Voilà une semaine que Jade avait en main ce qu’elle considérait comme un précieux sésame : les adresses des membres de la famille Bradford. Une semaine de réflexions intenses, de doutes et de questionnements. Comment allaient ils accueillir cette nouvelle ? Etait ce seulement une bonne idée ? Ces interrogations tournaient en boucle dans sa tête la faisant parfois douter de son stratagème. Elle jouait ici à pile ou face : elle pouvait tout gagner, notamment de l’argent, beaucoup d’argent. Si elle échouait, elle ne perdait certes rien mais ce serait pour elle un retour à la case départ : galère et petit boulot deviendrait à nouveau son quotidien. Il fallait que ça tourne bien. Peut-être même que la famille les intégrerait, elle et son fils, comme deux membres à part entière. Il était nécessaire qu’elle tente le tout pour le tout, il y avait beaucoup trop à gagner. Si les Bradford reconnaissait Isaac comme la descendance de leur défunt fils, elle pourrait non seulement demander une belle pension mais aussi intégrer une famille notable et respectée de Brisbane. Les pleurs d’Isaac la tirèrent des pensées, il s’était réveillé de sa sieste et réclamait son attention. Jade le prit dans ses bras et lui embrassa le front. Elle ne pouvait s’empêcher, comme à chaque fois depuis sa naissance, de penser à Tommy en le regardant. Ils avaient les mêmes yeux, personne ne lui ferait dire le contraire. Elle le berça doucement pour faire taire ses pleurs et lui chuchota « Allez bébé, il faut se préparer, on a des choses à faire toi et moi aujourd’hui. » Une fois l’enfant calmé, elle le déposa dans son parc et enfila une tenue dans laquelle elle se sentait bien, confiante. Il était également important qu’elle fasse bonne impression, qu’elle donne l’impression d’être sûre d’elle. Avant d’installer le petit dans sa poussette, elle vérifia une dernière fois le petit porte vues qu’elle avait préparé, destiné aux Bradford. Il contenant des photos d’Isaac depuis sa naissance mais aussi des clichés d’elle et Tommy, des lettres qu’elle avait écrites au décès de ce dernier ou à la naissance de son fils et des capture d’écran imprimé de messages que Tommy lui avait envoyés. Elle espérait que ces souvenirs accorderait du crédit à son récit et pourrait avoir une certaine valeurs pour la famille. Elle sortit de son appartement, porte vue sous le bras et Isaac bien attaché dans sa poussette. Elle l’installa sur la banquette arrière de sa mini-cooper d’occasion, qui d’ailleurs malgré son apparence indémodable se faisait vieillissante et entra l’adresse dans le GPS de son portable : 513 wellington street. Elle avait décidé qu’elle irait d’abord solliciter la seule femme de la famille Bradford : Dylane. Elle espérait jouer sur une hypothétique solidarité féminine. De plus, la jeune femme n’était pas beaucoup plus agée qu’elle et Tommy lui parlait souvent d’elle, à l’époque ; Jade avait l’impression de déjà la connaitre un peu. Elle savait que le frère et la soeur étaient très proches, cette proximité pourrait également être un atout pour faire reconnaître Isaac. Plus la distance à parcourir se réduisait, plus elle sentait son ventre se nouer. Elle aspirait parvenir à ses fins, coûte que coûte. Elle bifurqua et reconnu le décor paradisiaque de Bayside. Quelques minutes après, elle arriva. Wellington street. Elle se gara à quelques mètres du numéro 513, rassembla ses affaires et déplia la poussette dans laquelle elle installa une nouvelle fois le petit. En approchant de l’imposante villa, elle ne pu s’empêcher de s’y voir. Jade était née pour vivre dans le luxe et l’opulence, elle le savait. Il y avait eu un bug dans la matrice, une erreur de distribution à la naissance : la cigogne s’était trompée de nid. « Tu vois bébé, nous aussi bientôt nous vivrons dans une belle maison comme ça, c’est promis » Et la jeune femme tenait toujours ses promesses. Elle se retrouva face un portail et sonna à l’interphone, une voix lui demanda en quoi consistait sa venue. « Bonjour, je souhaiterais rencontrer Mlle Dylane Bradford » A ces mots, le lourd portail se mit en marche et lui ouvrit la voie. Elle observa la fabuleuse propriété, tout respirait le luxe et la classe. Elle se sentit tout de suite à sa place, dans son élément. Elle pris une bonne inspiration et, déterminée, un sourire confiant au lèvres, elle s'avança avec son fils jusqu’à la porte d’entrée. Cette dernière s'ouvrit et une jeune femme apparu dans l’embrasure. Jade la reconnut immédiatement, c’était bien Dylane. Elle avait les mêmes traits que Tommy et elle ressemblait à la description que le garçon lui en avait fait : jolie petite brune a l’air mutin. Mais l’air ne faisait pas la chanson et sous ses airs angéliques, Jade savait qu’elle n’allait pas avoir à faire à une disciple de mère Teresa, elle était au courant que Dylane avait un sacré caractère mais il en fallait plus pour impressionner la jolie blonde qui en avait également pas mal sous le pied. Arrivée face à la cadette des Bradford, elle planta son regard droit dans le sien. « Salut, je m’appelle Jade. Jade Brownn. Je sais pas si t’as déjà entendu parler de moi. » Elle marqua un temps d’arrêt. « Est ce que tu aurais du temps à m’accorder ? J’ai, comme qui dirait, quelque chose d’important à te dire. » Elle se pinça les lèvres dans une expression assurée et posa les yeux sur son fils qui babillait dans son landeau. Le plan était en marche, à elle d’assurer à présent.
