ne connaît pas son histoire, même si elle n’a pas les détails, elle a reconnu sur son visage le traumatisme. Et si elle suppose que ça concerne le viol, c’est simplement car elle se base sur sa propre expérience, mais elle ne minimiserait en aucun cas son vécu si elle savait de quoi il était fait.
Elle fixe le mur en face d’elle, laissant au jeune garçon une certaine intimité en lui posant la question suivante. Elle ne veut pas qu’il se sente comme si elle décortiquait chacune de ses réactions. « Ça t’arrive souvent ? » Elle se mort la lèvre en réfléchissant à comment poser sa question sans être vexante ou trop insensible. « D’avoir des angoisses comme ça ? » Elle ne le regarde toujours pas, concentrée sur la texture du mur face à elle, il y a un impact qu’elle fixe comme pour se raccrocher à ce détail alors qu’elle s’apprête à se livrer un peu, pour lui ouvrir la voie. « Ça m’arrive beaucoup trop, perso. C’est hyper handicapant... » De voir partout des déclencheurs qui font ressurgir le traumatisme, provoquent une crise d’angoisse, la poussent vers de mauvaises solutions pour oublier. Ces mauvaises solutions qui ne fonctionnent jamais : l’alcool , la drogue, l’enfermement, l’auto-destruction à petit feu… Peut-être que si elle avait rencontré quelqu’un qui la comprenait quand elle était bien plus jeune, elle ne serait pas tombée dans cette éternelle dépression, dans cet alcoolisme incurable… « Tu as quelqu’un à qui parler ? » Elle espère qu’elle ne va pas le faire fuir, elle y va peut-être un peu trop fort ? Elle se risque à un coup d’oeil en sa direction pour voir quelle expression il affiche.
Le cinéma est un lieu de divertissement divers et varié. On peut en ressortir autant en larmes que joyeux. Cela aurait put être le cas pour Ethan mais nous savons tous ce qu’il s’est passé. Film dans le noir veut dire grande imagination en route. Enfin surtout pour Ethan. Mais grande imagination plus scène osée non demandé, on mélange le tout et cela donne des souvenirs dont le blond ne voulait pas avoir de nouveau en tête. Cela était tout de même dommage si toutes les personnes réagissaient comme lui. Peut-être que c’était l’exception qui confirme la règle. Ethan s’était plus sûr de rien. Tout ce qu’il savait, c’était qu’à présent, il avait ses affaires dans les mains et sortait de la salle, presque en larmes.
Il avait eu presque du mal à respirer. Heureusement qu’il avait eu l’idée de se poser contre le mur. Il ne fallut que quelque minute pour que quelqu’un le suive et vienne s’assoir à côté de lui. Ce film d’action faisait donc des ravages. Ethan avait pris le pop-corn qu’on lui tendait et eut l’idée de continuer la conversation. Sauf que sa réflexion avait dû rester chez lui car il ne dit pas une magnifique phrase d’accroche. Cependant sa camarade surenchérie dessus ce qui rassura un peu le blond. Tout en le faisant se poser des questions. Elle avait raison, le film aurait dû marquer que certaines scènes pouvaient déstabiliser des gens. Comme quoi, il vivait vraiment une époque très accès sur ce genre de scène. La dame sembla aussi agacée que lui.
Ethan avait essayé de se rattraper mais sans réussir. Il avait entrepris de manger du pop-corn pour s’arrêter de parler. Mais encore une fois, sa camarade prit le relais. Elle semblait vraiment énervée par ce genre de scène et la façon dont elle avait dit le mot viol avait fait hausser les sourcils du blond. Mais il préféra se taire plutôt que de dire une bêtise. Il ne connaissait rien d’elle donc il valait mieux ne rien faire, manger en silence et ensuite peut-être partir en la remerciant. Peut-être la dame à ses côtés pensait la même chose car un silence était à présent très distinctif. Mais une question vint casser cet échange silencieux. Ethan regardait sa camarade avec des yeux grands ouverts. Il ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Il voulait faire l’innocent et lui demandait de quoi elle parlait mais la blonde continua sur sa lancée. Le jeune homme fut un peu timide. Il ne se voyait pas dire que oui, dés qu’une scène un peu osée arrivait à ses yeux, il avait tendance à partir en panique alors ne parlons de la vraie chose. Et même sans ça, certains mots et gestes lui rappelait ça. Non, il n’allait pas le dire comme ça, presque personne ne pourrait comprendre. Alors, après quelques pensées internes, il se pinça les lèvres.
