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Bien sur qu’il se moquait ouvertement d’elle, Ezra. Bien sûr que jamais il ne viendrait jamais demander un quelconque échange entre Lily et n’importe quelle autre femme sur terre. Elle était son pilier, son roc ces dernières semaines - ces derniers mois. Sans elle, il se serait éparpillé en mille morceaux et n’aurait su se relever. Le service après-vente était une blague qu’il ne saurait appliquer dans la réalité. Et il savait que Lily savait ça, qu’elle lirait à travers les lignes et les mots choisis, si bien qu’il fut tout de même quelque peu surpris de l’air qu’elle affichait désormais présentement. « T’as dépassé le délai pour me ramener en magasin, maintenant t’es fichu. » Mais l’instant d’après, il affichait de nouveau un sourire mangeant tout son visage et son rire se faisait entendre si on tendait l’oreille. Ce n’était pas grand chose, mais c’était déjà beaucoup quand on voyait les émotions par lesquelles il était passé depuis le début de la journée.

Dans la foulée, il vint hausser un sourcil de défi lorsqu’il vint proposer à Lily de venir tenir une revanche sur ce concours qu’elle clamait si haut et fort avoir gagné - alors qu’il était clair comme de l’eau de roche de son côté qu’il était le seul détenteur de la victoire. « Ca va refroidir. Et quand je t’aurai battu haut la main, tu vas plus vouloir manger quoi que ce soit. » De surprise, exagérée bien sûr, son second sourcil vint rejoindre le premier haut déjà sur son visage. « J’aurais trop peur que ça fasse partie d’un plan plus grand où tu m’empoisonnes, c’est pour ça. » En aucun cas, il vint comprendre qu’elle était finalement sérieuse dans ses propres, la jeune femme. Ezra avait décidé de ne prendre que le côté amusant de la situation et d’oublier tout le reste autour d’eux, et surtout d’oublier leurs malheurs pour se concentrer sur la chaleur positive qui prenait présentement place en son coeur. Mais parce-que l’amour qu’il portait à la jeune femme était plus important que n’importe quel autre concours, il vint finir le délicieux diner qu’elle leur avait préparé avec amour, avant de venir attraper la main de Lily pour l’emmener avec lui sur le canapé, leurs deux verres et la bouteille devin jamais bien loin.

Ezra eut à peine le temps de venir remplir leurs verres que déjà, Lily dans son dos commençait le concours de rots toute seule, n’attendant pas que la concurrence soit prête à entrer en course également. « Hey ! » Aussi rapidement que possible, Ezra vint se rasseoir sur le canapé face à la jeune femme, se préparant à se faire entendre aussi - il comptait bien lui démontrer qu’il était le meilleur, elle devait avoir peur de perdre pour se lancer aussi rapidement que ça dans le jeu. Ezra n’eut cependant pas le temps de venir faire le moindre geste ou exercer la moindre préparation que les lèvres de Lily venaient se coller sur les siennes, venaient s’emparer de son souffle et de son attention. Déjà, le rire d’Ezra venait se faire entendre à travers les deux ou trois baisers qu’ils échangèrent, entre son souffle repris une fois et la seconde fois aussi. Il vint finalement nicher pendant un instant ou deux son visage dans le cou de la jeune femme, qu’il était venu rapprocher au préalable de lui en passant ses bras autour de sa taille. « Tricheuse. » Elle sentait bon, Lily, mais le Beauregard vint extirper son visage de ce confort pour venir loger ses yeux dans ceux de la jeune femme - qui semblait plutôt heureuse de son comportement, alors qu’elle venait se servir de son poing comme microphone. « Alors, ça fait quoi de vivre avec une si grande stature du sport, Monsieur Beauregard ? » A ces paroles, il vint laisser une expression de surprise et de stupéfaction envahir les traits de son visage, à laquelle il ajouta une dose de jeu d’acteur très mauvais. « T’as triché ! T’es la pire des participantes à ce concours ! » Mais il avait beau en paraitre outré et jouer surtout avec sa réaction, il n’en restait pas moins qu’il riait Ezra, présentement - les plans de Lily fonctionnaient à merveilles.

« Puisque c’est comme ça… » Il vint attraper le verre de vin de Lily pour venir le terminer d’une traite, sans lui demander son avis. « Je vais me coucher tout seul, demoiselle qui triche. » Mais il y allait en marchant à reculons et en ne lâchant pas du regard la jeune femme. Il osait dire qu’il pouvait aller dormir seul - dans d’autres circonstances qui n’étaient pas les leurs, ça aurait été mignon - là où ils savaient parfaitement tous deux qu’il n’en était presque plus capable.

Pour s’assurer une victoire rapide et efficace il n’y a rien de mieux que de modifier les règles à son avantage et empêcher les autres participants de s’approcher d’un peu trop près de la victoire - ou même d’une quelconque participation. Beaucoup appelleraient ça de la triche quand Lily préfère parler de version améliorée. Cela explique donc pourquoi elle commence la première, de longues secondes avant n’importe quel chronomètre. « Hey ! » que déjà se plaint le Beauregard reconvertit en sommelier du soir sans que ce ne soit nullement pour déranger sa petite amie à l’immense sourire de fierté accroché aux lèvres. A peine a-t-il le temps de venir s’asseoir qu’elle court-circuite la moindre de ses tentatives en venant aussitôt l’embrasser, posant le bout de ses doigts à peine contre sa mâchoire. Le geste est précipité et joueur bien plus qu’autre chose mais rien dans ses gestes ne cachent les sentiments énamourés qui la lient au jeune homme. Les rires du brun se mêlent à ses sourires et si elle devait choisir un seul instant pour le revivre une infinité de fois, ce serait sûrement celui-ci. Il a l’air véritablement heureux et elle aussi ; finalement ils n’ont jamais rien demandé de plus si ce n’est qu’on les laisse tranquilles. « Tricheuse. » “Gagnante.” Pour chaque fois qu’il râlera en plus, elle l’embrassera une fois de plus. L’un n’a rien à voir avec l’autre et pourtant elle a l’impression de faire quelque chose qui importe ; pour elle en tout cas. Lorsqu’il vient l’étreindre d’un peu plus près et poser sa tête contre son cou, elle jurerait ne pas vouloir se trouver nulle part ailleurs.

