La ville avait été plongé dans l’atmosphère de Diwali et si tu appréciais la vue de toutes ces lumières en fin de journée, tu avais toutefois l’impression d’avoir perdu ton chemin dans les dernières semaines, d’avancer dans le noir sans savoir ou tu allais, ce que tu faisais. Il y avait tellement de choses qui s’étaient produites en si peu de temps, ta tête tournait simplement à y penser. Le souvenir le plus marquant toutefois demeurait le tapis rouge et tout ce qui en était découlé. Devant Chloe, tu étais devenue vulnérable, trop vulnérable. Tu avais perdu tous tes repères cette soirée-là, tu avais baissé ta garde assez longtemps pour être finalement obligé de faire face à une vérité que tu refusais d’admettre à voix haute. Et de t’être retrouvée si vulnérable devant la Cohen – en public qui plus est – ça n’avait jamais fait partie de tes plans. Tout s’était enchaîné tellement vite après que Chloe t’ait emmené avec elle sur la terrasse. Le ton avait monté, tes mots des demi-vérités, et puis t’avais chercher à t’enfuir, comme tu le faisais trop souvent depuis quelques mois quand tout était trop difficile. C’est Rory que tu voulais voir. Rory qui était ta safe place quand le reste du monde semblait s’écrouler autour de toi. Mais c’est auprès de Micah que tu as fini la soirée. Micah qui était revenu dans ton univers au moment ou tu t’y attendais le moins. Micah qui t’avait raccompagné chez toi alors que t’étais incapable de rejoindre le jeune Craine malgré plusieurs appels manqués. Micah qui t’avait écouté pleurer alors que l’alcool et la colère avaient décidé de faire de toi un numéro dont on allait certainement parler pendant longtemps après ce tapis rouge. La vérité était qu’il semblait te manquer des morceaux de souvenirs, une fois de retour chez toi. Tu te souvenais avoir pleurer longuement. Avoir senti la main du jeune homme dans tes cheveux. Mais rien de plus jusqu’au lendemain matin. Alors qu’il s’était réveillé à tes côtés, encore habillé. Et puis il y avait eu Rory, qui avait cogné à ta porte, aux petites heures du matin. Rory qui n’avait mis que quelques secondes avant d’apercevoir la silhouette de Micah, derrière toi dans le cadre de porte. Rory qui était reparti rapidement, sans vraiment te donner la chance de t’expliquer et Micah qui t’avait demandé, avec son désinvolte légendaire c’était quoi son problème. Et toi au milieu de tout ça qui était incapable de répondre honnêtement à la question.

Les échanges avaient été moins nombreux avec Rory depuis. Si tu mourrais d’envie de lui demander pourquoi il était parti si vite ce matin-là, tu ne souhaitais pas le faire via message texte. Tu avais songé à te rendre directement chez lui et faire comme si de rien était, mais après tout ce qui s’était passé, tu avais plutôt décidé de te donner le temps d’assimiler tout ce qui venait se passer. Vous aviez prévu d’aller voir les feux d’artifices de Diwali le soir du quatorze novembre après tout, ce qui t’offrait quelques journées pour être seule et tenter de comprendre tout ce qui s’était passé le soir du tapis rouge. Tu avais aussi éviter Chloe et Micah depuis, préférant te couper complètement du monde médiatique. Tu n’avais même pas été voir les articles à ton sujet paru depuis, même si tu te doutais bien que tu en entendrais parler par ton agente à un moment ou un autre. Malgré le silence des derniers jours, t’avais été rassuré de recevoir un message de Rory te confirmant de le rejoindre près du fleuve, au centre-ville pour assister aux feux d’artifices. Après tout ce qui était arrivé – les rumeurs, la confrontation avec Swann, le tapis rouge, la nuit avec Micah – t’étais presque nerveuse de te retrouver face à Rory. Si les derniers neuf mois avaient été difficiles, il semblerait que votre tentative de laisser ça derrière à Torquay n’avait qu’empirer les choses, et pas qu’un peu. Tu aimerais tant pouvoir retourner à ce moment sur la plage, quand tout semblait moins lourd pour une fois. Ce moment ou il n’y avait que Rory et toi et le reste du monde ne semblait plus important, ne serait-ce que pour cet instant dans le temps. Mais la terre continuait de tourner et malgré la nervosité, tu étais contente de le revoir enfin. De comprendre ce qui s’était passé ce matin-là. De pouvoir lui dire à ton tour ce qui s’était déroulé sur le tapis rouge, en présumant que Chloe ne lui ait pas déjà donné sa version de l’histoire. Tu ne mis pas longtemps à te rendre près de l’eau, les rues avoisinantes déjà bondé de gens qui avaient eu la même idée. Des couples, des groupes d’amis, des familles, tout le monde semblait se réunir en cette journée célébrant lumière et partage. Il n’y avait personne d’autre avec qui tu t’imaginais partager ce moment, malgré tout. Tu ne mis d’ailleurs pas longtemps avant de croiser le jeune homme, ton pas se pressant pour le rejoindre. « Hey Rory, comment tu vas? » que tu demandes, hésitant momentanément à lui faire une accolade et décidant finalement d’y aller, passant tes bras autour de sa taille – tu avais appris avec le temps qu’il était inutile d’essayer de passer tes bras autour de son cou son ce qu’il ne se penche, tu n’y arrivais pas – pendant quelques secondes avant de te reculer. « J’ai l’impression que ça fait longtemps. » que tu ajoutes avec un rire alors que ça fait même pas trois jours depuis le moment ou il a cogné à ta porte, ce matin-là. Comme quoi, tu t’étais habituée à le voir et à lui parler bien plus souvent que tu ne l’avais réalisé.

Les soirées à Brisbane avaient un goût un peu différent, ces derniers jours, depuis qu'on y célébrait Diwali et que tout semblait subitement un peu plus joyeux que d'ordinaire. C'était peut être lui qui nourrissait cette impression, lui à qui un lâcher de lanternes ou un feu d'artifices mettaient plus de baume au cœur depuis qu'il avait grand besoin d'y trouver un peu de réconfort, mais Rory se surprenait à trouver cette atmosphère apaisante. Ce soir, le ciel se parerait d'une multitude de couleurs et c'était un spectacle auquel il se réjouissait d'assister, ne serait-ce que parce qu'en levant le nez au ciel il oublierait pendant un instant qu'il n'avait pas vraiment de raisons de se réjouir. Ni de la façon dont ce week-end à Torquay leur avait valu à Penny et lui de faire de nouveau les frais de rumeurs sordides et malvenues. Ni de la manière dont cette interview donnée au Brisbane Times l'avait de nouveau fait passer pour ce qu'il n'était pas, tout en assurant à Byers un rôle toujours plus irréprochable et parce que dans cette histoire, ça n'avait aucune importance d'offrir la vérité tant que les lecteurs étaient au rendez-vous. Rory éprouvait tellement de colère à l'idée que quelqu'un à qui il n'avait jamais causé le moindre tort s'amuse à le traîner dans la boue qu'il en avait perdu le sommeil pendant deux jours, toujours plus soucieux des répercussions que toute cette histoire aurait sur ses proches, ceux qu'il tentait depuis le départ de protéger. Il ne comprenait pas, ne comprenait plus les règles de ce jeu qui voulait qu'il perde constamment le peu d'équilibre qu'il parvenait difficilement à retrouver dans sa vie, comme si quoi qu'il fasse il devait chaque fois découvrir qu'on pouvait toujours avoir un peu plus mal. Cet échange avec Swann, à l'endroit même qui si longtemps avait symbolisé ce qu'ils avaient de plus précieux ensemble lorsque son monde tenait encore debout, n'avait quant à lui fait que creuser un peu plus le trou déjà béant au fond de son cœur. C'est suite à ça qu'il n'avait pas fait acte de présence à cette soirée qui aurait du marquer sa première vraie réapparition publique depuis des mois. Suite à ça, qu'il avait plutôt éprouvé le besoin de prendre un peu de temps pour tout digérer, bien conscient qu'il n'aurait pas su donner le change et que le lire le lendemain matin dans les journaux n'aurait fait que le miner un peu plus. Penny avait passé cette soirée-là avec Chloe, il n'était donc pas inquiet et s'était dit que ce serait toujours mieux que s'ils s'affichaient ensemble et alimentaient malgré eux les rumeurs. Penny était très bien entourée, elle avait tout pour que cette soirée se passe bien, et c'était tout ce qui importait.

Rory ne saurait alors pas vraiment expliquer comment il s'était retrouvé à frapper à sa porte aux aurores, ce matin-là, mais une partie de lui s'était inquiétée qu'elle ait cherché à le joindre sans y parvenir puis d'être à son tour tombé sur son répondeur. Ça n'annonçait sans doute rien de préoccupant, mais il avait comme souvent tenu à s'assurer qu'elle allait bien et ne s'attendait pas à la surprise qu'il avait eu lorsqu'elle avait ouvert la porte. Ce jour-là, la silhouette de Micah était apparue dans son champ de vision et Rory s'était figé, plus déstabilisé qu'il ne l'aurait cru lorsque le pourquoi du comment d'une telle scène lui était tout à coup apparu évident. Bien sûr, quoi d'autre ? Incapable alors de trouver quoi dire ni de réagir autrement que par la fuite, il avait à peine cherché à comprendre la situation et était reparti comme il était venu. Penny allait bien, c'est en tout cas ce qu'il s'était dit, et quelqu'un s'assurait personnellement que ce soit le cas. Peut être que ça n'était pas la façon dont il espérait qu'elle irait de l'avant, peut être qu'il aurait aimé savoir que ce type était de retour. Il ne savait pas vraiment quoi en penser encore aujourd'hui, le cœur éprouvé par un millier de choses auxquelles s'ajoutait cette pensée, celle que Penny aurait peut être de moins en moins besoin de lui à l'avenir. Ça n'était pas ce qu'il voulait, mais il avait toujours souhaité son bonheur et il se trouverait hypocrite de lui en vouloir aujourd'hui de le placer entre les mains de quelqu'un d'autre, qui que ce soit. Elle avait accepté de le retrouver près du fleuve, pourtant, et de passer cette soirée du 14 novembre avec lui. Elle avait accepté, et c'était peut être le signe qu'elle ne lui en voulait pas d'être parti comme il l'avait fait. Rory appréhendait un peu, mais la perspective de profiter de ces feux d'artifices avec elle, après que leur dernière tentative de se changer les idées ensemble leur ait causé plus de complications qu'autre chose, adoucissait en partie ce sentiment. Ainsi, lorsqu'elle le rejoignit au lieu du rendez-vous, ses lèvres s'étirèrent dans un sourire sincère. « Hey. » Il l'accueillit doucement, ses bras l'enserrant un instant tandis qu'elle lui offrit une accolade. Il aimerait se convaincre que la gêne s'en était allée, mais il sentait quelque chose peser au-dessus de cet échange et ça n'était pas habituel, avec Penny. Pourtant, il garda son sourire, secouant la tête. « Et si on décidait que cette question-là est prohibée jusqu'à nouvel ordre ? » C'était une manière complice de lui dire qu'il n'avait pas envie de faire ce qu'il n'avait jamais fait avec elle : lui mentir, prétendre aller bien quand ça n'était pas exactement le cas. « Non, j'ai mieux. Et si t'attendais quelques heures avant de me la reposer ? Je suis sûr que la réponse sera déjà plus la même. » Il tentait de toutes ses forces de laisser ses problèmes loin de ce fleuve, loin de ce moment et de la bulle qu'il aimait comme souvent reconstruire autour d'eux. Après les photos, et cet article, il aimait penser qu'il leur restait au moins ça. Un rire un brin confus quitta ses lèvres lorsqu'elle reprit la parole et qu'il se sentit idiot. « Je sais, je suis désolé. J'aurais du t'appeler, après l'autre jour, mais je voulais pas déranger. » C'était en partie vrai, mais pas l'unique raison à son silence. « Et je voulais pas non plus te donner l'impression que tu me dois des explications alors que c'est pas le cas. » Ça, c'était la vérité. Et d'un ton sincère, il ajouta. « Toi et moi, on a pas vraiment connu une année évidente. Si quelqu'un peut comprendre que tu veuilles être proche de quelqu'un en ce moment, c'est bien moi. » Après tout, lui aussi se sentait seul, lui aussi aimerait qu'une main serre la sienne quand son monde vacillait. Peu importe ce que ça voulait dire et à quel point elle était précisément proche de Micah depuis ce matin-là, il n'avait pas envie qu'elle se reproche ce qui s'était passé sous prétexte qu'il avait réagi sous le coup d'un tas d'émotions confuses. Micah ne lui inspirait rien de très positif aujourd'hui, mais l'important c'était qu'elle se sente bien avec lui n'est-ce pas ?

