"All of the stars, you make them shine like they were ours. Ain't nobody in the world but you and I. You and I. Ain't nobody in the world but you"
Caleb a reprit le travail, et je ne sais pas si vous pouvez juste vous rendre compte de la charge de travail que représente deux bébés de un mois ? Et si avant avec Caleb, tout était rodé. Deux paires de bras pour deux bébés, c'était assez équitable, là je dois tout revoir mon quotidien. Puisque toutes les deux, trois heures grand max, c'est la même routine qui revient. Et c'est tout en double. la tétée pour Lucy et le biberon pour Lena. Le changement de couche, l'habillage, puis le changement de vêtements si elles régurgitent trop, puis un petit moment avec chacune avant qu'elles ne se rendorment. Et c'est ensuite le reste que je dois gérer. La maison, le linge. Je crois qu'on imagine pas le nombre de machine à faire pour deux bébés, et pourtant leurs vêtements sont si petits que ça ne prends pas de place dans la machine. Enfin j'ai l'impression de n'avoir rien le temps de faire. Je n'ai jamais été une femme au foyer, je n'ai jamais vraiment appris à prendre soin d'une maison, à gérer un domicile et tout ça, mais avec l'arrivée des filles c'est toute ma vie qui a changé et je m'adapte. Avec plus ou moins de facilité sur certaines choses, et clairement je m'adapte moins bien à ma condition de mère au foyer qui gère son intérieur, qu'à mon rôle de mère avec les filles, mais chacun ses priorités et clairement, ma priorité c'est elles. Sauf que désormais, après un mois à vivre que pour elles, et ne penser qu'à elle, je ressens un peu le besoin de sortir, de retrouver un peu le monde extérieur, retrouver une vie sociale avec des adultes, mais pourtant je ne suis pas prête à les laisser, alors c'est avec elle que je vais faire mon retour à la vie extérieure.
Ce matin Caleb m'a brièvement appelé pour me faire part de soucis au boulot, il avait l'air dépité quand il m'a annoncé qu'il ne pourrait sûrement pas rentré tôt aujourd'hui. J'ai bien compris à sa voix que la journée semblait mal partie, et qu'elle allait être longue pour lui et c'est en l'entendant que j'ai eu une idée. Et me voilà en train de préparer le sac pour les filles. Et c'est la première fois que je sors avec elles toute seule. J'ai l'impression de partir en expédition tant ça demande une organisation impeccable, ou alors c'est moi qui me met trop la pression ? Oui, oui trois bodys par filles pour une sortie de deux heures, ça ne me semble pas trop ! C'est sans doute excessif mais je ne veux surtout pas qu'il manque quelque chose. Surtout pas pour elles. Normalement à cette heure, je devrais m'allonger dans mon lit et me reposer pendant qu'elles dorment, parce que les siestes c'est devenu vital pour tenir le coup, mais aujourd'hui j'en profite pour me préparer et j'avoue que ça fait du bien de me retrouver devant mon miroir à me maquiller et à me coiffer. Fini le chignon, effet décoiffé avec des mèches qui ressortent sans logiques, je retrouve une coupe de cheveux un peu plus digne de ce nom, même si mes cheveux commencent à être longs et ma couleur naturelle a reprit sa place depuis un moment maintenant. Encore une chose dont je devrais m'occuper dans les semaines à venir. Mais pour l'heure, c'est la tenue qui va poser problème. Je ne peux pas encore remettre mes robes d'avant grossesse, mais j'ai la tenue parfaite. La robe que j'avais le soir ou il m'a demandé en mariage une deuxième fois. Oui, ça fera l'affaire, de toute façon je n'ai rien d'autres à me mettre, encore une chose qu'il va falloir que je gère mais je compte retrouver ma silhouette d'avant grossesse. Peut-être que c'est idéaliste comme pensées mais j'y crois. Que ça fait du bien d'être maquillée, coiffée et habillée de manière un peu sexy. Et ça me fait aussi plaisir de retrouver mes talons après plusieurs mois passés avec des chaussures plates. Les filles installées dans la poussette, chacune avec son doudou, et des tétines pour Lena (pleins de tétines, dans mon sac, dans leur sac, dans la poussette), je me mets en chemin, direction l'Interlude. Le coup de feu du midi est fini depuis longtemps, et la plupart des restaurants sont en train de se vider à cette heure et c'est exactement ce que je recherche, parce qu'il était hors de question que je vienne déranger Caleb pendant un moment aussi chargé que l'heure du midi, et puis ce n'est pas typiquement le premier restaurant dans lequel on entre avec des jumelles d'un mois. Mais là ce sont les jumelles du chef alors ça change tout. J'arrive au restaurant et je suis accueillie par une serveuse surprise de me voir débarquer. Je n'ai pas besoin de me présenter, et c'est l'un des grands avantages de coucher avec le patron. « Le chef ne nous avait pas prévu de votre venue. Vous voulez que je le prévienne que vous êtes ici ? » Je lui explique qu'il n'est pas au courant, que c'est une surprise et je lui demande si elle a une table pour nous sur la terrasse. Question rhétorique, elle aura une table, vu l'heure et elle ne pourra pas me refuser de manger ici. Elle me demande quelques secondes et je patiente, plusieurs employés m'ont bien vu entrer et j'espère juste qu'aucun ne va pas gâcher la surprise en lâchant l'info à Caleb. Elle revient vers moi et me conduit jusqu'à la terrasse ou je remarque que des tables ont été déplacé pour faire une place pour la poussette. Durant le trajet jusqu'à ma table, je vois bien que la serveuse jette des coups d’œil discret à la poussette et je ne doute pas qu'avec Caleb, elle a du en entendre parler des filles, sûrement même les voir en photos. « Vous pouvez les regarder, je ne vais pas me fâcher. » Je lui dis en plaisantant un peu, je sais qu'elle arrive à la fin de son service et je me doute que servir la compagne de son chef ne doit pas l'aider à être détendue, mais je ne veux pas qu'elle me craigne, elle et les autres, bien que je n'ai pas toujours été des plus agréables avec l'équipe de Caleb, dernier moment en date, le lendemain de son hospitalisation. Mais tout ça c'est derrière moi maintenant. Je m'installe à table et je m'adresse à elle. « Vous pouvez aller demander à Caleb qu'il vienne en terrasse, vous pouvez lui dire qu'un client veut voir le chef ou autre. Mais ne lui dites pas que c'est moi. Merci. » Elle repart et j'espère qu'elle ne va pas gâcher la surprise, elle ou un autre employé. Enfin même si quelqu'un venait à le dire à Caleb, finalement, il serait quand même surprit de l'entendre et j'espère que ça lui fera plaisir. Lena pleure un peu et je la prends contre moi tout en attendant Caleb. « Hey regarde qui arrive, c'est papa. » C'est à Lena que je m'adresse en voyant Caleb faire son apparition sur la terrasse de son restaurant. Puis c'est lui que je regarde, un sourire aux lèvres espérant voir un sourire similaire sur son visage après cette petite surprise que je lui fais. Je me lève pour me mettre à sa hauteur et je l'embrasse, un léger baiser, je sais qu'il n'est pas un grand fan des effusions en public et je ne voudrais pas le mettre mal à l'aise dans son restaurant et devant ses employés. « Puisque tu ne pouvais pas venir nous voir, on s'est dit que c'était à nous de venir à toi. » Enfin je me suis dis parce que les filles n'ont pas encore vraiment leur mot à dire. Je lui tends Lena, pour qu'il prenne sa fille dans ses bras avant de jeter un rapide coup d’œil dans la poussette pour voir si Lucy dort toujours et ça à l'air d'être le cas, même si je sais que ça ne devrait pas durer encore très longtemps. « Tu semblais dépité au téléphone tout à l'heure, alors j'espère que les voir va te remonter un peu le moral. Et puis, j'avais vraiment envie de te voir, je crois que si je n'ai pas une conversation avec un vrai adulte, je vais finir gaga. » Je lâche un léger rire, en repensant à la manière dont je suis avec les filles. Je ne pensais jamais être ce genre de personne mais c'est l'effet qu'elles ont sur moi et je l'accepte mais j'ai besoin de varier un peu mes interactions et même si j'aime beaucoup parler, parler seule ou du moins parler à des personnes qui ne peuvent pas répondre, la discussion devient vite à sens unique. « C'est bientôt l'heure du biberon, tu veux bien te joindre à nous pour manger ? Enfin si on te dérange pas ? Si tu as le temps aussi. Sinon on peut t'attendre si tu as des choses à finir. » Et à ce moment, je me dis qu'il a peut-être envie de quitter le restaurant un peu ? Qu'il aurait préféré qu'on aille ailleurs et je m'en veux de ne pas y avoir pensé avant. Peut-être que j'aurais du prévoir quelque chose, le kidnapper pour une heure pour qu'il souffle vraiment. Ici dans son restaurant, devant ses employés, il ne va pas peut-être pas vraiment décompresser ? Tant pis, j'y penserais pour une prochaine.
"ALL OF THE STARS, YOU MAKE THEM SHINE LIKE THEY WERE OURS. AIN'T NOBODY IN THE WORLD BUT YOU AND I. YOU"
Depuis que j’ai repris le travail j’ai l’impression d’abandonner Alex. Alors qu’au final c’est nécessaire, voire même plus que nécessaire. Il faut bien que l’un de nous recommence à travailler, et en toute logique c’est le papa qui reprend en premier. J’ai non seulement l’impression de l’abandonner mais en plus de ça, je me sens encore plus fatigué. Parce que je ne dors plus. La journée je suis au restaurant et la nuit elles se réveillent toutes les deux à trois heures, alors le sommeil n’est pas du tout réparateur. Peut-être que pour certain, reprendre le travail leur fait plaisir mais pour moi ce n’est pas vraiment le cas. Pourtant j’aime mon métier. Je l’aime vraiment beaucoup. Mais j’aime encore plus mes filles et passer du temps avec elles, c’est ce que je préfère. Alors je suis obligé de laisser Alex seule toute la journée avec elles, ou du moins une partie de la journée. Parce que pour l’instant je travaille beaucoup moins et tout ce que je peux faire de la maison, je le fais. La journée commence assez mal avec galère sur galère, des problèmes de stock et je suis dépité d’avance. J’aime mon métier, j’aime mon restaurant mais j’aurais largement préféré être avec mes filles et Alex à ce moment-là. Je profite d’un petit moment de creux pour l’appeler, pour entendre sa voix mais surtout pour la prévenir que je ne pourrais sûrement pas rentrer tôt comme je le fais depuis ma reprise. Elle comprend, ou du moins c’est l’impression que j’ai eu au téléphone et à peine raccroché que j’y retourne. Blasé mais surtout fatigué, alors que la journée ne fait que commencer. Il est quatorze heures, quasiment tous les clients sont partis, les derniers sont en train de payer l’addition ou de finir leur dessert. Je souffle un peu, je sors dans la petite cour derrière la cuisine pour fumer une cigarette. Un petit plaisir que je n’ai pas pu m’accorder depuis que j’ai commencé. Et je la savoure, cette cigarette, elle me fait du bien, elle m’aide à me détendre et j’en ai bien besoin. Quelques minutes après j’en allume une deuxième pour tenir compagnie à l’un des cuisiniers qui vient de sortir pour fumer sa cigarette aussi. Et une fois celle-ci terminée je m’apprête à rentrer dans la cuisine alors qu’une serveuse vient me voir en m’annonçant qu’un client demande à parler au chef. Je suis étonné qu’un client souhaite se manifester à cette heure-ci mais je la remercie avant de me rendre en terrasse, endroit où ce fameux client m’attendrait. Au final, ce n’est même pas vraiment un client, mais c’est Alex qui m’attend avec les filles. Je remarque tout de suite qu’elle s’est maquillée, chose qu’elle n’a pas fait depuis bien longtemps et elle ne porte pas n’importe quelle robe ; celle qu’elle avait le jour où je lui ai demandé officiellement en mariage. Bien sûr que c’est un grand sourire qui se dessine sur mon visage en la regardant. Elle aussi elle me sourit. Elle est belle. Tellement belle. Comme d’habitude de toute façon, mais je me sens toujours obligé de souligner sa beauté. Je l’embrasse rapidement et je prends la main de Lena dans la mienne avant de jeter un coup d’œil dans la poussette pour y voir sa sœur, dormant à poings fermés. Et c’est souvent comme ça finalement. Lena pleure, Lucy dort. Rien de bien nouveau. « Puisque tu ne pouvais pas venir nous voir, on s'est dit que c'était à nous de venir à toi. » Je souris alors que je plonge mon regard dans le sien, et je lui réponds. « C’est adorable. Je suis vraiment content que vous voir ici. » Je l’embrasse une deuxième fois et avant d’éloigner mon visage du sien je lui murmure. « T’es très belle. » Elle me tend Lena et c’est sans hésiter une seule seconde que je la prends dans mes bras. Elle pleure un peu et je commence vraiment à avoir l’impression qu’elle pleure à chaque fois que je l’ai dans les bras. Si elle est comme ça toute la journée, je plains Alex. Je la serre contre moi et tout en caressant doucement son dos je m’adresse à elle. « Bah alors qu’est-ce qu’il se passe ma chérie ? Je fais aussi peur que ça ? Je sais que je suis fatigué mais quand même… » Dans le doute, je pose une main sur son front. Depuis que nous avons dû l’emmener aux urgences je suis encore plus inquiet que je ne l’étais avant et je suis constamment en train de vérifier sa température. Je m’assois sur la chaise en face d’Alex, sans lâcher Lena. « Tu semblais dépité au téléphone tout à l'heure, alors j'espère que les voir va te remonter un peu le moral. Et puis, j'avais vraiment envie de te voir, je crois que si je n'ai pas une conversation avec un vrai adulte, je vais finir gaga. » Sa réflexion me fait rire et j’attrape sa main dans la mienne, je joue avec sa bague et mon sourire n’a pas quitté mon visage. « Vous voir toutes les trois ça me remonte toujours le moral. » J’insiste sur le toutes les trois, pour bien lui montrer que sa présence me fait tout autant de bien de celle des filles. « Ça va ? Ça a été ce matin ? Les filles t’ont laissé te reposer un peu ? » Voir Alex en mère de famille c’est quelque chose qui me plaît beaucoup. Elle en a beaucoup douté, mais moi je la trouve parfaite, elle se débrouille très bien et je ne sais même pas si elle s’en rend compte. Gérer deux bébés, seule toute la journée c’est pas facile mais pourtant elle se débrouille comme une cheffe. « C'est bientôt l'heure du biberon, tu veux bien te joindre à nous pour manger ? Enfin si on te dérange pas ? Si tu as le temps aussi. Sinon on peut t'attendre si tu as des choses à finir. » Je lâche un petit rire en l’écoutant, Lena ne pleure plus donc je l’installe dans la poussette avec Lucy, je la recouvre d’une petite couverture pour m’assurer qu’elle ne puisse pas avoir froid. Je l’embrasse sur le front, ainsi que Lucy et je reprends ma place face à Alex. « J’ai toujours le temps pour toi mon amour. » Et c’est vrai. Même si j’avais été débordé j’aurais pris trente minutes pour me poser avec elle. « T’as envie de manger quoi ? » Elle a de la chance parce qu’aujourd’hui je n’ai pas mangé avant le service, alors je vais pouvoir l’accompagner pour le repas et je compte bien profiter de ce moment qu’elle nous offre.