Lorsqu’elle en rajoute une fois de plus sur sa victoire volée - sans délicatesse aucune -, Ezra décide d’utiliser de tous ses talents de comédien, à en faire pâlir DiCaprio. « T’as triché ! T’es la pire des participantes à ce concours ! » Et elle d’esquisser une mine choquée et outrée ; surtout déçue qu’il se dégage d’elle alors qu’ils étaient pourtant si bien jusque là. « Puisque c’est comme ça… » Quand le verre de vin est vidé sous les yeux ébahis d’une Lily qui l’est tout autant, elle n’a cette fois-ci pas à surjouer toute mine outrée : elle l’est vraiment. Elle l’est tellement que sa main s’abat même sur le torse de son petit-ami, avec une telle force que cela ne fait finalement aucun bruit. Sans doute n’aura-t-il même pas remarqué son geste. “Ezra !” Qu’elle reprend pourtant, sa voix trop aiguë, ses sourcils trop froncés. Déjà, elle est prête à éclater de rire. « Je vais me coucher tout seul, demoiselle qui triche. » Ses bras posés sur le dossier du canapé et sa tête par-dessus, elle l’observe s’en aller à reculons, ne manquant pas de lui souhaiter une bonne nuit sans un mot, préférant pour cela venir lui tirer la langue comme le ferait un enfant. “Très bien. Je ne me mêle pas aux mauvais perdants, de toute façon.” Son sourire la trahit déjà. Encore.

Deux minutes. C’est le temps dont elle a besoin avant de venir le rejoindre, les verres reposés dans l’évier et la pièce à peine rangée. Elle s’était dit qu’en s’occupant les mains alors les secondes allaient filer plus rapidement mais les cinq minutes d’attente qu’elles s’étaient imposées ont été réduites de plus de la moitié quand, finalement, elle rejoint à son tour la chambre comme si de rien n’était.

Quand bien même ils en seraient venus à s’en vouloir à propos de quoi que ce soit et ce pour d’obscures raisons, ils savent pourtant avoir toujours autant besoin l’un de l’autre une fois la nuit venue. Ce n’est pas parce que leurs yeux se closent que leurs démons les quittent, et bien loin de là. Pour Ezra surtout, elle ne compte plus le nombre de fois où elle s’est réveillée juste après lui, au beau milieu de la nuit, simplement parce qu’elle avait le pressentiment que quelque chose se passait. Ce soir encore, elle s’efforce de prier pour qu’il passe une bonne nuit et elle en vient même à laisser derrière elle son éternel esprit d’enfant. Au contraire, Lily préfère venir l’embrasser sur le front et ainsi venir enterrer la hache de guerre pourtant inexistante. Ses habits sont troqués pour un pyjama et ses bras, eux, trouvent refuge près d’Ezra, se plaçant aussi proches de lui que possible. “Je t’aime.” Ne reste désormais plus qu’eux sans aucun jeu d’acteur, la Keegan se permet donc de s’en aller à quelques confessions qui n’ont rien de nouvelles, au même titre que le baiser qu’elle dépose une dernière fois contre sa joue avant de plutôt décider de venir se blottir contre son cou.

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« Ezra ! » Il ne vint même pas démontrer qu’il prêtait attention à l’air faussement outré qui s’affichait sur le visage de la jeune femme. Il préférait plutôt continuer de rejoindre à reculons la chambre à coucher, tout en ayant son meilleur sourire taquin accroché à ses lèvres. « Très bien. Je ne me mêle pas aux mauvais perdants, de toute façon. » Ezra ne l’aurait pas cru en temps normal, mais le sourire qu’elle ne savait cacher la trahissait à des kilomètres à la ronde. Il se contenta alors d’hausser les épaules, continuant son bout de chemin à travers le chalet. Pendant un instant là, ils étaient de nouveau heureux et ils n’avaient plus de façon de penser à l’extérieur et à tout ce qui pouvait potentiellement venir ruiner cette bulle de bonheur dans laquelle ils se glissaient. En ce moment là, ils étaient les rois du monde, de nouveau de simples enfants s’autorisant à venir rire même si ce n’était pas autorisé - leur jeu, leurs règles.

Il avait beau avoir été l’investigateur de ce jeu puéril, au moment où il vint passer le pas de la porte, un vide se créa instantanément au sein d’Ezra. C’était également dans ces moments là qu’il se rendait compte à quel point il était devenu dépendant et accroché à Lily, à quel point sa présence à ses côtés lui étaient devenue non pas indispensable mais vitale afin de continuer à fonctionner correctement. Alors, ne fut pas son soulagement lorsqu’elle vint le rejoindre à son tour dans la chambre deux minutes après que leurs regards ne soient lâchés. S’ils avaient joué comme des enfants l’instant d’avant, les masques finissaient toujours pas tomber et leurs esprits revenir au moment présent. La jeune femme vint enfiler son pyjama pour finalement se glisser sous la couette aux côtés d’un Ezra qui prétendait déjà dormir - d’accord, il ne savait s’empêcher de venir jouer tout de même encore un instant. Ses lèvres à elle se posèrent un instant sur son front, sur sa joue à lui avant qu’elle ne vienne prendre refuge pour son visage dans le creux de son cou. Déjà, Ezra ne savait plus pourquoi il lui en voulait l’instant d’avant et automatiquement, ses bars imitèrent ceux de Lily à se glisser le long de la silhouette de la jeune femme. « Je t’aime. » Le coeur d’Ezra vint se réchauffer d’une façon dont seule elle avait le secret, alors qu’il resserrait son étreinte autour de la jeune femme. « Je t’aime plus fort. » A ce jeu là, il n’y avait pas de gagnant et pourtant ça ne leur empêchait pas de venir tenter de relancer la partie à chaque fois. Ce qui semblait être la minute suivante, la respiration d’Ezra ralentissait alors qu’il profitait de ce moment de paix qui l’envahissait pour rejoindre le monde de Morphée.

