Le boulot c’est plutôt calme ces derniers temps. Depuis la sortir de mon dernier film ‘Lion’ en août, j’ai un peu réduit ma dose de travail pour pouvoir profiter d’une pause bien méritée après quelques années de travail acharner. La réaction que mon film a reçue du public est bien meilleur que ce que j’attendais et cela me fait vraiment du bien. J’adore discuter de ce film, discuter de ce qui m’a inspiré à le faire, et c’est aussi pour cela que je prends le temps avant de me relancer dans un autre gros projet. Je profite de cette période pour faire quelques photoshoot avec des magasines qui m’ont sollicité mais aussi travailler sur de petits projets, des projets qui ne me prenait que quelques jours de travail d’affiler. C’est tout simplement impossible pour moi de rester sans rien faire de toute façon, de rester à me tourner les pouces. C’est donc lorsqu’une entreprise à pris contact avec moi pour faire un mini film que j’ai accepté. Siede Technologie m’a contacté et m’a proposé de monter quelque chose avec eux avant de faire passer cette vidéo à tout leur client comme remerciement. C’est d’abord le nom qui m’a sauté aux yeux, Siede. Un nom de famille identique à celui d’un homme que j’ai fréquenté il y a quelques années pendant l’espace de plusieurs mois après mon divorce. Cependant, je n’y prête pas vraiment attention, ce nom de famille étant plutôt répandue.
Le jour du ‘tournage’ arrivé, je mets tout dans le coffre de ma voiture, ayant préparé à l’avance tout ce dont j’aurais besoin. Je m’installe au volant et me rends vers l’entreprise où j’ai rendez vous dans quelques minutes. Je me garde sur le parking immense, le plus prêt possible de l’entrée afin de ne pas devoir marcher des kilomètres pour ramener tout mon matériel. Il est dix heures moins cinq lorsque je franchis la porte et que l’on me demande de patienter dans le hall. Je m’installe sur une chaise en attendant qu’il soit l’heure. « Monsieur Calloway ? » Je relève la tête vers la personne qui s’intéresse à moi. Si sa voix peut ressembler à celle de tonnes d’autres personnes, son visage je le reconnais parfaitement. Visiblement le monde n’est pas si petit vu que je me retrouve en face de Samuel, mon ‘ex’. « Samuel Siede. Vous avez dû avoir mon frère au téléphone pour ce… Clip… Il m’a chargé de l’excuser et de vous accueillir. » Je fronce le sourcils, venant cependant serrer sa main dans la mienne. Il ne me reconnaît pas ? « Matthias Calloway, mais on se connaît déjà. » Je lui rappel alors. Est-ce que lui rappelait que nous couchions ensemble il y a quelques années est une bonne idée ? Pas sur, alors je prefère ne rien mentionner de plus, pour le moment du moins. « Vous êtes là pour la journée ? » J’hoche la tête. « Oui, c’est ca. » Peut être pour une deuxième journée aussi, si jamais les choses n’avancent pas aussi vite que prévues.
Je saisis alors le badge qu’il me tend, et vient le passer autour de mon cou. Je suis le brun qui m’entraîne vers un couloir. « Vous avez besoin d’aide pour votre matériel ? Ou vous n’êtes venus qu’avec [/i]ça[/i]. » Je secoue la tête. « Non, le reste est dans ma voiture, je ferais des allés et retours. » Je lui adresse un sourire. Il est plus beau que dans mes souvenirs. « Et je crois que tu peux me tutoyer, vu ce qu’on a vécu, je crois que de se vouvoyer ca serait bizarre. » J’ajoute, espérant que cela ravive un peu sa mémoire.