- Non, pas vraiment.
C’était un mensonge. Clairement. Peut-être que sa voix mal assurée sur cette réponse allait le trahir. Il n’en savait rien. Par contre, la dame lui raconta un peu son vécu. Ethan sentit son cœur se serrer. Mais dans quel monde vivait-il pour que deux personnes aient des crises d’angoisses sur un sujet peut-être commun. Ethan regardait la dame qui semblait passer par une et milles émotions en même temps. Il se sentit vraiment mal.
- Je suis désolé.
C’était sortit tout seul. Le blond n’avait rien à se reprocher mais cela fut instinctif. La parole a prit le dessus sur son cerveau et sa réflexion. Quand la dame lui demanda s’il avait quelqu’un pour parler, Ethan baissa les yeux et se pinçant les lèvres. Encore. Il pourrait mentir. Encore. Mais à quoi bon mentir encore une fois. Surtout que sa camarade n’avait pas l’air méchante.
- Pas vraiment.
Un peu timide, Ethan regarda le sol. Il avait quelqu’un en Angleterre mais avec son déménagement, il n’avait pas encore retrouvé un spécialiste pour ça. Surement une peur intérieure qu’on se moque de lui comme beaucoup le font même s’ils ne savent pas la raison du pourquoi. Le regard à présent devant lui, le blond surenchérit.
Victoire est assise dans le couloir d’un cinéma, ça la ramène des années lumières en arrière, avant qu’on la repère dans la rue et qu’on lui propose de faire des photos. Avant qu’elle abandonne son enfance pour devenir bien trop vite une adulte. A cette époque-là, elle allait au cinéma parfois avec sa mère, d’autres fois avec sa meilleure amie. Quand elles n’étaient que toutes les deux, elles arrivaient en avance, s’asseyait devant la porte de la salle sur la moquette rouge du cinéma et elles refaisaient le monde en mangeant leur popcorn. C’était un autre temps, une époque révolue où l’insouciance était reine. Penser à ces moments de bonheur ne fit que serrer un peu plus le cœur de la Française, si seulement elle avait dit non quand on lui avait proposé de devenir mannequin. Si elle avait su, elle n’aurait rien dit à sa mère et elles seraient restées heureuses, toutes les deux, dans leur vie simple dans le Nord de la France. Mais elle ne peut pas retourner en arrière, elle ne peut pas effacer le passé et elle ne peut que faire compter le présent et se construire un futur meilleur. Au moins, elle est là aujourd’hui et peut-être qu’elle va aider ce jeune garçon, peut-être que tout ceci n’aura pas été vain et qu’elle va pouvoir faire une différence dans la vie de quelqu’un.
Elle lui demande si ça lui arrive souvent d’avoir ce genre de réactions, elle essaye d’entrer dans le vif du sujet mais petit à petit. « Non, pas vraiment. » répondit-il après une pause un peu trop longue et d’une voix légèrement tremblante. Il essaye de sauver les apparences probablement, Vic est persuadée qu’il ment, ou au moins qu’il minimise le phénomène. Alors, elle décide de lui partager sa propre expérience, de se confier, d’avouer ses faiblesses, tout cela dans le but qu’il sache qu’il n’est pas seul et qu’il se sente peut-être en confiance pour se livrer à son tour. « Je suis désolé. » Elle le sent ému, affecté parce qu’elle lui dit. « Merci, mais tu n’y es pour rien... » Elle s’efforce d’afficher un fin sourire pour ne pas le mettre mal à l’aise, elle est là pour l’aider, pas pour se laisser submerger par ses propres névroses et traumatismes, encore moins en les lui jetant au visage. Il n’a probablement pas besoin de ceux des autres, en plus des siens.