Installée dans le divan, Dylane est occupée de regarder un film en se goinfrant de Nachos avec cette délicieuse sauce au fromage. Faut bien qu'elle profite un peu de son jour de congé. Certes, elle aurait pu faire des choses plus intéressantes mais ses proches travaillent et elle n'avait pas envie de bouger. La chaleur dehors est accablante et au moins dans la villa, il y a l'air conditionné. D'ailleurs, elle se demande si Pete ne l'a pas mis à fond car de temps en temps, elle aurait presque froid. Peu importe, elle préfère ça à la chaleur dans tous les cas. Alors qu'elle est concentrée dans son film, elle entend sonner mais elle n'a pas le temps de se bouger que Pete prend l'interphone et se fait passer pour un employé tout en décrochant. Dylane est prise d'un fou rire énorme. Elle se croirait presque revenue chez son paternel. Alors qu'il raccroche, elle roule des yeux. « Non mais t'es pas possible toi » Elle va dans la cuisine se frotter les mains. « T'avais fermé la grille en plus ? Mais je le fais jamais » Dylane ne se prend pas la tête du tout et encore moins sur ce genre de chose. Elle veut que ses amis puissent venir à leur aise et elle ne voit pas la nécessité de fermer la grille. Si ça ne tenait qu'à elle, il n'y en aurait pas mais c'est joli, alors elle l'a gardée juste pour ça. Par contre, elle se demande bien qui peut venir la voir car Pete a déjà filé à l'étage avant qu'elle ait pu lui demander. Si c'était un démarcheur, elle allait vite s'en débarrasser en tout cas. Et un de ses amis, cela ne serait pas logique car aucun n'aurait sonné. Non, il lui aurait téléphoné de suite par rapport à la grille. D'ailleurs, si elle se souvient bien, cet interphone ne fonctionne jamais en temps normal. Au moins, maintenant elle sait qu'il fonctionne. La brune se décide tout de même à se rendre à la porte et l'ouvre pour tomber nez-à-nez avec une blonde assez jeune et un enfant ce qui la fait de suite hausser un sourcil. En tout cas, si c'était un démarcheur, ils les prenaient jeunes mais non avec un enfant impossible. Peut-être quelqu'un en panne. Quoique non vu qu'on l'avait demandé. « Salut, je m’appelle Jade. Jade Brownn. Je sais pas si t’as déjà entendu parler de moi. » Elle la détaille du regard quelques secondes et ça même si son paternel lui disait que ce n'est pas du tout poli. » Bonjour et non vous êtes inconnues au bataillon. « Elle avait beau réfléchir ce prénom et ce nom de famille ne lui disait réellement rien du tout. Donc elle était bien curieuse de savoir comment elle pouvait la connaître. Si encore, on avait demandé un de ses frères, elle aurait cru à une groupie mais là. Le blanc total. « Est ce que tu aurais du temps à m’accorder ? J’ai, comme qui dirait, quelque chose d’important à te dire. » Bizarrement quand une personne dit ça, ce n'est jamais bon signe. Un soupir sort d'entre les lèvres de la brune ce qui montre qu'elle n'aime pas ça bien qu'elle accepte étant bien trop curieuse que pour dire non et la laisser repartir. « Très bien. « Par contre, hors de question de la faire entrer dans la villa. Elle ne la connaît pas et elle se méfie Dylane comme elle le fait depuis longtemps maintenant. « On peut aller s'installer au jardin » Dit-elle en fermant la porte derrière elle et lui montrant de la main le jardin avoisinant donnant sur la piscine et vue sur la plage. Arrivée là, elle se pose sur un des sièges en osier et invite la jeune femme à faire de même. Son regard se pose quelques secondes sur l'enfant et elle secoue la tête déviant son regard. » En quoi puis-je vous aider ? » Demande-t-elle finalement en croisant les doigts que rien ne va encore lui tomber dessus. Disons qu'elle et sa famille en ont vu assez ces deux dernières années et qu'un peu de répit ne serait pas trop demander.
L’accueil de Dylane était des plus froids. Jade ne s’attendait certes pas à être reçue chaleureusement et à bras ouverts mais elle sentait qu’elle n’était pas la bienvenue et que la brune restait sur ses gardes face à son arrivée. Elle la toise, elle et son fils, avec un moue dubitative et un sourcil haussé. Jade se demande rapidement si elle doit introduire le sujet en douceur ou rentrer dans le lard frontalement. La première option était probablement celle à préconiser, du moins pour commencer. Elle aurait tout le temps, par la suite, de montrer les crocs. Elle avait l’impression que, contrairement à ses pressentiments, Dylane serait loin d’être facile à convaincre. Elle s’était probablement trompée dans son choix, mais il était trop tard pour faire marche arrière, il fallait qu’elle fonce. Dylane l’invite à la suivre dans le jardin de la maison et lui désigne un joli fauteuil en osier. Jade s’assoit et approche la poussette du petit Isaac à sa hauteur. Elle observe le cadre luxueux de la villa : de l’extérieur la maison est grandiose, une immense piscine trône au milieu du jardin et la vue sur la mer est éblouissante. Jade ne peut s’empêcher de sentir la jalousie l’envahir. C’est plus fort qu’elle, elle envie Dylane, elle s’imagine la vie qu’elle mène ici et regrette que ça ne soit pas la sienne. Enfin, si tout se passe comme prévu, elle pourra peut-être toucher du doigt le faste de cette vie. Elle observe la jeune femme poser les yeux sur son fils avant de les planter dans les siens. « En quoi puis-je vous aider ? » Le vouvoiement qu’emploie Dylane la surprend, elle impose ainsi une distance entre elles-deux, ce qui n’est pas sans déplaire à Jade. Cette dernière décide néanmoins de continuer avec le tu, plus familier. Elle prend le temps de répondre, bien qu’elle ai répétée ce moment des milliers de fois dans sa tête. « Je pense que le mieux c’est que je n’y aille pas par quatre chemins... » Elle inspire et jette un coup d'œil à son fils. Il ne faut pas qu’elle hésite. « Je suis, enfin j'étais plutôt, la petite amie de ton frère, Tommy. Avant qu’il ne décède. » A ces mots, elle fait au mieux pour contenir ses larmes, elle ne veut pas que Dylane voit en elle une once de faiblesse. Elle observe la réaction de la jeune femme en face d’elle, remuer les douleurs du passé ne doivent pas la laisser de marbre non plus. « Je t’ai préparé ceci » Elle plonge dans son sac et en sort le porte vue avec tous les souvenirs de son amoureux défunt. « J’avais prévu que tu accordes peu de crédit à mes paroles, avec ça tu sais que je ne mens pas. » Elle laisse la jeune femme feuilleter le porte vue, à l’affut de la moindre de ses réactions. Isaac en profite pour se mettre à pleurer. Jade soupire et le détache de sa poussette pour le prendre dans ses bras et le bercer doucement. « Il y a autre chose… » Elle continue de bercer le bébé jusqu'à ce qu’il se calme et arrête de pleurer. Elle reprend. « Mon bébé… Isaac. Il a un an et demi. C’est le fils de Tommy. Il a le même sang que toi. Que tous les membres de ta famille. » La messe était dite. Elle voit Dylane se raidir, continuant à feuilleter le fameux porte vue mais cette fois son expression de visage a changé. Jade inspire profondément et attend qu’elle réagisse, qu’elle dise quelque chose. Le silence la pèse, tout ce qu’elle a imaginé depuis des semaines arrive enfin et bien qu’elle ait pensé à des dizaines de scénarios possibles, elle ne pouvait pas prévoir avec exactitude les actions de la jeune Bradford. Elle est à la fois anxieuse et excitée même si elle sent qu’elle va devoir se battre pour obtenir ce qu’elle veut.