Je ne suis pas du genre à mêler ma vie privée à ma vie professionnelle en règle générale, je ne suis pas du tout du genre à mixer les deux justement pour ne pas créer de problème, mais lorsqu’on m’a proposé ce contrat, je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement avec Samuel. Des Siede il y en a pleins en Australie alors la chance de tomber sur un homme que j’ai fréquenté quelques semaines à mon retour en Australie m’avait vraiment paru infime et improbable. Pourtant voilà je me retrouve devant le brun. Je ne le connais pas tant que ca Samuel, pas vraiment, nous nous sommes juste fréquenter après mon divorce, lorsque je tentais d’oublier Julia, mais visiblement je ne l’ai pas beaucoup marqué. L’homme qui se tient face à moi ne semble absolument pas me reconnaître et je ne sais pas si cela devrait me vexer ou non, mais je décide de ne pas vraiment lui en porter rigueur. Peut être qu’il avait des tonnes d’amants et que je n’en été qu’un parmi tant d’autres. « Je suis désolé… » J’hausse les épaules et lui offre un sourire avant de lui suivre pour traverser le hall.
J’attache le pass sur la poche de ma chemise, pour être sur de ne pas le perdre et suis le brun à travers les couloirs de son entreprise, tentant de me rappeler du chemin pour ne pas me perdre. Ce n’est pas pire que de retrouver son chemin sur un grand set de tournage. Je propose alors que l’on se tutoie, parce que de le vouvoyer me fait bizarre et ne me semble vraiment pas naturel. « Puis nous allons passer du temps ensemble, autant que cela soit convivial… Après toi… » Je lui offre un nouveau sourire et entre dans la pièce qu’il m’indique. L’endroit sera parfait pour filmer le style de vidéo qu’ils m’ont demandé. « J’ai une mémoire un peu encombrée… » Qu’il fini par me dire, comme pour justifier qu’il ne se souvienne pas de moi. « C’était en quelle année ? Los Angeles c’est ça non ? » Je souris un peu. « Non, c’était ici, mais je rentrais de Los Angeles après quelques années à vivre là bas. » Je lui réponds simplement. « J’espère que tu ne le prends pas mal ni pour toi… » « Non, t’en fait pas. Ce n’était que quelques semaines après tout, on ne se connait pas vraiment. » On a passé du bons temps, on s’est bien amusé, mais ca s’arrête là à vrai dire.
« Tu as besoin d’une salle, d’une pièce ? Enfin, demande et je vois ce que je peux faire… » « Ici sera parfait. » Je lui réponds en déposant les sacs de mon matériel. « Je vais installer ma caméra, mais je pense qu’on va partir sur quelque chose d’assez simple. » Je commence à sortir mon matériel afin de l’installer dans la pièce, et de mettre un peu en scène comme je le souhaite.
« Los Angeles… Rien à voir avec Brisbane. Dans ce cas, on pourra probablement discuter tout au long de la journée à mon avis… À part si tu as besoin de silence. Au pire je peux aussi retourner à mon bureau, et si mon frère descend, tu pourras lui expliquer que tu n’avais pas besoin de moi ? » Je lui adresse un sourire à Samuel, il a beau ne pas me reconnaître, ou ne pas se souvenir, moi je m’en souviens. Nous ne sommes pas fréquentés longtemps, juste quelques semaines après mon divorce avec Julia et mon retour en Australie. Pour lui, je n’ai peut-être été qu’un parmi tant d’autres, alors je ne lui en tiens pas rigueur. « Non, tu peux rester, ca me dérange pas. » Après tout, je préfère toujours avoir un peu de monde autour de moi plutôt que de me retrouver seul dans ce genre de situation. Je sors alors mon matériel et commence à installer ce qu’il me faut pour filmer cette vidéo que l’on m’a demandé. « Sacrée caméra… Ca fait longtemps que tu es dans le milieu ? » Je lui adresse un sourire. « Quelques années oui. J’ai commencé vraiment dans le métier il y a neuf ans, après mes études de cinéma. » Je lui adresse un nouveau sourire. « Et encore, ce n’est pas ma caméra la plus grosse. » Je lui avoue, ayant du matos bien plus gros pour de vrais films.
