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 The truth untold x Geo

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Message(#)The truth untold x Geo EmptySam 14 Nov 2020 - 14:54

THE TRUTH UNTOLD
« Merde ! »
Andrew lâcha le plat brûlant qu’il avait dans le main sur le plan de travail. Il avait mal jaugé la température du four, visiblement, et avait manqué de finir avec la paume de la main complètement brûlée en sortant ses frites. Il leva la tête, jetant un coup d’oeil à la petite tête blonde qu’il avait exceptionnellement ramenée chez lui et installée sur la chaise du bar.
« Ne t’avise pas de répéter une seule fois le mot que je viens de dire, Bonnie, ça serait vraiment très mal ! »
Il agita son torchon devant elle. Mais Bonnie, trop occupée à gribouiller ce qui semblait ressembler à un personnage avec ses crayons de couleur - à vrai dire, Andrew avait plus l’impression qu’elle avait esquissé une pomme de terre avec des bras - n’avait même pas daigné lever les yeux vers lui. En temps normal, il n’était pas vraiment recommandé de ramener des enfants du centre chez soi. C’était même carrément interdit. Mais avant de quitter le travail, Bonnie avait refusé de lâcher Andrew. Elle avait tellement pleuré et crié que tout le personnel en était arrivé à la conclusion que, pour une fois, ce n’était pas forcément dramatique qu’elle passe la nuit chez Andrew. Ça cassait un peu ses plans pour la soirée, à vrai dire. Mais il était content de l’avoir avec lui. En la portant pour la descendre du siège auto qu’il avait installé en quatrième vitesse, il avait été transporté quelques 25 ans en arrière, avec Mia. Les mêmes petites bouclettes, la même façon de s’exprimer. Il était ravi de pouvoir s’en occuper un peu. Sur le chemin, il lui avait expliqué une bonne dizaine de fois que c’était exceptionnel, que demain elle devait absolument retourner au centre, que sa maman allait s’inquiéter - si elle daignait un jour remettre les pieds au centre.
Andrew installa deux assiettes  et des couverts sur la table basse du salon. Il sortit deux bouteilles de bière du frigo. Il s’attarda de nouveau sur Bonnie, cette fois-ci très appliquée dans la conception d’un semblant d’animal - encore une fois, une patate avec des bras.
« Tu pourras rester un peu avec nous, Bonnie, mais après, il faudra aller dormir. Et pas de crise, cette fois ? » Il posa les bières sur la table. « Sinon, tonton Geo se fera un malin plaisir à aller te coucher avec un coup de pied aux fesses ».
Le bruit de la sonnette de la porte d’entrée tira Bonnie de ses rêveries. Elle se laissa glisser le long de la chaise du bar et, avec ses petites jambes potelées, elle se dirigea bon an mal an vers la porte, gesticulant les bras pour qu’Andrew vienne ouvrir la porte. Ce qu’il fit rapidement, beaucoup trop pressé de retrouver son meilleur pote. Il se jeta presque dans ses bras, pour une accolade bien bourrue, comme ils savaient si bien le faire, sous les yeux perplexes de Bonnie, qui se demandait bien qui était ce grand gaillard chevelu qui venait de garer une moto bruyant devant la maison.
Geo. Leur histoire était à la fois compliquée et pourtant si simple et surtout, sincère. Il avait toujours été là pour lui. Il avait cherché son fils pour lui pendant des mois. Il l’avait accompagné au fin des Etats-Unis sur des fausses pistes. Il avait surveillé sa fille de loin et informé Andrew de toutes ses allées et venues et ses mésaventures. Il avait été son épaule pour pleurer quand il en avait besoin. Il n’avait jamais vraiment su ce que faisait Geo quand il ne s’occupait pas de lui. Et à vrai dire, il n’a jamais été vraiment sûr de vouloir. Mais il était content de pouvoir le retrouver à Brisbane. Il l’avait invité ici pour rattraper tous ces longs mois sans s’être vus. Pour parler de Mia, aussi, parce que leurs retrouvailles n’étaient pas un long fleuve tranquille et qu’il avait eu besoin de son son soutien. Toute la journée, il avait évité d’y penser, se focalisant sur le travail puis sur la préparation du repas du soir. Mais maintenant qu’il était arrivé, Andrew commençait à sentir les besoin de parler.
Il le laissa entrer chez lui.
« Ça change des piaules que j’avais aux Etats-Unis, hein ? »
A cinquante-et-un balais, il n’était pas peu fier de son chez lui. Il avait pendant longtemps eu une situation stable avec une grande maison pour sa famille et lui, et se retrouver tout seul dans des motels ou petits appartements avait été assez compliqué à gérer. Il montra d’un geste de la main le canapé, invitant son comparse à s’installer. Il en profita pour présenter la petite tête blonde qui s’était cachée derrière un des accoudoirs.
« Et je te présente Bonnie ! » Il eut un léger rire, prenant conscience que la situation pouvait paraître assez cocasse. « Rassure-toi, ce n’est pas un de mes énièmes enfants, je n’aurais pas besoin de tes services cette fois-ci ».
Il installa la petite avec ses crayons de couleur, et retourna s’asseoir sur le canapé avec Geo. Il ouvrit les deux bières, et trinqua avec lui.
« A nos retrouvailles ! »
A l’Australie, à Brisbane, à sa famille. A Mia, surtout. Plusieurs images et sons ne cessaient de lui revenir en tête : son visage entremêlé dans des fils, le bruit des couloirs de l’hôpital. Il culpabilisait encore énormément. Il ne voulait pas embêter Geo avec ses histoires, pas ce soir…Mais il ressentait tout de même le besoin d’en parler. Il avait laissé Mia faire ce qu’elle voulait : c’était à elle de décider si elle voulait revenir vers lui ou non. Lui n’insisterait pas. Mais il avait quand même ce besoin iridescent de savoir ce qu’elle faisait. Où elle était. Qui elle voyait. Et il espérait secrètement que Geo continuait à la surveiller. Pour pouvoir lui fournir toutes les informations dont il avait besoin. Les yeux brillants, il avala une gorgée de bière, avant de faire une tentative.
« Tu as des nouvelles de Mia ? Je veux dire…Tu sais si elle va bien, ce qu’elle fait ? »
S’il avait été attentif, il aurait pu percevoir le malaise qu’il venait de créer, encore une fois. Mais il était trop occupé à écouter le bruissement des crayons de couleur de Bonnie sur le papier et à se rappeler que Mia, elle aussi, adorait dessiner.

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Message(#)The truth untold x Geo EmptyDim 15 Nov 2020 - 1:18



@andrew mckullan & geo caulfield


Dire que Geo était quelqu’un de chanceux, ce n’était pas correct. Depuis toujours, il furetait entre les ennuis, nuance. Bien entendu, avec un taux de réussite plus ou moins certain. En tous les cas, il les évitait aussi soigneusement que possible. Pour cela, pas de recette miracle. Il n’avait pas d’amis et encore moins de famille, il ne restait jamais longtemps à un même endroit et restait toujours en retrait. Il n’est pas impossible que vous l’ayez déjà croisé sans vous en souvenir. Un type silencieux, une ombre parmi les hommes qui s’en va comme elle est venue. Voilà qui résumait plutôt bien Geo Caulfield. Enfin, tout ceci commençait à s’étioler lentement mais inéluctablement. Geo savait que tôt ou tard, tout lui sauterait à la figure. Cela avait déjà commencé.

L’accident de surf de Mia, les tensions au sein du Club et plus précisément avec Alec, les non-dits à Mia et Andrew… Le peu de personnes auxquelles il tenait, le peu qui l’aimaient suffisamment pour lui faire confiance, il leur mentait. Cette idée le mettait terriblement mal à l’aise. Ce n’était pas lui. Il savait qu’il devait dénouer les choses avant que tout ne devienne hors de contrôle. Mais c’était plus simple à dire qu’à faire.

