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 nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne

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nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne Empty
Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptySam 14 Nov 2020 - 22:00

Le sommeil était devenu difficile à trouver, ces derniers jours. Hayden partageait son temps entre les cours à la Northlight et les derniers cartons qu’elle avait enfin consenti à déballer pour se sentir chez elle, fuyant n’importe quel moment de flottement qui l’obligerait à prendre le temps de réfléchir au monde qui tourbillonnait autour d’elle. Elle avait naïvement espéré que le double d’énergie habituelle qu’elle prodiguait en journée aurait contribué à l’épuiser suffisamment pour que, le soir venu, son corps s’endorme aussi rapidement que son esprit, mais ses efforts s’étaient rapidement révélés vains. Passé le soulagement d’avoir pleinement exprimé trois années de ressentis qui avaient lourdement pesé sur son cœur, sa rencontre avec Jamie l’avait laissé étourdie, surprise de constater que, parfois, obtenir des réponses signifier avant tout ouvrir la porte à de nouvelles questions. Il y en avait eu tant, alors, qu’Hayden s’était persuadée de ne pas les laisser échapper, sentant qu’il ne s’agissait sans doute pas du bon moment, et qu’elle n’était décemment pas dans la position d’interroger quiconque à propos d’une rupture dont elle se sentait responsable tout en sachant pertinemment ne pas l’être tout à fait, comme on le lui avait assuré. La comédienne avait donc sagement enfoui ses questionnements, espérant être capable de les faire taire jusqu’au moment où il lui paraîtrait judicieux de les exprimer. L’idée de rendre visite à Elizabeth lui avait vaguement traversé l’esprit, mais Hayden l’avait rapidement dissipé. Sa meilleure amie était toujours profondément plongée dans sa dernière peine de cœur, et il n’était pas question de lui apporter un poids supplémentaire qu’elle n’avait pas demandé. En d’autres circonstances, le chemin vers Keith se serait imposé de lui-même, mais le statu quo était visiblement devenu leur norme, et la comédienne se voyait mal rompre le silence pour s’exprimer sur un sujet qui déclencherait sans nul doute une colère qu’elle était lasse de combattre. En attendant que son orage intérieur ne se décide à s’apaiser, Hayden avait donc préféré se murer dans le silence et se perdre dans son quotient tumultueux. Mais ce matin-là, rien de tout cela n’avait semblé être suffisant, et la comédienne s’était réveillée aux aurores avec un début de migraine pour seule compagnie. Elle n’avait jamais été du genre à se tourner et à se retourner dans son lit en espérant remporter son bras de fer contre Morphée : chaque heure de la journée pouvait lui être productive, elle en était persuadée, et il était toujours possible de rejoindre le théâtre avant le début des premiers cours de la journée pour travailler sur son programme à venir. Même si Hayden n'était pas prévue aujourd’hui, elle savait pertinemment que personne ne lui tiendrait rigueur d’emprunter les locaux pour quelques heures : son acharnement vis-à-vis du travail n’était plus à prouver, et elle savait que sa venue inattendue ne surprendrait personne.

Le détour par le café de Fortitude Valley s’était imposé de lui-même. Hayden n’avait jamais été une grande consommatrice de caféine, mais un tel début de journée appelait aux grands remèdes, et cela lui semblait une éternité depuis la dernière fois qu’elle avait pris la peine de s’octroyer un véritable petit-déjeuner. Une démarche qu’elle avait bien entendu instantanément regretté à la minute où elle avait aperçu la file qui s’allongeait devant l’établissement, provoquant à la fois une grimace et une sensation de regret lorsqu’elle prit conscience que son anticipation d’ordinaire sans failles venait de lui faire défaut, autant que son sommeil. Il était cependant trop tard pour faire demi-tour, et les minutes s’écoulèrent longuement, simplement troublées par les regards paresseux qu’Hayden jetait autour d’elle. Ses yeux s’accrochèrent à une silhouette connue, et la comédienne oublia de respirer pendant quelques secondes sous l’effet de la surprise. Joanne se trouvait à quelques mètres de là, et il aurait été mentir que de dire qu’elle semblait en pleine forme. Elle repensa instantanément aux paroles de Jamie et, décida de ne pas prêter attention à l’once de culpabilité qui menaçait de l’envahir. Elle allait calmement récupérer son café, prendre la sortie en la saluant d’un signe de tête si la jeune femme prenait conscience de sa présence, et continuer de vivre sa vie sans plus jamais interférer consciemment avec celle de Joanne comme elle se l’était promis depuis le gala. C’était sans compter sur le barista qui prononça le prénom de la conservatrice d’une voix trop basse pour être pleinement entendue, avant de poser le gobelet sur le côté du comptoir tandis qu'aucune réponse ne lui était parvenue. Hayden, qui avait travaillé sa stratégie depuis des années et qui avait décidé dès son entrée d’attendre sa commande au plus près du lieu d'action, assista à la scène en soupirant. Toute perdue dans ses pensées qu’elle semblait l’être, Joanne n’avait visiblement pas pris conscience de la disponibilité de son café, et la comédienne hésita un instant avant de se saisir du gobelet abandonné en même temps que du sien, se frayant un chemin à travers les clients qui étaient massés derrière elle. Un jour ou l’autre, sa bonté finirait assurément par la perdre, c’était certain. « Joanne ? » Hayden fit son possible pour ne pas analyser la réaction de la jeune femme en la voyant, ne souhaitant nullement s’exposer d'aussi bon matin à la tournure de comédie dramatique que prenait sa vie ces temps-ci. « J’ai pris la liberté de récupérer ça pour toi, je crois que jamais ta commande ne serait arrivée à bon port encore chaude, sinon. » La comédienne lui tendit le gobelet, se félicitant de ne pas avoir tenté de détendre l’atmosphère en lui assurant qu’elle n’avait pas empoisonné son café. Il était sans doute trop tôt pour ce genre de blagues, même effectuée dans le but de dissiper le malaise évident qui venait de tendre l’air depuis que les deux femmes s’étaient retrouvées face à face. « Bonne chance pour trouver une place assisse, je crains que tout le monde n’ait eu la même idée que nous, ce matin. » Hayden acheva sa phrase par un sourire poli et un signe de tête convenu, convaincue par son expérience de small talk du jour. Il n’était pas question de traîner dans les parages plus longtemps : si elle savait faire ressortir son côté peste quand les circonstances l’exigeaient, la cruauté pure et dure n’avait jamais fait partie de son éventail de talent. Et il lui semblait que demander à Joanne si tout allait bien faisait durement partie du processus qu’elle souhaitait tant éviter.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyVen 20 Nov 2020 - 16:07

NOBODY HERE's PERFECT
oh, but everyone's to blame - @hayden siede
"Non, c'est bon, ne t'en fais pas, je l'emmène à l'école." avait répondu Joanne à son futur ex-époux lorsque celui-ci s'était aimablement proposé de s'occuper intégralement des enfants pour la journée. C'était un jour où il gardait Louise à la maison. Depuis qu'il avait été évincé de GQ, sa fille n'allait plus autant à la crèche dans la semaine. Cela lui permettait de passer du temps avec elle, de la voir grandir. Désormais c'était Joanne qui rentrait tardivement le soir, et qui se réveillait très tôt pour aller au travail et optimiser son temps. Bien qu'elle appréciait le coup de main offert par Jamie, la petite blonde tenait à se faire une idée de comment s'organiseraient ses journées dans les temps à venir, alors autant qu'elle gère à côté les horaires de l'école. Il n'avait beau être qu'en maternelle, Daniel était toujours tout fier de porter son sac à dos (et absolument adorable par la même occasion). C'était un plaisir, de l'y emmener, de le voir rejoindre les copains qu'il avait pu s'y faire. Après l'avoir embrassé sur le front et regarder rejoindre la maîtresse jusqu'à ce qu'elle ne l'ait plus dans son champ de vision. Avant de se rendre au musée, Joanne avait l'envie soudaine de se chercher un chocolat chaud dans un café dans lequel elle se rendait de temps en temps quand l'envie lui en disait. Un petit plaisir avant de commencer une longue journée dont elle avait établi le programme la veille. Tout était calculé à la minute, il n'y avait pas de temps à gâcher à rêvasser ou à papoter des derniers potins avec les collègues. A cette heure-ci, tout le monde avait eu la même idée qu'elle – ou peut-être qu'elle avait eu la même idée que tous les autres. Sagement, elle faisait la queue, elle prenait commande. Il y avait des moments où elle hésitait à annoncer son divorce. Il y en avait d'autres où elle se disait qu'elle préférerait garder ça pour elle. Joanne savait comment ses proches réagiraient, plus ou moins. Elle comptait retourner dans la maison à Toowong, qu'elle avait gardé après s'être mariée avec Jamie. Il y avait une chambre d'amis, qu'elle voulait réaménager pour en faire la chambre de Louise. Elle pensait également se faire son petit bureau dans la salon, là où elle pourrait ranger toute la documentation qu'elle assemblerait pour son doctorat, ou faire le tri dans ses factures. L'attente se faisant très longue, la jeune femme commençait à lire les mails du travail sur son smartphone pour s'avancer un petit peu. Mais sa tête était ailleurs, il lui était difficile de se concentrer. Elle se sentait vidée. Joanne devait être probableblement être de celle qui devrait en parler à quelqu'un. Après tout, elle n'en serait pas à son premier suivi psychologique, même si la simple idée ne l'enchantait guère. A défaut de pouvoir se confier à coeur ouvert à quelqu'un. Il y en avait qui se montraient à l'écoute, mais ils n'étaient pas dans une position qui leur permettait d'être impartiale et sans jugements. Ils avaient une idée bien faite de Jamie, de leur mariage, de leur divorce. Elle ne voulait pas ennuyer qui que ce soit avec ses histoires. Pour toutes ces raisons, elle trouvait bien plus d'intérêt à tout garder pour elle : les dommages en seraient ainsi minimes.