Un silence s’installe, puis elle le rompt à nouveau en lui demandant s’il a quelqu’un à qui parler de tout ça. « Pas vraiment. » répond-t-il timidement, il utilise peu de mots et elle le voit du coin de l’œil fixer le sol. Elle ne sait pas vraiment les causes de sa fuite du film, il y a mille explications pour qu’une scène de sexe soit traumatisante pour un individu. Et même si Vic pense tout de suite à des abus sexuels du fait de son vécu, elle sait également très bien qu’il existe d’autres raisons possibles à son comportement. « Je n’ai plus personne. » Cette phrase brise le cœur de Victoire car elle comprend totalement ce sentiment. Elle l’a vécu à plusieurs reprises dans sa vie, mais surtout lors de son arrivée incognito à Brisbane quelques mois après la mort de sa mère, là elle s’était sentie plus seule que jamais. « Non, tu m’as moi maintenant, enfin… Si tu veux. » Elle ne veut pas non plus s’imposer, mais elle veut lui faire comprendre qu’il n’est pas seul. Elle n’est plus en train de détaillé le mur face à eux, elle a même pivoté vers le garçon et cherche à accrocher son regard. « Je me présente, Victoire. Et toi, comment tu t’appelles ? » Il paraît que c’est comme ça que les gens normaux commencent une relation, ils s’échangent des banalités sur leurs prénoms, leurs métiers, leur statut marital (celui-là ils peuvent probablement s’en passer). « Je sais que tu vas probablement trouver ça étrange, mais j’aimerais t’aider... » Elle lui adresse un sourire qu’elle veut à la fois sincère et rassurant, s’il n’a pas confiance en elle, cette conversation va vite être terminée et il va s’enfuir. « Je suis bénévole dans une association de lutte contre les violences faîtes aux enfants et adolescents. Toutes formes de violences. » Elle appuie volontairement sur cette précision parce qu’elle ne sait pas ce qu’il a vécu, cela peut-être de la violence morale, physique, sexuelle, psychologique… Elle sort une carte qui contient les contacts de l’association et un stylo, elle ajoute son numéro de téléphone au dos avec son prénom et un petit cœur. « Tiens, prends-la. Tu n’es obligé de rien, mais sache qu’il y a des jeunes de ton âge, des psychologues gratuits et toujours des gens prêts à écouter. » Elle scrute ses réactions, peut-être qu’il voudra parler maintenant, peut-être qu’il l’appellera demain ou dans un mois, ou jamais. Mais elle espère que s’il n’est pas prêt encore, au moins, un jour s’il a besoin d’aide, il pensera à elle ou à l’association,
La situation aurait être considéré comme bizarre. Et peut-être qu’elle l’était. Deux personnes assises devant une salle d’un film en cours, tous deux, semblant dans le silence d’un moment en même temps partagés et individuel. Les deux blonds semblaient se comprendre tout en se posant des questions l’un sur l’autre. Et tout cela à cause d’un film. On n’arrête pas la diversité des rencontres après tout. La discussion avait commencé tout doucement, la femme proposant au plus jeune son paquet de pop-corn, lui l’acceptant. La discussion était donc de rigueur. Le problème, c’est qu’apparemment les deux blonds avaient autre chose en commun que d’être sortit d’un film sans warning pour les scènes osées, surtout quand elles ne sont pas consenties. Sa camarade lui avait posé une question à propos de ses crises d’angoisses. Et cela avait un peu inquiété Ethan. C’était stupide. Si on demande à quelqu’un quelque chose comme ça, c’est qu’on s’y connait. Mais le blond s’était presque braqué. Trop de souvenirs, de moqueries en tête. Il avait tout de même continué la conversation. Il se sentait désolée de la situation dans laquelle aussi bien lui que sa camarade était. Elle avait beau lui avoir dit que ce n’était pas de sa faute, le blond se sentit coupable. Un peu.
- C’est la faute des hommes.
Ethan venait de faire une généralité mais cela ne pouvait être que ça. Il avait été traumatisé par un homme et cela ne l’étonnerait pas que cela soit la même chose pour la blonde. C’était peut-être ça qui avait plongé le couloir déjà silencieux dans un plus grand silence. Mais heureusement sa camarade semblait vraiment vouloir l’aider. Surtout quand Ethan déclara n’avoir plus personne. Elle avait surenchéri en se désignant. Cela avait fait sourire l’anglais timidement. Quelle rencontre bizarre. Tout ça à cause d’une scène. De plus, cela les força même à se présenter.