Après des mois sans se voir, ce soir, Geo retrouvait Andrew McKullan. Ils étaient restés en contact, même à des milliers de kilomètres de distance, mais avaient tout de même du temps à rattraper. Il était le meilleur ami de Geo et réciproquement, après tout. Alors Andrew lui avait proposé de passer boire une bière et de dîner chez lui. Geo ne s’était pas fait prier.

Après son service à l’Emporium Hotel, il était rentrer se doucher et se changer. Il devait se rendre chez Andrew vers vingt heures. Bien entendu, Geo portait en lui un certain malaise, mais ce soir n’était pas le moment de parler de tout cela. Alors il prit une profonde inspiration et se mit en route. Il arriva devant une maison à Logan City après quelques minutes de route. Il laissa sa moto dans l’allée et sonna à la porte, le casque sous le bras. Andrew lui ouvrit, un grand sourire agrafé au visage. Sur le moment, Geo fut un peu décontenancé de l’accolade que lui donna son meilleur ami. Les bras en croix, il se ressaisit rapidement et rendit sa salutation à Andrew. Fait rare et notable, Geo souriait. Il souriait vraiment, à pleines dents. Il n’ajouta rien, il n’y en avait pas besoin. Il ne remarqua même pas le gnome malicieux qui le détaillait de la tête aux pieds.

Geo regarda tout autour de lui lorsqu’il rentra dans la demeure. Il faut dire que tout contrastait avec ce que Geo avait vu d’Andrew au paravent. En même temps, il avait cessé de courir. Du moins, il avait ralenti la cadence. Et cela se matérialisait également ici avec une lampe, une bibliothèque, un plat dans le four. Cela fit remonter certains souvenirs enfouis en Geo et, quelque part, éveilla une certaine jalousie. Lui aussi aspirait à arrêter de courir. Mais plus le temps passait, plus il se disait qu'il n'était pas au bout de ses peines. En tous les cas, la maison d'Andrew changeait des « piaules qu’il avait eu aux Etats-Unis », pour sûr. « Je ne savais pas que tu étais capable d’avoir du goût. » répondit Geo. Voilà bien longtemps qu’il ne l’avait pas charrié, celui-là. Il y a certaines choses qui ne changent pas. D’autres, cependant, si. Comme cette petite créature qui surgit de derrière le canapé lorsqu’Andrew prononça son nom. Bonnie, qu’elle s’appelait. Elle n’était toutefois pas sa fille. Il s’autorisa même une boutade sur le fait que, cette fois-ci, il n’aurait pas besoin de Geo pour lui venir en aide. Il ne répondit pas, regardant Andrew porter la fillette près du comptoir, où l’attendaient feuilles et crayons de couleur. « T’es du genre à rapporter du travail à la maison, toi, maintenant ? » Lui demanda-t-il en s’asseyant sur le canapé. Il ne perdait pas la gamine de vue. Cette scène était plutôt curieuse à voir. La fillette, aussi interloquée que Geo, lui décocha un timide regard. Geo leva la main pour la saluer et lui adressa un semblant de sourire. Visiblement, Bonnie n’était pas vraiment d’humeur bavarde. Elle détourna aussi sec le regard et le peu d’assurance de Geo vis-à-vis de ce petit être retomba comme un soufflé. Il leva les yeux au ciel et s’enfonça dans le canapé. Andrew le retrouva un instant après et ils trinquèrent à leurs retrouvailles.

Le bruit des bouteilles en verre s’entrechoquant retentit, ce qui ramena Geo un peu plus de cinq ans en arrière. Il bu une gorgée de bière avant de se redresser, prit d’une illumination. « Ah, ça me fait penser… » commença-t-il. Il ouvrit sa veste et en extirpa un sachet en kraft froissé. A l’intérieur, une des meilleures bouteilles de whisky japonais qu’il avait été donné à Geo de goûter. Il n’avait pas regardé à la dépense pour Andrew. Il tenait à rectifier ses goûts discutables en matière de boisson, et puis, il se disait qu’ils en boiraient probablement une majorité ensemble. « Tiens. » conclut-il sans plus de cérémonie. On parle de Geo Caulfield, après tout. Il déposa le sachet fermé sur la table basse.

C’est à ce moment-là qu’Andrew déballa le sujet de Mia. Son regard se baladant par moment sur la petite Bonnie qui s’affairait à son art fit germer un songe dans l’esprit de Geo. Andrew cherchait-il à rattraper quelque chose à travers cette petite ? Il secoua la tête pour chasser cette idée. Là n’était pas le débat. « Si tu veux continuer cette discussion, on va devoir parler affaire avant, toi et moi. » répondit-il en tentant un peu d’humour. La vérité, c’est qu’il était incapable de mentir à Andrew, alors il usait de subterfuges pour orienter la discussion sur un autre sujet. Il avait menti à Andrew une fois, au Mexique. Cela avait été grandement facilité  par le fait que ce soit Mia qui en fasse la demande, mais aussi la distance qui les séparait et cette foutue intuition qui lui murmurait « Reste avec elle ». Si pour rien au monde il ne désirait changer cette décision, il fallait reconnaître qu’il commençait lentement à en payer le prix. Et l’addition était terriblement salée. C’était malsain, c’était reculer pour mieux sauter, mais pour le moment, il préférait repousser l’échéance. Conserver ce moment paisible et hors du temps. Ils se faisaient trop rares, depuis quelques temps. « Tu comptes m’expliquer pourquoi tu as embauché une cuisinière haute comme trois pommes ou… ? » Il ne termina pas sa phrase. Vu les étincelles qu’avait eu Andrew dans les yeux quand il lui avait présenté Bonnie, Geo mettait sa main à couper qu’elle n’était pas qu’une simple gamine de son centre d’aide. D’une part, cela éveillait sa curiosité. D’autre part, il préférait voir son meilleur ami sourire que se ronger les sangs.
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Message(#)The truth untold x Geo EmptyDim 22 Nov 2020 - 17:04

