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 Asylum for the feelings x Mia & Geo

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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyLun 9 Nov - 22:16

ASYLUM FOR THE FEELINGS
Andrew arriva devant l’hôpital en fin de journée. Il n’avait pas réussi à se libérer plus tôt, la journée au centre avait été assez chargée. Il avait dû se battre avec un jeune gars qui refusait de lui donner les papiers nécessaires pour autoriser sa sortie et avait dû nettoyer en urgence la salle principale avant de pouvoir partir. Et puis il avait dû s’assurer que quelqu’un était disponible pour s’occuper de Bonnie, aussi. En chemin, il s’était arrêté chez un fleuriste pour acheter des orchidées  - ses fleurs préférées - qui égayeraient la chambre d’hôpital - il ne connaissait que trop bien les espaces aseptisés des hôpitaux et comprenait à quel point ils pouvaient paraître déprimant. Puis il était passé chez lui pour récupérer son carnet. Le cuir  brun était usé à force de l’avoir ouvert, retourné et gribouillé. Il espérait pouvoir le montrer à Mia quand il la verrait. Mais c’était peut-être trop tôt.
Il avait eu la mâchoire serré tout au long du trajet. Il ne savait pas s’il se retenait de pleurer ou de crier. La veille, il avait retrouvé sa fille. Enfin, « revu » sa fille était le terme le plus adéquat. Dans sa tête, ce moment aurait dû être comme dans les films. Des larmes, des cris de joie, des étreintes. Des larmes, il y en avait eu. Des cris, aussi. Mais pas pour les mêmes raisons. Il était une déception pour sa fille. Il l’avait laissé tomber. Même l’étreinte qu’il avait réussi à obtenir n’avait été que mots tranchants et désillusions. Elle lui en voulait terriblement. Et il comprenait, mais il n’était pas prêt à lâcher l’affaire si facilement.
Et puis il y avait eu cette visite, ce matin, juste avant qu’il parte travailler. Adam. C’était un peu son deuxième fils. Il avait les larmes aux yeux. Andrew avait tout de suite su que quelque chose  de grave était arrivé. « C’est Mia. Elle a eu un accident de surf. Elle est à l’hôpital ». C’était tout le monde d’Andrew qui s’était écroulé. Pas sa princesse. Pas après être revenu ici. Il y avait pensé toute la journée, il avait écrit et appelé Adam toutes les heures pour avoir des nouvelles. Il avait pesé le pour et le contre. Il avait demandé mille conseils à Adam. Est-ce qu’il devait vraiment aller la voir, après hier ? Et puis il s’était dit que merde, c’était sa fille, et qu’il était bien en droit de venir la voir à l’hôpital après qu’elle ait eu un accident, tout de même.
Il se présenta à l’accueil de l’hôpital où une jeune infirmière nota son nom, son prénom et l’accompagna jusqu’à la chambre. Elle lui déblatéra le laïus habituel, que les visites allaient bientôt se terminer, que sa fille allait s’en sortir mais qu’elle était très fatiguée, qu’elle avait besoin de repos et qu’il fallait la laisser tranquille. Il aurait voulu lui demander de se taire : il savait tout ça. Ça avait été son quotidien pendant des années. Frôler les couloirs froids de l’établissement lui donnait des frissons dans le dos. Il ne s’était toujours pas remis de son échec professionnel. Il secoua légèrement la tête une fois arrivé devant la porte, comme pour chasser ses vieux démons. Ce n’était pas le moment de penser à lui, il était là pour elle.
*
Son coeur fit un léger bond dans sa poitrine quand il vit sa fille allongée dans le lit, emmêlée dans un enchevêtrement de perfusions, de fils divers et variés et de draps. Même comme ça, il la trouvait belle. La deuxième chose qu’il vit, c’était ses deux grands yeux noirs qui le fixait. L’air las et fatiguée mais surtout l’air renfrogné. Elle n’était définitivement pas très heureuse de le voir débarquer ici. Il entra tout penaud avant que l’infirmière ne referme la porte derrière lui, ses fleurs à la main. Il s’avança. Il devait dégainer, et vite, avant que Mia ne l’envoie promener. Il opta pour une touche d’humour, espérant que ça la décontenancerait suffisamment pour qu’elle ne le dégage pas de la pièce.
« Je t’ai toujours dit de faire attention au positionnement de tes pieds sur la planche… »
Il contourna le lit pour installer la plante sur la table de chevet.
« Je me suis dit que ça te ferait plaisir ! Et puis tu sais à quel point les hôpitaux me foutent les jetons, maintenant… »
Il s’installa sur une petite chaise qui avait été installée dans un coin de la pièce. Il était suffisamment loin de Mia, au cas-où elle aurait voulu lui sauter à la gorge. Les McKullan pouvaient être assez sanguins quand ils le voulaient et il ignorait totalement comment elle allait réagir. Mieux valait prévenir que guérir, se disait-il. Il faisait le fier, à fanfaronner avec des références au passé. Mais c’était pour masquer le fait qu’il avait la gorge serrée et qu’il ne savait pas quoi lui dire. Il avait son carnet dans la poche de sa veste mais il savait que ce n’était pas le bon moment. Il s’enfonça un peu plus dans sa chaise. Il hésita un instant. Elle devait se demander ce qu’il foutait ici, sachant que ce n’était certainement pas elle qui l’avait prévenu. Mais s’il parlait d’Adam…
« J’aurais voulu venir plus tôt mais… »
Il s’arrêta. Sa voix tremblait légèrement. Il n’avait pas envie de lui expliquer maintenant ce qu’il faisait de ses journées, il ne voulait pas encore lui parler de Bonnie. Encore une fois, il était là pour elle. Et surtout il n’était pas encore temps de parler d’Adam. Comment expliquer à sa propre fille que vous l’aviez fliqué pendant des années en « embauchant »son meilleur ami d’enfance ? Il préféra rester sobre pour le moment.
« Comment vas-tu ? »
Il espérait qu’elle veuille pas lui parler. Ne serait-ce qu’échanger quelques mots. Il voulait pouvoir lui dire à quel point il l’aimait. Lui redire qu’il était désolé. Il se racla la gorge, essayant d’avoir l’air à peu près assuré.
« Je suis désolée pour hier, Mia. J’aurais dû te prévenir avant de venir. J’aurais dû… »
Il aurait dû plein de choses, oui. Mais sa voix se coupa avant qu’il n’ait pu terminer sa phrase. Il était temps qu’il laisse sa fille s’exprimer. Et il espérait qu’elle le ferait.

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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyMar 10 Nov - 10:39






Asylum for the feelings

Andrew, Geo & Mia

Des bips incessants, une chambre morbide, une odeur que je ne peux supporter… Et toutes ces personnes qui défilent dans ma chambre depuis cet après-midi, leur regard décomposé, inquiet. Le plus présent a été Knox, il n’a pas quitté l’hôpital depuis ce matin… Les mots de l’infirmière quelques minutes plus tôt m’ont arraché un sourire. Douloureux certes mais amusé « C’est votre petit ami ? » me dit-elle en me montrant Knox qui sort de la chambre « Non, c’est mon meilleur ami » « Vous savez qu’il est là depuis ce matin et qu’il refuse de partir » « Oui je sais… ». Cela ne m’étonne pas de lui. Il a son air renfrogné, son visage complètement fermé, m’empêchant moi-même à percevoir ce qu’il ressent vraiment. De la culpabilité ? de la tristesse ? de la peur ? Il ne laisse rien transparaitre. Pourtant, par sa présence et ça depuis ce matin, refusant de partir et de rentrer à l’appartement que nous partageons, il me montre qu’il est juste mort de trouille et que tous ces sentiments se bousculent en lui. Et moi dans tout ça ? Je m’en veux, je m’en veux de le mettre dans cet état, car je ne veux pas le faire souffrir, l’inquiéter. Tout comme toutes les personnes qui sont venues me rendre visite aujourd’hui. Et celles qui ne sont pas venues mais dont je sais qu’elles sont au courant. J’ai été stupide, me laissant emporter par mes pensées et ainsi perdant le contrôle bêtement d’une chose que pourtant, je maitrise à la perfection. J’ai demandé plusieurs fois à Knox qu’il me raconte ce qui s’était passé précisément. Il l’avait fait, maintes et maintes fois, mais lui-même ne l’expliquait pas. Il ne comprenait pas comment je n’ai pas réussi à faire face à cette vague. L’océan était agité ce matin, très agité, mais pour des surfeurs habitués comme nous, ce genre de vagues ne nous faisait pas peur. Au contraire, elles faisaient notre bonheur. Alors pourquoi ? Pourquoi ai-je été prise au dépourvu et ai-je fini la tête sous l’eau en quelques secondes ? Ce genre d’accident était rare, ma planche était venue me frapper en plein thorax, ce qui avait coupé ma respiration. L’ecchymose que j’ai à cet endroit le témoigne bien. Ainsi, j’ai failli me noyer mais heureusement Knox a eu le réflexe de venir immédiatement me sortir de l’eau. Sans lui… sans lui je n’ose imaginer ce qu’il aurait pu se passer. Je le regarde alors tendrement quand il peut revenir dans la chambre, lui attrapant la main et lui demandant de partir. Il ne veut pas, refuse même catégoriquement mais je lui en donne l’ordre, lui disant que je n’allais pas disparaitre. Il hésite et finit par céder car il sent que je suis épuisée et qu’il n’a pas envie que je me fatigue davantage à débattre avec lui. Une larme roule sur mes joues quand il s’éloigne, je m’en veux. Terriblement.

***

Mon regard fixe le mur immaculé de blanc devant moi. Mes pensées sont ailleurs. J’entends la porte de ma chambre s’ouvrir à nouveau. Surement une infirmière ou un médecin pour s’assurer que je viens bien. Ma tête se tourne. Mon regard devient alors sombre. Il est là… Il est venu. Malgré tout, malgré mes mots de la veille. Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine, partagé entre la rancœur, l’envie de lui dire de partir, que je ne veux pas de lui ici et entre le soulagement de le voir présent, là quand j’ai le plus besoin de lui… Mais ça, évidemment, je ne lui dirai pas et ne lui montrerai pas. Non. Trop de fierté et peut-être que la rancœur l’emportait aussi sur le second « Je t’ai toujours dit de faire attention au positionnement de tes pieds sur la planche… ». Etonnée ? En colère ? Envie de sourire tout de même ? Tout ça se bouscule dans ma tête quand j’entends les mots qu’il prononce. Des paroles sûrement un peu maladroites et pourtant, si notre relation avait été différente, j’aurais pu en rire. De bon cœur. Lui montrer surtout. Parce que là encore, ce sont des paroles d’un père envers sa fille qui se veulent certes drôles mais qui au fond son bienveillante. Elle me replonge dans les souvenirs, nombreux, de nos sessions de surf quand j’étais encore qu’une gamine. Je me souvenais très bien du nombre de fois où il m’avait dit de faire attention à propos de mes pieds. Je ne réagis pas, mais peut être qu’un maigre sourire me trahit, un court et minuscule instant. Je le regarde contourner mon lit et déposer mes fleurs préférées… Des orchidées. Mon cœur et ma gorge se serrent davantage. J’aimerai que les choses soient plus simples, qu’il ne soit jamais parti et qu’à cet instant, au lieu de prendre soin de rester éloigné de moi, il vienne s’assoir au bord du lit pour me prendre dans ses bras. Qu’il me rassure, qu’il me dise que ça allait aller, que je n’ai plus de souci à me faire, qu’il sera là pour moi… « Je me suis dit que ça te ferait plaisir ! Et puis tu sais à quel point les hôpitaux me foutent les jetons maintenant… ». Là encore, mon regard le fixe, un regard qui ne laisse rien transparaitre. Pour l’instant. Ça me touche. Mais je ne le montre pas. Je ne peux pas lui montrer. Non il m’a trop fait du mal, il m’a brisé. Je ne dois pas l’oublier. Je ne peux pas lui pardonner comme ça bien qu’il soit là maintenant et qu’il a pensé à mes fleurs préférées. Et bien qu’il me manque. Il s’installe sur une chaise un peu éloignée du lit. La distance s’installe alors me simplifiant la tâche pour ne pas craquer en sentant sa proximité. « J’aurai voulu venir plus tôt mais… ». Voilà la perche que j’attends pour rebondir et garder le même état d’esprit que la veille, lors de nos retrouvailles… « Mais tu avais mieux à faire. Je le sais, tu me l’as bien montré pendant quinze ans ». Mon ton est sarcastique, froid, tranchant. Je n’arrive pas à faire autrement, je ne peux pas lui montrer autre chose que le mal être que je peux ressentir. Par sa faute. « Comment vas-tu ? ». Mon regard s’assombrit un peu plus, ma mine renfrognée apparaissant encore plus « Comment je vais ? Oh, d’après toi ? comme quelqu’un qui a failli crever ! ». Lui dire que j’allais mal, que je me sentais au fond du trou, que la douleur était atroce ne sont pas des choses sur lesquelles j’ai envie de m’épancher avec lui. Ou alors, si je le fais, c’est purement et simplement pour le rendre mal, volontairement. C’est affreux de vouloir en arriver là. Mais au fond, je le blâme pour ce qui s’est passé. Et là encore, il me permet de lui faire comprendre par les paroles qu’il s’apprête à prononcer « Je suis désolé pour hier, Mia. J’aurais dû te prévenir avant de venir. J’aurai dû… ». Que de paroles, comme toujours, comme hier, rien n’a changé en une journée « Ca ne sert à rien de t’excuser le mal est fait. La preuve ». Je fais un geste pour désigner l’entièreté de mon corps. Je lui fais comprendre que tout ça, est de sa faute, et je ne compte pas le ménager. La colère voire la haine que j’ai pu ressentir hier à son encontre refont surface plus rapidement que j’aurai pu penser cela possible. J’enchaîne alors « Tu n’aurais jamais dû revenir, voilà la chose que tu aurais dû faire ! T’abstenir de revenir ! ». J’insiste, je sais que ces paroles vont le toucher, lui faire du mal. Comme pour lui rendre la pareille, lui donner la possibilité de ressentir ce que je ressens à ce moment-même. Du fait de l’accident, du fait de son retour… « Je ne sais pas qui t’a mis au courant mais ce n’était pas nécessaire. Tu n’as pas à être là, je n’ai pas besoin de toi ». J’enfonce encore plus le couteau alors qu’une part de moi pense tout le contraire et crie l’inverse. Mon visage est fermé, je ne laisse rien transparaitre, aucune émotion, aucune larme ne coule. Et pourtant, là aussi, au fond de moi, je souffre et me retient.