Perdue dans ses pensées, elle ne faisait absolument plus attention à l'environnement dans lequel elle se trouvait. Rêveuse comme elle était, elle se détachait très facilement de la réalité. Son petit échappatoire. Cela avait toujours été le cas, avec elle. Ce pourquoi elle sursautait vivement quand une voix féminine l'appelait, près d'elle. Ce n'était pas la voix lointaine de la serveuse, non. Elle était étrangement familière et l'empreinte laissée dans sa mémoire n'était pas des plus agréable. Ses iris bleus se levèrent en la direction de la femme qui se trouvait près d'elle. Hayden. D'abord interdite, il lui fallait quelques secondes avant de parvenir à lui répondre un "Bonjour." poli. Depuis leurs retrouvailles (si l'on pouvait véritablement parler de retrouvailles), Joanne pensait qu'elle n'aurait plus avoir à faire avec elle. Durant le gala, la blonde pensait sincèrement qu'elles n'auraient plus grand chose à se dire. A force de réflexion, Joanne avait fini par estimer que mettre les choses à plats, dans une conversation que l'on qualifierait de normale. Mais elle ne pensait pas avoir l'audace de se lancer dans un tel labeur. Et Hayden avait une bien meilleure répartie qu'elle, la future ex-Mrs. Keynes savait qu'elle serait écrasée en moins de deux. "Oh."  dit-elle à voix basse en remarquant effectivement le gobelet fermé en carton que la comédienne lui tendait. "Merci." La bienveillance de la brune la surprenait. Pas remarques cinglantes, de regards qui jugeaient ou de sourires victorieux ? Rien de tout ça. Quant à Joanne, elle ne savait rien faire d'autre que d'être ce qu'elle était : éteinte. Si un rictus venait légèrement étirer ses lèvres roses, ce n'était que par politesse. Elle en avait assez de se battre. La belle brune constatait qu'elles n'avaient pas été les seules à vouloir se trouver une place pour siroter tranquillement leur boisson chaude avant de poursuivre la journée. Le regard fatigué de Joanne parcourait tout de même la pièce. "Il semblerait, oui." souffla-t-elle d'un air dépité. Malgré tout, elle continuait d'observer, Hayden restait en face d'elle. Joanne se serait attendue à ce qu'elle ne s'attarde pas plus longtemps avec elle. Que valait-elle, à ses yeux, après tout ? "Je crois qu'une table se libère, là-bas." Elle l'indiquait d'un signe de tête, voyant deux hommes en costume récupérer leur sac, l'un deux réajustant rapidement le col de sa chemise avant de se lever. "Si jamais tu souhaites occuper la deuxième place..." suggéra-t-elle à la belle brune en se retournant vers elle. "... Tu peux venir, si tu veux." Rien ne l'y obligeait et elle se doutait bien qu'Hayden ne voudrait pas forcément de la future ex-épouse de Jamie comme compagnie. "On pourrait... parler." dit-elle en baissant les yeux, se demandant après coup si sa proposition était vraiment une bonne idée. "Ou non." Rien ne l'y obligeait. Pourtant elle avait l'intime conviction que ce type d'opportunités, de croiser Hayden aussi hasardeusement, était beaucoup trop rare pour passer à côté. Alors, oui, peut-être qu'il était temps qu'elles discutent. Joanne finit donc par s'asseoir, déposant la sacoche dans laquelle elle stockait son ordinateur portable et plusieurs chemises de documents, ainsi que son sac à main par terre à côté d'elle, hors de portée des autres clients du café. La table était dans un coin, un peu plus isolée que les autres.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyVen 22 Jan 2021 - 23:14

La situation douloureuse que Joanne traversait marquait tous les traits de son visage, de son sourire affaissé à son regard absent. En sa capacité de bonne observatrice de la gestuelle corporelle souvent inconsciente que sa passion lui avait offert, Hayden pouvait déceler toutes les attitudes qui marquaient la tristesse autant que le désœuvrement chez la jeune femme qui, elle s’en rendait compte désormais, ne parvenait même pas à la regarder dans les yeux plus que quelques secondes. Des années plus tôt, la comédienne aurait certainement apprécié ce sentiment de supériorité nouvellement acquis, elle qui avait passé l’entièreté de son début de vie à tenter de devenir quelqu’un. Aujourd’hui pourtant, le constat était plus amer que victorieux, et Hayden ne ressentait qu’une profonde tristesse en prenant conscience du chemin parcouru et des sacrifices beaucoup trop douloureux que ce drame moderne avait requis de la part de chacun de ses interprètes. Dans ce contexte bien particulier, l’invitation de Joanne résonna dans l’air comme un mirage auditif, et la comédienne fut contrainte de reconnaître que, l’espace d’un instant, elle avait été totalement prise de court. Hayden ne comprenait pas très bien l’intérêt que la jolie blonde pouvait tirer de sa présence, elle qui était certainement persuadée que la comédienne était la seule responsable de son divorce, et avec préméditation qui plus est. « Eh bien, ce n’est pas comme si mon programme de la journée était terriblement chargé, après tout. » Et pour cause. Maintenant que les poussières du scandale et de la trahison étaient retombées autour d’elle, Hayden avait temporairement renoué avec sa vie d’avant, celle qui consistait à se noyer dans le travail lorsqu’elle n’était pas sous un plaid dans son salon, à regarder distraitement un musical qu’elle connaissait déjà par cœur, un verre de vin à la main. Après tant d’années passées à courir après tout ce que la vie pouvait lui offrir, ce changement de rythme n’était pas pour lui déplaire, mais sa vie londonienne continuait de lui manquer. Depuis peu, les propositions de rôles et les appels des producteurs déferlaient de nouveau, et la comédienne sentait qu’un jour ou l’autre, il lui faudrait renouer avec le milieu duquel elle s’était arrachée sans vraiment y réfléchir. C’était troublant, quand la jeune femme nageait encore et toujours au milieu de l’inachevé depuis son retour à Brisbane.

Tandis qu’elle prenait place, le regard d’Hayden s’attarda sur la sacoche que Joanne venait de déposer en sécurité à côté d’elle, sacoche que la comédienne devinait pleine de documents visiblement importants. Elle songea soudainement à quel point elle ignorait une majeure partie des détails qui pouvaient constituer la vie de l’autre jeune femme, à commencer par le métier qu’elle pouvait exercer. Sa présence au gala catastrophique quelques mois plus tôt l’avait déjà alertée sur ce point, puisqu’elle avait toujours douté que le couple Keynes s’y soit rendu grâce à une invitation donnée à Jamie, à la vue du contexte de l’époque. Puisqu’il ne semblait pas à Hayden que Joanne soit une habituée des soirées de ce genre, la comédienne en avait vaguement conclu qu’elle connaissait certainement quelqu’un de haut placé au musée, et ses réflexions s’étaient arrêtées là. Au fond, elle reconnaissait ne s’être jamais réellement intéressée à la jolie blonde et à ce qui pouvait constituer son quotidien, comme s’y se résoudre à tenter de faire sa connaissance aurait risqué de rendre toute cette situation surréaliste un peu trop réelle, justement. « Tu as l’air d’avoir beaucoup de travail. » Hayden avait désigné la sacoche d’un geste de la main, s’exprimant avec une curiosité sincère. Elle supposait qu’un cadre extérieur et totalement neutre permettait sans doute à Joanne de se concentrer plus facilement, loin des préoccupations du divorce et des difficultés qu’une telle décision engendrait. La comédienne se garda bien d’exprimer ses pensées à voix haute, cependant, toujours désireuse d’éviter le sujet épineux qui constituait pourtant leur lien principal. Mais c’était sans compter sur l’intervention hésitante de la doctorante qui, elle, semblait décidée à mettre les pieds dans le plat et à obtenir des réponses, évoquant l’idée d’une discussion entre les deux jeunes femmes. Hayden avouait sans difficultés aucune qu’elles n’avaient jamais réellement eu l’occasion d’une telle chose auparavant, tant leurs oppositions n’avaient eu de cesse de les tenir éloignées l’une de l’autre. La comédienne avait pourtant souvent songé, à l’époque, que leurs différences auraient pu les rapprocher, si les circonstances de la vie n’en avaient pas décidé autrement. C’était ironique, que le destin choisisse de les réunir au moment où elle était persuadée de ne plus avoir grand chose à lui dire. « Je suppose que tu souhaites parler de Jamie ? » L’ancien rédacteur en chef venait d’être évoqué, et Hayden fut presque surprise de constater que la Terre ne semblait pas s’être arrêtée de tourner pour autant. Elle avala quelques gorgées de son café, profitant de ce court répit pour peser ses mots autant que sa réflexion. Elle n’avait jamais douté de la montagne d’interrogations que Joanne avait certainement accumulé au fil des années passées à se côtoyer sans jamais vraiment se croiser, et il n’était pas étonnant que son divorce à venir n’ait achevé de la convaincre qu’au fond, elle n’avait plus grand chose à perdre à demander des comptes. La doctorante ne paraissait pas vindicative pour autant, et Hayden devina sans trop d’effort que Joanne devait se sentir perdue plus qu’en colère, tiraillée par le doute plutôt que certaine de ses impressions. Et la comédienne, elle, savait d’avance qu’il y aurait peu de chances pour qu’elle ne se sente pas à la fois juge et partie. « Nous ne nous sommes pas revus depuis un moment. Je ne suis pas certaine d’avoir grand chose à t’apprendre. » C’était la pure vérité, et Joanne possédait, en conséquence, certainement beaucoup plus d’éléments concernant Jamie qu’Hayden elle-même. Hormis quelques coups de téléphone plus ou moins réguliers, les deux anciens amants conservaient leur plus discret profil bas étant donné les circonstances, et la comédienne ne mentait nullement lorsqu’elle avançait qu’il y avait peu de choses sur lesquelles elle pouvait, et même voulait, s’exprimer au sujet de l’ancien rédacteur en chef. Peut-être se trompait-elle, peut-être que Joanne souhaitait simplement commenter l’été brisbanais et les pluies torrentielles qu’il apportait. Mais son regard fuyant, lui, ne trompait pas Hayden : il n’était plus seulement question de small talk, dorénavant.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyMar 16 Fév 2021 - 19:13