THE TRUTH UNTOLD
Andrew et Geo. C’était un peu comme Bonnie et Clyde. Batman et Robin. Les dix doigts de la main. Enfin, vous voyez le genre, quoi. Inséparables, toujours à s’arranger pour faire les quatre-cents coups ensemble. Alors voir son meilleur ami dans son salon, dans son chez-soi, qu’il avait mis si longtemps à acquérir, ça lui mettant un peu de baume au coeur. Il n’aurait vraiment su dire pourquoi, au fond. Il avait comme la sensation d’être posé, d’avoir atteint quelque chose, d’être arrivé au bout de la ligne. Alors même s’il se sentait toujours un peu vide, par moments, il avait quand même réussi à atteindre un semblant d’accomplissement en arrivant à poser ses valises ici. La remarque de Geo sur son sens du goût lui arracha un petit rire. « Je n’ai aucun mérite, les anciens propriétaires avaient laissé traîner un catalogue de décoration intérieure, je crois que j’ai piqué la plupart des idées là-dedans… ». Il disait ça pour faire marrer son meilleur ami, mais au fond, c’était presque vrai. Il n’avait jamais vraiment eu un sens artistique très développé et c’était pire quand il s’agissait de choisir quels rideaux iraient le mieux avec le tissu du canapé. Internet et quelques catalogues l’avaient bien aidé sur ce coup là. Il eut un petit pincement au coeur en se disant qu’il aurait bien aimé que Mia soit là. Elle qui adorait dessiner, elle aurait très certainement pu lui faire quelques croquis pour qu’il agence au mieux sa maison. Elle l’aurait très certainement accompagné faire des emplettes. Il la revoyait dans les allées des magasins de meubles, quand ils avaient pris la décision de refaire la décoration de sa chambre, il y a quelques années. Le jeune fille avait pris un malin plaisir à lever les yeux au ciel et à soupirer quand son père lui montrait des objets qui, visiblement, n’avaient aucun valeur ornementale. Andrew fut tiré de ses pensées par Geo, qui lui fit une remarque sur la petite Bonnie. C’était loin d’être du travail, mais plutôt une grande partie de plaisir que de s’occuper de la petite. Il s’émerveillait de la voir découvrir le monde de ses yeux d’enfant, et il appréciait de plus en plus être celui qui lui apprenait tout un tas de choses. Il avait déjà prévu mille et une activités avec elle, pour maintenant ou pour plus tard : du bricolage, du surf, de la cuisine, de la lecture. C’était égoïste mais il espérait que Bonnie resterait suffisamment longtemps au centre pour qu’il ait le temps de faire toutes ces choses avec elle. Une nouvelle fois, Geo l’extirpa de ses rêveries en posant sachet sur la table. Andrew jeta un coup d’oeil à l’intérieur : son ami avait visé haut. Un whisky japonais qui avait dû lui coûter un rein. Il but une gorgée de sa bière, avant de jeter un coup d’oeil en haussant les sourcils.
« Si t’as prévu de faire boire ça à Bonnie, je te préviens tout de suite, c’est mort ! Les règles de la maison son très strictes : pas d’alcool avant cinq ans ! » Il jeta un coup d’oeil vers la principale intéressée qui, bien qu’impliquée dans la confection d’un dessin / patate, ne pouvait s’empêcher d’observer les deux gaillards. « N’est-ce pas Bonnie ? »
La petite pouffa de rire, sans vraiment trop comprendre ce qu’on venait de lui dire. Elle lui rappelait tellement Mia. Ses mimiques. Sa façon de tenir ses crayons pour dessiner. Il tenta d’aborder le sujet de sa fille avec Geo, mais celui-ci en avait décidé autrement. Il l’interrogea sur son nouveau bras droit en cuisine, qui effectivement, n’avait même pas la taille d’atteindre le comptoir. Andrew but une nouvelle gorgée de bière avant de se lever et d’aller ébouriffer les cheveux de la petite. Il commença à s’affairer dans la cuisine pour préparer la cuisson des steak.
« Bonnie est arrivée au centre en même temps que moi, avec sa mère ». Il baissa légèrement la voix, pour que la petite n’écoute pas trop, même s’il savait qu’à cet âge là, leurs oreilles traînaient un peu partout. « Sa mère a sombré dans les méandres de l’alcool et de la drogue il y a peu. Elle cherchait un endroit où loger après avoir perdu son emploi, on les a accueilli toutes les deux avec plaisir. Depuis, on voit sa mère par intermittence. Elle part tôt le matin pour faire on ne sait trop quoi, parfois elle revient le soir-même, parfois elle revient des jours après. On a bien essayé de la recadrer et de la remettre sur le droit chemin, mais je te laisse imaginer qu’on s’est retrouvés face à un mur… » Il marqua une légère pause, observant la gamine concentrée sur le plan de travail. « On a hésité à appeler les services sociaux. Mais pour l’instant, on préfère attendre. Tout le monde au centre est tombé amoureux de cette petite. Alors quand sa mère n’est pas là, on se relaie pour s’occuper d’elle. Normalement elle reste là-bas, mais ce soir elle n’a pas voulu me lâcher, alors on a enfreint les règles et je l’ai ramenée ici ».
Bonnie releva la tête de son dessin, un peu penaude. Elle avait bien compris qu’elle ne resterait pas ici éternellement, mais du haut de ses quelques années, ça lui convenait. Elle était contente de pouvoir rester ici, même si ce n’était qu’un petit peu. Andrew balança la viande dans une poêle chaude avant de se retourner vers son ami. Il se pinça l’arrête du nez.
« Je sais qu’il ne faut pas trop que je m’y attache mais…C’est comme une deuxième Mia, Geo. C’est ma deuxième chance. Ma seule et dernière chance. C’est l’opportunité pour moi de ne pas merder, d’essayer de la faire grandir pour le peu de temps qu’elle sera avec nous, et de rester avec elle jusqu’au bout, cette fois-ci. Je n’aurais pas pu faire autrement. Et de toute façon, je n’aurais jamais pu résister à sa bouille ».
Andrew avait les yeux brillants. Dire tout ça à voix haute lui avait fait réaliser à quel point il voyait Mia à travers Bonnie et combien il comptait sur Bonnie pour se racheter en tant que père. C’était à la fois galvanisant et très douloureux, parce qu’il savait que ça ne serait jamais qu’un pansement sur une blessure bien trop profonde. Il eut un petit sourire, s’adressant de nouveau à son meilleur ami.
« Et puis au moins, Bonnie n’a pas encore l’âge de m’envoyer promener et de refuser de me voir… »
Il retourna les steaks dans la poêle. La cuisson était presque terminée. Il retourna à la table du salon pour récupérer les assiettes qu’il avait déposé avant l’arrivée du biker. Il s’arrêta pour le regarder, avec un air de défi.
« Maintenant que j’ai répondu à tes questions… » Il retourna à la cuisine. « Comment va Mia ? »
Il posa les assiettes un peu plus brutalement que prévu sur le plan de travail, ce qui fit sursauter Bonnie. Il avait les mains tremblantes et les yeux humides. Il avait besoin de savoir.

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Message(#)The truth untold x Geo EmptyDim 29 Nov 2020 - 22:03



@andrew mckullan & geo caulfield


Certains liens sont comme celui qu’Andrew et Geo entretenaient : indéfectible et immuable. Même après des années sans se voir, ils étaient resté en contact. C’est peut-être pour cela que Geo réussit à se détendre aussi rapidement, une fois chez lui. Il avait l’impression qu’ils s’étaient vu hier. Alors certes, ils s’étaient revus quelques fois à Brisbane, mais ils n’avaient pas encore eu l’occasion de se poser autour d’un verre ou d’un dîner. Le temps passait pourtant si vite. C’est aussi un peu pour ça, en souvenir du temps passé, que Geo s’était lancé dans une pique dès son arrivée. Il fallait dire que sa maison était plutôt confortable. Andrew lui répondit sur le même ton, ce qui eut pour effet d’arracher un sourire en coin à Geo.

Ce n’était pas la seule chose étonnante dans la maison. Une petite tête blonde s’était empressée de se cacher derrière le canapé à l’arrivée de Geo. Il ne l’avait d’ailleurs pas calculée immédiatement. C’est Andrew qui la fit sortir de sa cachette en faisant les présentations. Bonnie, qu’elle s’appelait, la petite. Elle venait visiblement du centre dans lequel Andrew travaillait. Ils en parlèrent un instant, assis dans le canapé. Andrew en parlait avec tellement d’attention dans la voix que c’en était troublant. Cette gamine ne devait pas être une gamine comme les autres. Il n’avait pas fait que lui laisser quelques feuilles et des crayons. Non, elle qui n’était censée ne passer qu’une nuit ici, était entourée de cubes, de poupées et d’autres jouets. Il semblerait qu’Andrew ai porté un soin tout particulier à son confort.