☾ anesidora


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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyMar 10 Nov - 22:09

ASYLUM FOR THE FEELINGS
Sous ses airs de gros dur à cuire, Andrew avait la boule au ventre. Il était conscient que, quelques dizaines d’années plus tôt, il avait totalement merdé. Le divorce, ça avait été une chose. Abandonner sa fille, pour poursuivre une chimère, c’en était une autre. Au fond, il n’était pas tellement surpris de la réaction de sa fille. « Mais tu avais mieux à faire. Je le sais, tu me l’as bien montré pendant quinze ans ». Son coeur se serra encore un petit peu dans sa poitrine, sa gorge le tiraillait de tous les côtés. Le nombre de fois où, seul dans ses petits appartements au fin fond des Etats-Unis, il avait craqué. Assis dans un coin de la chambre ou sur le lit, la tête entre les mains, à se demander ce qu’il avait fait pour mériter tout ça, et à regretter d’être parti. Mais maintenant il était revenu. Il était là, présent, physiquement pour sa fille. Ce n’était plus un songe ou une utopie. Elle était là, devant lui. Il aurait suffi qu’il s’approche un peu plus pour pouvoir glisser ses doigts entre les siens ou l’embrasser sur le sommet de la tête. Alors il n’allait pas se laisser aller et pleurer devant elle. A cette première attaque, il décida de ne pas répondre. Oui, il avait été absent pendant tout ce temps. Et Mia avait le droit d’être en colère. Il tenta tout de même de lui demander comme elle allait. Là encore, sa remarque fit mouche. « Comment je vais ? Oh, d’après toi ? comme quelqu’un qui a failli crever ! ». Il détourna le regard quelques instants. C’était trop difficile pour lui d’imaginer que sa fille avait pu perdre la vie. Il ne pouvait s’empêcher de se demander si tout cela serait arrivé s’il n’était pas parti, ou même s’il était revenu plus tôt. Peut-être que ça aurait été lui, à la plage, avec elle. Mais le passé était là, c’était arrivé, point. Il tenta de s’excuser pour la veille. « Ca ne sert à rien de t’excuser le mal est fait. La preuve ». Elle fit un vague geste du bras pour montrer son corps. Comme si c’était de sa faute, à lui. Il avait trop souvent vécu cette scène, quand il travaillait encore à l’hôpital. Des familles déchirées, parce que l’un pensait que c’était la faute de l’autre. Des couples incapables de se pardonner. Des enfants meurtris à vie. Même encore aujourd’hui, au centre, ce genre de scènes arrivait régulièrement. Et il refusait que ça arrive à Mia et lui. Un autre sentiment commençait à s’installer au creux de son ventre et à prendre le pas sur la tristesse. La colère.
« Ne commence pas à insinuer que ton accident est de ma faute, Mia ».
Il avait pris sa grosse voix. Celle qu’il prenait quand elle était gamine. Il craignait que ça n’ait aucun effet : après tout, sa princesse n’en était plus une et elle avait trente ans. Mais il était profondément blessé par ses mots. « Tu n’aurais jamais dû revenir, voilà la chose que tu aurais dû faire ! T’abstenir de revenir ! ». C’en était trop. Il plongea le regard dans ceux de sa fille, la mâchoire serrée.
« Comment est-ce que tu peux me dire ça, Mia ? Me balancer que je n’aurais jamais dû revenir ? »
Il se leva de la chaise, se passa les deux mains sur le visage. Il ne voulait pas s’énerver. Pas trop, du moins. Il était revenu pour passer du temps avec sa fille. Pour la choyer. Pour rattraper le temps perdu. Pas pour s’engueuler, pas pour parler du passé. Il ne voulait certes pas faire table rase, il était parfaitement conscient que tout n’allait pas redevenir comme avant. Mais il ne pouvait pas se laisser traîner dans la boue comme ça.
« Est-ce que t’es imaginé ne serait-ce qu’une seconde ce que j’ai vécu sans toi, Mia ? Les heures passées dans des motels au fin fond du désert américain parce que je n’avais pas assez de fric pour me payer un loyer ? Les heures passées à serrer les dents en public pour ne pas pleurer parce que j’aurais aimé que tu sois à mes côtés ? Les heures passées les yeux rivés sur mon téléphone en espérant que tu me rappelles ? Tu as imaginé ce que ça faisait d’enfin t’avoir au téléphone et d’échanger les mêmes banalités que j’aurais échangé avec le concierge de mon immeuble ? »
Il serra le poing, pour tenter de se calmer. Il avait essayé de renouer contact avec elle. Plusieurs fois. Mais elle n’avait jamais rien à lui dire. Elle était toujours trop occupée. N’avait pas le temps. Et lui ne voulait jamais s’imposer. Il avait fini par arrêter de l’appeler aussi souvent, puis il avait fini par arrêter d’envoyer des cartes pour les anniversaires, et pour Noël, puisqu’il n’avait presque plus droit à un petit mot en retour.
« J’ai tout essayé, Mia. J’ai essayé d’être là pour toi. J’ai fais de mon mieux pour rattraper mes conneries. Mais n’insinue pas qu’on en est arrivé là seulement par ma faute ».
Il inspira profondément, expira longuement. Ça allait un peu mieux. Il n’avait pas du tout imaginé sa fin de journée comme ça. Mais ça faisait du bien d’avoir pu dire tout ça. Et puis Mia enchaîna de nouveau. « Je ne sais pas qui t’a mis au courant mais ce n’était pas nécessaire. Tu n’as pas à être là, je n’ai pas besoin de toi ».
Cette fois-ci, il n’hésita pas. Du bout du lit, il observa sa fille, le regard embué, l’air à la fois grave et triste.
« Peut-être quelqu’un qui  tient autant à toi que je tiens à toi ».
S’il le fallait, elle se débrouillerait bien pour trouver qui c’était. Il ne voulait pas mettre Adam dans une situation embarrassante - il avait toujours été là pour lui pendant toutes ces années, et ça avait été réciproque - mais il fallait bien qu’elle sache. Qu’elle comprenne qu’elle était aimée, appréciée, par son entourage. Et surtout par son père.
« Je veux que tu comprennes quelque chose, Mia. Je n’ai jamais cessé de penser à toi. Mille fois j’ai voulu revenir, mille fois je n’ai pas eu le courage de sauter dans le premier avion pour te rejoindre. Tu peux me détester autant que tu veux… » Sa voix se coupa légèrement. « Tu restes ma princesse, Mia. Je ne cesserai jamais de t’aimer, et je serai toujours là pour toi, que tu le veuilles ou non ». Il marqua une nouvelle pause. « Maintenant, donne-moi une seule bonne raison de quitter cette chambre, de ne pas être là, à tes côtés, et peut-être que je l’envisagerai ».
La balle était dans son camp.

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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyMer 11 Nov - 17:52






Asylum for the feelings

Andrew, Geo & Mia

Je ne le ménage pas. Je le sais, je saisis la moindre occasion, la moindre phrase, le moindre mot pour le retourner contre lui. Je le persécute avec des paroles plus blessantes les unes que les autres. Parce que j’ai cette rage en moi qui dure depuis trop longtemps et que j’ai enfin l’occasion de lui balancer toute cette haine que j’ai à son égard en pleine face. Une haine que je me suis toujours abstenue de sortir lorsque je l’avais au bout du fil, préférant écourter nos conversations. J’ai eu le même comportement et est toujours le même avec ma mère. Je l’évite, quand elle me demande de passer du temps avec elle. Et puis, parfois je sors de mes gonds et elle a droit aussi à des mots durs pour lui rappeler qu’à cause d’elle j’ai souffert. Car oui, j’ai souffert du départ de mon père. Mon monde s’est écroulé, un monde où j’étais sur un piédestal, où j’étais LA princesse de mon papa, qui me protégeait par tous les moyens, qui était capable de tout pour moi. Il me rendait heureuse, pansait mes bobos quand je revenais de l’école, savait être une oreille attentive quand j’avais des ennuies avec des amis… Il a toujours su prendre le temps pour moi, pour faire en sorte que je sois heureuse. Non pas en me faisant devenir une enfant pourrie gâtée mais en me faisant découvrir mille et une choses : les livres, les histoires, le surf, les voyages… Tout ça sont des passions que je tiens de lui. Je n’ai pas un seul mauvais souvenir de mon enfance, ni du début de mon adolescence. Les pires sont arrivés ensuite, lorsqu’il est parti. L’image de lui faisant ses valises me hantent encore quinze ans après… Comment a-t-il pu passer du papa poule qu’il était, capable de tout pour sa fille, à un papa absent, incapable de dire les vraies raisons de son départ à sa fille ? Un simple je n’ai pas le choix n’était pas une bonne raison. Il avait promis pourtant qu’il serait toujours là pour moi… Et il n’a pas tenu parole.

