Les nuits sont difficiles ces derniers temps, depuis que Cian a débarqué chez mon frère en plein milieu de la nuit pour m’annoncer que son ex a récupéré sa fille, sans lui demander. Il m’a appris qu’elle a disparu avec la petite et la détresse de mon ami m’a fait beaucoup de mal. Je me sens un peu coupable de ne pas avoir trouvé les bons mots, de ne pas avoir sur quoi dire ou quoi faire. Je ne peux cependant aussi pas m’empêcher de penser à sa colère, cette colère qui m’a semblait si proche de celle que j’ai subie pendant des années, cette colère qui, pendant quelques minutes m’a figé. Depuis ce soir-là, je n’ai pas eu de nouvelles du châtain, j’ai hésité à lui écrire, à lui demander des nouvelles, mais je n’ai pas osé. Alors j’attends, j’attends qu’il me dise qu’il a retrouvé Ailis, qu’il a récupéré sa garde et, du coup, j’ai l’esprit bien trop occupé pour arriver à dormir. Je tente cependant de penser à autre chose, me donnant à fond dans les chorégraphies que Clément et moi préparons pour le spectacle que l’association ‘le royaume enchanté’ organise. Cela fait quelques années que je fais parti de cette association qui se déguise pour les enfants malade et c’est la parfaite période pour m’occuper l’esprit.

Je m’étais également dit que mon déménagement me fatiguerait assez pour que je trouve un peu plus le sommeil, mais ce n’est pas le cas. Dorian et moi avons signé un contrat pour un appartement deux chambres dans le quartier de South Bank, à quelques minutes à pieds de la plage aménagé de Brisbane. South Bank est un quartier que j’aime particulièrement et je crois que m’installer dans mon propre appartement après avoir vécu tant de temps avec mon frère me fait du bien. J’ai donc essayé de compter sur le déballage de carton pour me fatiguer, mais sans grande efficacité. Je crois également que Loan a ressentit qu’il se passait quelque chose quand je l’ai eu au téléphone hier, parce qu’il vient de m’envoyer un message en me disant de le rejoindre à Kangaroo Point pour dix-heures trente. Malgré l’été qui arrive à très grand pas et qui s’est presque complètement installé sur l’Australie, il fait encore nuit assez tôt à Brisbane. C’est donc sur les coups de dix-heures que j’enfile un short de sport, un t-shirt un peu large et que j’enfonce ma casquette sur ma tête pour prendre la direction du park. Je ne sais absolument pas ce que Loan a prévu, mais l’idée de le voir me fait du bien, je sais que cela m’aidera à ne pas penser à tout le reste. Il me faut une bonne vingtaine de minutes pour rejoindre Kangaroo Point à pieds. Le temps est magnifique et il fait vraiment bon ce soir. Je remarque le danseur pas loin et m’approche de lui. « Hey, salut toi. » Je souris et viens rapidement le serrer dans mes bras en déposant un baiser sur sa joue. « Ca me fait plaisir de te voir. Comment tu vas ? »


@Loan Severide

Ces derniers temps, ma vie ressemble à un véritable tourbillon. Depuis mon retour de cette aventure télévisée, j'ai la sensation de ne plus toucher terre. À l'approche, de la diffusion de l'émission, il a fallu promouvoir le programme aux côtés de tous les anciens coéquipiers, en parallèle se mettait en branle toutes mes idées de gamin réuni dans ce projet un peu fou qui ne cessait de nous unir Clément et moi. Au fur et à mesure de la diffusion des épisodes, notre cote de popularité n'a cessé de grandir avec Kelly. Au point ou un gamin m'a arrêter à Starbuck pour me demander si c'était bien moi, le gars de l'émission. Je n'en revenais pas et toute cette lumière nous a porté chance avec Clément. On est tombé sur un agent immobilier qui adorait l'émission et qui a travailler comme un forcené pour nous présenter tous les lieux qui correspondait à notre idée folle. Le choix est désormais réduit à deux locaux bien différents, mais qui ont chacun leur charme. Et le tourbillon n'a de cesse de prendre forme, de m'emmener vers d'autres idées encore. Bien occupé entre mon rôle de plus, en plus participatif au sein de la compagnie de théâtre et mon projet personnel, j'ai perdu la disponibilité dont je faisais preuve auparavant. Et c'est lorsque Clément est revenu d'une de ses répétitions pour le spectacle de son association en me parlant d'Oakley que j'ai pleinement réalisé de n'avoir pas vu mon amie depuis des semaines déjà.

Ce qui se devait d'être un appel anodin s'est rapidement transformé en la réalisation que quelque chose n'allait pas du côté d'Oakley. Sa voix distante, ses réponses un brin hâtives à mes questions et les propos de mon petit ami sur la grandeur de ses cernes m'ont rapidement fait comprendre que quelque chose clochait. Cette fois, je le jure, je ne resterais pas aveugle aux signes qui sont clairement présents. La dernière fois, je n'ai pas su être présent et je m'en veux encore tellement de ne pas avoir compris cette détresse de sa part. Alors c'est sans hésiter que je lui propose de me retrouver pour une soirée rien que tous les deux. Un tour sur le site de la ville m'apprend la tenue de ce festival de lumière, vieille tradition indienne et me viens alors une idée bien plus symbolique que ce que je prévoyais.