Et ça aurait été trop beau, qu’il ne vienne ouvrir de nouveau les yeux que lorsque le soleil pointait le bout de son nez le lendemain matin, après une nuit longue et reposante. Ca aurait été trop beau qu’un sourire soit collé à ses lèvres alors qu’il serait venu embrasser la demoiselle dans ses bras afin de la réveiller également. Toutes ces situations dignes des plus belles comédies romantiques auraient fait l’affaire; n’importe laquelle, même celle qui faisait lever le plus les yeux au ciel tellement elle était ridicule à souhait. C’en serait suivi un lever de soleil au bord de la piscine avec un jus d’orange pressé à la main, profitant simplement de l’instant présent dans cette escapade amoureuse le temps d’un week-end. Ce ne fut aucunement le cas, dans cette situation, alors qu’Ezra vint se réveiller en sursaut, dans un cri à vous tordre les entrailles, les joues couvertes de larmes. Le souffle haletant et le coeur battant la chamade, son regard vint tenter de chercher un élément d’accroche familier dans le noir obscur de la nuit battant son plein. Ses mains parcouraient à l’aveugle les draps autour de lui, alors qu’il peinait à reprendre correctement son souffle. Bordel, où se trouvait-il ? Tous ses repères étaient tombés en morceaux le temps d’un rêve, d’un seul, lui qui avait réussi à venir trouver un semblant de paix en trouvant le sommeil rapidement la veille au soir.

Les enfantillages sont terminés et ils redeviennent des adultes dès l’instant. « Je t’aime plus fort. » Elle ne jouera pas le jeu de l’escalade plus longtemps parce qu’ils savent tous deux la vérité derrière ces mots. Ils ne sont pas certains de beaucoup de choses dans leur vie mais leur duo et surtout leur couple n’a pas vocation à être chamboulé d’une quelconque manière. Son sourire grandit un peu plus encore lorsqu’elle se blottit contre lui et se sert de ses mains à lui autant qu’elle utilise les siennes propres pour leur créer un cocon. Le drap remonté jusqu’à leurs épaules est la dernière pièce du puzzle qu’elle vient mettre en place avec délicatesse.

La seule impression qu’elle garde en mémoire est le fait que le fait qu’elle n’ait eu que le temps de fermer les yeux avant d’être réveillée en sursaut. Ils doivent profiter des instants de douceur parce qu’ils ne savent jamais s’étirer dans le temps, en démontre le réveil au milieu de la nuit qui devient rapidement le sien. Lily n’en veut pas à son petit-ami, bien loin de là, et une fois a-t-elle pris le temps de se remémorer d’elle même où est ce qu’ils sont qu’elle tente de s’occuper de lui. Elle se redresse sur ses avant bras et pose aussitôt ses doigts sur les bras du Beauregard et son dos dans le but de le rassurer autant que pour qu’il se rende compte de sa présence. “Je suis là, Ez. Je suis là.” Une main reste dans son dos et l’autre cherche à se nicher entre ses doigts agités et en sueur. S’il doit avoir quelque chose à quoi se raccrocher, elle préfère que ce soient ses doigts, quitte à ce qu’il les lui serre plus que de raison au passage, elle ne s’en formalisera pas le moins du monde. Le voir dans un tel état lui brise le cœur à tel point qu’elle se sente mal à son tour, quand bien même les cauchemars et autres terreurs n’ont pas été siens - pas cette nuit, en tout cas. Ses lèvres viennent rapidement rejoindre la chorégraphie délicate, se posant une fois contre son épaule avant de remonter près de sa joue. Elle dégage de ses pouces les larmes qui agitent et déforment son si beau visage. “Tout va bien. Tu es en sécurité.” La brune sait que le problème ne réside pas essentiellement là dedans et que finalement c’est sûrement la dernière chose à laquelle il pense mais aux yeux de la pharmacienne, c’est sa priorité. Au-delà de tous les problèmes qui viennent tourmenter la vie de l’Australien, elle a besoin de lui dire qu’il est en sécurité ; ainsi au moins elle aura l’impression que c’est véritable. Ses doigts glissent entre les siens alors qu’elle respire profondément pour eux deux, lui montrant silencieusement la marche à suivre pour qu’il se sente petit à petit un peu mieux. Elle voudrait pouvoir lui proposer un remède miracle pour qu’il soit heureux mais force est de constater que depuis le temps, aucun n’a été découvert. “Respire. C’est un mauvais cauchemar.” Cauchemar qui aura ressemblé à des souvenirs bien réels, elle ne le sait que trop bien, mais elle a aussi besoin de le rassurer du mieux qu’elle peut en restant à ses côtés, encore et toujours.

