Lorsqu'elle avait vu des sacs pleins d'affaires dans le salon en rentrant du travail, la première réaction d'Alma fut de sourire. Enfin, Noah avait trié ses affaires et s'était décidé à jeter ses vieux caleçons troués, ceux qu'il mettait déjà au lycée, selon ses dires. Comme à son habitude, Alma avait déposé ses affaires à l'entrée, avait retiré ses chaussures, et s'était dirigée vers la chambre où son copain avait tendance à l'attendre, posé à son bureau. Il n'y était pas. Et même là, encore, rien ne lui avait parut surprenant. Elle l'avait appelé plusieurs fois, et elle n'avait compris que quelque chose n'allait pas en voyant son regard. Sombre, vide. Il avait prit à peine dix minutes pour annoncer qu'il s'en allait, pour dire que c'était fini, pour mettre à la poubelle cette relation qu'ils avaient mis du temps à construire, cet amour qu'elle lui avait offert. Dix minutes pour briser le cœur de la brune, pour prendre les affaires qu'il avait emballé avec soin et s'en aller sans se retourner, sans aucune pitié. Elle était restée longtemps debout, immobile, perdue. Puis elle s'était jetée sur son canapé, brisée, incapable de s'arrêter de pleurer. Il ne l'aimait pas. Il ne l'avait jamais aimé. Voilà pourquoi il avait tant tardé à officialiser leur relation. Voilà pourquoi il avait longtemps refusé de venir vivre avec elle. Voilà pourquoi depuis qu'elle avait commencé à lui parler de mariage, d'enfants, de projets, il lui disait qu'ils avaient le temps, tout l'avenir devant eux, que rien n'était pressé. Elle avalait ses excuses sans se poser de questions depuis trop longtemps, lui avait fait trop confiance. Alma, elle aurait tout donné pour Noah. Lui, il la considérait finalement plus comme une compagnie sympathique que comme la femme avec qui il voulait faire sa vie. Mensonges sur mensonges. Et encore maintenant qu'il venait de la mettre plus bas que terre, la mexicaine ne pouvait pas y croire. Pas son Noah. Pas lui. Non, il ne pouvait pas lui aussi l'abandonner. Ce n'était pas faute d'avoir été prévenue par certains. Récemment encore, Maxence lui avait dit en plein visage qu'il voyait bien que Noah ne l'aimait pas autant qu'elle - ce à quoi elle avait retorqué méchamment. Il avait eu raison. En plus de la tristesse - de la dépression, plutôt - Alma se sentait coupable. Coupable de s'être fait avoir. Coupable d'avoir été bête. Mais coupable aussi de ne pas avoir su rendre Noah amoureux, car elle en était sûre à présent, tout était de sa faute à elle. Encore inondée de l'amour qu'elle lui portait, elle n'arrivait pas à voir qu'il était son bourreau depuis des mois. Plus aucune larme ne coulait de ses yeux à présent tant ils étaient secs à forcer de couler depuis des heures. Ses pensées étaient totalement embrumées après deux heures à avoir réfléchi à tout ça. Elle était misérable Alma, persuadée qu'elle ne se remettrait jamais du départ de celui qu'elle pensait être l'homme de sa vie. Deux heures de grande solitude, autant dire que c'est long. Elle n'avait pas faim, n'avait envie de rien faire. Mais surtout, la brune, elle n'avait aucune envie de rester seule. Alors sans réfléchir elle reprit les affaires qu'elle avait posé à l'entrée, ne prit même pas la peine de se changer de sa journée. Quelques instants plus tard, la voilà déjà devant la porte de l'appartement de Danika, sur laquelle elle prit la peine de toquer pour ne pas risquer de réveiller le petit qui risquait d'être déjà au lit. Elle était épuisée, les yeux totalement rouges, le visage gonflé. Et à peine Danika ouvrait la porte qu'Alma craquait à nouveau, elle fondit en larmes. Il est parti. Qu'elle avait murmuré de manière presque inaudible. Noah est parti, c'est fini. Sans trop poser de questions, elle entra dans l'appartement, plus dépitée que jamais.