Il ne manqua d’ailleurs pas de souligner le fait que l’alcool lui était interdit… jusqu’à ses cinq ans. Geo eut un rictus narquois. Un whisky japonais de cette qualité ne finirait que dans le gosier de son pote et point barre. La fillette semblait bien trop occupée pour accorder le moindre intérêt aux deux vieux loups de mer. Ou du moins, à Geo. Comment le lui reprocher, après tout ? Un inconnu revêche s’immisçait à la soirée, après tout. Andrew prit ensuite le temps d’expliquer à Geo d’où elle venait, cette petite. Comme beaucoup d’enfants du centre, elle traînait déjà un passif plutôt morne. Cela devait être complexe de faire le métier d’Andrew. Une chose est sûre, Geo n’aurait pas pu. Déjà, il n’avait pas le même regard, la même vision que lui sur ses semblables. Non, lui, moins il se socialisait, mieux il se portait. Et puis Andrew la compara à Mia. Plus que cela, il avoua qu’elle était un peu une deuxième Mia. C’était maladroit, ce n’était pas dit pour blesser. C’était les paroles d’un homme qui souffrait de ses erreurs mais surtout de l’absence de sa fille. Ce qu’il n’avait pas pu accomplir auprès de Mia, il le projetait sur Bonnie. Voilà pourquoi il y avait tant de jouets, ici. Voilà pourquoi Bonnie portait un gilet impeccable. Voilà pourquoi ses cheveux étaient parfaitement brossés. Il ne souhaitait pas commettre d’impair. « Elle a de la chance de t’avoir, la petite. » glissa-t-il sincèrement. On pourrait reprocher des choses à Andrew, comme à tout homme, mais il n’en reste pas moins qu’il était quelqu’un de foncièrement bon. Avec lui dans son entourage, Bonnie était en sécurité. Cela transparaissait même dans le discours de McKullan.

Andrew était reparti en cuisine et un délicieux fumet embaumait déjà la pièce. Geo s’était levé, sa bière à la main. Appuyé contre le mur, il regardait son meilleur ami s’affairer. Alors qu’il lui racontait l’histoire de la petite et de sa mère, sa voix se tinta d’un certain voile de tendresse. D’inquiétude, aussi. A la fois pour le parcours de la petite Bonnie, mais également sur ce qu’il adviendrait d’elle. Il savait qu’il ne devait pas trop s’attacher. De toute évidence, il était déjà trop tard. Comment pourrais-t-on reprocher la bienveillance d’Andrew envers cette gosse ? Geo les regardait tour à tour. Si Andrew s’était pris d’affection pour l’enfant, il semblait évident que c’était réciproque. En effet, par moment, la petite jetait un oeil autour d’elle, comme pour s’assurer qu’Andrew était toujours là. Et que Geo ne s’approche pas trop, au passage. « Je suis sûre que tu l’aidera à être une bonne personne. Peu importe le temps qu’elle passe à tes côtés. » lui dit-il alors qu’il venait de lui confier la crainte de son départ. Parce que c’était sincère. Andrew l’avait rendu meilleur. Il avait donné naissance à une gamine au caractère bien trempé, mais au coeur incroyable. Nul doute que la petite Bonnie était bien entourée avec Andrew à ses côtés.

Andrew était lucide sur la place de cette fillette dans sa vie. Ce qu’il projetait sur Bonnie, c’était tout ce qu’il n’avait pu réaliser avec Mia. Même sans l’avouer, Geo l’avait bien sentit. Lorsque McKullan rebondit sur le fait que Bonnie n’était pas en âge de l’envoyer balader, il ne pu s’empêcher de se sentir mal à l’aise. Andrew et Mia souffraient tant, tous les deux. Et voir son meilleur ami sombrer ne lui mettait pas le coeur en joie. Alors il lui répondit avec sa touche d’humour. Celle qu’il déballe pour apaiser des tensions ou mettre du baume au coeur. « Ca, c’est parce que tu ne lui a encore jamais préparé de légumes verts. » lui glissa-t-il. De loin, il regardait le dessin de la fillette. Deux personnages se tenant par ce qui devait être des mains. L'un des personnages avait une barbe digne du père Noël. Il ne fallait pas chercher bien loin pour comprendre. Geo esquissa un faible sourire, qui s’effaça bien vite lorsqu’Andrew refit surface dans la cuisine.

Il n’en démordait pas. Il voulait savoir comment allait Mia. Mais comment diable Geo était-il censé le savoir ? Sur le papier, il avait finit sa mission il y a cinq ans. Dans les faits, il devait avouer à son meilleur ami qu’il n’en était rien. Qu’il avait rompu sa promesse pour suivre son instinct. Qu’il avait été là pour essuyer les larmes de sa fille quand son ex l’a quitté. Qu’il avait été là pour discuter ou l’écouter chaque fois que son coeur était trop lourd. Qu’il avait été là, juste pour être là, jusqu’à ce qu’il n’entende plus rien d’autre à l’autre bout du fil qu’une respiration régulière, signe que Mia s’était endormie. Qu’il avait été là, là où Andrew aurait dû l’être.
Il posa sa bière vide sur le comptoir. Comment était-il censé lui dire ça ? « Comment veux-tu que je le sache ? » répondit-il peut-être un peu trop nerveusement. Son impassibilité légendaire était mise à rude épreuve, d’autant plus qu’Andrew aussi semblait être tendu. « Laisse-lui du temps. Vous vous êtes pas vu pendant quinze piges. T’as besoin d’elle mais elle aussi, a besoin de toi. Elle est pas prête à te l’avouer, c’est tout. » Il marqua une pause, fixant le dessin de Bonnie. « T’es son père. Tu l’aimes à en crever. Mais j’ai bien remarqué qu’elle aussi. C’est ta fille, bordel. Vous avez le même caractère de chien, quand vous vous y mettez. Y a qu’à voir comment ça s’est terminé, à l’hôpital. » Il avait la sensation de marcher sur des oeufs. Il n’aimait pas du tout cet exercice. Il espérait intérieurement réchapper à cette soirée. Pour pouvoir tout lui dire, calmement, dans un endroit et à un moment où il se sentirait en sécurité. Il ne se voyait pas tout avouer ce soir, chez lui, encore moins devant Bonnie. « Alors tu vas surement me dire que je ne peux pas comprendre. Et t’aurais raison. Parce que j’ai jamais eu personne, encore moins de gosse. Mais vous allez finir par vous sauter à la gorge si vous vous échinez sur cette voie. » Il se redressa un peu, fourra ses poings dans ses poches. Il se sentait mal.
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Message(#)The truth untold x Geo EmptyJeu 3 Déc 2020 - 23:26