"All of the stars, you make them shine like they were ours. Ain't nobody in the world but you and I. You and I. Ain't nobody in the world but you"
C’est fou comme le voir sourire me fait toujours un bien fou. Je n’ai pas besoin de beaucoup plus, un sourire, un regard de sa part et bien sur un baiser et je me sens bien parce qu'il est à mes côtés. Il sourit, il semble heureux de nous voir, heureux de cette petite surprise que je lui fais en venant ici et je me rends compte que finalement, ça fait un petit moment que je n'ai pas mangé ici dans son restaurant. Faut dire que depuis que les filles sont nées, les sorties à deux sont beaucoup moins nombreuses, voir même exceptionnelles. Elles n'ont qu'un mois et les laisser à quelqu'un pour quelques heures ne me rassure pas, mais aujourd'hui elles sont là avec nous et même si ce n'est pas forcément un moment romantique que nous allons passer, c'est un moment en famille, avec nos filles et c'est tout aussi plaisant finalement. Il me complimente et je dois bien avouer que ça me fait un peu de bien de me sentir sexy, belle, maquillée, enfin d'être un peu plus sa femme avant d'être la mère de ses enfants. Je souris à ses mots, ses compliments ont beau être nombreux, je suis toujours flattée de voir que je lui plais, surtout après une grossesse et un corps qui n'a pas encore retrouvée sa forme d'avant grossesse. Je lui tends Lena, pour qu'il puisse profiter un peu de sa fille, c'est aussi pour ça que je suis venue avec elles ce midi, et alors qu'il a Lena dans ses bras, j'en profite pour le regarder un peu. Il a l’air épuisé et vu le rythme qu’il subit depuis la reprise du travail ça n’a rien d’étonnant. Il a un métier qui lui demande pas mal d’énergie, et les filles nous prennent presque toute notre énergie et notre temps. Elles nous privent de sommeil aussi et si moi je peux toujours m’assoupir une heure de temps en temps la journée ce n’est pas son cas. Et je ne sais pas si c’est cette journée particulièrement dure ou si c’est ce nouveau rythme mais il me semble vraiment fatigué à ce moment précis. Je l'entends, il en rigole avec Lena, mais je commence à me demander si je ne devrais pas en faire plus la nuit pour qu’il puisse se reposer un peu plus. Pour qu'il puisse dormir vraiment pour tenir les journées ou il travaille. Perdue un peu dans mes pensées, je vois qu’il semble vérifier la température de Lena et je sais pourquoi il fait ça. Moi aussi des qu’elle est un peu ronchon sans raison, je peux avoir ce petit moment de panique et de doute alors je comprends son inquiétude, et je tiens à le rassurer pour dissiper tout doute. « Elle va très bien ne t’en fais pas. Hein ma puce dis à papa que tu es en plein forme. Et dis lui aussi qu’il doit arrêter de raconter des bêtises c’est pas bien. » Je m’adresse à ma fille avec ma voix de maman gaga, c’est ça de passer un mois avec deux bébés. Je ne croyais jamais finir par devenir ce genre de personne mais en vrai je m’en fous puisque je suis heureuse. Ma main sur la joue de Caleb, c’est désormais à lui que je m’adresse et j’essaye de retrouver une voix d’adulte et un peu plus sérieuse. « Tu es beau chou et je t'assure que tu ne fais pas peur. Et puis les petites cernes ça te donne un petit côté mystérieux ça va bien avec ta barbe plus épaisse. » Mon pouce qui glisse sous ses yeux dans un geste tendre, je constate qu'il est peut-être encore plus marqué qu'habituellement. Mais je le trouve toujours très sexy, et c'est avec un petit sourire aux lèvres que je le regarde fixement quelques secondes. Je regarde ses yeux, sa bouche, ce sont pourtant des zones que je n’ai pas besoin de fixer tant je les connais par cœur, mais j’aime le regarder, j’aime aussi passer ma main dans sa barbe, dans ses cheveux et sur son corps mais je contente de sa barbe là parce que nous sommes quand même dans son restaurant. Il s’assoie et j’en fais de même. « Par contre tu as vraiment l’air épuisé chéri, et là je dois dire que je m’inquiète un peu pour toi. » M’inquiéter pour lui c’est devenu une chose normale depuis que je sais qu’il a un cœur fragile. Et lui dirait sûrement que je m’inquiète pour rien, qu’il suffit qu’il prenne son traitement et que tout ira bien, mais je tiens beaucoup trop à lui pour ne pas m’inquiéter finalement. Et la fatigue intense peut être nocive pour n’importe qui même pour quelqu’un sans soucis de santé. Mais je suis là justement pour essayer de lui faire passer un bon moment, pour qu'il souffle un peu et qu'il profite de ses filles sans avoir à gérer autre chose. Il joue avec ma bague et ça me fait sourire. Cette bague, si magnifique qu'il m'a offerte lors d'une demande de fiançailles à sa hauteur, cette bague que je porte fièrement. « Vous voir toutes les trois ça me remonte toujours le moral. » J'en déduis que mon idée de venir le voir semble une réussite, et depuis qu'il travaille j'ai l'impression de le voir de moins en moins, alors moi aussi ça me fait du bien finalement d'être là avec lui. « Si tu savais comme tu me manques à la maison. J’ai été trop gâtée ce mois entier à ne t’avoir que pour moi tout le temps. » Je n’ai aucune intention de le faire culpabiliser, je lui dis juste ce que je ressens sur le moment, et il sait déjà comme j'aime passer du temps avec lui et comme sa présence me rassure, m'apaise et me rends heureuse au quotidien. « Mais je me dis que tant que je n’ai pas repris le travail, je peux en profiter pour te kidnapper avec nous pour que tu puisses passer du temps avec elles entre deux taches au restaurant sans que tu sois déçu de ne pas les voir. Enfin si tu penses que c’est possible pour toi. » Je lui demande son avis, parce que je ne veux pas m’imposer, je ne veux pas lui rajouter une tache supplémentaire dans son emploi du temps et que ça le surcharge encore davantage. Tout ce que je souhaite c’est lui faire plaisir et lui offrir de passer un peu plus de temps avec ses filles et moi. Il aime ses filles, il aime passer du temps avec elles et s'en occuper et je veux juste lui permettre de ne pas se sentir exclu du quotidien. « Ça va ? Ça a été ce matin ? Les filles t’ont laissé te reposer un peu ? » J'ai le droit à cette question tout les jours, quand il rentre du travail, il s'intéresse à notre journée à trois, il s'inquiète de savoir si je ne suis pas trop fatiguée, et si avant j'aurais pu prendre ces questionnements comme une marque de doute sur mes capacités à gérer avec nos filles, je sais désormais qu'il est juste intéressé par la journée que j'ai passé avec nos filles. « Oui oui ça va, un peu compliqué je t’avoue que c’est pas le moment d’inviter du monde à la maison, je crois que je suis pas douée pour l’organisation et le rangement, mais sinon ça va on essaye de trouver notre rythme toutes les trois. » Et ça c’est pas une nouvelle pour lui, c’est lui le pro de l’organisation pas moi, pas du tout. Mais avec les filles, je pense m’en sortir pas si mal que ça finalement et c’est là le plus important. Je ne panique pas, ou presque pas. J'ai l'impression de m'en sortir, parfois difficilement, parfois la fatigue est telle que je commence des choses sans les finir, mais quand je m'occupe des filles elles ont toute mon attention. Il a réussi à calmer Lena et il l'installe dans la poussette au côté de Lucy, et je lui demande s'il a un peu de temps pour manger avec nous. « J’ai toujours le temps pour toi mon amour. » Un grand sourire comme réponse, je pose ma main sur la sienne et je caresse tendrement le dos de sa main en réalisant le bien-être que je ressens à ce moment, tout ça me semble si normal. Lui et moi à cette table, avec dans la poussette nos deux magnifiques filles et pourtant tout n'a pas été simple, loin de là. Et je me souviens de la première fois ou j'ai mis les pieds dans son restaurant. « Je me rappelle la première fois ou je suis venue ici te rendre ta veste, c'est fou j'ai l'impression que c'était y'a si longtemps. On en a fait du chemin tout les deux. » Ensemble dans notre couple, mais aussi individuellement. On en a vécu des choses pour arriver à ce moment précis, parents comblés de deux petites filles, installés à cette table dans son restaurant. Et comme j'avais pu le dire à Tim, j'aurais aimé que quelqu'un me prévienne au moment ou j'étais au plus bas, parce que pour cette vie, j'aurais pu me battre. Ou peut-être pas à l'époque, mais désormais c'est ça ma vie et j'ai besoin de tout ça pour me sentir complète et heureuse. Je quitte mes pensées pour me saisir de la carte avant de lui répondre. « Fois gras. Beaucoup de fois gras. Dis moi que tu en as encore ! » Je le regarde avec des yeux petillants d'envie. Pendant la grossesse ce n’était clairement pas le premier aliment que j’avais le droit de manger. Je pouvais mais c’était pas l’aliment le plus simple entre les conditions de précautions et puis avec les nausées et les douleurs à l’estomac, c'était pas le plus sain, mais je me rattrape depuis. « Et ensuite le plat du jour et en dessert une tarte citron meringuée. » Rien de bien surprenant, rien qui ne soit habituelle sauf peut-être le dessert qui change un peu. « J’ai vraiment un sacré privilège c’est le chef en personne qui prends ma commande. » Je me penche vers lui avant de l'embrasser à nouveau. « J'aime vraiment beaucoup le service ici, c'est pas partout que j'ai le droit d'embrasser le chef sexy. Allez file en cuisine, que je puisse te mater quand tu pars. » Je lui glisse ces mots en riant légèrement et quand il se lève je me penche pour lui mettre une lège tape sur les fesses et je lève les épaules innocemment. « Tu es à moi beau goss, j'en profite ! » Et dieu sait que j'en profite beaucoup mais c'est aussi comme ça que nous nous aimons. Lucy vient de se réveiller, et je la regarde un peu jouant avec mes deux filles en attendant le retour de Caleb.