Pour une fois elle est là dans cet appartement. Elle regarde son fils s’endormir avec un doux sourire aux lèvres, la culpabilité malgré tout présente dans sa poitrine. Elle n’était pas assez présente elle le savait. Elle avait beau travailler bien plus souvent en journée, elle avait beau essayé d’espacer au maximum ses entraînements comme ses combats, elle était distraite, bien trop dans l’attente du prochain combat pour réellement se concentrer sur son fils de trois ans qui grandissait bien trop vite. Sans qu’elle soit vraiment présente.  L’enfant ne devait pas avoir vu tant de changements, depuis sa naissance elle avait souvent été absente, passsant du temps à l’hôpital avec son père, mais elle le savait et c’était suffisament pour ressentir de la culpabilité. Mais aujourd’hui elle n’avait pas travaillé et en avait profité pour passer la journée avec lui et ce soir elle avait pris le temps de lui lire une longue histoire avant qu’il ne s’endorme dans ses bras et qu’elle l’installe un peu plus confortablement, déposant un baiser sur son front avec un sourire. Elle n’avait jamais prévu d’être mère aussi tôt, encore moins d’élever un enfant seule et elle avait parfois le sentiment que la grossesse avait mis fin à beaucoup de ses rêves mais elle malgré tout son fils de tout son coeur.  Elle était partie pour lancer un film dans le salon quand on frappa à la porte.

Danika fronçe les sourcils, n’attendant personne à cette heure tardive. Elle se dirige vers la porte, l’ouvrant lentement pour se retrouver face à la troisième des Gutiérrez. Alma. Alma dont le visage est dévasté par la tristesse. Alma qui réveille en une demi seconde l’instinct protecteur qu’elle avait toujours éprouvé envers la plus jeune.

«  Il est parti.» Alma a les yeux rouges, les yeux gonflés qui débordent vite de larmes qui coulent sur ses joues. Danika met un moment à comprendre, à tenter de situer la situation de la jolie brune, de réaliser qui était le fameux “il” causant tant de chagrin. Elle devinait facilement le coupable. Celui duquel elle n’attendait sûrement pas à ce qu’il parte. « Noah est parti, c'est fini. » « Oh… » Il n’en faut pas plus pour qu’elle ouvre en grand ses bras, pour qu’elle vienne serrer contre son coeur ce bout de femme qu’elle avait considéré comme sa soeur bien avant qu’elle ne découvre ses propres soeurs de sang. “Je suis désolée Alma.” Ses mains frottent son dos pour la rassurer puis elle se détache doucement de l’étreinte refermant la porte derrière elle, l’invitant vers le salon, à s’asseoir sur le canapé. “Qu’est ce qui s’est passé ?”

Alma était venue toquer à la seule porte de Brisbane qu'elle savait sûre. La seule où elle savait être accueillie avec bienveillance, sans jugement. Elle aurait pu aller retrouver sa famille, mais Rudy risquait de traîner dans les parages et elle n'avait aucune envie de subir son regard moqueur ce soir. En dehors de ça, la pitié de sa mère lui aurait fait trop de mal, sans compter sur Maria qui aurait essayé de la réconforter comme elle aurait pu. D'autres amis n'auraient pas compris, surtout pas ceux qui, de plus en plus nombreux ces derniers temps, s'étaient mis à l'alerter sur le comportement distant de Noah. Alors s'il y avait un endroit où elle pouvait aller, c'était bien chez Dani.

Et elle avait eu raison parce qu'elle ne mit pas bien longtemps avant de comprendre que la situation était critique. Elle n'avait posé aucune condition à l'accueillir chez elle ; avait plutôt ouvert grand sa porte pour accueillir la pauvre célibataire perdue. Oh… Je suis désolée Alma. Après une étreinte chaleureuse - qui, disons le, n'aida en rien à réconforter la mexicaine, la faisant plutôt craquer un peu plus, Alma s'installa sur le canapé qui lui avait été désigné. Qu’est ce qui s’est passé ? Ah, ça, elle aurait aimé le savoir elle même. Je suis rentrée à l'a-l'app... à l'appartement. Et il avait pr-préparé ses af-ffaires. Elle avait de plus en plus de mal à parler, reniflant comme une enfant toutes les deux syllabes, sanglotant sans avoir le pouvoir de s'arrêter. Elle était effondrée, et même dans ses pires souvenirs Alma n'aurait su dire à quel moment de sa vie elle avait pu ressentir une telle douleur. Ni lorsque son père avait quitté la famille - ses allers-retours étaient devenus récurrents après tout, ni lorsqu'elle avait appris la maladie de sa petite sœur - et pourtant, la pillule n'était toujours pas passée de ce côté là non plus. Les pires instants de sa vie n'étaient rien du tout à côté de la douleur que son cœur brisé lui procurait.