THE TRUTH UNTOLD
Andrew avait attendu avec impatience cette soirée et il était content de pouvoir la passer avec Geo. Il savait qu’il pouvait compter sur son meilleur ami. Enfin, en tout cas, il croyait dur comme fer qu’il pouvait compter sur son meilleur ami. Après tout, c’était lui qu’il avait envoyé surveiller Mia. Entre autres personnes, parce qu’il n’était pas le seul, mais c’était une autre histoire. Il lui avait assez fait confiance pour ça. C’était aussi pour ça qu’il était content qu’il puisse rencontrer Bonnie, même si ça n’était pas du tout prévu à la base. Il ignorait quel serait la réaction de Geo face à ce petit lutin qui dessinait dans sa cuisine. Après tout, Geo n’avait pas d’enfants. Il craignait qu’il n’approuve pas totalement la relation qu’Andrew entretenait avec le petit monstre. Et pourtant. « Elle a de la chance de t’avoir, la petite ». Les yeux déjà humides d’Andrew s’humidifièrent un peu plus. Geo n’était pas sans savoir que ce genre de remarques le touchait au plus profond de son âme. Comme il le lui avait dit plus tôt, Bonnie était un peu sa deuxième chance. Sa deuxième chance de ne pas tout foirer. D’être au près de Bonnie comme il aurait dû l’être avec Mia. De construire quelque chose sur la durée. De ne pas louper quinze ans de sa vie. « Je suis sûre que tu l’aidera à être une bonne personne. Peu importe le temps qu’elle passe à tes côtés ». S’il n’était pas en train de cuire ses steaks, Andrew aurait sûrement versé quelques larmes. Geo était l’une des personnes, et sûrement la seule personne, avec qui il pouvait se permettre d’être vulnérable. Combien de fois il l’avait récupéré à la petite cuillère, après avoir suivi une fausse piste ? Combien de fois il l’avait soutenu, alors que ses rêves et ses espoirs se brisaient en milles morceaux, tel un miroir reflétant son âme brisée ? Combien de fois Geo l’avait laissé se vider de ses larmes, l’écoutant sans dire un mot jusqu’à qu’il n’ait plus rien à dire ? Il espérait sincèrement qu’il serait cette bonne personne pour Bonnie. Qu’il serait là pour elle jusqu’à la fin. Mais il voulait aussi retrouver ça avec Mia. Et c’est pour ça qu’il insistait autant. Mia était sa fille. « Comment veux-tu que je le sache ? ». Andrew tiqua. Geo avait répondu de manière un peu agacée. Il savait l’homme un peu bourru, mais sa réaction était quelque peu inattendue. Peut-être n’avait-il simplement pas envie de parler de Mia. Sûrement n’était-il pas venu là pour ça. Après tout, Andrew imaginait très bien qu’il devait en avoir assez d’entendre parler d’un fils disparu, volatilisé et d’une jeune femme à l’air revêche qui refusait de reprendre contact avec son père. Geo lui rappela que ça faisait quinze ans, qu’il devait lui laisser du temps. Qu’elle n’était pas prête à avouer qu’elle avait besoin de lui. Et qu’avec leurs caractères de cochon, c’était pas étonnant qu’ils ne s’en sortent pas. Andrew ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire triste. Il attrapa les assiettes pour venir les déposer sur la table basse. « Je veux bien lui laisser du temps, Geo. Mais du temps, je commence à ne plus en avoir suffisamment. Tu sais tout comme moi que c’est en partie ce qui m’a fait revenir ici, à Brisbane. Je suis épuisé d’avoir couru après des chimères et d’avoir couru pour rattraper le temps perdu. Ca m’a pris quinze ans de ma vie, quinze ans où je ne l’ai pas vue grandir ». Les larmes perlaient presque au coin de ses yeux, mais là encore, il se retenait. Il essuya son visage d’un revers de la main, et s’attela à remplir deux verres de vin. « J’ai cinquante balais, Geo. Je ne sais pas si je serai toujours là dans cinq, dix ou quinze ans. Mia a toute sa vie devant elle, moi un peu moins ». Il posa les deux verres de vin sur la table, releva la tête pour fixer Geo. « Et je ne te dirais jamais que tu ne peux pas comprendre, Geo. Jamais. Parce que tu es celui en qui j’ai confiance. Celui à qui j’aurais confié ma propre vie si j’avais dû. Je t’aurais tout aussi bien confié la vie de Mia. Parce que peut-être que tu n’as pas de famille, Geo, mais tu es comme un frère pour moi. Et tu en sais plus sur moi que n’importe qui d’autre ici ». Il jeta un coup d’oeil à sa montre. Il se faisait tard, et il était grand temps d’aller coucher la petite Bonnie. Il était presque sûr de l’avoir vu se retenir bailler plusieurs fois depuis que Geo était arrivé. « Je…je sais que je t’en ai beaucoup demandé, ces dernières années. Tu as déjà fait beaucoup. Mais je vais avoir besoin de toi, Geo. Pour faire comprendre à Mia que je ne suis pas un monstre. Que je comprends qu’elle ait besoin de temps. Mais que j’ai besoin d’elle et qu’elle me manque ». Il tourna les talons pour s’approcher de Bonnie. « Le marchand de sable est passé, ma petite dame ! ». Bonnie posa presque automatiquement les crayons sur la table et tendit ses petites mains potelées vers Andrew pour qu’il la prenne dans ses bras. Andrew s’exécuta, la petite nichant sa tête dans son cou, les yeux déjà à moitié fermés. Il commença à s’avancer vers le couloir, et se tourna avant vers son ami. « Commence à manger, ça va être froid. Ca serait dommage de gâcher un si bon steak ».

*

Andrew plia le bord de la couverture pour border la petite Bonnie, qui dormait déjà. A peine posée dans le lit, elle s’était effondrée de fatigue. Elle paraissait minuscule dans le lit de la chambre d’amis trois fois trop grand pour elle. La journée avait dû être éreintante pour elle aussi. Assis sur le bord du lit, Andrew ne put s’empêcher de laisser échapper quelques larmes. Il revoyait Mia à sa place. Il se souvenait des soirs où ils invitaient du monde et où ils allaient couchés Mia. Un peu éméchés, ils la bordaient pendant quelques minutes, ses bouclettes blondes de bébé étalé sur l’oreiller. Andrew se revoyait prendre le temps d’allumer la veilleuse, de la couvrir de baisers, avant de repartir à leur soirée. Même la tête embrumé par les vapeurs d’alcool, il se souvenait très bien qu’à ces instants, il se sentait empli d’un bonheur si particulier, comme une vague de chaleur qui parcourait son corps et venait comprimer son coeur. Et c’était un peu ce qu’il ressentait avec la petite Bonnie, et qu’il voulait retrouver avec Mia. Il voulait retrouver ce sentiment de plénitude qu’il avait eu quelques dizaines d’année auparavant et qu’il avait égaré en chemin. Andrew essuya ses larmes, déposa un baiser sur le front de Bonnie et quitta la chambre. Il prit le soin de laisser la porte entrouverte et d’allumer la lumière du couloir, quand il le faisait avec Mia.

*

Quelques heures plus tard, les verres de vin avaient été troqués contre des verres à whisky. La bonne bouteille japonaise que Geo avait ramenée était déjà bien entamée. Andrew ne savait plus vraiment quelle heure il était. Il ne savait plus trop de quoi ils avaient parlé, mais il se souvenait qu’il s’était retenu de ne pas parler de Mia. Geo avait parlé avec lui de quelques virées en moto qu’il avait fait récemment, d’endroits qu’il aimerait montrer à Andrew quand ils en auraient l’occasion. Andrew avait lui parlé du centre, des ennuis administratifs qu’il avait eu à son arrivée, de quelques cas particuliers qu’il avait eu à gérer, de personnes un peu étranges qu’ils avaient reçus. Il avait passé des heures à se raconter leur vie, à rire, pendant que la bouteille diminuait dangereusement. Et puis, un silence s’était installé. Le genre de silence qui arrive parfois en soirée. Chacun avait continué à boire son verre en contemplant la table basse, perdus dans leurs pensées. Et puis Andrew avait fouillé au fond de sa poche pour en sortir un paquet de cigarettes. Il se tourna vers Geo. « On s’en grille une ? ». Les deux compères se dirigèrent tant bien que mal vers l’arrière de la maison, pour rejoindre le petit jardinet. L’air était bon, les étoiles brillaient, c’était une belle soirée, pour ainsi dire. Andrew s’installa sur un petit banc qu’il avait installé sur la terrasse. Il alluma une cigarette et tira dessus, avant de recracher la fumée. Il avait terriblement envie de parler de Mia, mais il s’avait que Geo avait été un peu sur la défensive toute la soirée à ce sujet. Etrange, par ailleurs, mais Andrew ne releva pas plus que ça. Alors il choisit de parler d’un sujet qui concernait Mia, mais qui certainement ferait marrer Geo. « Tu sais qu’après avoir vu Mia à l’hôpital, il m’en est arrivé une bien bonne. Je te passe les détails mais je suis allé voir un de ses amis, Adam ». Nouvelle latte, nouveau panache de fumée. « On passait une bonne soirée, et là, d’un coup, venu de nulle part, il me sort qu’il a couché avec elle ». Andrew ne put s’empêcher de rire en repensant à cette scène digne des plus grands films comiques. « Tu te rends compte, Geo ? Je lui ai accordé ma confiance, à ce petit gars. Je lui ai demandé de surveiller Mia, et au final, j’apprends qu’il se la tape ». Il secoua la tête, toujours hilare. « C’est comme si toi, tu m’annonçais que t’avais fricoté avec Mia au Mexique…Tu imagines ? ». L’esprit un peu embrumé, Andrew ne remarqua pas la mine déconfite de son ami. Il ne se doutait pas qu’il avait mis le feu aux poudres.