NOBODY HERE's PERFECT
oh, but everyone's to blame - @hayden siede
En d'autres circonstances, elles auraient pu être amies. En d'autres circonstances, elles auraient pu nouer des liens forts. Elles étaient aux antipodes de l'une l'autre, autant par le physique que par le caractère. Les opposés s'attirent, disait-on. Peut-être que cette formule aurait pu s'avérer vrai pour elle. Mais l'atmosphère spontanément électrique dès leur première rencontre avait généré l'effet inverse. C'était un autre temps, une autre époque. Depuis, l'eau avait bien coulé sous les ponts et les deux belles femmes se retrouvaient là, des années après avoir fait connaissance pour la première fois. Elles avaient toutes les deux bien changé, depuis. Le fil commun qui les reliait, ce centre d'intérêt commun qu'était Jamie, n'avait fait que susciter méfiance et jalousie. Et à raison, car il avait été épris de ces deux muses. Cela devait être probablement toujours le cas. Joanne était surprise que la brune accepte de passer un peu de temps en sa compagnie. Elle savait qu'elle voulait lui parler, mais elle ignorait de quoi, exactement. Elles avaient des choses à se dire, c'était une certitude. Mais tout était encore bien flou. Les années écoulées avaient atténué la rancoeur que Joanne ressentait pour Hayden. A dire vrai, elle ne ressentait plus grand chose, à son égard. Comme si cette colère s'était évanouie, anesthésiée par les circonstances. Il n'y avait là plus de bataille à mener, mais plutôt des conversations pour mettre tout à plat. Repartir sur de bonnes bases ou mettre une conclusion à des choses qui n'avaient plus vraiment de raisons d'être. A ce jour, Hayden ne représentait plus une menace. Hayden était... Hayden, tout simplement. Une inconnue, finalement. Elles s'installèrent donc, boisson déjà en main. La comédienne remarquait rapidement la sacoche de Joanne, chargée documents et ordinateur portable. Cela l'interpella suffisamment pour qu'elle en fasse une réflexion à voix haute. "C'est de la documentation pour mes recherches, pour mon doctorat. En grande partie." expliqua-t-elle en esquissant un simple sourire à la brune. Car s'il y avait bien un sujet de conversation intarissable pour Joanne, c'était bien celui de son travail. Elle restait bien plus interdite lorsqu'on lui posait des questions orientées vers sa vie personnelle. Avec Hayden, c'était un peu différent. Elle connaissait Jamie, elle le connaissait très bien même. Elle l'avait aimé, et peut-être l'aimait-elle encore. Pas que Joanne se confierait corps et âme à elle, mais du fait d'avoir été proche de Jamie, elle était la mieux placée, parmi tant d'autres, à comprendre un peu toute cette mascarade.  Joanne n'était pas avec elle pour discuter uniquement de ses travaux de recherche. Elle doutait encore, à ce moment-là, qu'Hayden puisse être sincèrement intéressée par son doctorat. L'une avait mis les pieds dans le plat pour discuter de sujets bien plus épineux, l'autre ne semblait pas réfractaire bien qu'elle n'était pas certaine de pouvoir la renseigner sur quoi que ce soit. Encore une fois, Joanne restait longuement silencieuse, seule avec ses pensées. "Je pense en savoir assez." souffla-t-elle finalement. Elle n'était pas en quête de renseignements ou d'informations. Il était plutôt là question de mise au point, de débat. Enterrer la hache de guerre. "Il s'est bien gardé de me dire que tu étais revenue." Les raisons de son retour lui était obscur. Mais il fallait reconnaître que la présence d'Hayden avait grandement accélérer la prise de décision concernant le divorce du couple Keynes. "Il savait que je n'allais pas bien réagir, de toute façon. Que ça n'allait mettre que de l'huile sur le feu. Mais j'aurais préféré l'entendre de sa bouche plutôt que de le découvrir fortuitement durant une soirée sur mon lieu de travail." Autant Hayden avait tenté de calmer, autant son prétendu ami avait fait une très mauvaise impression auprès de la conservatrice. Son attitude déplorable lui restait encore au travers de la gorge. "Et il a vu ta réapparition comme la venue du Messie." Il n'y avait aucune amertume dans ses paroles. Juste un simple constat. "Tu as traversé la moitié du monde pour lui, après tout. Du moins c'est ce qu'il pense." Joanne ignorait si c'était vrai ou pas. Mais Jamie l'avait vécu comme tel. "Dès qu'il avait prononcé cette phrase, j'avais tout de suite su qu'il avait toujours des sentiments pour toi. Je m'en étais toujours un petit peu doutée, au fond." Un sourire triste anima discrètement son visage. Quand Jamie ressentait quelque chose, c'était toujours avec une telle intensité. "Les milliers de kilomètres qui vous ont séparé a probablement... endormi, tout ça. Mais dès que je t'ai vu, j'ai rapidement su que ça n'allait plus fonctionner. Ca ne fonctionnait déjà plus depuis quelques mois, de toute façon." Il fallait se rendre à l'évidence. Leur couple ne valait plus grand chose au moment de la soirée et la présence d'Hayden n'avait rien trop arrangé. "Parce que tu incarnes tout ce que je ne suis pas, parce qu'il aime s'entourer de personnalités fortes et au moins aussi fougueuses et intrépides que la sienne. Ce que je suis pas non plus." Son regard visait à nouveau le vide. D'échec en échec, de constat en constat, Joanne pensait se rendre ainsi à l'évidence. "Et l'on peut aimer aussi fort une personne, cette..." Elle soupira, cherchant ses mots. Elle redressa aussi ses yeux pour fixer Hayden. "... Cet enchaînement d'échecs fait réaliser au bout du compte que ça ne suffit plus. Il y a beau avoir de l'amour, s'il n'y a plus de confiance derrière, alors plus rien ne fonctionne." Il n'y avait plus eu matière à y croire, à ce mariage. "Tu aurais certainement mieux géré la situation que moi." Hayden était née là-dedans, elle connaissait Jamie de longue date. Elle avait des épaules solides, capables de ne pas s'écraser sous le poids du regard des autres, des rumeurs, des conséquences des frasques de Jamie. Joanne n'était pas faite pour ce milieu là. Elle ne l'avait jamais été. "Autant dire que la grande romantique que je suis, celle qui croit en l'Amour avec un grand "A", en a pris un sacré coup." Un rire nerveux et bref s'échappait de sa bouche. "Et je ne peux pas m'empêcher de penser que si tu es effectivement revenue juste pour lui, ce n'est pas par simple amitié." On était déjà capable de beaucoup pour ses amis. Joanne pensait que Jamie et Hayden avaient coupé les ponts depuis le départ de la comédienne. Ce qui rendrait son retour d'autant plus inattendu et que les soupçons de Joanne étaient justifiés. S'ils avaient effectivement gardé contact, c'était quelque chose qu'il avait bien gardé de lui dire, et qui expliquerait cette réapparition. Un retour en Australie, par simple amitié.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyMar 23 Fév 2021 - 2:04

Hayden avait poliment hoché la tête en écoutant Joanne mentionner son doctorat, consciente que leur small talk ne durerait pas éternellement. Son intérêt pour le parcours professionnel de la jolie blonde n’était pourtant pas feint et, dans une autre vie, la comédienne aurait sans nul doute surenchéri sur le sujet, consciente du peu d’informations qu’elle possédait à propos de la doctorante. Mais dans cette vie-ci, les deux jeunes femmes endossaient d’ores et déjà leurs rôles de Némésis respectives, et le temps n’était pas à la découverte de l’autre. A bien des égards, Hayden ne s’était définitivement pas attendue à ce que Joanne baisse totalement sa garde devant elle, laissant soudainement échapper un flot de frustrations intérieures qu’elle devinait enfouies depuis bien trop longtemps. Par le passé, les deux femmes n’avaient pas réellement eu l’occasion de s’entretenir de la sorte, et il était certain que si la possibilité s’était présentée, il n’aurait pas s’agit d’une discussion à cœur ouvert sur leurs opinions et leurs ressentis. Quelques années plus tôt, la comédienne n’aurait probablement jamais accepté de s’asseoir à la table de Joanne, pas plus qu’elle n’aurait pris la peine de sincèrement s’intéresser à sa carrière professionnelle. Aborder le sujet Jamie aurait été totalement proscrit, et Hayden était persuadée que la jolie blonde ne s’y serait de toute façon nullement aventurée. Mais l’eau avait coulé sous les ponts depuis, et les deux antagonistes se retrouvaient dans le même café, l’une en face de l’autre, à échanger des banalités sur le nombre de personnes s’accordant un chocolat chaud en début de matinée. Les discussions de façade avaient cependant rapidement fait place au nœud du problème, et la comédienne écoutait attentivement Joanne comme si elle n’était pas directement concernée par le sujet, comme si on lui narrait simplement un récit issu d’un temps lointain, renfermant des protagonistes inconnus, les traits du visage effacés par le temps qui passait. Hayden ressentit le besoin de l’interrompre à plusieurs reprises, mais elle décida civilement de ne rien en faire, consciente de l’effort effectué par l’autre jeune femme pour s’imposer face à elle.