T-tu as un mouchoir ? Elle se sentait minable mais n'en avait rien à faire pour le moment. Elle se soucierait de ça plus tard ou demain ; pour l'heure, rien ne comptait plus que son flot de larmes à déverser, que la présence réconfortante de Danika. J'ai pas compris ce qui s'est passé. Non, pour ne s'attendre à rien, Alma n'avait vraiment rien vu venir. Ce n'était pas les signes qui avaient manqués pourtant, mais l'amour rend aveugle comme on dit et la brune s'était laisser aveugler sans réfléchir une seconde. Il est juste parti. Elle essayait de donner plus de détails mais ses balbutiements la firent abandonner, la brune se rendant compte qu'elle ne réussirait pas à raconter ce qu'ele venait de vivre pour l'instant.

Il y a des familles qui nous choisissent et qu’on choisit. Cela avait toujours été le cas avec les Gutiérrez. Jamais elle ne s’était sentie de trop, comme si dès le moment où Maritza avait choisie de proposer à la gamine bien seule de venir prendre le goûter chez elle, ses enfants l’avaient adoptée. Elle s’était sentie chez elle à emmerder Rudy, chez elle à jouer avec Alma, chez elle au milieu de cette bande de gamins un peu paumés. Si sa relation avec l’ainé s’était aujourd’hui étiolée, c’était avec Alma que le lien avait toujours été le plus simple. Parfois elle se disait que c’était sans doute un peu pour ça aussi que son lien avec sa famille maternelle avait toujours été compliquée. Parce qu’elle s’était déjà trouvé des frères et sœurs, qu’elle avait déjà une famille de substitution, qu’elle n’en avait pas besoin d’une deuxième, deuxième qui l’avait rejeté dès la naissance. C’était sûrement cruel de penser ainsi, cruel quand ses sœurs et son frère avaient toujours été prêts à l’accueillir dans leur fratrie. Mais les erreurs de son père et de Dana n’avaient pas été facilement effaçables et le caractère de Dani avait fait qu’elle avait toujours eu du mal à s’ouvrir.

Mais Alma avait la première personne qu’elle avait considérée comme sa petite sœur, celle qu’elle aurait voulu protéger du monde entier. Aussi lorsqu’elle est sur le pas de sa porte en larmes, la première réaction de Danika est d’ouvrir en grand les bras, de l’accueillir dans son étreinte pour la laisser s’écrouler un peu plus. La jeune femme peine à s’exprimer dans son discours noyé de larmes pour expliquer la situation. « Je suis rentrée à l'a-l'app... à l'appartement. Et il avait pr-préparé ses af-ffaires. » Elle n’avait jamais bien connu le petit ami d’Alma, mais les fois où elle l’avait côtoyé elle avait remarqué qu’il était bien moins investi dans cette relation que la jeune femme. Elle l’incite à s’assoie sur le canapé. « T-tu as un mouchoir ? » Danika hoche doucement la tête, se levant pour aller chercher la boite de mouchoir avant de se rasseoir à côté d’elle, sa main allant se poser sur son dos comme pour tenter de la consoler. « J'ai pas compris ce qui s'est passé. Il est juste parti. » Sa voix est un balbutiement, elle est incapable de s’expliquer plus à travers les larmes et le cœur de Dani se serre en la voyant ainsi. Sa main lui frotte doucement le dos. « Il ne t’a donné aucune explication ? » Il y a de la colère dans sa voix, contre l’homme dont elle a déjà envie de tordre le cou pour avoir osé faire pleurer Alma. « Je suis désolée Alma…Tu ne méritais pas ça… » Elle lui tend de nouveau le paquet de mouchoirs. « Il te méritait pas Alma. Tu mérites bien mieux que Noah…Il a jamais été autant investi que toi… » Il n’y avait pas de jugement dans sa voix, c’était un simple constat. Ce n’est peut être pas le moment de parler de ça. Pourtant Danika ne peut s’empêcher de faire la remarque, ayant toujours trouvé la jeune femme bien plus attachée que Noah qu’il ne l’était. « Tu veux quelque chose à boire ? » Elle lui demande d’une voix rassurante.