Un brin nerveux, j'arrive le premier sur notre lieu de rendez-vous. Lanterne en papier encore emballé dans une main, stylo et briquet dans le fond de ma poche et mon sac à dos empli de quelques sodas, bières et trucs à grignoter. Tout ce qu'il faut pour passer une bonne soirée. Le festival se tient un peu plus loin en contrebas, mais j'ai choisi le meilleur point de vue pour en profiter pleinement sans être entouré de trop de monde. « Hey, salut toi. » Je profite de son étreinte pour venir déposer un baiser sur sa joue, sourire aux lèvres. « Ça me fait plaisir de te voir ! » De la main, je lui fais signe de s'asseoir à mes côtés. « Comment tu vas ? » « Trop occupé comme toujours, mais je vais bien. » Et déjà, mon regard se perd sur son profil pour tenter de déceler la moindre faille. « Et toi ? » J'ai appris avec le temps à ne pas trop sauter sur les conclusions, a amener les choses en douceur avec la jeune femme. « Tu as l'air fatigué... » Et si elle balaie le sujet d'un revers de main, je n'insisterai pas. Néanmoins, je suis à l'affût de la moindre de ses réactions, cette fois, quoiqu'il se passe, elle doit savoir qu'elle peut compter sur moi.

Je ne pensais pas que tout ce qu’il se passe avec Cian, que de le voir aussi en colère me ferait cet effet. Je ne me suis jamais vraiment dit qu’il puisse me faire du mal, mais de le voir dans cet état-là, de le voir comme cela a fait remonter tout un tas de souvenirs pas vraiment agréable. Mais ce qui me touche le plus dans toute cette histoire c’est de savoir qu’on lui a pris Ailis, qu’on lui a enlevé sa fille et je ne pense même pas pouvoir comprendre ce que cela doit lui faire. J’ai vu la manière dont il aime cette petite, la manière dont il lui a tout donné alors qu’elle n’est même pas sa fille biologique. Il est devenu plus un père pour elle que ne l’a été son véritable père, ou même sa mère. Il a dû jouer le rôle des deux pendant des mois, et maintenant Eavan se plante comme un cheveu sur la soupe et lui enlève le bébé. Tout cela non plus je ne pensais pas que ca puisse m’atteindre autant, et pourtant, j’en ai du mal à trouver le sommeil. J’aimerais pouvoir faire quelque chose, être utile, aider à trouver la petite blonde, mais la réalité c’est que je ne sers pas à grand-chose.

Lorsque Loan m’a proposé que l’on se voit, j’ai donc tout de suite accepté. Je crois que j’ai besoin de le voir, d’avoir un peu de sa positivité, moi qui suis pourtant quatre-vingt-dix pourcents du temps positive. J’ai besoin de voir son sourire et sa bonne humeur. Alors je me suis habillée et j’ai marché jusqu’à l’endroit où il m’a donné rendez-vous. Le brun est déjà là, dos à moi alors que je le salue. Je viens le serrer dans mes bras, profitant de la chaleur de son corps et de son câlin quelques secondes. Déjà rien que cela me fait du bien. « Ça me fait plaisir de te voir ! » Je lui offre un sourire. « Moi aussi Foxy. » Il dépose un baiser sur ma joue et je lui demande comment il va alors que son regard inquiet se pose sur moi. « Trop occupé comme toujours, mais je vais bien. » Je ris un peu. « Tu es toujours surbooké, c’est ca la vie de star. » Je lui dis en remarquant alors les lanterne et feutre qu’il tient dans les mains. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je me doute qu’il a un but avec tout cela. « Et toi ? Tu as l'air fatigué... » Je le vois bien qu’il est inquiet le brun. « Je vais bien, je suis juste… » Inquiète ? Un peu triste ? « Inquiète pour un ami. Je dors pas super bien en ce moment. » Je lui adresse un sourire pour tenter de le rassurer un peu. Avec Loan il est plutôt facile de se confier. « Mais c’est une manière gentille de dire que je suis moche, je retiens. » Que j’ajoute pour l’embêter. Je ris un peu et lui tire la langue, comme une gamine de six ans.

Ce soir, je laisse la folie des projets de côté. Il est temps de prendre une pause bien méritée et surtout de la passer en compagnie de mon amie que je n'ai pas vu depuis ce qui me semble être des semaines. Tout a été si mouvementé ces dernières semaines, il faut dire. La participation à ce concours de danse qui aura pas mal ébranlé mon couple, dans une dispute sans fondement et qui m'a rappelé à des souvenirs que j'aurais aimé laisser au placard bien longtemps encore. Il a fallu parler de tout cela avec Clément, exorciser les vieux démons pour ne pas laisser la plaie béante. La colère avait fini par retomber et on a su se retrouver, mais j'ose espérer que cela ne se reproduira plus. On aimerait pouvoir pleinement se concentrer sur notre passion et ce projet qui ne cesse de grossir au fur et à mesure que les idées nous viennent. En attendant, il passe la soirée avec sa colocataire et je vais profiter d'Oakley. Le programme est tout ce qu'il y a de plus parfait.

« Tu es toujours surbooké, c’est ça la vie de star. » Je ris un peu, levant les yeux au ciel. « Je suis bien loin d'être une star. » Jamais je ne me considérais comme tel. Ce n'est pas parce que j'ai fait une tournée et que les représentations au théâtre font un carton que cela fait de moi une star. Je suis bien dans mon univers sans que l'on vienne me coller une étiquette qui en rien ne me correspondrait. « Tu sais bien que je ne sais juste pas tenir en place. » Il est bien là le souci d'ailleurs. Par peur de l'ennui, je prévois toujours un million de choses que je suis en réalité bien incapable de pouvoir caser dans une seule journée. Alors, parfois, je fais l'impasse sur ces trucs que je remets toujours au lendemain. J'ai un peu honte d'avouer que ces derniers temps, mes amis faisaient partie de la liste "je le ferai demain".