"ALL OF THE STARS, YOU MAKE THEM SHINE LIKE THEY WERE OURS. AIN'T NOBODY IN THE WORLD BUT YOU AND I. YOU"
Je ne m’attendais pas à les voir ici, mais la surprise d’Alex me fait le plus grand bien. Elle est ici, avec nos filles et ça tombe plus que bien puisque vu la tournure de la journée au travail, je savais très bien que je ne pourrais pas rentrer très tôt aujourd’hui. Et passer du temps avec Lucy, Lena et Alex après le travail c’est quelque chose dont j’ai toujours besoin. Sauf que comme bien souvent, Lena pleure un peu et je commence à avoir peur qu’elle puisse recommencer à avoir de la température. Je vérifie rapidement en mettant ma main sur son front, mais rien ne me choque. Elle ne semble pas malade et Alex me le confirme. « Elle va très bien ne t’en fais pas. Hein ma puce dis à papa que tu es en plein forme. Et dis lui aussi qu’il doit arrêter de raconter des bêtises c’est pas bien. » L’entendre parler comme une maman complètement gaga me fait grandement sourire. Elle ne peut pas encore parler, mais je suis sûre que nous entendre lui parler comme ça doit bien la faire rire. Alors que toute mon attention est toujours tournée vers Lena, je relève la tête vers Alex quand j’entends sa voix. « Tu es beau chou et je t'assure que tu ne fais pas peur. Et puis les petites cernes ça te donne un petit côté mystérieux ça va bien avec ta barbe plus épaisse. » Mes sourcils se froncent et je lâche un petit rire nerveux en entendant ses compliments. Depuis quand des cernes ça rend beau ? Ou bien depuis quand ça peut donner un côté mystérieux ? « Arrête tes conneries. » Je ne suis pas froid mais surtout un peu amusé par ses compliments assez étranges – et clairement pas vrais, en plus. – Réalisant que je tiens toujours ma fille dans mes bras, je grimace et comme toujours ma voix se transforme quand je m’adresse à elle. « Ne fais pas comme papa et ne dis jamais des mots comme ça ma chérie. » Pour l’instant elle ne peut pas répéter tout ce qu’elle entend, mais il va falloir qu’on fasse plus attention les prochains mois/prochaines années. Je la sens qui me regarde, qui me fixe, sa main se balade sur ma barbe et je la laisse faire, je ne dis rien jusqu’à ce que je ne m’asseye après avoir installé Lena avec sa sœur dans la poussette. « Par contre tu as vraiment l’air épuisé chéri, et là je dois dire que je m’inquiète un peu pour toi. » Je secoue la tête de droite à gauche avant de me frotter les yeux et je lui réponds de suite. « Non ça va bébé, t’en fais pas. Je suis juste un peu fatigué mais ça va. » Je ne suis pas le premier papa de jumelles fatigué qui reprend le travail. Même si au fond je ne suis pas juste un peu fatigué mais complètement exténué. Je passe mes journées au travail et mes nuits à m’occuper de Lena à chaque fois qu’elle pleure, donc les nuit sont courtes, très courtes. Je dors peu et ça se ressent et apparemment ça se voit aussi. Je suis cerné j’ai des petits yeux et je meurs d’envie de pouvoir dormir un peu. « Si tu savais comme tu me manques à la maison. J’ai été trop gâtée ce mois entier à ne t’avoir que pour moi tout le temps. » Ma main dans la sienne je souris à ses mots entremêlant mes doigts aux siens de la regarde, un sourire toujours collé à mes lèvres avant que je ne lui réponde. « Tu me manques tellement toi aussi. J’ai plus personne pour m’embêter quand je suis en train de cuisiner et il n’y a plus personne qui goûte alors que je n’ai même pas encore fini. Je ne pensais jamais dire ça, mais ça me manque. » En fait c’est surtout elle qui me manque, bien plus que toutes ces petites choses dont je viens de parler. Mais passer ce petit moment avec elle me rend vraiment heureux et le sourire qui ne quitte pas mon visage depuis ces dernières minutes le prouve assez facilement. Je suis bien avec elle. Je suis heureux, et je me sens extrêmement chanceux de faire ma vie avec elle, de fonder notre petite famille tous les deux. C’était inespéré mais sans aucun doute la plus belle chose qui me soit jamais arrivée. « Mais je me dis que tant que je n’ai pas repris le travail, je peux en profiter pour te kidnapper avec nous pour que tu puisses passer du temps avec elles entre deux taches au restaurant sans que tu sois déçu de ne pas les voir. Enfin si tu penses que c’est possible pour toi. » Habituellement je rentre assez tôt pour pouvoir justement passer du temps avec les trois femmes de ma vie mais pour les jours comme aujourd’hui où ça ne sera pas possible, oui ça me semble être une bonne alternative. « Je peux toujours me libérer une petite heure pour vous. » Parce que même si mon métier reste ma passion, même si mon restaurant reste une grande partie de ma vie, maintenant j’ai une famille et elles sont plus importantes que tout à mes yeux. Que ce soit mes filles ou Alex. « Oui oui ça va, un peu compliqué je t’avoue que c’est pas le moment d’inviter du monde à la maison, je crois que je suis pas douée pour l’organisation et le rangement, mais sinon ça va on essaye de trouver notre rythme toutes les trois. » Elle est parfaite avec nos filles, Alex. Je sais qu’elle en a beaucoup douté. Vraiment beaucoup mais j’ai toujours cru en elle, et elle me prouve que j’avais raison. « J’ai jamais vu une femme au foyer aussi mauvaise que toi. » Je souris, je la taquine mais je suis presque sérieux. Ce n’est pas du tout un reproche mais une simple constatation. Si elle est parfaite avec les filles, je sais que la gestion et l’organisation de la maison ce n’est clairement pas son fort. S’occuper des machines, du jardin, du ménage, elle le fait maintenant, même si ce n’est ni une partie de plaisir ni quelque chose qu’elle gère à la perfection, soyons honnêtes. « Je me rappelle la première fois ou je suis venue ici te rendre ta veste, c'est fou j'ai l'impression que c'était y'a si longtemps. On en a fait du chemin tout les deux. » Alors qu’au final, c’était il n’y a pas si longtemps que ça. Un peu plus d’un an et demi mais un peu moins de deux ans. Je me souviens que c’est surtout à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’Alex me plaisait toujours autant. Physiquement parlant du moins. Pour le reste, c’est arrivé plus tard. Je me pince les lèvres tout en hochant doucement la tête avant de lui répondre. « J’ai l’impression que tu es une autre personne maintenant. » Et ça, c’est un compliment. Parce qu’elle gère mieux ses émotions, parce qu’elle est plus stable. Je pourrais encore citer tant d’autres choses qui ont changées depuis. Je lui demande ce dont elle a envie pour manger et c’est plutôt simple. Foie gras, plat du jour et pour changer le dessert ; tarte au citron meringué. « J’ai vraiment un sacré privilège c’est le chef en personne qui prends ma commande. J'aime vraiment beaucoup le service ici, c'est pas partout que j'ai le droit d'embrasser le chef sexy. Allez file en cuisine, que je puisse te mater quand tu pars. » Je rigole un peu et à peine lever qu’elle me met une petite tape sur les fesses. Je me retourne vers elle, amusé tout en fronçant légèrement les sourcils. « Tu es à moi beau goss, j'en profite ! » Toujours avec ce sourire qui ne me quitte pas, je me baisse vers elle pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. « N’en profite pas trop non plus, ça pourrait te donner des idées et ce n’est pas vraiment le lieu pour… » J’embrasse rapidement sa joue avant de m’éloigner pour disparaître à l’intérieur afin de lui préparer son assiette foie gras. Quand je reviens la terrasse s’est réellement vidée, les tables ont été nettoyées et nous nous retrouvons seuls dans ce petit extérieur. Lucy semble s’être réveillée, je dépose de foie gras devant Alex et n’ayant pas spécialement envie d’une entrée je pose mon assiette de bouillabaisse à ma place mais avant de me réinstaller j’en profite pour dire bonjour à Lucy. Je la laisse dans la poussette ne voulant pas l’agiter mais je l’embrasse sur le front. « Coucou ma chérie… papa est très, très, très content de te voir. » Lucy est plus calme que sa sœur, elle est réveillée mais pourtant elle ne pleure pas ou du moins pas encore. Après un court moment passé avec elle je me réinstalle et après nous avoir servi à tous les deux un verre d’eau je me penche vers Alex pour l’embrasser. Mais cette fois c’est un vrai baiser que je lui donne, nous sommes seuls sur la terrasse, donc je n’hésite pas. Elle commence à manger et moi je la regarde. Je la fixe, je n’ai pas encore attaqué mon assiette, préférant largement garder toute mon attention sur elle. Mes jambes allongées sous la table, je n’essaie même pas d’être discret. Je la fixe, je la regarde tout en souriant légèrement. « J’aime bien ta couleur naturelle. T’es vraiment magnifique comme ça aussi. » Même si je préfère le blond sur elle, mais lui dire ça me semble important à le souligner. Je commence enfin mon assiette alors que mon regard oscille entre les jumelles, et Alex.
"All of the stars, you make them shine like they were ours. Ain't nobody in the world but you and I. You and I. Ain't nobody in the world but you"
Je pensais lui faire plaisir en venant le surprendre à l'Interlude, et je pense que j'ai plutôt réussi, mais ce que je ne savais pas c'est que ça me ferait vraiment du bien à moi aussi. J'aime tellement nos filles mais je me rends compte aussi comme sortir un peu de la maison et du quotidien me ravie. Quand il était à mes côtés tout les jours c'était un peu différent puisqu'il y avait les filles et elles avaient déjà toute mon attention, sauf que lui aussi était là et nous avions des moments d'adultes, des moments de complicité, des moments d'échanges et des conversations d'adultes. Et j'aimais nos petits moments, quand les filles dormaient et que nous en profitions pour décompresser ensemble, des petits moments anodins, devant un film, ou dans la cuisine pendant qu'il préparait le dîner et que je le regardais en discutant simplement de tout et de rien. Et ce genre de petits moments me manque, et être là aujourd'hui avec lui me le rappelle et je souris beaucoup, profitant de cette sortie et de ce moment avec lui. Je rigole quand je l'entends se reprendre après avoir dis le mot 'connerie'. De nous deux c'est sans doute moi qui dit le plus de fois le mot 'connerie' et d'autres mots beaucoup moins prononçables devant des enfants, alors ça me fait sourire parce que la journée elles en entendent des bien pires. Je sais que je vais devoir surveiller ma façon de parler quand elles seront en âge de tout répéter mais pour le moment, la fatigue me fait faire tellement de conneries que je lâche beaucoup trop de gros mots pour accompagner mes innombrables ratés. J'aime le regarder parler à nos filles, au delà de sa voix toujours douce, j'aime l'observer quand il regarde l'une de nos filles, parce qu'il y a quelque chose dans son regard qui me fait craquer, une tendresse et un amour qui se dégage de son regard qui me fait fondre. Et je le fixe d'ailleurs encore un peu, tout en caressant doucement son visage, avant qu'il ne s'assoie après avoir déposé Lena au côté de Lucy dans la poussette. « Non ça va bébé, t’en fais pas. Je suis juste un peu fatigué mais ça va. » Juste un peu fatigué ? Il semble épuisé et je me doute qui le soit, je le suis aussi alors que je dors un peu plus que lui et que je n'ai pas un restaurant à gérer. Mais je n'insiste pas, du moins pas maintenant même si je sais au fond de moi, que je vais le surveiller un peu plus dans les jours à venir et peut-être l'obliger à remettre cette montre qu'il déteste mais qui me rassure. Parce qu'il peut me répéter de ne pas m'en faire pour lui, c'est impossible pour moi de ne pas m'inquiéter tout simplement. Mais je ne vais pas lui ajouter en plus de son épuisement, le fait de devoir porter la responsabilité de m'aider à me rassurer sur son état constamment. Je dois lui faire confiance, je dois me dire qu'il peut gérer sa santé, même s'il ne m'avait rien dit de ses alertes et de ses sensations de malaises. « Ok, mais si jamais ça ne va plus et que tu as besoin de te reposer les nuits ou tu te lèves tôt, tu m'en parles d'accord ? » Je le sais qu'il est plus qu'un peu fatigué, et il le sait aussi, mais je lui laisse la possibilité de gérer ça à sa manière, sans décider à sa place. Je lui fais confiance mais je lui donne l'opportunité de venir me parler si un jour il se sent vraiment trop épuisé. Mais il vient de reprendre le boulot, il n'y a que quelques jours et c'est finalement pas si étonnant que ce nouveau rythme l'épuise, il doit prendre ses marques, s'adapter. Et prendre mes marques c'est ce que je fais depuis qu'il a reprit le travail. Un tout nouveau quotidien à construire sans lui, et sa présence qui me manque tellement. « Tu me manques tellement toi aussi. J’ai plus personne pour m’embêter quand je suis en train de cuisiner et il n’y a plus personne qui goûte alors que je n’ai même pas encore fini. Je ne pensais jamais dire ça, mais ça me manque. » Je lâche un petit rire, amusée par ses mots. « Je pensais pas qu'un jour tu me dirais que ce qui te manque le plus venant de moi c'est les moments ou je t'embête. » Je le fais beaucoup, parfois trop même si c'est beaucoup moins qu'à l'époque de notre première relation. Mais c'est vrai que quand il cuisine, j'aime encore beaucoup trop traîner avec lui dans notre cuisine, discuter avec lui, goûter ses plats, mais aussi le déconcentrer de son objectif avec tout un tas de moyens pas toujours très fair-play, une chose est sûre, si je suis très souvent avec lui en cuisine, les fois ou je cuisine vraiment avec lui sont elles très rares. Je préfère nettement me coller à lui et le distraire autrement, par des baisers ou par mes mains qui glissent son son tee-shirt. « Mais je ne fais pas que t'embêter quand tu cuisines d'abord. Je sais aussi me rendre utile. J'espère que ça aussi ça te manque un peu. » La discussion est simple avec lui et être là avec lui me permet de me détendre un peu, de décompresser et je me sens bien, tout simplement et je pense que ça se voit sur mon visage. Je lui souris beaucoup, et j'en oublie la fatigue de la journée et de tout ce qui m'attends en rentrant. J'envisage même de remettre ça plus souvent. Ces petites visites à l'Interlude ou ailleurs, juste pour une heure, qu'il quitte le stress de son travail et moi les contraintes d'un quotidien et ça semble convenir aussi à Caleb. Alors va pour d'autres moments, ça ne peut que nous faire du bien à tout les deux finalement. « J’ai jamais vu une femme au foyer aussi mauvaise que toi. » Je lui réponds par une moue faussement vexée avant de me tourner vers les filles et de les prendre à partie comme je pouvais le faire quand elles étaient encore dans mon ventre. « Je fais l'effort de venir pour lui faire plaisir, je m'organise pour lui et vous entendez comme je suis traitée, je vous jure les mecs faudra vous en méfier les filles. » Je plaisante, le ton de ma voix suffit pour comprendre que je ne suis pas sérieuse, comme je sais que lui ne disait pas ça pour me vexer. Mais il a tout de même raison donc je n'ai pas à être vexée, je suis nulle en tant que femme au foyer, c'est une évidence mais y'a sans doute pire que moi non ? Et puis je n'ai jamais appris à gérer une maison, un jardin, une famille, il y a quelques mois j'étais à peine capable de me gérer moi, alors je trouve que le chemin parcouru est plus important et que tant pis si je suis incapable de faire survivre une plante plus de deux semaines non ? J'en ai fais du chemin, individuellement mais aussi dans ma vie de couple avec Caleb, et je me souviens de notre première discussion ici dans son restaurant, après des retrouvailles peu glorieuses dans un bar, dans lequel j'avais encore beaucoup trop bu. Enfin rien de bien glorieux et ça j'en ai honte mais c'est du passé désormais. Du moins je fais tout pour que ça le soit. « J'ai l'impression que tu es une autre personne maintenant. » Et c'est un peu le cas finalement. Une autre personne enfin surtout une meilleure version de celle que j'étais avant. Une personne qui ne boit plus, qui essaye de prendre ses responsabilités, qui essaye de régler ses problèmes aussi, autrement qu'en les noyant dans un verre d'alcool ou avec de la drogue. Une personne capable de se voir mère, et qui porte une bague de fiançailles. Définitivement, une version de moi même dont je peux être fière, ou au moins dont je n'ai pas à avoir honte. « C'est grâce à toi tout ça tu sais ? Tu es le seul pour qui j'aurais pu tenter d'avancer et d'aller de l'avant. J'espère juste que celle que je suis aujourd'hui te plaît. » Le seul pour qui aussi j'ai pu surmonter la période de sevrage, parce que sans lui, et l'idée que je pouvais le perdre à nouveau si je ne faisais pas l'effort d'essayer je n'aurais jamais réussir à tenir les premiers jours, alors que tout était horrible. Les sensation physiques, les pensées noires, l'envie de boire tout le temps pour soulager cette douleur et ce mal-être. Je n'aurais pas eu la force s'il n'y avait pas eu la perspective d'une possible histoire avec lui. La grossesse, je n'aurais sans doute jamais pu faire face avec un autre que lui aussi. Et l'accouchement, la maternité, les fiançailles, c'est parce que c'est lui que tout ça est devenu possible, parce qu'il a su prendre soin de moi quand j'en étais incapable et savoir ce dont j'avais besoin. « Parfois quand je te regarde, je sens un peu impressionnée en plus d'être totalement et définitivement amoureuse de toi. Tu as fais preuve d'une telle force pour faire tenir ce qu'il y avait entre nous et pour m'empêcher de sombrer. » Je lui dis souvent que je l'aime, enfin je crois, ce que je ne lui dis pas souvent en revanche, c'est tout ce que je ressens à coté quand je le regarde. Je suis impressionnée par l'homme qu'il est malgré ce qu'il a eu à vivre. Je suis fière d'être celle qui se tient à ses côtés. Je me sens chanceuse quand il me regarde avec ses yeux qui dévoilent énormément de choses de ses sentiments. Je me sens vraiment bien quand je suis à ses côtés, comme si je sentais que sa présence suffisait à me faire croire que plus rien ne pourrait nous arriver, parce qu'il y a de nouveau ce nous qui est fort et solide. Et je me sens toujours belle, désirable et toujours un peu excitée aussi quand il est prêt de moi. Et ses lèvres sont toujours attirantes, et je passe peut-être trop de temps à l'embrasser mais j'en ai le droit et l'envie alors à quoi bon s'en priver ? C'est d'ailleurs ce que je fais, je ne me prive pas alors qu'il vient de prendre ma commande. Je profite de ses lèvres mais aussi de son corps et plus spécifiquement de ses fesses. Il se penche vers moi avec un sourire aux lèvres. « N’en profite pas trop non plus, ça pourrait te donner des idées et ce n’est pas vraiment le lieu pour… » Comme si c'était le lieu qui allait m'empêcher d'avoir ce genre de pensées qu'il a insidieusement implanté dans mon esprit avec ses murmures et son sourire. « Je trouve le lieu très bien moi au contraire, on a connu bien pire. » Je lui réponds cette phrase dont personne ne peut comprendre le sens premier, alors qu'il est déjà en train de partir, mais je sais qu'il a entendu et je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il a comprit mon sous-entendu. Et si le lieu n'est pas un frein du tout, toilettes, cuisine, son bureau, enfin j'ai déjà en tête une possibilité de lieu tout aussi faisables les uns que les autres, la présence de Lena et Lucy par contre c'est une toute autre histoire et elles, elles ont le chic pour nous priver de nos petits moments d'intimité. Elles sont toutes les deux réveillées d'ailleurs, mais elles restent calmes, alors que j'agite devant elles deux petits jouets et que je leur parle doucement pour ne pas perturber les derniers clients qui terminent leurs cafés ou leurs desserts. Caleb finit par revenir et il revient avec mon foie gras et je l'aime peut-être encore plus d'un coup. Je dépose les deux jouets et je me concentre sur Caleb et sur l'assiette qu'il a déposé devant moi, alors qu'il s'adresse à sa deuxième fille. Je le regarde quelques secondes, il se penche pour m'embrasser et je suis surprise de l'intensité du baiser qu'il me donne. Parce qu'il est plutôt du genre à réserver ce genre de baiser quand nous sommes que tout les deux. Je n'ai même pas remarqué que la terrasse s'était vidée, trop concentrée sur mes filles. Mais j'en profite et je prolonger ce baiser en passant une main dans ses cheveux et quand nos lèvres se séparent mes yeux restent dans les siens quelques secondes alors que mon sourire s'allonge encore un peu sur mon visage. Ce genre de moment c'est exactement ce pourquoi j'ai tant besoin de le voir. Je me mets à manger, parce que j'ai quand même finalement un peu faim, et vu l'heure ça n'a rien d'incroyable mais lui n'en fait pas de même et je sens son regard sur moi. Je sens qu'il est en train de me fixer et je sens aussi ses jambes sous la table. Je relève la tête vers lui, un léger sourire en coin tout en dégustant mon foie gras. La situation m'amuse et je le laisse me fixer sans réagir, juste en le regardant à mon tour tout en me mordant la lèvre inférieur. « J’aime bien ta couleur naturelle. T’es vraiment magnifique comme ça aussi. » Sans réellement m'en rendre compte, je passe une main dans mes cheveux, qui sont devenus le sujet de conversation sans que je m'y attende. « Merci chou, mais tu penses ça parce que ça fait longtemps que tu m'as pas vu coiffé. Mais justement je me disais ce matin qu'il serait temps que je refasse une couleur, je sais que tu préfères le blond et moi aussi, mais j'ai pas envie d'aller au salon. » Pour ça faut avoir le temps d'aller le coiffeur et en ce moment, je n'ai ni le temps, ni vraiment l'envie de laisser mes filles autant de temps pour aller plusieurs heures dans un salon. Mais il n'y a pas d'urgence, et si je lui plais comme ça, alors ça peut encore attendre un petit peu. « Et puisqu'on parle de coiffeur, je me suis faite la remarque hier matin que tu commençais à avoir beaucoup de cheveux, il me semble pas t'avoir connu avec autant de cheveux et j'aime bien ça. » C'est une pensée que j'ai eu la veille alors que je me réveillais et qu'il était encore allongé, réveillé mais pas levé. Les cheveux décoiffés, je l'avais observé quelques minutes avant de venir me blottir contre lui et de jouer avec ses bouclettes. Mais de toute façon jouer avec ses cheveux, quelques soient leur longueur, c'est quelque chose que je fais très souvent. Je me concentre sur mon entrée pour la finir assez rapidement histoire de l'accompagner pour le plat principal et puis avec deux filles, je vous assure qu'on apprends finalement à manger vite tant qu'elles sont calmes.