Avoir une personne à sa porte qu'elle ne connaît pas et qui demande à lui parler, c'est pas du tout ce que Dylane préfère. Elle est méfiante et même si c'est une jeune maman devant elle, c'est pareil. Elle pourrait très bien être un journaliste déguisé pour l'occasion. Ils sont capable de tout. Elle aurait pu lui claquer la porte au nez mais sa curiosité est piquée à vif tout de même. Du coup, elle lui indique qu'elles peuvent avoir cette discussion dans le jardin. Pas question qu'elle la fasse entrer chez elle. Déjà que peu de personnes ont ce privilège, encore moins une inconnue. Une fois sur la terrasse, elle s'installe en face de la blonde en jetant un bref regard au bambin pour ensuite le reposer sur la demoiselle se demandant bien ce qu'elle a à lui dire. Et si ce n'est pas une journaliste qui peut-elle être ?! « Je pense que le mieux c’est que je n’y aille pas par quatre chemins... » A cette phrase, Dylane sent son corps se raidir sans savoir pourquoi. Elle a un mauvais pressentiment et n'aime pas du tout ça. « Je suis, enfin j'étais plutôt, la petite amie de ton frère, Tommy. Avant qu’il ne décède. Elle hausse un sourcil à cette phrase et manque de s'étouffer. « Pardon ? » Dit-elle avec des gros yeux. Son frère était connu pour être un coureur certes mais là elle parle de couple et la brune n'est pas convaincue. Celle-ci a du se douter que ce serait le cas vu qu'elle lui donne un porte vue. « Je t’ai préparé ceci » La brune pousse une grande inspiration et tourne la première page. Voir son frère lui fait mal et elle sent sa gorge se serrer. Elle ne connaissait pas du tout cet aspect de sa vie mais à vrai dire, elle n'est pas étonnée. Tommy a toujours dit qu'il présenterait une fille quand il serait sûr de lui. Et pourtant en voyant les photos, il avait l'air heureux avec elle. Peut-être qu'il lui aurait présentée si ... Et bien s'il était toujours de ce monde. « J’avais prévu que tu accordes peu de crédit à mes paroles, avec ça tu sais que je ne mens pas. » Elle ne répond pas la brune continuant de regarder les photos quand d'un coup elle relève la tête. « Il y a autre chose… » Cela aurait été trop beau si tout cela n'avait pas un sens caché. « Je t'écoute « Dit-elle toujours sur la défensive. « Mon bébé… Isaac. Il a un an et demi. C’est le fils de Tommy. Il a le même sang que toi. Que tous les membres de ta famille. » Cette information a l'effet d'une bombe et elle en fait presque tomber le porte vue. « Quoi ?! C'est une blague c'est ça ? » Elle pose les photos sur la table devant elle et se pince les lèvres. » Okay t'as été en couple avec mon frère mais qui me dit que c'est réellement son fils ? « Car là, elle n'a pas de preuve du tout et Tommy n'est plus là pour éclaircir toute cette histoire. » Et puis si c'est le cas, pourquoi ne venir que maintenant ? » Là est toute la question et Dylane n'est pas stupide. Si c'était réellement son neveu devant elle, la blonde aurait du le dire de suite et ils auraient été présents pour elle, c'est naturel. « Je suis désolée mais je ne peux pas donner du crédit à tes paroles de la sorte » Dit-elle non sans regarder à nouveau le petit garçon et remarquer qu'il a les yeux de Tommy et même si cela la perturbe, ce n'est pas une preuve du tout. « Qu'est ce que tu veux réellement ? De l'argent c'est ça ou tu iras prévenir la presse ? » Dylane soupire tout en faisant glisser une main sur son visage. Alors que ça allait mieux dans sa vie faut que ça lui tombe dessus. A croire que son frère n'a pas fini de lui en faire voir même de là-haut. « si c'est ça, tu n'en auras pas ... Et si c'est vraiment son fils, et bien on fera un test ... » Car si ce petit bout est bien un Bradford et la descendance de son frère, il est clair qu'ils ne vont pas le renier. Mais là de suite, elle ne peut pas Dylane. C'est trop à encaisser ...