Pas le temps de papoter bien plus longtemps sur ma personne lorsque je finis par remarquer les cernes sur le visage de mon amie. Elle semble épuisée et pas réellement sereine, ce qui a bien entendu le don de m'inquiéter en quelques secondes. « Je vais bien, je suis juste... Inquiète pour un ami. Je dors pas super bien en ce moment. » Mes sourcils se froncent face à son explication qui me semble quelque peu bancale, je dois l'avouer. « Tu es sûre ? » Je m'en veux d'insister aussi lourdement, mais on se souvient tous de la dernière fois. Je refuse de laisser cela se reproduire encore une fois. « Mais c’est une manière gentille de dire que je suis moche, je retiens. » Mon rire franc vient trancher avec l'air si sérieux que j'abordais il y a quelques secondes encore. « Sache que les cernes sont très à la mode en 2020. » Une vraie tendance que même les plus grands catwalk s'arrachent ou une simple excuse pour la faire sourire un peu. Mais mon ton sérieux n'est jamais bien loin. « Tu sais que tu peux me parler de tout, hein... »

Je sais déjà que de passer la soirée avec Loan va me faire du bien, que cela va me permettre de m’éclaircir un peu l’esprit, de ne pas penser à Cian et Ailis pendant l’espace de quelques heures. Je sais que je vais pouvoir mettre mon inquiétude un peu de côté et je crois que c’est exactement ce dont j’ai besoin aujourd’hui. Alors sans hésitation, j’ai accepté son acceptation et lorsque l’heure est arrivée, j’ai quitté mon tout nouvel appartement pour me rendre vers Kangaroo Point. Un de mes endroits préféré de la ville, un endroit ou je me sens toujours bien, toujours plus calme. Rapidement, je répète le brun et viens la saluer, profitant de son câlin dont j’avais bien plus besoin que je ne le pensais. Bien sûr, je vis avec Dorian, mon meilleur ami et j’arrive à avoir des câlins de temps en temps, mais avec Loan c’est toujours comme d’avoir un ‘bear hug’, chaud et confortable. Je lui adresse un sourire alors que nous nous rendons tous les deux comptes que cela fait bien trop longtemps que nous ne nous sommes pas vus. « Je suis bien loin d'être une star. Tu sais bien que je ne sais juste pas tenir en place. » Je secoue la tête. « Tu sais bien que tu seras toujours une star pour moi. » Je ris un peu. « D’ailleurs, quand est ce que je reçois mon super poster inédit dédicacer personnellement ? » Je lui demande pour le taquiner un peu.

Je remarque alors le lanternes qu’il a dans les mains et je sais déjà que, quelle que soit l’idée qu’il a en tête, ca va me plaire. Avant que nous puissions commencer à faire quoi que ce soit, le brun me questionne cependant sur ma tête et le manque de sommeil qui s’y voit clairement. Je ne sais pas vraiment si je dois lui parler de Cian, ou de ce qu’il se passe avec lui et sa famille, mais je lui avoue cependant être inquiète. « Tu es sûre ? » J’hoche la tête et lui adresse un sourire pour tenter de le rassurer. Je tente même une petite blague, pour tenter de détendre un peu l’atmosphère. « Sache que les cernes sont très à la mode en 2020. » Je ris un peu et secoue la tête. « Tu sais que tu peux me parler de tout, hein... » J’hoche une nouvelle fois la tête. « Je sais Fox. » J’hésite un peu, mais peut être que parler de Cian, d’Ailis et de ce qu’il s’est passé l’autre soir pourrait me faire du bien. Je ne suis pas vraiment douée pour parler de moi, je n’aime pas spécialement cela, mais c’est Loan en face de moi. « C’est… J’ai un ami, Cian, avec qui je passe beaucoup de temps depuis quelques mois. Il a une petite fille Ailis, et… Enfin il est pas vraiment le père biologique, mais il s’occupe d’elle depuis que sa mère a disparu. » Je tente d’être le plus claire possible. « Bref, ca fait des mois que la mère a disparu et elle re débarqué, en venant récupérer sa fille a la crèche, sans même en parler à Cian… Alors l’autre soir il a débarqué chez moi, complètement paniqué et… » Je ne peux m’empêcher de repenser à l’autre soir, à cette peur réapparu alors que je la pensais parti pour toujours. « Il était tellement énervé, je l’ai jamais vu comme ca et ca… Ca m’a fait flipper… » Je relève la tête vers Loan. « Comme des flashs tu vois ? Alors que je sais que Cian ne me ferait jamais de mal, j’en suis certaine. Mais j’ai juste… Eu peur, je suppose. » Je surprise d’arriver à en parler aussi facilement au brun. « Depuis ce soir là je n’ose pas trop lui envoyer de message savoir si il a retrouvé sa fille. Je sais pas si je devrais. Et ca m’empêcher un peu de dormir. » Je me rend alors compte que je lui ai dit tout cela sans presque prendre de respiration. « Désolée, j’me suis emportée. »

« D’ailleurs, quand est ce que je reçois mon super poster inédit dédicacé personnellement ? »  
« Oh je t'ai pas dit ? Maintenant toutes les demandes passeront par mon agent. » 

Je voudrais être sérieux plus de cinq minutes, mais suis bien incapable de retenir mon fou rire face au regard qu'elle me lance. « Ma cote de popularité a grimpé en flèche depuis la diffusion de la finale, tu crois quoi! » que je plaisante quelque peu. Depuis la diffusion du dernier épisode de ROA et donc l'annonce de notre victoire avec Kelly, mon nombre d'abonnés sur Instagram a grimpé en flèche et il arrive que des personnes me reconnaissent dans un magasin. Ce n'est rien de bien flagrant et tout va s'essouffler dans quelques mois, mais je dois dire que c'est plutôt amusant de voir que le public nous a autant soutenu ou même que certains sont "dégoûtés" que l'on a fini par gagner. Dans l'ensemble, j'ai tout de même l'impression que la Team Kelloan a plutôt été appréciée des téléspectateurs et c'est ce qui comptait dans le fond. Notre aventure, personne ne pourra comprendre comment on l'a vécu, mais moi, je sais, que j'ai gagné une véritable amie à la sortie.