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Message(#)The truth untold x Geo EmptyDim 13 Déc 2020 - 0:00



@andrew mckullan & geo caulfield


Peut-être avait-il été un peu rustre, dans ses réponses. Peut-être un peu plus que d’ordinaire. S’il était d’un naturel impassible, face à Andrew, c’était une autre histoire. Du moins, lorsque l’on mêlait trop d’éléments importants à l’équation. Andrew, leur amitié si importante, Mia, leur relation explosive avec son père… Et enfin celle qu’il entretenait depuis cinq ans avec elle. Ils se prenaient le chou, parfois. Mais c’était extrêmement rare et passait en un rien de temps. Cela tenait plus de la prise de bec qu’autre chose, en fin de compte. Il avait été là pour sa gamine, sans rien lui dire. Alors qu’il aurait dû. Parce que c’est son meilleur ami et qu’il crèverait pour lui. Mais Mia lui avait fait promettre de ne rien dire. Allez savoir pourquoi, il l’avait écouté elle, qu’il ne connaissait que depuis quelques instants. Alors oui, peut-être Geo avait-il été un peu plus rustre que d’ordinaire. Parce qu’à trop voler près des flammes, on se brûle, inexorablement.

Et il faut dire que les questions de McKullan lui ramenaient lentement une odeur de roussi aux narines. Alors bien entendu, Geo avait tenté de se rasséréner. Il n’allait pas tout déballer ce soir. Déjà, il l’avait promis à Mia. Ensuite, c’était la première fois depuis des lustres qu’il allait passer une vraie soirée avec Andrew. Pas de Club, pas d’appels de boulot, pas de Mia, pas de fils perdu au fin fond des Etats-Unis. Juste Andrew et Geo. McKullan et Caulfield.

Mais inéluctablement, ils en revenaient à Mia. Parce qu’Andrew l’avait vu il y a peu, parce qu’elle s’était blessée mais aussi et surtout parce qu’il l’aimait et qu’elle lui manquait terriblement. Andrew expliqua à Geo qu’il comprenait que sa fille ait besoin de temps, mais que lui, le perdait petit à petit. L’ambiance devint plus morose. Comment le lui reprocher ? Geo savait qu’il était revenu à Brisbane pour sa fille, avant tout. Alors que tout ne se déroule pas selon ses espérances, cela devait être difficile à vivre. Caulfield n’en doutait pas. Il ne connaissait que trop bien cette voix qui s’aggravait à mesure que le ton baissait. « Arrête, nous enterre pas avant l’heure, tu veux ? » Lui lança-t-il pour le faire redescendre en pression. « Je sais que ça a été quinze années difficiles. Où t’as couru, espéré, attendu… Mais dis-toi qu'elle aussi à dû vivre la même chose. » ajouta-t-il. Il avait la sensation de jouer l’avocat du diable, aux yeux d’Andrew. Sans doute devenait-il un peu plus méfiant, même envers lui-même. « Je suis optimiste. Pour vous deux. » conclut-il, alors qu’Andrew s’affairait à servir du vin. Ce qu’il ajouta ensuite le toucha, profondément. Il ne répondit que par un faible sourire. Parce qu’il était incapable d’ajouter quoi que ce soit. De toute façon, cela n’était pas nécessaire. Mais surtout, ce sentiment de mal-être tendait à s’amplifier. Il tâchait de faire taire cette voix au fond de lui, qui lui disait « Dis-lui, il doit savoir. C’est son père. ». Il souhaitait marchander. Une dernière soirée paisible, tranquille. Il lui dirait tout, c’est promis. Mais pas ce soir. Ce soir était le temps des retrouvailles, des plans sur la comète. Comme la fois où ils avaient parlé de relier la Georgie à la Californie à moto, juste comme ça. Et qu’ils l’avaient fait vingt-quatre heures après.

Et puis vint l’ultime demande d’Andrew. Il avait besoin de Geo pour lui rendre un service, au sujet de Mia, bien entendu. Geo le fixa alors. Il ne su que dire. Les bras croisés sur le torse, il ne dit rien. De toute façon, il sentait que c’était un sujet qu’Andrew évoquerait plus longuement, plus tard. Parce que c’est Andrew McKullan et que lorsqu’un McKullan a une idée en tête, vous le savez. Au-delà de ça, encore une fois, c’était de Mia, dont il s’agissait. Mais pour l’heure, il partit mettre au lit la petite Bonnie, lui conseillant de commencer à dîner sans lui. En lieu et place, Geo arpenta lentement le salon. Quelques bouquins trônaient ça et là, un vieux vase sûrement chiné il y a des lustres. Des photos, également, de Mia, principalement. Geo eut un petit sourire en voyant un article du Brisbane Times consacré au centre où travaillait Andrew. Ils fêtaient visiblement un tout nouvel aménagement. McKullan était photographié de face, posant fièrement devant la bâtisse. Sous le journal, un numéro du Rider Magazine. « Putain, McKullan… » lâcha Geo, étouffant un rire. Sacré McKullan.

Andrew finit par redescendre et ils passèrent à table. Le long du repas, contre toute attente, les sujets épineux furent mit de côté. A la place, ils évoquèrent les lieux qu’ils avaient vu dernièrement, pour Geo, le centre et les pépins qu’il y rencontrait, pour Andrew. Le vin diminua, le whisky le remplaça. Doucement, le niveau de la bouteille diminua si bien que Geo eut du mal à se rappeler de l’intégralité de leur discussion. Une chaleur douce, réconfortante, l’envahit. Il tenait son verre à la main, le regard flottant sur la table basse. Il était bien, juste bien. Le temps pouvait bien s’arrêter maintenant. Il fut tiré de ses pensée par Andrew qui lui proposa une cigarette. Pour toute réponse, Geo se leva. Il sortit un Zippo de sa poche, le fit claquer, une flamme jaillit et il le referma. Il attrapa sa veste et se dirigea dehors. Andrew prit place sur un banc, Geo s’appuya contre la balustrade. Alors qu’il contemplait le ciel, Andrew brisa le silence.