"ALL OF THE STARS, YOU MAKE THEM SHINE LIKE THEY WERE OURS. AIN'T NOBODY IN THE WORLD BUT YOU AND I. YOU"
« Ok, mais si jamais ça ne va plus et que tu as besoin de te reposer les nuits ou tu te lèves tôt, tu m'en parles d'accord ? » Elle s’inquiète, je le vois bien mais pourtant c’est inutile, je suis juste fatigué et je ne suis certainement pas le premier papa de jumelles à l’être en reprenant le rythme du travail. Il faut juste que je trouve un tout autre rythme de vie entre le restaurant et ma nouvelle vie de famille qui a commencé il y a un mois. « Alex, arrête de toujours t’inquiéter pour rien. Je suis fatigué mais c’est normal. » En plus, il est hors de question de lui demander de me laisser dormir la nuit et qu’elle s’occupe de Lucy mais aussi de Lena sous prétexte que je dois me lever pour aller travailler le matin. Ça serait égoïste de ma part et je refuse catégoriquement cette idée. La nuit, elle allaite Lucy et je donne le biberon à Lena. C’est comme ça qu’on fonctionne depuis le début et ce n’est pas prêt d’en changer. « Je pensais pas qu'un jour tu me dirais que ce qui te manque le plus venant de moi c'est les moments ou je t'embête. » Mais pourtant même si je râle quand elle vient m’embêter alors que je cuisine, au fond j’aime ça. À petite dose bien sûr. « J’ai pas non plus dit que c’était ce qui me manquait le plus. » Parce que si je devais parler de ce qui me manque le plus, j’évoquerais sans aucun doute les week-ends que l’on passait en tête à tête coupé du monde extérieur, nos moments d’intimité sans cette crainte de se faire interrompre par l’une de nos filles qui réclame à manger. Mais non je ne me plains pas, parce que même si toutes ces choses me manquent je suis heureux comme je ne l’ai jamais été et pour rien au monde je ne changerais cette vie que je partage avec elle maintenant. Même si je suis fatigué. Même si certaines journées sont plus difficiles que d’autres. Je ne changerais rien du tout. « Mais je ne fais pas que t'embêter quand tu cuisines d'abord. Je sais aussi me rendre utile. J'espère que ça aussi ça te manque un peu. » Elle sait se rendre utile ? Là, je ne peux pas m’empêcher de rire un peu. Parce que j’ai beau réfléchir, mais je ne vois pas en quoi elle se rend utile quand je cuisine. Quelque fois elle coupe les légumes, oui. Mais j’ai beau lui avoir montré une dizaine de fois comment les couper de manière égale et symétrique elle ne sait toujours pas le faire. « Ouais, enfin j’ai connu plus utile que toi en cuisine. » Je lui dis en souriant. Je la taquine comme j’aime le faire et je ne m’arrête pas là puisque je rebondis sur ses propres paroles pour lui renvoyer qu’elle est certainement la pire femme au foyer que je n’ai jamais rencontrée. En même temps ce n’est pas non plus comme si j’avais vécu avec beaucoup de femme, mais mon expérience me permet tout de même d’affirmer qu’elle est certes, peut-être douée pour prendre soin de nos filles et prendre soin de moi, mais que lorsqu’il s’agit de la maison, son rangement, le ménage et l’organisation elle est beaucoup moins bonne. On voit qu’on a pas grandi dans le même monde et qu’enfant et adolescente, elle ne devait sûrement pas aider ses parents dans les tâches ménagères. Même si en soit je doute même que ses parents s’en occupaient, ils avaient sûrement une femme de ménage. Quoiqu’il en soit elle se plaint auprès de nos filles comme elle pouvait le faire régulièrement alors qu’elle était encore enceinte et le sujet d’après est bien plus sérieux que les précédents. « C'est grâce à toi tout ça tu sais ? Tu es le seul pour qui j'aurais pu tenter d'avancer et d'aller de l'avant. J'espère juste que celle que je suis aujourd'hui te plaît. » En partie grâce à moi, certainement. Parce que je l’ai forcée à se retrouver face à ses problèmes et ses addictions. Parce que je lui ai demandé de changer. Parce que je lui ai fait comprendre que je ne pourrais pas rester si elle gardait ce comportement autodestructeur. Parce qu’elle se faisait du mal à elle mais pas que, elle me faisait aussi énormément de mal. Certainement involontairement, mais elle ne m’aider pas à aller mieux, elle ne m’aider pas à remonter la pente au contraire. Donc oui, je suis certainement en partie responsable de son changement mais je ne suis pas le seul à avoir du mérite bien au contraire. « C’est toi qui a fait le plus gros du travail bébé. » C’est elle qui s’est sevrée, c’est elle qui a accepté une thérapie pour l’aider à aller de l’avant. « Et je préfère largement cette version de toi. » Un petit sourire se dessine sur mes lèvres pour enfin répondre à son interrogation, à savoir si celle qu’elle est devenue me plait. Bien que la réponse me semble assez évidente. « Je suis même fou amoureux de celle que tu es aujourd’hui. Tu es parfaite. » Mon sourire est certainement assez niais et je l’embrasse rapidement. Parfaite, ou presque parfaite plutôt. Parce que la perfection n’existe pas vraiment même si elle s’en rapproche de plus en plus. Elle est belle, non elle est magnifique, c’est elle la mère de mes enfants et je lui ai demandé de m’épouser, preuve ultime de mon amour inconditionnel pour elle. « Parfois quand je te regarde, je sens un peu impressionnée en plus d'être totalement et définitivement amoureuse de toi. Tu as fais preuve d'une telle force pour faire tenir ce qu'il y avait entre nous et pour m'empêcher de sombrer. » Il fallait bien que l’un de nous y croit. Que l’un de nous se batte pour notre couple. J’aurais pu lui répondre ça. J’aurais pu. Parce que je le pense vraiment. Alex, elle ne croyait pas en nous. Que ce soit il y a dix ans ou il y a un an lorsque nous avons recommencé cette nouvelle relation. Elle n’y croyait pas, je le sais parce qu’elle me l’avait dit. Et je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que j’ai pu ressentir quand j’ai eu l’impression que l’histoire était en train de se répéter. Elle ne croyait pas en nous alors j’allais devoir m’investir seul, me battre seul, à nouveau. Mais heureusement que les choses ont pris une toute autre tournure. Heureusement. J’aurais pu lui répondre tout ça, parce que c’est la vérité au fond, mais je ne le fais pas, parce que ça casserait clairement l’ambiance. « Toi aussi tu m’as empêché de sombrer. Ou de sombrer à nouveau plutôt. » Ça aussi c’est vrai, et je ne lui ai peut-être pas dit assez. Mais c’est généralement un sujet que je n’aime pas aborder, avec n’importe qui. Ma santé mentale est un sujet que je n’aborde que pendant mes séances de thérapie que j’ai d’ailleurs, recommencées sous les conseils d’Alex. Parce que presque quatre ans après, même si je me sens mieux j’ai encore certaines choses à régler.
Je n’ai pas l’impression de m’être absenté si longtemps mais pourtant quand je reviens avec nos deux assiettes, Lucy est à son tour réveillée. Ce qui veut dire qu’elle ne va pas tarder à réclamer à manger, si j’en crois l’heure. « Merci chou, mais tu penses ça parce que ça fait longtemps que tu m'as pas vu coiffé. Mais justement je me disais ce matin qu'il serait temps que je refasse une couleur, je sais que tu préfères le blond et moi aussi, mais j'ai pas envie d'aller au salon. » Non, je pense ça parce que c’est la vérité, tout simplement. Mais là où elle marque un point c’est en disant savoir que je préfère le blond sur elle – et généralement sur toutes les femmes, d’ailleurs – mais ça ne veut pas dire pour autant que je n’arrive pas à l’apprécier à sa juste valeur avec sa couleur naturelle. « Au pire, fais-toi ta couleur toute seule. Tu l’as jamais fait ? » Je sais qu’en temps normal elle aime se rendre au salon pour se faire des soins ou ce genre de chose, c’est pourquoi je lui propose une idée qui me traverse l’esprit. « Ou bien va chez le coiffeur bébé, je peux m’occuper des filles quelques heures. Tu peux toujours tirer ton lait pour Lucy aussi si tu veux profiter de ton après-midi entière pour prendre soin de toi. » J’hausse les épaules, essayant de lui apporter des solutions. Elle peut sortir une après-midi entière si elle veut souffler et couper un peu. Aller chez le coiffeur, chez l’esthéticienne ou faire les magasins, si elle le veut. Je peux m’occuper de nos filles quelques heures. « Et puisqu'on parle de coiffeur, je me suis faite la remarque hier matin que tu commençais à avoir beaucoup de cheveux, il me semble pas t'avoir connu avec autant de cheveux et j'aime bien ça. » Tout en prenant quelques bouchées de mon assiette, je secoue négativement la tête avant de relever mon regard vers elle. « Non, moi je dois vraiment aller chez le coiffeur pour tout couper. C’est une vraie catastrophe là, ils s’emmêlent j’ai pleins de nœuds, c’est un enfer. » Je lui réponds tout en passant une main dans mes cheveux. On voit qu’elle ne sait pas ce que c’est d’avoir des cheveux bouclés comme moi. Il faut toujours en prendre soin, bien les coiffer pour éviter les nœuds et là, ça commence à être compliqué pour moi. Ou du moins, pas vraiment très agréable.