Enfin, j'en oublie bien rapidement mon petit quart d'heure de gloire, lorsque je remarque à quel point Oakley semble tendu. Je lui parlerais de mon petit projet pour notre soirée plus tard, pour le moment, je voudrais que ce soit elle qui me parle. Je remarque son hésitation et cela me pince le cœur, mais lorsqu'elle s'assoit à mes côtés, visiblement prête à s'ouvrir un peu plus, je me tourne complètement dans sa direction. « C’est… J’ai un ami, Cian, avec qui je passe beaucoup de temps depuis quelques mois. Il a une petite fille Ailis, et… Enfin, il est pas vraiment le père biologique, mais il s’occupe d’elle depuis que sa mère a disparu. » J'avoue être un peu perdu, mais retiens mes commentaires pour la laisser terminer son explication. « Bref, ça fait des mois que la mère a disparu et elle re débarqué, en venant récupérer sa fille à la crèche, sans même en parler à Cian… » Je n'ose pas imaginer ce que cet homme a dû ressentir en réalisant que la petite qu'il avait pris sous son aile avait été récupérée par sa mère visiblement absente depuis longtemps. « Alors l’autre soir, il a débarqué chez moi, complètement paniqué et… Il était tellement énervé, je l’ai jamais vu comme ça et ça… Ça m'a fait flipper… Comme des flashs tu vois ? Alors que je sais que Cian ne me ferait jamais de mal, j’en suis certaine. Mais j’ai juste… Eu peur, je suppose. » Je crois que mon coeur à fait un million de looping durant son explication et soudainement, c'est moi qui suis véritablement inquiet pour elle. Cet homme à l'air d'être sanguin et rien ne me dit qu'elle peut réellement lui faire confiance. Elle lui cherche encore des excuses, mais je vois bien qu'elle a eu peur et surtout que c'est quelque chose qui la hante depuis un moment. « Le fait qu'il était angoissé ne justifie en rien qu'il te hurle dessus ou pire qu'il te fasse peur Oakley. » Je pensais que c'était derrière elle tout cela, mais maintenant, je me demande si elle pourrait tomber dans le même schéma malsain sans réellement s'en rendre compte. « Je ne le connais pas, alors je ne vais pas me permettre de juger, mais tu devrais faire attention à toi avant tout. » Je sais que tout ce qu'elle veut, c'est l'aider lui. Mais s'il n'est pas capable de se maîtriser, alors elle doit penser à elle en premier. « Tu l'as connu comment ce gars ? Il fait quoi ? Il a quel âge ? » Et voilà que je deviens un véritable papa poule, alors qu'en réalité, je suis simplement inquiet et j'espère qu'elle le comprendra.

« Oh je t'ai pas dit ? Maintenant toutes les demandes passeront par mon agent. » Il tente de garder son sérieux et moi je relève la tête vers lui pour lui faire une moue. « Ma cote de popularité a grimpé en flèche depuis la diffusion de la finale, tu crois quoi! » Et je n’en doute pas. Avec sa dernière aventure, je me doute bien que Loan doit avoir gagné des fans, des gens qui ont adoré le voir faire cette course contre la montre. J’ai moi-même suivit l’aventure pour le voir s’en sortir et même si je n’ai pas encore regardé les derniers épisodes, je sais que cela a dû changer des choses pour lui, tout comme pour tous les gens qui y ont participé. « Même pour moi ? Ta plus grande fan depuis le premier jour ? » Je réponds en faisant une nouvelle moue avant de rire en même temps que le brun. C’est cela que j’aime chez mon ami danseur, c’est que malgré tout ce qu’il peut faire, je sais qu’il ne prendra jamais la grosse tête, je sais qu’il restera toujours cet homme plein de vie que j’aime tellement. « Mais je contacterais ton agent alors, c’est qui ? » Je ris un peu.