Alors le voir à mon chevet, repensant à nos retrouvailles éclairs de la veille, au mal que j’ai pu ressentir, je ne peux pas passer outre. Bien que je sois dans ce lit d’hôpital, que j’ai failli y passer si mon meilleur ami n’avait pas été là à temps… Je l’accuse même d’être le responsable de cet accident. Le regard de mon père change d’un coup. Un regard que je connais que trop bien et qui ne présage rien de bon « Ne commence pas à insinuer que ton accident est de ma faute, Mia ». Il a ce ton si particulier, comme lorsque j’étais gamine, qui me faisait m’arrêter tout de suite. Je sais que je vais trop loin mais je ne compte pas me laisser impressionner pour autant « Mes dernières pensées ont été pour toi… » je souffle alors parce que, malgré tout, sa grosse voix a encore un peu d’effet sur moi visiblement. Je me suis laissée surprendre, c’est de ma faute. Mais j’étais perdu dans mes pensées, repensant à notre rencontre de la veille. Et donc, cela me semblait plus facile de l’accuser lui plutôt que de dire autre chose… Pour moi, il n’aurait pas dû revenir. Mais au fond, c’est un mensonge. Quinze ans que j’attends qu’il revienne. Je ne l’ai jamais dit à personne, prétendant que tout allait bien, qu’il ne me manquait pas, que tout ça était derrière moi. Mensonge… « Comment est-ce que tu peux me dire ça, Mia ? Me balancer que je n’aurais jamais dû revenir ? ». Je le vois en colère, je le reconnais par ses mimiques, ses gestes et surtout par le fait qu’il se lève soudainement de sa chaise. Il se contient pour ne pas exploser, je le sais, j’ai le même caractère que lui, j’agis de la même manière. Je l’attaque sur des points sensibles et je sais que mes mots lui font du mal. Si je pense qu’en évacuant cette colère de la sorte me fait du bien, c’est tout le contraire. J’ai mal aussi de le rendre mal, de le blesser alors que je sais qu’il veut juste rattraper le temps perdu. Mais j’ai eu besoin de lui tellement souvent et il était aux abonnés absents. Comment prétendre que tout allait redevenir tout beau tout rose, du jour au lendemain ? « Est-ce que tu t’es imaginé ne serait-ce qu’une seconde ce que j’ai vécu sans toi, Mia ? Les heures passées dans des motels au fin fond du désert américain parce que je n’avais pas assez de fric pour me payer un loyer ? Les heures passées à serrer les dents en public pour ne pas pleurer parce que j’aurais aimé que tu sois à mes côtés ? Les heures passées les yeux rivés sur mon téléphone en espérant que tu me rappelles ? Tu as imaginé ce que ça faisait d’enfin t’avoir au téléphone et d’échanger les mêmes banalités que j’aurai échangé avec le concierge de mon immeuble ». Il me lance tout ça à la figure, comme si au final c’est lui que je devais plaindre. Comme si ce départ lui avait été imposé, comme si j’en étais même l’inquisitrice. Comme si j’avais voulu ne pas être avec lui alors que je ne voulais que le contraire. Mon teint doit tourner au rouge lorsqu’il termine sa phrase du fait de ce que je m’apprête à lui balancer dans la figure « Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ! Comment tu peux te plaindre d’une situation dont tu t’es mis tout seul dedans hein ? Explique-moi ? Quelqu’un t’a mis le couteau sous la gorge pour partir aussi loin ? Seul ? Sans moi ? Est-ce que j’ai refusé de partir avec toi ? Est-ce que tu me l’a demandé ? Non, tu es parti c’est tout, tu as fait ton choix, tu m’as laissé tomber. Alors oui peut être que tu l’as regretté ensuite mais tu n’as rien fait pour revenir vers moi. Nos coups de téléphone n’étaient que de la mascarade ». Mon ton est sec à nouveau, je parle de plus en plus fort. Je marque une pause et me redresse dans le lit, ce qui me fait atrocement mal mais je suis tellement en colère que je le ressens à peine « Tu crois que je n’ai pas eu besoin de toi pendant ces quinze dernières années ? Quand j’ai fait mon coma éthylique, quand j’ai été accepté à l’université de Melbourne, que j’ai eu mon diplôme haut la main ? Quand je suis partie à l’autre bout du monde, je n’avais qu’une envie c’était de te raconter tout ça, de le partager avec toi. Quand je me suis fait larguer, à qui crois-tu que j’ai pensé en premier pour en parler ? A TOI ! Uniquement à toi ». Mes larmes coulent alors le long de mes joues. « J’ai tout essayé, Mia. J’ai essayé d’être là pour toi. J’ai fait de mon mieux pour rattraper mes conneries. Mais n’insinue pas qu’on en est arrivé là seulement par ma faute ». Cette fois, ce sont ses paroles qui me font du mal. Je me suis trop agitée quelques secondes plus tôt, j’ai mal, mes côtes me lancent. Mon corps tout entier souffre… « Comment oses-tu… ». Je lâche alors dans un murmure, et même si je ne peux m’agiter dans tous les sens, me jeter sur lui, mon regard noir le fixe alors que je sèche d’un revers de main mes larmes qui ne valent pas la peine de couler pour lui… A cet instant, je suis tellement déçue qu’il puisse me dire que je suis responsable de notre éloignement, que j’ai juste envie de le voir partir de la chambre…

« Peut-être quelqu’un qui tient autant à toi que je tiens à toi ». Mes sourcils se froncent, je me dis que la seule personne qui aurait pu le tenir informé est ma mère. Elle était passée en fin de matinée et, vu que les deux me cachaient toujours des choses, elle devait certainement être au courant de son retour et avait dû se précipiter de lui dire que j’étais à l’hôpital. Pourtant, un doute subsistait. La manière dont il me dit la chose me fait me demander si quelqu’un d’autre ne l’avait pas prévenu. Il était impossible que ce soit Knox… Alors je n’ajoute rien, même si cette phrase reste dans un coin de ma tête. Je remarque son regard qui redevient grave et triste, pourtant, je préfère ne pas en tenir compte… Pour essayer de rester forte… « Je veux que tu comprennes quelque chose, Mia. Je n’ai jamais cessé de penser à toi. Mille fois j’ai voulu revenir, mille fois je n’ai pas eu le courage de sauter dans le premier avion pour te rejoindre. Tu peux me détester autant que tu veux…. Tu restes ma princesse, Mia. Je ne cesserai jamais de t’aimer, et je serais toujours là pour toi, que tu le veuilles ou non ». Il atteint un point sensible, celui d’utiliser ce surnom qui a toujours été mien depuis ma naissance… jusqu’à son départ. Un surnom qui a une résonnance différente quand c’est lui qui le prononce, un surnom qui me fait toujours frissonner et me donne envie de me jeter dans ses bras pour redevenir la princesse d’un temps désormais révolu « Maintenant, donne-moi une seule et bonne raison de quitter cette chambre, de ne pas être là, à tes côtés, et peut-être que je l’envisagerai ». Et là, je sens que la suite de notre relation est dans mes mains. Que je dois choisir, maintenant, si je suis prête ou non à lui pardonner. Sauf que… « Je ne peux pas » je murmure à nouveau… je soupire et prends le courage de le regarder  « Je ne peux pas te pardonner, je n’y arriverai pas. Trop de rancœur qui ne vont faire qu’aggraver notre relation qui est déjà réduite à néant… » Là encore mes mots sont forts. Je baisse le regard, je n’y arrive plus « Laisse-moi du temps…». Je tourne ma tête vers la porte, mes larmes coulent à nouveau sur mes joues. Tout ce que je lui dis me transperce le cœur parce que je ne le pense pas à cet instant même. J’ai envie qu’il reste là parce que je suis au fond du trou et que j’ai envie qu’il me prenne dans ses bras pour me rassurer. Qu’il soit celui qui reste à mes côtés le temps que je me remette sur pied. Mais, je ne peux pas, je dois être forte encore pour avoir les idées claires et être sûre si oui ou non, je serai capable de lui pardonner… Un jour.


☾ anesidora


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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyJeu 12 Nov - 20:01

ASYLUM FOR THE FEELINGS
Andrew était fâché, mais surtout meurtri. Blessé au plus profond de son être par les mots de sa fille.  Longtemps il avait rêvé de ce moment. Il avait toujours su que les retrouvailles avec Mia ne se passeraient pas comme dans les contes de fée. La famille McKullan, c’était loin d’être un Disney.  Son propre père le lui avait bien fait comprendre quand il était gosse. Andrew avait hérité de son tempérament explosif. Il s’était un peu calmé en prenant de l’âge, mais il avait observé avec un certain amusement, dans les premiers âges de sa vie, sa progéniture récupérer le même caractère que lui. Alors ce dont il était certain, c’est que leur réunion allait tout avoir d’un feu d’artifice. Malgré tout, ça le faisait souffrir atrocement. Parce qu’il savait qu’il avait eu tort. Mais il aurait voulu qu’elle comprenne. Il aurait voulu lui expliquer que toute sa vie, il s’était senti vide. Attention, il était parfaitement heureux avec sa fille - et avant que ça parte en eau de boudin, avec son ex-femme - mais il avait toujours pensé qu’il lui manquait quelque chose. Quelqu’un, en l’occurence. Abandonner son fils à la naissance avait été l’une des choses les plus difficiles qu’il ait eu à faire dans sa vie. Mais comment pouvait-il expliquer tout ça maintenant à Mia, alors qu’elle faisait tout pour le rejeter ? « Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ! Comment tu peux te plaindre d’une situation dont tu t’es mis tout seul dedans hein ? Explique-moi ? Quelqu’un t’a mis le couteau sous la gorge pour partir aussi loin ? Seul ? Sans moi ? Est-ce que j’ai refusé de partir avec toi ? Est-ce que tu me l’a demandé ? Non, tu es parti c’est tout, tu as fait ton choix, tu m’as laissé tomber. Alors oui peut être que tu l’as regretté ensuite mais tu n’as rien fait pour revenir vers moi. Nos coups de téléphone n’étaient que de la mascarade ». Il la regardait puiser dans ses dernières ressources, user de ses dernières forces, pour lui cracher tout le venin qu’elle avait accumulé pendant quinze ans. Il aurait voulu se poser. Passer des heures à lui exprimer ses ressentis. Mais elle ne voulait pas. Pas maintenant, en tout cas. Il tenta tout de même quelque chose d’autre.
« J’étais heureux, Mia. J’étais heureux avec toi, avec ta mère. Mais il me manquait quelque chose. Une partie de moi qui n’était plus là, qui était partie avec ton frère quand on a dû le laisser ». Il marqua une légère pause. Il prit un ton plus grave, loin de lui l’idée de faire culpabiliser Mia, mais il voulait qu’elle se mette dans la tête qu’il n’avait pas pris cette lourde décision sur un coup de tête et qu’il était parti parce qu’il en ressentait le profond besoin.
« J’aurais voulu t’emmener avec moi, mais qu’est-ce que tu aurais fait, avec moi, au fin fond des Etats-Unis ? A changer d’école au fil de mes destinations ? A chercher un frère qui n’existe peut-être même plus ? Je t’aurais fait miroiter monts et merveilles, et tu aurais été déçue, Mia ».
Il se sentait profondément triste. Avec le recul, pour rien au monde il n’aurait voulu l’emmener avec lui. Elle qui l’avait toujours mis sur un piédestal, comme lui la mettait sur un piédestal, ne l’aurait pas reconnu. Souvent au fond du gouffre, allant de désillusion en désillusion, il n’avait été que l’ombre de lui même pendant quelques temps. Heureusement qu’il avait rencontré les bonnes personnes, lui permettant de se remettre sur le droit chemin et de l’aider à remonter la pente. Mais quel père aurait voulu que sa fille le voit dans cet état ? Au fond, il avait fait ça pour la protéger. Mais elle n’était pas prête à entendre ce type de discours, il le savait. Elle continua avec ses mots aiguisés comme des lances, à lui dire qu’il n’avait jamais été là pour elle. Il essaya de lui expliquer qu’il avait essayé, mais rien n’y faisait. Il finit par lui poser une sorte d’ultimatum. Il était là pour elle. Si elle ne voulait pas, et bien très bien, il quitterait cette chambre et ne reviendrait pas. « Je ne peux pas…Je ne peux pas te pardonner, je n’y arriverai pas. Trop de rancœur qui ne vont faire qu’aggraver notre relation qui est déjà réduite à néant…Laisse-moi du temps…». Andrew relâcha les épaules et desserra les poings, presque en signe de découragement. Il se détourna de sa fille quelques instants, le temps de réfléchir. D’analyser la situation. Il avait les yeux brillants. Il s’était promis de ne pas pleurer, pas devant elle. Il se devait d’être fort. Mais au fond, il la comprenait. Qui voulait d’un père absent pendant 15 ans, qui revenait telle une fleur au printemps ? Il finit par se retourner vers elle, encore une fois en essayant d’avoir l’air grave.
« Je te laisserai tout le temps qu’il faudra. Tu auras toujours mon numéro de téléphone au besoin. Je te donnerai mon adresse si tu en as envie. Tu pourras me contacter jour et nuit. Ou ne pas me contacter du tout ». Sa voix se brisa légèrement sur ses derniers mots. « Je ne demande pas que tu me pardonnes. Pas tout de suite, en tout cas ». Il avait bon espoir que ça se ferait progressivement.  Il avait le coeur serré, il détestait voir sa fille pleurer. Il serrait les dents pour empêcher ses propres larmes de couler. Il s’approcha du lit, et tendit sa main pour effleurer celle de sa fille. Elle avait la peau tellement douce. Ce simple geste le ramena plusieurs dizaines d’années en arrière. Lui et Mia, sur le canapé, à lire une histoire. Il se souvenait même du livre : « Arc-en-Ciel : le plus beau poisson des océans ». Sa petite main potelée agrippée à la sienne, sa petite mine boudeuse de bébé qui n’en ait plus tout à fin un. C’était ce qu’il voulait retrouver. Pas avec les mêmes livres, certes, mais il voulait partager la vie de sa fille, et qu’elle partage la sienne. Il voulait être là si elle était triste. Si elle était heureuse. Si elle était fâchée. Il voulait être le premier numéro dans la liste des personnes à appeler en cas d’urgence - il pouvait concéder d’être deuxième, ceci dit. « J’espère que tu me laisseras revenir. Je serai là. Je t’attendrai, jusqu’à la fin s’il le faut ». Il s’écarta du lit, se dirigeant vers la porte. Toutes ces paroles, ces émotions, il avait la bouche sèche et la gorge en feu à force de retenir ses larmes, comme mille aiguilles qui lui transperceraient la trachée. Et puis il avait une autre idée en tête. Il avait besoin de quelqu’un. D’un soutien moral. D’un soutien physique. Et quelqu’un avec le même caractère volcanique qu’eux, qui pourrait peut-être faire entendre raison à Mia.
« Je vais me chercher un verre d’eau. Tu veux quelque chose ? »