"All of the stars, you make them shine like they were ours. Ain't nobody in the world but you and I. You and I. Ain't nobody in the world but you"
Il veut que j'arrête de m'inquiéter pour rien, sauf que concrètement je ne m'inquiète pas pour rien. Je m'inquiète pour sa santé, et parce que même s'il va bien, même si ses examens sont bons et qu'il prends son traitement avec sérieux, je n'ai pas oublié cette soirée au cour de laquelle il s'est écroulé devant moi, au bord de notre piscine. Et je ne suis pas prête de l'oublier totalement. Mais je lève les épaules, je le regarde et je n'ajoute rien. Il est fatigué et c'est normal, et il a raison. Je le suis aussi, mais moi je n'ai pas à gérer un restaurant. Enfin je ne m'attarde pas plus longtemps sur sa fatigue et je garde pour moi, cette réflexion que je me fais, celle de devoir prendre un peu plus soin de lui le soir. Et puis ça me permettra aussi de passer du temps avec lui, parce que depuis qu'il a reprit le boulot, notre quotidien à deux, puis à quatre me manque un peu, voir même beaucoup. Pouvoir l'avoir à mes côtés à tout moment, pouvoir faire blottir dans ses bras, l'embrasser quand j'en avais envie, pouvoir l'embêter un peu pour l'entendre ronchonner et finir par l'embrasser pour détourner son attention, ou me faire pardonner de l'avoir un peu trop embêter. Pouvoir m'allonger sur ses jambes dans notre canapé alors que les filles sont enfin endormies et calmes toutes les deux. Tout ces moments me manque vraiment mais je les compense un peu en profitant de ce moment improvisé ici à ses côtés. « Ouais, enfin j’ai connu plus utile que toi en cuisine. » Je ris à sa remarque, parce qu'il a totalement raison, mais que je ne faisais pas du tout référence à la cuisine dans ma remarque et il semble n'avoir pas saisis mon humour, et ça me fait rire de le voir premier degrés quand on parle de cuisine. Alors que moi, quand je pense à notre cuisine, ce n'est clairement pas à la préparation d'un repas auquel je pense en premier. Faut dire qu'une activité ressemble à un calvaire pour moi, alors que ce à quoi je pense est bien plus plaisant, vraiment plaisant. Mais je ne dis rien, je garde un grand sourire sur les lèvres en pensant à la manière dont je pourrais me rendre utile en cuisine les prochaines fois, ou comment surtout je pourrais lui être utile à lui. Parce que je sais l'être mais à ma manière, avec mes talents et clairement ce n'est ni en cuisine, ni grâce à mes talents de femme au foyer que j'ai conquis Caleb. Je suis nulle dans ces domaines et il en a bien conscience puisqu'il me le dit assez clairement. Mais je le sais, et j'ai toujours été comme ça finalement, n'ayant jamais réussi à ranger correctement autre chose que mon dressing. C'est ce que je suis, et si je n'ai pas vraiment changé sur ça, il y a beaucoup d'autres facettes de moi qui ont changé. Pour lui, grâce à lui et avec lui. J'ai changé ma façon de voir les choses. Ma façon de gérer ma vie et c'était quelque chose que je n'aurais jamais pu faire sans lui. C'est une chose dont je suis persuadée et je lui dis tout ça, et ce n'est pas la première fois que je tiens ce discours avec lui, mais je le pense au plus profond de moi. Sans lui, je suis persuadée que je n'aurais jamais réussi à passer le sevrage, à aller de l'avant, à essayer de me pardonner mes erreurs. « C’est toi qui a fait le plus gros du travail bébé. » Un léger sourire sur mes lèvres, je le regarde alors qu'il met en avant le travail que j'ai fais. Alors qu'il me dit aussi qu'il préfère celle que je suis, et finalement c'est pas étonnant ça. Moi aussi je préfère celle que je suis aujourd'hui. Parce que même si tout n'est pas parfait, je peux réussir à être fière de moi sur certaines choses et c'est nouveau ça aussi. « Je suis même fou amoureux de celle que tu es aujourd’hui. Tu es parfaite. » Parfaite moi ? Clairement pas. Et je ne le serais sans doute jamais. De toute façon personne ne l’est, il le répète assez souvent quand j’ai le malheur de lui dire qu’il est parfait. Je rougis quand même un peu à ses mots, il est fou amoureux et y'a pas à dire, j'aime l'entendre me dire ce genre de chose. Je fais vraiment tout pour ne plus le blesser, pour ne plus le décevoir. Pour être à la hauteur de mes nouvelles responsabilités que j'ai décidé d'assumer et que je ne veux pas rater. Je veux être assez bien pour lui. Assez bien pour nos filles. Assez bien c’est tout ce que je veux, les aimer et être capable de les protéger de tout et de moi-même aussi. Les protéger, les aimer et faire de mon mieux pour ne jamais plus les décevoir. L’entendre me dire qu’il aime celle que je suis aujourd’hui forcément que ça me touche. Parce que j’ai fais énormément d’effort pour en arriver là où j’en suis aujourd’hui. Parce qu’il n’y avait que comme ça, que je pouvais espérer quelque chose avec lui. En me faisant aider. En acceptant d’arrêter mes conneries. En acceptant d’essayer au moins et quelques mois plus tard, je suis plus forte que je ne l’étais avant. Que je ne l'ai jamais été sans doute. « Moi aussi je t'aime chéri, je t'ai déjà dis que tu étais l'homme de ma vie ? » Je lui souris toujours alors que je le fixe quelques secondes. Mon pouce joue avec ma bague de fiançailles qu'il m'a acheté, qu'il a passé à mon doigt et qui prouve que c'est définitivement avec lui que j'ai décidé de passer le reste de ma vie, cette fois je n'ai plus peur de l'aimer. Plus peur de lui dire ce que je ressens pour lui non plus et ça n'a pas été toujours le cas, loin de là. Il a souvent du se battre tout seul, tenir le coup pour deux, s'accrocher au peu que j'étais capable de lui donner pour nous permettre d'avoir cette chance. Et il suffit que je tourne la tête quelques secondes pour voir que grâce à lui, nos filles sont là avec nous et je ne voudrais changer ça pour rien au monde. « Toi aussi tu m’as empêché de sombrer. Ou de sombrer à nouveau plutôt. » J’ai toujours du mal à me dire que je l’ai aidé. D’une manière ou d’une autre, j’ai du mal à voir comment j’ai pu l’aider alors que j’ai l’impression de l’avoir fait souffrir pendant des mois durant. J’ai essayé de lui consacrer mon temps, enfin les bons moments que j’avais, j’ai essayé de l’aimer de tout mon corps à défaut de pouvoir le faire avec mon cœur. J'ai essayé de me concentrer sur nous au point de réussir à résister à l’envie de boire parce que j’étais à ses côtés. Mais je n’ai pas l’impression de l’avoir empêché de sombrer. J’ai même l’impression de l’avoir parfois entraîné avec moi. « J'aurais aimé être capable d'en faire plus et pouvoir te soutenir, mais je suis là désormais et je te promets que je te laisserai jamais tomber. » Je connais son histoire. Je connais la situation dans laquelle il était avant mon retour. Et j’aurais aimé être plus forte pour lui à ce moment. Avoir pu lui donner plus, sans me laisser submerger par mes doutes, par mes craintes, pouvoir être là totalement là pour lui, mais finalement on a fait comme on a pu. Lui avec son passif, moi avec le mien et notre histoire commune au milieu. Et, c’est un petit miracle finalement que nous soyons là tout les deux aussi amoureux et fiers de notre famille. Un petit miracle que je sais apprécier désormais, que je chérie aussi alors que ma main joue avec ses doigts sans que je n'y fasse vraiment attention. Jusqu'au moment ou je le libère pour qu'il puisse aller nous chercher notre repas, puisqu'il faut quand même que l'on mange, c'est aussi un peu pour ça que l'on est là.
J'ai mon foie gras, et je sais l'apprécier mais ce que j'apprécie encore plus finalement c'est ce moment que l'on a ensemble. Un moment sur la terrasse de son restaurant, rien que nous et nos filles et c'est presque comme si on était chez nous finalement. Il m'embrasse et me complimente, je suis gâtée avec lui. « Non je l’ai jamais faite toute seule. Mais tu sais quoi. Tu peux me la faire toi non ? Je sais que tu peux t'occuper des filles, mais j'ai pas vraiment envie de les laisser trop longtemps. » Je réalise que je viens de lui demander de s’occuper de mes cheveux, comme ça sans réfléchir, et je n’ai même pas vraiment peur finalement. Enfin pas totalement du moins puisque je lui ai proposé c'est que je trouve cette idée pas si folle. Ce n’est que des cheveux et ils en ont déjà vu pas mal. Et ce serait temporaire, juste le temps que je trouve l’envie de me séparer pendant plus de trois heures de mes filles et pour le moment, j'en ai pas vraiment envie. Sauf si c'est pour passer un moment avec Caleb mais ça c'est une autre histoire. Et puisqu'on parle de mes cheveux qui auraient bien besoin d'un soin et d'une couleur, on évoque les siens aussi. Sujet classique entre nous depuis notre premier rendez-vous. Et si moi je lui fais la remarque que je les aimes bien longs comme ça, il semble pas vraiment de cet avis. « Non, moi je dois vraiment aller chez le coiffeur pour tout couper. C’est une vraie catastrophe là, ils s’emmêlent j’ai pleins de nœuds, c’est un enfer. » Je souris à sa remarque et je le regarde passer sa main dans ses cheveux, pour constater qu'il commence vraiment à en avoir une bonne épaisseur. Mais moi j'aime bien, et j'aime aussi pouvoir glisser mes doigts dans ses cheveux, et jouer avec, au risque de faire des nœuds et de le faire râler un peu. « Pour les nœuds j’ai vu ça mais moi j’aime bien jouer avec tes cheveux alors rassure moi quand tu dis tout couper, tu veux pas vraiment dire tout couper hein ? » Je me penche vers lui juste assez pour passer ma main dans ses cheveux à mon tour, tout en souriant légèrement. Lucy se fait entendre dans la poussette, des premiers pleurs, légers que je sais reconnaître désormais, bien aidée par le rythme bien précis et réglé de ma fille. Elle a faim, je penche vers elle pour la prendre contre moi et tout en lui parlant doucement, je regarde autour de nous pour m'assurer que la terrasse est toujours vide. Je sais qu'à cette heure on devrait être tranquille, mais je me tourne un peu, pour être dos à l'entrée et éviter de me dévoiler trop devant le personnel de Caleb. Je n'ai jamais été pudique et pourtant pour l'allaitement je ne suis pas vraiment à l'aise en public. Je m'installe et j'installe Lucy aussi qui commence à s'impatienter, et alors que Lucy vient à peine de se calmer, c'est au tour de Lena de se faire entendre. Je lève les épaules en regardant Caleb qui est en train de manger. « Y'a tout dans le sac, tu t'en occupes chéri ? » Je sais qu'il va le faire, c'est plus pour lui signaler qu'il a tout ce qu'il faut dans le sac finalement, parce que pour le reste il a l'habitude de s'occuper du biberon de Lena, c'est d'ailleurs son moment avec sa fille. Je le laisse gérer Lena et je me concentre sur Lucy, je profite de l'avoir contre moi, calme. Je caresse son front doucement en la regardant avec beaucoup de tendresse. Je les aimes tellement toutes les deux. Dès que je les ai vu, je me sentie envahi d'un sentiment fort et ça dure encore à chaque fois que je les regarde, que je les ai contre moi. « Tu n'as jamais doué de ma capacité à les aimer ? » Ça sort comme ça, sans vraiment avoir réfléchis à mes paroles avant. C'est comme si j'avais finalement pensé tout haut et qu'il se retrouvait avec un questionnement peu construit mais qui semble si important d'un coup. Maintenant qu'il a été formulé à voix haute. Mais je peux en parler, parce que ça se passe bien, parce que je les aime, parce que comme dirait les professionnels, le lien avec mes filles s'est crée et je suis complètement gaga devant elles. Mais si jamais ça n'avait pas été le cas. Si je n'avais rien ressenti en les voyant ? Rien d'autres que de la tristesse, de la culpabilité ou du rejet ? J'ai eu peur de ça, très peur et finalement je ne sais pas si lui il a eu ces mêmes peurs. S'il a douté de moi sans jamais osé me le dire de peur de ne faire qu'augmenter mes doutes. « Tu sais que je les aimes énormément, mais est-ce que tu as eu peur que je n'arrive pas à me faire à ce rôle de mère ? Que je n'y arrive pas avec elles, que ce soit trop dur à gérer. Que je ne sois pas faite pour ça. Parce que je t'assure que moi j'ai eu très peur de tout ça. » Et j'en ai toujours un peu peur finalement. Pas de ne pas réussir à les aimer, puisque je les aimes, mais de ne pas réussir à les comprendre, à leur apporter suffisamment d'amour, de tendresse, d'assurance. Mais ça je crois que c'est un questionnement normal de parents, enfin c'est ce que j'essaye de me dire pour me rassurer un peu.
"ALL OF THE STARS, YOU MAKE THEM SHINE LIKE THEY WERE OURS. AIN'T NOBODY IN THE WORLD BUT YOU AND I. YOU"
Elle rougit, et la voir réagir comme ça me fait sourire. Parce que ça me rappelle immédiatement la Alex d’il y a dix ans. Celle dont je suis tombé amoureux à l’instant même où mon regard a croisé le sien pour la première fois. Parce que dans le temps, elle rougissait beaucoup. Des compliments, je lui en faisais tout le temps et pourtant sa réaction était toujours la même ; un sourire, les joues qui tournent au rouge et moi qui souris craquant complètement devant une réaction de ce genre. Tout ça, j’ai l’impression que c’était dans une autre vie alors que finalement ce n’était qu’il y a dix ans. Ce n’est pas si vieux, on était encore assez jeunes certes, on commençait à peine notre vie d’adulte et on avait encore tant de choses à découvrir. Et ces découvertes, on les a faites ensemble. « Moi aussi je t'aime chéri, je t'ai déjà dis que tu étais l'homme de ma vie ? » Mon sourire s’élargit, je me mordille la lèvre inférieure alors que mes yeux glissent un court instant sur ses lèvres et puis sur la bague de fiançailles que je lui ai offerte il y a quelques semaines de ça. S’il y a un an on m’avait dit que je finirais par réussir à me fiancer à nouveau je ne l’aurais sûrement jamais cru. Mais tout l’amour que j’ai ressenti pour les filles en les voyant et en les prenant dans mes bras, plus mes sentiments pour Alex déjà forts avant leur naissance, ils ont doublé, voire même triplés. Cette demande n’avait clairement pas été réfléchie mais ça ne veut pas pour autant dire que je ne la regrette bien au contraire. Et la preuve, quelques semaines plus tard j’ai rendu nos fiançailles bien plus réelles et sérieuses en lui offrant une bague et une demande digne de ce nom. « J’espère bien que je le suis. Parce que la simple idée d’imaginer un autre avec toi me rend complètement fou. » Sûrement à cause de ma jalousie et de ma possessivité. Parce que je sais très bien qu’en cherchant vraiment elle pourrait facilement se rendre compte qu’elle pourrait avoir bien mieux que moi. Il suffit qu’elle regarde un peu autour d’elle et elle s’en rendra facilement compte. « J'aurais aimé être capable d'en faire plus et pouvoir te soutenir, mais je suis là désormais et je te promets que je te laisserai jamais tomber. » Je ne vois pas vraiment ce qu’elle pourrait faire de plus pour m’aider. Elle a déjà fait beaucoup mais elle ne s’en rend juste pas compte. C’est elle qui m’a suggéré de recommencer cette thérapie que j’avais arrêtée bien trop tôt. Contre l’avis du médecin, d’ailleurs parce qu’en parler, ça fait mal. Ça remue des souvenirs douloureux et je n’étais pas encore prêt pour y faire face. Maintenant c’est différent. Je sais qu’en rentrant des séances je vais retrouver Alex, chez nous, avec nos filles. Un moyen assez efficace pour m’aider à ne pas retrouver ces idées noires qui avaient une bien trop grande place dans ma vie avant. « Tu peux rien faire de plus. Tout le reste, c’est à moi de m’en occuper. » La culpabilité, la tristesse ou encore les moments de nostalgie que je peux avoir de temps en temps. Tous ces questionnements que je peux avoir mais que je ne peux pas lui partager parce que 1) elle pourrait facilement paniquer et 2) elle ne pourrait pas comprendre. Et c’est vrai. Tant mieux pour elle, d’ailleurs. Elle ne peut pas comprendre ces questionnements qui me hantent alors que je me demande si me fiancer trois ans et huit mois après le décès de Victoria ne serait pas un manque de respect envers elle ? Et c’est une vraie question que je me pose. Je me demande si c’est correct, si j’ai le droit d’avancer aussi vite, si elle m’en voudrait – bien que je sache que non, elle ne serait pas en colère contre moi pour ça. – Et encore tout un tas de questionnements qu’elle ne pourrait pas comprendre et qui pourraient même facilement lui faire peur. Alors je m’abstiens, c’est mieux comme ça.