L’ambiance change un peu lorsque Loan me demande alors ce qu’il se passe dans ma vie pour que je n’ai pas trop la forme. Je ne peux rien lui cacher au brun, et à vrai dire je n’ai pas vraiment envie de lui cacher. Alors je lui parler de Cian, d’Ailis et surtout je lui parle de cette peur qui m’a pris au ventre ce soir-là. Rien que d’en parler, j’en sens mon cœur battre un peu plus vite dans ma poitrine. Et plus j’avance dans mes explications, qui ne sont d’ailleurs peut être pas les plus claires, plus je vois bien que le regarde de Loan se remplit d’inquiétude. Il me laisse cependant finir mon explication. « Le fait qu'il était angoissé ne justifie en rien qu'il te hurle dessus ou pire qu'il te fasse peur Oakley. » Je le sais, du moins je crois, mais je n’arrive pas vraiment à imaginer Cian comme quelqu’un de véritablement méchant. Je tiens à lui, j’ai confiance en lui et la manière dont je le vois est très différente de celle dont j’ai rapidement vu David au début. Je m’en veux, dans le fond, de pouvoir penser qu’il puisse être comme l’homme que j’ai aimé, parce que je suis certaine que, malgré sa colère, Cian ne pourrait jamais me faire de mal… Pas vrai ? « Je ne le connais pas, alors je ne vais pas me permettre de juger, mais tu devrais faire attention à toi avant tout. » J’hoche la tête et lui offre un léger sourire pour le rassurer. « Je fais attention, promis. » Et pourtant, il m’a vraiment fait peur ce soir là, il a fait remonter de vieux sentiments que je pensais enfouie pour de bon. Quand il a haussé la voix, quand il frapper dans cette table, j’ai cru que mon cœur s’arrêtait. « Tu l'as connu comment ce gars ? Il fait quoi ? Il a quel âge ? » J’hésite à lui dire à Loan. Je lui fais confiance, les yeux fermés, mais je sais aussi que les réponses n’allaient sûrement pas lui plaire, surtout après ce qu’il venait d’entendre. « Il est un peu plus âgé, et il est dans la navy. » Je réponds simplement. Je ne suis pas sûr que si je lui annonce que je l’ai connu grâce à David cela joue en sa faveur, alors je tente plutôt de le rassurer. « Mais c’est un homme bien Loan, vraiment bien. Il avait juste peur pour sa fille. » Est-ce que c’est vraiment une excuse après tout ? Je n’en sais rien…

« Même pour moi ? Ta plus grande fan depuis le premier jour ? » Un rire m’échappe alors que je lève les yeux au ciel. Je ne suis pas du genre à vouloir lancer une compétition sur ma personne. Ce n’est jamais la célébrité qui m’a attiré dans mon métier. Je me fiche bien que l’on puisse me reconnaître dans la rue ou non. Je fais ce que je fais pour la passion, parce que c’est bel et bien la seule chose qui me motive à me lever le matin rien de plus. Mais j’aime bien taquiner Oakley sur le sujet. « Qui a dit que tu étais ma plus grande fan ? » Parce que clairement, la place est déjà prise par mon père, et ce, depuis le premier jour. « Mais je contacterais ton agent alors, c’est qui ? » « Clément ? » Pas sûr que mon petit ami apprécie le titre, mais c’est le premier prénom qui me vient à l’esprit dès que l’on parle de tout cela. Il est celui avec qui je partage ma passion depuis des mois désormais et je dois avouer que je ne sais pas ce que je ferais s’il n’était pas là.

Bien rapidement le sujet prend une tout autre direction lorsque la jeune femme commence à me parler de son ami qui semble lui avoir fait une belle frayeur. Je peux comprendre que quelqu’un puisse perdre son sang-froid dans une situation stressante, mais ce n’est pas une raison pour qu’Oakley soit terrorisée ou pire que cela rêve de vieille frayeur chez elle. Je peux entendre toute sorte de justification, mais pas vraiment celle qu’elle est en train de me servir. « Je fais attention, promis. » Je me retiens de partir dans un autre discours qui pourrait la mettre mal à l’aise. Elle n’a pas réellement confiance en elle, David a tout briser. Je me doute qu’elle ne voie même pas le danger parfois et c’est vraiment compliqué. « Tu m’appelles s’il y a le moindre souci la prochaine fois, okay ? » Je ne veux pas paraître trop insistant, j’essaye de faire de mon mieux, ce n’est pas le genre de situation que l’on rencontre tous les jours. Je veux simplement bien faire pour mon amie, rien de plus. Alors, je tente d’en savoir un peu plus sur cet homme qu’elle semble fréquenter régulièrement ces derniers temps. « Il est un peu plus âgé, et il est dans la navy. » Ce qui aurait dû me rassurer ne fait que m’inquiéter un peu plus. « T’entends quoi par plus âgé ? » Je sais pas pourquoi, mais je le sens pas ce mec. Vraiment pas. « Navy ? Il a déjà été sur le front ? » Par pitié qu’elle me parle pas d’un mec qui souffre d’un PTSD enfoui ou je ne sais quel connerie encore. « Mais c’est un homme bien, Loan, vraiment bien. Il avait juste peur pour sa fille. » Je soupire quelque peu voulant réellement croire la jeune femme, mais ne peux empêcher ce sentiment de me coller à la peau. « Mouais… Je préfère me méfier. » Et peut-être que mon ton est un peu trop sec et que je m’en veux dans la seconde qui suit. « Pardon Oak… » Je soupire à nouveau et me rapproche de la jeune femme pour attraper sa main. « Je m’inquiète juste pour toi, c’est tout. »

« Qui a dit que tu étais ma plus grande fan ? » Je fais semblant de prendre un air choqué, un air blessé en venant poser la main sur mon cœur comme si il venait de dire la chose la plus horrible du monde. « Comment oses-tu renier ta numéro un. » Je lui demande, essayant de garder mon sérieux, mais finissant par me mettre à rire. J’aime bien embêter Loan tout comme lui se fait un plaisir de faire la même chose de son côté. Je lui demande alors qui je dois contacter pour avoir mon poster dédicacer. « Clément ? » Je lui souris tendrement. « Je verrais avec lui alors. » Je lui adresse un clin d’œil.