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C'était comme si rien autour de lui ne voulait lui indiquer où il se trouvait, comme si l’univers venait se moquer ouvertement - une fois de plus - de lui en le laissant patauger dans un réveil compliqué. Ses mains tâtait les draps à la recherche de la moindre forme se trouvant l’instant d’avant dans ses rêves, son souffle tentait de revenir à la normale alors qu’il en avait été privé surement un brin trop longtemps. « Je suis là, Ez. Je suis là. » Les mains de la jeune femme vinrent au contact de sa peau, vinrent tenter de l’ancrer de nouveau dans la réalité. Il eut un petit sursaut, Ezra, en sentant la peau de la jeune femme sur la sienne - mais, surtout, en entendant la voix de Lily.

Dans ses rêves, ce n’était malheureusement pas elle qui se trouvait à ses côtés.

« Tout va bien. Tu es en sécurité. » Les lèvres de la jeune femme eurent le temps de parcourir plusieurs parcelles de sa peau avant qu’il ne réussisse à venir faire le moindre geste. Ses doigts vinrent se raccrocher à ceux de Lily, hésitant dans un premier temps, puis de façon plus certaine. Son souffle vint ralentir quelque peu, assez pour que le changement puisse être perceptible par toute personne étant proche du jeune homme. S’il ne savait se situer avec précision dans la réalité, il pouvait au moins reconnaître sans l’ombre d’un doute celle qui se trouvait à ses côtés. Ce n’était pas elle, mais il savait désormais que c’était Lily qui tentait de le faire revenir parmi les vivants, parmi les conscients. La nuit n’avait été de repos que pendant une courte durée; cela avait trop bien commencé et était trop beau pour que ça puisse perdurer. A tout autre moment, peut-être, pas ce week-end. « Respire. C’est un mauvais cauchemar. » Il tentait de son mieux Ezra, pour de vrai. Il tentait d’arrêter d’avoir les pupilles qui sautaient dans chaque recoin de la pénombre comme si quelque-chose - ou quelqu’un - allait en ressortir comme par magie. Il tentait d’avoir le coeur un brin moindrement en berne, lorsque ce dernier ne pouvait s’empêcher de brûler l’intérieur de sa poitrine. Il essayait, d’une force qu’elle ne pouvait voir à l’oeil nu, de faire tout ça.

Mais c’était beaucoup demandé, et un soucis persistait dans tout ça - un soucis que Lily ne pouvait voir. Alors, il vint passer ses bras autour du corps de la jeune femme, vint tirer sa silhouette contre lui, enfouissant son visage dans son cou. S’y cachant, s’y réfugiant. Au moins, sa respiration saccadée porterait son odeur. Parce-que le soucis dans ce réveil nocturne n’était pas d’avoir fait un mauvais cauchemar. Oh, il savait s’en débrouiller de cette partie là de ses songes. Ce qu’il se passait à chaque coup était bien pire, et les larmes qui semblaient remplacer celles effacées l’instant d’avant par Lily venaient prouver ce qu’il s’apprêtait à révéler à haute voix - à demi-mots. « C’était pas un cauchemar… » Ses mots étaient quelque peu étouffés par ses lèvres collées à la peau de la jeune femme, mais elle n’aurait de peine à le comprendre, à le percevoir à travers tout ça. « C’était des souvenirs. » Et c’était là que le bas blessait. Si vous n’aviez plus peur de faire des cauchemars et que ces derniers se retrouvaient composés de vos propres souvenirs, que vous restait-il pour affronter la nuit noire, une fois la lune hissée dans le ciel ?

Le fait que la main de l’australien écrase les doigts fins de sa petite-amie n’est en rien un problème pour elle. Au contraire. Elle préfère savoir qu’il est là, qu’il est avec elle, qu’il a assez de force et qu’il ressent encore - même si, pour le moment encore, ce ne sont que des sentiments négatifs. Le voir ainsi est bien la dernière chose qu’elle apprécie en ce monde mais elle sait qu’il lutte de toutes ses forces, elle le voit. Il tente de se contrôler, il tente de faire au mieux pour le monde entier et, en parallèle, il tente aussi de la réparer, elle. N’importe qui aurait pu prédire qu’il ne pourrait pas remplir tous ses objectifs comme il le désire et quand bien même, il n’abandonne pas pour autant. Pour ces raisons comme pour bien d’autres, Lily sait qu’à son tour elle ne l’abandonnera jamais et qu’elle continuera de rester à ses côtés, même quand il clamera haut et fort n’avoir besoin de personne. Un jour, elle espère que ce sera la vérité pleine et entière. Ce soir encore, c’est loin d’être le cas et elle partage sa peine, bien malgré elle.

Son corps se plie aux désirs qu’il exprime muettement et elle lui fait une place contre son cou, ramenant à son tour ses mains derrière ses oreilles pour finalement caresser doucement son crâne dans le but de le rassurer. Sa tête, elle, se pose au-dessus de la sienne, tel un parfait cocon protecteur pourtant peu efficace. « C’était pas un cauchemar… » Et elle sent désormais ses larmes contre sa propre peau, Lily. Le faible souffle de l’homme contre sa peau lui fait sentir la différence, alors ses mains reprennent leur place sur ses joues pour calmer ce trop-plein d’émotions. Si ce n’était pas un cauchemar (ce qu’elle craignait), alors elle a déjà la mâchoire serrée avant même qu’il ne continue et aille au bout de ses pensées, et surtout de ses mots. « C’était des souvenirs. » Les dernières syllabes sont étouffées sous le bruit du baiser qu’elle porte à sa tempe. Elle n’a pas besoin d’entendre le mot en entier, elle a déjà compris. Elle a déjà vécu, aussi, et elle a peur que ce soit déjà arrivé lorsqu’elle n’était pas là. Sa main libre cherche à se frayer un chemin entre les doigts contractés d’Ezra, elle tente sans un mot et à son échelle de trouver des solutions à des problèmes insolvables. “Tu ne peux plus rien y changer, Ez.” Elle n’aura pas l’audace de dire qu’il doit tourner la page et oublier parce qu’elle sait que c’est impossible et que ce ne serait pas même la meilleure chose à faire, alors elle fait de son mieux pour trouver des alternatives. Il n’y a pas de solution miracle, pourtant, et ce n’est pas faute de l’avoir longtemps cherchée. “Je t’aime. Je t’aime tellement. Je laisserai jamais rien de mal t’arriver à partir de maintenant.” Elle se confère des pouvoirs qu’elle n’a pas, Lily, et ce n’est pas l’envie sincère de le protéger qui lui manque. Ses sentiments pour lui n’ont pas réellement de rapport mais elle souhaite souligner que ses souvenirs / cauchemars du passé ne sauraient se reproduire et que le futur sera forcément plus beau pour lui, parce qu’il le mérite et qu’on a toujours appris à la jeune femme que les bonnes personnes seront récompensées. Un jour son tour viendra, c’est certain.