Cette entrevue avec Dylane est encore pire que ce que Jade aurait pu imaginer, et dieu sait combien de fois elle avait imaginé cette scène. Elle pensait s’être préparée aux pleurs, à la colère, aux doutes et à toutes les émotions que ce genre de nouvelles peut bien apporter. Néanmoins elle n’avait jamais pensé une seule seconde que ce serait si compliqué. Dans sa tête, elle faisait aisément face à Dylane, dans sa tête elle n’était pas déstabilisée et surtout Isaac ne pleurait pas sans cesse, l’empêchant de réfléchir correctement. Il fallait qu’elle reprenne le dessus. Lorsqu’elle annonce enfin que Isaac est le fils de Tommy, la sœur de ce dernier sort de ses gonds et explose. « Quoi ?! C’est une blague ça ? » Le petit redouble la force de ses cris, comme s' il sentait que quelque chose n’allait pas, qu’ils n’étaient pas les bienvenus. « Ok, tu as été en couple avec mon frère mais qui me dit que c’est réellement son fils ? » Jade tente d’ouvrir la bouche, mais la brune enchaîne et le petit pleure encore, couvrant le début de sa phrase. Elle prend une profonde inspiration et tente d’apaiser Isaac. Elle lui donne sa tétine ce qui a pour effet immédiat de le faire taire, elle le dépose alors dans la poussette. Elle peut enfin en profiter pour s’exprimer. « Ecoutes, je sais que cette nouvelle est, genre, une sacrée bombe. Mais regarde le, ne me dis pas que tu ne vois aucune ressemblance avec ton frère ? » Elle sait qu’elle touche là où ça fait mal, remettre Tommy sur le tapis n’est pas forcément une bonne idée mais il faut qu’elle soit percutante. Elle à ici affaire à une femme de caractère, il faut qu’elle aussi montre qu’elle n’est pas tendre. « De toute façon je n’ai fréquenté personne après son décès. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre. » Certes, c’est un mensonge. Il y a bien eu un mec, juste après la disparition de Tommy et avant qu’elle n’apprenne être enceinte, avec qui elle a eu un semblant de relation, mais c’était surtout pour l’oublier et elle est presque sûre qu’ils se sont toujours protégés. Presque. Mais de toute façon Dylane ne le sait pas. Elle en profite pour rajouter de façon un peu dédaigneuse « Et puis à ton avis, qui veut se taper une fille de 20 ans enceinte ? » Sur ce coup là, elle est plutôt fière d’elle et reprend confiance. Néanmoins, la jeune Bradford ne lui laisse aucun répit « Et si c’est le cas, pourquoi ne venir que maintenant ? » Elle marque un point. La balle au centre. Jade s’était toutefois préparée à cette question et lui répond du tac au tac. « J’étais effondrée par le décès de Tommy, par la nouvelle de ma grossesse. J’ai dû tout gérer seule. Tu n’imagines même pas tout ce que ça m’a coûté de mettre au monde et d’élever ce gosse. » Elle joue la carte de la pauvre petite fille qui a dû se débrouiller seule, espérant toucher un peu la sensibilité de la brune. « J’ai pas forcément eu le temps de venir frapper à la porte des Bradford avant aujourd’,hui. » Sans se rendre compte, le ton de sa voix est un peu monté, plus assurée et plus hautaine aussi. Elle sent qu’elle commence à gagner du terrain. Rouvrir les plaies laissées par le passé touche Dylane, elle peut le ressentir : elle se passe la main sur le visage et son expression est différente. « Je suis désolée mais je ne peux pas donner du crédit à tes paroles de la sorte. » Evidemment, même en jouant la carte qui fait pleurer dans les chaumières, elle n’allait pas obtenir sa confiance si facilement. « Qu’est ce que tu veux réellement ? De l’argent c’est ça ? Ou tu iras prévenir la presse ? » La presse, elle n’y avait pas pensé. Son objectif n’est pas là pour l’instant, elle aimerait plutôt se faire accepter des Bradford, mais elle le garde précieusement dans un coin de sa tête. Juste au cas où… « Si c’est ça, tu n’en auras pas. Et si c’est vraiment son fils, eh bien, on fera un test. » Ca, elle n’y était pas préparée. Comment avait-elle pu ne pas penser une seule seconde qu’on demanderait à ce que son fils passe un foutu test ?! Elle jette un coup d'œil au petit, qui s’est enfin calmé et les regarde, elle et Dylane, avec ses grands yeux ronds. « Oui, de l’argent j’en veux. Pas pour moi mais pour Isaac. » Encore un mensonge. Enfin une moitié de mensonge : si les Bradford accepte de lui verser une pension alimentaire, elle n’utilisera que la moitié et gardera précieusement une part pour son fils. « Mais je veux aussi que mon fils ait une famille. Des oncles, des grand-parents, des cousins… J’ai coupé les ponts avec ma famille et je ne veux pas que mon fils grandisse en n’ayant que moi. » Encore une bonne carte d’abattue. Il faut qu’elle trouve maintenant comment s’en sortir avec le problème du test. Elle ne sait vraiment pas comment elle va se débrouiller pour l’esquiver. Refuser la discréditerait totalement auprès de Dylane. Cette dernière penserait tout de suite qu’elle ment. Et accepter serait prendre le risque de découvrir que Isaac n’est pas le fils de Tommy. Non seulement elle ne pourrait plus envisager quoi que ce soit des Bradford mais en plus elle devrait affronter une des plus grosses déceptions de sa vie. Elle perdrait Tommy à tout jamais; Pour de bon. Rester dans l’ignorance lui permettait de voir un peu Tommy en Isaac, dans son regard rieur ou dans ses petites boucles brunes. Il ne lui était pas possible d’affronter la vérité. « Il est hors de question. Je ne vais pas infliger ça à un enfant d’un an et demi ! » Elle ne croit pas un mot à ses paroles mais elle espère que Dylane, au contraire y croira. Quoi qu’il en soit il faudra qu’elle fasse son possible pour retarder ce moment crucial. Elle laisse une fois de plus son regard se perdre dans la beauté de la maison, son rêve est d’en posséder un jour une similaire. Tout en rêvassant, les mots de Dylane lui reviennent en tête. La presse… Elle a comme un éclair qui lui traverse l’esprit et pose un regard de défi sur la jolie brune. « Qu’est ce que tu penses qu’il se passerait si la presse était au courant de cette histoire ? » Elle ne lâche pas son interlocutrice des yeux, elle n’envisage pas encore sérieusement de prévenir la presse, c’est pour cela qu’elle ne l’a pas menacé à proprement parlé, mais si cette idée peut faire flipper Dylane un temps, pourquoi ne pas flirter un peu avec ça…