Depuis l’incident, Rory était le premier vers qui tu te tournais. Le premier à tout savoir, toujours. Le premier vers qui tu venais chercher conseils et confort. Le seul qui savait tout, le seul qui ne te jugeait pas, le seul qui avait appris à gérer le moindre de tes silences. Le seul qui avait vu les larmes couler sur tes joues et qui les avait essuyer sans toutefois te donner l’impression qu’il cherchait à effacer tes marques de faiblesse. Mais dans les derniers jours, les dernières semaines même, tu avais l’impression qu’on changement s’était progressivement mis entre vous, comme une distance qui s’était imposée sans que ni lui ni toi puissiez l’en empêcher. C’était peut-être les nouvelles rumeurs à votre sujet, de voir ces photos de vous sur la plage de Torquay qui, malgré tout, venait tout remettre en question. C’était peut-être aussi la semi-confession que tu avais fait à Jessian depuis, ou la dispute avec Swann. T’as encore la colère qui monte en toi quand tu penses à la manière dont cet échange s’est terminé, très peu fière d’avoir été jusqu’à crier sur la secrétaire qui n’avait pourtant rien fait si ce n’était que de te regarder un peu trop longtemps alors que tu quittais les bureaux ce jour-là. T’aurais voulu tout lui dire sur le champ, à Rory. Parce qu’il était celui avec qui tu décortiquais tes petits comme tes grands malheurs. Mais tu n’avais pas pu aller le voir parce que tu savais que ça lui ferait mal, au Craine, d’entendre ces choses horribles que vous vous étiez lancées par la tête, Swann et toi. Tu étais coincée entre l’envie de tout lui dire et ton besoin de le protéger. Et encore, il y avait aussi la soirée sur le tapis rouge dont les détails lui manquaient. Soirée qui s’était terminée avec cinq appels de ta part, sans réponse de la sienne. Soirée que tu tentais désespérément de mettre derrière toi. Tu t’imaginais encore te réveiller et voir de nouveaux articles à ce sujet paraître, quelqu’un qui aurait tout entendu de ton échange avec Chloe et aurait tout raconter aux journalistes, mais c’était le calme plat de ce côté-là. Les journalistes se contentaient de rapporter combien vous aviez l’air proches, la Cohen et toi, à vous susurrez des mots à l’oreille devant les caméras et les baisers volés ici et là. Si seulement ils savaient que tu ne pouvais t’empêcher de penser. Et puis Micah et son retour imprévu. Micah et son sourire charmeur. Micah et sa manière d’être que tu envies et que tu ne comprends pas à la fois. Rory qui avait vu Micah et qui était parti sans rien dire. Un autre moment que tu voudrais pouvoir décortiquer avec le Craine, sans pourtant savoir si en discuter était vraiment la solution idéale.

Mais ne pas en parler voulait dire que tu étais correcte avec la distance qui s’installait entre vous.
Et tu ne l’étais pas. Pas du tout.

« Hey. » Ses bras autour de toi, quelques secondes. Ce serait facile de prétendre que tout est comme avant, mais tu le vois bien que vous le ressentez tous les deux, cet espèce de malaise qui s’est infiltré si sournoisement entre vous. « Et si on décidait que cette question-là est prohibée jusqu’à nouvel ordre? » That bad uh? Tu réalises alors à ce moment là que si les choses étaient tournées à la catastrophe de ton côté depuis la parution des photos et des nouvelles rumeurs, ça devait sans doute être de même pour lui. Et tu voulais être là pour lui mais soudainement, tu n’étais plus certaine de savoir comment. « Non, j’ai mieux. Et si t’attendais quelques heures avant de me la reposer? Je suis sûr que la réponse sera déjà plus la même. » Et si normalement tu aurais été bien d’accord avec lui, tu ne pouvais t’empêcher de penser que cette fois-ci pourrait être légèrement différente. Tu te mordilles légèrement la lèvre, signe de ton anxiété grandissante et tente de lui offrir un sourire au Craine. Un sourire pourtant si différent de ceux que vous aviez échangé à profusion lors de votre weekend à Torquay. Un sourire moins pétillant, moins sincère. « J’vais faire mon possible pour ne pas empirer les choses. » que tu dis, sans grande conviction, sachant pertinemment que c’est exactement ce que tu allais faire, empirer les choses.

Tu abordes déjà avec peu de subtilité votre dernière rencontre, ou du moins, votre dernier échange visuel qui aura duré moins de deux minutes ce matin-là. Il rit Craine, mais ce n’est pas son rire habituel à lui non plus. C’est teinté de quelque chose que tu ne parviens pas à comprendre avec autant d’aisance que tu le voudrais. « Je sais, je suis désolé. J’aurais dû t’appeler, après l’autre jour, mais je voulais pas déranger. » Tu hoches vaguement de la tête. Ça n’avait jamais vraiment été un problème, avant, de déranger l’autre ou non. Comme si vous aviez tout simplement assumé que l’autre serait toujours là. Et tu ne peux t’empêcher d’en comprendre que si Rory ne voulait pas déranger, c’est qu’il croyait sans doute que tu étais occupée, avec quelqu’un d’autre. Micah en occurrence. Micah que tu n’avais pourtant pas vu, à qui tu n’avais même pas parler depuis. « Tu me déranges jamais. » que tu finis par dire quand même, parce que c’est la vérité. S’il t’avait donné le temps de dire quelque chose ce matin-là, tu lui aurais dit. Mais ce n’était pas arrivé. Il était parti et tu n’avais pas vraiment osé lui donner l’heure juste par texto. Et maintenant qu’il était devant toi, tu ne savais même pas comment expliquer tout ce qui s’était passé, ce soir et cette nuit-là. « Et je voulais pas non plus te donner l’impression que tu me dois des explications alors que c’est pas le cas. » Des explications. Tu réalises alors qu’il semble se faire bien des idées sur ce qui s’est passé entre Micah et toi. Tu te pinces les lèvres, soudainement gênée alors que tu peines à soutenir le regard de celui qui devrait être pourtant ton plus grand ami. Ami. « Toi et moi on a pas vraiment connu une année évidente. Si quelqu’un peut comprendre que tu veuilles être proche de quelqu’un en ce moment, c’est moi. » Ça t’arrache un petit rire, la manière qu’il essaye de relativiser tout ça alors qu’au fond, il est un peu loin du compte, le Craine. « C’est pas ce que tu crois Rory. » que tu débutes, cherchant les bons mots. « C’est toi que je voulais voir, ce soir-là. » Et soudainement, tu réalises que ce que tu viens de dire peut laisser sous-entendre beaucoup de choses alors tu t’empresses de rajouter. « J’veux dire, il s’est passé quelque chose, sur le tapis rouge et j’ai essayé de t’appeler mais je tombais toujours sur le répondeur. » Ta gorge se serre légèrement lorsque tu penses à la discussion que tu as eu avec Chloe. Elle était la première à qui tu avouais tout en dehors de Rory après tout. T’avais eu l’impression de faire pas de géant, même si dans un sens, tu ne t’étais jamais sentie aussi vulnérable qu’à ce moment. « Et puis Micah était présent, il m’a vu en panique et il a proposé de me ramener à la maison. Comme je savais pas si t’étais chez toi.. » On dirait que tu lui donnes une liste d’excuses plutôt que des explications, mais t’as pas envie qu’il se fasse des idées sur ce qui s’est passé alors que c’est complètement faux. Ou du moins, en grande partie. « Il s’est rien passé entre Micah et moi. Et si t’étais resté ce matin-là, j’aurais pu te le dire. » que tu ajoutes avec un semblant de sourire. Tu ne fais pas mention du baiser échangé toutefois, préférant pour l’instant garder ce détail pour toi. Tu te posais trop de questions depuis, et la majorité n’avait même pas de lien avec l’homme que tu avais embrassé, mais plutôt avec celui qui prenait place devant toi en ce moment. Comme quoi, les rumeurs commençaient vraiment à jouer avec ton esprit.

Ça n'avait rien d'habituel, d'éprouver ce début d'anxiété à quelques minutes de retrouver Penny. Ça n'avait rien d'habituel, parce qu'en temps normal c'était le reste du monde qui l’oppressait et auprès de la jeune femme qu'il trouvait cette quiétude bienvenue qui l'enveloppait comme dans une serviette chaude et lui vidait la tête. Comme à Torquay, où pour la première fois depuis des mois Rory s'était senti libéré d'un poids immense sans lequel il avait enfin pu profiter d'un moment loin de tout, de ses soucis comme de la douleur qui grignotait son cœur sans jamais lui laisser de répit. Sur cette plage, à ses cotés, il ne pensait plus à rien de ce qui avait rendu cette année si éprouvante. Il y avait simplement l'océan qui se prolongeait à l'horizon et eux, plus proches et plus complices qu'ils ne l'avaient sans doute jamais été avant ça. Tout aurait du continuer de la même façon à leur retour à Brisbane, mais si Rory avait sincèrement espéré que les choses lui paraîtraient plus simples après cette parenthèse, tout était rapidement reparti de plus belle et cette fois, le contre-coup avait été plus violent encore. Il était avec son frère, quand il avait découvert les photos de Penny et lui, enlacés sur cette page, puis qu'il avait reçu le message désemparé de la jeune femme pendant que lui-même n'arrivait pas à croire ce qu'il était entrain de lire. Quelques jours plus tard, cet article bourré de mensonges en avait remis une couche au moment même où il pensait que ça ne pourrait pas être pire, et c'est là que Rory s'était senti le plus trahi. Et au milieu de ce brouillard sans fin, de ce crève-cœur qui rendait chaque petit bonheur si fragile, c'était toujours à Penny qu'allait sa première pensée. Parce que si lui vivait mal cet acharnement, il imaginait combien ça devait être encore plus dur pour elle, après ce qu'elle avait déjà vécu et qu'aucun de ceux qui s'amusaient à démolir leur vie ne pouvait même imaginer. C'était peut être l'unique chose précieuse qui soit ressortie de ces longs mois à supporter l'insupportable, la façon dont ils étaient ressortis unis de ces épreuves. Pour le meilleur et (malheureusement encore trop souvent) pour le pire, ils étaient devenus essentiels l'un à l'autre et ça aussi, ça aurait du pouvoir continuer sans que jamais rien ne les éloigne. Mais ces derniers jours, les contacts avaient été plus rares et Rory s'était résigné à garder pour lui ce qu'il aurait du dire, ce matin-là, quand il l'avait surprise avec Micah. Il aurait du lui dire que ça ne changeait rien pour lui, si ça ne changeait rien pour elle. Et que s'il avait toujours été capable d'une chose c'était d'être heureux pour ceux qui comptaient le plus pour lui, que lui le soit ou non. Il aurait du lui dire tout ça, mais il s'était dégonflé et aujourd'hui l'abcès était bien réel.

Rien n'avait pourtant plus de sens que de passer cette soirée-là ensemble, alors que Rory nourrissait le naïf espoir qu'au moment où ils regardaient vers le ciel pour profiter du feu d'artifices, l'air leur semblerait plus doux à nouveau, comme c'avait été le cas à Torquay. Mais beaucoup de choses pesaient sur cet échange qui n'avait rien d'aussi léger que d'habitude, et tout ce qu'il pouvait faire c'était éluder les questions qui faisaient mal et se raccrocher à sa présence. Le sourire de Penny paraissait éteint et Rory aurait voulu pouvoir l'apaiser, à défaut de savoir comment se sentir lui-même un peu moins morose. Il secoua la tête, convaincu que si quelqu'un ne risquait pas de lui faire du tort, c'était bien elle. Penny avait été présente pour lui comme il s'était assuré d'être présent pour elle, et bien qu'il se surprenne à la trouver particulièrement anxieuse il n'imaginait rien pouvant malgré tout lui faire regretter de lui avoir donné rendez-vous ici.