Elle se balance à peine d’avant en arrière, sans même s’en rendre compte. Ses instincts reprennent le dessus et son besoin de le savoir en sécurité a pris une place prépondérante dans sa vie, désormais. “C’est pas de ta faute, tout ça.” Rien, absolument rien n’est de sa faute.

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Les larmes s’en venaient bien davantage que de raison et pourtant, pour une fois, il ne tentait en rien de les cacher. Déjà, parce-que cela serait impossible et mission vouée à l’échec avant même d’avoir commencée - Lily avait déjà aperçu l’étendue des dégâts -, mais aussi parce-qu'il ne désirait en rien lui cacher, à la jeune femme. Il n’avait plus la force, il n’avait plus l’envie; il avait juste besoin de sentir son odeur et la chaleur de sa peau contre la sienne. Il avait besoin de s’ancrer de nouveau à l’instant présent et il ne saurait le faire autrement qu’en sentant la présence de la jeune femme aussi près de lui que possible.

« Tu ne peux plus rien y changer, Ez. » Elle se voulait rassurante dans chacune de ses paroles, la Keegan, et ce serait mentir de dire qu’elle ne réussissait pas au moins un minimum sa mission. Les effets n’étaient pas immédiats ou grandioses, mais Ezra savait que dans le fond sans ces quelques mots, il ne saurait pas relever la tête hors de l’eau. Elle était sa bouée de sauvetage dans cette mer immense et noire qu’étaient ses souvenirs. Sans elle, il resterait à tout jamais à la dérive - malgré le temps déjà écoulé depuis les événements. « Je t’aime. Je t’aime tellement. Je laisserai jamais rien de mal t’arriver à partir de maintenant. » Son étreinte vint se resserrer aussi doucement qu’il lui était présentement permis autour du corps de la jeune femme, alors que son coeur ne semblait faire autrement que se serrer également un brin de son côté. « Je sais… » Les quelques mots qu’il vint laisser échapper dans un soupire. Il l’aimait aussi, Lily - mais il s’attardait bien plus davantage en cet instant sur le fait qu’elle ne désire pas le mal lui arriver de nouveau, et qu’elle était prête à toujours faire en sorte de résoudre ses soucis à lui quand il savait que les siens n’étaient jamais bien loin également. Dans le malheur, ils étaient l’un pour l’autre le meilleur soutien. Dans le malheur, cependant, il restait tout de même le malheur en lui-même et il était des plus compliqués à mettre de côté, au milieu de la noirceur de l’heure avancée - malgré tous les efforts qu’Ezra consentait à mettre dans cette opération.

« C’est pas de ta faute, tout ça. » Les doigts d’une des mains du jeune homme traçaient presque machinalement des cercles dans le dos de Lily, là où il était pourtant celui qui avait besoin d’être rassuré. Et il tentait, vraiment, de croire en ses paroles. Qu’il voulait qu’elle ait mille fois raisons, que rien de tout ça ne soit de sa faute - mais c’était tenter de prêcher un convaincu du camp adverse. Elle lui répétait souvent, Lily, que la faute n’avait rien à faire sur ses épaules - ce n’était pas pour autant qu’il y croyait déjà dur comme fer. « Peut-être… » Mais même si ce n’était pas de sa faute, il n’empêchait que présentement, il était celui ramassant les pots cassés. Et s’il était celui malheureux dans cette affaire, peut-être qu’une partie des raisons devait forcément lui revenir alors - non ? « Je peux juste pas m’empêcher d’y penser… » Il lui en fallait, du courage, pour venir mettre des mots sur ses maux. Il sentait la boule qui ne cessait de se faire pressante dans sa gorge, là, à lui pourrir sa nuit en l’étouffant de ses propres ressentis et sentiments. Parce-que si ses pensées restaient, justement, de simples pensées peut-être qu’im pourrait s’en sortir presque de façon correcte. Cependant, elle venait se traduire en sentiments et physiquement se faire ressentir par la suite - le stress, les insomnies, le coeur en miettes. Et comme il ne pouvait s’empêcher d’y penser, il ne pouvait s’empêcher de ressentir à la suite.

Après à être resté un instant de plus silencieux, à se concentrer sur sa respiration pour la rapprocher un maximum de la normale, Ezra vint déposer un baiser contre la peau du cou de la jeune femme. Il n’était pas remis de ses émotions, loin de là, mais il sentait doucement mais surement la présence de Lily venir faire effet sur lui. Il réussissait au moins à avoir quelques pensées cohérentes et à faire fuir quelques images dans son esprit qui venait lui rendre brouillé. « C’était peut-être pas une bonne idée de venir ce weekend, je suis désolé… » Qu’il vint cependant murmurer, avouer, à demi-mots. Il pensait que sortir de la ville et de leurs habitudes en ce weekend si particulier lui permettrait de souffler sur les souvenirs pour les voir disparaitre comme de simples flammes sur le gâteau d’anniversaire qu’il s’était refusé à avoir cette année. S’il faisait quelque-chose d’autre pour distraire ses pensées, tout devrait mieux se passer - non ?