Alma s'était toujours dit que son premier vrai grand amour serait celui de toute sa vie. Qu'elle saurait à qui se livrer sans questions, qu'elle saurait lorsqu'elle aurait trouvé l'élu de son coeur, celui avec qui elle finirait sa vie. Noah l'était. Elle le pensait sérieusement, et rêvait de grands projets à ses côtés. Peu importe les complications, peu importe que le monde tourne à l'envers ; à deux ils pourraient tout surmonter, elle en était certaine. Jusqu'à ce soir. « Il ne t’a donné aucune explication ? » Il était plus dur encore de contenir ses larmes lorsque Danika montrait clairement sa colère et son décontenancement face à la situation. Elle la regardait, perdue comme jamais, ne sachant même pas quoi répondre. Juste que c'était plus possible, qu'il se voyait plus avec moi. Elle avait du mal à trouver ses mots. Parler de tout ça rendait la chose réaliste, reprendre ses dires lui faisait revivre la scène encore et encore.

Et malgré tout ça, elle croyait toujours à un cauchemar. « Je suis désolée Alma…Tu ne méritais pas ça… » Un paquet de mouchoirs tendus, et la brune s'en empara immédiatement avant de se moucher et d'essuyer ses larmes. Ses joues ne demeuraient pas bien longtemps sèches, Alma ne sachant retenir ses sanglots. « Il te méritait pas Alma. Tu mérites bien mieux que Noah…Il a jamais été autant investi que toi… » Elle ne réagit pas, mais ancra ses paroles au fond d'elle, désespérée d'avoir été la seule à ne se rendre compte de rien. Elle seule gardait visiblement les espoirs d'une relation idyllique entre Noah et elle, le monde entier semblait avoir découvert le poteau rose depuis longtemps déjà. Il faut croire... j'étais la seule à penser qu'on était bien tous les deux. J'suis vraiment débile. Se flageller, voilà tout ce dont elle était capable à l'instant.

« Tu veux quelque chose à boire ? » Alma avait l'impression d'être une gamine blessée à qui la mère tenterait de donner des bons soins pour la rassurer, et elle détestait cette sensation d'infériorité. Mais c'est ici qu'elle était venue prendre refuge, alors elle se contentait d'acquiescer, remerciant intérieurement toutes les deux secondes son amie d'être présente pour elle - elle lui dirait merci plus tard, quand elle serait moins pathétique. Si tu as un thé je dis pas non. Lançait-elle à demi mot, son visage encore enfoui dans un mouchoir. Je suis désolée Dani.. de venir t'embêter comme ça. Je savais pas où aller. Elle s'efforçait de s'excuser de son intrusion pendant que son amie était déjà partie préparer sa boisson. Je.. chez moi j'aurais pas supporté leurs regards.. ils ont déjà assez de soucis. La petite méritait toute l'attention de la famille, bien plus qu'elle qui n'avait qu'une peine de coeur - aussi douloureuse pouvait-elle être. Enfin toi aussi tu en as.. c'est juste que... je voulais pas déranger.