Elle le sentait Dylane, dés qu'elle a ouvert la porte que cette venue soudaine ne serait pas anodine, elle le sentait comme pas possible et c'est d'ailleurs qui a fait en sorte qu'elle ait accueilli assez froidement la jeune femme sans même savoir qui elle était et ce qu'elle voulait. Son pressentiment s'est encore plus enfoncé quand celle-ci a avoué avoir été en couple avec son défunt frère. Lui en couple, elle a du mal à le croire et pourtant les photos sont là devant elle et elle ne peut donc nier qu'au moins, il y a eu quelque chose mais de là à parler d'amour, c'est autre chose. Mais ce n'est pas ça qui a été le clou du spectacle, cela aurait été trop beau pour être vrai. Non, elle vient clairement de dire que l'enfant présent avec elle est le fruit de leurs ébats et la pilule ne passe clairement pas. Si bien qu'elle arrive à faire pleurer cet enfant qu'elle s'empêche de regarder de plus prêt car tout cela peut être une supercherie et rien d'autre. C'est le revers de la médaille d'être riche ou plutôt de venir d'une famille telle quelle. Et puis pourquoi elle est venue la voir elle et pas son père ou un de ses frères ?! Elle ne comprend pas Dylane. Si elle pensait l'amadouer car c'est la fille de la maison, elle a raté son coup. Etant une des plus caractérielles avec Mason, elle est mal tombé cette jeune fille. « Ecoutes, je sais que cette nouvelle est, genre, une sacrée bombe. Mais regarde le, ne me dis pas que tu ne vois aucune ressemblance avec ton frère ? » Un long soupir sort d'entre ses lèvres alors qu'elle daigne enfin poser les yeux sur cet enfant. Ses yeux sont ceux de Tommy, elle ne peut le nier mais non, y croire, elle ne peut pas non plus. Alors elle détourne ses yeux rapidement pour ne pas craquer. « De toute façon je n’ai fréquenté personne après son décès. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre. » A cette phrase, elle hausse un soucirl. « Bizarre ... Je me souviens même pas de t'avoir vue à l'enterrement » Car les proches de Tommy sont tous venus serrer la main de la famille aux funérailles et elle n'en faisait pas partie, elle en est certaine Dylane. « Et puis à ton avis, qui veut se taper une fille de 20 ans enceinte ? » Un rire froid sort d'entre les lèvres de la brune. « Tu serais bien étonnée « Car oui avec son métier, elle en a déjà entendu des vertes et des pas mûres. Mais là, elle s'en fout de qui a bien pu vouloir d'elle et ce n'est, franchement pas son problème. Tout ce qu'elle voit là, c'est une fille venant foutre la merde comme si sa famille avait besoin de ça. Ils ont déjà assez de soucis non ?! Mais non, faut que la vie vienne en rajouter encore et encore. Alors oui elle se demande pourquoi elle n'est venue que maintenant car ce n'est pas logique, car quelque chose cloche. « J’étais effondrée par le décès de Tommy, par la nouvelle de ma grossesse. J’ai dû tout gérer seule. Tu n’imagines même pas tout ce que ça m’a coûté de mettre au monde et d’élever ce gosse. » Dylane la regarde et tique un peu à ses paroles. « Justement, tu n'aurais pas été seule ... « Et là qu'est ce qu'elle va répondre ?! Elle se le demande bien mais elle ne va pas tarder à le savoir de toute façon. « J’ai pas forcément eu le temps de venir frapper à la porte des Bradford avant aujourd’,hui. » Elle roule des yeux Dylane et soupire. « C'est vrai que 5 minutes c'est tellement difficile à trouver surtout pour un cas si important » Non ça ne passe pas et la brune balance clairement ce qu'elle pense en parlant d'argent car elle ne voit que ça. Les gens ne sont intéressés que par les billets verts et pourtant, ils ne rendent pas plus heureux mais ça personne ne le croit avant de le vivre. « Oui, de l’argent j’en veux. Pas pour moi mais pour Isaac. » Bingo qu'elle se dit Dylane alors qu'un sourire en coin naît sur ses lèvres. « S'il est un Bradford comme tu le prétend, il n'y aura pas de soucis mais là, je n'en ai pas la preuve vois-tu » Car elle est peut-être jeune Dylane mais elle se laissera pas avoir juste avec des mots. Si elle veut son fric, elle, elle veut son test. « Mais je veux aussi que mon fils ait une famille. Des oncles, des grand-parents, des cousins… J’ai coupé les ponts avec ma famille et je ne veux pas que mon fils grandisse en n’ayant que moi. » La dessus, elle ne peut rien dire et se radoucirait même presque cependant, elle reste sur ses gardes alors qu'elle ose à nouveau regarder l'enfant dans sa poussette. « Et pourquoi tu as fait ça ? « Il ne manquerait plus qu'en plus de ça, elle soit une fille battue ou un truc du genre. Comme prévu, elle ne veut pas du test. « Il est hors de question. Je ne vais pas infliger ça à un enfant d’un an et demi ! » Mais la dessus, Dylane sera intraitable. « Faire subir ça ? C'est une prise de sang dont on parle rien de plus et si tu l'as bien éduqué, il n'aura pas plus mal qu'un vaccin » La blonde oublie peut-être que Dylane est ambulancière et la dessus ça l'arrange pas mal à vrai dire. « Qu’est ce que tu penses qu’il se passerait si la presse était au courant de cette histoire ? » Des menaces, elle s'en doutait. « Tu peux leur dire ce que tu veux, je ne me gênerais pas pour dire que tu ne veux pas d'un test simplement et c'est toi que la presse prendra pour une menteuse, pas ma famille » Dit-elle sèchement. « Alors je te le redis, si c'est bien le fils de mon frère, on fait un test et là, on pourra régler les choses l'amiable. Si pas, je pense que l'on a plus rien à se dire et que tu connais la sortie » Dit-elle mais bizarrement, elle sent que cette fille ne va pas partir comme ça ... Les ennuis commencent à peine avec elle.