- Je suis Ethan, enchanté.
Le blond avait tenté de l’humour malgré sa situation. Leur situation. Victoire rebondit sur sa présentation et déclara vouloir l’aider. Ethan n’était pas trop sûr de comment elle pourrait faire. Comment l’aider alors que ça fait des années qu’il essaye et que son cas est encore tabou. Mais la jeune femme avait l’air joyeuse et lui souriait. Elle lui présenta une association dont elle était membre en précisant sur une phrase. Cela percuta Ethan. Cela le braqua un peu. Oui, il avait besoin d’aide mais peut-être qu’il n’allait pas le faire, il ne savait plus.
- C’est gentil de votre part mais je ne suis plus un adolescent. Malgré mon visage de bébé.
Il avait tenté l’humour. C’était peut-être la seule chance de se sortir de tout ça. Quand Victoire lui tendit la carte, il l’a pris par politesse mais il ne savait pas ce qu’il allait faire. Peut-être y aller, peut-être ne pas le faire. Ethan ne savait plus rien. Il avait peur des moqueries comme beaucoup de fois. Il pourrait y aller mais il avait peur de prendre la place de quelqu’un. Ethan pense à une femme par exemple. Certes, ce genre de choses arrivent à tout le monde, il en a la preuve et malheureusement mais justement, ce sont plus souvent les femmes les victimes alors, le blond ne voudrait pas prendre la place de quelqu’un.
- Je n’ai jamais connu la violence par mes parents donc ça ne me concerne pas vraiment.
Certes, il n’avait pas connu la violence par ses parents ou même la violence physique mais émotionnel oui. Il avait encore la sensation et les images de cette nuit qui arrivait de temps en temps. Plus nombreux qu’il l’aurait souhaité. Et puis, il est un homme donc il n’est pas censé avoir subi cela et il est même sensé aimer les scènes osées.
- Je ne sais pas. Je ne voudrais pas prendre la place de quelqu’un qui en as vraiment besoin. Puis, je suis un homme, ça devrait aller.
Cette phrase était à double sens. Car en tant qu’homme, il n’est pas sensé avoir subi de problèmes sexuels selon la société. Le problème, c’était que si. De plus selon la norme sociétale, un homme n’a pas besoin d’aide. Il peut s’aider lui-même. Le blond regarda Victoire avec un sourire crispé et les yeux humides. Il espérait juste que cela ne se voyait pas. Il tourna la carte dans la main sans savoir quoi faire en même temps.
Les voilà ensemble, tous deux si différents et pourtant si similaires, deux traumatisés qui parlent de choses si graves et intimes alors qu’ils ne se connaissaient pas quelques minutes plus tôt. Vic se confie et quand elle lui dit qu’il n’a pas à être désolé, qu’il n’y est pour rien, sa réponse résonne en elle : « C’est la faute des hommes. » Elle l’a pensé tellement de fois, elle a vécu ces dix dernières années dans la haine et la peur de la gent masculine et donc elle ne peut qu’acquiescer : « Oui. Presque toujours... » Elle ne veut pas faire de faux pas, elle ne sait pas ce qu’il a vécu et bien que ce soit bien plus rare, il a pu être agressé par une femme, elle ne veut pas nier sa réalité si c’est celle-ci. Les mots peuvent parfois faire plus de ravages que la violence physique, alors la Française marche sur des œufs, se rappelant des formations qu’elle a suivi à l’association, des choses qu’il ne faut pas dire. Il dit n’avoir personne et cela brise le coeur de Vic, elle s’offre alors à lui, comme une oreille attentive, une aide, une amie qui sait ? Cela les pousse à enfin se présenter : « Je suis Ethan, enchanté. » Elle lui adresse un sourire avant de lui parler de l’association et elle sent qu’elle l’a bloqué. « C’est gentil de votre part mais je ne suis plus un adolescent. Malgré mon visage de bébé. » C’est vrai que si elle devait lui donner un âge, elle serait bien embêtée. Il pourrait avoir entre 15 et 20 ans de son point de vue, ce qui est déjà une fourchette énorme. Mais peu importe son âge, elle secoue la tête pour lui signifier qu’il n’a pas compris : « Non, écoute... Je ne sais pas quel âge tu as, ni quel âge tu avais quand il s’est passé « quelque chose »… Mais l’association est là pour aider tout le monde, et au pire, te diriger vers une autre asso plus adaptée si besoin... » Vic avait quinze ans quand son calvaire a commencé, elle a donc subi des violences dans son adolescence, il y a d’autres bénévoles ou bénéficiaires de l’asso qui ont même la quarantaine ou la cinquantaine, il n’y a pas de prescription, on reste une victime de violences même des décennies après. Il y a un enfant ou un adolescent blessé dans chacun d’eux et il faut apprendre à vivre avec et à le soigner pour aller mieux, il n’est jamais trop tard.