« Juste que c’était plus possible, qu’il se voyait plus avec moi. » A ca, Danika aimerai aller chercher l’homme par la peau du cou et le faire venir s’excuser encore et encore auprès de Alma. Elle l’aurait sûrement fait, si elle pensait que cela pouvait effacer ses larmes, effacer la tristesse de son regard, le puit sans fond de douleur de ceux qui découvrent pour la première fois une peine de cœur qui détruit et qui met à terre la personne que l’on est.  La main de Danika vient frotter le dos d’Alma pour tenter de calmer ses sanglots. Elle va lui chercher des mouchoirs. Si elle n’avait jamais rien eu contre Noah, elle n’aurait pas pu dire qu’il était mauvais pour Alma ou alors elle l’aurait fait comprendre à celle qu’elle avait toujours considéré comme une sœur. Non Noah était juste quelqu’un qu’elle avait toujours trouvé plat, son amour si on aurait dû y mettre une couleur, était d’un pale beige, rien comparé au rouge éclatant qu’Alma avait toujours démontré. Le problème c’est que la jeune femme ne s’en était jamais réellement rendu compte et elle le comprend évidemment à son absence de réaction. « Il faut croire…j’étais la seule à penser qu’on était bien tous les deux. J’suis vraiment débile. » A ca le regard de Danika se fait plus sombre, plus protecteur. « Bien sûr que non tu es pas débile Alma ! » Les mains se Dani viennent s’accrocher aux siennes. « Tout allait bien, tu avais toutes les raisons de penser que c’était un beau couple. C’est lui qui aurait dû être plus honnête avec toi. » Elle soupire, consciente que la tâche ne serait pas facile pour réparer le cœur de la jolie brume qui avait eu des étoiles pleines à la tête quand il s’agissait de cette relation.

« Si tu as un thé je dis pas non. » Dani lui sourit doucement et hoche la tête, allant mettre de l’eau dans la bouilloire. « Je suis désolée Dani.. de venir t'embêter comme ça. Je savais pas où aller. Je.. chez moi j'aurais pas supporté leurs regards.. ils ont déjà assez de soucis.   Enfin toi aussi tu en as.. c'est juste que... je voulais pas déranger. » Danika finit de préparer les mug, ramenant la boite avec les thés pour que Alma puisse choisir. Il y avait de tout, des infusions, comme des thés noirs et des thés verts. « Al…T’as pas à t’excuser, tu sais que tu seras toujours la bienvenue chez moi, tu ne me déranges pas. Ca ca changera jamais. » Elle lui sourit doucement en serrant sa main. Parce qu’elle avait toujours été la bienvenue dans sa maison à elle, dans sa famille à elle, et plus que tout elle en serait toujours reconnaissante de s’être sentie un peu moins seule grâce à cette famille un peu trop nombreuse, aux problèmes toujours plus nombreux. Danika soupire. « Je t’avoue que je suis pas une experte en peine de cœurs. Mais je peux au moins te dire que ce que tu ressens là… »Elle pointe vers son cœur tout doucement. « Ca va finir par partir, s’estomper. Ca finira par être moins douloureux, ça je te le promets. »  Son cœur est lourd d’amour pour la jolie brune qui a toujours trop pensé aux autres et jamais assez à elle. Peut-être qu’un jour elle n’aura plus ce besoin de vouloir la protéger du monde entier. Mais attendant, ni Rudy, ni la mère Guttierrez ne semblait décidé à le faire, alors Dani avait décidé qu’elle ferait attention à Alma, quand Alma était trop occupée à faire attention à tout le monde.