Quand bien même le sujet qu'ils s'apprêtaient à évoquer n'était pas vraiment une partie de plaisir, il osait espérer qu'elle savait qu'il n'irait jamais la juger d'avoir eu besoin de compagnie, de tendresse, ou de quoi que ce soit d'autre qu'elle ait pu trouver auprès de Micah. Parce qu'il était la dernière personne au monde qui irait lui reprocher de tenter d'aller mieux, que c'était aussi pour ça qu'il était parti sans dire un mot, l'autre matin. Ce qui serait sorti de sa bouche à ce moment-là, Rory l'aurait peut être regretté et il avait voulu éviter de prendre le risque d’entacher ce qu'ils partageaient pour ce qu'il n'était pas en droit de juger. « Je voulais pas que tu penses que je m'octroie le droit de te monopoliser juste parce qu'on a fait la couverture d'un magazine people ensemble. » Il avança, dans un léger sourire qui tentait d'alléger l'atmosphère. Il fallait bien reconnaître que c'était pas désagréable de s'amuser pour une fois de ce qu'il avait suffisamment laissé lui miner le moral. Si seulement il était capable de rire du reste, peut être qu'il se sentirait mieux. La vraie raison à son silence de ces derniers jours, il la lui donna avec l'espoir qu'elle saurait y voir son désir de respecter son intimité et ce qu'elle pouvait vouloir partager avec quelqu'un sans forcément l'en tenir au courant. Après tout, elle ne lui devait rien, ni excuses ni explications, et il n'avait pas tenu à être là pour elle ces derniers mois pour qu'elle se sente ensuite redevable de quoi que ce soit. Si le retour de Micah l'avait surpris, il n'avait pas pour autant à donner son avis sur l'homme qui était dans sa chambre l'autre matin. Penny reprit la parole et s'il tenta d'abord de la dissuader de poursuivre, agitant ses mains devant lui en pensant qu'elle s'imaginait devoir se justifier de quoi que ce soit, il l'écouta poursuivre et se pinça les lèvres. Son expression changea, lentement, pour se faire plus soucieuse lorsqu'elle prononça les quelques mots qui firent s'accélérer son cœur sous le coup d'une soudaine inquiétude. « Comment ça ? Qu'est-ce qui s'est passé sur le tapis rouge Penny ? » Son regard l'interrogeait avec le besoin de reconstituer le puzzle, parce qu'en l'état il pouvait imaginer un millier de choses qui iraient tout sauf le rassurer. « Je sais que j'aurais du être là, ce soir-là, mais c'était trop d'un seul coup et après les photos, et cet article... j'avais besoin de prendre de la distance avec tout ça. » Alors il avait décliné l'invitation et avait préféré consacrer sa soirée à autre chose qu'alimenter plus encore des rumeurs qui avaient fait assez de dégâts. Penny le connaissait, il vivait mal de voir son intimité envahie et il avait besoin de reprendre le contrôle. « J'étais persuadé que tout irait bien si tu restais avec Chloe, je te promets que si j'avais eu des raisons de penser que t'aurais besoin de me joindre, j'aurais pas quitté mon téléphone des yeux. » Mais il pensait naïvement que tout irait pour le mieux, que ce serait leur soirée et une bouffée d'air frais si elles étaient là pour se serrer les coudes. Il n'avait pas de raison de s'en faire, Rory, et ça lui serrait le cœur aujourd'hui de réaliser qu'il faisait peut être fausse route. Cherchant à remettre de l'ordre dans son flot de pensées qui s'agitait à mesure que l'inquiétude le gagnait, il tenta de ne pas montrer d'agacement lorsqu'elle fit de nouveau mention de Micah. Saint Micah, présent quand on avait besoin de lui. Pour peu, il s'en voudrait presque d'avoir autant de mal à avaler que l'homme en question ait pu faire ça avec une autre idée derrière la tête que celle d'arriver à ses fins. « J'étais chez moi. » Il se contenta de souffler, sans rentrer dans des détails qui n'avaient ici aucune espèce d'importance. « Mais je te le répète, Penny, t'as aucune raison de me donner des explications pour ce qui s'est ou ne s'est pas passé ce soir-là... » Quand bien même il eut du mal à ne pas éprouver de soulagement lorsqu'elle lui assura qu'il n'y avait rien eu, rien de ce qu'il avait en tout cas supposé lorsqu'il avait trouvé Micah chez elle l'autre jour. C'était idiot, parce qu'il aurait toujours été aussi présent pour elle même si elle avait bien passé cette soirée dans les bras de l'acteur - il ne pouvait après tout nier ce que sous-entendait le fait qu'elle se soit laissée raccompagner malgré leur passif, il n'aurait pas porté de jugement sur le reste. Mais ça faisait une vraie différence pour lui, pour beaucoup de raisons. Rory passa une main contre sa nuque. « Tu sais, je suis pas certain que j'aurais été le bienvenu. » Il afficha une moue amusée, devinant que même s'il ne s'était rien passé, ni sa présence ni sa réaction ce matin-là n'avaient sûrement été bien accueillies sur le coup par Micah. « Tu savais qu'il était de retour ? » Lui avait été en premier lieu déconcerté de le trouver ici alors qu'il le pensait aux États-Unis, que c'était du moins ce qu'on pouvait régulièrement lire sur Micah quand il donnait des interviews en s'assurant que personne n'ignore rien de sa réussite à l'américaine. Que Penny ait appris pour son retour ce soir-là ou quelques jours plus tôt, il pouvait imaginer que ça l'ait surprise elle aussi.

T’as les yeux rivés sur le fleuve qui est plutôt tranquille en cette fin de journée, contrairement aux différentes rues du quartier qui elles sont remplis. Il y a plusieurs lanternes qui sont installées sur les différents lampadaires toujours éteint vu l’heure avancée, mais ça donne tout de même une nouvelle ambiance à la ville. C’est sur tout ça que tu concentres plutôt que sur le regard de Rory que tu évites, de peur qu’il y lise toutes ces choses que tu ne lui as pas dites. Toutes ces vérités qui pourraient lui faire mal, toi qui t’étais pourtant promise de ne pas lui faire du mal, au Craine. T’as vraiment l’impression que tu passes à côté de tout en ce moment et que tu n’as plus le contrôle sur rien et ça te fait drôlement peur. Peur de réaliser à que tout t’échappe et que tu ne peux absolument rien faire pour rendre la situation plus facile à vivre. Mais t’as pas envie  de faire semblant avec Rory, pas envie de réaliser que tu ne peux plus lui parler avec l’honnêteté et la facilité qui étaient vôtre depuis plusieurs mois déjà. Pas envie de mettre tout ça en cause pour quelque chose fabriquer de toute pièce par les médias. « Je voulais pas que tu penses que je m’octroie le droit de te monopoliser juste parce qu’on a fait la couverture d’un magazine people ensemble. » Il parvient presque à en rire Rory, et tu ne peux t’empêcher de te demander comment il fait. Sa réponse t’arrache un sourire certes, mais de ton côté, tu ne pouvais t’empêcher d’être troublée. Peut-être que tu étais la seule à ressentir cette drôle de boule dans le fond de ton ventre lorsque tu regardes ces photos de vous sur la plage à Torquay. Peut-être bien que t’es la seule à ressentir soudainement cette gêne qui vous entoure. Peut-être que tu te fais complètement des idées et que c’est les mots prononcés par Jessian qui ont véritablement semé le doute dans ton esprit, et non pas la nouvelle proximité qui s’était installée entre vous lors de ce weekend au bord de la plage, chez tes parents. « Ça vient quand même avec certains droits. » que tu finis par ajouter avec un petit rire dans la voix. Parce que malgré tout, malgré les doutes, malgré les problèmes que ça avaient engendrer, tu pensais réellement ce que tu lui avais dis sur la plage, ce soir-là. Que tu n’aurais pas voulu vivre tout ça avec qui que ce soit d’autre.

« Comment ça? Qu’est-ce qui s’est passé sur le tapis rouge Penny? » Tu déglutis difficilement alors que les souvenirs de cette soirée te reviennent. Chloe n’avait pas eu la réaction que tu t’étais imaginée face à tes révélations et tu n’avais pas encore pris la peine de lui parler de tout ça, à la blonde. Ce n’était qu’une confrontation de plus qui s’ajoutait à une liste déjà bien trop longue à ton goût. Tu inspires profondément et ferme légèrement les yeux avant de finalement laisser la vérité filer entre tes lèvres. « Je lui ai tout dit. » Ce n’est pas très clair, et surtout, ça ne dépeint pas vraiment dans quelle contexte la vérité a été dite, mais au moins, tu le sais qu’il va comprendre en partie pourquoi tu avais eu tant besoin de lui, ce soir-là. « J’avais bu, elle aussi, les choses ont dégénéré... » Tu échappes un long soupir alors que tu essayes de ne pas trop te replonger dans ces souvenirs, Fort heureusement, les seules rumeurs mises de l’avant après l’évènement étaient les baisers et les rires échangés sur le tapis rouge, bien avant que tout ne dérape. « Je sais que j’aurais dû être là, ce soir-là, mais c’était trop d’un seul coup et après les photos, et cet article… J’avais besoin de prendre de la distance avec tout ça. » Et là ou tu étais impulsive, à toujours aller te mettre dans des situations qui risquaient de dégénérer – comme elles avaient toute l’habitude de le faire dernièrement – il préférait se mettre en retrait, prendre le temps de bien analyser avant de faire son prochain move. Tu l’enviais un peu, de savoir quand dire non, de savoir quand prendre du recul alors que toi, tu te contentais de foncer dans le tas en espérant t’en sortir avec le moins d’égratignures possibles. Il mentionne l’article et tu hésites à mentionner la visite que tu as fait à ce cher Raphael Elly, mais tu laisses ça de côté dans l’immédiat. Tu entends cette culpabilité qui habite la voix de ton ami et tu t’en veux de lui avoir donner l’impression qu’il aurait dû être disponible pour toi, ce soir-là. « J’étais persuadé que tout irait bien si tu restais avec Chloe, je te promets que si j’avais eu des raisons de penser que t’aurais besoin de me joindre, j’aurais pas quitté mon téléphone des yeux. » Ça te fait sourire autant que ça te pince le coeur, de l’entendre le Craine. Sourire parce que tu sais que tu peux toujours compter sur lui, mais le pincement te rappelle que la dernière chose que tu veux, c’est avoir l’impression qu’il met sa vie sur pause à cause de toi.  « Tu pouvais pas savoir Rory, t’en fais pas avec ça. » Tu tentes un sourire, pour détendre l’atmosphère. Tu sais à quel point vous avez eu beaucoup – trop – de choses à gérer dans les derniers mois et ça ne semblait pas être sur le point de s’arrêter. « C’était sans doute pour le mieux qu’on ait pas été vu ensemble ce soir-là. Ça n’aurait fait qu’alimenter les rumeurs. » Ton regard se tourne tout autour. Les rues sont bondées, mais tu remarques quand même facilement quelques gens qui sont tournés dans votre direction, cellulaire en main. « Par contre, on repassera pour l’anonymat ce soir. » Tu roules des yeux. Il était trop tard pour prétendre que vous n’étiez pas venus profiter des feux d’artifice ensemble et tu n’allais pas laisser la possibilité de voir ton visage sur une prochaine une t’empêcher de profiter du moment avec Rory autant que possible.