« Je n’ai jamais connu la violence par mes parents donc ça ne me concerne pas vraiment. » Il fait tout pour se défiler, se convaincre qu’il n’a pas tant souffert que ça, qu’il ne mérite pas de l’aide, qu’il n’a de place nul part. « Contente de savoir que tes parents ne t’ont pas violenté, les miens non plus et pourtant, je suis concernée… Et je crois que toi aussi, tu pourrais bénéficier de notre aide. » Elle ne le quitte plus du regard à présent, elle ne peut pas exiger de lui qu’il lui raconte ce qu’il lui est arrivé. Pas ici, pas maintenant, pas alors qu’ils viennent à peine de se rencontrer et qu’il est à fleur de peau. Alors, elle ne peut qu’imaginer les raisons de son trouble face à la scène du film. Peut-être qu’il considère qu’il n’est pas légitime à se sentir victime parce que son traumatisme lui semble ridicule ? Il a l’air d’avoir honte en tous cas… « Je ne sais pas. Je ne voudrais pas prendre la place de quelqu’un qui en as vraiment besoin. Puis, je suis un homme, ça devrait aller. » Il n’a clairement pas envie de se voir comme un victime et il se rassure en se disant qu’il y a pire ailleurs. Que d’autres gens souffrent plus que lui. Mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. « Je sais pas ce qu’il t’est arrivé mais il n’y a pas de hiérarchie à faire. Tu ne voleras la place de personne et le fait que tu sois un homme n’a rien à voir... » A cet instant, quelqu’un passe dans le couloir et leur jette un regard interrogateur. Vic lui adresse un regard noir pour qu’il s’éloigne et c’est ce qu’il fait. Elle se rapproche d’Ethan afin de baisser la voix pour que d’autres éventuels passants ne puissent surprendre leur conversation : « J’ai vu ton visage quand tu as quitté la salle, Ethan. Tu étais paniqué. Je pense que tu as besoin d’aide et tu as le droit d’être aidé comme n’importe qui... » Elle se risque à poser sa main sur celle d’Ethan en espérant qu’il ne réagisse pas violemment. « Tu n’as pas à prendre une décision maintenant. Mais penses-y... » Elle le regarde avec le maximum de bienveillance dont elle peut faire preuve, un sourire encourageant sur les lèvres. Elle se dit qu’elle va peut-être le laisser maintenant, elle ne veut pas le harceler et lui répéter en boucle qu’il est une victime, ça risquerait de le mettre plus mal qu’il ne l’est déjà. Parfois l’inconscient fait un travail incroyable pour protéger la psyché et réaliser certaines choses peut-être très douloureux. Vic se relève lentement : « Tu as mon numéro sur la carte. Si tu veux, je te laisse tranquille maintenant. Mais n’hésite pas à m’écrire ou à m’appeler, ok ? » Elle attend qu’il décide, s’il veut la retenir il le peut, s’il préfère qu’elle le laisse, elle le fera en espérant que cette rencontre impromptue aura un effet positif sur le jeune homme.