*

Assis dans la petite salle de pause, son eau dans un verre en plastique, Andrew avait appelé son meilleur ami. Geo. Ça n'avait pas été très long, mais ça avait été suffisant pour dépeindre le contexte.
« Mia est à l'hôpital. Au St Vincent. Je ne sais pas quoi faire, Geo. J’ai besoin de toi. Urgemment. Tu peux venir ? »
Il avait attendu un moment que Geo décroche. Il devait être occupé. Il commençait à se dire qu’il ne répondrait pas. Que Mia allait se dire qu’Andrew était tout simplement parti de l’hôpital. Et puis finalement, il avait décroché. Il n'avait pas dit grand-chose, comme c'était souvent son habitude. Juste : « En chemin ». Andrew poussa un soupir de soulagement en rangeant le téléphone dans sa poche. Il savait que la situation allait être délicate. Parce que Mia ignorait totalement qu’il y a 5 ans de ça, il avait embauché Geo pour la surveiller. De loin. Qu’il avait eu des rapports réguliers sur elle. Sur ses allers et venues. Sur son comportement. Sur les personnes qu’elle fréquentait. Geo en connaissait plus sur sa propre fille que lui. Et c’était bien pour ça qu’il l’avait fait venir. Il savait qu’il pouvait compter sur lui. Il quitta la salle de pause pour rejoindre le hall et attendre celui qui, quelques années auparavant, l’avait sorti du trou noir dans lequel il s’était enfermé.

*

Andrew frappa quelques coups à la porte de la chambre de Mia. Il entendit une voix faible lui répondre. Il ouvrit, pénétrant dans la chambre, qui paraissait un peu moins froide maintenant qu’il y avait des fleurs dans un coin. Il s’avança, un léger sourire aux lèvres.
« Je suis revenu avec quelqu’un. Quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Et que j’avais envie que tu rencontres ».
Il se poussa légèrement, laissant le champ libre à Geo. Dans le couloir, il l’avait briefé. Il lui avait dit à quel point il était heureux de retrouver sa fille. Mais que comme deux pôles d’aimants, ils ne faisaient que se repousser. Qu’il avait besoin de lui, pour comprendre, pour être là. Pour expliquer. Même s’il ne parlait pas trop, comme il savait si bien le faire. Il voulait juste qu’il soit là. Il voulait juste qu’il voit Mia, il voulait juste que Mia le voie. Peut-être qu’elle comprendrait mieux ce qu’il avait vécu, et pourquoi il était parti, si ça venait de quelqu’un d’autre ?
« Je le laisse se présenter, il le fera sûrement mieux que moi ».
S’il avait été un peu plus attentif, Andrew aurait peut-être perçu le malaise qui venait de s’installer dans la pièce quand le regard de Mia avait croisé celui de Geo. Mais Andrew était trop perturbé pour voir tout cela. Il avait le coeur trop lourd.

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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyJeu 12 Nov - 23:35





Geo passa une main fatiguée sur son visage. La pluie battante en cette soirée de septembre rendait floues les lumières de la ville, plongée dans la pénombre. Accoudé contre la portière de la voiture, sa tête dans le creux de sa main, il décompte silencieusement les secondes restantes avant que le feu ne passe au vert. Il connaissait chaque minuterie de Brisbane par coeur. Sa mémoire eidétique lui rendait de fiers services, niveau boulot. Question rapidité d’itinéraire, Waze pouvait se rhabiller. Main droite sur le volant, il ne décocha même pas un regard à son passager. Alec Strange. Cet homme complexe était son supérieur hiérarchique. Ensemble, l’atmosphère devenait électrique. Il faut dire qu’ils avaient quelques problèmes de communication, ces deux-là. Mia McKullan en était également un.

Toutefois, pour Geo tout comme pour Alec, le Club, c’est le Club. Passé le seuil de la porte, Geo laissait ses emmerdes et opinions au placard. Il était payé pour conduire alors il conduisait. Il ne lui adressait la parole qu’en cas de besoin et réciproquement. Ainsi, tout se déroulait convenablement. Geo anticipa le passage au vert du feu et poursuivit sa route. Les essuies-glaces qui balayaient le pare-brise régulièrement étaient le seul bruit perceptible dans l’habitacle. Ca, et la sonnerie du portable de Geo. Il se redressa sur son siège et inconsciemment sans doute, jeta un oeil à Alec. Interdiction de décrocher pour les appels personnels lorsque l’on est en mission. Cependant, celui-ci ne sonnait qu’après trois appels successifs. Il n’attendit pas l’approbation d’Alec pour décrocher. Ce qu’il entendit le laissa sans voix. « Mia est à l'hôpital. Au St Vincent. Je ne sais pas quoi faire, Geo. J’ai besoin de toi. Urgemment. Tu peux venir ? » Mia. Hôpital. Urgent. Le sang de Geo ne fit qu’un tour. « En chemin. » répondit-il instantanément. Sans un mot pour son passager, il accéléra, doublant les derniers véhicules les séparant du Club. Il gara la voiture dans la ruelle avec sa sempiternelle habileté. Pour toute salutation, il hocha la tête. Leurs échanges se résumaient à des banalités de façade, depuis cette discussion le mois dernier. Il n’avait pas de temps à perdre, de toute façon. Il fouilla dans la poche de sa veste pour trouver ses clefs de moto. Il enfila son casque et fit l’impasse sur le reste de son équipement. Mille scenarii se jouaient dans sa tête. Il n’avait plus les idées claires. Il avait besoin de réponse et il ne les obtiendrait qu’en étant rapide.
On avait besoin de lui. Andrew avait besoin de lui. Et sans doute que Mia également.

Il arriva à l’hôpital en un très court laps de temps. D'avoir traversé la ville, il était toutefois trempé comme une soupe. Il passa les portes coulissantes de l’hôpital. Autour de lui, des néons blancs, des visages fermés, des infirmières pressées et des médecins graves. Geo était désorienté. Il regarda autour de lui et se dirigea vers l’accueil. L’infirmière fronça les sourcils en voyant débarqué cet homme qui semblait avoir prit une douche intégralement habillé. « McKullan. Je viens voir Mia McKullan. » dit-il d’un ton pressé, penché sur le comptoir. La femme lui désigna de l’index un couloir, en précisant le numéro de la chambre. Geo se précipita et manqua de tomber lorsque les semelles ruisselantes de ses dockers foulèrent à nouveau le carrelage. Au bout du couloir, sur la droite, se tenait Andrew McKullan. Il ne l’avait pas vu depuis un bail, pourtant, il n’exprima aucun soulagement de le voir. Andrew y était habitué, c’était Geo après tout. A cet instant, il ne souhaitait que voir Mia. Geo se ressaisit et s’approcha d’Andrew pour lui tapoter le dos. Il lui expliqua ce qui était arrivé à Mia. Il termina sa phrase en lui précisant qu’elle allait bien. Ces quelques mots rassurèrent un peu Caulfield. Il précisa également qu’il avait la sensation de marcher sur des oeufs. De tenter d’attraper de la fumée. Geo serra les dents. C’était Andrew McKullan qui l’avait appelé. Son meilleur ami. C’était lui qui avait besoin de lui. Alors il le regarda droit dans les yeux, hocha la tête. Message reçu, Andrew.

Andrew rentra dans la chambre. Geo était juste derrière lui, attendant son signal pour rentrer. Le McKullan fit les présentation et jeta un regard à Geo. Il entra lentement dans la pièce. C’était la première fois qu’il venait dans un hôpital en tant que visiteur. Ajoutez à ça la vision qu’il eut de Mia sur son lit, empêtrée dans un enchevêtrement de câbles, et vous aurez une idée du niveau de mal-être de Geo. Son sang-froid légendaire était mis à rude épreuve. Le regard de Geo croisa instantanément celui de Mia. Il sentit son coeur cogner lourdement contre sa poitrine. S’il avait su que c’était si douloureux de tenir à d’autres personnes, il s’en serait bien gardé. Mais les McKullan étaient entrés dans sa vie sans crier gare et rien ne les en délogerait. Andrew continuait de parler. Geo avait la sensation de l’entendre comme s’il était entouré de coton. Un frisson et une sensation glacée lui vrillèrent l’échine, et ce n’était nullement dû à l’eau qui dégoulinait de ses cheveux. Il inspira profondément pour se donner une contenance. Il ne devait rien laisser paraître. Il regarda tour à tour Andrew et sa fille. Que venait-il de dire ? Se présenter, il devait se présenter. Sa gorge était nouée. Il déglutit péniblement et hocha la tête en direction de Mia. « Geo Caulfield. » dit-il à mi-voix. Il inspira profondément. Il n’ajouta rien de plus. Son regard chercha un endroit où se poser. La vue de Mia dans ce lit lui était pénible. Il fit glisser ses mains sur son visage, ses cheveux. « Elle va bien. » c’est ce qu’il se répétait. Il recouvrait lentement ses esprits. Il se retourna pour fermer la porte de la chambre, restant ensuite non loin de celle-ci. Il ne savait quoi dire, quoi faire. Il avait la sensation qu’il ne pouvait pas être lui-même, avec aucun des deux McKullan. Il croisa les bras sur son torse, portant son regard vers andrew. « Je t’avais bien dit que ton rhum n’était que de la pisse. » se risqua-t-il dans une tentative d’humour. L’ambiance lui semblait lourde, il le ressentait sur sa poitrine. Vue la mine déconfite des McKullan, il devait dire quelque chose, et quoi de mieux qu’une pique sur la mine horrible de son meilleur ami pour rompre cette atmosphère ? Il avait demandé Geo Caulfield, le voici.