« J’étais chez moi. » Tu hausses les épaules. Il était trop tard pour changer quoique ce soit à ce qui s’était passé ce soir-là. Les appels ne s’étaient jamais rendus au destinataire et tu t’étais retrouvée auprès de Micah ce soir-là. Micah et ses belles paroles. Micha et son ton rassurant. Micah qui lui, contrairement à Rory, n’était pas mêlé à tout ça. Qui, de ce qu’il avait compris du moins, avait pu t’offrir un avis extérieur à tout ça. Tu n’étais pas rentrée dans les détails, mais peut-être que ça avait été pour le mieux, que la situation se déroule ainsi. Tu ne pouvais dire, ça semblait si compliqué soudainement. « Mais je te le répète, Penny, t’as pas aucune raison de me donner des explications pour ce qui s’est ou ne s’est pas passé ce soir-là... » Un autre haussement d’épaules, un autre hochement de la tête. Pas jaloux donc. Tu ne sais pas pourquoi ça te pince autant, de réaliser que ça ne lui dérange pas à Rory, de t’imaginer intime avec quelqu’un d’autre. Et puis tu repenses à ta discussion – peut-on toujours appeler cela une discussion vu le niveau de décibels qui avait été impliqué cette journée-là? – avec Swann et tu ne peux t’empêcher de te dire que le coeur du Craine est probablement toujours auprès de l’anglais, malgré les mois qui ont filé, malgré le fait que ce dernier ait bel et bien tourné la page auprès d’une autre. « Tu sais, je suis pas certain que j’aurais été le bienvenu. » « Pourquoi? Tu penses que son égo de mâle aurait été blessé que je te laisse rentrer? » Tu décides de tourner à la blague plutôt que de laisser les sous-entendus prendre le dessus. Et puis, ce n’était pas les premiers commentaires du genre que vous faisiez ensemble sur Micah. Rory connaissait quelques détails de votre histoire après tout et vous aviez la mauvaise habitude de rire des divers articles people qui sortaient sur Micah. Articles bien plus nombreux que sur Rory ou toi puisqu’il n’avait aucun problème à se montrer sous l’oeil du public. « Tu savais qu’il était de retour? » Tu fais signe que non de la tête. Ça, c’était bien quelque chose que tu n’avais pas lu dans les médias. « Non et il a refusé de me dire pourquoi il était revenu ce soir-là. » que tu rajoutes. Tu dois l’avouer, tu n’as pas vraiment envie de continuer plus longuement la discussion sur l’australien. Vous avancez le long du fleuve alors que le soleil commence à descendre lentement et tu laisses le silence faire son œuvre pendant une minute ou deux avant de reprendre la parole. « Tu sais, l’article... » Tu n’as pas besoin de mentionner lequel pour qu’il sache de quoi tu parles, le Craine. « Je suis allée le confronter. M. Elly. » Tu échappes un soupir. Ça non plus, ça n’avait pas vraiment été ta meilleure idée.

Tout était comme subitement teinté d'une gêne nouvelle, entre Penny et lui, face à ce fleuve que son regard aurait pourtant trouvé si apaisant en temps normal. Les souvenirs de ces moments partagés avec elle à Torquay, quand tout lui semblait encore si léger et si simple, se chargeaient à leur tour de lui rappeler ce que l'insistance de la presse avait encore causé comme dégâts. C'aurait du être une soirée qui leur donnerait le sourire et effacerait des mois de tourments et d'incertitudes, parce que c'est comme ça qu'il l'avait rêvée et pour cette raison qu'il avait tant voulu la partager avec elle. Mais maintenant que leurs regards s'évitaient et que l'atmosphère se faisait plus pesante, Rory était forcé de s'avouer qu'il avait encore une fois nourri des espoirs un peu trop grands. Qu'ils ne pouvaient pas faire comme si les articles, les photos et les rumeurs n'avaient jamais existé et décider de n'y accorder aucune importance, parce que ça touchait à des choses bien trop importantes, au contraire, pour les ignorer. Que ça touchait à eux. Penny et lui étaient déjà passés par tellement de choses qu'ils auraient mérité d'avoir la paix sans voir toutes ces allégations peser sur ce qu'ils partageaient, et son cœur se serrait à l'idée que toute cette histoire qui avait déjà fait suffisamment de mal, et surtout à Penny, continue de leur causer du tort aujourd'hui. Rory aimerait juste pouvoir passer un bras autour de ses épaules comme il l'avait fait sur la plage, quelques semaines plus tôt, et lui assurer que tout irait bien et qu'ils pouvaient juste admirer le feu d'artifices comme si plus aucun de leurs problèmes n'existait le temps d'une seule soirée. Mais la dernière fois, les conséquences ne s'étaient pas faites attendre et il se détesterait de leur valoir à nouveau d'en faire les frais.

Rory avait beau tenter d'alléger l'atmosphère et se raccrocher au moment présent, c'est le cœur lourd qu'il échouait à prétendre que tout était parfaitement normal et un sourire un peu triste qu'il étira aux mots soufflés par la jeune femme. Elle le savait, qu'il aimait ces moments passés avec elle et que sa présence lui était absolument essentielle aujourd'hui, mais que s'il avait pu leur éviter d'être de nouveau au centre de toutes les rumeurs, il l'aurait fait. Parce qu'il pensait depuis le départ à la protéger, quand bien même elle viellait tout autant sur lui de son coté. C'est ainsi qu'il sentit l'inquiétude grandir en lui lorsque Penny laissa entendre que quelque chose s'était passé sur le tapis rouge, le soir où il ne s'y était pas rendu. C'est du moins ce qu'il supposa aussitôt et son cœur rata un battement lorsqu'elle lui confia finalement avoir tout dit à Chloe. Tout. Il pouvait dès lors imaginer dans quel état de détresse s'était retrouvée Penny et combien de souvenirs douloureux cet échange avait du raviver. Et il s'en voulait, terriblement, de n'avoir pas été là. « Comment Chloe a réagi ? » Il demanda doucement, sentant que quelque chose s'était passé à ce moment-là, sans pour autant s'expliquer ce qu'il y avait pu y avoir entre Chloe et Penny pour que la situation dégénère à ce point. « Elles ont dégénéré... à quel point ? » Son regard raccrocha le sien, ses doigts recroquevillés contre la rambarde la plus proche. Il appréhendait cette réponse parce qu'il était question de deux êtres qui comptaient profondément pour lui, qu'il était question de Penny et de ce qu'elle avait vécu et que tout en même temps le renvoyait à sa culpabilité. Il aurait du pouvoir faire un effort de plus, prendre sur lui une énième fois pour être là et s'assurer qu'elle trouve au moins du réconfort quand tout avait implosé. Mais c'était trop. Après les photos, après l'article, après tout ce qui était déjà venu remuer la douleur diffuse qu'il éprouvait depuis des mois. C'était au dessus de ses forces d'affronter les journalistes mais ça ne l'empêchait pas de s'en vouloir, aujourd'hui. « Mais je savais que ce serait pas anodin pour toi, de te retrouver sur ce tapis rouge. Après tout ce qu'il y a eu, j'aurais du prendre sur moi et être présent. » C'était la promesse tacite qu'il lui avait faite, après cette soirée qui avait scellé leurs deux destins en plus d'un millier d'autres choses. Qu'il serait toujours présent, pour la soutenir et lui rappeler qu'elle trouverait toujours un soutien en lui, quelle que soit la situation. « Mais est-ce qu'on est vraiment à une rumeur près, nous deux ? » Il tenta un sourire, un peu éteint, conscient que si toute cette situation lui pesait il en allait inévitablement de même pour Penny. Il aimerait apprendre à s'en moquer, ne plus accorder aucune importance à ce qu'on pouvait écrire sur lui ou à la manière dont on se plaisait à romancer sa vie. Il aimerait et il devrait, sans doute, mais c'était plus compliqué qu'il ne le voudrait. « Attends que le feu d'artifices commence, il nous volera la vedette à coup sûr. » Du moins, c'est ce qu'il aimait se dire et c'est sans doute l'idée à laquelle il se raccrocherait pour éviter de trop penser au fait qu'un seul smartphone pointé dans leur direction pourrait suffire à faire repartir les rumeurs. « Désolé, c'était sûrement pas très malin de ma part de t'inviter à fêter Diwali avec moi. » Il reprit, cette fois un peu plus sérieusement, ses lèvres étirant une légère grimace embêtée. « Mais je me suis dit que ça nous ferait une sortie et qu'on en avait bien besoin. » Tout comme ils avaient bien besoin de mettre les derniers mois derrière eux pour profiter d'une soirée en pleine air, dans une ambiance apaisante et conviviale. Les gens se lasseraient, c'est ce qu'il se disait chaque jour pour affronter l'extérieur et l'attention paralysante des journalistes. Et en attendant, tout ce qu'ils pouvaient faire c'était mener une vie aussi normale que possible. Ils avaient déjà tant perdu, on ne les empêcherait pas de profiter de ces moments ensemble où il leur était possible d'oublier le reste.

Le reste, ou du moins, une grande partie des choses auxquelles il n'avait pas la moindre envie de penser dans un moment pareil. Mais pour certaines d'entre elles, la discussion semblait inévitable et en ce qui concernait Micah, elle était d'autant moins évidente que Rory éprouvait maintenant l'impression d'avoir indirectement poussée Penny dans ses bras. C'est en tout cas ce qu'une partie de lui ne pouvait s'empêcher de penser en comprenant qu'elle avait cherché à le joindre et qu'à défaut d'y être parvenue, elle avait trouvé le réconfort dont elle avait besoin auprès du jeune homme. Elle ne lui devait aucune explication et pourtant, Rory était tout sauf à l'aise à l'idée que ce soit précisément auprès de Micah qu'elle ait terminé la soirée et le sourire arrogant du comédien qu'il avait surpris dans l’entrebâillement de la porte ce matin-là. Il ne s'était pas senti à sa place, pour un millier de raisons qu'il n'était pas forcément capable de verbaliser à cet instant. Et ça le blessait, quelque part, d'être placé face à l'évidence qu'une seule soirée pouvait lui valoir d'écoper du rôle de celui qui avait failli à être présent pour elle. Rory ne pouvait s'empêcher de nourrir l'impression de n'être indispensable à personne et systématiquement remplacé. Par Swann quand il retrouvait l'amour auprès de sa nouvelle petite-amie. Par Penny quand elle retombait dans les bras de son ex après avoir cherché après lui. Il dépensait tellement d'énergie à être là pour les autres et faire passer leur bien-être avant le sien que le crève-cœur était réel, bien qu'il n'en montre rien. Il cacha au contraire la peine qui grandissait en lui derrière un énième sourire, à demi-amusé celui-ci, et haussa doucement les épaules. « Je pense surtout que si on m'avait suivi et vu entrer chez toi alors qu'il s'y trouvait déjà, les rumeurs auraient pris une toute autre tournure. » Il essayait d'en rire aussi, après tout, c'était tout ce qu'ils pouvaient faire pour se rendre les choses un peu plus évidentes. Il est certain qu'en matière de pseudo triangles amoureux, ils avaient suffisamment à faire avec celui qu'on leur prêtait avec Byers. Et c'était bien assez sordide. « Mais oui, je suppose qu'il aurait pas raté une aussi belle occasion de me faire me sentir de trop chez toi. » Il conclut dans un demi sourire. Après tout, Penny avait invité Micah à passer la nuit chez elle, quoi qu'il y ait exactement entre eux aujourd'hui il n'aurait pas été dans son intérêt de faire la moindre remarque et c'est exactement la raison pour laquelle il était reparti sans rien dire, ce matin-là. Avec du recul, il regrettait de ne pas lui avoir au moins laissé le temps de lui expliquer, mais ça n'était peut être pas plus mal qu'ils aient cette discussion ici, ce soir, plutôt que dans son appartement avec Micah comme superviseur. Nul doute que l'atmosphère aurait été parfaitement irrespirable et il était au moins soulagé de leur avoir évité ça en plus du reste. Visiblement, Penny ignorait que le jeune homme était de retour et Rory se contenta de secouer la tête, comprenant qu'elle ne tienne peut être pas à parler de lui toute la soirée. Il n'y tenait pas non plus, à vrai dire, et était au fond de lui rassuré qu'elle n'ait rien su plus tôt et n'ait pas simplement préféré lui cacher que son ex était réapparu. Il n'aurait pas pu lui en tenir rigueur, pourtant, cette histoire ne concernant qu'eux. Mais ça comptait pour lui que Penny sache qu'elle pouvait tout lui dire, il détesterait qu'il y ait le moindre secret entre eux parce que cette honnêteté à toute épreuve dont ils faisaient preuve l'un envers l'autre depuis des mois, c'était l'une des rares choses auxquelles il pouvait encore se raccrocher. Ils longèrent le fleuve et bientôt le regard de la jeune femme se teinta d'une lueur différente, plus soucieuse. Elle reprit la parole et Rory déglutit, sentant l'amertume courir dans ses veines en repensant à cet article qui dépeignait une vision de toute cette histoire qui lui faisait profondément horreur. « T'y es allée toute seule ? T'aurais du me prévenir, Penny, je serais venu avec toi. » Ce n'était pas contre elle qu'il était en colère, à cet instant, mais il ne comprenait pas qu'elle lui en parle seulement aujourd'hui. Pourquoi avoir été le confronter seule, pourquoi s'être infligée ça alors qu'il n'aurait pas hésité une seconde à l'accompagner pour qu'ils fassent front ensemble ? « Qu'est-ce qu'il t'a dit, qu'est-ce... comment il t'a paru ? » A quoi pouvait seulement ressembler un type qui s'amusait à raconter toutes sortes de mensonges à la presse, et se rendait-il compte du mal qu'il faisait autour de lui ? Avait-il au moins des remords, ou est-ce qu'il assumait chacun des mots qu'il avait tenu face à ce journaliste ? « Est-ce qu'il t'a dit pourquoi il avait fait ça ?» Rory soupira, conscient que si tel était le cas la réponse qu'elle avait obtenue n'irait sûrement pas le soulager pour autant. Pourquoi avoir raconté toutes ces choses à leur sujet, en sachant pertinemment qu'elles étaient fausses, alors qu'ils ne lui avaient jamais causé de tort de leur coté ? Que voulait ce type et pourquoi Penny n'avait pas attendu qu'il l'accompagne, pour au moins s'assurer qu'il ne repartirait pas avant de savoir exactement ce qu'ils en pensaient ?