A la fin de sa tirade, le silence s’installa, le temps que la comédienne ne remette de l’ordre dans le discours de Joanne et dans son propre esprit. Hayden n’avait pas oublié les dégâts que des années d’interprétations faussées et de non-dits avaient pu provoquer, et cette discussion n’en était qu’un rappel supplémentaire. « Il n’a jamais eu l’intention de te cacher mon retour. Pas comme tu le crois, en tout cas. » La comédienne se souvenait de l’inquiétude qui avait saisi l’ancien rédacteur en chef lorsqu’il avait pris conscience du risque qu’il prenait, en acceptant de la revoir dans sa propre maison. « Il était conscient qu’il n’avait plus le droit à l’erreur, après ce qu'il venait de passer. Il a voulu vous protéger, même si j’admets qu’il aurait été préférable que tu l’apprennes de sa bouche plutôt qu’au détour d’un gala, effectivement. » Hayden s’était déjà excusée à plusieurs reprises pour la débâcle qu’avait constitué cette soirée, et elle ne souhaitait pas revenir sur ce qui s’était passé. Le souvenir de l'effondrement de son amitié avec Keith était encore désagréable. « Si tu veux savoir si j’ai traversé la moitié de la planète pour profiter du mauvais pas dans lequel Jamie se trouvait et te le voler en conséquence, alors la réponse est non. Je n’étais même pas au courant qu’il avait encore des sentiments pour moi – comment aurais-je pu m’en douter ? » Joanne ne l’avait peut-être pas tout à fait sous-entendu de la sorte, mais Hayden détestait l’idée même que le moindre doute puisse subsister. Bien sûr, il était de notoriété publique que la comédienne ne reculait devant rien pour obtenir ce qu’elle souhaitait, et la persévérance était un trait de caractère inhérent à sa personnalité. Pour autant, elle n’était pas du genre à revenir sur ses décisions, et ses départs réfléchis ne marquaient que très rarement un quelconque retour en arrière. Si elle avait claqué la porte de sa vie à Brisbane quelques années plus tôt, ce n’était pas pour attirer l’attention, ni pour que quiconque la retienne ; à l’époque, Hayden avait été sûre d’elle, sûre de l'ensemble de ses choix et surtout certaine d’en assumer chacune des conséquences. Elle avait sincèrement pensé qu’il lui revenait de prendre une décision tandis que Jamie n’était pas en mesure de trancher, et la comédienne avait fini par se convaincre que Joanne finirait par lui donner raison, en devenant la parfaite épouse Keynes. Avec le temps, elle avait pris conscience que son retour en Australie sur un véritable coup de tête ne faisait pas partie de ses habitudes, et il était apparu clair tout au long des discussions qu’elle avait partagé avec Jamie que de tels sacrifices n’avaient pas été simplement altruistes. Cela ne signifiait nullement qu’Hayden avait prémédité quoique ce soit, cependant, et le constat lui était sûrement plus désagréable qu’à Joanne elle-même. Elle détestait perdre le contrôle, et la résurgence de ses sentiments à l’égard de l’ancien rédacteur en chef avait depuis longtemps remporté la première place du palmarès des uniques fois où elle avait laissé le hasard décider pour elle. « Je ne suis pas tordue à ce point, Joanne, malgré ce que tu sembles penser. » Le constat n’était pas amer, et la comédienne s’était exprimée d’un ton placide, sans colère aucune. Hayden savait pertinemment que la jeune femme ne la plaçait pas très haut dans son estime, et elle ne s’attendait pas à ce que cela change de sitôt. « Tu as raison sur un point, cependant : j’ai souvent pensé qu’à ta place, j’aurais mieux fait. » Elle haussa nonchalamment les épaules, comme si l’exprimer à voix haute rendait son discours plus ridicule encore. « C’est en partie à cause de ça, que je suis revenue. J’étais en colère de constater que malgré mon départ volontaire, malgré ma décision de m’éloigner pour vous laisser une chance, rien n’avait vraiment changé. Et je me suis dit qu’au fond, j’avais raison depuis le début : tu n’étais pas faite pour Jamie, et je ne comprenais pas pourquoi tu t’évertuais encore et encore à souffrir dans une situation qui échappait à ton contrôle. » Elle accrocha le regard de la jolie blonde, consciente que ses propos honnêtes pouvaient être mal perçus de prime abord. Elle espérait simplement que Joanne accepte de l’écouter jusqu’au bout, qu’elle perçoive la logique qui régissait les actions d’Hayden depuis tout ce temps. « J’ai fini par comprendre que j’avais eu tort, de penser de la sorte. Tu l’as épousé, vous avez eu deux enfants, et c’est toi qui l’as soutenu tout ce temps. Moi, je n’ai fait que fuir, et regretter de l’avoir fait pendant trois ans. » La comédienne avala une gorgée de son café, peu habituée aux confessions de la sorte. C’était surréaliste, de s’entendre justifier de ses actes auprès de Joanne, comme si les confidences étaient subitement devenues la norme entre elles. Mais Hayden était fatiguée des conflits incessants, et il persistait une flamme de culpabilité au cœur de ses entrailles qui réagissait au désespoir évident qui émanait de Joanne. Peut-être lui devait-elle bien ça. « C’était inconscient de ma part, bien sûr, et c’était beaucoup plus simple de vous en vouloir de ne pas avoir réussi à me prouver que j’avais fait le bon choix, en quittant Brisbane. Tout était préférable au fait de prendre conscience que partir avait été une erreur. » Il aurait été bien trop douloureux, de voir les choses en face et de constater que baisser les armes et en souffrir n’avait servi à rien. Ce n’était sans doute pas ce que Joanne souhaitait entendre, mais c’était la pure vérité, et la seule chose qu’Hayden pouvait lui offrir.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyMer 24 Fév 2021 - 20:46

NOBODY HERE's PERFECT
oh, but everyone's to blame - @hayden siede
Le respect entre les deux femmes était inconstestable. Sinon Hayden lui aurait coupé la parole plus d'une fois, elle n'aurait pas sollicité l'énergie demandée à écouter des paroles que son interlocutrice enfouissait en elle depuis des années, en ne les partageant pas à qui que ce soit. Non, la comédienne prit le temps de l'écouter, d'assimiler le moindre mot, de prendre le temps de réfléchir dessus. Elles étaient aux antipodes et cela risquait de nuire à la compréhension de l'une l'autre. Une mauvaise interprétation, un sentiment d'agression. Mais Joanne ne cherchait pas à transmettre cela. Tout ce dont elle désirait était de mettre les choses à plat, de se débarrasser de non dits qui méritaient d'être exprimés et entendus. A son tour, Hayden s'exprima, rebondissant sur chaque point évoqué par la brune. Joanne l'écoutait avec tout autant d'attention. Et rapidement, elle fut prise de frustration et d'une tristesse face aux fausses interprétations de la brune. Celle-ci ne l'avait pas comprise. Elle ne mâchait pas ses mots non plus et n'était pas tendre. Mais au moins reconnut-elle que Jamie aurait du faire autrement que de la mettre devant le fait accompli concernant le retour d'Hayden. En dehors de cela, la brune était en désaccord avec la plupart des propos de Joanne. Elle ne comprend pas, songeait-elle, à la fois triste et déçue. Cette discussion avait été une opportunité. Elle venait à peine de commencer qu'elles se mettaient déjà des bâtons dans les roues. A ne voir que leur propre version des faits, à ne pas songer que ce que l'on pensait d'une action ou d'une autre pouvait être potentiellement fausse. Ca l'agaçait, Joanne, de constater à quel point Hayden était douée pour continuer de capter continuellement son rergard, à ne pas le lâcher une seule seconde alors qu'elle continuait à la marteler de propos toujours plus douloureux. Elle confirmait l'idée qu'elle s'était faite de Joanne et admettait avoir eu tort. Le pensait-elle toujours ? Hayden semblait presque... envieuse, à un moment donné. Envieuse du rôle qu'avait tenu Joanne, de la force dont elle avait été apparemment dotée pour tenter de faire fonctionner leur couple. En vain. "Je n'ai jamais dit que tu étais tordue." répondit-elle après avoir, à son tour, pris le temps d'écouter tout ce qu'Hayden avait eu à dire. "Et je ne l'ai jamais pensé non plus." Joanne avait réalisé qu'elles ne pouvaient pas s'entendre, qu'elles étaient parfaitement incompatibles. Mais de là à penser du mal d'elle, c'était bien méconnaître la petite blonde. Suite à cela, elle désirait rebondir sur les propos d'Hayden dans l'ordre que cela avait été évoqué. "Il devait bien se douter que j'allais l'apprendre un jour ou l'autre. Que tu reviennes." Il aurait été bien présomptueux de sa part de croire qu'il pourrait le cacher indéfiniment. Un secret inavoué, un endroit où il devait probablement se sentir bien. Bien mieux qu'auprès de Joanne, après tout. "Elle était là, son erreur." Il l'avait commise en ne voulant pas la commettre; un comble. A ce jour, elle tentait encore de comprendre ce qu'il avait cherché à faire, quelles étaient ses intentions. Mais cette nouvelle cachotterie avait finalement été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Même Hayden reconnaissait que le plan de Jamie n'avait pas été des plus judicieux. Un sujet où les deux femmes étaient d'accord, c'était un miracle. "Je n'ai jamais dit que je pensais que tu allais me le voler. J'ai uniquement pensé que ça mettait en avant ce que tu ressentais pour lui." se permit-elle de corriger, encore une fois. "Jamie a pensé de son côté que c'était à cause de ton retour que je me serais montrée plus... affectueuse avec lui. Il avait tort également, mais sans grande surprise, il ne m'a pas cru non plus." A quoi bon poursuivre une relation alors qu'il n'y avait absolument plus aucune confiance entre les deux protagonistes ? C'était épuisant, de devoir recalibrer toutes les mauvaises interprétations que l'on faisait à partir de ce qu'elle pouvait dire. Comme si l'on portait bien trop peu de crédit à la façon dont elle pensait. "Et ce qu'il ressent pour toi, par la même occasion." Il était heureux qu'Hayden soit de retour, il ne pouvais pas mentir là-dessus. Il le disait lui-même : la brune était la bouffée d'air frais dont il avait besoin. Hayden donnait le fond de sa pensée, tout autant que son interlocutrice. Même si ses paroles étaient dures, qu'elle avait effectivement été convaincue que Joanne et Jamie n'étaient pas faits pour être ensemble, que la brune aurait été bien mieux pour lui. Ce dont la conservatrice ne s'attendait pas, c'était que la réflexion d'Hayden ait fini par évoluer. "Sur tes trois ans d'absence, il y en a une où j'adressais à peine un mot à mon propre mari." lui rappelait-elle calmement. "Où il n'est finalement devenu qu'un étranger avec qui je vivais sous le même toit." Jamie tenait à lui laisser de l'espace, Joanne n'avait pas le coeur ni la force de faire de nouvelles approches. "Je n'ai pas pu le lui pardonner cette fois-ci. Je ne pensais pas qu'il puisse être capable d'acheter quelqu'un juste pour son propre plaisir, sans tenir parole." Et la victime en question n'avait finalement désiré que justice, à faire éclater au grand jour les méfaits du Lord. "Tu as raison de penser que tu aurais mieux géré que moi." C'était indéniable. Et ça la tuait à petit feu, Joanne, de l'admettre. De l'accepter. De se résigner et de réaliser qu'elle n'était peut-être pas destinée à vivre ni avec Jamie, ni avec Hassan. "Il m'arrive de penser parfois qu'il espérait nous avoir toutes les deux juste pour lui. Ou au moins, qu'on s'entende bien." Mais il n'y avait rien qui lui permettait d'atteindre ces objectifs là. En dehors de lui, elles n'avaient absolument rien en commun. Aucun autre élément sur lequel elles pouvaient s'accrocher. La petite blonde se sentait vidée, lessivée par une histoire d'amour qui se terminait mal, une nouvelle fois. "Il a de la chance de t'avoir." lui soufflait-elle, en toute franchise. Joanne ne répondait pas aux standards du bel homme, Hayden. Peut-être que leur histoire avait été écrite ainsi. Qu'ils se fassent du mal, encore et encore, pour enfin comprendre qu'ils n'étaient peut-être pas destinés à vivre jusqu'à la fin de leur jour ensemble. "Et tu avais finalement peut-être raison quand tu pensais que je n'étais pas faite pour lui." C'était peut-être l'une des conclusions à tirer de cette relation. "A l'époque, il n'avait pas su me dire qu'il t'aime – et t'aime encore. Il ne le disait pas franchement, du moins. Il disait... Qu'il avait de l'affection pour toi, ou de la tendresse. J'ignore encore si c'était parce qu'il ne voulait pas l'admettre ou s'il voulait essayer d'arrondir les angles pour que ce soit moins... douloureux." Joanne ne comprenait pourquoi on tentait toujours de lui donner une version édulcorée de la réalité. Autant ses parents, que son frère, sa soeur, Hassan, et même Jamie, finalement. Oui, elle était bien plus fragile et plus friable que les autres, oui, elle prenait beaucoup de temps pour s'en remettre. Mais lui cacher les choses était devenu une monnaie courante. De ça aussi, elle en était épuisée. "Es-tu toujours amoureuse de lui ?" lui demanda-t-elle finalement en relevant son regard vide mais toujours profondément triste vers elle. Que la réponse soit positive ou non, ça ne changerait rien au divorce. La réponse allait être douloureuse, mais elle avait besoin de le savoir. "Est-ce que tu penses qu'il a toujours des sentiments pour toi ? Est-ce qu'il t'a dit quelque chose à ce sujet ?".
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptySam 6 Mar 2021 - 22:02