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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyDim 15 Nov - 0:32






Asylum for the feelings

Andrew, Geo & Mia

« J’étais heureux Mia. J’étais heureux avec toi, avec ta mère. Mais il me manquait quelque chose. Une partie de moi qui n’était plus là, qui était partie avec ton frère quand on a dû le laisser ». Le fait qu’il évoque mon frère me serre encore plus le cœur. Il m’avoue que l’abandon de celui-ci lui a fait prendre conscience certainement qu’il regrettait ne pas l’avoir gardé dans sa vie. Cette prise de conscience pourrait me donner envie de comprendre pourquoi… Mais au contraire, je le regarde d’un air méprisant car il a utilisé « on a dû ». Comme si là encore, il a été contraint de le faire « J’aurai voulu t’emmener avec moi mais qu’est-ce que tu aurais fait, avec moi, au fin fond des Etats-Unis ? A changer d’école au fil des destinations ? A chercher un frère qui n’existe peut-être même plus ? Je t’aurais fait miroiter monts et merveilles, et tu aurais été déçue, Mia ». Si tu savais papa. Si tu savais que ce fils que tu penses ne jamais retrouver n’est pas si loin que ça. Si tu savais que je l’ai retrouvé il y a quelques mois. Que tes confidences sur les raisons de ton départ quinze ans plus tôt n’ont fait que confirmer mes doutes envers lui. Jax. Je sais que le chemin est long encore avant d’en être sûre… Et pourtant, je sentais que quelque chose de particulier nous reliait lui et moi quand il était à mes côtés. Pourtant, papa, il semble s’éloigner car lui aussi a dû avoir les mêmes doutes que moi… Et prends peur parce qu’il n’a pas envie de renouer avec un passé bien trop douloureux. Et je le comprends. J’ai envie de prononcer ces mots à mon père, mais je ne peux le faire. D’une parce que rien n’est certain encore et, de deux, parce que ce n’est pas à moi de prendre cette décision. Jax prendra celle-ci au moment voulu, si ce moment se présente un jour… Alors, je préfère garder le silence, et garder cet air déçue et triste à la fois.

Je sens que mon père s’éloigne de mon lit, sûrement pour dissimuler ses émotions. Cela me brise le cœur encore plus, et pourtant je me dois de rester forte. Je ne peux pas lui pardonner. J’ai besoin de temps, j’ai besoin de digérer tout ce qui est entrain de m’arriver. Pas de décision à la hâte, ça ne mènerait à rien. « Je te laisserai tout le temps qu’il faudra. Tu auras toujours mon numéro de téléphone au besoin. Je te donnerai mon adresse si tu en as envie. Tu pourras me contacter jour et nuit. Ou ne pas me contacter du tout. Je ne demande pas que tu me pardonne. Pas tout de suite, en tout cas ». Il en était conscient. Mais sa voix le trahit, je sens que ça lui fait du mal, et ça m’en fait tout autant… Mon regard est détourné vers la porte, mes larmes s’échappent sans que je ne puisse les contrôler. Mon père s’approche et je sens sa main effleurait la mienne. Je retourne mon regard sur lui, plongeant mes yeux bleus au couleur de l’océan, comme il me le disait souvent, dans les siens, couleur noisette. J’ai envie de le retenir, d’attraper sa main pour lui dire de s’assoir à mes côtés et me prendre dans ses bras. Que je puisse m’endormir paisiblement à ses côtés comme quand j’étais gamine. Je me retiens, ça me ronge, ça me détruit encore plus… Je ne peux pas… « J’espère que tu me laisseras revenir. Je serai là. Je t’attendrai, jusqu’à la fin s’il le faut ». « Je l’espère aussi… » je laisse échapper ces quelques mots dans un soupire, car oui j’espère au plus profond de moi-même pourvoir le laisser revenir. Je ne sais pas s’il les a entendus car il s’éloigne au même moment en direction de la porte.  Le voir partir me replonge dans ce mauvais souvenir quinze ans en arrière, avec son sac, passant la porte d’entrée de la maison pour la dernière fois… « Je vais me chercher un verre d’eau. Tu veux quelque chose ? ». Je fais non de la tête et le regarde fermer la porte. Toutes les larmes de mon corps s’évacuent sans plus aucune retenue, je pleure même en laissant échapper quelques bruits… Je finis par m’endormir, exténuée autant émotionnellement que physiquement.

***

Quelques coups contre la porte me font me réveiller. Je réponds faiblement un « Oui… ». Mon père réapparait, mon cœur se met à battre un peu plus. Il est revenu, je ne sais finalement pas combien de temps il s’est absenté. Il a un petit sourire sur les lèvres et je l’écoute alors parler, mon regard posé sur lui « Je suis revenu avec quelqu’un. Quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Et que j’avais envie que tu rencontres ». Mon sourcil s’arque tout seul, je crains le pire. Je me dis qu’il me ramène peut-être sa nouvelle femme et pense que c’est le bon moment pour me la présenter. Mon cœur s’accélère, je suis prête à bondir, du moins verbalement et là, mes yeux s’écarquillent involontairement. « Je le laisse se présenter, il le fera sûrement mieux que moi ». Mon regard ne le quitte plus… « Geo Caulfield ». Nous devons prétendre c’est vrai… Prétendre que nous ne nous connaissons pas, que je ne sais pas qui il est. Alors qu’il sait tout de moi, que cela fait cinq ans que lui et moi nous parlons régulièrement. Que nous nous sommes revus plusieurs fois depuis son arrivée à Brisbane en juillet, notamment lors d’une sortie moto. « Enchanté j’imagine… ». Je dois jouer l’indifférente et je reprends surtout mon amertume. Ma crise de larmes est passée… pour l’instant. « Je t’avais bien dit que ton rhum n’était que de la pisse ». Un peu d’humour de la part de Geo, qui me fait esquisser un sourire que je me dois de vite ravaler pour ne pas que mon père le voit. Je ne me rends pas compte tout de suite mais mon regard ne quitte plus l’inconnu, je le fixe indéniablement, le regard triste, comme si je le suppliais de je ne sais trop quoi. Alors j’inverse la tendance pour ne pas que mon père puisse le remarquer « Vous vous faites l’avocat du diable alors ? ». Je pose mon regard alors sur mon père aussitôt, j’essaye de me redresser dans le lit mais c’est impossible, je grimace. Tant pis « Tu t’es assuré que celui-là était un bon avocat cette fois ? Que tu ne te refasses pas avoir comme la première fois ». Elle était de retour la Mia qui aimait appuyer là où ça fait mal… peut-être pour me montrer forte alors je me sentais vulnérable dans ce lit, encore plus depuis qu’ils étaient deux à m’affronter… Parce que je connaissais aussi la position de Geo sur la question et que même s’il n’avait jamais insisté sauf cette fois au Mexique, il essayerait indéniablement de nous rabibocher mon père et moi…

☾ anesidora


@Andrew McKullan @Geo Caulfield Asylum for the feelings x Mia & Geo 1949770018
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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyLun 16 Nov - 23:14

ASYLUM FOR THE FEELINGS
Andrew était habitué au caractère taciturne de Geo. Il n’avait jamais été été très prolixe. Andrew l’avait bien vu : depuis qu’ils se connaissaient, Geo avait surtout été une très bonne épaule sur laquelle s’épancher. Il se contentait souvent d’hocher la tête simplement, ponctué de quelques onomatopées pour montrer qu’il écoutait toujours. Mais il ne parlait que très peu. Et quand il commençait à partir dans de grands discours, c’était souvent parce qu’il était très énervé. Alors quand il se présenta en quelques mots, de manière très simple, mais efficace. Andrew ne fut pas surpris. Il observa sans rien dire sa fille qui fit semblant d’être enchantée de voir son nouvel ami. Il voyait bien à sa tête et à sa façon de parler qu’il n’en était rien. Après tout, Andrew se demandait s’il aurait été ravi d’être alité dans une chambre d’hôpital et de recevoir, en plus de son père absent depuis quinze ans, la personne qu’il considérait comme son meilleur ami, tout simplement parce qu’il n’était pas capable d’affronter seul son regard sombre et inquisiteur. Et ça, la jolie blonde l’avait bien remarqué. Il eut à peine le temps d’esquisser un sourire à Geo, que déjà Mia repartait sur son cheval de bataille. « Vous vous faites l’avocat du diable alors ? ». Elle avait plus ou moins visé juste. Il avait invité Geo en partie pour qu’il essaie d’expliquer à Mia qu’il n’était pas aussi terrible qu’elle l’imaginait. Il avait envie de se faire mousser, en quelque sorte. « Tu t’es assuré que celui-là était un bon avocat cette fois ? Que tu ne te refasses pas avoir comme la première fois ». Là encore, les mots de Mia l’avaient piqué comme des lances aiguisées. En plein coeur, cette fois. Presque instinctivement, la lèvre inférieure d’Andrew se mit à trembler. Elle n’avait pas le droit de lui faire ça. Elle ne pouvait ignorer à quel point ce moment avait été douloureux dans sa vie. Sûrement l’un des moments les plus douloureux. Après l’abandon de son fils. Après l’abandon de Mia. Il n’avait toujours pas digéré ce moment. Et il n’avait aucunement envie que ce soit sa fille qui le lui rappelle. Il serra les dents et les poings, comme il le faisait depuis son arrivée à l’hôpital, pour éviter de pleurer. Et il privilégia la voie de l’humour, histoire de se donner une certaine consistance.
« Si Geo était avocat, ça se saurait… ». Il jeta un coup d’oeil taquin à son ami. Bien qu’il n’ait jamais vraiment eu connaissance de manière précise des activités professionnelles de Geo, il avait conscience qu’il n’était pas dans un bureau de 9h à 19h ou qu’il travaillait en tant que caissier à la supérette du coin. « Et même s’il l’était, je pense qu’il se serait spécialisé dans la défense des dealers de drogue et criminel en tout genre ». Geo fit la grimace. Et pour la première fois depuis qu’il était arrivé, Andrew se laissa aller d’un rire franc. Geo l’avait toujours aidé à lui rendre le sourire et même aujourd’hui, il n’avait pas failli à la règle. Andrew contourna le lit pour aller s’asseoir sur la chaise qu’il avait utilisé jusque là. Il se pinça légèrement l’arrête du nez. Toutes ces émotions commençaient à lui donner légèrement mal au crâne, mais il n’était pas encore prêt à partir. Pas tout de suite, du moins. Il releva la tête vers sa fille, bien décidé à lui faire comprendre à quel point Geo avait compté pour lui.
« Il n’est peut-être pas avocat, mais ça a été tout comme. Il a toujours été là pour moi, Mia. Toujours ». Il repartit quelques années en arrière, dans un bar au fin fond de la pampa américaine. Le bar dans lequel ils avaient élus domiciles ce soir là sentait l’alcool, le tabac froid, la transpiration et la poussière. Il était rempli d’ouvriers en marcel blancs et de motards à l’air revêche qui jouaient au billard. Andrew aurait presque fait tâche à l’intérieur, mais il avait troqué depuis quelques temps ses trench élégants et ses chaussures de ville pour des bottes et une veste en cuir. Il se fondait un peu plus dans la masse. C’était peut-être pour ça que Geo l’avait accosté, d’ailleurs. De loin, on aurait dit deux âmes en peine. Ils avaient échangé un excellent whisky avant d’enchaîner sur quelques mots. Et après des mois à errer, Geo était la première personne à lui avoir proposé son aide.
« On a partagé beaucoup de choses ensemble. Beaucoup de souvenirs. Beaucoup d’alcool, aussi, les deux allant souvent ensemble ». Andrew se laissa une nouvelle fois aller à un petit rire. « Je lui ai parlé de toi tous les jours. D’à quel point tu me manquais. Il connaît tous les détails de ton enfance. Ton toboggan favori. Ta poupée préférée. La fois où tu étais tombée sur la terrasse parce que tu voulais absolument aller dehors avec tes nouvelles bottes jaunes mais qu’il pleuvait à torrent et que tu as glissé. Mais même après lui avoir expliqué tout ça, je lui ai dit que je me devais de rester pour retrouver ton frère parce que ça me minait trop. Parce qu’au plus profond de moi, j’étais meurtri. Et il a compris. Il a toujours essayé de comprendre ».
Il se garda bien de préciser qu’il l’avait aussi embauché pour qu’il la surveille. Et que c’était grâce à lui qu’il avait été au courant de tous ses faits et gestes. Toutes ses aventures. Toutes ses conquêtes. Andrew avait toujours eu plus ou moins un oeil dessus grâce à Geo. En temps voulu, il lui dirait. Mais pas maintenant. Il se tourna vers son ami, espérant qu’il l’aide un peu sur ce coup là.
« Tu veux lui raconter la fois où on était partis en virée en moto pendant des heures ? C’était la piste la plus sérieuse qu’on ait eu jusque là. On a bien failli se perdre au milieu du désert, à cause de la panne d’essence ».
Au-delà du fait qu’il se souvenait qu’ils avaient failli crever de soif parce qu’ils n’avaient pas prévus assez d’eau, il se souvenait surtout qu’il avait passé plusieurs heures à essayer de capter du réseau, et pas seulement pour appeler les secours ou un dépanneur. Ce jour-là, il avait tenté d’appelé Mia plusieurs fois. Il avait déposé plusieurs messages sur son répondeur. Mais elle n’avait jamais rappelé. Geo en était témoin. Son coeur se serra de nouveau quand il se revit seul, les yeux rouges et la gorge en feu à cause du sable, à se demande ce qu’il avait bien foutu pour en arriver là. Il espérait que Geo allait réussir à dépeindre tout ça pour Mia. C’était sa dernière chance. Sa dernière chance pour qu’elle ne perçoive qu’un soupçon de ce qu’il y avait derrière son père. De ce qu’il l’avait construit toutes ces années. Et peut-être que là, elle réussirait à apercevoir qu’il n’y avait pas qu’un long tunnel sombre. Mais qu’il y avait un peu de lumière.