C’est Ezra qui continue encore et toujours à s’occuper d’elle alors que la jeune femme ne demande qu’à échanger les rôles et lui faire comprendre que des deux, elle n’est pas celle qui est le plus à plaindre en ce moment. Elle n’est pas heureuse comme elle le voudrait, c’est vrai, mais la simple présence du brun dans sa vie suffit pour qu’elle continue à vouloir se battre pour un avenir meilleur. Il a perdu un enfant bel et bien né et cela n’est pas comparable à elle et au sien qui n’a même jamais eu le temps de se former dans son ventre. Si quelqu’un devait caresser l’autre de douces caresses dans son dos, ce devrait bien être le rôle de la pharmacienne et non le sien. Elle se doute pourtant que ce n’est qu’un moyen de plus pour lui de se rassurer et Lily le laisse donc faire, agissant à son tour à grands coups de baisers contre sa mâchoire et d’un pouce éternellement occupé à caresser ses côtes pour le rassurer. « Peut-être… Je peux juste pas m’empêcher d’y penser… » Et cela ne changera sans doute jamais. Sa tristesse n’est pas de celles qu’on peut éponger en la remplaçant par d’autres souvenirs un peu plus joyeux, un peu moins pathétiques. Elle sait qu’il n’oubliera jamais ce qu’il s’est passé dans sa vie et ce n’est pas même une chose qui serait préférable. Il doit apprendre à faire avec, aussi douloureux cela puisse-t-il être. “Je sais, Ez, je sais.” La jeune femme souffle doucement, conciliante. Personne n’oubliera jamais, surtout pas lui, c’est évident. Elle se raccroche simplement au besoin de voir le cours de ses larmes lentement s’assécher et son visage retrouver peu à peu de sa superbe qu’elle arrive toujours à discerner, même en cet instant.

Son baiser contre sa peau la fait sourire silencieusement mais les mots qu’il prononce à la suite n’ont rien d’aussi apaisants. « C’était peut-être pas une bonne idée de venir ce weekend, je suis désolé… » Les doigts de la jeune femme remontent contre ses joues pour venir y chasser les derniers vestiges de sa tristesse alors qu’elle préfère lui donner de quoi s’occuper en observant le bleu de ses yeux. Il y trouvera l’espoir d’un avenir meilleur, il y trouvera la foi, il y trouvera une force puisée on-ne-sait-où tant pour eux deux que pour elle-même. “Hey, on a tout le week-end pour nous encore, justement.” Ils n’ont passé qu’une seule soirée à la montagne et jusque-là ils avaient même été plutôt doués pour agir comme si de rien n’était. Lily ne doute pas un seul instant que la prochaine nuit sera meilleure et surtout, qu’elle ne sera entre-coupée d’aucun cauchemar de sa part - ni de la sienne propre. Ce n’est pas parce que les vieux démons viennent soudainement de se rappeler à lui qu’ils doivent tout abandonner. Elle ne peut pas laisser une telle chose se produire tout comme elle ne peut pas le laisser douter. “On va pouvoir vérifier si le jacuzzi marche toujours aussi bien, on pourra aller voir le coucher de soleil, on ira au restaurant rien que pour la carte des desserts.” Elle a une liste enfantine de tout ce qu’ils ont encore à faire et de tout ce qui les aidera à ne pas penser à ce qui lui tiraille le cœur et en fait des miettes à chaque jour de sa vie. “On doit appuyer sur tous les boutons de la douche aussi, et on doit essayer de faire un feu parce que je repars pas sans ma photo.” Ses doigts ramènent doucement ses cheveux sur son crâne pour laisser son front libre, pour la laisser veiller à ce que sa température redescende aussi. “Je regrette pas d’être venue avec toi.” Ce weekend est une bonne chose, elle ne peut pas laisser les doutes l’accabler plus que de raison. Sur ce sujet au moins, il n’y a pas à douter un seul instant. Ils avaient tous les deux affreusement besoin de s’éloigner de la ville et de ses tourments pour quelques heures, tout comme ils avaient besoin de prendre une pause. Le téléphone de Lily est au fond de son sac, éteint, celui d’Ezra est sur sa table de chevet à elle, paramétré pour sonner pour un très faible nombre de numéros - ou d’inconnus appelant, au hasard, d’un pays tel que l’Angleterre. “Je sais que tu ne vas pas oublier pour autant mais tu mérites d’être heureux.” Ce weekend n’est pas une fin en soi, ce n’est qu’une étape de plus à franchir pour qu’ils puissent atteindre leur but.

Sans jamais poser le moindre pied au sol, la jeune femme se replace sur le lit pour venir retrouver sa place initiale. Elle intime Ezra à en faire de même d’un signe de main alors que tout ce dont elle a envie c’est qu’il puisse se blottir contre elle, qu’elle le rassure de caresses rassurantes entre ses cheveux pour enfin sentir peu à peu son souffle se poser et le sommeil le gagner à nouveau. Il en a terriblement besoin et à son tour, elle ne retrouvera pas Morphée tant qu’elle ne sera pas assurée qu’il l’a fait avant elle. "Tu dois penser à toi aussi." Parce qu'elle ne veut pas qu'il lui arrive du mal et, surtout, parce qu'elle ne pourrait pas tolérer que ce soit le cas. Ses proches ne sont plus là mais lui, oui.