Il aurait fallu un véritable miracle, pour qu’Hayden et Joanne soient en mesure de se comprendre d’un seul regard, d’une seule parole, d’un seul geste. Leurs différences semblaient prendre un malin plaisir à les maintenir écartées du spectre du discernement, et si les efforts déployés pour tenter de se mettre chacune à la place de l’autre étaient évidents, ils n'étaient pour le moment pas suffisants. Ci et là, la comédienne percevait les signaux d’agacement émis par la jolie blonde, à moins qu’il ne s’agisse d’autre chose ; un mélange amer de tristesse et de résignation face à la discussion à peine engagée. Par ses réponses appuyées et sincères, Joanne avançait l’hypothèse qu’Hayden s’était trompée sur toute la ligne, en pensant qu’elle lui en voulait pour une quelconque tentative immorale de sa part de profiter de la situation délicate qu’elle traversait avec Jamie pour le lui voler. A bien y réfléchir, la comédienne avait la sensation que cette opinion la suivait depuis toujours : elle avait toujours interprété la distance et les regards froids de Joanne comme de la jalousie et de la méfiance, parvenant à se convaincre avec le temps que la doctorante ne ressentait à son égard que du mépris et une certitude qu’un jour ou l’autre, Hayden allait finir par détruire sa vie de manière irrémédiable. Elle ne lui avait jamais posé la question bien sûr – comment l’aurait-elle pu ? – mais la théorie lui avait paru suffisamment crédible pour qu’elle s’auto-valide, et la jeune femme avait adapté son comportement en conséquence. S’en était suivis des années de confrontations silencieuses et d’ignorance assumée, comme s’il ne leur subsistait que cette marche à suivre, comme s’il s’agissait de la façon dont le monde s’attendait à ce qu’elles se comportent. La comédienne n’y avait jamais rien trouvé à redire jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce que les mots de Joanne sous-entendent que leurs perceptions de l’autre avaient un jour été faussées, jusqu’à cette matinée et ce café qui leur offrait probablement la seule occasion qu’elles n’auraient jamais de chercher à se comprendre. Progressivement, silencieusement, Hayden commençait à voir la jolie blonde sous un autre angle, à comprendre qu’il existait peut-être quelque part, dans cet espace-temps ou dans un autre, une chance que leurs destins ne soient pas de s’inscrire simplement comme des Némésis toute leur existence.

C’était une sensation étrange, presque effrayante. La comédienne écoutait silencieusement, s’interrogeant quant à ce qu'elle devait répondre. Les confessions de Joanne étaient aussi inattendues que déroutantes, et elle n’était pas certaine de saisir tout à fait ce qu’elle attendait d’elle dans cette situation. La conservatrice était visiblement à la recherche de réponses plus que d’accusations, mais Hayden continuait de ne pas se sentir en mesure de lui apporter ce qu’elle souhaitait entendre. Elle se contentait d’engranger les informations qui lui étaient offertes, l’aidant à prendre progressivement conscience qu’elle n’avait rien su du quotidien du couple pendant ses années londoniennes. Evidemment, elle n’en tirait aucune frustration : s’il y avait bien eu deux personnes dont Hayden n’avait pas eu envie d’entendre parler à l’époque, c’était certainement le couple Keynes. Elle avouait sans détours que sa réponse au manque d’informations dont elle avait disposé s’était avérée être celle qui pouvait lui causer le moins de tords, et la conforter dans sa décision de tout quitter. « A l’époque, je n’ai rien su des difficultés que votre couple a traversé, tu sais. J’ai simplement supposé que vous étiez en train de vous reconstruire loin de tout ce qui a pu se passer quand j’étais encore là. Je l’ai espéré, plutôt. » Elle n’avait sans doute pas eu tort, les premiers instants. Le désarroi traversé par Jamie ne trompait pas quand au lien fort qui unissait toujours Joanne et son mari, et Hayden était certaine qu’une telle douleur ne pouvait que surligner des moments de bonheur forts. « Que tu sois persuadée que j’ai le bon rôle et que le minutage joue en ma faveur, je peux le comprendre. Mais ne pense pas que j’aurais fait mieux que toi, à ta place : en réalité, je ne sais pas moi-même comment j’aurais réagi. » Elle se souvenait de la colère qui l’avait saisi en entendant parler de l’affaire Mina, cette poussée d’incompréhension qui l’avait mené à rejoindre Brisbane sur un coup de tête. A ce stade des choses, elle n’était toujours pas sûre d’avoir compris, ni même accepté ; mais Jamie n’était pas son mari, et la comédienne savait que la trahison avait été ressentie plus fortement encore du côté de Joanne.

La remarque de la doctorante à propos de la volonté de Jamie de les voir bien s’entendre lui décrocha un sourire sans joie. Au fur et à mesure du temps passé, Hayden avait eu l’occasion de s’interroger longuement sur les raisons qui avaient poussé l’ancien rédacteur en chef à ne jamais officialiser un choix entre les deux femmes. Les mauvaises langues pouvaient y voir une occasion en or d’entretenir son propre bien-être : mais la brune n’était pas dupe, et elle le connaissait suffisamment pour savoir que le problème avait été plus profond, bien moins superficiel. Il l’avait sous-entendu, en lui expliquant que quelque chose l’avait stoppé dans sa démarche de lui avouer pleinement ses sentiments : la logique avait fait le reste, condamnant une quelconque possibilité pour Joanne et Hayden de s’entendre, avant même qu’elles n’en aient eu l’idée. « Il y a quelque chose que je ne t’ai jamais dit parce que je pensais que ça ne changerait rien, que tu le saches. Mais après tout ce qui s’est passé, j’estime que les non-dits ont fait plus de bien que de mal. » Elle détacha son regard du gobelet qui refroidissait dans ses mains, reportant ses yeux sur le visage de la jolie blonde en face d’elle. « J’ai toujours pensé que nous aurions pu être amies, si les choses avaient tourné autrement. Je sais que nos points communs sont quasi-inexistants, mais tu devrais arrêter de penser que cela te rend inférieure pour autant. Personnellement, je vois en toi des choses qu’une Hayden d’un monde parallèle aurait adoré avoir à ses côtés. » Son sourire était devenu plus doux, plus sincère. La comédienne avait presque oublié à quel point l’honnêteté n’était pas perpétuellement douloureuse. « Je ne peux pas me permettre de parler à la place de Jamie, Joanne. » Elle ne le pouvait pas et, surtout, elle ne le souhaitait pas. Hayden estimait que leur trio d'infortune avait trop souvent accumulé les erreurs au fil des années, et qu’il avait de nombreuses fois repoussé les limites de la confiance. Au-delà des tourments et des pansements qui s’arrachaient un à un, c’était un nouveau départ qui s’offrait à eux, individuellement et comme entité. La comédienne ne voulait pas tout gâcher en prenant le risque de trahir une quelconque parole, en s’exprimant à la place du principal concerné en risquant de brouiller le message. Jusqu’ici, elle était parvenue à se tenir autant à l’écart que possible du divorce Keynes et de ce qui l’avait engendré, et Hayden ne souhaitait nullement changer d’état d’esprit. Cela ne signifiait pas qu’elle ne devait pas à Joanne une transparence totale quant à ce qui se passait dans sa tête à elle ; du moins, le peu de sensations qu’elle était parvenue à comprendre et à retranscrire. « J’ai toujours des sentiments forts pour lui, c’est certain. Tu as eu raison de penser que je n’aurais sans doute pas traversé la moitié de la planète si ça n’avait pas été le cas. Je l’ai simplement compris un peu tard. » La comédienne marqua une pause, semblant chercher la façon la plus claire et juste de s’exprimer. « Mais ce n’est pas aussi simple. Beaucoup d’années se sont écoulées avec leurs lots d’événements complexes, et vous êtes en procédure de divorce depuis peu : je ne veux pas précipiter les choses qui prennent du temps. Il y a tellement d’aspects à prendre en compte et, bien sûr, l’opinion de Jamie qui importe. Sans parler de toi et de vos enfants, Joanne. Je n’ai pas passé les trois dernières années à détester que l’on me considère comme une briseuse de ménage pour en devenir véritablement une. » Hayden laissa échapper un soupir. Elle ne voulait pas donner l’impression d’attendre désespérément que le divorce soit prononcé pour pouvoir s’envoler en lune de miel dans un pays chaud. Elle ne voulait pas être un second choix de nouveau, redoutait que Jamie n’accepte de leur donner une chance simplement car la détresse parlait à sa place. La comédienne avait peur, et c’était un sentiment qui lui était difficile à accepter. « Je pense simplement qu’il est beaucoup trop tôt, pour que ce que je ressente ne trouve sa place. » C’était à ce genre de pensées exprimées vocalement, qu’Hayden prenait conscience du chemin parcourue et de la maturité qui en résultait. Sur les traits de Joanne comme sur les siens, le constat était immuable ; le temps avait doucement fait son œuvre, traçant son sillon sans leur laisser une chance de lui échapper.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyMer 10 Mar 2021 - 0:43