« Non je l’ai jamais faite toute seule. Mais tu sais quoi. Tu peux me la faire toi non ? Je sais que tu peux t'occuper des filles, mais j'ai pas vraiment envie de les laisser trop longtemps. » Est-ce qu’elle vient vraiment de me demander de m’occuper de la coloration de ses cheveux ? J’étais en train de boire mon verre d’eau à ce moment-là et je suis à deux doigts de m’étouffer avec. Je tousse plusieurs fois et je la regarde par la suite, amusé avant de lui répondre avec une pointe d’étonnement dans la voix. « Tu viens vraiment de me demander de m’occuper de ta couleur ? » Je préfère m’assurer de bien avoir compris ses propos qui m’étonnent énormément. « J’ai jamais fait ça, soit t’es inconsciente soit tu me fais beaucoup trop confiance. » Ou bien un petit mélange des deux n’est clairement pas impossible. Et puisqu’on semble lancés sur le sujet des cheveux c’est les miens qu’elle aborde et quand elle me dit aimer mes cheveux qui sont, en ce moment un peu plus longs qui ne l’ont jamais été je suis étonné et j’ai même presque du mal à la croire. Parce qu’il y a quelques mois alors qu’ils étaient pourtant un peu plus courts elle me disait ne pas aimer et les trouver trop longs. « Pour les nœuds j’ai vu ça mais moi j’aime bien jouer avec tes cheveux alors rassure moi quand tu dis tout couper, tu veux pas vraiment dire tout couper hein ? » Et si je voulais vraiment tout couper, est-ce que ça serait tant une catastrophe ? Ça ne fait clairement pas partie de mes plans mais pourtant j’ai bien envie de la faire marcher alors j’hausse les épaules. « Au moins je serais tranquille, et c’est plus simple pour le boulot. » À ma plus grande surprise j’arrive facilement à rester sérieux, juste pour pouvoir voire sa réaction. Après tout elle ne m’a jamais vu les cheveux très courts voire même rasés, peut-être que ça lui plairait – même si j’en doute fortement. Alex a commencé à allaiter Lucy et je sais que ça veut dire que Lena ne va pas tarder à se faire entendre. Je termine rapidement mon assiette pour avoir le ventre plein et à peine quelques minutes après, Lena se manifeste. C’est l’heure de son biberon à elle aussi et je ne la fais pas patienter très longtemps. Je me lève pour récupérer tout le nécessaire et je disparais un court instant avec Lena pour réchauffer un peu le biberon. Avant de lui donner je vérifie la température du lait en y déposant quelques gouttes sur l’intérieur de mon poignet, j’en profite d’ailleurs pour présenter Lena à quelques collègues présents en salle et je rejoins très vite Alex. Les filles sont calmes, elles mangent tranquillement et toute mon attention est portée sur Lena. Sa petite main a emprisonné mon pouce et ce n’est qu’en entendant la voix d’Alex que je lève enfin le regard. « Tu n'as jamais doué de ma capacité à les aimer ? » Mes sourcils se froncent légèrement, ne comprenant pas vraiment sa question. Enfin si, je la comprends mais ce que je ne saisis pas c’est la raison pour laquelle elle me pose cette question, là, maintenant. Je n’ai même pas le temps de lui répondre puisqu’elle reprend la parole plus rapidement que moi. « Tu sais que je les aimes énormément, mais est-ce que tu as eu peur que je n'arrive pas à me faire à ce rôle de mère ? Que je n'y arrive pas avec elles, que ce soit trop dur à gérer. Que je ne sois pas faite pour ça. Parce que je t'assure que moi j'ai eu très peur de tout ça. » Ce qu’elle me dit là n’est pas franchement très rassurant. Elle avait peur, oui je le savais. Peur de ne pas être à la hauteur, oui je le savais aussi. Mais qu’elle pensait qu’elle ne serait pas capable de les aimer, ça c’est une toute autre chose dont je ne me doutais pas du tout. « Pourquoi est-ce que j’aurais un jour pensé que tu ne pourrai pas les aimer ? » C’est une vraie question que je lui pose, j’attends une réponse de sa part parce que j’ai toujours cru en elle et elle le sait. Je lui ai déjà dit un grand nombre de fois. « Je t’assure que j’ai jamais eu aucun doute là-dessus à ton sujet. Je ne vois pas en quoi tu aurais pu ne pas être capable de les aimer. Et puis, tu les aimais déjà avant la naissance, non ? » Ça se voyait, ça se ressentait. Est-ce qu’elle a un jour douté de son amour pour les filles ? C’est peut-être ça, qu’elle essaie de me dire au final. Mais si j’avais ne serait-ce qu’une seule fois douté d’elle et de sa capacité à assumer le rôle de mère, je ne serai pas resté là sans rien faire.
"All of the stars, you make them shine like they were ours. Ain't nobody in the world but you and I. You and I. Ain't nobody in the world but you"
« Bébé, arrête ça, je t'interdis d'avoir de telles idées. » Je pose ma main sur sa joue, tendrement, caressant un peu son visage. Je ne veux pas qu'il puisse avoir de telles pensées, je ne veux pas qu'il pense que je puisse être avec un autre que lui, plus maintenant. Je ne veux que lui, je n'aime que lui et la bague que je porte le prouve. Jamais je ne me serais engagée avec lui si je n'étais pas certaine de moi. Et j'en suis certaine, je suis sa fiancée et sa future femme. « C'est avec toi que je vais passer le reste de ma vie. » Ma main toujours sur son visage, je me penche vers lui pour déposer un tendre baiser au coin de ses lèvres et je reste là quelques secondes à le regarder, mes mains qui se promènent sur sa joue. Je suis avec lui, bien avec lui, heureuse et c'est quelque chose d'assez rare finalement. Je n'ai jamais ressenti ce sentiment à Londres, il n'y a qu'à ses cotés que je me sens si bien. Il m'aime, il me rends heureuse, il m'apporte tellement de bien et ça se voit dans ma façon d'être et d'agir. Grâce à lui, je suis plus stable, je suis clean, sobre, et assez forte pour le rester. Parce qu'il est là à mes côtés, et que désormais il y a aussi nos filles et pour elles, je ferai n'importe quoi. Pour lui aussi, même si je ne sais peut-être pas toujours m'y prendre avec lui, même si je ne sais pas toujours déceler ce dont il a besoin mais depuis son malaise, j'essaye d'être plus présente et plus attentive à lui. C'est triste qu'il ait fallu que je le vois s'effondrer devant moi pour comprendre que je devais prendre soin de lui, que je devais penser à lui aussi, mais c'est la vérité. Je n'ai pas fais assez pour lui, alors qu'il a tellement donné de son temps et de sa force pour m'aider à me sortir de mes habitudes nocives. Il me dit que je l'ai aidé, et je veux le croire vraiment. Il me dit aussi que je ne peux rien faire de plus, et ça en revanche c'est un peu frustrant même si je le comprends aussi. Il gère son passé, ses blessures, comme je le fais aussi. On est tout les deux fragiles finalement, mais j'ose espérer que si sa présence m'aide, la mienne l'aide aussi et qu'ensemble on est plus fort. Je prends sa main, sans dire un mot, je sers sa main en guise de soutien et de réconfort aussi peut-être. En réponse à ses mots qui laissent penser qu'il a encore des choses à régler de son côté et je le comprends, sans savoir vraiment à quoi il fait référence, j'ai accepté que je ne pouvais pas guérir toutes ses blessures et je lui laisse le temps pour traiter tout ça, me contentant d'être là pour lui après une séance de psy, comme il peut l'être pour moi. Une présence réconfortante et soutenante pour apaiser un peu quand les souvenirs deviennent trop compliqués. Et désormais il y a aussi nos filles, et il suffit de les regarder pour que le sourire revienne presque automatiquement. C'est d'ailleurs vers elles que mon attention se porte alors que Caleb quitte la table pour nous préparer le repas. C'est lui le chef et je sais qu'il va s'occuper personnellement de notre repas, même s'il pourrait laisser n'importe lequel de ses employés le faire mais il s'en occupe et pendant ce temps, je joue un peu avec mes filles. Retrouvant une légèreté et ma voix de maman gaga qui me dépite autant qu'elle m'amuse parce que je dois bien me résoudre à l'idée que je suis gaga devant elles. Mais ce court moment avec elles m'allège un peu l'esprit et quand Caleb revient avec notre plat, en plus de pouvoir bien manger, en bonne compagnie, je veux que ce moment soit agréable et la discussion est un peu plus légère. Je finis même par lui proposer de me faire ma couleur ce qui a le don de l'étonner. D'ailleurs, il est presque en train de s'étouffer et je ris de sa réaction. « Tu viens vraiment de me demander de m’occuper de ta couleur ? » Je secoue la tête de haut en bas, toujours en souriant, l'air presque sûre de moi. « J’ai jamais fait ça, soit t’es inconsciente soit tu me fais beaucoup trop confiance. » Je crois qu'il connaît la réponse. Je lui fais trop confiance. Mais je suis aussi un peu inconsciente sans doute. Enfaîte, je dirais plutôt un peu folle plus qu'inconsciente mais au fond je risque quoi ? Qu'il me rate ma couleur ? Je ne vais pas lui demander de me faire un truc compliqué, et puis au pire des cas, j'irais chez le coiffeur le lendemain et il trouvera comment arranger ça. « J'ai confiance en toi et surtout je sais que tu vas être appliqué, et faire ultra attention. Je ne risque rien avec toi. » Au fond faire une couleur avec un truc rapide, ça doit pas être si sorcier. Une boite, une notice, et Caleb n'est pas comme moi, il fait les choses correctement et il suit les notices lui. Je ne lui demanderai pas de me couper les cheveux par contre, mais ça c'est son soucis à lui. C'est lui qui se plaint que ses cheveux sont trop longs, alors que moi je les trouve très bien. Différents, mais j'aime beaucoup. Et autant pour lui que pour moi, je sais que ses cheveux sont importants, alors quand il évoque l'idée de tout couper, je réagis. « Au moins je serais tranquille, et c’est plus simple pour le boulot. » Je le regarde, les sourcils levés cherchant à savoir s'il envisage vraiment de tout couper, ce qui serait une première. Il s'est déjà teint les cheveux en blond juste pour moi, mais il n'a jamais eu les cheveux très courts et je le regarde essayant d'imaginer Caleb sans ses petites bouclettes et je n'y arrive pas vraiment. « Je suis pas sûre d'approuver cette décision, enfaîte j'arrive pas à t'imaginer sans cheveux, mais si c'est ton choix et que c'est plus simple pour toi fais le chéri. » Je n'ai pas réellement envie qu'il le fasse, voir même pas du tout, mais si lui le veut alors je ferai avec et puis les cheveux ça repousse non ? Je devrais juste me faire à l'idée que je ne pourrais plus glisser mes doigts dans sa chevelure mais peut-être que c'est pas si grave que ça finalement. Lucy se manifeste et si moi je n'ai pas fini de manger, c'est à son tour d'avoir faim et je m'arrête pour m'occuper de l'allaiter. Caleb s'occupe de Lena et c'est aussi un avantage d'être ici pendant l'heure du repas des filles, puisqu'il peut m'aider et je peux me concentrer uniquement sur Lucy et sur ce moment avec elle. C'est encore une chose dont j'ai été étonnée finalement, j'aime allaiter ma fille, j'aime ce lien si spécial que j'ai avec elle, j'aime ce moment pourtant pas toujours physiquement agréable. Mais quand elle regarde, qu'elle me fixe de ses tout petits yeux, sa main serrant mon index, je ne peux qu'être submergée par tout cet amour que je ressens pour elle. Que j'ai découvert en moi lorsqu'ils l'ont posé sur moi à sa naissance, quelques secondes après être née. C'est étrange comme sentiment pour moi qui ait toujours eu du mal à m'attacher, à faire face à mes sentiments mais avec Lucy, comme avec Lena ça a été différent. Et je pense à ça en regardant ma fille, au faite que je ressens un amour inconditionnel pour elles, un amour dont j'avais pourtant douté. Et c'est cette réflexion que je partage avec Caleb, relevant les yeux vers lui et vers Lena à qui il est en train de donner le biberon. Et si à ce moment ce que je ressens ne laisse plus aucun doute, je les aimes. Lui et nos filles. Ça n'a pas toujours été aussi simple, aussi évident. « Pourquoi est-ce que j’aurais un jour pensé que tu ne pourrai pas les aimer ? » Parce que moi j'y ai pensé. Parce que je n'ai pas aimé notre premier enfant. J'ai eu peur de ne pas réussir à les voir elles, sans chercher à y voir Nathan. Parce que rien n'est simple avec moi, avec mes sentiments. Parce que je n'ai pas de réponses logiques à tout ce que je ressens, à tout ce que je fais. Parce que j'ai peur parfois de ne pas réussir à faire comme tout le monde. Parce que j'aimais tellement Caleb, je l'aimais et pourtant je l'ai laissé. Alors j'ai de quoi douté non ? Douté de moi et de ma capacité à gérer mes sentiments. Je pourrais lui dire tout ça. Lui dire aussi qu'une partie de moi se demande ce que j'aurais ressenti si jamais tenu Nathan comme je l'ai fais avec nos filles. « Parce que j'y ai pensé moi. J'ai eu peur de ne pas réussir à me faire à mon rôle de mère, de ne pas réussir à m'attacher à elles. » Ça me fait mal de lui dire ça, de le dire alors que je tiens ma fille contre moi. J'ai un peu honte enfaîte. Honte d'avoir douté, honte d'avoir pu craindre de ne pas réussir à les accepter, honte d'avoir eu peur que leur naissance me fasse du mal. Je baisse les yeux. J'ai honte aujourd'hui parce que toutes mes peurs me semblent si loin de ce que je ressens réellement, et je regarde avec émotion Lucy qui semble si loin de s'imaginer comme sa venue et celle de sa sœur m'a chamboulé. « Je t’assure que j’ai jamais eu aucun doute là-dessus à ton sujet. Je ne vois pas en quoi tu aurais pu ne pas être capable de les aimer. Et puis, tu les aimais déjà avant la naissance, non ? » Je relève la tête vers Caleb pour croiser son regard, peut-être que j'ai besoin de sa confiance à ce moment précis. Savoir que lui n'a pas