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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyVen 20 Nov - 20:36





Tôt ou tard, et sans doute plus tôt que tard, il allait bien falloir le percer, ce foutu abcès. Depuis que Geo était entré dans la chambre d’hôpital occupée par Mia, sa « petite » comme il la surnommait, il se sentait comme un chien dans un jeu de quilles. Oppressé, tiraillé entre les deux McKullan, il ne trouvait pas vraiment sa place. Andrew avait besoin de lui, il le lui avait explicitement dit. Cette fois-ci, ce n’était pas comme lorsqu’il lui avait demandé de chercher son fils, ou de veiller sur sa fille. Là, c’était différent. Il avait besoin de sa présence avant tout. Plutôt, c’est ce que pensait Geo.

De l’autre côté, alitée et tourmentée, Mia. La gamine sur laquelle il veillait depuis cinq ans et qui, qu’il l’admette ou non, était très importante à ses yeux. La voir ainsi lui était difficilement supportable, d’autant plus qu’il ne pouvait rien faire. Par « rien faire », j’entends que Geo ne pouvait pas lui parler, ni s’approcher d’elle, ni même la réconforter. En lieu et place, il assistait, plutôt impuissant, à la guerre McKullan. Une guerre insidieuse, dans laquelle, à mesure que le temps passait, Geo peinait à prendre parti. Il comprenait les arguments, les peines et les douleurs de chacun. Il était profondément lié à chacun des deux et ne désirait voir souffrir ni l’un ni l’autre.
Hélas, ceci était inéluctable.

Il l’avait à peine regardée en se présentant. Il s’était assis de l’autre côté du lit, à côté d’Andrew. Mia devait se sentir menacée, à deux contre un. Et comme elle en savait plus que ce qu’elle ne laissait paraître, elle savait où appuyer pour faire mal. Autant pour Andrew que pour Geo, qu’elle le veuille ou non. Au fond, n’était-ce pas une forme de reproches ? C’était ce qui les avait fait se rencontrer, après tout. Andrew rebondissait aux piques de Mia. Son air détaché agissait comme une carapace. En se protégeant, il ne se doutait pas qu’il enfonçait Geo. Si Andrew ignorait la profession véritable de Geo, il n’en était pas loin en parlant de défense de dealers et autres criminels. Geo ne les défendait pas, toutefois, il en était bien plus proche qu’ils ne l’imaginait à cet instant. « T’insinues que j’ai une sale gueule, McKullan ? » Répondit-il sur un air de défi.

C’était sans compter sur la carte suivante jouée par Andrew, la célèbre « sortez les violons ». Aïe, Geo le sentait mal. Il savait pertinemment pourquoi Andrew lui avait demandé de venir. S’il avait besoin de lui psychologiquement, il n’était toutefois pas ingénieux de l’utiliser comme faire-valoir. Là encore, difficile de lui reprocher. Sans doute Andrew lui aurait-il dit qu’il ne pouvait pas comprendre. Qu’il n’était pas père, qu’il n’avait jamais perdu d’enfant. Il aurait eu raison. Il ne pouvait qu’entrevoir ce sentiment en voyant sa petite allongée dans ce lit. Ce n’était pas suffisant,  pour tout saisir, sans doute. Il l’écouta parler sans l’interrompre. Il se dit toutefois que le père McKullan en avait conservé, une ribambelle de souvenirs. Il parla de Mia, et puis il parla d’eux.
En temps normal, il se serait laissé aller à un sourire. Pas maintenant. Il n’y parvenait pas. Il fallait que cela s’arrête.

A l’écouter, il pouvait presque sentir l’odeur poussiéreuse du désert remonter des méandres de ses pensées. Il l’avait vu ramer, le McKullan. Mais il savait aussi comme Mia avait ramé. Geo ne pouvait pas faire ce que l’on attendait de lui. Il pouvait être là, être présent pour Andrew, être celui dont on se fout juste pour qu’enfin, les McKullan trouvent un terrain d’entente. Mais il ne pouvait pas agir comme Andrew le désirait. Et ça, il ne le comprendrait sans doute pas. Il était désemparé. « Tu parles de la fois où on a dû marcher quinze bornes sous un soleil de plomb pour trouver une foutue rustine ? Ou de la fois où le garagiste te reluquais sévèrement le cul ? Ah, autant pour moi, c’était le même jour. » il ne souhaitait qu’une chose, que cette tension palpable se dissipe. Et puisqu’il était venu ici indirectement pour ça, autant qu’il agisse.

« On avait roulé vers le sud de l’état pendant des heures. On était proche de réussir. Ou peut-être pas, on ne l’a jamais su et on le saura jamais. On a accumulé trop d’emmerdes tout le long du trajet. » Il fit une pause, s’enfonça sur la chaise en plastique. « A deux sur une moto fatiguée, on dépassait à peine les 80km/h. Un soleil de plomb nous faisait rôtir et le vent nous balançait des rafales de sable rouge. En fait, on était couvert de poussière. Quand on faisait des pauses, il était impossible de respirer correctement. » Il se surprit à parler plus qu’il ne l’aurait cru. « On a crevé à trente bornes de la ville la plus proche. Je n’avais pas de téléphone, Andrew avait usé sa batterie  jusqu’à la corde. » Parce qu’il avait passé sa journée à appeler Mia. Mais ça, il se gardait bien de le rappeler. « On n’avait plus de flotte, on devait se ravitailler lors de la prochaine étape. On n’a pas eu d’autre choix que de marcher. Quinze bornes sous un putain de cagnard. Impossible de laisser la moto sur place. Alors on l’a poussée, à tour de rôle. On était épuisés et rouges de poussière de la tête aux pieds. On a fini par trouver un garage à force de longer la route. Le type à l’intérieur nous a pris pour deux dégénérés. C’est peut-être pour ça qu’il nous a pas proposé d’eau. Il voulait nous vendre un pneu, prétextant qu’il n’avait plus de rustines. Faut croire qu’on devait avoir la tête des bons pigeons. Ou des gars désespérés. Après trois quarts d’heure de négociation, on a fini par repartir avec une rustine. Et tu sais quoi petite ? Ton père s’est fait dévorer du regard par le gérant. Je suis sûr que s’il y retournait aujourd’hui, il se souviendrait encore de lui. » Un mince rictus étira un coin de ses lèvres. Il se souviendrait toute sa vie de cette journée. « On a fini par repartir. Aucun de nous deux n’a parlé pendant un moment. Et puis j’ai dû m’arrêter sur le bas-côté avant d’arriver en ville. Je ne sais pas si c’était dû à la fatigue ou au soleil, mais j’ai été pris d’un fou rire. » Il pinça ses lèvres. Cette journée avait été un vrai calvaire à vivre, mais c’était la seule fois de sa vie où il avait rit de la sorte. Il ne l’oublierait pas. Il ne savait pas si cette histoire avait aidé Andrew en quoi que ce soit, mais au moins, il était sincère, et il ne cachait aucune prétention derrière, si ce n’était calmer le jeu cinq minutes.


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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptySam 21 Nov - 20:00






Asylum for the feelings

Andrew, Geo & Mia

Après avoir repris connaissance, je m’étais sentie si seule dans cette chambre d’hôpital. Ces murs ternes et le bruit produit par la machine au rythme des battements de mon cœur m’avait mis le cafard au point que, lorsqu’une personne quittait la pièce, je priais pour qu’une autre arrive. Knox d’abord, ma mère malheureusement ensuite. Puis Adam avec qui ça s’était mal terminé… Et à présent mon père et Geo… Et là, j’ai la sensation d’étouffer, c’est contradictoire je sais, mais parce que je me sens prise au piège entre les deux. Je dois faire semblant d’ignorer l’identité de Geo alors qu’il a été présent pour moi durant ces cinq dernières années. Je lui avais explicitement demandé, sans pour autant être certaine qu’il respecte ma volonté. Pourtant, il avait gardé cela secret jusqu’à maintenant. Alors, nous jouons aux deux inconnus et comme je me sens vulnérable sur ce lit d’hôpital, et à défaut de pouvoir prendre la poudre d’escampette comme la veille, j’attaque avec les mots. Ma meilleure arme contre mon père à qui je n’ai pas envie de pardonner…Le sentiment que j’ai pu avoir tout à l’heure, où j’aurai aimé qu’il reste près de moi s’est évanouie aussitôt qu’il a franchit cette porte à nouveau, surtout en demandant à Geo de venir se faire l’avocat du diable. Il veut se racheter une image sûrement, me prouver qu’il n’est pas mauvais… A moins qu’il ne cherche à se le prouver à lui-même ? Alors pour contrer mes attaques, il utilise l’humour et cela me fait encore plus bouillonner. Parce que bien que je l’aie atteint en faisant référence à sa perte de licence suite à un avocat incompétent pour le défendre, il reste impassible et c’est bien pire encore pour moi. Ma technique ne fonctionne pas. Pourtant, il me tend une perche à me présentant Geo comme la personne qui a toujours été là pour lui. Il insiste, en disant qu’il n’a pas failli un seul instant. Et là, je suis obligée de rebondir « Tu aurais peut-être pu prendre exemple sur lui alors, pour en faire de même avec ta famille ». Parce que lui n’a pas toujours été là, au contraire. Inscrit aux abonnés absents pendant quinze ans. Loin d’être irréprochable « J’espère au moins qu’en retour, tu as toujours été là pour lui ». Je pique, encore et toujours, je donne l’impression de vouloir semer le trouble entre les deux même, alors que ce n’est pas ce que je veux.  

Alors il commence à se lancer dans un récit, me décrivant leur amitié. Une amitié qui, même si je savais qu’elle existait, j’en ignorais la consistance. Il se remet à rire en faisant référence à leur instant de beuverie ensemble. Ce sourire et ce rire sur son visage me serre le cœur… Cela faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas vu de la sorte. Les rires que nous avons partagé étaient désormais bien lointains et pourtant, ils me manquaient… Et j’espère au fond de moi les retrouver un jour… Ma gorge se noue quand il me replonge encore plus dans les souvenirs du passé. Parce qu’il a tout raconté à Geo, qu’il n’a visiblement pas cessé de parler de moi, qu’il ne m’a pas oublié… Il me montre, et je le sais, que même à des milliers de kilomètres, il m’aimait sans faille. Mais sa détermination a fait qu’il voulait ramener mon frère dans notre famille… Alors, lorsqu’il termine sa phrase en disant que Geo a toujours essayé de comprendre, je tourne mon regard vers ce dernier, silencieux jusqu’à présent. Il compte dans ma vie désormais mais il compte à un point indéfinissable dans la vie de mon père… Et là, je me rends compte que les choses vont certainement se compliquées, surtout pour lui, lorsqu’on devra tôt ou tard dire que nous sommes restés en contact après qu’il ait missionné Geo de me suivre au Mexique…

Il l’invite alors à prendre la parole, à me raconter une anecdote de leur périple au fin fond des Etats-Unis. Alors je l’écoute, attentivement, mon regard ne le quittant plus alors qu’il conte son récit. Une journée de galère sur une moto en plein désert où ils ont fini en panne, les obligeant à marcher en poussant l’engin à tour de rôle… Je me replonge à ce moment même dans cette journée de juillet où Geo m’a initié à la conduite. Et, peut être que, sans le vouloir, à ce moment précis, un sourire est apparu sur mes lèvres. Parce qu’il y a des similitudes dans leur entente avec celle que j’ai créé avec Geo à distance ou plus récemment en chair et en os. Je suis étonnée cependant de l’entendre autant parler, très certainement la première fois depuis que je le connais. Parce que d’habitude, je suis celle qui fait la conversation, qui parle sans m’arrêter. « Et tu sais quoi petite ? ». Cela semble anodin et pourtant ce surnom a une signification particulière pour moi. Je me fige alors avant qu’un sourire n’apparaisse sur mon visage, naturellement. Il a osé utiliser ce surnom devant mon père, qui n’y verra que du feu, surement un message subliminal pour me dire qu’il était là pour moi. A défaut de pouvoir me le montrer car mon père était présent et qu’il ignorait notre complicité. Je me ressaisis cependant car je ne veux pas qu’il suspecte quoi que ce soit. Ce n’est pas le moment.