Rapidement cependant, je vois le regard inquiet de Loan, cela que je connais si bien. Il me questionne alors pour savoir si tout va bien et même si ce n’est peut-être pas une super bonne idée, je lui parle de Cian et d’Ailis. Il a peur Loan, que je revive la même chose qu’avec David, et je le comprends un peu parce que, si les rôles étaient inversés, je réagirais sûrement de la même manière. Mais à vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qu’il se passe avec l’irlandais. Nous avons passé énormément de temps ensemble ces derniers temps, et avec sa fille. Puis il y a eu cette soirée film, cette soirée ou nous nous sommes retrouvés extrêmement proche, et où j’ai ressenti ce petite quelque chose que je n’explique pas. Mais Cian n’est qu’un ami, pas vrai ? Un bon ami. Du moins c’est ce que je pensais, jusqu’à ce qu’il me fasse peur, peur au point ou j’ai cru qu’il allait me frapper, et à présent je n’ai plus de nouvelles. Il est occupé, à chercher sa fille, alors je ne prends pas non plus le temps d’essayer de lui envoyer des messages. Je me sens un peu perdu à vrai dire face à tout cela, mais je tente quand même de rassurer Loan en lui assurant que je fais attention à moi. « Tu m’appelles s’il y a le moindre souci la prochaine fois, okay ? » J’hoche la tête et lui adresse un petit sourire. « J’te le promets Foxy. » Je lui réponds. Mais il me questionne quand même sur Cian, et je ne sais pas si répondre à ses questions va vraiment le rassurer, alors je reste un peu vague. « T’entends quoi par plus âgé ? » Je reporte mon regards vers l’eau devant nous et la ville qui s’étend de l’autre côté. « Quarante ans… » Je réponds dans une murmure. « Navy ? Il a déjà été sur le front ? » Je viens poser mon regard sur mon ami danseur. « Je crois, mais il y a des années. » Je lui réponds, un peu pour comme pour justifier ou pour défendre Cian.

« Mouais… Je préfère me méfier. » Le ton soudain froid de Loan me fait me redresser un peu et mon corps se tend. Il me connaît assez pour savoir que si il part dans ce sens-là, je vais me renfermer complètement, et il semble d’ailleurs bien rapidement s’en rappeler. « Pardon Oak… » Il prend doucement ma main et soupire et mon corps se détend immédiatement. Je connais Loan, je sais qu’il ne pense pas à mal. « Je m’inquiète juste pour toi, c’est tout. » Je serre doucement sa main dans la mienne. « Je sais… Mais je t’assure que je fais attention. Et je te promets que si jamais les choses deviennent trop tendu je viendrais t’en parler. » Mais je ne veux pas y croire, je ne veux pas croire que, ne serait-ce qu’une petite partie de Cian, puisse être comme David. J’ai confiance à Cian, bien plus que je n’ai jamais eu confiance en mon ex petit ami. « Je… Tu pourrais peut être le rencontrer, ca pourrait te rassurer. » Enfin… Si Cian me redonne de ses nouvelles un jour.

Elle avoue tout Oakley, elle me parle de ce Cian qu’elle avait déjà mentionner par le passé. Cette fois, je me retrouve bien plus méfiant face à ce qu’elle peut m’expliquer. Il est son ami, je ne souhaite en rien le dénigrer complètement, mais elle a avoué qu’il lui avait fait peur. C’est ce qui change toute la dynamique. Je refuse de la laisser sombrer dans une nouvelle histoire de violence. Je ne resterais pas sur le bord de la route à la regarder sombrer à nouveau, ce n’est pas une option envisageable. Alors, je pose des questions, je m’intéresse en essayant de ne pas laisser mon opinion se mettre en travers de la conversation. « Quarante ans… » J’essayais en tout cas… « Oakley… » Je ne veux pas être le gars complètement vieux jeu qui va juger la différence d’âge dans un couple. Après tout, Clément est plus jeune que moi et je n’ai jamais vu de problème à cela. Jusqu’à ce que l’on commence à se disputer pour des futilités parfois, jusqu’à ce que je réalise qu’il a encore une fougue que j’ai parfois perdu quand je suis fatigué et que j’ai juste envie de me poser tout un weekend. « Je sais ce que tu vas dire, que j’ai cinq ans de différence avec Clément, mais… C’est énorme là. » Je me déteste de parler ainsi, je me sens comme un vieux con, mais je m’inquiète pour elle. « Tu devrais pas… » Pas quoi ? Je ne suis personne pour lui dire quoi faire et je ferais mieux de me taire, je le sais parfaitement. Pourtant cet homme à quinze ans de plus qu’elle, il est engagé dans l’armée. Je jure s’il a un PTSD, je vais vouloir tuer quelqu’un. « Fait attention à toi, d’accord. » que je lui demande pour la énième fois.

« Je sais… Mais je t’assure que je fais attention. Et je te promets que si jamais les choses deviennent trop tendus, je viendrais t’en parler. » Je hoche doucement la tête avant de poser ma main sur sa cuisse. Je n’ai jamais été du genre à insister de trop, mais c’est important à mes yeux. « Je… Tu pourrais peut-être le rencontrer, ça pourrait te rassurer. » Je ne sais pas si cela est réellement une bonne idée, mais je vois qu’elle fait l’effort, qu’elle m’assure qu’elle viendra me voir si quelque chose ne va pas. « Pourquoi pas. » que je lui réponds en souriant quelque peu. « Mais Oak… C’est un ami ou ? » Je dois dire que je commence à vraiment me poser des questions maintenant. Son regard veut dire beaucoup, mais je ne voudrais pas la forcer à admettre quelque chose.