douté, qu'il a cru en moi, ça me touche même si en soit c'est pas étonnant, il a toujours cru bien plus en moi que je n'ai jamais pu le faire. C'est pour ça que je me sens plus forte à ses côtés finalement. « Oui oui je les aimais tellement même avant la naissance. Tu sais le jour ou j'ai cru les avoir perdu, je pense que c'est à ce moment que j'ai compris que je les aimais vraiment. Que j'ai compris que je les voulais plus que tout, et qu'elles comptaient plus que tout le reste. » Que j'ai compris qu'elles étaient plus importantes que les doutes que je pouvais ressentir. Qu'au moment ou j'ai cru perdre cet enfant, j'ai compris que je le voulais et que ce désir était plus fort que tout le reste. Et encore une fois c'est triste d'avoir du vivre cette épreuve pour me rendre compte de tout ça, mais c'est à ce moment que je me suis vraiment autorisée à ressentir les émotions positives de cette grossesse, à les laisser prendre le dessus et à m'autoriser à vivre cette grossesse sans me culpabiliser ou me le reprocher vis à vis de mon passé. A ce moment que j'ai pu vraiment vivre ce moment avec Caleb et avec elles puisqu'elles ont commencé à bouger peu de temps après. Et même si les doutes ne m'ont pas quitté revenant par moment me faire faiblir comme ce jour ou Eve m'a retrouvé en larmes dans la salle d'attente de mon psy. A partir de ce moment, j'ai pu profiter de cette grossesse, partager cette joie de devenir parents avec Caleb et m'épanouir à ses côtés. « Mais je te mentirai si je te disais que j'ai pas eu peur que leur naissance soit trop dure à gérer et ravive certains souvenirs et que je n'arrive pas à le gérer ou que je n'y arrive pas avec elles. J'avais peur de ne pas réussir à ressentir quelque chose de fort pour elles, j'avais peur de ne pas me sentir mère, et en même temps j'étais terrifiée qu'on me les enlève, qu'il leur arrive quelque chose, mais je les aimais vraiment. » Je ne le cite pas, je ne parle pas de Nathan, je n'en ai pas envie mais il devrait sans difficulté comprendre de quoi je parle. Et au fond, c'est pas quelque chose d'étonnant, avant l'accouchement on avait vaguement évoqué cet événement, mon premier accouchement, et finalement je ne sais même pas vraiment ce que lui a ressenti à la naissance des filles. Si à un moment il a pensé à tout ça et je ne sais même pas si je veux lui poser la question. Lucy s'agite un peu et je grimace, reportant mon attention sur elle. « Doucement ma puce, tu sais que quand tu t'agites comme ça, tu y arrives pas et c'est pas très agréable pour maman. » Et je ne sais pas si c'est réellement elle qui s'agite ou si c'est moi qui suis un peu plus tendue mais je grimace encore un peu alors qu'elle continue à chercher à téter. Je la prends contre moi quelques secondes, avec des gestes tendres, je la berce un peu, et je la réinstalle au sein, tout en continuant d'essayer de la calmer un peu et une fois qu'elle redevient plus calme et que c'est moins douloureux pour moi, je reporte mon attention sur Caleb, avec un tout autre ton. Plus sûre, plus rassurant. « Enfin laisse tomber, ça semble loin tout ça maintenant. Et je me sens conne d'avoir doutée parce que ça me semble impensable aujourd'hui de ne pas réussir à les aimer. Regarde les, elles sont si parfaites. Et je donnerai tout pour elles. » Je souris, mon regard passant de Lucy à Lena. Je les regarde avec beaucoup d'amour dans les yeux, avec beaucoup d'émotions aussi, elles représentent tout, mes deux petites merveilles. Tout ça semble si con désormais, si loin aussi parce que même si je ne sais pas toujours comment m'y prendre avec elles, je suis leur mère, je les aime et je ferais absolument tout pour elles, pour les protéger et les aimer. « Je suis désolée, je voulais pas casser l'ambiance, je sais pas pourquoi j'ai dis ça, je voulais t'apporter un peu de joie et j'ai encore tout gâché. » Pourquoi j'ai voulu lui parler de mes doutes passés, c'est sans doute très con et inutile finalement. Je venais pour lui changer les idées et améliorer sa journée pas pour lui plomber son moral. Je me sens conne, je sais vraiment pas m'y prendre et je me désespère moi même. « Pour me rattraper ce soir, quand tu rentrera je prendrais soin de toi chéri. Petit massage, et je t'attendrai pour prendre ma douche. » Voilà qui est plus léger comme discussion, voilà ce que j'aurais du dire, ce dont j'aurais du parler parce qu'il va bientôt devoir repartir au boulot et c'est avec ce genre de pensées que je préfère qu'il retourne travailler plutôt qu'avec l'idée que j'ai pu douter d'aimer nos enfants.
"ALL OF THE STARS, YOU MAKE THEM SHINE LIKE THEY WERE OURS. AIN'T NOBODY IN THE WORLD BUT YOU AND I. YOU"
J’ai toujours été de nature assez jaloux, alors pouvoir imaginer Alex avec un autre homme, c’est extrêmement déplaisant. Et pourtant elle a connu d’autres hommes, je le sais et en soit c’est complètement normal. Avec huit années de séparation c’est même totalement logique. « C'est avec toi que je vais passer le reste de ma vie. » Un sourire s’étire sur mes lèvres. Sûrement un peu niais – carrément niais, même – mais ses mots me touchent et même si je le savais déjà l’entendre me le dire ne me laisse pas indifférent. Elle m’embrasse sur le coin de mes lèvres et ma main prend la sienne, mes yeux glissent sur cette bague qui représente notre amour et notre engagement l’un envers l’autre. « Moi aussi, c’est pour ça que je t’ai demandé de devenir ma femme. » Cette fois c’est elle que je regarde, mes yeux perdus dans les siens admirant sa beauté non négociable. « Et puis de toute façon les autres ne t’arrivent pas à la cheville. » Je lui dis en haussant doucement les épaules et même si elle n’est pas parfaite, Alex a beaucoup plus de qualités qu’elle ne le pense. Elle me rend heureux, déjà et c’est une chose qui n’était pas facile quand on sait la position dans laquelle je me trouvais quand on s’est retrouvés. Je l’aime comme je n’ai jamais aimé une autre femme et on peut certainement voir tout mon amour pour elle dans mon simple regard. Mes yeux pétillent quand je la regarde, elle m’a apporté beaucoup. Certainement plus que ce qu’elle ne pense. Pourtant je lui ai déjà dit plusieurs fois mais je ne suis pas sûr qu’elle l’ait bien intégré, ou qu’elle me croit vraiment. Et la plupart du temps, rien que par sa simple présence à mes côtés, elle m’aide. En rentrant de mes séances de thérapie, savoir que je vais la retrouver chez nous c’est important. Pouvoir m’endormir tous les soirs en la serrant contre moi aussi. La serrer dans mes bras après une journée éprouvante ou après une séance chez mon psy particulièrement difficile, c’est aussi ça qui m’aide à tenir. Maintenant il y a également les filles. Toute ma vie se résume à présent en ces trois noms ; Alex, Lucy et Lena. Les trois personnes que j’aime le plus au monde, les trois femmes de ma vie. Celles pour qui je suis prêt à tout, celles pour qui j’ai envie me battre aussi. Je les aime bien plus que vous ne pouvez l’imaginer et une vie sans elles est à présent complètement impossible pour moi.
C’est aussi en grande partie les petits moments de ce genre qui m’aident. Quand elle me propose de m’occuper de sa couleur je la prends presque pour une folle, parce que je n’ai jamais fait ça. Parce que je risque que complètement rater et je ne sais pas vraiment comment elle réagirait si c’était le cas. Pourtant elle semble sûre d’elle et c’est ce que je lui fais comprendre ; elle est inconsciente ou bien elle me fait beaucoup trop confiance. La vérité est d’ailleurs sûrement un mélange de ces deux options. « J'ai confiance en toi et surtout je sais que tu vas être appliqué, et faire ultra attention. Je ne risque rien avec toi. » Elle me fait rire, parce qu’elle risque d’être déçue et elle me confirme une chose ; elle me fait beaucoup trop confiance. Je secoue la tête de gauche à droite, amusé, avant de lui répondre. « Et si je me loupe, tu feras comment ? Tu m’en voudras pas ? » Et puisqu’on semble lancés sur une conversation au sujet de nos cheveux respectifs elle me fait la remarque sur la longueur des miens. Ils sont trop longs, mais je n’ai pas encore trouvé le temps d’aller chez le coiffeur. C’est surtout qu’en ressortant du travail, moi je ne veux qu’une chose ; retrouver ma famille. J’ai simplement décidé de lui faire croire que j’avais en tête de me couper tous les cheveux donc de les raser. Et sa réaction ne me déçoit pas. « Je suis pas sûre d'approuver cette décision, enfaîte j'arrive pas à t'imaginer sans cheveux, mais si c'est ton choix et que c'est plus simple pour toi fais le chéri. » Elle me croit, et malgré le fait qu’elle n’approuve pas cette – fausse – décision elle me soutient et au final, c’est ça aussi l’amour. Mais encore une fois, elle me fait rire. J’hésite entre continuer à lui dire que dans peu de temps elle devra s’habituer à un nouveau style capillaire de ma part, ou bien lui dire la vérité. Mais la plaisanterie a sûrement assez durée. « Bébé, j’étais pas sérieux ! Je vais les couper mes cheveux mais pas à ce point. » Mais je retiens tout de même qu’elle comptait me soutenir dans cette démarche qui ne lui plaisait pas tant de ça. C’est vraiment très mignon de sa part. Ce moment léger et de répit ne dure pas très longtemps puisque les filles se manifestent chacune leur tour. D’abord Lucy et quelques minutes plus tard c’est au tour de Lena et j’ai bien conscient de la chance que nous avons qu’elles soient toutes les deux réglées de la même manière pour les biberons. Puisque pour mes sœurs, ce n’était pas le cas. « Parce que j'y ai pensé moi. J'ai eu peur de ne pas réussir à me faire à mon rôle de mère, de ne pas réussir à m'attacher à elles. » Si je trouve cette pensée assez étrange je ne lui dis pas. Surtout que je ne la trouve pas si logique. Parce qu’elle aimait déjà nos filles même avant la naissance, alors pourquoi cela aurait pu changer en les tenant dans ses bras ? Le contraire me semble plus évident. Mon amour pour elles a triplé à partir du moment où j’ai pu les serrer contre moi. « Oui oui je les aimais tellement même avant la naissance. Tu sais le jour ou j'ai cru les avoir perdu, je pense que c'est à ce moment que j'ai compris que je les aimais vraiment. Que j'ai compris que je les voulais plus que tout, et qu'elles comptaient plus que tout le reste. » Je me revois, complètement paniqué et persuadé que cette aventure s’arrêtait là. Parce qu’elle avait beaucoup trop saigné pour que ce soit normal et à l’époque, on ne savait même pas qu’elle attendait des jumeaux. Enfin du coup, des triplés. Et maintenant que j’ai Lena dans les bras je me pose d’autant plus de questions. Je me demande si ce bébé perdu était elle aussi une fille ou un garçon. Avoir un garçon avec ces deux filles m’aurait beaucoup plu mais malheureusement, on n’aura jamais de réponse à ces questions. « Mais je te mentirai si je te disais que j'ai pas eu peur que leur naissance soit trop dure à gérer et ravive certains souvenirs et que je n'arrive pas à le gérer ou que je n'y arrive pas avec elles. J'avais peur de ne pas réussir à ressentir quelque chose de fort pour elles, j'avais peur de ne pas me sentir mère, et en même temps j'étais terrifiée qu'on me les enlève, qu'il leur arrive quelque chose, mais je les aimais vraiment. » Peut-être que si elle m’avait parlé de tout ça, j’aurais pu l’aider ou du moins la soutenir un peu mieux, et donc je me sens très con parce que je me rends compte que j’ai été bien inutile pour elle tout au long de cette grossesse. Elle avait des peurs que je ne soupçonnais même pas. Je ne sais pas quoi lui dire, quoi lui répondre. Mes yeux se baissent sur ma fille, je caresse doucement son visage alors que d’une de ses mains elle a attrapé mon pouce pour le serrer. « Je ne vois pas pourquoi tu aurais pu être incapable de les aimer… On dirait que tu te vois comme un monstre incapable de ressentir la moindre émotion. » J’hausse doucement les épaules sans un mot de plus alors que mon attention est toujours portée sur ma fille qui semble déjà ne plus avoir faim. « Enfin laisse tomber, ça semble loin tout ça maintenant. Et je me sens conne d'avoir doutée parce que ça me semble impensable aujourd'hui de ne pas réussir à les aimer. Regarde les, elles sont si parfaites. Et je donnerai tout pour elles. » Mon regard se pose maintenant sur Lucy et je souris. Parce qu’elle est belle, ma fille et aussi parce que j’ai toujours envie de sourire quand je les regarde. Sûrement parce que je les aime mais aussi parce qu’elles me rendent fier. « T’as pas à t’excuser pour quelque chose que tu as ressenti. Et non, c’est pas con. » Même si je ne le comprends pas, ça ne signifie pas pour autant que son ressenti doit être dénigrer de la sorte. Puisqu’on est dans les confessions je pourrais peut-être lui dire que durant les premiers mois de grossesse j’ai eu extrêmement peur de la voir partir. Qu’elle m’abandonne sans un mot comme elle l’avait fait la première fois. Je pourrais lui dire mais je ne vois pas l’intérêt de lui faire part d’une telle chose alors je me tais. « Pour me rattraper ce soir, quand tu rentrera je prendrais soin de toi chéri. Petit massage, et je t'attendrai pour prendre ma douche. » Un massage ne serait pas de refus, en ce moment j’ai mal au dos, je suis assez tendu, et mon métier ne m’aide pas à ce sujet, alors oui je demande que ça. « Arrête, ne me dis pas ce genre de chose je vais finir par te prendre au mot. » Je vais rêver d’un massage et d’une douche à deux en rentrant sauf que je reste réaliste et je me doute bien qu’avec les filles, les plans changeront certainement.