Il lui parla de Mia, à nouveau. Calmement, prenant tout son temps, il lui expliqua qu’elle avait couché avec un de ses amis. Si cela n’incommoda en rien Geo, la suite n’était pas du tout du même registre. Les paroles d’Andrew semblaient flotter dans les airs, et l’alcool n’y était pour rien. Il entendait chaque mot raisonner lourdement. Geo expira silencieusement, tira une nouvelle fois sur sa cigarette. Il ne pouvait rien dire. Pourtant, il allait bien falloir. « Andrew… » souffla-t-il. Il rassemblait son courage. Il savait qu’il allait faire face à un ouragan. Mais il commençait à faiblir sous le poids de ce mensonge et l’alcool aidant, il rendait les armes. « Fallait que ça arrive ce soir, hein ? » grogna-t-il. Sa soirée tranquille, il pouvait se la mettre ailleurs. Il faut croire que ce n’était pas un soir à être nostalgique. « Parce qu’il se la tape, il ne mérite plus ta confiance ? Est-ce qu’il a soudainement perdu toute crédibilité, toute valeur, toute droiture parce qu’il a couché avec ta fille ? » Demanda-t-il. Au fond, cette phrase faisait écho à sa propre histoire avec Mia, même s’il n’y avait jamais eu de tels sentiments entre eux. Allait-il perdre toute l’estime d’Andrew ? Toute sa confiance ? Il écrasa sa clope, passa une main sur son visage. « J’ai pas pu le faire. Il y a cinq ans, au Mexique. » Il marqua une pause, inspira profondément. « Je n’ai pas pu laisser Mia seule. » lâcha-t-il. Impossible désormais de faire marche arrière. « On n’était pas censés se parler. Mais deux jours avant la fin de son voyage, elle m’a reconnue. Elle est venue me voir, on a parlé. De moi bien sûr, qui était ce vieux mal aimable qui semblait suivre chacun de ses pas. Et puis elle m'a demandé qui m'envoyait. Elle a tout de suite compris. T’as pondu une gamine qui a oublié d’être bête, McKullan. » Il soupira. Il trouva le courage de soutenir son regard. Qui sait pour combien de temps ? « Je savais que je ne devais pas lui parler. Sauf en cas d’extrême nécessité. Mais… » Il pinça ses lèvres. Il n’avait pas su lui-même ce qui lui était passé par la tête à l’époque. Alors comment l’expliquer à Andrew ? « J’ai pas pu la laisser partir comme ça. Un pressentiment. Je lui ai laissé mon numéro de téléphone, au cas où elle ai besoin d’aide. De n’importe quoi. » C’était dit, les mots étaient lâchés. Geo ne se sentait pas vraiment mieux. Ce n’était pas ainsi que cela devait se passer. « Je n’ai pas pu te le dire. Parce que Mia m’a fait promettre de ne rien te dire. Et je me suis retrouvé piégé comme un con, entre notre promesse et celle que Mia m’avait demandé de tenir. » Il savait pertinemment ce qu’Andrew allait lui dire. Mais quitte à parler, autant tout déballer maintenant. De toute façon, il allait le cuisiner longuement par la suite, il le savait. « Il ne s’est jamais rien passé entre nous. Il n’y a rien de tout ça. Je… » il marqua une pause. « Je ne saurai pas expliquer ce qui nous lie. J’ai été là quand elle en a eu besoin. » Mais rien que ça, c’était déjà trop, il le savait.
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Message(#)The truth untold x Geo EmptyDim 20 Déc 2020 - 20:27

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Assis sur son banc, cigarette à la main, Andrew était pensif. Tout en racontant à Geo ses mésaventures avec Adam, il ne pouvait s’empêcher de repenser à ce qu’il lui avait dit plus tôt. Qu’il ne fallait pas qu’il les enterre avant l’heure. Et qu’il était optimise, à la fois pour lui, mais aussi pour Mia. Ça lui avait réchauffé le coeur, sur l’instant, et il avait couché Bonnie avec une sorte de tranquillité et de tendresse. Et pourtant, c’était sans savoir qu’un cataclysme allait suivre. Il racontait comment il s’était senti trahi par Adam, comment il lui avait annoncé l’air de rien qu’il avait couché avec sa fille. « Andrew…Fallait que ça arrive ce soir, hein ? ». Andrew haussa les sourcils, perturbé par la réaction de son ami, et ne voyant pas du tout où il voulait en venir. « Pardon ? ». C’était la seule chose qu’il avait réussi à sortir, ne comprenant pas du tout ce qui allait suivre. « Parce qu’il se la tape, il ne mérite plus ta confiance ? Est-ce qu’il a soudainement perdu toute crédibilité, toute valeur, toute droiture parce qu’il a couché avec ta fille ? ». Andrew tira une nouvelle latte sur sa cigarette, recrachant la fumée, légèrement irrité par les remarques de Geo. « Je lui ai fais confiance pour qu’il surveille ma fille, pas pour qu’il saute entre ses cuisses à la moindre occasion. Et tu sais ce qui est pire, dans tout ça, Geo ? C’est qu’il n’a même pas eu les couilles de me le dire au moment où c’est arrivé. Il a attendu. Il attendu plutôt que de me le dire directement. Il avait peur que je le bouffe, ou quoi ? ». Andrew tira de nouveau sur sa cigarette, agacé par la tournure que prenait la conversation. Et c’était sans compter ce qui allait suivre. « J’ai pas pu le faire. Il y a cinq ans, au Mexique ». Andrew leva de nouveau les sourcils. Il n’eut même pas le temps de dire quoi que ce soit, ou même de réfléchir à ce qui allait lui tomber sur le coin du nez. Il l’écouta, de façon presque lunaire, lui raconter que pendant tout ce temps, il était resté en contact avec Mia. Que pendant tout ce temps, ils avaient parlé, échangé. Que pendant tout ce temps, Mia savait que c’était son père qui avait envoyé quelqu’un à sa recherche, pour surveiller ses moindres faits et gestes. Les bras d’Andrew commençaient à fourmiller. Il écrasa sa cigarette sur l’accoudoir du banc et se leva d’un coup, pris d’un élan d’adrénaline, la tête légèrement retournée par les vapeurs d’alcool. « Je t’avais demandé une seule chose, Geo, UNE SEULE CHOSE ! ». Il avait crié malgré lui. Il pensa soudain à Bonnie, qu’il ne voulait pas réveiller. Il essaya de baisser le ton de sa voix, mais il savait que c’était peine perdue. « Tu devais la surveiller. T’assurer qu’elle ne merde pas. T’assurer qu’elle allait bien. Sans qu’elle le sache. C’était tout, Geo. C’ETAIT TOUT ». Il marqua une légère pause. « Tu m’étonnes qu’elle ne veut plus voir ma gueule, si depuis tout le temps elle sait que j’ai envoyé quelqu’un d’autre que moi pour épier ce qu’elle faisait ! ». Geo lui faisait face, mais semblait peiner à soutenir son regard. Sous l’énervement, Andrew donna un coup de pied dans le banc, qui bougea de quelques centimètres. Il ignora la douleur qui irradia presque instantanément dans son pied - sans doute rien d’important. Il fulminait. Il avait du mal à mettre des mots sur ce qu’il ressentait, précisément, mais il se sentait trahi. D’un autre côté, il commençait à mieux comprendre la réaction qu’avait eu Mia en le voyant débouler dans sa vie comme ça, alors que depuis quinze ans, elle savait que son père n’avait jamais eu les couilles de venir, et qu’il avait envoyé un gars débraillé aux cheveux longs pour la surveiller. Il brandit un doigt accusateur vers Geo. « Tu n’avais pas le droit, Geo. Tu n’avais pas le droit de prendre ma place. C’était moi, qui devait être présent pour elle, pas toi, Geo ! C’était moi, qui devait lui donner mon numéro et lui dire qu’elle pouvait me joindre quand elle voulait ! ». Andrew enrageait. Il était dans une colère noire, et en même temps, profondément meurtri par les mots de Geo. Parce qu’il se rendait bien compte que c’était entièrement de sa faute s’il n’avait pas été là pour sa fille. Geo n’y était pour rien, c’était lui et lui seul qui n’avait pas eu le courage de partir des Etats-Unis pour repartir en Australie ou la rejoindre au Mexique. Mais c’était toujours plus simple de blâmer les autres, n’est-ce pas ? « Tu ne seras jamais son père, Geo, tu m’entends ? JAMAIS ! Tu n’as pas d’enfants, et tu n’en auras probablement jamais si tu trahis les gens comme tu viens de le faire avec moi ». Les mots dépassaient ses pensées, mais Andrew ne savait pas quoi dire d’autre. Il était plus facile de rejeter la faute sur Geo, plutôt que d’admettre que c’était lui, le con, dans l’histoire. Qu’il avait volontairement abandonné sa fille pour parcourir la poussière des déserts américains. « Tu ne sauras jamais ce que ça fait, de faire ses valises devant les yeux embués de sa fille, cette même fille à qui tu as appris à faire du vélo, à grimper aux arbres ! Cette même fille qui a pleuré sur ton épaule, qui a exprimé ses craintes ». Il s’avança vers Geo, le bousculant des deux mains. « C’ETAIT MA FILLE, GEO !  MA FILLE ! ». Il disait ça au passé, comme si Mia n’était plus, comme si elle avait disparu. « COMMENT T'AS PU ME FAIRE ÇA ? C’ETAIT MA FILLE ! ». S’il avait été attentif, Andrew aurait pu entendre la porte de la chambre s’ouvrir, les petits pas sur le parquet, et la petite Bonnie qui s’était installée sur le canapé, les observant à travers la baie vitrée, cachée sous un coussin, à la fois intriguée et apeurée par leurs cris. Mais il était trop obnubilé par sa propre colère pour se rendre compte de quoi que ce soit. Il avait la vue presque trouble, mélange entre l’alcool qu’il avait ingurgité et la colère qui s’épandait dans tout son être. « T’as été capable de tenir sa promesse, de tenir la promesse d’une gamine que tu ne connaissais même pas, que tu ne connaissais que par moi, mais pas la mienne ? Comment t’as pu me faire ça, Geo… ». Andrew se laissa retomber sur le banc, soudain lassé de la situation. Son menton et sa lèvre inférieure tremblaient, comme s’il allait pleurer. « J’ose espérer que tu ne l’as pas touchée, que tu n’as pas tenté quoi que ce soit avec elle, Geo…Sinon…Tu sais aussi bien que moi ce qui t’arrivera. C’était ma fille… ». Il avait dit ça dans un dernier souffle, comme un dernier appel lancé dans le vent. Il releva les yeux vers lui. Embués. L’air mauvais. « Je ne sais même pas ce que tu fous encore chez moi. Tu prends tes cliques et tes claques, ta bécane, et tu te casses d’ici. Je veux plus te revoir. Retourne voir Mia si ça te chante, puisque vous vous entendez si bien ». Il se leva du banc, se dirigeant vers la baie vitrée. Il ferma les yeux quand il aperçut Bonnie, le pouce dans la bouche, figée sur le canapé. Il avait merdé avec Mia. Et maintenant il merdait avec Bonnie. Parfait. Il rentra dans la maison, s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. « Tu sais où se trouve la sortie ». Il n’avait pas envie que Geo s’éternise. Il n’avait pas envie d’entendre ses explications. Alors il espérait qu’il aurait reçu le message 5/5 et qu’il partirait.