Il est inquiet, tu le vois dans son regard. Tu sais que tu viens de toucher une corde sensible en ramenant ce sujet sur la table, mais tu sais aussi que tu ne peux pas garder ce qui s’est passé pour toi. Non seulement parce que t’as besoin de lui en parler, besoin de faire le point sur ce qui est arrivé, mais aussi parce que t’as l’impression que tu lui dois au moins ça, à Rory. Parce qu’il avait été présent pour toi depuis le début de toute cette histoire et que ça venait le toucher lui tout autant que toi, peut-être même plus d’une certaine façon, vu que c’était sa réputation qui en avait payer le gros prix. « Comment Chloe a réagi? » À cette question, tu n’es pas certaine de ce qui est le mieux à dire. Tu supposes que Rory ne sait pas pour Chloe et Byers. Ou alors s’il sait, il est encore meilleur acteur que tu ne l’imaginais parce qu’il n’a jamais laissé même sous-entendre qu’il pourrait connaître une autre victime du réalisateur. Tu hésites, mais décide plutôt que ce n’est pas ta place. Depuis le début, tu veux être celle qui contrôle qui apprend ta vérité, tu n’allais certainement pas être celle qui fait ce qu’elle veut d’une vérité qui n’est pas tienne. « Elle était pas vraiment surprise. » Tu sais comment ça sonne, mais c’est au moins une partie de la vérité que tu peux lui dire, à Rory. Ça t’avait choqué d’ailleurs, sa manière de réagir, comme si c’était le truc le plus banal qui soit. Elle était meilleure actrice que toi sur le coup, Chloe. Ou peut-être qu’elle avait simplement eu plus de temps à accepter une vérité qui était pourtant inacceptable. Il faut que tu fasses attention à ce que tu dis toutefois, la dernière chose que tu veux, c’est de venir créer une tension inutile entre Rory et Chloe. T’as créer assez de drames autour de Rory comme c’est là sans penser à en ajouter une nouvelle couche. « Le milieu et tout ça. » que tu rajoutes, comme si ça excusait quoique ce soit. Il y a plus que ça à l’histoire et tu sais bien qu’il risque de voir que tu ne lui dis pas tout, mais tu espères qu’il te connaisse assez bien pour comprendre que tu ne peux pas en dire plus. Pas maintenant, pas comme ça. « Elles ont dégénéré… à quel point? » Tu échappes un petit rire suivi d’un soupir. « Pas assez pour faire la une. » Tu essayes de tourner ça à la blague, pour dédramatiser le tout. Tu peines à croire que tu aies su garder ton sang froid devant les journalistes, sur cette terrasse. Tu te souviens avoir eu envie de tomber, là, devant tout le monde, mais tu as garder ton plus beau sourire et jouer la comédie, comme tu sais si bien le faire. « C’était rien. » C’était pas rien. Mais c’est passé et maintenant, on peut rien y faire.

« Mais je savais que ce serait pas anodin pour toi, de te retrouver sur ce tapis rouge. Après tout ce qu’il y a eu, j’aurais dû prendre sur moi et être présent. » Rory et son besoin de jouer le héro. Ça te ferait presque rire si ça t’arrachait pas complètement le coeur. Oui, t’avais eu besoin de lui ce soir-là, mais tu t’en étais bien sorti même s’il n’avait pas pu répondre présent à l’appel. Peut-être que tu t’étais trop accrochée à lui dans les mois passés. Tu ne voulais pas qu’il se mette autant de pression, le Craine. Et par dessus-tout, tu ne voulais pas qu’il se sente responsable de toi, de tes états d’âmes, de chacune de tes peines et de tes faiblesses. « Arrête Rory. T’as assez de tes propres problèmes sans te mettre le poids des miens sur les épaules. » Tu soupires. Tu voudrais pouvoir prendre sa main, comme tu l’avais fait sur la plage à Torquay, quand tu croyais naïvement que vous étiez seuls au monde et que plus rien ne pouvait vous toucher. Mais tu ne peux pas. Tu ne devrais même pas être ici avec lui, les regards curieux sont partout et les rumeurs courent déjà trop vites, bien plus vites que vous. « Mais est-ce qu’on est vraiment à une rumeur près, nous deux? » Tu échappes un petit rire. Il a bien raison après tout, t’as l’impression de lire une nouvelle rumeur sur toi, sur lui ou sur vous à chaque rire. Tantôt un couple, tantôt dans une relation ouverte, t’as même lu quelque part que vous seriez fiancés et que la grande demande aurait eu lieu à la plage, justement. C’est que les journalistes sont prêts à écrire n’importe quoi pour vendre leurs torchons. « Attends que le feu d’artifices commence, il nous volera la vedette à coup sûr. » Tu en doutes un peu, mais tu te contentes de hocher la tête. La vérité était que peu importe ce que vous alliez faire à partir de maintenant, ça n’allait pas arrêter les rumeurs de tourner. Aux yeux du public, vous alliez être un couple. Nier les rumeurs n’allaient pas change grand-chose si on continuait de vous voir ensemble et tu savais qu’avec l’annonce de votre nouveau projet commun, ça n’allait que faire jaser encore plus. « Désolé, c’était sûrement pas très malin de ma part de t’inviter à fêter Diwali avec moi. Mais je me suis dit que ça nous ferait une sortie et qu’on en avait bien besoin. » Tu approuves une fois de plus. Tu n’allais certainement pas t’empêcher de passer du temps avec Rory parce que ça alimente la machine à rumeurs. « On ne va quand même pas rester enfermer chez toi ou chez moi pour se voir. Il y a une limite au nombre de fois ou je peux regarder Eternal Sunshine of the Spotless Mind sans devenir complètement folle. » que tu dis, te moquant de lui sans aucune gêne. Ça te fait du bien de sourire. De pouvoir tourner le tout au ridicule, un peu plus. Quel autre choix aviez-vous après tout? C'était ça ou s'appitoyer éternellement sur votre sort. Pas question de laisser les médias gagnés, pas cette fois.

Ça te fait du bien de réaliser que certaines choses ne changent pas entre Rory et toi, malgré les différentes tensions qui s’accumulent de part et d’autres. Tu peux toujours rire avec lui. Et même les situations les plus lourdes et complexes deviennent rapidement plus légères et plus simples avec lui. Reste que tu ne voulais pas vraiment t’étendre plus longuement sur le sujet qu’était Micah. Tu avais dit la vérité, ou du moins tout ce que tu te sentais confortable de partager dans le moment, et tu ne pouvais qu’espérer que l’acteur à la carrière hollywoodienne ne vienne pas prendre place entre vous à nouveau. Ce n’est pas ce que tu voulais après tout. Micah, c’était une histoire ancienne. Une page de ton livre que tu n’avais pas particulièrement envie de revisiter, surtout pas en ce moment quand ta tête et ton coeur étaient déjà assez mêlés sans venir ajouter une donnée au tableau. « Je pense surtout que si on m’avait suivi et vu entrer chez toi alors qu’il s’y trouvait déjà, les rumeurs auraient pris une toute autre tournure. » Tu éclates de rire parce que franchement, même quand tu penses que ça ne pourrait pas être pire, il te rappelle Rory que oui, ça pourrait. « C’est certain que ça n’aurait pas aider mon image. » Tu ris encore, mais ça devient vite lourd, de te souvenir que pendant plus de dix ans, t’as toujours été en mesure de garder ta vie sentimentale pour toi. Que pendant dix ans, t’as su éviter les gros scandales. Même quand Micah et toi étiez ensemble et que vous êtes passés près de tout dévoiler au média, tu n’as jamais vu ton nom taché comme il l’est en ce moment, pour une histoire sur laquelle tu as complètement perdue le contrôle. Il y a une colère si profonde qui t’habite quand tu réalises que tout ce que tu as mis tant de temps à bâtir se voit détruit si facilement à coups de quelques crayons et quelques photos compromettantes. Et t’es constamment déchirée entre l’envie de faire comme si de rien était, continuer de vivre ta vie et ton amitié avec Rory comme tu l’entends et l’envie de rectifier le tir avant qu’il ne soit vraiment trop tard. Peut-être que le temps était déjà écoulé. Marche-arrière impossible. « Mais oui, je suppose qu’il aurait pas raté une aussi belle occasion de me faire sentir de trop chez toi. » Et c’est là qu’il ne comprend pas qu’il a tort, Rory. Ce n’est pas lui qui aurait dû réaliser qu’il était de trop dans le moment. C’est sans doute Micah qui en aurait pris pour son grade de réaliser à quel point tu t’étais rapprochée du Craine dans la dernière année. Tu sais pas s’il aurait été jaloux Micah, t’as pas la prétention de dire qu’il est encore attaché à toi après toutes ces années, même si le baiser échangé vient certainement planter des doutes dans ton esprit. On te demanderait de choisir entre les deux et tu sais que tu n’hésiterais pas une seule seconde pourtant. Mais ça, tu savais aussi que tu ne pouvais pas le dire au brun devant toi. Alors tu te contentes de sourire et de tasser le sujet à l’aide d’un haussement des épaules.