Je finis par me souvenir de ce que j’ai entre les mains et me racle la gorge pour lui montrer tout ça. « J’ai acheté ça pour nous. » Je lui montre les lanternes que les gens sont en train de décorer tout autour de nous et viens lui glisser un sharpie entre les mains. « Je me disais qu’on pourrait écrire ce qu’on… Ce qu’on a envie de voir partir. » Je ne sais comment amener mon idée sans mettre les pieds dans le plat. « Pour aller mieux. »

Je sais qu’il s’inquiète le brun, qu’il veut simplement faire attention à moi, je le vois sur tout son visage. Loan est assez facile à lire tellement il est expressif, alors je tente de le rassurer. Je ne m’y prends peut être pas de la meilleure des manières, parce que je vois bien que plus je lui en dis sur Cian et plus il semble s’inquiéter pour moi, mais je me suis promise de ne plus rien cacher à Loan, tout comme à mon frère ou à mon meilleur ami, Nick. Alors quand il me demande des informations sur le militaire, je lui donne. « Oakley… » Je sais bien que le fait que Cian ait quatorze ans de plus que moi puisse effrayer Loan, le rendre encore plus septique sur le sujet, mais quand je suis avec lui la différence d’âge n’existe pas. Avec Cian je n’ai jamais eu l’impression d’être une gamine, ou de me faire réduire à moins à cause de mon âge. « Je sais ce que tu vas dire, que j’ai cinq ans de différence avec Clément, mais… C’est énorme là. » Je le sais, je suis consciente qu’il n’est surement pas le seul à juger, mais je n’ai pas envie de penser à ce détails qui, à mes yeux, n’a pas vraiment son importance. « Tu devrais pas… » Je fronce les sourcils. « Pas quoi Loan ? » Je lui demande. J’aimerais vraiment savoir ce qu’il pense, même si je ne suis pas sur que cela me plaise. « Fait attention à toi, d’accord. » J’hoche la tête et tente une nouvelle fois de le rassurer, en lui promettant de l’appeler si quelque choses deviennent trop compliquées, trop tendues. Mais pourquoi le deviendraient-elles ? Nous ne sommes qu’amis après tout non ?

Je propose alors à Loan de lui faire rencontrer Cian, peut être que cela pourrait le rassurer après tout, lui montrer que Cian est un homme bien. « Pourquoi pas. Mais Oak… C’est un ami ou ? » Et la voilà la question à dix mille dollars, celle que je vois pendre sur les lèvres de mon danseur depuis le début de la conversation. « C’est un ami. » Je lui réponds. Enfin, je crois… Je secoue un peu la tête. « Oui, juste un ami. » Je répète pour en convaincre Loan ou pour me convaincre moi, je ne sais plus trop.

Loan finit alors par changer de sujet, se tournant vers la lanterne qu’il a visiblement apporté avec lui. « J’ai acheté ça pour nous. » Je prends la lanterne et jette un regard autour de moi pour observer les gens faire de même. Alors c’est pour cela qu’il m’a invité ? « Je me disais qu’on pourrait écrire ce qu’on… Ce qu’on a envie de voir partir. Pour aller mieux. » Je lui adresse un sourire, décidant de ne pas trop relevé à cette fin de phrase. Il pense à bien Loan et pour ca, personne ne peut lui en vouloir. Il veut m’aider et je lui en suis reconnaissante. « J’aime bien l’idée. » Je lui avouer en saisissant un des sharpy qu’il me tend. Je fixe alors le vide face à moi quelques secondes avant de venir commencer à écrire sur la lanterne. Pendant quelques minutes aucun de nous deux ne parlent, concentré sur que nous sommes en train d’écrire et puis la curiosité me prend. « J’ai le droit de savoir ce que tu as écrit ? »

« Pas quoi Loan ? »
« Tu devrais pas t’enticher d’un mec comme ça. »

C’est plus fort que moi, je me suis juré d’être toujours honnête avec la jeune femme et ce n’est pas ce soir que je vais changer les choses. C’est important qu’elle connaisse mon point de vue même si je me doute que ça ne va pas réellement lui plaire. Peut-être que j’aurais dû m’exprimer autrement, surtout que je ne connais pas du tout le militaire. « Enfin, je veux dire… Vraiment fait attention. » que j’ajoute en bégayant un petit peu. C’est mieux pour elle, qu’elle ne s’engage pas déjà dans une nouvelle relation. Elle devrait simplement penser à elle. Pourtant, je vois bien que ce fameux Cian ne semble pas quitter son esprit. Alors, j’ose une dernière question afin de tenter d’y voir un peu plus clair. Le rouge qui monte à ses joues me donne déjà un bon indice. « C’est un ami. » « Sûr ? » Elle secoue la tête tellement fort qu’elle pourrait se faire craquer la nuque. « Oui, juste un ami. » Je retiens un léger rire tant elle ne semble pas réellement crédible dans ce qu’elle avance. « Mouais… Sois plus convaincante la prochaine fois. » Je pose ma main sur son épaule et serre un peu. Elle peut être sûr que je vais devenir l’ami chiant dans les prochains temps. Celui qui lui pose parfois trop de questions et surtout qui s’assure constamment qu’elle va bien.

Je finis par lui offrir la lanterne que j’ai achetée pour elle et lui explique mon plan, parce que c’était la raison de notre présence ici ce soir. « J’aime bien l’idée. » Je souris et lui tends tout le matériel. « Prends ton temps. » Je vois que son regard se perd dans le vague et préfère me taire alors que je commence à écrire quelques points sur ma propre lanterne. Rien de bien important, juste quelques petites choses auxquels je ne voudrais plus penser pour la nouvelle année. « J’ai le droit de savoir ce que tu as écrit ? » Je relève la tête pour croiser son regard en souriant. « Juste quelques trucs. » On est pas vraiment censé partager tout ça, mais vu qu’on est aux confidences. « Sur ma mère. J’ai décidé de plus jamais m’en soucier cette année. » Il serait peut-être temps après plus de trente ans de vie et d’absence. « Puis un souhait pour mon père. » Mais ça je ne le dirais pas, parce que j’ai bien trop besoin qu’il se réalise. « Tu veux me parler des tiens ? »