"All of the stars, you make them shine like they were ours. Ain't nobody in the world but you and I. You and I. Ain't nobody in the world but you"
Je souris et je rougis un peu alors qu'il me complimente à nouveau. Je ne devrais même plus être si sensible à ses compliments tant ils sont nombreux. Mais j'aime l'entendre me dire qu'il m'aime, j'aime l'entendre aussi me dire que je suis belle. Je ne m'en lasse pas et ma réaction le prouve. Je sais qu'il n'est pas objectif, et que des femmes plus belles et bien meilleures que moi, il y a énormément mais dans ses yeux et à ses côtés, je me sens belle, je me sens désirable, et surtout je me sens aimée. Et pour l'une des rares fois de ma vie, je sens que je n'ai plus rien à craindre, qu'avec lui à mes côtés, je vais pouvoir tout surmonter. Et j'ai cette bague au doigt, qui me rappelle sans cesse qu'il est prêt à faire sa vie avec moi, comme je lui suis aussi. Nous avons la même envie, ce même désir d'engagement l'un envers l'autre. « T'es pas objectif mon chou, mais j'aime quand tu me flatte, t'es tellement beau quand tu me regardes comme ça. » La façon dont il me regarde, ses yeux plongés dans les miens, un sourire aux lèvres, je ne me lasserais sans doute jamais de ces moments ou j'en oublie presque le reste du monde, perdue dans ses yeux. Je romps pourtant ce moment, et je regarde cette bague de fiançailles, et si je la porte fièrement, j'attends désormais de pouvoir le voir avec une alliance, de le voir porter lui aussi une bague pour montrer au reste du monde qu'il n'est plus libre et qu'il est mon mari. « Je me sens tellement chanceuse d'être là avec toi. Tu sais qu'il n'y a qu'avec toi que j'aurais pu envisager de me marier, toi et personne d'autre, et je suis pressée que tu portes ton alliance pour montrer aux autres femmes que tu n'es pas un homme libre. » Je lâche un léger rire. Moi jalouse ? Sans doute un peu, beaucoup même, mais pourtant j'ai une confiance aveugle en lui, c'est les femmes qui me dérangent. Les autres, qui le regardent sans même qu'il s'en aperçoive. Mais c'est moi qui partage sa vie, moi qui me réveille chaque matins à ses côtés, enfin quand il n'est pas déjà debout pour préparer notre petit déjeuner. C'est moi la mère de ses filles, c'est moi sa future femme, et j'ai parfois encore du mal à réaliser tout ça, parce que j'ai encore peur parfois de pouvoir le blesser, encore peur qu'il ouvre les yeux et se rende compte que je ne suis pas aussi bien qu'il me le dit souvent. Mais comme un rêve éveillé que je vis grâce à lui, je ne veux pas tout gâcher, je ne veux pas non plus me réveiller, je veux juste profiter de cette nouvelle vie que nous avons, lui et moi, avec nos deux magnifiques petites filles. Magnifiques mais pas si faciles que ça quand même. Elles ne nous laisse pas vraiment beaucoup de répits, et les nuits sont très courtes. Caleb a reprit le travail lui, moi ça viendra, mais ça ne presse pas, et puis j'adore mon boulot vraiment mais je veux profiter de mes filles, profiter de chaque moments avec elles. J'ai encore beaucoup de mal à les laisser, je le fais pourtant quand il le faut, notamment pour me rendre à des réunions des alcooliques anonymes ou aux séances avec ma psy, mais pour ce qui est du reste, j'aime encore les avoir avec moi et j'utilise beaucoup Lucy et l'excuse de l'allaitement pour ne pas les laisser. Elles sont encore si petites, si fragiles et même si je ne suis pas sûre de réussir à m'occuper d'elles correctement, je ne me sens pas à l'aise à les laisser, à part à Caleb parce qu'il a tout ma confiance et je sais qu'il est bien plus doué que moi avec elles. D'ailleurs Caleb a ma confiance pour à peu près tout, même quand il s'agit de me faire une coloration, je serais prête à le laisser faire. « Et si je me loupe, tu feras comment ? Tu m’en voudras pas ? » Je fais semblant de réfléchir très longuement à sa question, et je lui réponds avec un air très sérieux. « Sans doute que je vais bouder et faire en sorte que tu te rachètes autrement pour ton erreur, mais t'inquiète je ne t'en voudrais pas au point de demander le divorce. » Je finis par sourire et je secoue la tête de haut en bas. Je plaisante et il le sait sans doute, et en évoquant le divorce d'un mariage qu'on a pas encore officialisé, je montre bien qu'il n'y a rien de sérieux dans mes propos. Quoique. Peut-être le côté je boude pour obtenir quelque chose, mais ça il a l'habitude. « Mais la prochaine fois que je vais faire les magasins avec les filles, j'achète ça. » J'acte les choses, comme pour lui montrer que j'ai confiance en lui et que peu importe le résultat, c'est mon choix et je ne lui en voudrais pas, bon à moins qu'il me brûle les cheveux mais ça doit pas être possible ça non ? Je plaisante un peu avec lui et il semble d'humeur taquine lui aussi, alors qu'il ose plaisanter sur ses cheveux en me faisant croire qu'il compte les raser. Sacrilège, il sait comme j'aime ses cheveux, et je pousse un soupir de soulagement, pas du tout exagéré, quand il m'avoue ne pas être sérieux. « Ça te fais rire de me faire des frayeurs comme ça ? » Je lui souris malgré tout, faisant glisser doucement ma jambe sous la table le long de sa jambe. Je profite de ce moment, j'apprécie cet instant de légèreté à ses côtés dans notre journée, un moment que l'on avait pas prévu puisque ça a été décidé un peu sur un coup de tête, parce que passer du temps avec lui me manquait et que j'avais entendu qu'il avait besoin de répit un peu, au milieu d'une journée bien contraignante.
Mais même si ce moment est agréable, les filles se manifestent pour manger elles aussi, quoique l'on fasse, j'ai l'impression qu'il est l'heure pour elles de manger, mais je prends Lucy avec moi, et je le laisse s'occuper de Lena. C'est ainsi que ça fonctionne, pas que ce soit un choix mais Lena n'a jamais voulu l'allaitement alors les choses se sont faites d'elles même finalement. Lui avec le biberon et Lena, moi avec l'allaitement et Lucy. Et ce sont des petits moments privilégiés avec nos filles, ces petits moments ou on les as contre nous et perdus dans leurs petits yeux, on oublie le reste. C'est en tout cas ainsi que je le vis et il suffit que je regarde Caleb fixer sa fille pour savoir qu'il est lui aussi totalement obnubilé par la petite bouille de notre fille, de nos filles. Ce moment un peu plus calme, plus tendre, je me laisse aller à quelques confidences auprès de Caleb, sur mes doutes avant leurs naissances, sur mes doutes me concernant. Il m'écoute, il n'a pas besoin de dire grand chose, je sais qu'il est présent et qu'il est attentif à ce que je peux lui dire. Que mes mots lui plaise ou non, je sais qu'il est là pour moi. Quand je lui parle de mes doutes mais aussi de cet événement que l'on a du traverser pendant la grossesse. Il reste assez silencieux mais finalement je crois que j'avais juste besoin de lui dire ce que je ressentais, sans en attendre plus, juste savoir que lui n'a pas douté de moi me suffit finalement. Je profite tout de même de ce moment pour lui parler de mes peurs, celles de ne pas réussir à être mère, parce que finalement je n'ai jamais eu de modèle et un échec assez violent dans ce rôle, je partais pas avec les meilleures armes. Et je lui parle de tout ça, peut-être pour me soulager aussi de tout ça, les laisser derrière moi, derrière nous une bonne fois pour toute ? Il finit par me répondre. « Je ne vois pas pourquoi tu aurais pu être incapable de les aimer… On dirait que tu te vois comme un monstre incapable de ressentir la moindre émotion. » A ses mots, j'ai presque envie de lui répondre que je me suis longtemps vu comme un monstre oui. Mais pas sans émotions, mais avec les mauvaises émotions. Et j'ai aussi envie de lui rappeler que j'ai été cette personne, incapable d'aimer notre premier enfant, mais il le sait déjà et je n'ai pas vraiment envie de lui rappeler tout ça finalement. Les circonstances sont différentes, je suis différente et c'est sur ce que je vis et ce que je ressens aujourd'hui que je dois me concentrer. Sur cette vie très concrète que je vis auprès de nos filles, sur l'amour bien réel que je ressens quand je les regarde ou quand je pense à elles. C'est sur elles et seulement elles que je dois concentrer chacune de mes pensées désormais, parce que je me dois d'être là pour elles, entièrement là et pas quelque part perdue dans un passé sur lequel je n'ai plus aucun contrôle. C'est pour elles que je me lève désormais, et aussi un peu à cause d'elles quand même, mais il me suffit de poser mon regard sur l'une de mes filles, de poser mon doigt au coin de ses lèvres pour la voir esquisser un sourire pour me sentir heureuse et apaisée. « T’as pas à t’excuser pour quelque chose que tu as ressenti. Et non, c’est pas con. » Je me sens réellement chanceuse d'avoir un tel homme à mes côtés. Il n'a pas à dire grand chose, juste à me montrer qu'il est là, et qu'il me soutien même si je suis sûre que ce sujet ne lui plaît pas. Il est tolérant Caleb, tellement plus que moi, tolérant et un soutien sans faille pour moi. Il ne me juge pas non plus, il m'écoute, il entends mes craintes et il me rassure, par sa présence et sa bienveillance. Il sait ce que j'ai fais, il sait que je suis mais il m'a accepté, et c'est peut-être sa plus belle preuve d'amour finalement. Il a cru en moi, en nous et grâce à lui on est fiancé et parents de deux filles absolument parfaites. « Je vous aimes tout les trois. » Et en plus de le dire, je veux leur prouver, je veux pouvoir être aussi douée que lui, être au petit soin pour lui et quand je lui promet un message et une douche commune, je vais tout faire pour réussir à lui donner tout ça. Parce qu'il le mérite, parce qu'il mérite qu'à mon tour je prenne soin de lui un peu. « Arrête, ne me dis pas ce genre de chose je vais finir par te prendre au mot. » Je lui souris largement, sûre de moi avant de faire glisser mon pied sur le haut de sa cuisse. « Je promets de bien m'occuper de toi ce soir chéri. » Ces mots sont accompagnés d'un clin d’œil alors que je finis par me rhabiller, Lucy toujours contre moi qui semble se rendormir doucement. J'en profite pour finir mon assiette, désormais tiède, mais avec les filles, c'est quelque chose de courant et d'habituel. Je finis de manger profitant de ce moment avec mon futur mari et nos deux filles, un petit moment entre nous, rien qu'à nous sur la terrasse de son restaurant. Il aura finalement plutôt bien réussi Caleb et j'ai la chance de pouvoir partager tout ça avec lui.
…
Il est tard, genre vraiment tard et pourtant je suis assise au bord de la piscine, les pieds dans l'eau, le baby-phone posé sur la table à côté d'une tasse de thé vide, et je regarde Dobby courir dans le jardin. Je ne pense à rien, je profite de cette chaude soirée et de ce calme qui règne dans la maison depuis que j'ai réussi à endormir les filles. Et j'attends Caleb. Il ne devrait pas tarder à rentrer et je l'attends désormais, parce que je lui ai dis que j'allais m'occuper de lui et malgré la fatigue, je ne compte pas ne pas honorer ma promesse. Je suis fatiguée, enfin je devrais dire, on est sans doute fatigués tout les deux, bien plus qu'on n'aurait pu l'imaginer, mais pourtant je suis heureuse. Je ne regrette rien, à part peut-être les grasses matinées et les moments de tendresses dans les bras de Caleb, mais j'aime mes filles plus que tout, et j'aime cette vie que j'ai. C'est à ça que je pense quand j'entends la porte de chez nous s'ouvrir et quand je vois Dobby courir en direction de Caleb. Et peut-être que c'est parce que j'ai vécu des années compliquées que je me sens si chanceuse d'avoir tout ça désormais ? Ou peut-être que je suis toujours dans mon petit monde de bonheur, sur un nuage depuis l'accouchement duquel je ne souhaite pas redescendre. Je finis par me lever, je me tiens contre l’embrasure de la porte vitrée, vêtue d'une nuisette sexy que j'ai remis pour la première fois depuis la grossesse. Elle ne me va pas comme je le voudrais, mais elle fait l'affaire, du moins elle fera l'affaire pour ce soir. Je lui souris très largement. « Bonsoir beau goss, je t'attendais. » Je m'avance vers lui, prenant sa main pour l'attirer vers moi avant de l'embrasser avec passion. « Les filles sont couchées, elles ont mangé y'a même pas une heure, et elles dorment, je suis rien qu'à toi. » Je lui donne quand même des nouvelles de nos filles rapidement avant de ramener son esprit à toute autre chose. J'ouvre les boutons de sa chemise pour pouvoir laisser mes mains glisser le long de son torse tout en le regardant fixement. « Tu m'as l'air bien tendu chéri. Allez viens avec moi et laisse toi faire ce soir. » Se laisser faire, me donner tout le contrôle c'est pas ce qu'il préfère mais je lui laisse pas le choix, ce soir je prends soin de lui et je vais faire en sorte qu'il puisse se détendre et j'ai tout prévu et maintenant j'espère vraiment que les filles vont dormir toutes les deux bien sagement. « Installes toi au bord de la piscine j'arrive. » Je lui montre la couverture que j'ai installé au sol pour qu'il puisse se poser et je m'éclipse quelques secondes, ne lui laissant guère le choix. Je reviens avec un verre et une bouteille de vin blanc, enfin une minuscule bouteille que j'ai acheté pour lui cet après-midi en sortant du restaurant, et je lui apporte fermée au côté d'un verre. « Tiens je crois que tu aimes ce vin, j'ai pris qu'une petite bouteille, mais j'espère que ça ira pour toi. Allez sers toi pour trinquer avec moi. » C'est la soirée idéale pour se poser au bord d'une piscine avec une verre de vin, et profiter de la nuit si agréable de Brisbane. Sauf que je ne pourrais jamais le faire avec lui, mais ce soir je ne veux pas qu'il se prive pour moi. Et, j'ai mon verre de thé glacé pour trinquer avec lui. « A nous chéri. » Je ne veux pas qu'il se prive, je sais que c'est un sujet délicat encore l'alcool mais c'est moi qui ait un problème avec, pas lui et je me sens prête à le gérer. Au moins aujourd'hui, un pas après l'autre, et ce soir je lui amène sa petite bouteille et son verre, avant de me poser à ses côtés et de poser ma tête sur son épaule quelques secondes. Je dépose un baiser sur sa joue avant de poser mon verre et de m'installer derrière lui pour commencer à lui masser les épaules, le temps qu'il boive son verre de vin, avant de lui proposer plus qu'un simple massage des épaules, bien plus.