NOBODY HERE's PERFECT
oh, but everyone's to blame - @hayden siede
Joanne avait fait la rencontre d'Hayden par le biais de Jamie, comme cela était le cas pour beaucoup de personnes qui faisaient désormais partie de son entourage. Si la blonde se décidait à suivre le schéma de son premier divorce, elle couperait tous les ponts avec les proches du brun. Elle en avait été capable avec son meilleur ami, elle n'aurait donc aucun mal à le faire avec une personne qu'elle connaissait à peine; Hayden. A ce jour, il lui était impossible de savoir quelle attitude elle adopterait, des dispositifs qu'elle mettrait inconsciemment en place dans le seul but de la protéger de la peine que cette séparation lui infligerait. La comédienne et elle se voyaient comme des rivales, une amitié absolument incompatible du fait de la situation. A travers le prisme de compagne du britannique, Joanne ne l'avait vue que comme une menace. Une entité qui définissait tout ce que Jamie pouvait rechercher chez une femme et que la blonde n'avait pas. Il avait cette tendance à l'idéaliser, à la considérer d'autant plus qu'il la connaissait depuis plus longtemps qu'il ne côtoyait Joanne. Ses incertitudes la noyaient dans une jalousie et une possessivité difficilement contrôlables. Elle avait aussi ses doutes là envers Hassan, surtout au début de leur relation, quand sa meilleure amie tentait désespérément de lui faire comprendre qu'il n'était rien de plus qu'un coureur de jupons, bon qu'à lui briser le coeur une fois qu'il en avait tiré ce qu'il voulait. La conservatrice avait peut-être aussi tout pour elle, mais elle ne le voyait pas. Si elle était capable de voir chez la beauté comme elle pouvait le voir chez chaque personne qui croisait son chemin, l'entièreté de sa vie aurait suivi une voie bien différente que celle qu'elle traçait jour après jour. "Nous avions réussi à nous reconstruire." admit-elle, l'air à la fois dépité et résigné. "Je pensais que que nous avions réussi à tout mettre derrière nous." Naïvement, probablement. "Et puis un jour, Mina a décidé de frapper à ma porte pour me relater les faits. C'était par pure vengeance, par méchanceté. La destruction de notre famille n'était qu'un dommage collatéral pour elle." L'influenceuse avait réussi, cela dit. Cela dépassait Joanne, que certaines personnes ne se basait que sur des émotions aussi négatives pour leurs agissements. En toute connaissance de cause, qui plus est. Ca n'avait servi à rien, qu'Hayden espère qu'ils puissent se reconstruire. "Tu es plus habituée que moi à la presse, aux messes basses et aux discussions qui n'ont que pour intérêt d'atteindre un but précis. Et tu le connais aussi depuis plus longtemps que moi. Ca aurait très bien pu t'aider en ces circonstances." Recueillir des détails sur sa vie privée, en somme. Le divorce allait probablement suscité l'intérêt des tabloids. Joanne était lasse de toute cette mascarade. De cette bien triste pièce de théâtre dont l'issue ne pouvait qu'être dramatique. Qu'Hayden puisse espérer que le couple Keynes se porte bien en son absence surprenait la petite blonde. A dire vrai, elle était surtout surprise qu'elle ait pu s'en soucier. Agréablement surprise.

Le vide émotionnel qui la définissait depuis plusieurs semaines pouvait faire croire qu'elle était totalement passive. Ce n'était bien évidemment pas le cas. Seulement, elle ignorait ce qu'elle ressentait pour Jamie, pour Hayden, pour toutes les facettes de sa vie qu'elle se devait de réorganiser au plus vite. A peine aurait-elle eu le temps de cligner des yeux que les papiers du divorce seraient signés et elle se trouverait en roue libre. Son regard ne se levait en la direction d'Hayden que lorsque celle-ci se décidé à se confier à la blonde. Une confession qui la laissait interdite. Amies, vraiment ? "Que si quoi avait tourné autrement ?" lui demanda-t-elle après une interminable minute de silence. Si Jamie et Hayden avaient été en couple, s'il n'avait finalement eu aucune des deux ? Dans quel scénario possible la brune avait-elle pu s'imaginer une amitié avec elle ? Joanne n'était absolument pas agressive dans ses paroles. Seulement... Elle se demandait sincèrement comment elles pouvaient être proches, l'une l'autre. Cela aurait été le rêve ultime de Jamie, que les deux femmes pour qui il ressentait de très forts sentiments s'entendent bien. Pour la blonde, il était difficile d'envisager une amitié avec une femme qui avait des sentiments pour Jamie et que ceux-ci soient réciproques. A ses yeux, cela aurait certainement eu une forme d'hypocrisie mal cachée, un manque de naturel dans l'ordre des choses. Incompatible. "Tu n'es pas la seule à penser que l'argument il vaut mieux pour elle qu'elle ne le sache pas, c'est une constante que je retrouve régulièrement dans mon entourage." Un constat qui l'attristait. "Ca partait d'un bon sentiment à chaque fois. Pour me protéger, pour ne pas me faire de peine, parce que tous estimaient qu'ils savaient mieux que moi ce dont j'avais besoin." Ses yeux s'humidifèrent sensiblement. "Tout ça pour finalement l'apprendre des semaines, des mois, voire des années plus tard. Ce que l'on ne semble pas comprendre, c'est que l'apprendre plus tard ne rend pas le tout moins douloureux." Joanne parlait en connaissance de cause.  "Ca aussi, c'est épuisant." souffla-t-elle les lèvres pincées. Un sourire triste marquait brièvement ses lèvres. Qu'Hayden voit en la conservatrice des qualités qu'elle aurait adoré avoir à ses côtés prit Joanne au dépourvu. Jamais  n'aurait-elle pensé entendre cela de la part d'Hayden. "Tu me donnais l'impression d'être inférieure, par rapport à toi." Encore une fois, le ton de Joanne restait étrangement neutre. Elle ne l'avait pas dit de vive voix, mais de par l'aura qu'elle dégageait, de par les remarques qu'elle avait pu faire. "Mais je suis... touchée que tu aies pu l'envisager. J'ignore ce que tu aurais aimé voir à tes côtés mais... Merci." Un sourire plus sincère s'affichait enfin sur ses lèvres. "Pour être honnête, ça ne m'avait jamais véritablement traversée l'esprit. Ca me semblait inenvisageable. Je te pensais inaccessible." De celles qui aimaient garder leur petit cercle fermé, sans jamais l'étendre. "Je devais sûrement penser ça par la prestance et l'assurance que tu dégages." Comme si elle n'avait pas besoin d'elle dans son entourage. Elle haussait les épaules. Elles avaient toutes les deux des idées faussées de l'une l'autre. Ces pensées avaient eu la peau dure et elles n'avaient aucun élément en leur disposition pour briser la glace. Une amitié était-elle toujours envisageable ? Joanne n'en avait à ce jour pas la moindre idée Elle n'y était pas fermée, cela dit. Deux jours plus tôt, elle aurait répondu  de façon négative sans la moindre hésitation. L'émotion fut particulièrement vive lorsqu'Hayden verbalisa, enfin, le sentiments qu'elle éprouvait pour Jamie. Et là, les larmes étaient montées toutes seules. La blonde le lui avait dit un peu plus tôt que les vérités, même confessées plus tard qu'elles ne l'auraient du, étaient toujours aussi douloureux. L'aveu d'Hayden en était la preuve concrète. Joanne avait eu raison, depuis le début. Mais Jamie ne la croyait pas, il préférait miser sur la jalousie peut-être pas si maladive que ça de son épouse, et de sa possessivité, pour se dédouaner. Pour lui faire croire à un mensonge. De ses doigts délicats, Joanne essuyait les larmes discrètes qui s'étaient mises à sillonner ses joues. Ses lèvres closes modéraient ses pleurs. Elle avait un petit peu appris à dompter ses émotions, en public, au moins. Et dans les mots d'Hayden, on entendait qu'elle n'écartait pas l'éventualité de tenter une relation avec lui. La blonde ne la regardait plus dans les yeux, trop abasourdie que toutes ses spéculations se soient finalement avérées vraies. Cette simple idée fit fulminer les engrenages noueux de l'esprit de la conservatrice. Et alors quoi, Jamie et Hayden allaient-ils donc être heureux ensemble ? La comédienne allait donc devenir, de facto, la belle-mère de ses enfants ? Et Si Joanne perdait la garde, par une suite d'événements malheureux ? Sa salive lui semblait bien difficile à déglutir. J'avais raison. Elle se répétait cette phrase mille et une fois. Cela ne rendait pas le tout moins douloureux. Au milieu des larmes, un rire bref et purement nerveux s'échappait de sa bouche. Douce ironie. "Je te laisserai le plaisir de le dire à Jamie, parce que si c'était moi, il me dirait que je me fais des idées de par ma jalousie." Toujours un ton étonnamment calme, quoi qu'un peu tremblante à cause de ses larmes. Sur le moment, la petite blonde avait l'impression d'avoir été prise pour une idiote. "Notre ménage était brisé bien avant que tu arrives, alors..." Elle haussait les épaules. "Si ça peut soulager un peu ta conscience." soufflait-elle calmement. Que la comédienne ne s'encombre pas de telles pensées. Son arrivée avait simplement été la goutte d'eau, le petit coup de pouce pour que le couple Keynes puisse mettre en avant la disparition de toute confiance entre eux. "Et tu n'as pas à te soucier, ni de moi, ni de mes enfants." ajouta-t-elle d'une voix fragile, en relevant enfin son regard bien vide vers Hayden. "Vraiment." Joanne était sincère. Hayden semblait en avoir suffisamment sur la conscience pour qu'elle s'embourbe encore plus dans le chaos qu'ils formaient tous. "Je sais prendre soin de moi, et de mes enfants." lui assura-t-elle. Elle avait déjà su s'occuper de Daniel toute seule pendant un an, elle était intimement convaincue qu'elle y parviendrait avec les nouvelles données dont elle devait prendre en compte. Désormais, elle savait ce qu'Hayden et Jamie envisageaient de faire. Bien sûr que ça l'affectait. Mais ça ne la surprenait pas, ça ne la blessait pas. Il y avait là comme une étrange impression. Joanne se demanda alors, en observant les yeux clairs de la brune, si finalement c'était ainsi que les choses auraient du être, dès le début. Elle qui avait été si romantique, si attachée aux valeurs du mariage, dont le serment était pour elle inviolable. Voilà qu'avec un deuxième divorce sur le point d'être prononcé et qu'en plus d'un nouveau couple brisé, c'était également une des facettes qui la définissaient autant qui se brisait en mille morceaux. "Ca n'a jamais été simple." souffla-t-elle finalement, se remémorant soudainement la phrase qu'Hayden avait prononcé un peu plus tôt. "Et ça ne le sera probablement jamais." Qu'importe si Jamie et Hayden vivent leur idylle ou non. Tout allait être compliqué, Joanne ne se faisait pas d'illusion là-dessus. Elle ferait avec, d'autant qu'elle le pourrait. Elle en était capable. "Pour ce que ça vaut à tes yeux, ce n'est pas moi qui vais entraver quoique vous essayez de... faire ensemble." Elle secoua la tête. Difficile pour elle de trouver les mots justes. Il ne s'agissait pas d'une bénédiction, ou d'une acceptation – ils n'en avaient pas besoin. Elle-même ne savait pas trop comment définir correctement ces paroles. Joanne ne se battrait pas pour lui, elle ne serait pas l'ex-épouse encore trop possessive. Ca lui ferait quelque chose, bien sûr. Mais ça, elle ne voulait pas le confier à qui que ce soit.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyJeu 29 Avr 2021 - 19:52