« T’y es allée toute seule? T’aurais dû me prévenir, Penny, je serais venu avec toi. » Tu entends les reproches dans la voix du Craine, mais tu fais comme si de rien était. Encore une fois, t’avais peut-être eu besoin de prouver que tu n’avais pas besoin de lui pour chaque petite chose. Est-ce que tu aurais préféré qu’il soit avec toi? Sans doute oui, mais tu savais aussi que ça aurait eu l’air bien plus d’une attaque à deux que toi toute seule et déjà qu’il ne t’avait pas particulièrement bien accueilli, le Elly, tu n’oses pas imaginer à quel point tout aurait pu dégénéré si Rory avait été avec toi. « Tu sais ce qui serait arrivé si on avait été vu avec lui tous les deux? Ça n’aurait fait qu’empirer la situation. » Tu te pinces les lèvres. T’es pas certaine que t’as aidé la situation en allant le confronter Raphael. T’es plus certaine de bien te rappeler de ce que tu lui as dit, t’as peur qu’il s’en serve pour mettre de l’essence sur un feu déjà bien vivant. « Qu’est-ce qu’il t’a dit… comment il t’a paru? » À ça tu échappes un rire mauvais. « C’est un grand imbécile. Arrogant. Et il ment. » Ça fait déjà quelques jours que tu es allée le voir à l’école primaire ou il travaille, mais la colère que tu ressens est aussi forte que si tu avais encore son expression d’abruti devant toi. Tu serres les poings d’ailleurs, juste à te souvenir de l’échange court mais oh combien peu plaisant qui a eu lieu entre vous. « Est-ce qu’il t’a dit pourquoi il avait fait ça? » Tu hoches négativement la tête, laissant un soupir siffler entre tes lèvres. « C’est ce que je comprends pas. Il doit bien gagner quelque chose dans tout ça... » Qu’est-ce que ça peut bien lui apporter à lui, Raphael Elly figurant (de la pire espèce), de témoigner contre deux personnes à qui il n’avait jamais adressé la parole avant? Malgré ta confrontation, tu te retrouves au même point, sans réponse à cette question. « Il dit qu’il t’a vu te rendre à ma loge, qu’il savait que j’étais avec Byers… Mais si c’est vraiment le cas, il m’aurait entendu... » Crier. Pleurer. Et aussi stupide qu’il avait l’air Raphael, tu ne pouvais pas croire que c’était le genre d’homme à laisser faire ce qui avait été fait ce jour-là. « Tu penses que Byers pourrait être derrière son témoignage? » C’est un homme influent après tout, tu sais qu’il n’y a rien à son épreuve. Tu te passes une main dans les cheveux alors qu’une autre confrontation te revient en tête et si tu hésites pendant quelques secondes à dire ces prochains mots, tu sais que c’est une autre chose que tu ne peux pas cacher à Rory. « J’ai vu Swann aussi. » Dis comme ça, sans contexte, ça peut donner l’impression que tu passes d’un sujet à un autre sans trop faire de sens, mais les deux moments se rejoignent, au fond. Ils sont tous les deux teintés de cet article à la con qui est paru dans les Brisbane Times au début du mois. « Pour parler des rumeurs. Ça s’est pas très bien passé. » Et encore, c’est peu dire. « J’pense qu’il ne m’a pas cru quand je lui ai dit qu’on était pas vraiment ensemble. » Une fois de plus, t’es pas certaine que rentrer dans les détails soit dans le meilleur intérêt de Rory, mais tu ne voulais pas lui faire de cachettes. Tu considérais que ça aussi, il avait le droit de le savoir. « Je suis désolée. J’arrête pas de foutre le bordel partout ou je passe ces temps-ci... » T’as les lèvres qui tremblent, mais tu te forces de sourire lorsque tu aperçois une jeune femme à quelques mètres avec son téléphone en votre direction. Tu t’approches de Rory, tentant du mieux que possible de camoufler ton visage. Tu voudrais, ne serait-ce que pour une soirée, n’être qu’un visage parmi tant d’autres. Pas de célébrité, pas de rumeurs, pas de drames. Juste une fille dans la foule. Rien de plus.

La sérénité relative que Rory avait réussi à conserver ces dernières semaines ne survivrait visiblement pas à cette soirée. A présent, savoir que cet échange sur le tapis rouge avait dégénéré l'inquiétait bien plus que de perdre le peu de contenance qu'il lui restait encore. Quelque chose s'était manifestement passé entre Chloe et Penny, et cette seule idée le confortait malgré lui dans son impression qu'il aurait du être présent, quoi que ça lui aurait coûté. Il en était d'autant plus convaincu maintenant qu'il savait que Penny avait tout raconté à Chloe et que ces confessions n'étaient peut être pas étrangères à la façon dont cette soirée avait finalement basculé. Son regard rendait maintenant compte de l'inquiétude qui l'habitait : Penny avait non seulement du revivre ce qu'elle avait traversé au moment où elle avait tout avoué, mais en plus rien ne semblait s'être passé comme elle l'avait prévu. Et Rory, en sachant tout ça, ne pouvait pas s'empêcher de repenser à ce que Chloe avait laissé entendre auprès de lui, à demi-mot, il y a plus d'un an de ça. Ce pourrait-il qu'il y ait un lien entre ces demi-confessions qu'il n'avait pas su comment interpréter à l'époque, et toute cette histoire qui depuis des mois causait de souffrance ? Penny, elle, semblait mettre ça sur le compte d'un milieu où beaucoup trop d'écarts restaient encore impunis. Elle en était la preuve vivante, Penny, que les pires s'en tiraient toujours à bon compte jusqu'à ce que la roue soit susceptible de tourner. « Je sais pas si ça a un quelconque rapport, mais... quand j'ai su que j'avais décroché le rôle de Clyde Barrow, la première personne à qui j'en ai parlé en dehors de Swann et de ma famille, c'est Chloe. » Il souffla, l'esprit et le cœur sujets à la même confusion. De repenser à tout ce que cette annonce avait de merveilleuse, à l'époque, et de tout ce qu'il n'aurait pas perdu si seulement Byers n'avait pas tout gâché, détruit Penny et piétiné leurs vies. Mais pas seulement. « Quand elle a su que ce film, c'est Byers qui le réaliserait, je crois qu'elle a essayé de me dire quelque chose. Elle avait l'air... de vouloir me faire comprendre que je ferais mieux de me méfier de lui. » Son intention ne lui était pas apparue clairement à l'époque, parce qu'il savait que Chloe n'aurait pas voulu lui gâcher son bonheur et que c'était sûrement la raison pour laquelle elle n'était pas allée plus loin, ce jour-là. « Mais j'ai jamais pris ça pour autre chose qu'un conseil, je me suis dit qu'elle voulait peut être juste me préserver d'une désillusion en me faisant comprendre que c'était pas quelqu'un de facile et qu'avec lui j'avais pas le droit à l'erreur. » Il ne savait pas, ne savait plus en réalité ce qui avait pu lui effleurer l'esprit lorsqu'ils avaient eu cette conversation. Il était surexcité à l'idée de tourner pour un réalisateur maintes fois reconnu pour son talent, aurait été prêt à tout pour prouver qu'il était le meilleur choix pour ce rôle et Penny le savait, puisqu'elle n'avait jamais donné elle non plus une seule raison à qui que ce soit de regretter sa décision. « Aujourd'hui j'ai peur d'être peut être passé à coté de quelque chose. » Quelque chose qu'il n'aurait jamais pu seulement envisager à l'époque, avant que cette soirée dans la loge de Byers ne se fasse le douloureux rappel que derrière n'importe quel homme de confiance pouvait très bien se cacher une ordure de la pire espèce. Aujourd'hui encore ça lui était impossible de savoir ce que Chloe voulait sous-entendre, tout comme de savoir si ça pouvait avoir le moindre rapport avec ce qui s'était passé sur le tapis rouge avec Penny. Son regard inquiet croisa le sien, redoutant tout ce que ça pourrait impliquer y compris ce que Penny ne lui disait peut être pas. En savait-elle plus que lui ? Ou demeurait-elle dans ce même flou qui lui l’engloutissaient depuis plusieurs minutes ? Elle avait beau dire que ça n'était rien, il ne pouvait pas faire autrement que de s'en faire. Pour elle, pour Chloe, pour tout le monde.

Pourtant, Penny avait raison, le poids de ses propres soucis pesaient certains jours bien assez lourd sur ses épaules et c'est aussi en grande partie pour ça qu'il avait préféré décliner cette invitation il y a quelques jours. Il ne se sentait pas capable d'entretenir l'illusion qu'il allait bien devant autant de monde, alors qu'il n'était la plupart du temps même pas sûr de savoir comment il allait exactement. Il y avait tant de choses qu'il ne pouvait pas dire ni partager avec ses proches, tant de choses qu'il devait garder pour lui au risque sinon d'impacter beaucoup plus de gens encore, qu'à certains moments le poids de tous ces secrets le noyait de l'intérieur. Les vrais dessous de l'incident avec Byers, sa relation avec Swann dont Penny était l'une des rares à avoir toujours connu la vraie nature, tant de choses qu'il se retrouvait à devoir contenir même quand certains jours il voudrait juste pouvoir s'en libérer. Prendre une grande respiration, regarder ses parents dans les yeux et pouvoir enfin leur dire tout ce qu'il n'avait jamais pu exprimer clairement, y compris les raisons pour lesquelles son regard abritait toujours la même tristesse. Alors il secoua la tête, tenta un sourire puis finit par rire de bon cœur – ou sans avoir un seul instant à se forcer – lorsqu'ils purent pour une fois s'amuser de ces rumeurs auxquels ils s'étaient malgré eux habitués. Le cadet de ses soucis, certains matins. Le verre qui faisait déborder le vase, certains autres. Une chose est sûre, ça non plus il n'aurait pas voulu le partager avec quelqu'un d'autre. Mais ça, il espérait que Penny le savait déjà. Et si être ici ce soir était prendre le risque de voir ces rumeurs repartir de plus belle, ça ne lui ferait pas regretter d'avoir au moins profité d'un peu de douceur après une année éprouvante. Diwali, c'était riche d'un sens qui allégeait en partie son cœur et Rory voulait plus que tout le fêter ici, au grand air, avec cette vue imprenable sur le fleuve. « Je refuse de croire que tu t'es lassée d'admirer les expérimentations capillaires de Kate Winslet. » Il s'amusa dans un rire, repensant à la première fois où ils avaient compté sur leur doigts le nombre de fois où elle avait changé de couleur de cheveux au cours du film. Il ne parlerait pas de Jim Carrey, d'à quel point ce film était à ses yeux poétique et pour autant bouleversant, ni de l'écho qu'il faisait résonner en lui particulièrement ces derniers mois. Elle savait tout ça. « Cela dit, tu commences à connaître mon loft mieux que moi et ça c'est vraiment le signe qu'on devrait se donner rendez-vous dehors plus souvent. » Au risque sinon de se rendre compte qu'elle savait mieux où était rangées certaines affaires que lui. Une manière de lui dire qu'il n'avait plus envie de vivre au rythme des paparazzi et des regards en biais. Il n'était pas fait pour vivre enfermé, Rory, et il avait plus que jamais besoin de se réapproprier sa vie.

L'atmosphère fut peut être un peu moins légère par la suite, au moment où il réalisa tout ce qui aurait sûrement pu se passer différemment s'il avait pris sur lui, l'autre soir, pour participer à cette soirée et éviter – entre autres choses – à Penny de vivre un moment compliqué avec Chloe et de terminer la soirée aux cotés de son ex. C'était comme si sa vie prenait toujours le chemin le plus compliqué, sans qu'il n'ait même jamais le temps de le réaliser avant qu'il soit trop tard. Il avait des tas de regrets, depuis le soir où tout avait basculé, depuis le moment où sa vie avait changé du tout au tout. Il aimerait n'éprouver qu'une profonde frustration à l'idée que Micah ait été là pour elle quand lui avait pour la première failli à être présent, tout comme il aimerait juste maudire ce type d'être réapparu dans la vie de Penny au moment où elle avait sûrement besoin de tout, sauf de voir ce passé ressurgir. Mais il y avait tant d'autres sentiments qui se mêlaient en lui et qu'il ne saurait pas pleinement identifier même s'il s'arrêtait de penser, de ressentir et de s'inquiéter pour les autres rien qu'une seconde. Plaisanter sur l'idée d'un nouveau triangle amoureux les impliquant Micah, elle et lui, c'était bien plus simple que de reconnaître qu'il aurait aimé pouvoir passer une vraie soirée sans plus penser à aucune des choses qui leur parasitaient l'esprit. Parce qu'il savait que c'était impossible, que si Penny et lui étaient aussi liés aujourd'hui c'est aussi parce que ces épreuves les avaient rapprochés dans des moments où ils auraient sinon expérimenté la plus douloureuse des solitudes. « Plus j'y pense et plus certains jours, j'ai envie de partir. Plus loin qu'à Torquay, et plus longtemps. » Il souffla doucement, sans s'apercevoir sur le coup qu'il n'avait encore jamais exprimé cette pensée-là aussi clairement. Habituellement il se contentait d'y songer, seul, parce que ça l'aidait bien plus souvent qu'il n'oserait l'admettre de penser à combien ça pourrait être plus simple, ailleurs, loin de cette agitation qu'il supportait de moins en moins. Mais ce soir, une partie de lui avait peut être besoin d'exprimer cette envie et de lire dans le regard de Penny ce qu'elle en penserait. Il avait sûrement besoin qu'on lui dise qu'il n'était pas égoïste d'éprouver le besoin de mettre de la distance entre lui et tout ça, même que pendant quelques semaines, même que d'ici plusieurs mois. De vouloir se retrouver et prendre le temps de guérir. Parce qu'au fond de lui, il ne pouvait pas s'empêcher de penser d'abord à ce qu'il laisserait derrière lui, plutôt qu'à la paix qu'il pourrait trouver. Si une seule soirée à laquelle il ne s'était pas rendu pouvait avoir eu autant de conséquences, comment pourrait-il s'éloigner plus longtemps et garder malgré ça le cœur léger ? Il parlait de Micah, du fait qu'en sa présence c'était peut être bien lui qui se sentirait toujours de trop, mais il pourrait évoquer un millier d'autres raisons qui lui faisaient redouter qu'à son retour, ce soit tout le monde qui l'ait à nouveau remplacé.