Cette discussion tourne au cauchemar. Jade ne peut que s’en vouloir de toute manière. Qu’avait-elle donc imaginé ? Que la jeune femme en face d’elle lui servirait un thé, les accueillerait elle et son fils à bras ouverts comme des membres de la famille qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps ? Non, bien sûr que non. Néanmoins elle ne s’attendait pas à une telle joute verbale entre elles deux. Jade ne pouvait se résoudre à abandonner maintenant. Elle ne pouvait pas laisser Dylane gagner et les évincer, elle et Isaac, aussi vite et aussi facilement. Évoquer Tommy la touchait aussi profondément, elle l'avait tellement aimé. Mais elle ne devait rien laisser paraître. Lorsque la jolie brune lui fait remarquer qu’elle ne l’avait jamais vue lors des obsèques de Tommy, Jade ricane. « Sachant que Tommy ne vous avait jamais dit que j’existais, je pense qu’il était malvenu de me présenter lors d’un tel évènement, tu ne crois pas ?! » Comment aurait-elle pu débarquer un jour si tragique, en toute impunité ? A cette époque, elle ne connaissait encore rien de sa grossesse mais techniquement Isaac était déjà en train de grandir tout doucement au creux de ses entrailles. Ce jour-là, elle avait cru mourir de ne pas pouvoir dire au revoir à Tommy une dernière fois, si elle l’avait fait elle aurait non seulement trahi celui qu’elle aimait, car il désirait tenir leur relation secrète, mais elle aurait également manqué de respect à toute une famille éplorée. C’était du moins ce qu’elle pensait. « Tu n’aurais pas été seule. » La phrase de Dylane résonne au fond d’elle. Jade secoue la tête. Que peut elle en savoir ? Comment peut-elle être sûre qu’elle ne l’aurait pas rejetée comme aujourd’hui ? C’était tellement plus simple à dire maintenant. Elle en a assez de bon sentiments, cela sonne tellement faux. « Tu n’en sais rien. Tout te paraît simple à toi, mais as- tu seulement une idée de ce que j’ai traversé ? Alors je ne dis pas que ça a été simple pour toi, loin de là. Mais en attendant il y en a une de nous qui semble avoir beaucoup moins de soucis. Je te laisse deviner laquelle » affirme Jade. La brune enfonce le clou, en lui reprochant de ne pas être venue plus tôt, de ne pas avoir pris le temps, ne serait-ce que cinq minutes. Là encore, Dylane ne sait pas de quoi elle parle. Tout lui réussit, toutes les portes s’ouvrent face à elle, la golden girl des beaux quartiers. Elle ne se doute à aucun instant ce que c’est d’être de la banlieue, d’être invisible, banale et surtout d’être pauvre. De manquer de tout, tout le temps. Et elle ne sait surtout pas ce que c’est de se retrouver mère à vingt et dans de telles conditions. Lorsque Dylane lui demande pourquoi elle a tourné le dos à sa famille, Jade explose. « Ça ne te regarde pas. Comment peux tu juger ce que j’ai fait de ma vie ? J’ai fait des choix, alors oui tu peux penser qu’il n’était pas des plus intelligents. Libre à toi. Mais en aucun cas tu ne peux me faire la leçon. » Jade tremble. De nerfs, de rage. L’air suffisant de Dylane la rend malade, tout autant que ses jugements ou conseils, elle ne sait même pas comment les appeler. Si Jade ne tenait pas autant à son fils, elle l’aurait sûrement laissé sur la pas de sa porte, voir comment celle-ci se serait débrouiller avec un nourrisson sans géniteur. Tout comme cette histoire de test. Encore une qui pense encore que faire une piqûre à un bébé est anodin. A vrai dire, Jade avait horreur de voir son fils pleurer et s’agiter lors de ses vaccins, c’était à chaque fois un crève-cœur pour elle même si elle savait que c’était pour son bien. Même si ce n’était pas une excuse, elle resterait implacable sur le test. Elle aurait bien trop peur de se rendre compte que Isaac n’était pas le fils de Tommy. Jade s’enlève aussitôt cette pensée de la tête. Non. Isaac est bien son fils. Elle le sait, le sent. Ne dit-on pas d’ailleurs que l’instinct maternel est comme un sixième sens ? Jade se calme et tente de se faire entendre. « Ecoutes, il n’y a pas besoin de ce test. Tout coïncide : les dates, le temps passé, et puis regarde le. Regarde ses yeux. Ses cheveux. Ses traits. C’est le fils de Tommy. Je le sais. Et la seule raison qui fait que tu ne veuilles pas y croire c’est que tu as peur de voir les choses en face. » Elle espère pouvoir convaincre Dylane, une fois de plus. Mais c’est toujours peine perdue, elle n’en démords pas et veut que le petit fasse ce test. Jade doit réfléchir et vite, comment l’éviter ? Aucune excuse ne lui vient en tête. Il faudra qu’elle réfléchisse à cela, car évidemment elle ne compte pas en rester là. Dylane recommence : « Alors je te le redis, si c'est bien le fils de mon frère, on fait un test et là, on pourra régler les choses l'amiable. Si pas, je pense que l'on a plus rien à se dire et que tu connais la sortie » Bordel, elle ne lâchera donc jamais l’affaire. La jolie blonde devra donc trouver un moyen de faire traîner les choses le plus longtemps possible. Peut être qu’avec le temps, Dylane finira par craquer. Jade repose son regard une fois de plus vers la maison luxueuse de la brune. Elle imagine sa vie, dans un si bel et si grand espace, loin des soucis financiers et des petits tracas quotidiens. Non, elle ne peut décidément pas lâcher l’affaire maintenant. Elle reprend ses esprits et d’un air nonchalant elle s’assoit confortablement dans son fauteuil. « Non. Non je ne pense pas qu’on en ait fini toutes les deux. Je suis sûre qu’on peut trouver un terrain d’entente. » Ou pas. Mais quoi qu’il en soit la peste qu’elle est est bien décidée à arriver à ses fins. Fini de jouer maintenant, elle a tenté d’être gentille, de jouer la carte des sentiments. En vain. Jade décide de passer à la vitesse supérieure. « Tu sais… Tu n’as pas fini d’entendre parler de moi. Alors je pourrais tout simplement arrêter si tu me donnes ce que je veux. Si ta famille reconnaît Isaac comme l’un des leurs et me verse la pension qui me revient de droit... » Elle joue avec une mèche de ses cheveux et esquisse une moue hautaine, elle ajoute « Ou alors je pourrais faire de ta vie un enfer... Oh rassures toi, je ne viendrais pas t’harceler chez toi tous les jours. J’ai mieux à faire. Mais je suis pleine de ressources. » C’est d’un air enjoué et satisfait qu’elle déclare cette dernière phrase. Si ça ne marche pas avec Dylane, il y aura bien un Bradford pour croire à son histoire. Ou du moins pour être de son côté d’une manière ou d’une autre. Chaque famille à ses failles et elle finira bien par en trouver.