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an de grâce 2010.
@lily mcgrath

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« Hey, on a tout le week-end pour nous encore, justement. » Ils avaient encore tout le week-end et pourtant, Ezra avait l’impression que ce dernier serait inlassablement teinté de ce voile de tristesse qui venait présentement jeter une ombre sur son coeur. « On va pouvoir vérifier si le jacuzzi marche toujours aussi bien, on pourra aller voir le coucher de soleil, on ira au restaurant rien que pour la carte des desserts. » Ils pourraient faire toutes les gamineries du monde, juste parce-qu’ils le désiraient ou qu’ils en avaient simplement la possibilité. Ils pourraient courir à perdre haleine pour ensuite se laisser rouler dans la moindre parcelle d’herbe ou de sable qui se trouverait à leur portée. Ils pourraient venir acheter les jeux gonflables les plus immondes afin de tous les tester dans la piscine le lendemain et en rire jusqu’à avoir mal aux mâchoires. « On doit appuyer sur tous les boutons de la douche aussi, et on doit essayer de faire un feu parce que je repars pas sans ma photo. » Du moment que la photo qu’elle désirait ne devait pas comporter la vérité et uniquement la vérité, elle devrait pouvoir l’obtenir plutôt facilement. Du moment qu’elle ne lui demandait pas d’être dessus et de sourire de toutes ces dents, de montrer cette vague de bonheur qui ne réussissait pas à grandir en lui - ils devraient s’en sortir; ou en tous cas Ezra pensait pouvoir s’en sortir jusque maintenant mais il fallait croire que mêmes son subconscient s’était mêlé à la danse afin de venir lui rappeler ses démons à tout moment.

« Je regrette pas d’être venue avec toi. » Les paroles de la jeune femme, ainsi que la douceur de ses doigts se mêlant à ses cheveux, vinrent faire relever le regard d’Ezra dans sa direction. Et là, son coeur réussit à se serrer encore une fois supplémentaire. L’attitude qu’il adoptait présentement en lui plaisait en rien; il n’aimait pas se montrer si vulnérable devant quiconque mais Lily faisait partie du peu d’exceptions. Il n’aimait pas se donner en spectacle comme si sa vie à lui était plus misérable que le reste du monde, lorsqu’il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Mais surtout, il ne voulait en aucun cas que ce type de comportement vienne remettre en question ses intentions de base. Il n’était pas sûr que venir en week-end n’avait été l’idée la plus brillante, mais simplement parce-que le week-end en question n’était pas le mieux choisi sur le calendrier. Il n’était pas sûr que partir quelques jours à cette période là soit la solution mais en aucun cas il remettait en cause l’idée d’avoir pris cette initiative avec Lily. Elle était le soleil de ses nuits sans fin depuis les derniers mois, et il ne remettrait pour rien en cause cette idée là. « Lily… » Il laissa s’échapper doucement un petit soupire, attristé à l’idée qu’elle puisse penser qu’elle était l’élément perturbateur de cette virée en amoureux. Elle n’était perturbatrice dans aucun scénario de sa vie. « J’aurais voulu partir avec personne d’autre. » Ses mots étaient murmurés, du bout des lèvres comme s’il hésitait presque à les prononcer - bien qu’ils en viennent à contenir l’unique vérité qui importait présentement. Il n’aurait pu se permettre réellement de partir en weekend avec quelqu’un d’autre que Lily, car personne ne le comprenait comme elle ces derniers temps. « Je sais que tu ne vas pas oublier pour autant mais tu mérites d’être heureux. » Mériter d’être heureux - était-ce une tournure de phrase adaptée pour lui ? Il n’en était en rien convaincu, même si la jeune femme venait lui répéter régulièrement pour le convaincre de toutes ses forces. Le bonheur lui avait échappé, lui avait glissé d’entre les doigts et désormais, le rattraper, l’agripper, lui semblait être mission impossible.

Et puis, sans ajouter un mot, la demoiselle était venue se replacer dans le lit. Elle était venue attraper d’abord les mains d’Ezra, puis ses bras, sa mâchoire et tout endroit qui lui permettait de rapprocher son corps du blond plus près du sien. Il s’était laissé faire, le Beauregard, avait laissé les doigts de fée de Lily venir lui indiquer la démarche à faire. Il avait davantage confiance en ses gestes à elle qu’en ses pensées à lui, et savait qu’elle lui indiquait la façon de faire qui lui serait d’autant plus profitable. Même s’il devait se faire violence pour intégrer ce qu’elle lui disait - les mots rejoignaient les gestes, mais il n’y avait que ces derniers qu’il semblait comprendre. « Tu dois penser à toi aussi. » Un petit soupire, tout sauf confortable, quelque peu moqueur si on tendait assez l’oreille, se fraya un chemin entre ses lèvres. Ses bras s’étaient, comme par réflexe, enroulés entour de la taille de Lily et son visage était venu se réfugier dans le creux de son cou. La chaleur émanant de sa peau avait quelque-chose d’apaisant, de rassurant. Ce n’était pourtant pas suffisant pour apaiser son coeur - les paroles venant entraver le rôle des gestes, une fois de plus. « C’est quand je fais ça que c’est pire… » Les larmes avaient cessé de couler mais la peine s’entendait toujours à travers ses mots. S’il était dans cet état là présentement, c’était justement parce-que pour une fois il s’était octroyé du temps pour lui, pour son esprit et son coeur, et non pour tenter de palier à autre chose - ou tout du moins, c’était ce qu’il pensait. S’il avait embarqué Lily avec lui à la montagne, en escapade, c’était pour ne pas être seul en ce weekend qui aurait du être célébration d’anniversaire. Il avait fui quelque-chose qui lui rappelait quelqu’un d’autre, il avait fui une réalité qu’il préférait ignorer la plupart du temps qu’affronter. « Ca devait être un weekend heureux du début à la fin. » Ses mots étaient toujours prononcés avec une voix si basse qu’il fallait tendre l’oreille pour ne rien manquer. De l’épuisement physique que lui provoquait la fatigue ou de l’idée de s’alléger un peu le coeur, il ne savait quelle était la motivation principale à cette porte s’ouvrant sur ses pensées, juste un peu, suffisamment pour qu’il parle davantage. « Je devais prendre un an sans prise de tête, ce weekend. » Ou à quelque-chose près - il devait en tous cas passer ce weekend fatidique sans encombre.