Son récit est terminé et je vois que leur amitié est belle, qu’il y a une reconnaissance et une loyauté sans faille l’un envers l’autre. Et malgré tout, voir que mon père et Geo peuvent compter l’un sur l’autre me touche. Pourtant… pourtant je ne veux laisser rien transparaitre encore. Alors je joue les indifférentes : « Touchant… » je lance alors d’un ton détaché « Donc… » je retourne mon regard vers mon père « tu espère qu’avec cette histoire de virée dans le désert avec ton best friend forever » j’affiche alors un sourire narquois, leur faisant penser que je me moque royalement d’eux et de leur histoire « où un mec t’a reluqué et où vous êtes tombés en rade va me faire changer d’avis sur toi ? ». J’ai un ton hautain, je sais que je suis détestable à ce moment même et que mon père peut clairement sortir de ses gonds, parce que je pousse et je continue à pousser pour mieux me protéger. « Ça ne fait que me montrer encore plus que ta vie n’est rythmée que par des échecs et des mauvais choix et que, finalement, tu n’as pas été capable de retrouver mon frère ». En prononçant ces dernières paroles, même si mon visage ne laisse rien transparaitre, au fond de moi, cela me brise. Cela me fait mal d’être odieuse à ce point avec lui mais je me dois de l’être… Pour me protéger… encore et toujours. Et puis mon regard vient se poser sur Geo, parce que je ne peux pas l’ignorer non plus « Votre complicité est touchante et votre loyauté envers mon père l’est tout autant… mais j’espère qu’il ne vous décevra pas comme il a pu le faire avec moi ». Mon regard retrouve celui de mon père alors « Tu pourras me raconter ce que tu voudras p… » j’allais dire papa mais je me stoppe dans mon élan parce que c’est bien trop difficile « mais rien ne me fera changer d’avis. Tu peux amener qui tu veux pour prendre ta défense, il en sera de même. Ça ne suffira pas. Si tu tiens à moi comme tu me l’as dit tout à l’heure, alors tu partiras et me laissera du temps…autrement, tu ne vas faire qu’aggraver ton cas ». Je suis ferme, je cache l’émotion qui me monte parce que ces mots me coûtent encore une fois.


☾ anesidora


@Andrew McKullan @Geo Caulfield Asylum for the feelings x Mia & Geo 1949770018


Dernière édition par Mia McKullan le Dim 22 Nov - 17:06, édité 1 fois
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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyDim 22 Nov - 16:59

ASYLUM FOR THE FEELINGS
Andrew avait tout misé sur l’intervention de Geo. C’était peut-être stupide et égoïste, mais il espérait que son ami arrive à lui redorer un peu le blason. Il savait qu’il le détesterait pour ça. Geo avait toujours détesté être dans des situations qui le mettaient mal à l’aise, ou qu’il l’obligeait à faire des exercices de funambule, en ne sachant pas trop sur quel pied il allait danser. Et c’était exactement la situation dans laquelle Andrew l’avait mis, sans savoir à quel point c’était une situation délicate pour lui. Il s’attendait à prendre une soufflante en sortant. Avant que Geo commence son récit, Mia n’avait pas pu s’empêcher de relancer une nouvelle pique. « Tu aurais peut-être pu prendre exemple sur lui alors, pour en faire de même avec ta famille. J’espère au moins qu’en retour, tu as toujours été là pour lui ». Andrew ne releva pas. Là encore, sa fille l’avait touché en plein coeur. Il se demandait si en sortant de la pièce, il ne devrait pas passer par le service cardiologie pour faire un bilan, il avait bien peur de défaillir à tout moment. Et ne même temps, il bouillonnait. Il bouillonnait tellement fort. Il essayait de se contenir, mais la colère commençait à prendre le pas sur la raison et la tristesse. Comment pouvait-elle le rejeter à ce point, alors qu’il essayait de faire de son mieux pour revenir ? Après tout, il ne demandait qu’une toute petite place dans sa vie. Malgré tout, Andrew ne dit rien. Pas encore. Il laissa Geo début son récit, dans l’espoir de faire changer d’avis Mia. Il l’écouta attentivement raconter à Mia leur petit périple au milieu du désert américain. Il en avait encore des frissons sur les bras. Il ne put s’empêcher de rire quand il mentionna le gérant de la station-service. S’il avait imaginé à un seul moment que le gars lui ferait de l’oeil…Andrew se permit d’interrompre quelques instants le récit de Geo.
« Je suis certain que si Geo n’avait pas été là, j’aurais pu repartir avec ce gars à l’arrière de sa fourgonnette sans aucun problème ! »
Il rigola une nouvelle fois, avant de laisser son ami reprendre le cours de l’histoire. Intérieurement, il priait pour que Mia se laisser aller à un rire. Même un simple sourire aurait été suffisant. Mais quand Geo eut terminé de raconter leur périple, elle resta de marbre. Merde. « Touchant…Tu espères qu’avec cette histoire de virée dans le désert avec ton best friend forever, où un mec t’a reluqué et où vous êtes tombés en rade va me faire changer d’avis sur toi ? Ça ne fait que me montrer encore plus que ta vie n’est rythmée que par des échecs et des mauvais choix et que, finalement, tu n’as pas été capable de retrouver mon frère ».
Des échecs et des mauvais choix. C’en était trop pour Andrew. Il se leva de la chaise sur laquelle il était assis, la lèvre inférieure tremblante et les points fourmillants. Il récupéra sa veste qu’il avait laissé sur le dos de la chaise, prêt à tourner les talons. Il aurait simplement pu partir et ne rien dire, mais entendre sa fille lui cracher son venin à la figure comme ça, sans rien lui ressortir en retour, ça n’aurait pas été lui. Il était un McKullan, après tout.
« Oui, Mia, j’espérais que pour une fois, tu ne ferais pas ta tête de mule et que tu m’écouterais, que tu nous écouterais. Parce que si ma vie a été rythmée d’échecs et de mauvais chois, comme tu sais bien le dire, tu n’as jamais fait partie de ses échecs. Tu es la plus belle chose qui me soit jamais arrivée, Mia, et j’aurais aimé que tu laisses ta rancoeur de côté cinq minutes et que tu te rendes compte de ça ». Il déglutit péniblement. Il avait la gorge nouée, à la fois par la tristesse qui lui enserrait l’œsophage et par la colère qui creusait un trou béant au creux de son ventre. « Si je suis parti chercher ton frère pendant autant de temps, c’est parce que j’avais espoir de reconstruire quelque chose. De me reconstruire. De nous reconstruire, Mia. Et d’avoir une vraie famille, une vraie famille, qui ne se cache pas sous des sourires et des faux-semblants ». Il faisait écho à son ex-femme, pour qui il avait un profond respect, mais avec qui le mariage, sur la fin, n’était plus aussi rose qu’ils ne le laissaient paraître. « Alors désolé si je n’ai pas su le ramener, Mia. Désolé d’être parti, désolé d’avoir été aussi con et d’avoir voulu faire quelque chose de bien, pour une fois. Désolé de ne pas avoir été le père parfait. » Légère pause, le temps de reprendre son souffle, et de cracher lui aussi le peu de venin qu’il avait accumulé. « Mais si je puis me permettre, puisqu’on en est au stade où on a décidé qu’on faisait tout pour se crever le coeur mutuellement, t’as été et t’es toujours une sacrée sale gosse, incapable d’ouvrir les yeux pour voir tout ce qu’on faisait pour toi. Tout ce que j’ai fais pendant quinze ans, c’était en partie pour toi, Mia. Et tous les appels, toutes les cartes, toutes les lettres que je t’ai envoyé n’ont jamais réussi à te faire entendre raison ». Il tapota légèrement la poche de sa veste, là où il avait rangé son carnet. « J’avais des choses à te faire lire. Des choses qui me tiennent à coeur. Mais je n’ai plus envie. J’étais brisé, Mia, en revenant à Brisbane. J’avais espoir que tu sois là pour me réparer. Mais visiblement, tu n’est pas prête à ne serait-ce que déposer un pansement sur nos blessures communes ».
Il s’arrêta, presque éreinté par toutes les tirades qu’il venait de sortir. Elle s’adressa à Geo, mais il n’eut même plus la force de lui dire de le laisser en dehors de tout ça. Après tout, il n’y était pour rien. Ça avait été une erreur de l’amener ici. Elle termina, lui indiquant que rien ne la ferait changer d’avis. Que si il tenait à elle, il devait partir et lui laisser du temps. Que sinon, il ne ferait qu’aggraver son cas. Il serra de nouveau les dents, jetant un coup d’oeil à sa montre par la même occasion. Il était grand temps qu’il quitte cette chambre. Il était fatigué. Las aurait été un terme plus approprié. Pour la dernière fois, il plongea ses yeux dans ceux de sa fille. Des souvenirs lui parcourent de nouveau l’échine : quand il l’avait pris pour la première dans ses bras et qu’il avait vu ses deux grands yeux bleus de nourrisson le fixer, ses deux grands yeux bleus qui avaient transpercé son âme et lui avait fait comprendre que désormais, il était père. Et qu’il serait père jusqu’à son dernier souffle, et qu’il se battrait toute sa vie pour le bonheur de sa fille. Que le petit être qu’il tenait à ce moment là dans ses bras serait lié à lui pour toujours. Qu’ils traversaient toutes les épreuves du temps ensemble. Et aujourd’hui, elle était de nouveau là, sous ses yeux. Il avait envie de la prendre dans ses bras mais il n’en fit rien. Il enfila sa veste avant d’échanger ses quelques derniers mots, s’étant quelque peu radouci.
« Je te laisserai tout le temps qu’il te faudra, Mia. Je ne te forcerai à rien. Sache que je t’aime du plus profond de mon être, et que je resterai là, à t’attendre. Mais ne me fais pas trop languir, ma princesse. Mon coeur se fait vieux et mon esprit aussi. Je suis fatigué ».
Il jeta un coup d’oeil à Geo, lui faisant un signe de tête, indiquant qu’il était temps de partir. Il quitta alors la chambre, la boule au ventre, le coeur en miettes. Il ne savait pas quand il reverrait sa fille, et ça le détruisait tout doucement. Geo l’accompagna jusqu’au hall d’entrée, avant d’indiquer qu’il devait faire demi-tour parce qu’il avait oublié ses clés dans la chambre. Andrew le laissa partir, s’assit sur un banc pour l’attendre. Il devait avoir pris dix ans d’un coup. Il se sentait faible. Triste. Fatigué. Il était temps qu’il rejoigne le confort de son foyer.
(c) AMIANTE
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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptySam 28 Nov - 16:10





Le temps s’égrenait lentement dans la chambre d’hôpital. Mia alitée, Andrew changé en boule de nerfs et assis au milieu, Geo. Trempé comme un vieux cabot, il était là pour soutenir Andrew, comme il l’avait toujours fait. Au delà de ça, Geo était venu également jouer les catalyseurs. Andrew et Mia se tiraient dessus à qui mieux mieux, tant et si bien qu’il se faisaient toujours plus de mal. Il en eut encore la preuve, à l’instant. Andrew lui avait proposé de raconter à sa fille leur virée dans le désert, il y a plusieurs années, en quête de son fils. Il s’était prêté au jeu et naturellement, les mots lui étaient venus. Il ne cherchait pas à faire valoir Andrew. Mais cette journée était gravée dans sa mémoire et l’évoquer l’avait rendu bien plus bavard qu’il ne l’imaginait. Il ne pu toutefois s’empêcher de s’adresser à Mia en l’appelant « petite ». Cela lui venait naturellement depuis quelques temps. Il n’y pensa pas sur le coup. C’est le soudain changement d’attitude de Mia qui lui mit la puce à l’oreille. Après toutes ces années, il faut croire que certaines choses sont profondément ancrées.