L'intrusion de cette jeune fille chez elle avec cet gosse qui est soit disant le fils de son défunt frère ne plaît pas du tout à Dylane. Trop de personnes ont toujours tourné autour de la famille Bradford pour leur fortune et elle ne peut s'empêcher de penser que c'est le cas ici-même. Peut-être qu'elle se trompe et elle aimerait vraiment car si cet enfant est celui de Tommy, ce serait une part de lui et ça vaut tout l'or du monde. Cependant, n'étant pas dupe et n'étant pas naïve au point de croire une inconnue sur parole, elle argumente sur pas mal de sujets et notamment le fait qu'elle ne soit pas venue à l'enterrement, ce qui aurait été la moindre des choses. « Sachant que Tommy ne vous avait jamais dit que j’existais, je pense qu’il était malvenu de me présenter lors d’un tel évènement, tu ne crois pas ?! » Dylane roule des yeux. Les excuses de ce genre sont bien trop faciles à balancer deux années plus tard. « Tu aurais pu venir présenter tes condoléances sans directement dire qui tu étais. Mais non, tu n'es pas venue du tout. Tu ne lui a rendu aucun hommage. Du moins pas que je sache » Car oui elle lui laisse tout de même le bénéfice du doute. Peut-être est-elle allée sur sa tombe seule de son côté ? Elle n'en sait rien. Tout est flou et voulant rester sur ses gardes, elle ne lui ouvre aucune porte Dylane. Dans le fond, elle est aussi comme ça car cette histoire lui fait du mal autant car si c'est vrai, son frère n'a jamais mentionné cette fille et aussi car elle aura manqué une partie de la vie de ce petit bonhomme. Et là Dylane lui tend une perche en disant qu'elle n'aurait pas été seule, chose vraie en soi car la famille compte chez les Bradford, enfin peut-être pas pour Mason mais ça, c'est un tout autre sujet. « Tu n’en sais rien. Tout te paraît simple à toi, mais as- tu seulement une idée de ce que j’ai traversé ? Alors je ne dis pas que ça a été simple pour toi, loin de là. Mais en attendant il y en a une de nous qui semble avoir beaucoup moins de soucis. Je te laisse deviner laquelle » Un rire jaune sort d'entre les lèvres de Dylane. « Car tu crois sincèrement que l'argent règle tout ? Sache que tu ne connais rien de ma vie et que si je n'ai pas le droit de juger, tu n'en as aucun non plus. Tu ne sais pas les peines que j'ai dans ma vie, non tu ne sais rien du tout. Toutes les personnes ayant moins de moyen financier pensent que l'argent est la solution à tout mais elle ne l'est pas du tout. La preuve si ça l'était Tommy serait toujours vivant ... « Qu'elle dit en ravalant. Car pour le revoir, elle donnerait tout l'or du monde, tout ce qu'elle a sur terre, même sa propre vie. Et là, elle apprend que la blonde a coupé les ponts avec sa famille ce qui l'intrigue bien entendu. « Ça ne te regarde pas. Comment peux tu juger ce que j’ai fait de ma vie ? J’ai fait des choix, alors oui tu peux penser qu’il n’était pas des plus intelligents. Libre à toi. Mais en aucun cas tu ne peux me faire la leçon. » Un soupir sort d'entre ses lèvres alors qu'elle secoue la tête. « Non mais tu vas te calmer là. Je t'ai posé une question, je n'ai pas jugé quoique ce soit. Et puis je m'en fous pas mal de ta vie, tu comprends ça ? » Faut pas abuser non plus, Dylane a été curieuse et à juste titre vu ce qu'elle réclame et voilà qu'elle s'énerve. Et bien c'est encore un mauvais point pour elle. Foutu caractère qu'elle a ! A croire que Tommy aimait ce genre de filles du moins si tout cela est vrai. Enfin si ça l'est vu les photos, ils ont été ensemble ... Mais de là à dire que son frère était amoureux, elle ne peut pas, non car ça, il l'a enterré avec lui. Elle veut une famille pour Isaac, son fils et bien qu'elle fasse le test et alors là, la famille Bradford lui ouvrira les bras, du moins à son fils. Et ça Dylane n'en démordra pas, à aucun moment. Si bien que plus elle refuse, pire c'est et qu'elle n'a qu'une envie que la blonde se barre de chez elle. Seulement, elle ne l'entend pas de cette oreille. « Non. Non je ne pense pas qu’on en ait fini toutes les deux. Je suis sûre qu’on peut trouver un terrain d’entente. » « Non mais tu te prends pour qui là ? Je t'ai demandé de partir de chez moi » Dylane sert les poings sans la lâcher du regard et étant prête à rugir si besoin. « Tu sais… Tu n’as pas fini d’entendre parler de moi. Alors je pourrais tout simplement arrêter si tu me donnes ce que je veux. Si ta famille reconnaît Isaac comme l’un des leurs et me verse la pension qui me revient de droit... » Plus elle parle et plus la brune voit rouge, elle n'a qu'une envie, c'est de lui faire ravaler ses paroles. « Je vais te dire quelque chose, si tu avais réellement aimé mon frère, tu ne serais pas là occupée de quémander de l'argent comme une pauvre mendiante. Tu aurais du respect pour lui et pour le petit que tu dis être son fils. Tu es odieuse comme personne et je suis bien contente que Tommy ne soit plus là pour voir ce spectacle. » Qu'elle lance d'un ton froid et sec. « Ou alors je pourrais faire de ta vie un enfer... Oh rassures toi, je ne viendrais pas t’harceler chez toi tous les jours. J’ai mieux à faire. Mais je suis pleine de ressources. » A ces derniers mots, Dylane craque totalement et la gifle part de suite. Elle peut accuser beaucoup de choses mais pas qu'on la menace elle et sa famille. « FOUS LE CAMP « Qu'elle hurle tenant son téléphone prête à appeler des renforts si besoin. Mais là, il vaut mieux pour tout le monde que Jade parte et fasse profil bas pendant temps car Dylane n'est pas en reste et elle non plus ne lâchera pas l'affaire. « Et dis toi, ma belle que ma famille pourrait te la faire à l'envers et si on prouve que ton fils est un Bradford comme tu le prétends, on pourrait très bien demander sa garde vu la fille pitoyable que tu es .. » Dit-elle avant de claquer la porte coulissante et rentrant chez elle ayant grandement besoin d'un verre.