« Bien sûr que non tu es pas débile Alma !» A cela elle avait bien des choses à répondre, mais la chaleur réconfortante de ses mains sur les siennes retint Alma de se rendre un peu plus minable qu'elle ne l'était déjà. « Tout allait bien, tu avais toutes les raisons de penser que c’était un beau couple. C’est lui qui aurait dû être plus honnête avec toi. » L'honnêteté, pourtant, c'était la première vertu qu'elle aimait associer à Noah, croyant dur comme fer que de sa bouche ne sortaient que des vérités. « Al…T’as pas à t’excuser, tu sais que tu seras toujours la bienvenue chez moi, tu ne me déranges pas. Ca ca changera jamais. » Danika était celle qu'il fallait pour traverser cette tempête. Elle avait répondu présente sans rechigner une seconde alors qu'Alma venait d'arriver chez elle sans prévenir, alors qu'elle avait un fils dont elle devait s'occuper, ce qui était bien plus important aux yeux de la mexicaine qu'elle même et ses peines de cœur. Elle la connaissait depuis presque toujours, depuis leur arrivée à Brisbane en réalité. Danika avait toujours fait partie de la famille, et elle le prouvait toujours en aidant les Gutiérrez peu importe ce que ça lui coûtait. T'es adorable. Qu'elle se contentait de répondre, reconnaissante. « Je t’avoue que je suis pas une experte en peine de cœurs. Mais je peux au moins te dire que ce que tu ressens là… » Elle désignait du doigt le cœur d'Alma. « Ca va finir par partir, s’estomper. Ca finira par être moins douloureux, ça je te le promets. » Ses yeux toujours humides plantés dans ceux de son amie, Alma secoua doucement la tête de droite à gauche, incapable d'acquiescer à ça. J'arrive pas à y croire. Pour le moment j'espère qu'il va revenir... je suis rien sans lui. Il ne reviendrait pas, mais elle n'en avait pas conscience. Le voile qui l'avait empêché de voir ce qui allait lui tomber dessus était toujours présent devant ses yeux. Une rupture peut être associée à un deuil, et inexplicablement, Alma restait en grande partie dans le déni. Mais en plus de cet évènement qui venait de lui rajouter une douleur à toutes celles qu'elle enfouissait, la brune avait d'autres choses à gérer : elle s'en sentait désormais incapable. Ça va pas Dani. Entre la maladie de Maria, Rudy qui fait.. du grand Rudy, mes boulots que je cumule, et maintenant ça... Je sais plus quoi faire. Son amie aurait-elle une solution ? Sans doute que non, personne n'en aurait. Mais se plaindre, pour une fois, ne pouvait lui faire que du bien et la soulager quelques peux.

« T’es adorable. »  Elle aimerait pouvoir effacer les larmes et effacer la douleur. Elle aimerait faire payer à Noah cent fois ce qu’il lui a fait. Mais il est simplement parti et on ne peut pas forcer les gens à aimer. Il n’y a qu’à accepter le départ et la fin de cette relation.  Danika tente comme elle peut de la réconforter, de la rassurer sur le fait qu’un jour la douleur s’estompera, qu’elle ne se sentira pas toujours comme ça.  Elle ramène des mugs de thé en espérant que la douce chaleur de la tasse apaise les maux de la jeune femme.
« J'arrive pas à y croire. Pour le moment j'espère qu'il va revenir... je suis rien sans lui. » A ça le regard de la jeune femme se fait plus dur, parce qu’elle n’a jamais compris qu’on pouvait être dépendant à quelqu’un elle qui a tout fait pour en rester éloigné. « T’es pas rien sans lui Alma. » Elle lui assure en attrapant ses mains, cherchant à transmettre la confiance qu’elle ressent dans cette certitude. « Ça va pas Dani. Entre la maladie de Maria, Rudy qui fait.. du grand Rudy, mes boulots que je cumule, et maintenant ça... Je sais plus quoi faire. » Elle soupire, pleine d’empathie pour la jeune femme qui a toujours porté toute sa famille sur ses épaules. Qui a dû supporté le départ de son frère, qui doit aider sa famille depuis déjà bien trop longtemps.   « Je sais ça fait beaucoup Alma… Pour Rudy je crois qu’on pourra rien faire.  Ton frère restera un petit con. » qu’elle lance d’un air désespéré mais avec un fond d’affection parce qu’il restera son ami malgré toutes se conneries, au fond. « Pour Maria, ta petite sœur est forte, elle va s’accrocher. » elle lui promet doucement, son regard un peu plus triste, en se remémorant la propre maladie de son père à présent décédé.   « Pour tes boulots, est ce qu’il n’y aurait pas moyen que tu en quittes un ? Rudy aide un peu maintenant qu’il est sorti ? J’ai pas envie que tu te tues à la tâche. Il faut que tu penses à toi. » Alma aura toujours fait passer les autres en premier avant tout le monde quitte à s’oublier complètement.