Apprendre que Penny avait été confronter le type qui était allé répandre un paquet de mensonges dans la presse donna à Rory des sueurs froides. Il n'aimait pas l'idée qu'elle s'y soit rendue seule, parce qu'elle n'était pas préparée à rencontrer un homme dont elle ignorait presque tout et qui leur avait déjà prouvé qu'il n'était pas quelqu'un de respectable, tout du moins quand on jugeait sa capacité à mentir et assurer – consciemment ou non – les arrières d'un type comme Byers. « J'aurais au moins aimé que tu m'en parles avant d'y aller. » Il ne voulait pas de secrets entre elle et lui, quand bien même il se doutait qu'elle avait peut être attendu pour le lui dire de façon à éviter qu'il la dissuade. Il l'aurait fait, parce que la meilleure chose qu'ils puissent probablement faire en ce moment c'était éviter de donner à ce type de bonnes raisons d'en avoir après eux. Pour autant, lui aussi avait besoin de réponses. « Tu sais que j'irai le trouver, moi aussi. Et je suis pas certain que deux visites séparées vaillent mieux qu'une visite commune. » Il était évident qu'il ne resterait pas les bras croisés, ne serait-ce que pour être certain que Penny n'avait pas pris de risques inconsidérés en allant le rencontrer. Il paraissait plus malhonnête ou crédule qu'autre chose, mais on ne savait jamais vraiment sur qui on allait tomber quand on rencontrait quelqu'un dont on savait peu de choses. La description faite par Penny rejoignait ce qu'il lui inspirait, et Rory n'en avait que plus envie d'en avoir le cœur net. D'autant plus que les questions de Penny en semblaient pas avoir obtenu de réponses, ou pas celles qu'ils auraient aimé du moins. Comprendre, c'était tout ce que Rory désirait et il n'était pas sûr qu'aucune explication saurait un jour lui convenir. « C'est vraiment ce qu'il t'a dit ? Je peux pas croire qu'il sache tout ça mais qu'il ignore ce qui s'est vraiment passé. » Rory n'était qu'à quelques secondes de découvrir ce qui se jouait dans la loge de Byers lorsque ce type prétendait l'avoir croisé. Et Penny avait raison, il aurait du entendre quelque chose s'il l'avait aperçue en compagnie du réalisateur. Tout s'était passé très vite, n'importe qui aux alentours avait été attiré par l'agitation qu'il y avait eu ce soir-là. « Je pense qu'il y a qu'un type de la pire espèce pour manigancer ce genre de choses et que Byers en est capable. » Voilà sa conviction profonde. Un type comme lui, qui s'était déjà rendu coupable de bien pire, pouvait bien monnayer la parole de quelqu'un pour se faire passer pour la victime qu'il était déjà aux yeux de tous. « Si c'est le cas, compte sur moi pour découvrir ce qu'il lui a promis exactement. » C'était une promesse, peu importe qu'il n'ait aucun moyen d'être sûr qu'Elly se montrerait plus bavard avec lui. Il n'avait pas l'intention de laisser Byers leur nuire par son intermédiaire, tout comme de laisser dire toutes ces choses qui ne faisaient que rendre toute cette situation plus douloureuse. Il ne savait pas comment il s'y prendrait, mais il ne se contenterait pas d'hypothèses éternellement. L'expression sur le visage de Penny changea à nouveau lorsqu'un nouvel aveu franchit la barrière de ses lèvres, et Rory reposa sur elle un regard interloqué. « Pourquoi tu... » Pourquoi tu as été voir Swann? Pourquoi maintenant, alors que tout est déjà si compliqué ? Pourquoi lui avoir parlé des rumeurs, sachant tout ce qu'elles devaient déjà raviver aussi de son coté ? Des questions, il en avait plus qu'il ne se sentait à cet instant capable d'en poser. « Qu'est-ce que tu veux dire par Ça s'est pas très bien passé ? » A quel point là aussi, les choses avaient dégénéré ? Pris de cours par cette confession, Rory n’éprouvait plus qu'une immense angoisse à l'idée que le ton ait pu monter quand la dernière chose qu'il voulait, c'était que Swann et Penny s'opposent sur un terrain qui n'aurait jamais du devenir celui d'un quelconque affrontement. Parce que son histoire avec Swann n'aurait jamais du se retrouver mêlée à ce que ces rumeurs racontaient. Que c'était la raison pour laquelle il les prenait autant à cœur et que lui, et seulement lui, aurait du en discuter avec l'anglais. « C'est entre Swann et moi, Penny. » Ça ne concernait personne d'autre et il avait toujours tout fait pour protéger ce qu'ils avaient, même lorsque leur relation s'était terminée de la plus douloureuse des façons. « Je sais que vous êtes amis, que tu pensais sûrement bien faire, mais c'était à moi de trouver le bon moment pour lui parler de ces rumeurs. » Elle savait ce que Swann représentait pour lui, ce qu'ils représentaient l'un comme l'autre à ses yeux et combien ça pouvait l'affecter de savoir qu'en plus d'avoir été le trouver pour lui donner des explications qu'il était le seul à lui devoir, elle avait pris le risque d'empirer les choses. Ça n'avait visiblement pas loupé, et Rory se sentait une fois de plus mis au pied du mur, forcé de composer avec les conséquences de son impulsivité parce qu'en agissant de cette façon, elle le blessait inévitablement. « Je veux pas que ça se passe mal, entre vous. Vous m'êtes trop importants pour que je puisse supporter l'idée que vous vous fâchiez à cause de moi. » C'était tout ce qu'il voulait éviter, quand bien même il lui aurait sûrement été plus simple de guérir si Swann et Penny avaient existé dans deux réalités distinctes qui ne risquaient pas d'entrer en collision l'une avec l'autre. Rory voulait juste éviter que plus de peine soit causée par cette histoire et plus que tout, de devoir un jour choisir entre eux parce que tout serait de nouveau devenu incontrôlable.

« Je sais pas si ça a un quelconque rapport, mais… quand j’ai su que j’avais décroché le rôle de Clyde Barrow, la première personne à qui j’en ai parlé en dehors de Swann et de ma famille, c’est Chloe. » Tu fuis son regard à Rory, parce que t’as déjà une petite idée d’où il s’en va, avec cette anecdote et t’es particulièrement mal à l’aise avec ce qu’il pourrait te demander. Elle n’est pas rentrée dans les détails, Chloe. Ce n’est pas comme si tu lui en avais donné la chance de toute façon. Tu t’étais poussée, comme tu avais l’habitude de le faire quand tout devenait trop dur, trop lourd. Tu n’avais jamais été le genre à faire ça, avant. Il ne s’agissait là que d’un autre side effect de cette agression qui t’avait marqué plus qu’il n’était possible de voir à l’oeil nu. Tu lui en voulais tellement, à cet homme d’avoir détruit et changé des morceaux si important de ta personne. Ça ne se voyait pas comme ça, mais toi tu savais. Tu voyais celle que tu étais aujourd’hui contre celle que tu étais avant et elle te manquait, cette simplicité de vivre qui te caractérisait si bien auparavant. Maintenant, tout était penser en double, chaque mot, chaque parole analyser, pour ne rien dire de trop, ne pas laisser un seul indice sur ce qui t’était arrivé. Et même s’il a été présent plus que quiconque, tu te demandes s’il comprend vraiment Rory. Tu te doutes que non, pas par faute d’essayer. C’est seulement le genre de choses qui se comprennent seulement si tu l’as vécu. « Quand elle a su que ce film, c’est Byers qui le réaliserait, je crois qu’elle a essayé de me dire quelque chose. Elle avait l’air… de vouloir me faire comprendre que je ferais mieux de me méfier de lui. » Elle avait été subtile Chloe, avec toi aussi cette journée ou elle était venue voir Rory sur le plateau. Tu avais bien senti toutefois qu’il s’était passé quelque chose entre elle et Byers, juste par la façon dont il s’adressait à elle. Tu n’avais rien dit. Tu avais fermé les yeux. Parce que c’était plus simple encore à l’époque de faire semblant de rien. Comme t’aurais aimé dire quelque chose. Peut-être que si Chloe avait été moins subtile à ce moment, tu aurais pu être épargnée. C’est égoïste de penser comme ça, tu le sais, mais tu ne peux empêcher les pensées de se faire une place ici et là dans ton esprit.  « Mais j’ai jamais pris ça pour autre chose qu’un conseil, je me suis dit qu’elle voulait peut-être juste me préserver d’une désillusion en me faisant comprendre que c’était pas quelqu’un de facile et qu’avec lui, j’avais pas le droit à l’erreur. » Tu aimerais pouvoir lui dire de ne pas se blâmer de ne pas avoir compris ce qu’elle voulait vraiment dire. Elle était douée Chloe, pour tout dire sans rien dire, facile aussi de ce perdre dans les non-dits et de ne pas tout comprendre sur le coup. Mais de lui dire ça, c’est d’affirmer ce secret que tu as pourtant promis implicitement de garder. C’était la règle numéro un. Elle gardait ton secret, tu gardais le sien. Ton regard croise celui du Craine et tu le supplies silencieusement de ne pas te demander. De ne pas te mêler à ça. De comprendre que si tu ne parles pas, ce n’est pas parce que tu ne veux pas te confier, mais bien que comme lui trop souvent, tu ne peux pas. « Aujourd’hui j’ai peur d’être peut-être passé à côté de quelque chose. » Rory qui continue de se mettre le poids du monde sur les épaules. Tu voudrais pouvoir prendre sa main, le rassurer, lui dire qu’il n’aurait rien pu faire, ni pour Chloe, ni pour toi. Mais tu restes silencieuse, encore un peu, laissant le silence dire ses mots que t’as pas le droit de lui offrir et tu t’en veux toi aussi, de ne pas savoir faire plus pour lui.