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Message(#)The truth untold x Geo EmptyDim 3 Jan 2021 - 20:09



@andrew mckullan & geo caulfield


Rien ne dure, au final. La tranquillité de cette douce soirée non plus. A qui la faute ? Geo ne pouvait blâmer que lui-même. Il aurait été simple de rejeter la faute, mais complètement faux. Andrew ne demandait qu’à avoir des réponses, lorsqu’il parlait de Mia, lorsqu’il demandait à Geo s’il avait des nouvelles d’elle. Geo était incapable de lui en donner car techniquement, sa mission avait prit fin cinq ans plus tôt. Il ne s’imaginait pas lui lancer, de but en blanc, qu’il avait gardé contact avec elle et qu’aujourd’hui, il la chérissait comme si elle avait été sa fille, ou presque. Il ignorait ce que c’était d’être dévoué à sa progéniture. Il l’ignorerait probablement toute sa vie. Mais avec Mia, il avait entrevue ce sentiment si doux. Celui de ne vouloir que le meilleur pour elle. S’assurer qu’elle ne manque de rien et surtout, qu’elle ne souffre pas. Alors certes, elle n’était pas sa fille, mais il n’empêche qu’elle occupait une place importante dans sa vie.

Mais entre l’alcool, les soirées passées à ronger son frein et les paroles insidieuses d’Andrew, Caulfield avait fini par lâcher le morceau. Il avait tout déballé sans crier gare. Il ne pouvait plus garder ce mensonge pour lui. Il était devenu trop lourd à porter. Si lourd qu’en déblatérant tout cela, il n’avait pu se résoudre à affronter le regard du père McKullan. Tout du long, il ne l’avait pas interrompu. Mais lorsqu’il eut terminé de vider son sac, ses répliques furent sans merci. Geo encaissa les paroles les unes après les autres, sans l’ouvrir. Il prenait sur lui, serrant son verre entre les mains. Parce qu’il n’y avait rien à ajouter, d’une part. D’autre part, il connaissait Andrew depuis des années maintenant. Il ne savait que trop bien que dans ces cas-là, se risquer à l’ouvrir, c’était s’exposer aux foudres divines. Croyez-le, il en avait déjà fait les frais.

Toutefois, l’exercice s’avéra de plus en plus compliqué. Certes, ils étaient tous les deux bien touché par le whisky, par le vin. Rajoutez une grande dose de blessure là-dessus et vous obtenez un cocktail détonnant. Alors lorsqu’Andrew lui lança qu’il avait prit sa place et qu’il n’en avait pas le droit, Geo ne pu rester de marbre. Il tourna sa tête vers lui, se raidit sur le perron, lâchant la balustrade. Le visage d’Andrew, rougit par la colère et l’alcool, lui glaça le sang. Ses yeux brillaient de larmes et c’était de sa faute. Il lui avait planté une lame en plein coeur. Jamais il n’avait eu la prétention d’agir comme son père. Pas une seule fois il n’avait évoqué cela avec Mia. Quand bien même elle le taquinait à ce sujet, il rectifiait le tir rapidement. Il n’était pas là pour remplacer Andrew. Il était là pour être Geo Caulfield, point barre.

C’est un véritable glacier que se prit Geo dans la tronche, lorsque McKullan souligna le fait qu’il n’aurait jamais de gosses, à poursuivre sur cette lancée. Une expression atone s’ancra profondément sur son visage. Touché. Merci, McKullan, de lui rappeler qu’il ne pourrait jamais avoir tout cela. Qu’il était voué à erreur seul. Ce n’est pas comme si Geo n’y avait jamais pensé, à cette solitude. Mais que quelqu’un lui balance en pleine gueule, c’était dur. D’autant plus qu’il s’agissait d’Andrew. Celui-ci se leva, bousculant Geo avec force. Il se mit à crier. Geo trébucha, se retrouvant le cul sur le plancher. Il fixait le vide, écoutant, d’une oreille lointaine, Andrew déverser sa colère. C’en était trop, il ne pouvait pas en supporter davantage.

Pourtant, il persista. Il avait encore de la ressource. Il insista sur le fait qu’il avait tenu parole à une gamine qu’il ne connaissait pas plutôt qu’à son propre meilleur ami. Geo n’avait plus les mots. Sa gorge était trop nouée pour articuler quoi que ce soit. Il sentit sa mâchoire se raidir, des picotements parcourir ses mains. Il ne devait pas flancher. Quand bien même il était à bout, il ne devait pas céder. Andrew prit de nouveau place sur le banc. Si son ton était revu à la baisse, rien de ses paroles ne trahissait d’une accalmie. Cette fois-ci, il insinua même que Geo aurait pu tenter quelque chose avec Mia. Ces dernières paroles achevèrent l’américain. Deux larmes roulèrent sur ses joues. Il avait le sentiment qu’on lui avait piétiné le corps, tant il était douloureux. McKullan se leva, non sans avoir intimé à Geo de dégager. Il rentra à l’intérieur, Geo ne le suivit même pas du regard. Il était exténué. Fébrile, il se leva. Il inspira profondément, silencieusement. D’un geste du bras, il effaça toute trace de larmes de son visage. Il attrapa son blouson, en sortit ses clefs. Sans même se retourner, il contourna la maison pour gagner l’allée dans laquelle était garée sa bécane. Il enfila son casque, mit le contact et déguerpit.

Il roula rapidement dans Brisbane. La conduite, c’était un catalyseur. Mais ce soir, aucun catalyseur n’était assez puissant pour faire face au flot de sentiments qui le submergeait. Il se mit à hurler dans son casque, à s’en vriller les tympans. Il avait merdé comme il avait rarement merdé dans sa vie. Il avait mal à en crever et n’était pas au bout de ses peines.

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