@Alma Gutiérrez  

Alma se plaignait, elle râlait, pleurait sur son sort. Elle ne comprenait pas où elle en était et Danika était douce, pleine de conseils. Elle était le soutien dont la brune avait besoin en cet instant où rien ne semblait plus aller. « T’es pas rien sans lui Alma. » C'était pourtant ce qu'elle ressentait depuis qu'il lui avait brisé le cœur. Danika lui attrapait les mains, tentait de lui partager tout son soutien, et Alma faisait tout les efforts du monde pour ne pas craquer à nouveau, même si elle se mettait à lister toutes les choses qui étaient défectueuses dans sa vie.  « Je sais ça fait beaucoup Alma… Pour Rudy je crois qu’on pourra rien faire.  Ton frère restera un petit con. » A son grand malheur. Petit ? T'es gentille. Elle rit légèrement, trouvant un peu de force en son amie pour avoir de l'humour - bien qu'elle n'en pensait pas moins. « Pour Maria, ta petite sœur est forte, elle va s’accrocher. » Elle ne pu s'empêcher de laisser couler quelques larmes en pensant à sa petite soeur. J'espère que tu as raison... sincèrement. Il lui semblait que sans elle, sa vie n'aurait plus aucun sens maintenant que Noah n'était plus là lui non plus. « Pour tes boulots, est ce qu’il n’y aurait pas moyen que tu en quittes un ? Rudy aide un peu maintenant qu’il est sorti ? J’ai pas envie que tu te tues à la tâche. Il faut que tu penses à toi. » Elle aimerait bien avoir le temps et l'aisance de pouvoir penser à elle, la mexicaine, mais dans son emploi du temps chargé et les tumultes de son quotidien, il n'y avait pas de place pour l'égoïsme. Et même si le retour de Rudy dans la famille aurait pu sembler comme une aubaine, Alma, qui ne le considérait même plus de la famille, avait bien du mal à estimer l'aide qu'il pouvait apporter. Elle ne le voyait que comme le criminel qu'il était - sans abuser, bien entendu. Tu sais bien qu'on peut pas compter sur lui.. j'ai besoin de ces boulots, surtout maintenant que je suis seule, faut que je paye mon loyer, tout ça... hors de question que je rentre vivre chez ma mère. Non, c'est clair, y'a que moi pour gérer. Porter tout le malheur du monde sur ses épaules, voilà tout ce qu'elle savait faire.

« Petit ? T’es gentille. »  Un léger sourire étire ses lèvres. Non Rudy aurait pu obtenir la médaille pour être le plus grand con de leurs proches à toutes les deux. Elles ne le changeront pas, il restera ce type qui ne méritera sans doute jamais toute cette attention et cet amour qu’elles continuent de lui porter malgré tous ses travers.  Il mériterait d’être laissé sur le côté de la route, il mériterait sans doute que son prénom ne soit plus jamais mentionné. Mais au fond elle sait que ça n’arrivera pas, que peu importe les conséquences des actes de Rudy, il garderait une place importante.

Danika tente de rassurer la jeune femme comme elle peut, consciente que son monde est en train de s’écrouler, la jeune femme le poids de celui-ci sur ses épaules et elle.  Pourtant la jeune femme doit penser à elle. Alma avait toujours été trop généreuse, se donnait bien trop aux autres, préférant sacrifier sa vie entière pour le reste de sa famille.   «  Tu sais bien qu'on peut pas compter sur lui.. j'ai besoin de ces boulots, surtout maintenant que je suis seule, faut que je paye mon loyer, tout ça... hors de question que je rentre vivre chez ma mère. Non, c'est clair, y'a que moi pour gérer. »  

Elle comprend peut-être mieux que d’autres, elle qui a de nombreux soucis d’argent depuis la mort de son père. Mais elle est fatiguée de voir de voir la jeune femme de vingt-quatre ans mettre sa vie de côté pour les autres. « Regarde moi Alma. » Son ton est plus ferme son regard s’ancre dans le sien. « Tu ne vis pas pour les autres, il n’y a pas que toi pour gérer.  Tu as une vie aussi et tu as le droit de penser à toi et pas que aux autres.  Passe pas à côté de ta vie pour qui que ce soit Alma. »   Elle est jeune la Gutiérrez et pourtant déjà elle a trop sacrifié. Dani a envie de la secouer, de le faire se concentrer sur elle et son bonheur pour une fois dans sa vie avant de passer à côté de tout. Elle aimerait la voir heureuse et épanouie et pourtant Alma ne fait que s’enfermer dans un sens du devoir bien trop fort.