« Je refuse de croire que tu t’es lassée d’admirer les expérimentations capillaires de Kate Winslet. » Tu roules des yeux légèrement alors que ton rire joint le sien. Elle est encore là, la simplicité qui vous caractérise si bien. Elle reste intacte, du moins tu l’espères si fort, sous toutes les rumeurs et toutes les difficultés qui parsèment pourtant votre chemin depuis de long mois déjà. Tu te demandes parfois comment les choses seraient, si Byers n’avait pas fait ce qu’il a fait. Vous auriez terminé le tournage. Le film serait probablement sur le point d’être à l’affiche. Des rumeurs disaient qu’il sortirait en salle pour Noël. Ça aurait été si gros pour ta carrière, pour celle de Rory aussi. Tu te demandes si vous seriez devenus aussi proches que vous l’êtes aujourd’hui, lui et toi. Sûrement pas qu’une petite voix dans ta tête te rappelle, te disant aussi qu’il serait sans doute encore avec Swann. Ça te pince le coeur, même si tu n’as pas vraiment le droit d’être jalouse d’une relation qui n’est même plus. C’est compliqué, dans ta tête et dans ton coeur dernièrement, mais tu tentes comme toujours de laisser ça de côté et de profiter du moment. Parce qu’ils se font de plus en plus rares, les moments ou ça ne peut être que lui et toi. Il semble toujours y avoir quelqu’un ou quelque chose pour mettre des nuages noirs au dessus de vos têtes. « Cela dit, tu commences à connaître mon loft mieux que moi et ça c’est vraiment le signe qu’on devrait se donner rendez-vous dehors plus souvent. » C’est vrai que tu commençais peut-être à prendre tes aises un peu trop chez le Craine dans les derniers temps. Il n’était pas rare que tu passes plus de temps chez lui que tu ne le faisais chez toi, ne serait-ce que pour ne pas avoir à gérer avec toutes les pensées qui te hantent lorsque tu te retrouves toute seule avec le silence de ton loft trop grand et trop vide. « Mais dehors, y’a du monde. » que tu dis d’une voix faussement plaintive, ton regard qui se tourne une fois de plus sur tous les gens autour de vous, quelques cellulaires en votre direction. Les gens essayent d’être subtiles, mais tu peux toujours les voir. Mais tu fais comme si de rien était, il y aura toujours des gens pour vous prendre en photo, peu importe ce que tu fais.

Il y a un voile de tristesse qui semble soudainement abriter le regard de Rory alors que tu tentes encore maladroitement de rire d’un triangle amoureux l’impliquant lui et Micah. La dernière chose dont tu as envie en ce moment, c’est de retrouver au centre d’une histoire qui ne fait pas le moindrement de sens. Encore heureux que personne n’ait mentionné le retour de Micah dans les médias parce que tu sais trop bien qu’une fois que le mot va se passer qu’il est à Brisbane, les questions sur vous deux, sur votre vieille histoire et sur le pourquoi ça s’est terminé vont revenir en force sur la place publique, et c’est juste un truc de plus que tu aimerais éviter. « Plus j’y pense et plus certains jours, j’ai envie de partir. Plus loin qu’à Torquay, et plus longtemps. » Cette fois-ci, ta main trouve instinctivement la sienne. Tu te fous des regards. Tu t’en fiches si ça alimente les rumeurs. Votre simple présence ici ensemble allait créer une nouvelle d’articles de toute façon. Ton regard trouve le sien et tu espères qu’il peut lire dans tes yeux que tu comprends, mieux que personne. Toi aussi, t’aimerais pouvoir disparaître. Faire taire toutes les rumeurs, effacer les erreurs et les douleurs. Mais il n’y a pas d’échappatoire. Que la réalité à laquelle tu dois faire face, jour après jour. Mais tu te prêtes au jeu un moment. Pour lui. Pour toi aussi. « Tu partirais ou? » Tu ne sais pas ou tu voudrais aller si tu pouvais partir n’importe ou aussi longtemps que possible. T’as jamais vraiment eu la chance de voyager à l’extérieur de l’Australie et il y a tellement d’endroits différents qui t’inspirent. Si tu pouvais, tu partirais avec le moins de choses possibles et tu passerais de ville en ville, de pays en pays, à découvrir, juste parce que tu le peux. Loin de ton quotidien, loin des attentes, loin des rumeurs. Tu te demandes parfois ce qui t’en empêche. Peut-être qu’au fond t’as peur que si jamais tu pars, tu ne retrouves jamais l’envie de revenir.

« J’aurais au moins aimé que tu m’en parles avant d’y aller. » Tu hausses les épaules parce que même si tu comprends pourquoi il te dit ça, tu n’avais pas vraiment prémédité de le faire. Tu avais toujours été une fille particulièrement impulsive, à ne jamais vraiment prendre le temps de penser avant d’agir et même si tu étais plus vigilante depuis l’incident, il t’était parfois difficile de te retenir et ça avait été le cas lors de cette visite improvisée à l’école primaire. Et après le coup, tu ne voulais pas vraiment lui en parler par message texte, sachant qu’il est facile mal interpréter l’intention derrière un texto. « Tu sais que j’irai le trouver, moi aussi. Et je suis pas certain que deux visites séparées vaillent mieux qu’une visite commune. » T’aurais dû le savoir que Rory ne serait pas le genre à rester derrière. Tu ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir besoin d’explications, après tout, c’est son honneur et sa réputation à lui aussi qui étaient sur la ligne à cause de personnes comme Raphael qui se permettaient d’avoir une opinion et une version des faits sur un évènement qui leur échappaient complètement. « J’ai pas pensé sur le coup. Et je suis pas certaine que ce soit une bonne idée, que tu ailles le confronter aussi.. » Pas parce que tu penses qu’il n’a pas le droit d’aller lui faire savoir ce qu’il pense de ses menteries, mais plutôt parce que tu as sincèrement peur des représailles, si Raphael décidait de devenir la source d’un ou même de plusieurs articles à ce sujet. La dernière chose dont vous aviez besoin c’est d’attirer encore plus l’attention sur votre cas. Mais encore, tu savais que tu avais un léger penchant à faire ce que tu ne devrais pas faire. Tu lui relates quand même ce qui s’est passé avec Raphael, sans toutefois entrer complètement dans les détails. Tu ne comprends toujours pas comment il peut prétendre avoir été là sans toutefois avoir vu ou entendu quoique ce soit. « C’est vraiment ce qu’il t’a dit? Je peux pas croire qu’il sache tout ça mais qu’il ignore ce qui s’est vraiment passé. » Ça t’arrache un autre soupir alors que tu hoches positivement de la tête. Tu ne veux vraiment pas croire que Raphael serait le genre de personne à rester passive s’il avait vu ou entendu quoique ce soit qui indiquerait que tu étais en danger à ce moment-là. Tu as beau ne pas avoir beaucoup d’estime pour l’homme, tu ne peux t’empêcher de croire que Byers est derrière tout ça, d’une manière ou d’une autre. Comment? Tu ne sais pas encore, mais tu n’allais certainement pas laissé la situation se tasser sans rien faire. Et tu connaissais assez bien Rory pour savoir que lui non plus, n’en resterait pas là, malgré tes inquiétudes d’une deuxième confrontation. « Je pense qu’il y a qu’un type de la pire espèce pour manigancer ce genre de choses et que Byers en est capable. » « Je me disais la même chose... » Si l’idée en soi n’a rien de rassurante, tu es quand même soulagée d’entendre que Rory se fait une réflexion similaire sur ce qui a bien pu emmener à la publication de cet article. Comme si Byers s’assurait de placer ses pions là ou il les voulait pour s’assurer un maximum de protection. Ce qui voulait aussi dire que Rory et toi alliez en payer doublement le prix. « Si c’est le cas, compte sur moi pour découvrir ce qu’il lui a promis exactement. » Toi aussi, t’as l’impression qu’il y a eu là échange de services, c’était la seule manière d’expliquer logiquement ce qui aurait pu emmener Raphael a commenté sur cette affaire, des mois après l’annulation du tournage. Comme si avec les photos de Rory et toi sur la plage parus récemment venaient donner un nouvel angle favorable à Byers et qu’il y gagnait à corroborer l’histoire. Évidemment qu’il y gagnait, il gagnait tout le temps, le réalisateur. « Fais attention Rory. Tu sais comment c’est facile que tout ça nous retombe dessus. » Une chose de plus, une chose de moins, c’est pas comme si vous étiez vraiment à un scandale près. Mais combien de temps encore allais-tu pouvoir prendre la pression? Sur toi, sur vous?

Tu mentionnes le nom de Swann toutefois et tout change. Comme si un vent glacial venait de passer entre vous et soudainement, la distance se fait ressentir à nouveau. Ta main n’est plus dans la sienne. Le soleil fini sa course dans le ciel et disparaît tranquillement et tu sais que les feux d’artifices vont bientôt commencer maintenant que le jour a laissé placé à la nuit. Mais ton attention n’est pas porté sur le ciel, mais plutôt sur les yeux inquiets du Craine. « Pourquoi tu…. » Tu te pinces les lèvres, tu ne dis rien pour le moment. Tu attends encore et encore les questions qui vont venir, tu le sais trop bien. Ça aussi tu comprends, même si tu détestes le simple fait de t’être mise entre les deux hommes malgré toi. « Qu’est-ce que tu veux dire par Ça s’est pas très bien passé? » Tu passes une main dans tes cheveux alors qu’un énième soupir s’échappe de tes lèvres. Tu ne peux t’empêcher de penser que tu n’aurais dû lui dire, même si comme tout le reste, tu n’avais pas envie de lui cacher. « J’avais un rendez-vous pour mon poignet. Disons que je suis pas sortie de là avec un traitement. » Tu veux vraiment lui éviter les détails, autant que possible. Ce qui s’est dit entre vous deux, ça s’est dit sur le coup de l’émotion. Tu veux vraiment croire que comme toi, il ne pensait pas vraiment tout ce qu’il a dit. « C’est entre Swann et moi, Penny. » Ton regard croise le sien pendant quelques secondes et pour une fois, tu te retiens de répondre trop rapidement, même si tu te sens piquée par la remarque de Rory. Tu détournes le regard, ton attention désormais porté sur le fleuve toujours tranquille. « Je sais que vous êtes amis, que tu pensais sûrement bien faire, mais c’était à moi de trouver le bon moment pour lui parler de ces rumeurs. » Tes doigts se serrent contre la rampe devant toi, le regard toujours tourné vers l’eau alors que tu prends une longue respiration. « Je sais. La dernière chose que j’ai envie, c’est de me retrouver entre Swann et toi. » Parce que ça fait mal, malgré tout, de réaliser encore à quel point il est accroché à l’anglais, le Craine. Tout comme tu sais que même si les mois ont filé et que sa vie a changé à Swann, Rory demeure une partie importante de sa vie. T’as jamais eu l’intention de prendre la place de qui que ce soit dans la vie de Rory après ce qui s’est passé, t’as jamais voulu être un facteur dans la rupture entre eux. C’est pire que jamais maintenant que tu as réalisé que les sentiments que tu ressens à l’égard du Craine ne sont pas complètement platoniques. Une culpabilité que tu peines à mettre en mot et que tu ne pourrais pas expliquer même si tu voulais. « Je veux pas que ça se passe mal, entre vous. Vous m’êtes trop importants pour que je puisse supporter l’idée que vous vous fâchiez à cause de moi. » Tu te tournes légèrement, tes yeux trouvent ceux de Rory et tu parviens à lui offrir un léger sourire. « T’es pas le nombril du monde Craine. » que tu dis avec un rire dans la voix. Oui, vous vous êtes disputés à cause de lui, et c’est pas en tentant de détourner le sujet que tu vas lui faire croire n’importe quoi à Rory, mais ça ne t’empêche pas d’essayer quand même. Parce que le reste du monde est assez lourd comme ça sans que vous n’en rajoutiez entre vous deux. « Je t’ai pas dis ça pour t’inquiéter. Je voulais juste que tu le saches, c’est tout. » T’as envie de mettre ça et tout le reste derrière vous. T’as rien de plus à lui offrir à ce sujet de toute façon, Swann peut bien lui conter sa version de l’affaire si ça lui plaît, t’as pas envie de mettre Rory dans une situation délicate plus que nécessaire. Et au même moment, il y a les premiers feux qui éclatent dans le ciel, des teintes de rouges et de oranges qui habillent le pénombre alors que partout autour de vous, tu entends les exclamations des petits comme des grands. « Allez, viens ici. » que tu dis, lui tendant ta main pour qu’il vienne se placer à côté de toi sur bord de la rampe. La vue est magnifique alors que les explosions continuent de s’enchaîner, et tu te perds dans le spectacle de couleurs qui s’offre à vous. Dans un geste que tu as posé des dizaines de fois, tu viens placé ton bras autour du Craine et tu te blottis contre lui, comme tu l’as fait si souvent auparavant. Tu essayes d’ignorer ton coeur qui s’emballe à cause de la proximité. Tu essayes d’oublier les nuages noirs au dessus de vos têtes. Tu ignores les regards curieux. Tu profites. Un moment de plus. Juste un. Quelques minutes, quelques heures si t’es chanceuse. Avant la prochaine tempête.