Joanne avait raison, et Hayden n’était pas suffisamment de mauvaise foi pour tenter de prétendre le contraire. La comédienne était effectivement une habituée de la presse à scandale, et sa connaissance du caractère de Jamie et de sa façon de faire englobait largement les situations de crise lancées de sa propre initiative et susceptibles de le noyer. Elle percevait le ressenti de la doctorante, déchiffrait sans difficulté aucune que Joanne s’auto-blâmait d’une incapacité à gérer une situation inédite, là où personne n’aurait pourtant pu se vanter de mieux faire. Hayden elle-même l’avait admis à voix haute : à l’époque, elle n’avait pas été en mesure de comprendre le geste de Jamie, et elle n’était toujours pas certaine de réellement l’accepter aujourd’hui. Dans ces circonstances, et là où la blonde s’entêtait à lui attribuer des dons de clairvoyance qu’elle réfutait, la comédienne était au contraire certaine d’une chose : aucune des deux femmes ne pouvaient réellement être assurées de la manière dont les choses auraient tourné, si Hayden s’était soudainement retrouvée à sa place. « Et tu es sa femme depuis des années, celle qui a vu son évolution et qui est donc la plus à même de le comprendre. On peut continuer le jeu des comparaisons longtemps, Joanne, mais ça ne changera rien à la finalité des choses. » La comédienne n’avait pas été là, et le temps perdu ne se rattrapait pas. Pour autant, elle comprenait cette nécessité d’avoir recours à ce qui pourrait avoir été, à la manière dont les choses auraient pu tourner s’ils avaient agi différemment. Ce n’était pas une coïncidence, si Hayden avait évoqué à voix haute l’amitié qui aurait pu la lier à la doctorante si elles s’étaient rencontrées dans d’autres circonstances. Elle avait laissé échapper son propre constat sans arrière-pensée aucune, loin de penser que son annonce troublerait autant Joanne au point de la voir exploser. La comédienne l’observa exprimer sa lassitude à voix haute sans jamais l’interrompre, comprenant que la doctorante faisait fausse route dans sa perception de l’affection que lui portait son entourage. Malgré tout, elle comprenait l’irritation que l’on ressentait lorsqu’on était envahi par cette sensation que le monde entier s’attribuait la connaissance de ses propres ressentis, et appliquait en conséquence ce que l’on pensait le mieux pour nous. Evidemment, les intentions étaient bonnes à chaque fois : mais parfois, la colère aveugle nous empêchait d’en prendre tout à fait conscience. « J’ai longtemps reproché aux gens qui m’entourent de penser de la sorte, jusqu’à ce que je sois contrainte d’un jour faire la même chose. » Après tout, n’avait-elle pas imposé sa décision de quitter Brisbane à Jamie, sans lui laisser une quelconque chance de la retenir ? « Avec le temps, j’ai fini par comprendre que j’avais de la chance, d’être entourée de personnes qui s’inquiètent pour moi. Et ça ne veut pas dire que je pense que tu n’en as pas conscience toi-même, sache-le. » Hayden avait insisté sur ses dernières paroles, soucieuse de s’assurer qu’aucun malentendu supplémentaire ne s’inscrirait dans leur discussion. Elle estimait, sans doute à raison, que les derniers en date avaient fait assez de mal comme ça.

La surprise de Joanne à l’entente des compliments que lui adressa Hayden était légitime. Il n’y avait pas si longtemps que ça, personne n’aurait pu parier que les deux jeunes femmes auraient pris le recul nécessaire pour prendre le temps de s’écouter, de se comprendre, de se parler. Mais la vie s’était chargée de bouleverser leurs habitudes, entrainant des confessions qui n’étonnaient nullement la comédienne. Consciemment ou non, elle avait sans doute tiré parti de la crainte qu’elle pouvait inspirer à Joanne, et n’avait jamais eu l’occasion de s’en excuser depuis. Son propre comportement lui paraissait désormais ridicule. « Je suppose que le théâtre aide beaucoup, pour l’assurance et la prestance. » La comédienne s’était exprimée modestement. Elle avait beau savoir ce qu’elle valait, elle n’ignorait pas que Joanne la plaçait sur un piédestal qui s’élevait bien plus haut que la réalité. « Les circonstances ne nous ont jamais réellement donné l’occasion de nous voir autrement qu’en ennemies devant l'Éternel. C’est dommage, quand on regarde la situation à travers notre point commun principal. » En d’autres termes, et puisqu’Hayden prenait pour la première fois la peine de se pencher correctement sur le sujet, il lui paraissait presque étonnant que les deux jeunes femmes s’entendent si peu alors que leur amour et le discernement dont elles pouvaient faire preuve à l’égard de Jamie les rapprochaient plus que leurs différences ne pouvaient les éloigner. Joanne avait-elle un jour envisagé leur situation de ce point de vue ?

La comédienne ne s’aperçut pas immédiatement que la jolie blonde avait suffisamment baissé sa garde au point de se mettre subitement à pleurer. Hayden s’était perdue dans la contemplation du gobelet devenu tiède qu’elle tenait toujours entre ses mains, et c’est en entendant la voix de son interlocutrice se briser qu’elle releva doucement la tête vers elle, constatant que ses paroles avaient eu un effet non désiré sur Joanne. « Attends. » Hayden fouilla un instant dans son sac, récupérant à l’intérieur d’une des poches un paquet de mouchoirs qu’elle lui tendit délicatement. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la comédienne n’avait jamais eu l’intention de la peiner, et encore moins de la faire pleurer. La conservatrice l’avait questionné à propos de ses sentiments, du chemin qu’elle avait pu parcourir dans sa tête et des positions qu’elle souhaitait tenir pour l’instant, et Hayden n’avait pas eu cœur à lui mentir. Si elle ne comprenait pas ce que de tels aveux pouvaient apporter à Joanne – la certitude d’avoir eu raison, l’électrochoc nécessaire pour espérer passer à autre chose, une preuve tangible que la brune était l’archétype même de la briseuse de mariage -, elle percevait pleinement les enjeux qu’ils pouvaient renfermer. C’était une chose, d’établir le constat de leur trio de fortune, d’avouer que certains sentiments étaient demeurés enfouis bien trop longtemps, entraînant leur lot de complications une fois qu’ils ressurgissaient, souvent au moment le moins opportun. C’en était une autre, de mettre les choses à plat une bonne fois pour toutes, ouvrant au passage des portes qui étaient susceptibles d’un jour déboucher sur un début de relation, ou du moins sur un essai équivalent. Pourtant, les propos tenus par Hayden n’engageaient qu’elle, et rien de ce qu’elle avait pu avancer au sujet de son propre ressenti de la situation n’appelait à en tirer les mêmes conclusions concernant Jamie. La comédienne trouvait surprenant que Joanne soit à ce point bouleversée par sa vision des choses plutôt que de ce que son futur ex-mari pouvait penser de tout cela, mais elle décida de passer ce détail sous silence. La jolie blonde semblait suffisamment blessée par ce qu’elle venait d’entendre pour qu’elle ne prenne le risque d’en rajouter une couche supplémentaire. « Tiens, essuie tes larmes avant que l’ensemble des clients ici ne pensent que je t’insulte depuis le début de notre entrevue. » Un léger sourire passa sur ses lèvres, si furtif qu’il aurait pu sembler à quiconque n’ayant pas porté assez d’attention à leur table qu’il n’avait été qu’illusion. « Tu connais mon honnêteté, Joanne. Je lui ai déjà dit tout ça, et je t’assure que je n’ai rien attendu en retour. » La réaction positive de Jamie avait été un bonus de taille, bien entendu, mais Hayden n’avait jamais espéré autre chose qu’un sourire poli pour toute réponse. C’était encore l’époque où la jeune femme était persuadée d’avoir pris conscience de certaines choses bien trop tard pour être capable de sauver ce qu’elle aurait souhaité conserver, celle des doutes qui avaient laissé place à des certitudes douloureuses. « C’est dans ma confession que j’ai préféré chercher le soulagement, plutôt que dans l’assurance que votre ménage soit brisé. Ce n’est pas ce qui m’intéresse, tu sais. » Et au fond d’elle, la comédienne sentait qu’elle ne faisait qu’asséner des logiques qui avaient déjà tracé leur sillon dans l’esprit de Joanne depuis longtemps. Elles ne seraient peut-être jamais proches, leurs chemins ne se recroiseraient sans doute pas de sitôt : pourtant, et si leur conversation à cet instant précis tenait du miracle, les efforts déployés pour s’exprimer le plus clairement et honnêtement possible étaient gages de leur bonne foi. Au fond, elles désiraient surtout se comprendre. « Et pour être certaine qu’il n’y ait aucun malentendu supplémentaire : je n’ai jamais sous-entendu que tu n’étais pas capable de prendre soin de tes enfants, bien au contraire. » Hayden enviait sans doute cet aspect de la vie de la doctorante, aussi silencieusement que possible cependant. Cette famille qu’elle était parvenue à construire envers et contre tous, à défendre contre les jugements et les railleries, à préserver de l’explosion du couple Keynes. Joanne avait beau s’épuiser à laisser échapper une certaine forme de bénédiction à laquelle Hayden n’avait jamais souhaité prétendre, c’étaient ces efforts visant à renforcer le noyau solide qui constituait le quotidien de la jolie blonde que la comédienne ne se sentait pas en mesure d’insulter en fonçant tête baissée dans une nouvelle relation avec Jamie. « C’est justement parce que rien n’a jamais été simple que je considère que pour une fois, on mérite tous d’être épargnés. » Plus que de véritable sagesse, c’était une logique implacable qu’Hayden énonçait. La bataille avait déjà été bien trop longue, et les récompenses bien trop peu compensatoires pour qu’elle n’ait le cœur à recommencer encore et toujours. « Et la seule chose que je peux te promettre dans cette lignée, c’est d’être la plus transparente possible sur ce que je ressens, et sur les choix que je peux effectuer qui viendraient à te concerner. Mais je ne te demanderai jamais de les approuver, Joanne. » Et si par le passé, Hayden ne s’était jamais embarrassée de la bénédiction de quiconque, ce n’était plus cette raison qui caractérisait son comportement, mais bien l’envie d’un nouveau départ et de bases saines. « Je te remercie malgré tout de l’effort que tu fais pour envisager toutes les possibilités existantes. Je sais que ce n’est pas facile. » Bien que Joanne puisse aisément lui répliquer qu’elle n’était pas à sa place et qu’il lui était alors difficile d’imaginer pleinement les difficultés qu’elle pouvait rencontrer, la brune pouvait ressentir la douleur que la blonde associait à l’idée même que Jamie et la comédienne puisse se mettre un jour en couple. Et c’était tout à son honneur, de ne pas faire de scandale public face à cette supposition, tout comme il était certain qu’elle devait fournir des efforts inimaginables pour ne pas en tenir rigueur à Hayden et à son honnêteté parfois indélicate, mais toujours sincère.
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Message(#)nobody here's perfect, oh, but everyone's to blame ☾ joanne EmptyVen 7 Mai 2021 - 22:35