@Alma Gutiérrez  

S'il y avait bien une personne qui avait les mots juste, c'était Danika. Alma avait une famille nombreuse, des frères et soeurs sur lesquels elle aurait dû pouvoir compter, mais son réconfort elle le trouvait en dehors des Gutiérrez - quoi qu'au fond, la Riley faisait un peu partie de la famille, à sa façon. Et si son amie se voulait rassurante, Alma ne pouvait s'empêcher de culpabiliser de ne pas être assez forte pour soutenir sa famille comme elle l'avait fait durant ces deux dernières années. Mais elle avait raison, la brune : elle devait avant tout réussir à penser à elle, chose qu'elle ne savait pas réellement comment faire. C'est le problème, quand on passe en général son temps à s'occuper des autres, à vouloir bien faire.

« Regarde moi Alma. » Son ton était ferme, Alma s'exécutait sans réfléchir. Elle n'avait que ça à faire, de toute façon. Il n'y avait que Danika pour lui dire quoi faire, pour gérer la situation. Parce que la mexicaine n'était pas apte à le faire d'elle même. « Tu ne vis pas pour les autres, il n’y a pas que toi pour gérer.  Tu as une vie aussi et tu as le droit de penser à toi et pas que aux autres.  Passe pas à côté de ta vie pour qui que ce soit Alma. » Elle en eut presque les larmes aux yeux, mais ils étaient bien trop secs pour ça. Alma s'avançait pour prendre Danika dans les bras. Merci. Qu'elle lui murmurait, toujours calée dans ses bras. Elle avait besoin d'entendre ça, besoin qu'on lui rappelle qu'elle valait quelque chose. Et même si ce soir ne suffirait pas à lui redonner confiance, c'était une première étape à franchir dans la voie de la guérison. Elle reculait à nouveau, lâchant son amie pour ne pas risquer de l'étouffer dans ses sanglots. Je voudrais pas abuser, mais.. tu crois que je pourrais dormir sur ton canapé ce soir ? J'ai aucune envie de me retrouver seule.

« Merci » Elle serre la jeune femme dans ses bras, frottant son dos pour tenter de la rassurer. Elle aimerait que ses mots aient réellement fait une différence. Alma n’arrêtera pas de se sacrifier pour sa famille du jour au lendemain, elle n’arrêtera pas de porter tous les malheurs du monde sur ses épaules non plus mais peut être, peut être qu’elle finira par penser un peu plus à elle.  Danika se promet de lui rappeler encore et encore jusqu’à ce que la brune commence à se faire passer en premier, à penser à ses rêves et ses ambitions.  Alma finit par calmer ses sanglots, par relâcher son emprise. « Je voudrais pas abuser, mais.. tu crois que je pourrais dormir sur ton canapé ce soir ? J'ai aucune envie de me retrouver seule. » Danika sourit avec douceur. « Bien sûr. »  Il n’y aura jamais de question posée. Alma aurait pu débarquer à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit qu’elle l’aurait accueillie.  Peut-être qu’elle avait toujours plus considérée Alma comme sa sœur bien plus que ses vraies sœurs parce qu’elle avait été finalement un peu élevée avec elle malgré leurs différences de milieu, malgré tout ce qui les séparaient, Maritza l’avait accueillie comme si elle était une des leurs et c’était sans doute pour cela qu’elle leur vouait aujourd’hui une loyauté à toute épreuve. Elles finissent leur thé et Danika installe la jeune femme sur le canapé, allant lui chercher draps et oreillers avant de mettre le canapé en lit. « Ca ira mieux demain. » dit-elle une dernière fois à la jeune femme en posant sa main sur son épaule. « Si tu as besoin de quoique ce soit, tu me dis. Tu n’hésites pas. »  Elle insiste avec un sourire. « Tu restes aussi longtemps que tu veux Alma. »

@Alma Gutiérrez