« Lily… » C’est pas grave Ezra, tu n’as rien à justifier. « J’aurais voulu partir avec personne d’autre. » Il le pense peut-être mais elle sait que c’est faux. Elle sait qu’il aime encore profondément Ginny, elle sait qu’il aime cet enfant qu’il n’a jamais vu. Ce serait mentir que de dire qu’elle vit très bien avec tout ça, mais au moins elle le comprend. Elle qui rêve d’élever un enfant plus que tout, elle ne peut que comprendre à quel point la vie doit être bien difficile pour lui. Tout lui est tombé dessus sans prévenir et il a tout géré de front avec brio, jusqu’à ce que tout s’efface et s’en aille tout aussi rapidement. Leur duo brisé est loin d’être le parfait cataplasme pour faire face à ces événements mais il lui permet au moins de serrer le brun dans ses bras et de lui répéter qu’elle l’aime sans jamais avoir à lui mentir ou à forcer quoi que ce soit. Ça, au moins, cela ne disparaîtra jamais réellement et d’une façon ou d’une autre, elle sait qu’ils seront toujours là l’un pour l’autre. Ses doigts glissent contre son crâne brûlant, jouant doucement de ses cheveux en même temps que s’y déposent ses baisers.

La jeune femme est rassurée de le sentir passer ses bras autour d’elle, bien plus parce que cela signifie qu’il reste toujours le même et ses habitudes avec que parce qu’elle a besoin d’être rassurée. Dire qu’elle va bien serait un mensonge mais elle peut au moins affirmer aller mieux que lui, en cet instant en tout cas. Loin d’être un concours, elle aimerait pouvoir drainer sa peine pour qu’ils soient au moins ex aequo, si ce n’est laisser Ezra être le grand gagnant de ce concours de bonheur. « C’est quand je fais ça que c’est pire… » La jeune femme respire difficilement contre ses cheveux alors qu’elle note mentalement ses erreurs pour ne plus jamais risquer de les commettre à nouveau. S’il ne peut pas penser qu’à lui même sans être triste, alors elle lui donnera de nouveaux objectifs, elle l’amènera dans cette association à laquelle elle participe, elle lui apprendra à cuisiner, elle lui enverra chercher des truffes dans un endroit où elle sait qu’il n’en trouvera pas. Peu importe, ce ne sont pas les idées qui manquent, surtout pas pour une enfant qui a passé une vie entière à se voiler la face devant toutes choses. « Ça devait être un weekend heureux du début à la fin. » La réalité peut être modifiée, elle n’est pas une fin en soi. Elle lui apprendra, elle se le promet. Ce ne seront que des mensonges mais ils seront parfaits, ils feront du bien, ils lui donneront le sourire. “Le début l’était. La fin n’est pas encore arrivée.” Alors elle murmure à son tour, jouant sur les mots pour mieux faire mine de ne pas avoir compris ce qu’il veut dire : ce qu’il se passe entre le début et la fin n’appartient qu’à eux. « Je devais prendre un an sans prise de tête, ce weekend. » Lily serait la première à adorer que la théorie colle parfaitement à la pratique, surtout pour ceux qu’elle aime, mais force est de constater que Dieu n’a toujours pas dû recevoir le mémo. “Demain sera un nouveau jour.” Elle se déteste d’en être réduite à lui dire ça alors qu’elle est toujours incapable de pouvoir lui promettre qu’il sera heureux et que tout ira bien. Ce n’est pas faute d’essayer, pourtant, mais la parfaite Lily à qui tout réussit ne sait qu’essuyer les échecs les uns après les autres. Un jour elle comprendra peut-être que deux être brisés à ce point ne peuvent pas s’aider en même temps, peu importe à quel point leurs intentions sont louables et leurs esprits bien intentionnés. Ce sont des histoires dignes de contes de fées et plus le temps passe, plus elle perd espoir en leur réelle existence. “On s’habitue à la douleur, à force, et après on recommence à se réjouir des choses du quotidien.” Elle n’est pas la mieux placée pour donner des conseils à qui que ce soit mais pour avoir connu bien des épreuves dans son passé déjà, Lily peut au moins tenter de les appliquer au présent et plus particulièrement à celui du Beauregard. Personne n’a dit que ce serait rapide et facile et il sait sûrement bien mieux qu’elle qu’il connaîtra bien des bas avant de pouvoir sourire sans se forcer à nouveau, mais ça en vaut la peine. Ça au moins, elle en est certaine. “Tu peux te rendormir. Je reste là.” Elle le réveillera dès qu’elle observera le moindre signe d’un mauvais rêves - de mauvais souvenirs - et elle lui racontera n’importe quelle anecdote stupide, elle le fera réviser une recette au hasard qu’elle tente de lui apprendre alors qu’il oublie toujours tout d’une fois à l’autre. S’il ne veut pas penser à lui-même alors elle le fera à sa place, pendant autant de temps que nécessaire.