L’air de rien, ce moment où Geo parla calmement du passé eu le mérite de faire taire tout le monde. Où plutôt, de faire concorder les esprits de chacun autour d’un moment partagé. Un peu hors du temps. Son récit achevé, l’accalmie ne dura pas. Au contraire, Mia revint même à la charge. Geo repensa à ce qu’il lui avait dit à Mexico, il y a cinq ans. A conserver encore et encore sa douleur, cela la rendrait acide. Aujourd’hui, Andrew se prenait un raz-de-marée de rancoeur en pleine gueule. Il le voyait qui se crispait, à côté, à mesure que la blonde débitait ses reproches, crachait sa colère. Les deux avaient une épine plantée dans le coeur et ils ne pouvaient rien faire d’autre que la remuer jusqu’à en saigner. Geo posa son regard sur Andrew. « Respire. Pas ici. Pas maintenant. » Il ne dit rien. Ils n’en avaient pas besoin.

Et puis Mia sortit la réplique de trop.  « Ça ne fait que me montrer encore plus que ta vie n’est rythmée que par des échecs et des mauvais choix et que, finalement, tu n’as pas été capable de retrouver mon frère ». Geo, enfoncé sur sa chaise et les bras croisés sur le torse, ferma les yeux, dépité. C’en était trop pour Andrew qui bondit de sa chaise. Geo ne tenta même pas de le retenir. Il ne le voyait que rarement sortir de ses gonds, mais il avait bien vite appris, à l’instar de son meilleur ami, que tenter de le calmer dans ces moments-là était tout sauf une bonne idée. Et lui aussi, avait des choses à dire. Ils se lancèrent encore des répliques, toutes plus cinglantes les unes que les autres, à la figure. Si Andrew s’était souvent confié à Geo au sujet de sa fille, il ne l’avait toutefois jamais vu lui répondre comme ça. Il la qualifia de sale gosse. Ah ça, c’était bien sa fille. Et puis il laissa tomber les armes. Mia buta sur le mot « papa ». Ils conclurent tous deux qu’ils avaient besoin de temps, et qu’ils s’en laisserait. Geo expira en silence et se leva. Andrew s’était mis à nu pour elle. Il était temps pour eux de partir d’ici. Geo emboîta le pas d’Andrew lorsqu’il quitta la pièce.

Le long du grand couloir aseptisé, Geo ne broncha pas, tout comme Andrew. Il voudrait peut-être être seul, à présent. Ou peut-être pas. « J’ai exactement ce qu’il faut pour toi, à la maison. » Ils s'étaient revu quelques fois, depuis l’arrivée de Geo à Brisbane. Et ce soir, peut-être Andrew ne désirerait pas rester seul. Ca tombe bien, Geo avaient d’excellentes soupes de nouilles déshydratées et pas mal de whisky. Paradoxalement, il ne pouvait s’empêcher de penser à Mia. Il avait toujours été là pour elle depuis qu’il la connaissait, mais pas ce soir. Il avait l’impression de trahir sa promesse. « Fait chier, mes clefs. » grogna Geo en palpant ses poches. « Je reviens dans cinq minutes. » Il s’en mordait déjà les doigts, mais il n’avait qu’une paroles. Il se devait d’aller la voir, ne serait-ce qu’un instant. Andrew lui fit un signe de tête et Geo tourna les talons.

Il frappa à la porte, rentra sans bruit. Peut-être s’était-elle assoupie, après cette bataille. Elle ne dormait pas mais était blessée, ça crevait les yeux. Difficile de juger lesquelles de ses blessures, physiques ou morales, étaient les plus douloureuses. Il s’approcha du lit, traîna une chaise et s’assied. Il s’accouda sur le lit, posa sa tête sur sa main. « Tu as une mine affreuse, petite. » lui siffla-t-il. Et il sourit. Bien entendu, il était mal placé pour parler, lui qui était trempé comme s’il s’était douché tout habillé. Mais il restait le même. « Je ne reste pas longtemps. Mais… Je voulais te voir. » avoua-t-il. Il se sentait un peu coupable. Il avait la sensation de commettre quelque chose d’irréparable. « Je réfléchirai à deux fois avant de te laisser remonter sur ma moto. » siffla-t-il. Il la regarda un instant sans rien dire. Il aimait Mia, il aimait Andrew, il voyait chacun d’eux en l’autre et lui avait la sensation d’être tiraillé entre les deux. Tôt ou tard, cela finirait mal. S’il s’efforçait de ne pas y penser ce soir, la tâche était ardue. Qui plus est, il savait que c’était reculer pour mieux sauter. « Tu le sais sûrement, mais c’est ton père qui m’a appelé. Je crois que j’ai rarement autant flippé de toute ma vie. » Il marqua une pause. Il avait besoin d'un instant pour ordonner ses paroles. « J’ai pas de famille, Mia. Toi et toi père, vous êtes la mienne. Je suis en train de réaliser qu’aimer, c’est difficile, parfois. A quarante-huit ans. C’est con, hein ? » Il haussa les épaules. Il ne s’aventurerait pas davantage sur ce terrain. Mia et Andrew connaissaient très bien ce que Geo était encore en train de découvrir. Sa gorge se serrait davantage. Alors il coupa court à la discussion. « T’as intérêt à vite te remettre, petite. » Il se leva, repoussa la chaise à sa place. Il prit ensuite délicatement sa main dans la sienne, la pressa doucement et la reposa. Il lui fit un petit signe de tête en guise d’au revoir et tourna les talons.

Lorsqu’il retrouva Andrew dans le couloir, la mine abattue de celui-ci ne fit que renforcer le sentiment d’insécurité de Geo. Il lui tapa amicalement le dos. « Ramène-toi, vieux. » et il le précéda pour quitter l’hôpital. Quoi qu’il advienne, il ne le laisserait pas tomber.
Jamais.

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Message(#)Asylum for the feelings x Mia & Geo EmptyDim 29 Nov - 17:29






Asylum for the feelings

Andrew, Geo & Mia

L’ambiance est devenue glaciale dans la chambre d’hôpital. Pourtant, elle était si chaleureuse deux minutes auparavant, lorsque Geo faisait son récit. Si quelqu’un était rentré, il aurait pu penser que c’était une sorte de retrouvailles en famille, racontant de bons vieux souvenirs. Quelques éclats de rire par-ci, par-là. Oui, un cadre presque idéal vu de l’extérieur. Parce que dans la tête et le cœur de chaque personne présente dans cette pièce, il y a une noirceur qui ne semble ne pas vouloir disparaitre. La mienne en tout cas n’est pas prête à l’être. Parce que, lorsque cette belle histoire est terminée, je déverse tout mon venin sur mon père. Je lui dit à quel point il a tout gâché, à quel point il est bon à rien. Ca me fend le cœur, pourtant je reste de marbre, ne verse pas une larme. Mon père se lève soudainement de sa chaise, attrape sa veste et je sais que mes mots l’ont touché. Il me le montre par son comportement mais par les mots qu’il me lance ensuite… Il continue à dire que je n’étais pas un échec au contraire, que j’étais la plus belle chose qui lui soit arrivée… Qu’il était partie dans l’espoir de reconstruire notre famille, détruite par leur séparation avec ma mère mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’ils avaient abandonné mon frère… Et il s’excuse… Il s’excuse de tout et je reste figée, à l’écouter à son tour sortir tout ce qu’il a sur le cœur. Sans réagir, sans flancher par ses mots qui, petit à petit, devienne dur à mon égard… « Mais si je puis me permettre, puisqu’on en est au stade où on décide qu’on faisait tout pour se crever le cœur mutuellement, t’as été et t’es toujours une sacrée sale gosse. Incapable d’ouvrir les yeux pour voir tout ce qu’on faisait pour toi. Tout ce que j’ai fais pendant quinze ans, c’était en partie pour toi, Mia. Et tous les appels, toutes les cartes, toutes les lettres que je t’ai envoyé n’ont jamais réussi à te faire entendre raison ». Ses mots me déchirent le cœur en millier de morceaux et attaque un peu plus cette blessure qu’il a créé et qu’il a laissé s’approfondir au fil de ses années. A ce moment-même, je suis trop faible pour répondre mais si je n’avais pas été dans cet état, la première chose qui me serait venue sous la main serait peut-être partie en sa direction pour lui dire qu’il parte et que je ne le pardonnerai jamais c’est certain. Parce que ses mots me font mal, parce qu’ils m’accusent de tort que je ne trouve pas justifier. Qu’il ait en plus cette image de moi me serre la gorge, le cœur et le ventre. Il montre alors la poche de sa veste, me disant qu’il avait des choses à me faire lire, des choses qui lui tenaient à cœur et qu’il avait espoir que je le répare parce qu’il était brisé. Mon sang ne fait qu’un tour j’ai envie de rétorquer, que j’ai l’impression que c’est l’hôpital qui se fou de la charité… Mais là encore, j’abandonne je n’ai plus de force à argumenter. Je m’adresse une dernière fois à lui pour lui dire que, de toute manière, quoi qu’il dise ou fasse n’aidera pas pour que je le pardonne. C’est beaucoup trop tôt. Je le regarde enfiler sa veste et il me dit encore qu’il m’attendra le temps qu’il faudra, qu’il m’aime mais que je ne le fasse pas trop attendre car « mon cœur se fait vieux et mon esprit aussi. Je suis fatigué ». Je pince mes lèvres pour ne pas craquer je le regarde tourner les talons, suivi de près par Geo  avec qui je n’ai pas pu échanger quelques mots. Et lorsqu’ils quittent tout deux la chambre, toutes les larmes contenues se déversent. Je souffre physiquement et moralement, beaucoup trop de choses se sont passés pour moi aujourd’hui… Je suis à bout de force…

***

Mon regard est perdu au loin, je me sens à nouveau seule. Je me suis calmée, mais mes yeux doivent certainement traduire ma tristesse. J’entends alors qu’on frappe à nouveau à mon porte et quelqu’un qui rendre doucement. Geo. Il est revenu. Mais je peine à sourire même si je suis heureuse de le voir, seul. Il s’installe sur une chaise qu’il rapproche cette fois. « Tu as une mine affreuse, petite. Je ne reste pas longtemps. Mais…je voulais te voir ». Cela me touche qu’il soit revenu exprès. Je lui souris en guise de réponse. Puis il tente une touche d’humour « Je réfléchirai à deux fois avant de te laisser remonter sur ma moto ». Je laisse échapper un petit rire même si mon regard est toujours aussi décomposé. « Tu le sais sûrement, mais c’est ton père qui m’a appelé. Je crois que j’ai rarement autant flippé de toute ma nie. J’ai pas de famille, Mia. Toi et ton père, vous êtes la mienne. Je suis en train de réaliser qu’aimer, c’est difficile, parfois. A quarante-huit ans. C’est con, hein ». « Je suis désolé… » Parce que je m’en veux de faire souffrir autant de personnes autour de moi et que je m’en serai passé. Et ce que dit Geo me touche énormément. Mes yeux sont emplis de tendresse pour lui. Il s’apprête à partir et pourtant, il m’attrape la main, sa manière à lui de me montrer qu’il tenait à moi avant d’ajouter « T’as intérêt à vite te remettre, petite ». J’acquiesce d’un signe de tête en murmurant un « promis » et je le regarde quitter la chambre, me retrouvant à nouveau seul… face à moi-même.

THE END

☾ anesidora


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