« Tu veux que j’aille chercher les premiers volontaires ? Ils seront ravis de te montrer leur magnifique bonnet de Noël, spécialement amené pour l’exercice. » Je ris un peu et ne peux m’empêcher de me tourner vers lui. « On dirait que tu n’aimes pas beaucoup Noël à t’entendre en parler comme ca. » Je lui dis. J’adore Noël et même si ce n’est pas le genre de projet que je fais beaucoup, je trouve que l’idée de faire une vidéo pour remercier les employés pour l’année est une bonne idée. Je suis visiblement moins retissent que Samuel sur cela. « C’est la première fois je suppose qu’une entreprise t’emploie pour ce genre de film ridicule non ? Après tout, qui va oser regarder ce clip ? Non pas que je remette en question ton talent et le résultat, mais l’objet lui-même ne m’intéresserait pas de prime abord. » « Ce n’est pas la première fois non, mais ce ne sont pas mes projets principaux. Je trouve que l’idée est sympa. » Je lui adresse un nouveau sourire avant de me mettre à faire quelques réglages de caméra. « Après, peut-être que je n’ai pas de goût… mais quand je vois le bel homme que tu es, je doute que ce soit véritablement ça le problème que j’ai avec l’idée… » Je ris à nouveau un peu. « Tu es prêt ? Sauf si tu veux commencer avec moi, je risque d'être l'élément le plus perturbateur que tu rencontreras de ta carrière... Ma soeur est actrice, mais ce n'était pas génétique à priori. » Je me tourne alors vers lui. « Ah oui ? Ta soeur est actrice ? Elle a joué dans quoi ? » Je lui demande avant de venir placer un tabouret en face de la caméra. « Assis toi là, ca va me permettre de faire des réglages. » Je le laisse faire et viens me placer derrière la caméra. « Je suis sur que tu t’en sortirais mieux que tu ne le dis. » Je lui fais un clin d’œil et commence à régler des choses.
« Neuf ans ? Et cela ne te dérange pas de venir faire une publicité pour une entreprise comme la nôtre ? Je ne sortirais pas cette phrase de son contexte… » Je ris un peu et hausse les épaules. « Non, ca me derange pas. » Pourquoi rester dans des choses qui ne sortent que dans les cinémas. Des fois, de faire des petits projets comme celui me font du bien, me rappel pourquoi j’ai commencé dans le cinéma mais aussi qu’il ne faut pas toujours prendre la chance que j’ai d’avoir réussi dans ce milieu comme acquis. Il faut se battre tous les jours en sachant que du jour au lendemain la chance que j’ai eue avec mon dernier film peut disparaître complètement. Je lui parle un peu de Noël au Samuel et il n’a l’air de beaucoup aimer cette période de l’année. « Dirons-nous que tout ce qui est festivités familiales et contraintes sociales, ça me dépasse… » J’hoche la tête, je peux le comprendre, je n’ai moi-même jamais vraiment fêter Noël avec ma famille, pas depuis des années et des années.