« Tu devrais pas t’enticher d’un mec comme ça. » Me répond Loan alors que je lui demande de finir sa phrase. Je me doutais bien de ce qu’il allait dire, mais je secoue la tête. Ce n’est pas comme cela, ca ne sera jamais comme cela, Cian n’est qu’un ami, un ami de qui je me suis beaucoup rapproché et qui compte beaucoup mais ca s’arrête là, pas vrai… ? « Enfin, je veux dire… Vraiment fait attention. » J’hoche doucement la tête avant de lui confirmer de vive-voix que le militaire n’est qu’un ami. Je ne suis pas prête à me relancer dans ce genre de choses de toute façon, pas prêtes à ressentir ce genre de choses et à m’attacher à quelqu’un de la sorte. « Sûr ? » « Sure. » Je lui réponds pour confirmer la chose. « Mouais… Sois plus convaincante la prochaine fois. » La main du danseur vient doucement se poser sur mon épaule pour y donner une petite pression, mais je préfère ne rien répondre. À vrai dire, je ne sais même pas ce que j’aurais dis. Cian est un ami, point. Peut-être que je devrais le répéter, encore et encore (pour m’en convaincre aussi ?)

Loan finit alors, heureusement, par changer de sujet et me tend la lanterne qu’il a amenée en m’expliquant le principe. Je comprends alors mieux pourquoi les gens autour de nous ont des lanternes également. « Prends ton temps. » J’attrape le marqueur qu’il me tend et me perds quelques minutes dans mes pensées. Qu’est ce que je peux bien écrire ? Qu’elle vœux j’aimerais voir se réaliser ? Je suis bien en ce moment dans ma vie, et à part cette histoire avec Ailis et Cian, tout semble allait bien. Je souris doucement mais fini cependant quand même par trouver quoi écrire. C’est en relevant la tête que je me montre un peu curieuse envers Loan. « Juste quelques trucs. » J’hoche la tête. « Sur ma mère. J’ai décidé de plus jamais m’en soucier cette année. » Je lui offre un sourire tendre. Il a raison. « Puis un souhait pour mon père. » Je sais que le père de Loan n’est pas en grande forme, et j’espère vraiment que les choses iront mieux pour lui. « Tu veux me parler des tiens ? » J’hésite un peu, mais après tout, pourquoi pas. « Un pour la danse. » Pour que je puisse réussir encore mieux dans le futur même si ma vie professionnelle me plaît beaucoup en ce moment. « Un pour Isaac, Phoebe et Zeppelin. » Pour qu’ils soient heureux tous les trois. « Et le reste je préfère aussi le garder pour moi. » Je lui adresse un sourire, n’ayant pas envie de repartir sur le sujet Cian si je lui dis qu’un des vœux et pour lui. J’aimerais qu’il puisse retrouver sa fille.

Je me lève alors du banc et m’approche de la barrière qui nous sépare de la rivière. « On les allume ? » Je lui demande.

Je n'ai jamais été du genre à me mêler de la vie des autres. J'estime qu'Oakley est assez grande pour prendre ses propres décisions, mais en vue de ce que je n'ai jamais été capable de voir par le passé, je ne peux m'empêcher d'être bien plus protecteur envers elle. Ce n'est en rien pour démontrer une certaine supériorité ou tout simplement pour remettre en doute son jugement, bien au contraire. J'ai compris que ce fameux Cian semblait avoir obtenu une place toute particulière dans sa vie et ce n'est sûrement pas dû au hasard. Je suis même heureux qu'elle semble pouvoir envisager quelque chose de nouveau, mais il y a ce pressentiment qui ne me lâche pas. Celui de lui demander de faire attention, d'être présent pour elle et de m'assurer que tout ira bien. « Sûre. » Son regard croise le mien et je comprends qu'elle semble réellement sûre d'elle. « Alors, je t'embête plus. » que j'affirme dans un sourire.

C'est dans une ambiance bien plus calme et sereine que je lui explique la raison de notre présence ici et finis par lui tendre une des lanternes que j'avais acheté spécialement pour l'occasion. Il est temps de relâcher les pressions accumulées de l'année et simplement prendre un nouveau souffle. J'avais trouvé l'idée tout ce qu'il y a de plus symbolique pour la jeune femme et au final l'exercice de laisser couler ses pensées sur le papier de riz est également libérateur pour moi. J'explique à la blonde ce que j'ai écrit sans trop entrer dans les détails finissant par lui proposer de m'en dire un peu plus sur les siens. Je perçois son hésitation et alors que j'allais lui rappeler qu'elle n'était en rien obligée de me parler, elle me devance. « Un pour la danse. » Un vœu qui la représente tellement. « Un pour Isaac, Phoebe et Zeppelin. » On avait tous les deux pensé à la famille, forcément. « Et le reste, je préfère aussi le garder pour moi. » Je hoche la tête, ma main venant se glisser sur son genou. « Je comprends. » Je n'en dirais pas plus quand je me doute à qui elle a pensé par la suite, mais préfère respecter ses choix.

On finit par se lever tous les deux et je bataille quelques minutes avec le briquet subtilisé à mon père pour l'occasion. Après quelques doigts légèrement brûlés, je finis par réussir à allumer le petit morceau de charbon de nos deux lanternes. « A trois... » Le décompte se fait dans une ambiance détendue et sereine. Lorsque l'on relâche les lanternes, il ne me reste plus qu'à prendre la jeune femme dans mes bras, lui répétant à quel point je suis fier du parcours qu'elle a eu cette dernière année.