Jade tremble de tous ses membres. De colère, de rage. Elle fait au mieux pour le cacher mais la chose devient de plus en plus ardue. Dylane a réponse à tout, tout le temps. Elle aurait pu s’en douter, à l’époque, Tommy lui avait parlé plus d’une fois du caractère bien trempé de la jeune femme. Elle ne l’avait néanmoins pas imaginée aussi explosive. Jade avait eu l’habitude des joutes verbales, elle était sujette à énormément de moqueries durant ses années lycées et ne s’était jamais laissée faire. Aujourd'hui, le sujet n’était pas ses vieilles fringues rapiécées ou son sac à dos démodé. Ici, il touchait à des cordes plus sensibles, des sujets délicats autant pour elle que pour Dylane. Et remuer le passé leur mettait à toutes deux les nerfs à vif. Cette dernière lui reproche d’ailleurs de n’avoir rendu aucun hommage à Tommy. Jade ne peut s’empêcher de lever les yeux aux ciels. Elle décide toutefois de ne pas répondre, comprenant bien que chacune de ses phrases ne feront que glisser sur son interlocutrice. Elle pourrait lui expliquer qu’elle est allée plusieurs fois sur sa tombe, qu’elle y avait même emmené Isaac. Qu’elle avait pleuré Tommy des jours et des nuits durant, des mois, probablement autant qu’elle. Elle aurait pu lui expliquer qu’elle n’avait que lui, qu’il la rendait meilleure et qu’elle aurait sûrement apprécié la Jade de l’époque. Elle aurait pu lui dire qu’à sa mort, elle n’avait pas seulement perdu un amoureux. C’était tout son monde qui s’était écroulé. Mais à quoi bon au final ? Dylane ne se radoucira pas pour autant et utilisera chacune de ses phrases pour la démonter pièce par pièce. . « Car tu crois sincèrement que l'argent règle tout ? Saches que tu ne connais rien de ma vie et que si je n'ai pas le droit de juger, tu n'en as aucun non plus. Tu ne sais pas les peines que j'ai dans ma vie, non tu ne sais rien du tout. Toutes les personnes ayant moins de moyens financiers pensent que l'argent est la solution à tout mais elle ne l'est pas du tout. La preuve si ça l'était, Tommy serait toujours vivant … » Jade reste silencieuse face au flot de paroles de la brune. Ce n’est pas qu’elle n’a plus les mots, mais elle commence à être lasse de se battre contre le vent. Elle a perdu cette manche, il fallait qu’elle se rende à l’évidence. Elle ne fera pas entendre quoi que ce soit à la cadette des Bradford. Peut-être l'avait-elle mal jugée. Peut-être n'aurait-elle pas dû s'emporter. Elle souffle et d’un ton las elle réponds enfin : « Oui, tout le monde connaît la chanson. L’argent ne fait pas le bonheur bla bla bla... » Néanmoins, il est toujours plus plus agréable de pleurer dans sa jolie villa avec vue sur la mer que dans un minuscule deux pièces aux voisins bruyants. Bien évidemment, ça n'effleure pas l’esprit de Dylane. Comment lui en vouloir ? Le luxe, le confort, tout cela n’est que normalité pour elle. Il fallait se rendre à l’évidence : les deux femmes ne se comprenaient pas et ne se comprendraient probablement jamais. La banlieusarde et la princesse. Deux mondes diamétralement opposés. La seule chose qui aurait pu les réunir, hormis Tommy, n’était que leurs caractères aussi ardents l’un que l’autre. Et à ce moment, ils faisaient plus des étincelles qu’autre chose.
Elles continuent mutuellement de se tenir tête. Jade en avait complètement oublié Isaac. Heureusement, le petit était tranquillement assis dans sa poussette, somnolant. « Je t’ai demandé de partir de chez moi ! » Et pourtant elle ne part pas. Elle continue de batailler verbalement. Elle veut se faire entendre. Elle veut piquer où ça fait mal. Elle veut la tester et la pousser à bout. C’est chose faite. La main de Dylane arrive droit sur sa joue. « FOUS LE CAMP ! » hurle-t-elle. La gifle brûle, pique. La douleur lui fait monter les larmes aux yeux et le feu aux joues. Elle se contient du mieux qu’elle peut et reste digne autant que possible. Les cris de Dylane ont fait sursauter Isaac qui se remet à pleurer et à hurler, lui aussi. C’en est trop. Elle ne veut pas en venir aux mains. Elle est fatiguée, usée. Cette discussion lui a pompé toute son énergie. « Bordel, mais t’es tarée ! » Jade ramasse ses affaires, son sac et le porte-vue, elle empoigne la poussette, prête à partir quand Dylane ajoute : « Et dis toi, ma belle, que ma famille pourrait te la faire à l'envers et si on prouve que ton fils est un Bradford comme tu le prétends, on pourrait très bien demander sa garde, vu la fille pitoyable que tu es. » Jade se retourne d’une traite. Elle aurait presque envie de la gifler, elle aussi, mais elle se retient. Dylane est bien trop influente et elle risquerait gros au cas où celle-ci déciderait de porter plainte. Elle s’approche d’elle et pointe son index dans sa direction. « Alors, maintenant, c’est toi qui va m’écouter. Traites moi de mendiante, de pestiférée, de pauvre fille. J’en ai rien à foutre. Mais si tu oses toucher un seul cheveux de mon fils, si tu tentes de me l’enlever… Ta famille aura sûrement un membre de plus à pleurer. » Elle est allée trop loin, elle le savait. Elle ne se reconnaissait pas. Certes, elle n’était pas des plus vertueuses, elle étaient matérialistes et certains de ces actes étaient parfois condamnables. Mais rarement avait-elle été aussi méchante. Jamais elle n’avait menacé quelqu’un. C’est tremblante et aux bords des larmes qu’elle tourne alors les talons et s’en va. Quittant cet enfer qu’elles s’étaient infligées toutes deux.
De retour dans sa voiture, elle craque. Les larmes coulent. Elle hurle en frappant violemment son volant. « PUTAIN DE MERDE ! FAIS CHIER ! » Ses cris font à nouveau pleurer Isaac, attaché sur le siège arrière. Comment avait-elle pu laisser la situation lui échapper ? Elle qui s’y était tellement préparée, elle qui s’était fait un millier de scénarios. Jamais elle n’avait envisagé celui-là. Jamais l’idée que la situation prennent une telle tournure ne lui avait effleuré l’esprit. Elle n’avait pas su se contenir, elle n’avait pas su être plus maline et rester calme. « Espèce d’idiote. » Elle reste ainsi, à pleurer son échec pendant plusieurs minutes. D’une main tremblante, elle tend sa tétine à Isaac pour le calmer. La vue de son fils lui réchauffe le cœur. Elle ne peut pas abandonner. Non. Elle trouvera un autre moyen, elle lui offrira une vie correcte. Elle serait prête à tout, elle cirerait même les pompes de cette foutue Dylane si il le fallait. Elle se ressaisit alors. Elle a perdu une bataille. Mais elle n’avait sûrement pas perdu la guerre.
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