Surement qu’Ethan essaye de se défiler. Il pouvait donner cette impression et c’était peut-être l’image qu’il voulait donner. Ou du moins, le blond ne voulait pas se considérer comme victime face à des gens avec qui cela devait être encore plus dure. Ou peut-être qu’il se mentait à lui-même, il ne savait pas de son propre chef. D’ailleurs, cela devait se faire comprendre un minimum car sa camarade insista.
« Non, écoute... Je ne sais pas quel âge tu as, ni quel âge tu avais quand il s’est passé « quelque chose »
Ethan en fut un peu surpris. Il ne pensait pas que quelqu’un pouvait comprendre à ce point. Du moins, pas à ce point. Après, il ne fallait pas avoir fait des études supérieures pour se douter qu’il y avait eu quelque chose avec lui et une certaine intimité. Mais encore une fois, le blond cherchait des excuses comme pour se voiler la face. Ce qui marchait peut-être pour lui mais absolument pas pour Victoire. Ethan voulait dire quelque chose mais il ne savait pas quoi dire. Il aurait pu dire ‘’merci’’ ou encore ‘’c’est gentil’’ mais il avait tenté de nouveau pour la fuite. Ce qu’il avait dit était vrai en tout cas, il s’en serait voulu de prendre la place d’une femme. Pour une fois qu’un homme laisse sa place volontairement à une femme, ça devait se fêter. Mais Victoire, toujours de bons conseils le rassura. De nouveau. Elle semblait vraiment y tenir que l’anglais aille dans cette association. Après, elle avait dire qu’elle était concernée par le même problème qu’Ethan. Enfin peut-être pas le même mais, obligatoirement dans le milieu. Encore une fois, le blond voulut répondre mais cette fois-ci quelqu’un passa. Il se tut donc, le suivant du regard avant de reprendre son attention sur sa camarade.
- C’est très gentil à toi de me rassurer sur ce point.
Peut-être qu’Ethan commençait à comprendre. Après tout il discutait tranquillement d’une association pour les personnes victimes de quelque chose de cruel, cela avait détourné un peu l’attention du blond du pourquoi il était sorti de la salle. Que ce soit pour le film, que pourquoi, il ne pouvait apprécier ce film. Quand la jeune femme lui parla de sa tête quand il était sorti de la salle de cinéma, tout lui revient en tête et il sentit son cœur s’accélérer. Peut-être, prenait ‘il conscience d’où il se trouvait et de son environnement. La blonde posa sa main sur son épaule et malgré une profonde respiration qu’il ne pensait pas pourvoir faire, il ne dit rien. Surement car c’était une femme et que la personne qui lui avait fait du mal avait été un homme.
- J’y réfléchirais.
C’était tout ce qu’il pouvait dire. Son cœur battant à cent à l’heure. Cette discussion lui avait un peu ouvert les yeux. Il était parti voir un psychologue pour son problème, il avait posé la tête dessus mais il n’avait pas faire, peut-être, la chose la plus importante dans ce cas. Accepter. Il n’avait pas accepté que la victime de tout ce qu’il avait raconté à son psychologue et des images qu’il avait en tête, c’était lui.
Victoire se relevait déjà et dans un élan de miroir, Ethan fit de même alors que ses pensées allaient à cent à l’heure, elles aussi. Quand la jeune femme mentionna la carte et le numéro, le blond la regarda, toujours dans sa main distraitement. Il secoua la tête. Il n’avait plus de mots et il savait que s’il parlait, peut-être qu'il n'aurait plus de voix. Cependant, il essaya tout de même.
- C’est gentil à toi de vouloir m’aider. Merci.
Ethan voulut partir. Tout simplement parce qu’il avait besoin d’air après tout ce qui s’était passé. La scène du film, ses souvenirs, sa discussion mais surtout la réalisation de son état et de son passé. Ses yeux secs, sa tête pleine de doute et son souffle court en plus d'avoir la gorge sèche. L’anglais entreprit sa marche pour sortir, tournant légèrement la tête et murmurant un presque silencieux.
- Au revoir.
Il allait partir du cinéma. De toute façon, il ne pouvait reprendre le film. Pas après ce qu’il a vu et surtout pas après la discussion qu’il venait d’avoir. La discussion qui lui avait entrebâillé les yeux sur la vérité. La vérité à son sujet.