« L’idée ne vient pas de moi ! » Je ris à nouveau un peu. « J’ai cru comprendre ouais. » D’après ce qu’il me dit, c’est l’idée de son frère ainé, celui qui est à la tête de cette entreprise. Il me parle d’ailleurs ensuite de sa sœur, en me faisant comprendre que c’est elle qui est douée pour être devant des caméras, elle qui est douée pour jouer le jeu lorsqu’on lui demande. Elle est actrice. « Euh… Dans des music-halls à Londres. Je pense que tu dois connaître son nom. Tout le monde devrait la connaître… » « Elle s’appelle comment ? » Je lui demande alors piquer par la curiosité, parce qu’après tout, le monde d’acteur et actrice n’est pas si petit que cela et il est impossible de connaitre tout le monde même si la liste de ceux que je connais n’est pas des moindres. Je me lance alors dans des réglages de caméra, pour que tout soit parfait, ou du moins au mieux possible et demande au brun de s’assoir sur la chaise face à la caméra. Je suis persuadé qu’il ne doit pas être aussi mauvais acteur qu’il ne le dit, mais le brun ne semble pas d’accord avec moi. « Ça, c’est ce que tu penses, probablement à tort… »
« J’ai un texte à dire ? Tu me le souffleras c’est bien ça comme idée… Vu qu’il n’y a probablement pas de prompteur… » Je relève la tête vers lui. « Je pensais faire un peu genre question réponse en fait. Je me suis dit que ca pouvait être sympa, comme ca je peux demander des choses différentes à chaque personne. » Je lui adresse un sourire. « Est ce que ca te va ? »
« Si cela ne te dérange pas, c’est parfait pour notre communication… Je suis sûr que tu feras du bon travail. » Je lui adresse un sourire, appréciant vraiment son soutien avant de me concentrer un peu sur les réglages de ma caméra. Samuel me répète une nouvelle fois que l’idée de faire un mini film n’est pas la sienne et cela me fait sourire une nouvelle fois. « Heureusement que tu comprends, vu le nombre de fois où je l’ai répété. » Et puis il me parle de sa sœur, me faisant comprendre que c’est elle l’actrice de la famille, elle qui est douée pour ce genre de chose. Je le questionne alors un peu sur l’identité de sa sœur, parce qu’après tout, le monde du cinéma et de la scène est plutôt grand et on ne peut pas forcément connaître tout le monde. « Hayden. Hayden Siede. » « Je crois que son nom me dit quelque chose oui. Je n’ai jamais bossé avec elle mais j’en ai déjà entendu parler. » Je lui offre un petit sourire. « Elle a eu une carrière à Londres. Elle est talentueuse. Pourtant je ne comprends pas pourquoi elle est partie et qu’elle a tout quitté… Elle travaille à la Northlight Company maintenant. » Je me tourne alors vers le brun. « Ce n’est pas un milieu facile tu sais, ce n’est pas facile pour tout le monde ce genre de chose. Peut-être qu’il y a eu quelque chose qui a fait qu’elle n’était plus bien dans ce milieu. » Je lui explique. Le milieu du cinéma n’est pas tout rose, bien loin de là même et souvent c’est ce qui peut faire fuir les gens, même les plus talentueux.
« C’est une bonne idée… » me répond le brun qui semble extrêmement nerveux alors que je lui explique l’idée que j’ai pour ce petit film. Je me suis dis qu’un simple question réponse pourrait être sympa et surtout plus simple à réaliser avec des gens qui n’ont pas l’habitude de faire ce genre de chose. Samuel se met cependant à rire tout seul, visiblement plutôt très nerveux. « Je suis désolé… Vraiment… J’espère que les réponses sont simples c’est tout… » J’hoche la tête. « Oui ne t’en fait pas. » Je ne vais pas lui demander la lune. « Parce que je suis du genre à pouvoir vous réciter les dix milles premières décimales du nombre pi aisément, mais parler de moi ou de ce que j’aime c’est plus compliqué… Tu vas penser que je suis un geek dans toute sa splendeur n’est-ce pas… Mais avant que je ne parte en courant, on devrait commencer, je t’écoute pour tes questions ! » « T’en fait pas. Mais si tu préfères on peut commencer par quelqu’un d’autre ? » Mais il semble déterminer le brun et au final je commence à le questionner.
****
C’est quelques heures plus tard, les questions posées, les réponses enregistrer que je finis par me redresser et m’étirer le dos. Je pense avoir besoin de tout ce que j’ai besoin et surtout je crois que je vais pouvoir faire quelque chose de sympa. « Bon, eh ben je pense que j’ai tout ce qu’il me faut. Tu as des questions ou besoin de quelque chose d’autre ? »