NOBODY HERE's PERFECT
oh, but everyone's to blame - @hayden siede
Jamie les avait toutes les deux aimées. Pour leurs qualités, pour leurs défauts, le fait qu'elles se retrouvaient aux antipodes lui importait peu. Là où Hayden aurait excellé, Joanne s'en serait trouvée incapable. Cette série pensait que l'inverse était impossible et elle avait tort. Sa curieuse façon de mettre la comédienne sur un piédestal était déroutante, lorsque l'on savait qu'elle ne la voyait que comme son ennemie de toujours. La brune mettait en avant les années de mariage de Joanne, estimant qu'elle était donc la personne la mieux placée pour le connaître, pour savoir comment il fonctionnait. Ce à quoi Joanne esquissait un sourire particulièrement triste. "Je n'y ai pas cru, au début, tu sais." lui racontait-elle. "Quand Mina est venue frapper à notre porte pour tout me raconter, je refusais d'y croire. Et quand Jamie me l'a confirmé... Je ne le reconnaissais plus. Je n'étais plus à même de le comprendre, comme tu le dis." Certes, son erreur avait été commise en dehors de leur mariage et de leur relation. Joanne savait que la liste de ses conquêtes était très longue mais elle avait accepté de mettre les œillères en espérant ne jamais avoir de retombées. Pendant quelques années, elle s'était bercée dans cette illusion là jusqu'à ce que Mina vienne faire retentir la sonnette de leur maison. "Mais ça ne change effectivement rien à la finalité." répétait-elle d'un air dépité. Tout comme toutes ces fois où l'on estimait mieux savoir qu'elle ce qu'elle devait savoir ou non. Hayden reconnut qu'elle avait fini par y être contrainte à son tour et comprenait donc ceux qui en avaient fait de même pour elle. Alors quoi, elle prenait leur parti ? Joanne se gardait bien de faire le moindre commentaire, se rendant compte que ce sujet de conversation là n'allait nulle part non plus. Que là où elle pensait peut-être pouvoir être entendue. Alors elle regardait dans le vide, aussi expressive qu'une poupée de porcelaine. Il était on ne peut plus évident que la comédienne ait bien plus d'armes qu'elle. Ce n'était pas pour autant qu'elle se mettait encore plus en valeur que Joanne ne le faisait déjà  – bien trop, au goût de la brune. "Envisageais-tu vraiment une quelconque amitié entre nous deux alors que tu te doutais autant que moi qu'il avait des sentiments pour nous deux ?" lui demanda-t-elle, l'air résigné. "Tu peux penser que je sois psychorigide, mais ça me semblait plutôt incompatible." Pour elle, il était impossible de lier une amitié en ces circonstances, même si cela avait été ce dont Jamie rêvait.  "Après ça, il ne reste plus beaucoup de possibilités." La jalousie et le manque d'estime de soi avait ensuite fait tout le reste du travail, à l'époque. Il était difficile pour elle d'envisager les choses autrement, trop embourbée dans son propre point de vue. Réaliser qu'elle avait eu raison de bout en bout lui avait décroché quelques larmes, qu'Hayden comptait faire sécher au plus vite en cherchant un  mouchoir en papiers dans son sac à main. "Merci." dit-elle dans un souffle court qui était parvenu à traverser sa gorge serrée. Si Hayden espérait alléger un petit peu l'ambiance en usant un peu de son humeur, elle était confrontée à un échec. Joanne n'était plus d'humeur à plaisanter depuis plusieurs mois désormais. Un spleen qui, éventuellement, s'évaporerait progressivement au fil des mois suivant l'officialisation du divorce. "Ca finira par se savoir, de toute façon." Joanne n'était pas dupe. Et elle préférait envisager le pire que de se bercer d'illusions une nouvelle fois. La belle comédienne poursuivait ses aveux en reconnaissant qu'elle avait fait part de ses sentiments à Jamie. "Je serais prête à parier que ça ne l'a pas laissé indifférent." fit-elle remarquer, un nouveau sourire triste étirant sensiblement ses lèvres. "Mais ce ne sont plus vraiment mes oignons." Qu'elle parvienne à anticiper certaines choses concernant Jamie ne lui donnait en aucun cas le droit de s'immiscer dans sa future nouvelle vie. A ce jour, elle était loin de s'imaginer que le brun rêvait de maintenir une relation cordiale qui ne se limiterait pas aux rencontres lorsque l'un allait récupérer les enfants chez l'autre. Il n'allait pas alors pas comprendre qu'elle, de son côté, allait avoir besoin de se remettre de leur divorce. Afin qu'il n'y ait pas de quiproquo, Hayden tenait à s'assurer que Joanne n'ait pas mal interprété les propos concernant ses enfants. Elle se contentait d'acquiescer d'un signe de tête. “J’ai peine à croire que ça s’arrêtera un jour.” Ces tourments, ces sources d’inquiétude, ces remords, ces regrets qui les empêchaient d’avoir une vie paisible. “Il m’est difficile de croire que ça s’arrêtera un jour. Que même s’il y a des instants heureux, les retombées n’en sont que plus douloureuses.” Joanne perdrait-elle foi ? Probablement. “Je préfère repartir avec peu d’attentes et être agréablement surprise peut-être, que de me persuader que tout ira dans le meilleur des mondes.” Elle mourrait d’envie d’une accalmie après tout ce vacarme. Une vie qui serait chargée, certes, mais qui ne serait plus perturbée par des scandales. Il lui faudrait du temps pour admettre qu’elle n’y arriverait pas seule, mais cela relevait d’une toute autre problématique. “Je… J’apprécie ta démarche, Hayden. Sincèrement. Mais je ne me fie plus vraiment aux promesses.” Inutile d’en prononcer sans avoir la certitude que l’on s’y tiendrait. Une promesse était un engagement. Et bien que Joanne y attachait une très grande symbolique, elle avait compris au fil du temps que cela pouvait être facilement brisé. De ça aussi, la blonde en était fatiguée. “Soit tu me le diras effectivement, soit pas.” Elle haussait les épaules. “Mais je ne voudrais pas que tu te sentes les mains liées à cause cela sans que tu en aies la certitude.” Serait-elle déçue si Hayden ne restait pas fidèle à sa promesse ? Joanne n’en avait pas la réponse et ça la laissait perplexe. “J’apprécie tout de même ta démarche. Sache le.” lui assura-t-elle. Hayden aurait très bien pu choisir de ne rien lui dire, ne pas s’y engager non plus. La transparence semblait être devenue maître mot de la relation qui les liaient désormais, qu’importe le nom qu’on pourrait lui donner. De son côté, la brune avait totalement conscience des efforts importants que son interlocutrice fournissait. Joanne n’était pas dupe; elle savait que Jamie et Hayden étaient à même de construire une relation amoureuse entre eux, et que cela puisse durer longtemps. Une éventualité à ne pas négliger. Un nouveau sourire imbibé de tristesse et de peine, la petite blonde se gardait bien de dire qu’elle doutait qu’Hayden puisse vraiment se mettre à sa place. Elle n’avait pas deux enfants à charge, elle n’avait pas à penser à voir son ex avec une personne qu’elle considérait comme son antipode. “Toute cette histoire ne te fait pas penser à un mélodrame ? Comme au théâtre. Un huis clos interminable avec les trois mêmes protagonistes.” Joanne avait son propre monde, construit autour d’une pensée magique qu’elle avait toujours eu. Elle avait un mode de penser qui lui était très propre et que même Jamie n’avait pas réussi à décrypter intégralement. Il y avait encore beaucoup de choses qu’il ne comprenait pas, qui le dépassaient. Les yeux regardant dans le vide, elle songeait à autre chose. “Les prochains mois vont être étranges.” Tout était à refaire. “On pourrait penser qu’avoir déjà un premier divorce dans son passif aiderait pour le deuxième. C’est faux.” Elle était la mieux placée pour le confirmer. “Je doute que quoi que ce soit redevienne facile et simple un jour.” dit-elle afin de conclure un discours décousu, le regard se relevant enfin vers la belle brune. Joanne arrêtait de se bercer d’illusions, de s’accrocher aux promesses, à tout voir d’un oeil très romantique. On arrachait d’elle une grande partie de sa personnalité. “Mais je ne voudrais pas t’encombrer de tout ça.” Elle supposait qu’elle ne devait pas être intéressée de ses états d’âmes. Il y avait déjà eu énormément d’aveux en une seule conversation. Joanne plaça son sac à main sur son épaule et se leva de sa chaise, annonçant ainsi implicitement son départ. “Je ne peux pas dire que ça m’a fait particulièrement plaisir d’avoir pu mettre certaines choses à plat avec toi, mais je reconnais que ça retire tout de même un poids dont je ne pensais pas vraiment pouvoir me débarrasser un jour.” Ce n’était pas la clé à tous ses problèmes, mais au moins les deux jeunes femmes parvenaient à se cerner un petit peu mieux, à se connaître un petit peu plus. “Nous le méritions.” Cette fois-ci, son sourire n’était plus vraiment triste. Un mélange d’un peu de reconnaissance, de gêne, d’hésitation, d’insécurité. Un remerciement muet mais sincère.
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